Le rapport - ORS Aquitaine
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Le rapport - ORS Aquitaine
Permanence Des Soins en Aquitaine Les effecteurs généralistes Un état des lieux nécessaire pour une amélioration globale du système Face à la réorganisation de la Permanence des soins en cours depuis 2002, la commission « Permanence des soins et Régulation » de l’Union régionale des médecins libéraux d’Aquitaine a décidé en juin 2007 de dresser un état des lieux du système dans les différents départements aquitains. Mieux connaître l’histoire et les fonctionnements locaux nous a paru indispensable pour contribuer à l’amélioration globale du système. La première enquête réalisée, résumée dans un précédent document, a concerné la régulation libérale. Elle a été présentée le 11 octobre 2008 à la 1e journée de la Permanence des soins en Aquitaine, avec celle-ci, réalisée fin mai 2008 auprès des responsables (ou « représentants ») de secteur des cinq départements d’Aquitaine. Le mot de la Commission Avec la régulation libérale, que deviennent les effecteurs de terrain, qui étaient là bien avant celle-ci ? Cette enquête auprès de leurs « responsables » locaux montre une grande diversité des secteurs de permanence des soins, représentés par des généralistes aux motivations variées qui essaient de gérer leur secteur, soit seuls, plus souvent en accord avec l’Ordre des Médecins, le CODAMU PS, le centre de régulation (libérale et des urgences). Ce tissu local est fragile dans bien des départements, où la plupart des secteurs sont sous le seuil des 10 médecins (soit une astreinte de soirée, voire de nuit tous les 15 jours et un week-end tous les deux mois). Les représentants de secteurs ressentent et répercutent la tension entre le terrain et les institutions, entre le volontariat individuel et l’obligation collective. Le réflexe « surtout ne changeons rien » reste vivace malgré une évolution, jugée positive, du système entre 2002 et 2007. La circulaire Bachelot du 8 février 2008, marchandant les majorations d’astreintes du samedi après-midi contre une resectorisation sur la base d’un médecin pour 30 000 habitants, a ravivé cette tension. Quatre des cinq départements aquitains se voient ainsi confrontés à des réductions drastiques (-30 à -60 %) du nombre de leurs secteurs… Déjà qu’en dehors des grandes agglomérations, il faut assumer, à toute heure, les urgences (AMU) en plus de la permanence des soins !... L’enquête auprès des responsables de secteur Cette deuxième enquête montre une satisfaction globale des responsables de secteurs quant à leur participation à la permanence des soins. Ils portent un regard positif sur l’évolution de la PDS ces dernières années, entretiennent de bonnes relations avec leurs partenaires de secteurs et ont une opinion plutôt positive sur le déroulement de la PDS. Néanmoins, ils perçoivent de la démotivation et du mécontentement dans leur secteur. Les insatisfactions repérées portent principalement sur la rémunération des astreintes, les horaires des permanences et la géographie des secteurs. Une majorité de responsables de secteurs préconisent ainsi à la fois la disparition de leur secteur la nuit, et le statu quo le soir et le week-end. Rien n’est réglé… À suivre ! La commission « Permanence des soins et Régulation » Union régionale des médecins libéraux d’Aquitaine 105 rue Belleville – 33000 Bordeaux www.urmla.org Les représentants d’une organisation diversifiée comportant beaucoup de secteurs fragiles 103 médecins responsables de secteurs ont participé à cette enquête, soit un taux de réponse de 50 % moins satisfaisant que pour la première enquête. La plupart de ces médecins sont des hommes (91 % contre 72 % pour les généralistes aquitains). Ils sont en moyenne âgés de 52 ans et le plus souvent installés depuis au moins vingt ans en libéral (64 %). La participation des médecins à la PDS en tant que responsables de secteur est également plutôt ancienne. En effet, 55 % des médecins qui ont répondu occupent cette fonction depuis au moins cinq ans et un quart depuis au moins dix ans. Leurs motivations sont assez variées. Un médecin sur deux déclare être devenu responsable de secteur pour rendre service, faute de candidat à ce poste. Les responsables évoquent moins souvent l’intérêt personnel à s’impliquer dans l’organisation de la PDS (34 %) ou le sens naturel du leadership (11 %). Certains déclarent même avoir été désignés d’office. L’organisation de la PDS repose principalement sur les épaules des responsables de secteurs, même si certains travaillent en