MUSIQUE ET OPERA - Théâtre de l`Archipel , scène nationale de
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MUSIQUE ET OPERA - Théâtre de l`Archipel , scène nationale de
MUSIQUE ET OPERA ! PISTES PEDAGOGIQUES COMPLEMENTAIRES 2nd degré En relation avec le Spectacle lyrique Le Barbier de Séville de Rossini ou « Comment convaincre vos élèves de venir « s’ennuyer » à l’opéra ? » L’opéra c’est …. ??? Comme l’énonce Mireille Delunsch (Soprano lyrique) « L’opéra raconte une histoire, c’est le reflet de la vie, il tend à mettre en lumière des tranches de vie qui ont donné à des œuvres immenses une force dramatique. » Mais l’opéra c’est surtout de la musique, du théâtre, des émotions exacerbées, de la passion. On peut aller à l’opéra ou en écouter sans être un spécialiste du genre…Ce n’est pas non plus un art dévolu aux classes favorisées et aux snobs : en Italie, l’opéra est resté un spectacle très populaire et on vient à Vérone avec son panier de pique-nique et les shorts à franges. L’opéra n’est pas un truc d’intellos ! Nul besoin d’analyser le contexte historique ou les retombées politiques de la création de Don Carlos pour apprécier Verdi ! Nul besoin de connaitre les rouages de la victoire de Bonaparte à Marengo pour appréhender Tosca ! Se caler dans le fauteuil et se laisser emporter, voilà la seule méthode qui permette d’apprécier un opéra à sa juste valeur. L’opéra n’est pas unique « J’ai assisté à l’opéra de La Flûte enchantée, je me suis ennuyé comme un rat mort (version polie). Je n’aime donc pas l’opéra. » Dirait-on qu’on n’aime pas la littérature parce qu’on n’a pas aimé A la recherche du temps perdu ou la Princesse de Clèves ? J’ai un ami qui s’est fait suer à toutes les représentations où je l’ai emmené, sauf à Werther de Massenet; celle-là même ou je me suis endormi ! L’opéra n’est pas vieillot : Les mises en scène actuelles sont de plus en plus audacieuses !l’opéra ça saigne, ça foudroie, ça remue méchamment (Castellucci, Marthaler, Bondy, Tcherniakov, Chéreau. L’image de la walkyrie vociférant existe toujours mais elle est bien plus rare ! La Castafiore de tintin est à peine reconnaissable ! Ariadne auf Naxos, Opéra de Vienne, 2014. Les opéras du XXI ème siècle intègrent de plus en plus les nouvelles technologies (des cyborgs, des Service éducatif « arts du spectacle vivant » Théâtre de l’Archipel / B.Lissowski / P.Branchi effets spéciaux…) Quant aux livrets, on peut penser que La Bohême est un mélo vieillissant, que Aida est dépassée, mais la Belle et la Bête de Philip Glass ou Billy Bud de Britten prouvent qu’on peut faire de l’opéra, un genre résolument moderne. L’opéra, c’est ch.***t, je préfère les comédies musicales modernes à ces musiques classiques… La musique classique ne «traduit» pas des sentiments plus «élevés», elle n’est pas plus «raffinée». Elle utilise des matériaux ou des outils techniques un peu plus spécifiques qui permettent de ressentir des effets variés. C’est la force de la voix et la puissance de l’orchestre symphonique qui exacerbent nos sentiments ! (Rien à voir avec les voix de variété-très plaisantes au demeurant-ou les bandes son d’accompagnement…).Disons que tout est fonction d’authenticité !!! L’opéra, c’est Hollywood. Des histoires à suspense qui font hurler et pleurer,des dieux qui tombent du ciel, des mères infanticides ,des batailles interminables et pleines de rebondissements ,des démons qui sortent des enfers, des mères qui tuent leurs enfants, tout ça. Ou alors des filles déguisées en garçons, des filles transformées en grenouilles et des garçons en ânes…. L’opéra est un art total qui englobe la musique, le drame, la danse, le chant et le théâtre ! Il fascine tous les publics ! Comment se fait-il qu’il soit ainsi systématiquement le grand oublié des apprentissages, que ce soit à l’école mais aussi au Collège et encore plus au Lycée ? L’éducation musicale au Collège favorise effectivement le chant : la vocation toute entière de l’école est bien de transmettre d’autres ouvertures artistiques et culturelles. L’opéra peut répondre à ce souhait d’ouverture. Une représentation d’opéra est capable de susciter le plaisir et l’émotion. Mais à la condition qu’elle soit menée par un travail d’adaptation préparatoire ! Seul un décodage minutieux de l’œuvre permet d’en appréhender les trésors d’émerveillement qu’elle recèle… En primaire, certains jeux se révèlent payants : Les jeunes enfants utilisent tout leur être pour exprimer la musicalité. C’est dur pour eux de rester assis. Ils ressentent le rythme et ressentent le besoin de bouger. Les jeunes enfants se réjouissent de l’idée de jouer à cet âge. Ils aiment se déguiser, être un personnage, utiliser différentes intonations de voix. L’opéra est un bon outil pour apprendre le langage : Les enfants comprennent le traitement des personnages, l’action, l’évolution de l’histoire. Joseph Piro, Directeur des relations avec les écoles du New York City Opéra estime que l’opéra est indispensable à tout enfant pour sa construction future. Quand le journaliste lui demande Pourquoi l’opéra? Il répond avec simplicité et vérité : « Afin d’être instruit complètement et de la meilleure manière que ce soit …En présentant l’opéra aux enfants, nous leur construisons et entretenons une intelligence culturelle, les amenant à dépasser la connaissance et la compréhension du pouvoir de l’opéra, à savoir communiquer des thèmes universaux, des idées, des émotions qui améliorent sensiblement notre société. La force de l’opéra permet d’amener élèves et professeurs vers des directions qu’ils ne croyaient pas possibles. » L’opéra contribue à forger le sens critique, c’est une ouverture culturelle et humaine indispensable ! L’opéra fait appel à la puissance expressive de la voix humaine et met en scène des histoires, des situations dramatiques fortes, sublimées par la musique. 1-Présentation générale du Barbier de Séville de Rossini Le barbier de Séville est un opéra Bouffe en deux actes de Rossini, sur un livret de Cesare Sterbini, d’après la pièce de Beaumarchais. La création Service éducatif « arts du spectacle vivant » Théâtre de l’Archipel / B.Lissowski / P.Branchi L’opéra fut créé au Théâtre Argentina de Rome le 20 Février 1816.La première représentation du Barbier fut un véritable fiasco ! La distribution était cependant prestigieuse. On avait réuni une troupe lyrique qui comptait trois grands noms déjà applaudis à l’affiche de L’Italiene à Alger (précédent opéra de Rossini). Le plus connu était Manuel Garcia (1775-1832), né à Séville, chanteur, compositeur et acteur ! A ses côtés, brillait la contralto Geltrude Righetti - Giorgi (1793-1862), dans le rôle de Rosina. Figaro était Luigi Zamboni, l’un des chanteurs les plus appréciés du moment. Ce fiasco eut pour origine la ardente querelle qui opposait son compositeur à un autre du moment dont le nom était Pasiello.Celui-ci avait composé une œuvre du même titre et comptait de nombreux admirateurs dans la salle le soir de la première, révoltés que l’on puisse s’attaquer au .Maître (...) Enfin la représentation fut semée de rocambolesques péripéties scéniques qui mirent à mal la crédibilé de la mise en scène : apparition d’un chat noir sur la scène, chute malencontreuse