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Heurts aux frontières d'une Europe divisée
UE Des frictions se sont produites, hier, à la frontière gréco-macédonienne, alors que les dissensions entre
États membres de l'UE ne s'apaisent pas, notamment entre l'Allemagne et l'Autriche.
Plusieurs centaines de migrants ont
tenté hier de passer en force la frontière entre la Grèce et la Macédoine,
avant d'être repoussés à coups de gaz
lacrymogènes, illustrant les tensions
autour de la fermeture des frontières,
un sujet qui divise l'Union européenne.
Fermeture
complète en vue
lus de 7 000 migrants et réfugiés
restaient bloqués, hier, au poste
grec d'Idomeni, après des restrictions imposées par plusieurs pays
dont la Macédoine sur le nombre de
personnes autorisées à entrer sur
leurs territoires. Alors que dimanche
la Macédoine n'avait laissé quasiment aucun migrant traverser, hier
à l'aube, 300 Irakiens et Syriens ont
finalement pu entrer.
À la mi-journée, un autre groupe
de migrants, dont des femmes et enfants, ont forcé un cordon policier
grec et enfoncé une partie de la barrière de barbelés marquant la frontière avec la Macédoine. Selon Dejana Nedeljkovic, une responsable
du ministère de l'Intérieur macédonien, des migrants ont tenté d'entrer de force en cassant une porte
métallique. «Un policier macédonien a été blessé et hospitalisé», at-elle déclaré, ajoutant que les forces
de sécurité macédoniennes avaient
riposté en tirant des gaz lacrymogènes pour faire reculer les migrants.
Selon l'ONG Médecins sans frontières (MSF), «au moins 30 personnes ont demandé à être soignées,
dont de nombreux enfants». Selon
l'organisation, le nombre actuel de
migrants à Idoméni est quatre fois
plus élevé que la capacité des deux
camps installés près du poste-frontière, et de nombreuses personnes
doivent dormir dans les champs.
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«De leçons à recevoir
de personne»
La Macédoine est le premier
pays sur la route des Balkans, empruntée par les migrants qui arrivent sur les îles grecques en provenance des côtes turques et veulent
rejoindre les pays de l'Europe centrale et du Nord. Après l'Autriche,
premier pays à avoir imposé des
quotas, la Croatie, la Slovénie,
membres de l'UE, ainsi que la Macédoine et la Serbie ont décidé à leur
tour la semaine dernière de limiter
le nombre de migrants autorisés sur
leurs territoires, provoquant des
protestations d'Athènes. La Grèce a
averti qu'entre 50 000 et 70 000 personnes risquaient d'être bloquées
dans le pays en mars contre 22 000
actuellement.
La chancelière, Angela Merkel, a
Photo : ap
P
Des réfugiés tentant de s'abriter, hier, à la frontière entre la Grèce et la Macédoine, après que les forces
de l'ordre macédoniennes eurent tiré des gaz lacrymogènes pour les empêcher de forcer le passage.
regretté dimanche la décision «unilatérale» de l'Autriche, prise avant
une réunion ministérielle européenne jeudi dernier à Bruxelles.
«Pouvez-vous sérieusement croire
que les pays de (la zone) euro ont
combattu jusqu'au bout pour que
la Grèce reste dans l'euro (...) pour
qu'un an plus tard, au final, on
laisse pour ainsi dire la Grèce
plonger dans le chaos?», a-t-elle
lancé.
L'Autriche n'a «de leçons à recevoir de personne», a répliqué la ministre de l'Intérieur autrichienne,
Johanna Mikl-Leitner, rappelant
que c'est l'Allemagne qui, sans l'afficher, a commencé dès décembre à
filtrer les migrants à sa frontière autrichienne.
Alors que les dissensions s'exacerbent au sein de l'UE, Mina Andreeva, porte-parole de la Commission européenne, a annoncé hier
qu'«un plan d'urgence était en
En plein imbroglio
IRLANDE Les électeurs ont désavoué leur gouvernement
sortant, mais sans choisir une option claire.
L
e scrutin de vendredi laisse la
porte ouverte à une variété de
combinaisons ou même à de nouvelles législatives précédées d'un
long intérim.
«Nous faisons face à des mois de
gouvernement intérimaire», soulignait le journal Independent à propos
des résultats qui, à défaut d'un vainqueur, ont désigné une victime : le
gouvernement de coalition sortant,
composé du Fine Gael (centre droit)
du Premier ministre, Enda Kenny,
(photo) et du Parti travailliste.
Selon les résultats provisoires qui
portaient toujours hier sur 148 des
158 sièges du Parlement, le Fine
Gael arrive certes en tête avec 47 députés élus, mais avec un score nettement inférieur aux précédentes élections de 2011, lors desquelles il avait
obtenu 76 élus. Et le Labour, l'autre
composante de la coalition gouvernementale, s'est effondré, passant
de 37 sièges en
2011 à six.
Le gouvernement de Kenny
paie le prix de sa
politique d'austérité, nombre
d'Irlandais
disant ne pas ressentir suffisamment les effets de la reprise économique.
Le Fianna Fail (centre-droit), l'autre grand parti de ce pays de 4,6 millions d'habitants, arrive en seconde
position avec 43 sièges, contre 20 en
2011. Progression aussi du côté du
Sinn Fein, ex-vitrine politique de
l'IRA : le parti de gauche nationaliste est arrivé à la troisième place
avec 22 sièges, soit, à ce stade, huit
de plus qu'en 2011, confirmant son
installation dans le paysage politique irlandais.
train d'être élaboré pour aider la
Grèce» ainsi que d'autres pays de
l'Europe de l'Ouest, «afin de prévenir une éventuelle crise humanitaire».
