QUELS DÉBOUCHÉS POUR LE BOIS ÉNERGIE ?
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QUELS DÉBOUCHÉS POUR LE BOIS ÉNERGIE ?
p.1/3 MEMENTO AQUITAIN DU BOIS ÉNERGIE QUELS DÉBOUCHÉS POUR LE BOIS ÉNERGIE ? Dans une Aquitaine durement éprouvée par deux tempêtes, la filière bois existante doit faire place à de nouveaux acteurs, ceux de la filière bois énergie, transformateurs et utilisateurs. Le bois énergie s’affirme comme un débouché supplémentaire, au même titre que le bois d’œuvre et le bois d’industrie. Les trois usages sont interdépendants. LA RESSOURCE : UNE MARGE ÉTROITE Les études post-tempête Klaus ont montré un important amenuisement de la disponibilité en bois d’industrie – bois énergie (BIBE), estimée à 6,662 millions de tonnes par an. Si l’on retire l’autoconsommation en bois de feu comprise (1,786 MT), on dépasse à peine les 5 MT. Soit à peu de chose près, la consommation 2011 de BIBE menus bois et de connexes de scierie (4,854 MT). Les projets de chaufferie en cours pourraient porter cette consommation à 2,1 MT annuelles. Ce déficit prévisible doit être tempéré par les réserves de bois énergie que représentent les massifs Dordogne Garonne et Adour Pyrénées. doubler d’ici 2020. À cette date, la consommation de bois énergie d’origine forestière pourrait se situer entre 1,1 et 2 millions de tonnes par an. L’étude de ressource va jouer un rôle déterminant pour préciser les pistes de développement de la production de bois énergie dans les LE COUP DE POUCE : UNE VOLONTÉ POLITIQUE En demande de cette ressource, deux types de consommateurs directs existent : les particuliers (bois bûche, pellets…) et les professionnels (chaufferies industrielles et collectives et usines de cogénération). Troisième acteur, les pouvoirs publics ont mis en place une politique d’aides à l’installation des chaufferies bois déclinée pour les particuliers et les professionnels. Le rôle de ces subventions publiques est déterminant pour rendre l’énergie renouvelable compétitive par rapport aux énergies fossiles et faciliter sa montée en puissance. LA DEMANDE AUGMENTE ET SE PRÉCISE Dix projets de grosses chaufferies industrielles et six projets d’usines de cogénération étaient programmés dans notre région en 2014. Ils vont intensifier la demande de bois énergie qui pourrait au minimum POUR EN SAVOIR PLUS… LES DÉBOUCHÉS ACTUELS ET FUTURS DU BOIS ÉNERGIE EN AQUITAINE http://www.crpfaquitaine.fr/docs/files/Bois-Energie/Synthese_2_ DebouchesActuelsAvenirDuBE_20130418.pdf Fiche 2 p.2/3 MEMENTO AQUITAIN DU BOIS ÉNERGIE GUILLAUME CHANET Responsable Pôle aval filière forêt-bois-biomasse Service Régional de la Forêt et du Bois (DRAAF1 Aquitaine) «La consommation globale de bois énergie portée à 2,175 Mt en 2015» «On observe ces dernières années un développement important des chaudières à biomasse en Aquitaine, encouragé notamment par les appels d’offres CRE2 et appels à projets BCIAT3. Les industriels de la trituration et du bois d’œuvre se sont engagés dans cette dynamique afin de valoriser leur connexes et répondre à des besoins énergétiques pour leur process de fabrication. Cette dynamique s’inscrit dans l’objectif européen de faire passer la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique à 23 % d’ici 2020». QUEL EST LE RÔLE DE L’ÉTAT ? «À ce jour, l’État a un rôle d’accompagnement de ces projets. La Cellule Biomasse Préfectorale (DRAAF, ADEME4 et DREAL5) fait un travail de recensement et de suivi des consommations des chaudières. Pour les nouveaux projets, elle rend un avis sur la fiabilité du plan d’approvisionnement en évaluant les disponibilités des massifs concernés. Cet avis consultatif, signé par le Préfet, est envoyé à la CRE qui tranche sur les projets. Le suivi des chaufferies bois de petite taille est, lui, assuré par l’ADEME». PEUT-ON CHIFFRER LA CONSOMMATION DE BOIS ÉNERGIE ET SES PERSPECTIVES DE DÉVELOPPEMENT ? «Pour l’année 2012, la cellule biomasse a chiffré l’ensemble de cette consommation de bois énergie (CRE, chaufferies collectives et unités de granulés) à 1,5 Mt6 de bois divers (toutes catégories confondues). 650 000 t proviennent directement de la forêt : souches, rémanents et bois ronds ; dans les 850 000 t restantes, on trouve des connexes, DIB7, déchets verts ; une partie non négligeable (écorces de papeterie, rondins…) provient de bois non utilisé par les process industriels, la papeterie par exemple. Ces chiffres sont actualisés au fil de l’eau. La Cellule Biomasse a réalisé une projection dans le cadre de l’étude ressources jusqu’en 2020 : la consommation globale de bois énergie devrait être portée à 2,175 Mt en 2015 pour atteindre 2,4 Mt en 2020. Mais ces projections dépendent d’un paramètre important : la santé financière des groupes industriels régionaux». Fiche 2 QUELLE EST LA POLITIQUE DE L’ÉTAT POUR ACCOMPAGNER CE DÉVELOPPEMENT ? «Il y a un consensus pour dire que, une fois les