Rien n`est jamais acquis - Haut

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Politique
DIM AN C H E 6 MAR S 201 6
L ' AL S A CE
DROITS DES FEMMES
ACAL
« Rien n’est jamais acquis »
Nom de la grande région : l’heure du crash-test
Le 12 mars, trois noms devront être sélectionnés pour
Adjointe au maire de Strasbourg en charge des droits des femmes et de l’égalité de genre, Mine Gunbay se fait la désigner la nouvelle région Alsace Champagne-Ardenne
porte-parole de celles qui ne peuvent pas s’exprimer. Et, entre autres, les victimes de violences.
Lorraine (Acal). Ces propositions seront ensuite
soumises à une large consultation sur internet.
d’ouvriers parmi les élus ». Une question qui ne peut se régler qu’à travers un statut de l’élu. Elle-même est adjointe à temps plein. « Je ne pourrais pas retravailler dans un milieu associatif à qui je donnerais des subventions », explique-t-elle.
Yolande Baldeweck
Pour la trentenaire Mine Gunbay, être
féministe n’est pas un gros mot. Son programme pour le 8 mars, Journée internationale de lutte pour les droits des femmes, l’adjointe au maire de Strasbourg l’a baptisé « Femmes sans entraves, féministes sans frontières ». « Mon objectif, depuis huit ans, est de réhabiliter le féminisme, à travers le politique », assure celle qui se présente volontiers sous ce vocable. Les combats des années 1970 paraissent pourtant loin…
La mouche du coche
« L’intérêt, à travers ces manifestations, est de réinterroger les acquis, de
faire le point sur les avancées, d’évaluer le chemin qui reste à parcourir, d’identifier les inégalités qui persistent et de dénoncer les situations inacceptables », relève Mine Gunbay qui travaille de concert avec une quarantaine d’associations féministes. « Elles ont peu de visibilité dans le débat public », reconnaît-elle, en mettant l’accent sur le soutien de la Ville de Strasbourg.
Mine Gunbay, militante pour l’égalité.
Photo Jérôme Dorkel
« Rien n’est jamais acquis », avait encore mis encore en garde la philosophe, décédée en 1986. À méditer par les nouvelles générations. Mine Gunbay, elle, joue la mouche du coche. Pourtant cette question de l’égalité entre hommes et femmes devrait être
« portée plus fortement par les homSon viatique, c’est la phrase de Simo- mes comme par les femmes ». La jeune de Beauvoir rappelant qu’« il suffi- ne femme sait qu’elle a profité de ra d’une crise politique, économique l’instauration de la parité qui découle,
et religieuse pour que les droits des pour elle, « du principe de démocrafemmes soient remis en question ». tie ». « Ce n’est pas parce que nous faisons la politique autrement », note-t-elle, lucide. Même si d’autres qu’elle auraient sans doute profité de leur position de secrétaire nationale du PS aux droits des femmes pour faire carrière. Elle a démissionné du Parti
socialiste lorsqu’elle a compris que François Hollande ne mettrait pas en place le vote des étrangers. Elle s’est sentie « trahie ». « C’était la base de mon engagement », rappelle-t-elle, en citant également la politique de justice fiscale.
Rencontre avec la dessinatrice Nadia Khiari
La Ville de Strasbourg, en partenariat avec le Club de la Presse, a invité la dessinatrice tunisienne Nadia Khiari, alias Willis from Tunis, qui rappelle, à travers son Manuel du parfait dictateur, que la vigilance s’impose. « Nous lui demanderons comment ses caricatures sont reçues dans son pays », observe Mine Gunbay, très sensible à la question de la liberté d’expression. Elle-même a été la cible, l’automne dernier, de militants turcs, soutiens du président Erdogan, qui ont demandé sa démission après des propos visant l’État turc sur Facebook. Roland Ries a dû monter au créneau pour la défendre. « Ce sont les mêmes qui m’attaquent depuis la fac. J’étais dans mon droit quand on voit ce qui se passe en Turquie… », affirme la binationale, en s’inquiétant que « certains essaient d’importer des pratiques autoritaires à Strasbourg ». « Il y va des valeurs de la République, mais aussi du vivre ensemble », estime l’élue, qui revendique « une parole libre ».
