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DOSSIER DE PRESSE
Sommaire :
Présentation du 50ème anniversaire de l’inauguration du
musée de l’Ecole de Nancy
(p 3) Une histoire mouvementée
(p 5) Chronologie
Programme
(p 7) Automne 2014
(p 12) Exposition-dossier « Petite et grande histoire du
musée »
(p 13) Présentation d’un lustre Majorelle en vue de son
acquisition par souscription par l’AAMEN
(p 15) Les Coprins
(p 16) Publication d’un ouvrage sur les collections Emile
Gallé du musée
Visuels presse
(p 17)
Informations pratiques
(p 18)
Partenaires
(p 19)
Annexes
(p 21) V. Thomas, « Le musée de l’Ecole de Nancy, une collection
dédiée à un mouvement artistique », in Le musée de l’Ecole de
Nancy. Œuvres choisies, co-édition Somogy- Ville de Nancy, 2009.
(p 28) L’inauguration du musée de l’Ecole de Nancy dans la presse
de l’époque : pour… et contre
2
Une histoire
mouvementée…
Le 26 juin 1964, la foule se presse pour découvrir le nouveau
musée de l’Ecole de Nancy, installé dans l’ancienne propriété
d’Eugène Corbin, grand ami et collectionneur des artistes
nancéiens du début du siècle.
10 ans plus tôt s’était ouverte dans ces murs l’ébauche d’un musée, avec
quelques salles seulement pour accueillir une sélection restreinte de la
fabuleuse collection donnée à la Ville de Nancy par l’homme d’affaire en
1935. Ce musée confidentiel, ouvert un après midi par semaine et recevantles bons jours !– jusqu’à 8 visiteurs, devient véritablement le musée de
l’Ecole de Nancy que nous connaissons quand il acquiert en1963 le statut de
« musée contrôlé » conféré par la Direction des musées de France. Des
travaux importants, puis l’augmentation de la surface d’exposition
permettent enfin d’exposer les plus beaux ensembles conservés, ainsi que les
nouvelles acquisitions réalisées dans ce but.
De nombreux descendants des artistes sont présents lors de la réception,
comme par exemple les filles d’Emile Gallé, avec lesquelles la nouvelle
conservatrice, Françoise-Thérèse Charpentier, a tissé d’étroites relations.
Cette proximité, entretenue jusqu’à nos jours, a permis tout au long de la
nouvelle histoire du musée de l’Ecole de Nancy, de faire entrer dans les
collections des témoignages uniques et précieux du savoir-faire de l’Ecole de
Nancy.
Les années 60 furent particulièrement néfastes pour la préservation du
patrimoine Art nouveau en Europe, avec de nombreuses destructions.
L’ouverture du musée précède – et encourage ?- un vaste mouvement de
3
renaissance (revival) du style Art nouveau dans les années 70, porté
notamment par le « flower power »… Surtout, la lutte acharnée menée pour
la reconnaissance scientifique de la valeur artistique d’un mouvement alors
en plein dénigrement, aboutit enfin dans les années 80, avec le succès de la
première exposition parisienne consacrée à l’œuvre d’Emile Gallé (Musée du
Luxembourg, 1985), puis avec l’envolée de la cote de ces artistes dans les
années 90.
La valeur de l’œuvre laissée par l’Ecole de Nancy ne pose plus question de
nos jours. Mais son étendue et sa diversité invitent en permanence à la
redécouvrir et à poursuivre sa diffusion.
1. Vue de l’exposition Prouvé
orientaliste, 1977
2. Vue du musée de l’Ecole de
Nancy en travaux, sd.
3. Vue du musée de l’Ecole de
Nancy, rez-de-chaussée, état de
1964
4. La salle à manger de la
maison de la rue Blandan, du
temps d’Eugène Corbin
©MEN
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Du musée d’art décoratif au musée de
l’Ecole de Nancy, en passant par le musée
Corbin : Chronologie
1894 : Exposition d’Art Décoratif moderne lorrain organisée aux Galeries Poirel
de Nancy. A l’issue de l’exposition, grâce aux bénéfices dégagés, achat de 17
œuvres signées Gallé, Prouvé et Martin par la Société des Arts Décoratifs
Lorrains qui constitue le premier fonds du musée.
1900 : Le musée d’art décoratif de Nancy est crée officiellement en décembre
1900 par une délibération du conseil municipal de la Ville de Nancy.
L’année suivante, une salle du musée de peinture et de sculpture, installé au
rez-de-chaussée de l'Hôtel de Ville, lui est dédiée.
1904 : Les premiers fonds votés par le Conseil municipal permettent l’achat de
trente-neuf verreries d’Emile Gallé. Cet ensemble acheté auprès du maîtreverrier, a été sélectionné par ce dernier.
1909 : Lors de l’Exposition Internationale de l’Est de la France, la Commission
du musée acquière vingt et une pièces auprès des industries d’art régionales
(Baccarat, Keller et Guérin) dont des œuvres d’inspiration Art nouveau.