À Athènes, une réunion extraordinaire s'est tenue hier après-midi entre le ministère de l'Intérieur et
l'Union des mairies du pays (Kede)
pour gérer le problème d'infrastructures d'accueil. Outre les centres de
tri et d'enregistrement (hotspots)
installés sur les îles grecques, deux
camps d'accueil ont récemment été
inaugurés en Grèce continentale,
d'une capacité de 2 000 personnes
chacun actuellement. D'anciens sites olympiques à Hellinikon, banlieue sud d'Athènes, ont également
été mis à la disposition de migrants.
Le ministère grec de la Politique
d'immigration a interdit «temporairement» aux médias l'accès à ces
camps pour ne pas entraver les travaux en cours.
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LE CHIFFRE
La Belgique a refoulé vers la
France 619 personnes depuis le
rétablissement des contrôles à
la frontière franco-belge, il y a
une semaine, pour empêcher
un éventuel afflux de migrants
lié au démantèlement de la
jungle de Calais, a indiqué, hier,
la police fédérale belge.
Le ministre belge de l'Intérieur,
Jan Jambon, avait expliqué qu'il
voulait éviter que des centaines
de migrants, dont l'évacuation
du camp de Calais était alors
imminente, ne passent en Belgique pour tenter une traversée vers la Grande-Bretagne
depuis les côtes belges, au risque de voir apparaître des
camps de fortune similaires
aux abords du port de Zeebruges. La décision belge avait été
jugée «étrange» par Paris.
La route des
Balkans
fermera lorsque
«l'Autriche
aura atteint
son plafond»
de demandeurs
d'asile,
fixé
cette année à
37 500, a déclaré hier le président macédonien, Gjorge Ivanov, dans un entretien au Spiegel. C'est «peut-être en train de
se produire en ce moment
même», a ajouté Ivanov.
Le plafond de réfugiés est pourtant loin d'être atteint, a indiqué
hier soir le ministère de l'Intérieur autrichien, le nombre de
demandeurs d'asile enregistrés
depuis le début de l'année s'élevant à «environ 12 000», soit
moins du tiers du plafond annuel fixé par Vienne. Ce chiffre
progresse désormais lentement,
en raison d'un contrôle renforcé
du flux de migrants tant à la
frontière autrichienne qu'en
amont. Ivanov a défendu la décision de son pays d'imposer des
restrictions : «Nous avons pris
nos propres décisions. En
temps de crise, chaque pays
doit trouver ses propres solutions.» Si Skopje n'avait rien fait,
«la Macédoine aurait été submergée par les réfugiés».
La «jungle» en partie évacuée
S
ous forte protection policière, les autorités françaises
procédaient, hier, à la destruction
d'une partie de la «jungle» de Calais, première étape vers le démantèlement de ce camp de migrants devenu le plus grand bidonville de France.
Arrivés avec deux bulldozers, les
employés d'une entreprise privée
mandatée par l'État ont commencé à s'activer dès le début de
la matinée, démontant des abris
de fortune situés sur une zone de
100 m2. Sous un grand soleil et
par un vent glacial, les employés
ont détruit à la main les tentes
ou cabanes vides puis se débarrassaient d'objets divers dans de
grandes bennes. Après une mati-
née plutôt calme, la situation
s'est tendue en début d'aprèsmidi : à la suite d'un départ de
feu de cabanes, des projectiles
ont été lancés sur les policiers par
des migrants et militants radicaux «No Border». Les forces de
l'ordre ont riposté en faisant
usage de gaz lacrymogènes.
EN BREF
■ FRANCE
● Les brigades anticriminalité
de la police parisienne vont
pour la première fois être équipées de fusils d'assaut pour
pouvoir répliquer aux tirs de
type kalachnikov et intervenir
rapidement en cas de «tueries de
masse», a annoncé, hier, le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, plus de trois mois après
les attentats de Paris.
● Le gouvernement a reporté,
hier, sous la pression la présentation d'une réforme du code du
travail, vivement contestée par les
syndicats et une partie de la gauche, pour tenter de préserver une
majorité déjà sérieusement émiettée. Le texte visant à faciliter le licenciement économique et assouplir la durée du travail sera présenté le 24 mars au lieu du 9 mars.
■ VATICAN
Le cardinal australien George
Pell, puissant «ministre» de
l'Économie du
Vatican, a estimé,
hier,
que
l'Église
avait «failli»
dans sa gestion des prêtres pédophiles, tout en estimant que les fautes étaient individuelles et non
structurelles.
«L'Église a fait des erreurs énormes et tente de les réparer. Dans
beaucoup d'endroits, et notamment en Australie, l'Église a
failli, a abandonné les gens.»
Pell a reconnu que l'attitude de
l'Église a souvent été de rejeter
les plaintes en ne donnant pas
crédit à la parole de l'enfant. «Je
n'ai pas les statistiques, mais ils
sont trop nombreux à avoir été
ignorés, parfois dans des circonstances absolument scandaleuses», a-t-il dit en regrettant que le
réflexe ait été de protéger l'Église
de tout scandale.
Persönlich erstellt für: asbl asti
MONDE
mardi 1er mars 2016