d’un chanteur au nez tuméfié !!! Heureusement, l’œuvre ne tarda pas à gagner le succès qu’on lui connait aujourd’hui, fort de la confiance que son compositeur lui-même lui témoignait et des succès successifs que le Barbier rencontrait auprès des différents publics qui s’en suivirent : « Ma très chère mère, Hier soir mon opéra a été représenté en scène et a été magistralement sifflé. Quelles folies, quelles choses extraordinaires on voit dans ce pays de sots ! Je vous dirai qu’au milieu de tout cela, la musique est très belle et que l’on parie déjà sur cette seconde représentation où l’on entendra des notes, ce qui ne fut pas le cas hier, étant donné que du début à la fin de formidables hurlements ont couvert toute la représentation…. » « Je vous ai écrit que mon opéra avait été sifflé, et maintenant je vous écris que celui-ci a rencontré le plus heureux succès, car lors de la deuxième représentation et de toutes les suivantes, on n’a rien fait d’autre qu’applaudir mon œuvre avec un fanatisme indescriptible, me forçant à venir cinq ou six fois recevoir des acclamations d’un genre tout à fait nouveau, ce qui m’a fait pleurer de satisfaction…. » Le livret Il s’inspire de la pièce Le Barbier de Séville ou la Précaution inutile ,comédie en quatre actes de Beaumarchais, jouée pour la première fois au Théâtre-Français le 23 février 1775, et largement inspirée de l'École des femmes de Molière. L’auteur y dénonce les conditions des domestiques et ridiculise une noblesse vieillissante et obsédée par ses privilèges ! A travers l’utilisation de nombreux procédés comiques, Beaumarchais effectue une vive critique sociale. En 1815, la comédie de Beaumarchais a déjà été mise huit fois en musique dont le célèbre Mariage de Figaro : Le Nozze di Figaro de Mozart en 1786 mais aussi par Pasiello. Dès l’origine, la musique occupe une place prépondérante dans l’intrigue. Rossini respectera ces scènes « chantées » de Beaumarchais : la chanson de Figaro, celle de Lindor au premier acte, l’air de la leçon de musique ou encore l’ariette de Bartolo au second acte. Destinée à être mise en musique, l’œuvre fut écrite en moins de deux semaines, la musique du Barbier fait des emprunts à des œuvres bouffes (comiques) ou sérieuses de Rossini : Aurelio in Palmira, Il signo Bruschino, Sigismondo…. C’est le personnage de Figaro, une sorte de picaro (mot espagnol signifiant « misérable », « futé ») sorte d’antihéros qui a souvent recours à la ruse ou à des procédés illégitimes comme la tromperie et l’escroquerie pour tenter de parvenir à ses buts. Un double talentueux qui fera la figue (faire la figue signifie se moquer) à ses détracteurs, qui apportera à Beaumarchais la gloire et assurera son passage à la postérité, avec Le Barbier de Séville (1775) et Le Mariage de Figaro (1784), au terme de longues embrouilles diverses et variées. L’histoire : Service éducatif « arts du spectacle vivant » Théâtre de l’Archipel / B.Lissowski / P.Branchi À Séville, la jeune Rosina est tenue recluse par son tuteur, le vieux docteur Bartolo, qui s’est mis en tête de l’épouser pour garder sa dot. Mais Rosina s’est éprise du jeune Comte Almaviva qui, avec la complicité de Figaro, va tout tenter pour approcher son aimée... Acte premier : 1er tableau (une rue devant la maison de Batholo) : Le comte Almaviva s’est épris de Rosine, pupille du vieux Docteur Bartholo et projette de l’épouser ! Se faisant passer pour un étudiant pauvre du nom de Lindor, il joue la sérénade à Rosine et finit par la séduire. L’habile barbier Figaro lui propose de se faire passer pour un soldat muni d’un billet de logement afin de s’introduire dans la demeure du Docteur… 2d tableau (dans la maison de Batholo) : Rosine, amoureuse, écrit une lettre à Lindor pendant que Bartholo prépare son mariage avec la jeune fille en compagnie de Basile, le maitre de musique. Almaviva, déguisé en soldat ivre, fait irruption dans la demeure avec grand tapage et est contraint de dévoiler sa véritable identité aux gardes de Bartholo, qui ne comprend rien aux marques de respect qu’ils témoignent à ce soldat de condition modeste… Acte deux : 1er tableau (chez Bartholo) Cette fois ci, Almaviva se présente sous les traits d’Alonso, élève jésuite de Basile, que celui-ci soit disant malade, aurait chargé de donner sa leçon de musique à Rosine…mais Basile, mal informé ,est soudainement éloigné par le don d’une bourse et Figaro tente de détourner l’attention de Bartholo en lui faisant la barbe. Celui-ci surprend néanmoins Rosine et son prétendant en tendre conversation et le faux jésuite est chassé par le Docteur. La servante Marceline illustre la scène en chantant les tourments du cœur… 2d tableau (en pleine nuit): Bartholo souhaite hâter son mariage et envoie Basile chercher le notaire. A la suite d’un orage évoqué par l’orchestre, Almaviva et Figaro s’introduisent dans une maison avec une clé dérobée, afin d’enlever Rosine, qu’Almaviva avait prévenue. Après quelques péripéties, qui amènent Lindor à révéler, à la grande joie de Rosine, sa véritable identité, et avec la complicité de Basile gagnée par une nouvelle somme d’argent , l’arrivée du notaire vient célébrer le mariage tant attendu entre Rosine et Almaviva. Bartholo survenu trop tard, devra faire contre mauvais fortune, bon cœur ! Vous avez dit : opéra Buffa ?? Le Barbier n’est pas un opéra séria. Ce genre lyrique sévit durant les trois quart du XVIII éme siècle. Il a pour sujet le drame et ne se présente qu’en Italien ! Ces œuvres reprennent pour la plupart les thèmes de la tragédie du XVII ème siècle et les idées des philosophes des lumières du XVIII : personnages mythologiques et héros antiques confrontés à des dessins tragiques (mort, guerre, trahison) ; il s’agit d’un opéra sérieux ou le religieux occupe une place prépondérante. Les personnages incarnent des vertus (ex : le couronnement de Poppée de Monteverdi (fortune, amour et vertu représentent des personnages à part entière). Haendel, Gluck ,Scarlatti etVivaldi ont écrit des opéras séria… L’opéra Buffa est l’antithèse de ce dernier : un genre typiquement italien qui trouve ses origines dans les intermèdes comiques du XVIII ème qui mettaient en scène quelques personnages placés devant le rideau de scène et divertissaient les spectateurs pendant les changements de décor. Service éducatif « arts du spectacle vivant » Théâtre de l’Archipel / B.Lissowski / P.Branchi Les personnages hauts en couleur s’inspirent de la Commedia dell’arte : des valets, les bouffons, les bourgeois, des vieux beaux voulant épouser leurs pupilles, de soubrettes infernales et de jeunes ténors amoureux. Le Barbier de Séville de Rossini, les Noces de Figaro de Mozart, Cosi Fan Tutte de Mozart en sont quelques exemples. La Servante maîtresse (1733) de Giovanni Pergolèse est considéré comme l’un des premiers véritables opéras bouffe. Le Barbier dépasse largement le cadre de celui-ci car Rossini est parvenu à doter le genre d’un langage vraiment novateur grâce à la virtuosité contenue dans le rythme de la musique instrumentale et pas seulement dans celui des paroles ! Les ensembles vocaux contribuent grandement au caractère léger et enjoué du genre et l’orchestre tout entier participe aux différents aspects comiques