1927 : Les héritiers de Louis Majorelle offrent deux pièces du célèbre mobilier
nénuphar, présentées à l’Exposition Universelle de 1900, un meuble
bibliothèque, et un bureau et son fauteuil, premiers exemples du mobilier de
l’ébéniste nancéien à entrer dans les collections municipales.
1935 : La collection Ecole de Nancy d’Eugène Corbin, composée de 759 pièces,
tous domaines confondus (mobilier, verrerie, céramique, cuir, peinture, arts
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graphiques …) fait l’objet d’une donation à la Ville de Nancy. Elle est installée
dans la Galerie Nord de l’Ensemble Poirel. Le musée prend le nom de Musée de
l’Ecole de Nancy-Donation Corbin.
1939 : En septembre, les collections du Musée de l’Ecole de Nancy sont mises
en caisse et envoyées dans le sud-ouest de la France, pendant la durée du
conflit mondial.
1951 : La Ville de Nancy acquiert la propriété de Monsieur et Madame Corbin,
rue du Sergent-Blandan, quelques mois avant le décès du donateur, pour y
accueillir le Musée de l’Ecole de Nancy.
1954 : une partie des collections du Musée de l’Ecole de Nancy-Donation
Corbin sont installées dans la maison Corbin. Le 8 mai 1954, cette installation
est inaugurée en présence de Madame Eugène Corbin et d’anciens ouvriers de
Majorelle.
1964 : après une série de travaux, le Musée de l’Ecole de Nancy est
officiellement inauguré dans la propriété Corbin, le 26 juin 1964, en présence
des descendants d’artistes, en particulier des filles d’Emile Gallé.
Cette inauguration a été précédée de sa reconnaissance officielle par la
Direction des Musées de France qui confère à l'institution, le statut de musée
contrôlé.
1966 : Le premier étage de la maison Corbin est aménagé et la superficie
dévolue aux collections passe de 330m2 à 770 m2,.
1998 : Le jardin du musée est inscrit à l’Inventaire Supplémentaire des
Monuments Historiques
1999 : Année de l’Ecole de Nancy – 3 expositions présentées aux Galeries
Poirel, au musée de l’Ecole de Nancy et au musée des beaux-arts attirent
200.000 visiteurs. La même année, le jardin du musée de l’Ecole de Nancy est
rénové, tout comme l’aquarium – classé Monument historique –, le monument
funéraire de Mme Nathan et la porte des ateliers Gallé de Vallin. La Ville de
Nancy adhère au Réseau Art nouveau network, financé par la Commission
Européenne avec pour missions la promotion et la défense de l’Art nouveau sur
la scène internationale.
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Programme
L’anniversaire de l’inauguration du musée est célébré en deux temps forts.
Après la journée festive du 26 juin, le musée de l’Ecole de Nancy propose
cet automne une série d’animations « spécial 50 ans » :
Petite et grande histoire du musée de l’Ecole de Nancy
Exposition-dossier
du 20 septembre au 4 janvier 2015
Photos et documents évoquent le musée, de sa création à nos jours…
Visite guidée le 28 septembre à 11.00
Journées Européennes du Patrimoine
20 – 21 septembre
Braderie de livres
Entrée libre
« Découverte d’un jardin de la Belle époque »,
en collaboration avec le service des Parcs et Jardins de la Ville de Nancy
Présentation d’un lustre à décor d’algues
de Louis Majorelle
en vue de son acquisition par souscription par
l’Association des Amis du Musée de l’Ecole de Nancy (AAMEN)
à partir du 20 septembre
Présentation de la lampe Les Coprins d’Emile Gallé
Retour d’une pièce maîtresse dans les collections permanentes
après une longue restauration
Dans le courant de l’Automne
Emile Gallé au musée de l’Ecole de Nancy
Ouvrage collectif, sous la direction de Valérie Thomas, éditions Snoeck
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Sortie prévue : décembre 2014
anniversaire du musée est publié un catalogue très
A l’occasion du 50
attendu, rassemblant une sélection d’œuvres et de documents autour d’Emile
Gallé et aujourd’hui conservées au musée de l’Ecole de Nancy. Cet ouvrage
mettra en évidence la variété autant que la virtuosité du créateur, ainsi que
l’exceptionnelle qualité de cette collection.
ème
Programme de visites tout public
Septembre
Samedi 13 septembre, 10h30
Bibliothèque Stanislas
Une heure avec… l’Ecole de Nancy /1
Focus spécial albums (recueils d’estampes, imprimés, revues et albums d’art décoratif)
Dimanche 28 septembre, 11h
Petite et grande histoire du musée
Visite guidée
Sans réservation, 1,60 €
Octobre
Jeudi 2 octobre, 15h
La propriété Corbin : jardin et paysagisme au temps de l’Art nouveau
Visite guidée en collaboration avec le service des Parcs et Jardins de la Ville de Nancy
Sur réservation, 1,60 €
Mercredi 8 octobre, 18h30
Auditorium du Museum-Aquarium
Autour de la correspondance d’Emile et Henriette Gallé (1875-1904)
Conférence.