« Où sont les ouvriers ? »
Roland Ries l’avait recrutée en 2008, alors qu’il cherchait à élargir sa liste pour reprendre la mairie à Fabienne Keller. Mine Gunbay, franco-turque, présidait l’Astu (Actions citoyennes interculturelles). De conseillère municipale, elle est devenue adjointe en 2014. « Quand on analyse la liste de 2014, la première femme non encartée était 2e, le premier homme 17e. Pour l’ouverture, la diversité, on va chercher les femmes à l’extérieur ; les hommes, eux, se recrutent au sein du parti », analyse-t-elle, en déplorant « l’absence de syndicalistes, de militants associatifs, mais aussi Dominique Jung (DNA)
Les séances hebdomadaires de l’Académie française ne sont pas moins âpres, pas moins minutieuses, pas moins passionnées que les réunions « Accident de parcours » du comité de 60 personnes qui cherchent un nom moins lourdaud à la « L’intérêt d’être une femme politi- nouvelle région Acal (Alsace Champaque, c’est de pouvoir profiter de son gne-Ardenne Lorraine)… Hier dans les
exposition médiatique pour parler de locaux strasbourgeois du conseil réla situation des autres femmes », sou- gional, une vingtaine de propositions tient-elle. Et elle ne s’en prive pas, at- plus ou moins envisageables ont été La prochaine étape est prévue à Metz,
tentive aux violences faites aux passées au crible. Il s’agissait d’être le 12 mars. Photo DNA/D. J.
femmes. « Nous sommes en état d’ur- sans pitié, de détecter ce qui était fragence. Mais n’est-ce pas la vraie ur- gile.
de ? « On se croirait dans un jeu de gence lorsque 121 femmes meurent rôles pour Donjons et Dragons ! », a chaque année en France sous les Trois ateliers avaient pour mission argumenté un expert. Une actualisacoups, qu’une femme est violée tou- d’examiner si les noms suggérés tion a donc été proposée : « La Noutes les huit minutes et quand il y a 27 % étaient fonctionnels dans la vie quoti- velle Austrasie. »
d’écarts entre les salaires, à compé- dienne, les pratiques administratitences égales ? », questionne-t-elle ves, les traductions en langues étranProposition inédite : calmement, mais fermement.
gères. Un quatrième atelier a regardé
« Rhin-Champagne »
si ces noms avaient une légitimité culCertes, l’attirail législatif existe et elle turelle, géographique, historique et Un nom inédit a fait son apparition reconnaît que des efforts ont été faits. étymologique. Quant à la cinquième hier, sur le coup de midi : « RhinMais « ils ne sont pas suffisants », table, dite « atelier du mauvais es- Champagne », bâti sur le modèle de plaide-t-elle, en proposant « la mise prit », elle a anticipé les moqueries la région Rhône-Alpes, pour désigner en place d’un observatoire qui croise réunies des cafés du commerce, des les terres situées entre le Rhin à l’est les chiffres de la police et de la justice Guignols et des réseaux sociaux mal- et la Champagne à l’ouest. Une appelet ceux des associations ». Parmi ses veillants…
lation sans fioritures, avec deux noms
préoccupations, la loi renforçant la propres qui existent déjà dans les diclutte contre la prostitution, avec ce tionnaires. Dans les prochains jours, « Grand Est, ça ne veut
rappel : « La loi doit protéger les femles hypothèses les plus solides feront pas dire grand-chose »
mes, pas les agresseurs… »
l’objet d’une vérification juridique : il Ces « crashs tests » ont été rudes pour convient de vérifier qu’elles ne contreLorsqu’elle regarde en arrière, elle se l’appellation « Grand Est ». « Elle ne viennent pas aux règles de la propriéqualifierait presque d’« accident de veut pas dire grand-chose, sauf par té intellectuelle.
parcours ». Fille d’un couple d’immi- rapport à Paris. On trouve toujours grés turcs, arrivés en France il y a qua- quelqu’un de plus à l’est que soi. La prochaine étape est prévue à Metz,
rante ans, rien ne la destinait à la Quand une délégation de la région le 12 mars. La huitaine de noms encopolitique. Si ce n’est l’exemple de ses élargie sera reçue à Munich, les Bava- re en lice sera abondamment triturée parents, militants associatifs, qui l’a rois pourront-ils sans rire souhaiter la pour mettre les dernières failles au conduit à s’engager très jeune. Et ce bienvenue à leurs amis du Grand grand jour. Les trois noms les plus rén’est pas un hasard, observe-t-elle, si Est ? », a questionné un malicieux.