des personnages et des situations liées à l’intrigue à l’image de cette ouverture ou Sinfonia* au caractère majestueux : Rossini est un véritable peintre alchimiste qui combine les timbres instrumentaux et les motifs pour créer un véritable dialogue instrumental : Oppositions entre les cordes en détaché* et les bois en legato* (bassons, clarinettes, hautbois, flûtes) Les cordes reprennent cette mélodie dans le même phrasé. Des accords de tout l'orchestre dans la nuance forte*soulignent ces motifs. Le hautbois, bientôt rejoint par le cor et le basson, associé aux violons, altos et violoncelles, intervient sur une note tenue. Courte transition dans la nuance fortissimo* Nouvelle phrase apparaît sur un pizzicato* des cordes en contretemps, une mélodie expressive, proche du chant, est énoncée. Par les associations de timbres*, Rossini passe d’une idée à l’autre, d’une situation à une autre ou d’un personnage à un autre avec une grande rapidité et une grande clarté ! La musique est au service du texte ! Elle est avant tout JOYEUSE ! L’accélération de la musique et son crescendo*permet la compréhension du livret ainsi que celle du discours des personnages : 2-Texte et Livret : d'un art à l'autre. LES PERSONNAGES de la pièce : Les habits des acteurs doivent être dans l’ancien costume espagnol. LE COMTE ALMAVIVA, grand d’Espagne, amant inconnu de Rosine paraît, au premier acte, en veste et culotte de satin ; il est enveloppé d’un grand manteau brun, ou cape espagnole ; chapeau noir rabattu avec un ruban de couleur autour de la forme. Au deuxième acte, habit uniforme de cavalier, avec des moustaches et des bottines. Au troisième, habillé en bachelier ; cheveux ronds, grande fraise au cou ; veste, culotte, bas et manteau d’abbé. Au quatrième acte, il est vêtu superbement à l’espagnole avec un riche manteau ; par-dessus tout, le large manteau brun dont il se tient enveloppé. BARTHOLO, médecin, tuteur de Rosine habit noir, court, boutonné ; grande perruque ; fraise et manchettes relevées ; une ceinture noire ; et quand il veut sortir de chez lui, un long manteau écarlate. ROSINE, jeune personne d’extraction noble, et pupille de Bartholo.habillée à l’espagnole. FIGARO, barbier de Séville en habit de majo espagnol. La tête couverte d’une rescille, ou filet ; chapeau blanc, ruban de couleur autour de la forme, un fichu de soie attaché fort lâche à son cou, gilet et haut-de-chausses de satin, avec des boutons et boutonnières frangés d’argent ; une grande ceinture de soie, les jarretières nouées avec des glands qui pendent sur chaque jambe ; veste de couleur tranchante, à grands revers de la couleur du gilet ; bas blancs et souliers gris. DON BAZILE, organiste, maître à chanter de Rosine chapeau noir rabattu, soutanelle et long Service éducatif « arts du spectacle vivant » Théâtre de l’Archipel / B.Lissowski / P.Branchi manteau, sans fraise ni manchettes. LA JEUNESSE, vieux domestique de Bartholo L’ÉVEILLÉ, autre valet de Bartholo, garçon niais et endormi tous deux habillés en Galiciens ; tous les cheveux dans la queue ; gilet couleur de chamois ; large ceinture de peau avec une boucle ; culotte bleue et veste de même, dont les manches, ouvertes aux épaules pour le passage des bras, sont pendantes par-derrière. UN NOTAIRE UN ALCADE, homme de justice avec une longue baguette blanche à la main. PLUSIEURS ALGUAZILS et VALETS avec des flambeaux. LES VOIX de l'OPERA : Les personnages du Barbier de Séville …. COMPARAISONS Les deux extraits qui suivent permettent de comprendre comment les deux arts s'y prennent pour présenter le personnage principal de Figaro. La pièce présente Figaro chantonnant, et surtout composant un texte, c'est à dire un personnage d'auteur et d'artiste, sachant se moquer de lui-même et de son art. L'opéra présente un personnage épanoui, expansif, lumineux dans son métier de barbier, et d'entrée le place dans les rôles des grands valets de comédie. Extrait : Acte 1, scène 2 : Le Barbier de Séville, Beaumarchais. FIGARO, LE COMTE caché Service éducatif « arts du spectacle vivant » Théâtre de l’Archipel / B.Lissowski / P.Branchi FIGARO, Une guitare sur le dos, attachée en bandoulière avec un large ruban ; il chantonne gaiement, un papier et un crayon à la main. Bannissons le chagrin, Il nous consume : Sans le feu du bon vin Se partagent mon cœur. Qui nous rallume, Si l’une a ma tendresse… Réduit à languir, L’autre fait mon bonheur. L’homme, sans plaisir, Fi donc ! c’est plat. Ce n’est pas ça… Il me faut une opposition, une antithèse : Vivrait comme un sot, Et mourrait bientôt. Jusque-là ceci ne va pas mal, hein, hein ? Et mourrait bientôt… Le vin et la paresse Se disputent mon cœur. Eh non ! ils ne se le disputent pas, ils y règnent paisiblement ensemble… Si l’une… est ma maîtresse, L’autre… Eh ! parbleu, j’y suis. L’autre est mon serviteur Fort bien, Figaro !… (Il écrit en chantant.) Le vin et la paresse Se partagent mon cœur. Se partagent… mon cœur. Si l’une est ma maîtresse, Dit-on : se partagent ?… L’autre est mon serviteur. Eh ! mon Dieu, nos faiseurs d’opéras comiques n’y regardent pas de si près. Aujourd’hui, ce qui ne vaut pas la peine d’être dit, on le chante. (Il chante.) Le vin et la paresse L’autre est mon serviteur. Se partagent mon cœur. Je voudrais finir par quelque chose de beau, de brillant, de scintillant, qui eût l’air d’une pensée. (Il met un genou en terre, et écrit en chantant.) L’autre est mon serviteur. Hem, hem, quand il y aura des accompagnements làdessous, nous verrons encore, messieurs de la cabale, si je ne sais ce que je dis… (Il aperçoit le comte.) J’ai vu cet abbé-là quelque part. (Il se relève). LE COMTE, à part Cet homme ne m’est pas inconnu. FIGARO Eh non, ce n’est pas un abbé ! Cet air altier et noble… LE COMTE Cette tournure grotesque… FIGARO Je ne me trompe point, c’est le comte Almaviva. LIVRET : Il Barbiere di Siviglia, Goldoni / Rossini Almaviva est entré en scène et entendant venir Figaro, décide de se cacher. (Si nasconde. Figaro entra con una chitarra appesa al collo.) (Il se cache sous le portique, Figaro entre avec sa guitare en bandoulière.) FIGARO La ran la le ra, la ran la la. Largo al factotum della città! La ran la la, ecc. Presto a bottega che l'alba è già. La ran la la, ecc. Ah, che bel vivere, che bel piacere, FIGARO La ran le ra, la ran la la. Place au factotum de la ville ! La ran la la, etc. Vite à la boutique, car le jour est là ! La ran la la, etc. Qu'il fait bon vivre et quel plaisir Service éducatif « arts du spectacle vivant » Théâtre de l’Archipel / B.Lissowski / P.Branchi per un barbiere di qualità. Ah, bravo Figaro, bravo, bravissimo, bravo! La ran la la, ecc. pour un barbier de qualité Ah, bravo Figaro, bravo, vraiment bravo ! La ran la la, etc. Fortunatissimo per verità. Bravo! La ran la la, ecc. Pronto a far tutto, la notte, il giorno, sempre d'intorno in giro sta. Miglior cuccagna per un barbiere, vita più nobile, no, non si dà. La la ran la la ran la, ecc. Rasori e pettini, lancette e forbici, al mio comando tutto qui sta. V'è la risorsa poi del mestiere, colla donnetta, col cavaliere... La la ran la...la...la. Ah, che bel vivere, che bel piacere, per un barbiere di qualità. Tutti mi chiedono, tutti mi