aires de stockage vidées, nous allons connaître une déficit sur le bois industrie et bois énergie. L’État met en œuvre le PPRDF pour optimiser la mobilisation de la ressource des massifs dits périphériques, avec un accompagnement technique, un regroupement des parcelles…, pour motiver les propriétaires et impulser une gestion dynamique des forêts. Il accompagne également tous les projets qui permettent de mobiliser les rémanents, souches, cœurs de souches, en finançant des études techniques et économiques. Pour les industriels du bois d’œuvre, l’État intervient plutôt dans une logique d’accompagnement afin que ceux-ci investissent, le développement de ces derniers s’accompagnant à part égale d’une augmentation de la production de connexes». 1 - Direction régionale de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt Aquitaine 2 - Commission de Régulation de l’Énergie 3 - Biomasse Chaleur Industrie, Agriculture et Tertiaire 4 - Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie 5 - Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement 6 - Million de tonnes 7 - Déchets Industriels Banals p.3/3 MEMENTO AQUITAIN DU BOIS ÉNERGIE BERTRAND ARDILOUZE Sylviculteur, co-fondateur et administrateur de la SCIC1 Landes Bois Énergie «Bâtir un édifice qui appartienne réellement aux sylviculteurs et aux acteurs du territoire» une capacité d’énergie de 3 à 4 MWh, qu’un demi-stère de bois d’éclaircie l’équivaut à près d’une centaine d’euros de fuel. Ainsi, on mesure bien que le bois transformé en énergie est, pour les sylviculteurs, une opportunité pour valoriser le bois mais aussi qu’il permet une consommation et une facture énergétiques qui restent en grande partie sur le territoire». Pour créer un réseau de chaleur, à Mezos (Landes), un groupe de sylviculteurs, animé par Gilles Hériard-Dubreuil, a conçu «l’idée d’associer des sylviculteurs et des acteurs du territoire (sylviculteurs, géomètres, entrepreneurs de travaux forestiers…) et des collectivités territoriales, souvent propriétaires de forêts et engagées dans une démarche de transition énergétique, dans une relation transparente». De cette idée est née «une filière homogène et territoriale» dont les maîtres mots sont «développement local, indépendance énergétique et avantage écologique». Co-fondateur et administrateur de la SCIC Landes Bois Énergie, Bertrand Ardilouze souligne l’intérêt de cette structure juridique : «la société coopérative d’intérêt collectif est un statut coopératif particulier qui permet l’adhésion des acteurs publics et requiert un agrément préfectoral. Nous avons acquis une compétence en matière de relations entre le bois et l’énergie. Nous avons appris à comprendre qu’une tonne de bois représente «Pour créer une filière, il faut multiplier les chaudières, Nous avons d’autres projets», poursuit Bertrand Ardilouze : «regrouper les sylviculteurs, créer une filière de consommation qui permette de définir un prix du bois lié aux possibilités d’un marché… Rien ne nous empêche de plaider pour que l’évolution du prix du bois soit corrélée à celle du prix de l’énergie qui semble prometteuse après plus de 35 ans de baisse de nos bois». «Après les chaudières CRE, de très forte puissance, pour l’essentiel propulsées par les acteurs traditionnels du marché, nous essayons de nous organiser pour proposer quelque chose de nouveau. Nous voulons bâtir un édifice solide qui appartienne vraiment aux sylviculteurs et aux acteurs du territoire dont le bois d’œuvre reste, pour beaucoup, l’objectif légitime». MEZOS (40), CE SONT - 150 tonnes consommées de plaquettes à 30% d’humidité ; - un investissement de 211k€ pour 165kW bois installé, 60kW GPL d’appoint/relève ; - 10 bâtiments raccordés sur 315 ml de réseau de chaleur enterré ; - 386 MWh/an consommés en sortie de chaufferie ; - des économies, sur la facture énergétique : 30% en année 1, 50% après 10 ans, et pour la mairie sur 10 ans : 230 k€. (Source : SCIC Landes Bois Énergie et Mairie de Mézos) Fiche 2 1 - Société coopérative d’intérêt collectif CRPF AQUITAINE 2015. CRÉDIT PHOTO : DRAAF AQUITAINE, CRPF AQUITAINE. Landes Bois Énergie a travaillé sur un projet avec la commune de Mezos, une des premières à avoir adhéré à la société coopérative. LBE achète à la mairie de Mézos son bois de première éclaircie «à un prix nettement supérieur au marché», le transforme en plaquettes… et vend à la mairie de Mezos la chaleur produite. Bertrand Ardilouze explique le montage : «deux contrats-miroirs avec la même formule d’indexation qui prend en compte pour 35% un indice représentatif des énergies (Fuel, Gaz, Électricité)». La formule est intéressante pour tous les acteurs : la commune y trouve son compte en tant que sylvicultrice, car son bois va se valoriser régulièrement, et en tant que consommatrice d’énergie, puisqu’elle se trouve en très grande partie affranchie de la dérive des prix des énergies.