partenariat direct avec l’Ordre Départemental des médecins ou avec leurs confrères de secteur (cependant, un tiers des responsables de secteur n’organisent jamais de réunion de secteur). Les associations officielles de médecins pour la PDS font aussi partie du paysage, surtout en Gironde (54 %), beaucoup moins ailleurs (de 33 % en Lot-etGaronne à 12 % en Dordogne). La plupart des responsables (neuf sur dix) signalent une absence de réquisitions de médecins dans leur secteur, la semaine comme le week-end. Celles qui existent sont conjoncturelles, en Gironde et Lot-etGaronne (un quart des secteurs). Ils estiment le plus souvent que la couverture horaire de la PDS est adaptée. Cependant, beaucoup de secteurs apparaissent fragiles car moins de dix médecins y participent à la permanence des soins. C’est notamment le cas dans les Landes, où le nombre de médecins participant à la PDS est inférieur à dix dans 22 secteurs sur 27. À l’inverse, en Gironde, plus urbanisée, les secteurs inclus dans l’enquête comptent généralement plus de dix médecins participants (20 secteurs sur 23). Répartition des secteurs selon le nombre de médecins participant à la permanence des soins 19 Dordogne 23 Gironde 27 16 Landes de 1 à 4 16 Lot-et-G Pyr.-Atl. de 5 à 9 10 et plus Source : URMLA, Enquête auprès des responsables de secteur 2008 En semaine, la liste de garde est diffusée principalement au Centre 15 (exclusivement au Centre 15 dans 85 % des cas). Cette exclusivité ne concerne plus que 59 % des secteurs les week-ends et jours fériés). Une fois sur cinq, le journal local (SudOuest) diffuse aussi cette liste (notamment en Gironde), et une fois sur cinq, celle-ci ne paraît que dans Sud-Ouest. Une opinion plutôt favorable sur le déroulement de la PDS La perception des responsables de secteur sur le déroulement de la PDS est plutôt positive. Le tour de permanence leur paraît globalement bien respecté, surtout en Dordogne et dans les Landes. Opinion des responsables de secteur sur le respect du tour de permanence (en %) 50,0 60,9 31,3 32,0 89,3 88,2 50,0 39,1 Dordogne 1,0 6,3 10,7 11,8 Gironde Toujours respecté Landes Lot-etGaronne Généralement respecté 62,5 PyrénéesAtlantiques 67,0 Aquitaine Pas vraiment respecté Source : URMLA, Enquête auprès des responsables de secteur 2008 Par ailleurs, la quasi-totalité des responsables estiment que l’activité des médecins de leur secteur est gérable (97%) et les trois quarts jugent la rémunération de l’astreinte satisfaisante. Une large majorité des responsables pense que leurs confrères de secteur sont satisfaits de l’organisation actuelle. La perception d’un certain mécontentement dans les secteurs Malgré une opinion plutôt positive sur le déroulement de la PDS, 55 % des responsables perçoivent de la démotivation dans leur secteur et 45 % du mécontentement. Selon eux, les principales insatisfactions des médecins portent sur la rémunération de l’astreinte (42 %), les horaires (40 %) et la géographie du secteur (36 %) plus que sur le rétablissement des gardes (17 %). Les trois quarts des responsables de secteur perçoivent également des récriminations pour la part AMU (Aide médicale urgente). L’AMU leur pose un problème conceptuel (54 % d’entre eux pensent que la PDS et l’AMU « c’est différent, mais il faut assurer les deux », 31 % que « c’est différent et l’AMU ne nous concerne pas », 15 % que c’est la même chose) et surtout pratique, notamment dans les zones éloignées des services d’accueil des urgences, nombreuses en Aquitaine. Pour cette part AMU, la majorité des responsables pense que les médecins de leur secteur ne se sentent ni soutenus (59 %) ni équipés (48 %), ni formés (34 %), sans revenir sur la rémunération jugée bien insuffisante. Pourcentage de responsables déclarant que les médecins de leur secteur, pour la part AMU, se sentent… 10,3 10,4 11,5 16,5 30,2 40,6 55,7 11,0 Garonne, 14 % en Gironde, 20 % en Dordogne et 40 % en Pyrénées-Atlantiques). Des relations contrastées avec les partenaires Les responsables de secteur dressent globalement un bilan positif de leur action puisque 82 % se déclarent satisfaits de leur rôle de responsable. Ils entretiennent le plus souvent de bonnes ou excellentes relations avec les partenaires de leur secteur, en particulier avec les ambulanciers, les pompiers et leurs confrères participant à la PDS. Pourtant, trois responsables sur dix déclarent avoir eu un problème avec un de leur partenaire de travail (notamment avec les confrères ne participant pas à la PDS ou, à l’opposé, avec l’association d’urgentistes locale : 25 % dans