vogliono, donne, ragazzi, vecchi, fanciulle. Qua la parrucca, presto la barba, qua la sanguigna, presto il biglietto. Tutti mi chiedono, tutti mi vogliono. Vous avez bien de la chance, en vérité, bravo ! La ran la la, etc. Prêt à tout faire, la nuit, le jour, toujours dispos, je cours partout. Meilleure chance pour un barbier, vie plus noble n'est pas possible. La la ran la la ran la, Rasoir et peigne, lancette, ciseaux ! A mon commandement tous en action. Et j'ai encore affaire, dans mon métier à la belle, au cavalier... La la ran la...la...la. Qu'il fait bon vivre, et quel plaisir pour un barbier de qualité ! Tous me veulent, tous me poursuivent, femmes, garçons, vieillards, fillettes ! Mes postiches ! Vite ! la barbe ! Une saignée, vite ! un billet ! Tous me veulent, tous me poursuivent. Qua la parrucca, presto la barba, presto il biglietto. Ehi, Figaro, Figaro, Figaro, ecc. Ahimè! Che furia! Ahimè! che folla! Uno alla volta, per carità. Ehi, Figaro; son qua! Figaro qua, Figaro là, Figaro su, Figaro giù. Pronto, prontissimo son come il fulmine, sono il factotum della città. Ah, bravo, Figaro, bravo, bravissimo, A te la for tuna non mancherà. La la ran la, ecc. Sono il factotum della città. Ah, che bella vita! Faticar poco, divertirsi assai, e in tasca sempre aver qualche doblone, mes postiches ! Vite ! la barbe ! Vite ! un billet ! Eh ! Figaro, Figaro, Figaro, etc. Quelle furie ! Ah ! c'est folie, un seul à la fois par charité ! Figaro...Voilà ! Figaro, ci ! Figaro, là ! Figaro, ci ! Figaro, là ! Aussi rapide que l'éclair, je suis le factotum de la ville. Ah ! bravo Figaro, bravo, vraiment. Ta bonne étoile ne te manquera pas. La la ran la, etc. Je suis le factotum de la ville. Ah ! quelle belle vie ! Se fatiguer peu, s'amuser beaucoup. Et dans la poche avoir toujours quelques bons écus, Service éducatif « arts du spectacle vivant » Théâtre de l’Archipel / B.Lissowski / P.Branchi gran frutto della mia reputazione. Ecco qua; senza Figaro non si accasa in Siviglia una ragazza; a me la vedovella ricorre pel marito; io, colla scusa del pettine di giorno, della chitarra col favor della notte, a tutti onestamente, non fo per dir, m'adatto a far piacere. Oh, che vita, oh, che mestiere! fruits d'une bonne réputation. Voilà : sans Figaro, à Séville, aucune fille ne se marie. C'est à moi que la veuve s'adresse pour trouver un mari. Moi, avec l'excuse du peigne, le jour, et de la guitare à la faveur de la nuit, à tout le monde, et honnêtement, je m'évertue à faire plaisir. Orsù, presto a bottega - Ah ! quelle vie ! Quel métier ! Et maintenant, vite au travail... LE COMTE (C'est lui, ou je me trompe fort...) FIGARO (Qui peut bien être celui-là ?) LE COMTE (Ah ! C'est lui sans aucun doute !) Figaro... CONTE (È desso, oppur m'inganno?) FIGARO (Chi sarà mai costui?) CONTE (Oh, è lui senz'altro!) Figaro... FIGARO Mio padrone...Oh! Chi veggo! Eccellenza... CONTE Zitto, zitto! Prudenza! Qui non son conosciuto, né vo' farmi conoscere. Per questo ho le mie gran ragioni. FIGARO Mon maître...Oh ! que vois-je ? Excellence ! LE COMTE Tais-toi ! Prudence ! Ici, je ne suis pas connu et ne veux pas me faire connaître J'ai de bonnes raisons pour cela. Mis à part le placement des deux personnages majeurs, le Comte et Figaro, on remarque que le livret se différencie absolument du texte de la pièce. C'est un monologue de présentation, qu'on retrouve épars dans le texte de Beaumarchais, qui insiste sur la gaieté de Figaro et sur son emploi officieux de marieur, lié au métier de barbier. Du coup, le personnage de l'Opéra s'allège par rapport à celui de la pièce, et le Figaro de Goldoni se focalise sur les aspects débrouillards et joyeux qui ne sont qu'un élément du Figaro de Beaumarchais, auteur censuré, homme du peuple caustique, qui sait se moquer des musiques de son temps, ayant la plus carrure d'un Jacques le Fataliste que d'un Scapin ou Sgnanarelle. >>On peut travailler avec les élèves sur cette dimension-là de l'Opera-Buffa, qui allège les propos et concentre le récit dans sa légèreté. Pour poursuivre : Autres extraits de l'Acte 1 scène 2 : -----------------------------LE COMTE Oh grâce ! grâce, ami ! Est-ce que tu fais aussi des vers ? Je t’ai vu là griffonnant sur ton genou, et chantant dès le matin. FIGARO Voilà précisément la cause de mon malheur, Excellence. Quand on a rapporté au ministre que je faisais, je puis dire assez joliment, des bouquets à Chloris, que j’envoyais des énigmes aux journaux, qu’il courait des madrigaux de ma façon ; en un mot, quand il a su que j’étais imprimé tout vif, il a pris la chose au tragique et m’a fait ôter mon emploi, sous prétexte que l’amour des lettres est incompatible avec l’esprit des affaires. ------------------------------LE COMTE Service éducatif « arts du spectacle vivant » Théâtre de l’Archipel / B.Lissowski / P.Branchi Ta joyeuse colère me réjouit. Mais tu ne me dis pas ce qui t’a fait quitter Madrid. FIGARO C’est mon bon ange, Excellence, puisque je suis assez heureux pour retrouver mon ancien maître. Voyant à Madrid que la république des lettres était celle des loups, toujours armés les uns contre les autres, et que, livrés au mépris où ce risible acharnement les conduit, tous les insectes, les moustiques, les cousins, les critiques, les maringouins, les envieux, les feuillistes, les libraires, les censeurs, et tout ce qui s’attache à la peau des malheureux gens de lettres, achevait de déchiqueter et sucer le peu de substance qui leur restait ; fatigué d’écrire, ennuyé de moi, dégoûté des autres, abîmé de dettes et léger d’argent ; à la fin convaincu que l’utile revenu du rasoir est préférable aux vains honneurs de la plume, j’ai quitté Madrid ; et, mon bagage en sautoir, parcourant philosophiquement les deux Castilles, la Manche, l’Estramadure, la Sierra-Morena, l’Andalousie, accueilli dans une ville, emprisonné dans l’autre, et partout supérieur aux événements : loué par ceux-ci, blâmé par ceux-là ; aidant au bon temps, supportant le mauvais ; me moquant des sots, bravant les méchants ; riant de ma misère, et faisant la barbe à tout le monde, vous me voyez enfin établi dans Séville, et prêt à servir de nouveau Votre Excellence en tout ce qu’il lui plaira de m’ordonner. LE COMTE Oui t’a donné une philosophie aussi gaie ? FIGARO L’habitude du malheur. Je me presse de rire de tout, de peur d’être obligé d’en pleurer. Que regardez-vous donc toujours de ce côté ? Le comparatif suivant s'intéresse au morceau chanté de Rosine, qu'on retrouvera dans l'Opéra, transformé lui aussi bien sûr : ACTE III, scène 4 BARTHOLO Toujours la Précaution Inutile ? LE COMTE C’est ce qu’il y a de plus nouveau aujourd’hui. C’est une image du printemps, d’un genre assez vif. Si Madame veut l’essayer… ROSINE, regardant le comte Avec un grand plaisir : un tableau du printemps me ravit ; c’est la jeunesse de la nature. Au sortir de l’hiver, il semble que le cœur acquière un plus haut degré de sensibilité : comme un esclave, enfermé depuis longtemps, goûte avec plus de plaisir le charme de la liberté qui vient de lui être offerte. BARTHOLO, bas, au comte Toujours des idées romanesques en tête. LE COMTE, bas En sentez-vous l’application ? BARTHOLO Parbleu ! (Il va s’asseoir dans le fauteuil qu’a occupé Rosine.) Service