sistants seront sélectionnés, puis souelle s’est dirigée vers les sciences somis au vote des internautes pendant ciales, puisque cela l’a amené à tra- Un débat a fait émerger des partisans trois semaines, à compter du 14 mars.
vailler dans un milieu qui lui est d’Austrasie et de sa variante Austrafamilier. Si elle-même n’a pas souffert sia, royaume franc de l’époque méro- La décision finale appartiendra aux de discrimination, un de ses frères, vingienne qui couvrait les bassins de 169 conseillers régionaux ; ils devront
pourtant diplômé d’une école de com- la Meuse et de la Moselle. Si la réfé- voter le 29 avril. Pour l’instant, la bimerce, a dû partir au Luxembourg rence géographique est recevable, zarre région Alsace Champagne-Arpour trouver du travail… Rien n’est ja- est-il pertinent de se reporter au denne Lorraine est encore, sous bien mais acquis.
temps de Childebert et de Brunehil- des aspects, une terra incognita.
AU PARLEMENT
MAIRES DU HAUT-RHIN
Référendum : Laurent Furst provoque Manuel Valls
Faudra-t-il recruter 2 000 pompiers ?
Sailesh Gya
« Faible, inconstant, cédant aux petits arrangements politiciens… » La description du gouvernement sur le dossier de l’aéroport Notre-Damedes-Landes (NDDL) par le député LR Laurent Furst, lors de la séance des questions orales mardi dernier, était musclée. Le député a ensuite demandé s’il y aurait aussi un référendum local sur la fermeture de la centrale de
Fessenheim. « Alors que 2 000 emplois sont en jeu, pourquoi les HautRhinois n’auraient-ils pas droit de s’exprimer par référendum ? », a-t-il lancé, en proposant aussi une consultation des Alsaciens sur la grande région Acal. Le Premier ministre Manuel
Valls a esquivé la question sur Fessenheim. Mais il a rappelé que la création
des grandes régions a été votée au Parlement et a justifié l’usage du référendum pour NDDL : « Lorsqu’on constate des blocages ou des risques de violence incontestés et incontestables, il faut pouvoir s’asseoir sur une nouvelle légitimité démocratique. »
dernière s’engage toutefois, dans les prochains mois, à optimiser et à développer le service Air & Rail, qui combine train et avion pour des destinations
internationales avec un seul enregistrement au départ, comme par exemple gare de Strasbourg vers CDGRoissy », indique le député.
Incivilités dans les transports : Bigot content du texte. – La proposition de loi sur la sécurité dans les transports en commun était examinée mardi au Sénat. Le texte, adopté par la commission mixte paritaire qui réunit sept députés et sept sénateurs, satisfait le sénateur PS Jacques Bigot. Il « répond au double objectif de protection des transports en commun contre les risques d’attentats et d’atteintes à la sécurité publique, d’une part, et, d’autre part, de lutte contre la fraude, les incivilités et les violences faites aux
femmes dans les transports publics », estime-t-il. Reste à faire valider ces conclusions par les députés.
Centre de gestion : Troendlé confortée. – Dans le cadre du projet de loi Entzheim : Reitzer en renfort. – Le dé- relatif à la déontologie et aux droits et
puté LR Jean-Luc Reitzer relate une obligations des fonctionnaires, les sérencontre avec Frédéric Gagey, PDG nateurs ont autorisé les centres de d’Air France, durant laquelle il a rappe- gestion à « assurer toute tâche admilé l’importance de l’aéroport bas- nistrative, organisationnelle ou de rhinois dans la lutte entre les deux gestion, à la demande des collectivi« capitales » européennes, Stras- tés », y incluant aussi la gestion des bourg et Bruxelles. « Pour Frédéric Ga- archives. Une proposition défendue gey, les liaisons aériennes de depuis des mois par la sénatrice LR CaStrasbourg vers les aéroports pari- therine Troendlé, qui doit maintenant
siens font partie des lignes les plus dé- passer le cap de la commission mixte ficitaires de la compagnie. Cette paritaire.