chaque cas). Cette proportion varie selon le département. Elle est plus importante en Dordogne et dans les Pyrénées-Atlantiques (un sur deux) que dans le Lot-et-Garonne ou les Landes (un sur dix). Les relations sont également bonnes ou excellentes avec les partenaires départementaux, particulièrement avec le Samu/Centre 15 et l’Ordre des médecins, un peu moins avec la CPAM (relations « passables » ou « mauvaises » dans 27 % des cas). Pourcentage de responsables déclarant avoir eu un problème notable avec un de leurs partenaires de secteur 50,0 47,9 34,0 50,0 72,5 59,4 30,4 Formés Equipés Soutenus 29,3 Correctement rémunérés 12,0 Non Pas tous Oui Source : URMLA, Enquête auprès des responsables de secteur 2008 Certains responsables ont par ailleurs eu connaissance de problèmes survenus entre les médecins et les patients, problèmes liés soit à l’organisation actuelle du système soit à des difficultés locales. Ainsi, trois responsables sur dix ont eu connaissance d’un problème lié à l’organisation actuelle, cette proportion passant d’environ 11 % dans les Landes et le Lot-et-Garonne à 40 % en Dordogne, en Gironde et dans les Pyrénées Atlantiques. Les responsables déclarant avoir eu connaissance d’un problème lié à des difficultés locales sont globalement moins nombreux (aucun dans les Landes et en Lot-et- 14,3 Dordogne Gironde Landes Lot-et-G. Pyr.-Atl. Aquitaine Source : URMLA, Enquête auprès des responsables de secteur 2008 Concernant l’évolution globale du système durant ces dernières années, les responsables de secteurs sont également satisfaits puisque la plupart porte un regard positif sur les réformes des visites et sur le principe de régulation préalable (5 % d’opposants). L’avis est plus partagé sur le principe de l’obligation collective (27 % d’opposants) et sur celui d’un certain volontariat individuel, même s’il reste positif (35 % d’opposants). responsables envisagent d’arrêter, pour cause de départ à la retraite (12 %) ou pour d’autres raisons (laisser la place aux jeunes, assurer la charge à tour de rôle (18 %)…) Évolution globale et perspectives locales Pour l’évolution future du système, la moitié des responsables de secteur sont favorables à une disparition de leur secteur à certaines heures, le plus souvent la nuit où neuf sur dix souhaitent qu’elle soit assurée par une autre organisation (urgentistes, ou transport ambulancier pour les rares appels de PDS de nuit profonde à la campagne). Ils sont moins nombreux à être favorables à un élargissement des secteurs (un sur cinq) et préconisent rarement une réduction ou division de leur secteur. La majorité des responsables de secteur sont d’accord pour poursuivre leur activité dans cinq ans (70 %) ; un tiers seulement sous certaines conditions, s’ils sont aidés dans l’organisation de leur travail, si la rémunération est adaptée ou si les gardes de nuits sont supprimées (par exemple). Les autres Pourcentage de responsables de secteur d’accord pour continuer ce rôle dans 5 ans 18,1 46,8 11,7 23,4 oui oui à certaines conditions non, départ à la retraite non, autres raisons Source : URMLA, Enquête auprès des responsables de secteur 2008 En conclusion… Ce deuxième volet d’enquête a permis de mieux connaître l’organisation et le déroulement de la permanence des soins sur le terrain, en Aquitaine, et de mettre en évidence les principales difficultés locales ou globales. Même si les données recueillies ne sont pas exhaustives (absence de certains secteurs), ce bilan constitue un outil intéressant pour guider le choix des améliorations à apporter à l’organisation de la permanence des soins. Il pourrait éventuellement être reconduit dans les années futures pour évaluer l’évolution de la perception des médecins face aux changements structurels du système. Changements imposés et/ou négociés, la réorganisation de la PDS n’est à l’évidence pas terminée. Le comité d’organisation de la journée PDS et les intervenants de la commission Dr Kamel Hamtat (Pyrénées-Atlantiques), Dr David Chevillot (Gironde), Dr Jean-Louis Desage (Dordogne), Dr Michel Durenque (Lot-et-Garonne), Dr Philippe Moreaud (Gironde), Dr Didier Simon (Landes) Dr Claude Autran (Pyrénées-Atlantiques), Dr Nicolas Brugère (Gironde), Dr Alain Forcade (Pyrénées-Atlantiques), Dr Michel Horgue (Landes), Dr Émile Parquier (Dordogne) Document réalisé en collaboration avec l’Observatoire régional de la santé d’Aquitaine (Orsa) – Espace Rodesse – 103 ter rue Belleville – 33000 Bordeaux téléphone : 05 56 56 99 60 – site : www.ors-aquitaine.org – mail : [email protected] - Octobre 2008 -