éducatif « arts du spectacle vivant » Théâtre de l’Archipel / B.Lissowski / P.Branchi ROSINE chante Quand, dans la plaine Qu’au bonheur d’être aimé Lindor s’élance ; L’amour ramène De sa bergère. Il vient de l’embrasser : Le printemps (Même air) Elle, bien aise, Si chéri des amants, Loin de sa mère Feint de se courroucer Tout reprend l’être, Cette bergère Pour qu’on l’apaise. Son feu pénètre Va chantant (PETITE REPRISE) Dans les fleurs Où son amant l’attend. Les soupirs, Et dans les jeunes cœurs. Par cette ruse, Les soins, les promesses, On voit les troupeaux L’amour l’abuse ; Les vives tendresses, Sortir des hameaux ; Mais chanter Les plaisirs, Dans tous les coteaux Sauve-t-il du danger ? Le fin badinage, Les cris des agneaux Les doux chalumeaux, Sont mis en usage ; Retentissent ; Les chants des oiseaux, Et bientôt la bergère Ils bondissent ; Ses charmes naissants, Ne sent plus de colère. Tout fermente, Ses quinze ou seize ans, Si quelque jaloux Tout augmente ; Tout l’excite, Trouble un bien si doux, Les brebis paissent Tout l’agite ; Nos amants d’accord Les fleurs qui naissent ; La pauvrette Ont un soin extrême… Les chiens fidèles S’inquiète ; … De voiler leur transport ; Veillent sur elles ; De sa retraite, Mais quand on s’aime, Mais Lindor enflammé Lindor la guette ; La gêne ajoute encor Ne songe guère Elle s’avance ; Au plaisir même. (En l’écoutant, Bartholo s’est assoupi. Le comte, pendant la petite reprise, se hasarde à prendre une main qu’il couvre de baisers. L’émotion ralentit le chant de Rosine, l’affaiblit, et finit même par lui couper la voix au milieu de la cadence, au mot : extrême. L’orchestre suit les mouvements de la chanteuse, affaiblit son jeu, et se tait avec elle. L’absence du bruit qui avait endormi Bartholo le réveille. Le comte se relève, Rosine et l’orchestre reprennent subitement la suite de l’air. Si la petite reprise se répète, le même jeu recommence.) LE COMTE En vérité, c’est un morceau charmant ; et Madame l’exécute avec une intelligence… ROSINE Vous me flattez, seigneur ; la gloire est tout entière au maître. BARTHOLO, bâillant Moi, je crois que j’ai un peu dormi pendant le morceau charmant. J’ai mes malades. Je vais, je viens, je toupille, et sitôt que je m’assieds, mes pauvres jambes ! (Il se lève et pousse le fauteuil.) ROSINE, bas, au comte Figaro ne vient pas ! LE COMTE Filons le temps. BARTHOLO Service éducatif « arts du spectacle vivant » Théâtre de l’Archipel / B.Lissowski / P.Branchi Mais, bachelier, je l’ai déjà dit à ce vieux Bazile : est-ce qu’il n’y aurait pas moyen de lui faire étudier des choses plus gaies que toutes ces grandes aria, qui vont en haut, en bas, en roulant, hi, ho, a, a, a, a, et qui me semblent autant d’enterrements ? Là, de ces petits airs qu’on chantait dans ma jeunesse, et que chacun retenait facilement ? J’en savais autrefois… Par exemple… Pendant la ritournelle, il cherche en se grattant la tête, et chante en faisant claquer ses pouces, et dansant des genoux comme les vieillards. Veux-tu, ma Rosinette, Faire emplette Du roi des maris ?… (Au comte, en riant.) Il y a Fanchonnette dans la chanson ; mais j’y ai substitué Rosinette pour la lui rendre plus agréable, et la faire cadrer aux circonstances. Ah, ah, ah, ah ! Fort bien ! Pas vrai ? LIVRET (Acte II) CONTE Che volete cantar? LE COMTE Que voulez-vous chanter ? ROSINA Io canto, se le aggrada, Il rondò dell'Inutil precauzione. ROSINA Je chanterai, si vous voulez, le rondo de la Précaution inutile. CONTE Da brava, incominciamo. (Si siede al clavicembalo ed accompagna Rosina.) LE COMTE Très bien ! Commençons. (Il se met au piano et accompagne Rosina.) ROSINA Contro un cor che accende amore di verace invitto ardore, s'arma invan poter tiranno di rigor, di crudeltà. D'ogni assalto vincitore, sempre amore trionferà. Ah, Lindoro, mio tesoro. Se sapessi, se vedessi, questo cane di tutore, ah, che rabbia che mi fa! Caro, a te mi raccomando, tu mi salva, per pietà! ROSINA Contre un cœur embrasé d'amour, d'affection vraie, sincère, un tyran s'arme en vain de rigueur et de cruauté. De tout assaut, vainqueur, l'amour sort toujours triomphant. Oh ! Lindor, mon trésor, si tu savais, si tu voyais, combien, ce chien de tuteur me fait enrager. Je me recommande à toi, par pitié, libère-moi. CONTE Non temer, ti rassicura, sorte amica a noi sarà. LE COMTE Ne crains pas et sois tranquille le destin nous sera favorable ! ROSINA Dunque spero? ROSINA Donc, j'espère. CONTE A me t'affida. LE COMTE Aie confiance. ROSINA E il mio cor? ROSINA Et mon cœur ? CONTE Giubilerà! LE COMTE Sera comblé ! ROSINA Cara immagine ridente, ROSINA Chère image souriante, dolce idea d'un lieto amor, tu m'accendi in petto il core. Tu mi porti a delirar! Caro, a te mi raccomando, tu mi salva, per pietà! tu mi porti a delirar! douce idée d'un amour heureux tu inondes mon cœur et me fais délirer de joie ! Je me recommande à toi, par pitié, libère-moi ! Tu me fais délirer de joie. CONTE Bella voce! Bravissima! LE COMTE Belle voix ! Bravo ! ROSINA Oh! Mille grazie! ROSINA Merci mille fois ! BARTOLO BARTOLO Service éducatif « arts du spectacle vivant » Théâtre de l’Archipel / B.Lissowski / P.Branchi Certo, bella voce! Ma quest'aria, cospetto! è assai noiosa. La musica a' miei tempi era altra cosa. Ah! Quando, per esempio, cantava Caffariello quell'aria portentosa... La ra la la la...sentite, Don Alonso, eccola qua. "Quando mi sei vicina, amabile Rosina..." (Entra Figaro e si nasconde dietro Bartolo.) L'aria dicea "Giannina", ma io dico "Rosina..." "Quando mi sei vicina, amabile Rosina, il cor mi brilla in petto. Mi balla il minuetto..." Certes, la voix est belle, mais cet air, ma foi ! Est bien ennuyeux. La musique, de mon temps, c'était autre chose. Quand Caffariello, par exemple, chantait ce menuet prodigieux. La, la, la !...Écoutez bien Don Alonso, cela me revient. « Quand tu es près de moi aimable Rosinette... » (A ce moment, Figaro entre et se cache derrière Bartolo.) Le chanson dit « Jeanette », mais je dis « Rosinette... » « Quand tu es près de moi, aimable Rosinette, mon cœur est en émoi et danse le menuet... » On remarque ici une transformation notable : dans la pièce, seule Rosine chante, assez longuement, et évoque, par des références aux Pastorales éculées de son siècle, les amours champêtres d'une bergère et, à la fin, évoque le nom de Lindor. Pour l'Opéra, c'est un duo entre le Comte et Rosine qui a été choisi, et Rosine fait explicitement référence à sa situation avec Bartholo, à quoi Le Comte lui donne réponse en chanson. Ce qui a presque été entièrement conservé, c'est le passage comique de Bartholo et sa chanson d'autrefois, mais Fanchonnette devient Jeannette, peut-être pour une raison de compréhension du public. On le voit, l'Opéra a surtout pris la structure de la pièce de Beaumarchais, mais ne s'est pas tellement soucié de respecter ni son texte ni celles de ses particularités qui en ont fait une pièce majeure du répertoire classique. C'est en quoi on peut parler de réécriture, avec une adaptation à d'autres enjeux et d'autres registres. Acte II, duo Rosina et le Comte : Cet air joyeux et noble est traité sous la forme d’une confidence de la jeune femme à Lindor, cet étudiant dont elle semble