La réorganisation des secours incendie mais aussi la réforme territoriale ont alimenté les débats, lors de
l’assemblée générale des maires du Haut-Rhin, présidée par le sénateur René Danési, hier à Houssen.
De tout temps, le président de l’Association des maires du Haut-Rhin,
René Danési (LR), a su détecter les
sujets qui font débat. L’assemblée
d’hier, en présence du préfet Pascal
Lelarge – qui ne craint pas d’affronter les contradicteurs – n’a pas dérogé à la tradition. En présence de nombreux élus… Intervenant comme président du Sdis, le Service départemental d’incendie et de secours, Eric Straumann a marqué
sa volonté de diminuer la charge
financière des secours incendie.
ploi », a fait observer le colonel
Bour, très soucieux de gérer les effectifs. Car la disponibilité des pompiers volontaires est en recul.
« Pour avoir un pompier disponible
en journée, il faut en former dix ou
douze », selon lui. Or, le Haut-Rhin
ayant besoin de 14 000 séquences
de garde sur l’année, et les pompiers volontaires effectuant des gardes de sept heures, il faudrait 2 000
volontaires. L’une des propositions
est de faire passer ces gardes à
12 heures. « Mais si chaque pompier effectue 21 jours de garde, on
Photo Jonathan Klur
pourra diviser leur nombre par Eric Straumann, hier devant les maires du Haut-Rhin.
Disponibilité en recul
trois », a suggéré le directeur.
Les maires devront réaliser un intal ? », a suggéré Eric Straumann, 2017 », a-t-il rappelé. Mais la transventaire « des matériels vraiment « Vous nous préparez à recevoir en rappelant cependant que « le formation des sept communautés
nécessaires » au sein de leurs cen- moins de subventions », s’est in- gouvernement ne veut plus de syn- de communes du Sundgau en une
tres de première intervention (CPI), quiété Bernard Sacquépée, maire dicats intercommunaux ». Ce qu’a seule – « un cas d’école en France »
mais surtout « ne pas acheter des de Wickerschwihr, qui a ironisé à confirmé le préfet Pascal Lelarge – semble inquiéter les élus. Même
nouveaux sans un avis préalable du propos « des économies de bouts de qui « n’en autorisera pas », tout en si le sous-préfet d’Altkirch les acSdis sur leur utilité ». Il en va de chandelle, qui ne permettront pas relevant que la responsabilité de compagnera dans leur démarche.
même pour les subventions aux en- d’économiser 1,5 million d’euros ». l’État porte sur les risques majeurs. En revanche, aucun élu ne s’est élegins, qui sont maintenues, mais là « De petites économies accumulées « Pourtant, la loi NOTRe ne les inter- vé contre le rapprochement de la
encore sous réserve de l’avis du peuvent permettre d’atteindre l’ob- dit pas… », a relevé la sénatrice Ca- communauté de communes Porte
Sdis. Et ce matériel subventionné jectif », a répliqué Eric Straumann, therine Troendlé.
de France Rhin Sud avec l’agglomédes CPI devra être mis à disposition le président du conseil départeration mulhousienne. Auparavant,
gratuitement du Sdis… Enfin, le di- mental – qui a hérité de la présidenle maire de Thannenkirch a plaidé
Le schéma publié
recteur du Sdis, le colonel Michel ce il y a dix mois – « se refusant à
pour le maintien des écoles en miBour, a expliqué sa volonté de « li- rester les bras ballants ». Pour le Le préfet a confirmé la publication lieu rural et le vice-président Antoimiter fortement l’envoi simultané, maire de Guewenheim, Jean-Luc de l’arrêté fixant le schéma dépar- ne Homé (PS), rapporteur de la
lors de certaines interventions, des Barberon, une des solutions consis- temental de coopération intercom- commission des finances à l’Assomoyens du Sdis et ceux du CPI ». terait à mutualiser les moyens de munale. « Je vous demande d’aller ciation des maires de France, a évo« Cela nous permettra aussi d’évi- deux CPI. « Peut-être faudrait-il une vite. La nouvelle configuration en- qué la réforme de la dotation
ter que quelqu’un quitte son em- sorte de schéma départemen- trera en vigueur le 1 er janvier globale de fonctionnement. Y. B.
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