éprise…Alors que Bartolo a fini par s’assoupir, elle implore son bien aimé de l’extirper de l’emprise de son tuteur, Bartolo, qu’elle considère comme cruel et intéressé ! Le comte déguisé se montre tout à tour tendre, rassurant et optimiste ! Les nombreuses vocalises mettent comme à chaque fois, les mots importants du texte (« amore… ardore… crudeltà »). Le vivace *qui suit est rythmé et dansant et permet un véritable échange entre l’orchestre et la voix par des ponctuations aux cordes ou des motifs joyeux aux vents. Service éducatif « arts du spectacle vivant » Théâtre de l’Archipel / B.Lissowski / P.Branchi 3- la voix des chanteurs ou la véritable émotion des personnages ! Au regard du Barbier de Séville de Rossini mais aussi d’autres pépites incontournables du répertoire, examinons l’envoûtante fascination exercée par les tessitures* de voix dans l’opéra : Dans le Barbier… A-FIGARO : »largo al factotum » La condition sociale de Figaro est avantageuse ! Il est le factotum de la ville et ses occupations polyvalentes lui accordent de mener une vie de notable. Cet Allegro* vivace* est un morceau qui lui ressemble : plein de vitalité, d’énergie, de vigueur et de ruse ! Très proche d’une marche miliaire avec ses motifs aigus de flûte et piccolo. Une même mélodie est chantée puis reprise à l’orchestre, puis réitérée dans l’aigu par les instruments. Ici, la prosodie est syllabique et les paroles semblent martelées de façon insistante : Le crescendo orchestral résume à lui seul l’esprit de l’opéra Buffa, ce registre léger de la comédie et de la farce ! Figaro est un personnage central qui aura un rôle déterminant dans la relation amoureuse des deux protagonistes. Son type de voix : baryton (entre ténor et Basse) reflète la multiplicité des caractères du personnage. Sa tessiture (éventail de sons) est très large : allant des graves les plus profonds d’une basse aux aigus extrêmes d’un baryton. L’entrée de Figaro est fracassante : l’air qui lui est confié est chanté dans un registre aigu et bondit d’octave en octave dans une musicalité acrobatique ! Service éducatif « arts du spectacle vivant » Théâtre de l’Archipel / B.Lissowski / P.Branchi Avec les élèves : On peut démontrer l’appartenance de cet air à l’opéra Buffa : exagération et la répétition des paroles… mise en scène qui place Figaro centré sur lui-même !! virtuosité du chant en essayant de repérer la phrase: « Ah, bravo Figaro, bravo, bravissimo, ah, bravo Figaro, bravo, bravissimo, Fortunatissimo, fortunatissimo, fortunatissimo per verità». B-ROSINA : »Una voce poco fa » Cette cavatine* nous fait ressortir deux aspects de la personnalité de Rosina, tout à tour docile (avec ses phrases legato) et rebelle et déterminée avec ses rythmes piqués ! (« Une voix, il y a peu a résonné dans mon cœur ; déjà il saigne, et Lindor est celui qui l’a blessé »). Air d’une grande agilité, Rosina y déclare sa flamme dans des termes très explicites : « Lindoro m’appartiendra », « je vaincrai », « je me ferai vipère » L’air dégage une grande assurance confortée par un art maîtrisé des vocalises et des fioritures. Les vocalises sont le signe de l’importance sociale de Rosina et de son rôle prépondérant en tant que personnage central de la pièce. Avec les élèves : Faire entourer sur la partition un exemple de vocalise Distinguer le phrasé legato C-ALMAVIVA /LINDORELLO: « ecco ridente in cielo » Sa cavatine est accompagnée subtilement par des pizzicati de guitares et de cordes, comme pour mettre seule en valeur sa voix ! Le soutien harmonique est discret et raffiné, à l’image de cet aristocrate élégant et séducteur. La voix est fidèle au bel canto à la différence près que le Comte semble s’adresser au public de façon intimiste et réservée. On croirait une confession… D-BASILIO : air de la calomnie de Basilio La voix de Basilio est celle d’une basse qui n’exclue pas de chanter dans l’aigu. Basilio décrit les dégâts que provoque la calomnie à Bartolo. Les traits figuralistes*sont saisissants : la musique décrit avec subtilité les affres de la calomnie et les ravages qu’elle procure… Le texte de la calomnie de Beaumarchais (acte II, scène 8) renfermait déjà toutes les indications musicales : « D’abord un bruit léger, rasant le sol comme une hirondelle avant l’orage, pianissimo… Telle bouche le recueille, et piano, piano… et rinforzando de bouche en bouche… un cri général, un crescendo public, un chorus universel de haine et de proscription. » Service éducatif « arts du spectacle vivant » Théâtre de l’Archipel / B.Lissowski / P.Branchi « La calunnia è un venticello » (La calomnie est un vent) L’orchestre et la voix sont dans la nuance piano *(la partition porte la mention sottovoce* pour les cordes), Lorsque la calomnie est encore à « murmurer » (sussurrar), les allitérations sont liquides, fluides et douces avec des [l] ou [m] nombreux. Lorsque la calomnie se répand : les allitérations se font sifflantes et percussives avec des : [s], [t] puis [k], [tr]. L’orchestration suit l’évolution du texte : Sous « piano, piano », les cordes sont notées pp et al ponticello* pour « s’introduce » - les bois aigus apparaissent, pour « gonfiar » on écoute la petite harmonie des vents. Un crescendo apparaît sous la forme de rajout successif d’instruments de la famille des bois, et la voix se perd dans les aigus pour suggérer l’aspect subversif de la calomnie. Avec les élèves Retrouver les trois passages de la calomnie (le murmure, l’amplification et l’anéantissement) Comparer cet air avec la cavatine de Rosina ou celle de Figaro. (ici, voix de basse, peu de vocalises, écriture syllabique et conjointe*) D-BARTOLO : aria « A un Dottor della mia sorte » Comme pour les autres rôles masculins, la voix de Basse de Bartolo ne se cantonne pas aux notes grave mais joue aussi sur de nombreux aigus pour préserver les aspects comiques de la situation… Sa voix est celle d’une basse ébouriffante en vérité !les acrobaties techniques que réclame le rôle sont d’une extrême difficulté : Dans cet air, Bartolo reproche durement à Rosina son hésitation et la quitte en la menaçant d’une solution radicale : « Et Rosina, l’innocente, désolée, désespérée, sera recluse dans sa chambre, aussi longtemps que je voudrais, oui, oui, oui… » Dans l’allegro vivace (03 :33), Bartolo entame un balbutiement qui n’a rien de superficiel ou d’incohérent ! Les syllabes s’entremêlent dans une envolée de doubles-croches incisives mais surtout très intelligibles! Une acrobatie vocale qui donne le vertige ! 4-L’opéra, c’est des voix qui racontent des (belles) histoires…. Il existe des opéras chantés du début à la fin (Don Giovanni de Mozart) et d’autres dont les chants sont entrecoupés de dialogues (Carmen). D’autres encore mêleront le chant et un phrasé proche du parlé – récitatif- (le Barbier de Séville de Rossini) ; d’autres un phrasé encore plus mélodieux, (Tosca de Puccini). Et enfin, certains opéras sont des opérettes, soit des opéras plus légers, tant en chant qu’en sujet (Les contes d’Hoffman). L’opéra connait un éventail de genres différents pour satisfaire tous les goûts ! Examinons quelques pépites qui devraient (pouvoir) séduire vos élèves ! Le répertoire de Puccini : C’est LE compositeur d’opéra à la portée universelle ! Nul autre que lui n’a mieux sublimé les émotions humaines au travers de sa musique. Ses héroïnes sont bouleversantes de sensibilité, le destin de Mimi de Tosca ou de Madame Butterfly ne laisse personne indifférent. C’est LE compositeur Service éducatif « arts du spectacle vivant » Théâtre de l’Archipel / B.Lissowski / P.Branchi Romantique par excellence ! A Rome, frémissez de peur devant les manigances du chef véreux de la police. Un air introduit par la clarinette qui parle de moments de bonheur perdus, avant l’exécution imminente de son héros ? E lucevan le stelle par Roberto Alagna…TOSCA Plongé dans la nuit de Pékin, le prince inconnu prie de conquérir le cœur de sa Princesse de Glace ? Pourra –t-il résoudre les trois énigmes soulevées par la Princesse ? Nessun dorma par Placido Domingo …TURANDOT Sous les toits de Paris, quartier latin, il fait froid mais vous êtes si jeunes et si amoureux ! (mais sans chauffage !!) Mi chiamano Mimi o soave faniulla….LA BOHEME Une geisha, en pleurs, abandonnée par son bel amant Américain ? Un bel di vedremo ….. MADAME BUTTERFLY D’autres pépites qui valent « le coup d’oreille » et (parfois) le coup d’en rire !! L’air d’une automate qui ensorcelle par ses vocalises et tente de séduire un poète ? L’air d’Olympia LES CONTES D’HOFFMANN d’Offenbach Un père revenu de l’au-delà pour venger sa propre mort et l’infidélité de son gendre ? Le final de DON GIOVANNI de Mozart Une mère qui donne un couteau à sa fille et lui enjoint de tuer le grand prêtre Sarastro en la menaçant de la tuer si elle ne lui obéit pas ? « Der Hölle Rache kocht in meinem Herzen »LA FLUTE ENCHANTEE de Mozart Lors du siège de Jérusalem, Almerina et son vaillant chevalier sont tenus prisonniers d’un château ensorcelé. Mais les croisée triompheront et permettront le mariage des deux héros… « Or la tromba in suon festante » RINALDO de Haendel 5-L’opéra à travers la publicité : L’intérêt de la publicité, c’est qu’elle inonde les réseaux médiatiques et qu’elle contribue à forger une culture lyrique en martelant des mélodies qui s’ancrent en nous et finissent par créer de véritables tubes ! Quelques exemples, auxquels les élèves seront forcément sensibles et réceptifs : Oetker ristorante Pizza »La dona è mobile » Rigoletto de Giuseppe Verdi, Acte3 Huile d’olive Carapelli « Questa o quella » l’air du Duc de Mantoue, à l'acte I Elle ou une autre, cela m'est indifférent, J'en vois tant autour de moi. Je ne cède pas plus à l'une qu'à l'autre L'empire de mon cœur Leur beauté est un don Dont le destin enchante notre existence. Si l'une d'elle me plait aujourd'hui Peut être demain sera-ce une autre. Nous détestons la fidélité Ce tyran des cœurs comme la peste Que seul celui qui le désire reste fidèle ; Il n'y a pas d'amour-là ou il n'y a pas de liberté Je me ris de la rage jalouse des maris Des fureurs des amants ; Et je défie les cents yeux d'Argus Pour peu que je sois aiguillonné par quelque beauté. A Mantoue et dans ses environs, au XVIème siècle. Rigoletto, bouffon du Duc de Mantoue, séducteur dépravé, protège secrètement sa fille Gilda à l’abri des regards et des dangers. Aussi la malédiction du Comte Monterone à son égard terrifie-telle Rigoletto, dont le costume de bouffon de cour cache un père aimant et protecteur. Séduite par le Duc de Mantoue, puis Service éducatif « arts du spectacle vivant » Théâtre de l’Archipel / B.Lissowski / P.Branchi enlevée par les courtisans qui la mènent jusqu’à la chambre de leur maître, Gilda s’enflamme pour son amant volage, son premier amour. Rigoletto s’estime déshonoré et entreprend de se venger du Duc, qui court se gaver d’autres femmes sitôt Gilda séduite : le bouffon engage le spadassin Sparafucile pour qu’il tue le Duc en pleine nuit. Mais Gilda, éprise jusqu’au bout de l’homme qui l’a conquise, se glisse secrètement à sa place au moment où l’assassin doit frapper, et tombe sous ses coups : c’est le corps de sa fille que Rigoletto récupère, effondré : c’est là l’ultime volet de la malédiction de Monterone. See more at: http://www.opera-online.com/items/works/rigoletto-piave-verdi-1851#sthash.x5Tr5wBO. L’or Expresso ; Parfums Jean Paul Gaultier ; Perrier ; « Casta Diva » Norma de Bellini L’action se déroule en Gaule transalpine occupée par les Romains, vers l’an 50 avant Jésus-Christ. La druidesse Norma a eu deux enfants de son amant Pollione, proconsul romain en Gaule. Mais ce dernier l’a déjà oubliée et ne songe désormais qu’à la jeune novice Adalgisa, qu’il rêve d’emmener à Rome. Venue demander conseil à Norma, Adagilsa dévoile à la prêtresse le nom de son amant : effroi d’Adalgisa qui découvre, horrifiée, le mensonge de Pollione, et stupeur de Norma, qui ne contient plus sa rage : pourra-t-elle vivre ? Devra-t-elle tuer ou épargner les fils de Pollione ? En renonçant à Pollione, Adalgisa croit pouvoir panser le mal, mais rien n’y fera ; après avoir accusé et menacé de mort le père de ses enfants, Norma se sacrifiera elle-même en montant au bûcher, suivie d’un Pollione conscient de ses actes et subitement atteint par la grâce. Source : http://w,ww.opera-online.com/items/works/norma-bellini-romani-1831 Et les tubes parmi les tubes : Ajax, saucisson Tournebon, »l’amour est un oiseau rebelle » Carmen de Georges Bizet L’air est interprété par une mezzo-soprano et Bizet s’est inspiré de l’œuvre de Sébastien Iradier, compositeur Basque …pour rappel, "Si tu ne m'aimes pas, je t'aime"... La belle bohémienne va finalement jeter son dévolu sur le seul homme de la foule qui ne s'intéresse pas encore à elle: un brigadier du nom de Don José. Et c'est là que les ennuis commencent ! Pour finir, mais il y en a tant d’autres ! Nissan : »Libiamo ne’lieti calici » la Traviata de Verdi Optical Center(2013) »Laschia c’io piango » Rinaldo de Haendel Citroën Saxo La chevauchée de Walkyries Richard Wagner (l’opéra, ça peut être Hollywood) La quintessence de l’art Wagnérien qui renvoie à des guerrières mythologiques du Nord, qui crient leur joie et leur vitalité! Elles apparaissent en rêve à un guerrier et lui apprennent sa mort au combat…la musique enfle et tourne sur elle-même, comme pour alimenter l’énergie implacable des Walkyries ! (Alto, mezzo-soprano et soprano) L’extrait choisi est une scène donnée à l’opéra de New York, dans une machinerie impressionnante du metteur en scène Lepage. 6-Alors, chantez maintenant ! Atelier vocal de Laurence François (Soprano Lyrique) à partir de la scène de l’enfant et les sortilèges de Maurice Ravel. Travail déclamé/ Travail respiratoire/Travail du phrasé/Travail de la mélodie « J'ai pas envie de faire ma page, J'ai envie d'aller me promener. J'ai envie de manger tous les gâteaux. J'ai envie de tirer la queue du chat Et de couper celle de l'écureuil. J’ai envie de gronder tout le monde ! J’ai envie de mettre Maman en pénitence.» L’enfant doit faire ses devoirs et il est en pleine crise de paresse….. Service éducatif « arts du spectacle vivant » Théâtre de l’Archipel / B.Lissowski / P.Branchi 6- Des pistes, encore des pistes... L’émotion, le moteur essentiel de l’Opéra « Pourquoi chanter au lieu de parler comme au théâtre ? Sans doute parce qu’il arrive un moment où les émotions que procure un opéra atteignent une telle force que les mots seraient impuissants à les exprimer. Joie, douleur, souffrance, poussés à un degré paroxystique, dépassent les limites du rationnel. L’opéra c’est l’univers de l’émotion à l’état pur. Lorsque vous faites écouter un passage aux élèves, il convient de proposer une première écoute libre afin de laisser surgir cette émotion. Et cette émotion pourra se décupler grâce à un entraînement régulier à l’écoute fine d’œuvres musicales. Il faut rebondir sur les émotions exprimées par les élèves puis sur les paroles et la dramaturgie. Mettre en lien les procédés musicaux employés par le compositeur afin que la musique apparaisse comme un véritable langage, un langage artistique, signifiant ! » 1. Développer l’intelligence sensible, laisser émerger la sensibilité Ecouter des passages en se laissant submerger par son ressenti face à une œuvre 2. Apprendre à analyser son écoute • Construire des repères auditifs, repérer les éléments sonores les instruments (repérage de timbres, associer des photos) les voix (tessitures, timbres) les textes (la langue) • Construire des connaissances musicales s’approprier les termes et les concepts attenants spécifiques de la musique afin de la décrire et de repérer les outils utilisés par le compositeur • Construire l’organisation spatio-temporelle de l’œuvre Représentation de personnages (silhouettes…) élaboration de frises chronologiques 3- Partager avec les autres le plaisir éprouvé : Exprimer, respecter les ressentis SOURCE : dossier pédagogique de Janie Delalande Vocabulaire A cappella : Pièce chantée sans aucun accompagnement instrumental. Écouter à ce sujet la scène 15 de L’acte I du Barbier de Séville. Allegro : Indication de tempo rapide. Terme d’origine italienne qui signifie gaiement ou allègrement. Andante : Indication de tempo qui signifie allant. Ce tempo modéré se situe entre l’adagio et l’allegro. Ariette : C’est un air de dimension variable et de style léger. L'arietta, plus simple et de style léger, dépourvue de section centrale (B), est introduite dans l'opéra italien par Bononcini (fin XVIIème) et dans l'opéra-comique par Grétry et Monsigny (fin XVIIIème siècle). Arpèges : Exécution successive bien que très rapprochée de notes d’un accord. Bel canto : Désignation italienne (signifiant beau chant) qui s’applique au chant caractérisé par la souplesse du phrasé et la virtuosité dans l’exécution des vocalises et ornements. S’applique plus particulièrement à l’art des chanteurs castrats et des prime donne des XVIIème et XVIIIème siècles Italiens (plein épanouissement du bel canto à Naples au début du XVIIIe siècle). Ses principaux représentants seront Rossini, Bellini et Donizetti. Cavatine : Courte pièce vocale chantée par un soliste. On peut citer la cavatine des Noces de Figaro (Se vuol ballare) de Mozart. Dans le Barbier de Séville la cavatine d’Almaviva se situe dans l’acte I. Crescendo : Indication de nuance selon laquelle il convient d’augmenter progressivement l’intensité du son. Détaché : Procédé qui consiste à séparer les sons d’une phrase musicale. C’est le contraire de lié ou Legato. On emploie également le terme de staccato. Forte : Indication de nuance forte. Fortissimo : Indication de nuance très forte. Service éducatif « arts du spectacle vivant » Théâtre de l’Archipel / B.Lissowski / P.Branchi Largo : Indication de tempo lent et grave. Legato : Cette indication de phrasé précise que l’on doit jouer sans coupure dans le son. C’est le contraire du terme staccato qui signifie détaché. Moderato : Indication de tempo modéré. Opera buffa : Né en Italie, au début du XVIIIème siècle, de la réunion des deux actes des intermezzi, Il s'inspire d'abord de la Commedia dell'arte et du réalisme comique du XVIIème siècle. Distinct de l'opera seria par ses moyens modestes et ses sujets issus de l'univers bourgeois ou populaire, et non pas noble ou mythologique, il traite de la vie quotidienne selon une construction dramatique moins conventionnelle, avec une forme plus claire et sans complication, une musique simple et mélodieuse. Opera seria : L’opera seria naît dans les années 1690 à Naples dans le cercle des lettrés de l’Arcadie. Les librettistes Apostolo Zeno et Pietro Metastasio en sont les plus fameux représentants. Parmi les compositeurs on peut citer : Scarlatti, Porpora, Caldara, Pergolesi, Haendel et Mozart. A l’origine on ne parle que de dramma per musica, le terme d’opera seria n’apparaissant que plus tard. Jules César de G. F. Haendel est un opera seria, c'est-à-dire qu’il s’inscrit dans un genre donné et doit respecter certaines règles. D’une manière générale ce genre lyrique : - adopte une construction en trois actes et une unité d’action pour un nombre de personnages réduit - s’interdit de mélanger les genres sérieux et comiques, d’où le choix de sujets héroïques ou tragiques empruntés aux grands poèmes épiques (le Roland furieux de l’Arioste, la Jérusalem délivrée du Tasse) ou à l’histoire antique, - doit présenter une intrigue au dénouement moral, qui voit triompher le pardon et la clémence, - s’ordonne autour d’une succession de récitatifs* et d’airs permettant à un personnage d’exprimer à chaque fois un affect (colère, fureur, désespoir) et mettant à contribution sa virtuosité. Le nombre d’airs attribués aux personnages traduit une hiérarchie des rôles. Più mosso : Indication de tempo qui signifie plus animé ou plus agité. Pizzicato : Sur un instrument à cordes, en pinçant les cordes avec les doigts. Récitatif : Le récitatif est un chant librement déclamé dont la ligne mélodique et le dessin rythmique suivent les inflexions naturelles de la phrase parlée. Le soutien instrumental se fait généralement avec un effectif instrumental réduit. Sinfonia : Pièce orchestrale servant d’introduction à un opéra. C'est également une pièce instrumentale correspondant aux préludes et intermèdes musicaux. Sottovoce : À l’origine émission vocale retenue dans la nuance sans aller jusqu’au piano. Cette indication s’applique également aux instruments. Tempo : C’est la vitesse dans laquelle se joue un morceau. Par exemple, moderato* indique qu’il faut jouer le morceau dans un tempo modéré. Tremolo : Sur les instruments à cordes, répétition rapide d’une même note, grâce à un va-et-vient rapide de l’archet. Trilles : Ornement qui consiste à faire entendre un battement entre deux notes conjointes. On peut réaliser ces trilles avec la voix. Vocalise : Chant ou partie d’un chant qui s’exécute sur une voyelle. Dans un air d’opéra, un mot important peut être mis en exergue par une vocalise. Ecouter à ce sujet la Cavatine de Rosina (A I, sc 5). Vivace : Terme qui s’applique à un mouvement, un tempo, et qui précise son caractère animé. Sources : http://www.levoyagelyrique.com/l-opera-et-la-publicite http://www.operalille.fr/fichier/o_media/9968/media_fichier_fr_dp.barbier.de.sa.ville.light. http://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-00736426/document http://www.madmoizelle.com/aime-opera-pas-ringard-300001#gs.f8qgDz8 Dossier pédagogique autour du Barbier de Séville de Rossini Agence Janie Lalande, Musilyre. http://sites.crdp-aquitaine.fr/opera/preac/ Service éducatif « arts du spectacle vivant » Théâtre de l’Archipel / B.Lissowski / P.Branchi