Jacqueline Amphoux (descendante d’E ; et H ; Gallé) et Philippe Thiébaut, conseiller
scientifique à l’INHA évoquent les lettres sélectionnées, les divers sujets abordés par cellesci, les préoccupations de l’industriel d’art et chef de file de l’Ecole de Nancy ainsi que le rôle
important mais assez méconnu de son épouse auprès de lui.
Co-organisée par le MEN et l’AAMEN
Sans réservation, entrée libre dans la limite des places disponibles
Samedi 11 octobre, 10h30
Bibliothèque Stanislas
Une heure avec… l’Ecole de Nancy /2
Focus spécial reliures
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Dimanche 12 octobre, 16h30
Petite et grande histoire du musée
Visite guidée
Sans réservation, 1,60 €
Dimanche 19 octobre, 10h30-11h45
L’herbier de l’Art nouveau
Visite pour les familles
Sans réservation, 5 €
Dimanche 19 octobre, 16h30
Petite et grande histoire du musée
Visite guidée
Sans réservation, 1,60 €
Mardi 21 octobre ou mardi 28 octobre, 14h30 – 16h30
Villa Majorelle
A la manière de Louis Majorelle
Atelier de vacances pour les 7-11 ans
Sur réservation, 4.15 € la séance
Novembre
Dimanche 9 novembre, 16h30
Petite et grande histoire du musée
Visite guidée
Sans réservation, 1,60 €
Dimanche 16 novembre, 16h30
Petite et grande histoire du musée
Visite guidée
Sans réservation, 1,60 €
Samedi 22 novembre, 16h
Que la lumière soit !
Les luminaires dans les collections du musée, à l’occasion de la souscription pour l’achat et la
restauration d’un lustre de Louis Majorelle
Sur réservation, 1.60 €
Décembre
Dimanche 7 décembre, 10h
Fête de la Saint Nicolas au musée…
Visite pour les 7-11 ans, avec atelier chocolat
Sur réservation, gratuit
Dimanche 7 décembre, 16h30
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Petite et grande histoire du musée
Visite guidée
Sans réservation, 1,60 €
Vendredi 12 décembre, 16h
L’œuvre d’Emile Gallé dans les collections du musée de l’Ecole de Nancy
Visite guidée, à l’occasion de la sortie du livre éponyme.
Sur réservation, 1.60 €
Dimanche 14 décembre, 16h30
Petite et grande histoire du musée
Visite guidée
Sans réservation, 1,60 €
Dimanche 28 décembre, 10h30
Les oubliés.
Visite guidée autour des pièces méconnues des collections permanentes.
Sur réservation, 1.60 €
Janvier
Dimanche 18 janvier, 16h
Au gui l’an neuf ! L’hiver au musée
Visite pour les familles
Sans réservation, 5 €
24 janvier, 16h
Lire et dire l’Ecole de Nancy…
Venez découvrir certaines œuvres du musée à la lecture de différents textes (Notices,
articles, correspondance, …) - Visite à double voix, avec guide et comédien
Sur réservation, 1.60 €
Et aussi :
Vendredi, samedi, dimanche, 15h
Visite guidée des collections permanentes
Sans réservation, 1.60 €
Joseph Hornecker, architecte de la Société Nationale Varin Bernier
Exposition
Banque CIC Est, place Maginot, Nancy
Partenaire historique du musée de l’Ecole de Nancy, le CIC Est propose d’évoquer l’histoire
du bâtiment qui l’accueille, place Maginot, célèbre pour sa salle des coffres, conçue par
l’architecte Joseph Hornecker en 1906 pour la Société Nancéienne de Crédits Industriels et
de Dépôts.
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Petite et Grande histoire du Musée de l’Ecole de Nancy
Exposition-dossier
20 septembre 2014- 4 janvier 2015
Cette présentation évoque l’histoire du musée depuis sa création en 1900
jusqu’à la fin du XXe siècle. Seront illustrées les diverses grandes étapes de
la constitution de ses collections, comme la création du musée d’art
décoratif en 1900, la donation Corbin en 1935, son installation dans la
propriété Corbin dans les années 1960, jusqu’aux années 2000.
Photographies anciennes, documents d’époque, affiches et publications
illustreront les différentes phases de la constitution de cette collection,
les divers lieux qui ont accueilli cette dernière, l’évolution de la
muséographie et de la présentation de ce mouvement…. Ils aideront aussi
à témoigner du regard porté sur les œuvres Ecole de Nancy et plus
globalement sur ce mouvement artistique qui a connu pendant de
longues années une réelle désaffection, avant d’être redécouvert et
reconnu comme un des exemples de l’avant-garde artistique au tournant
du XXe siècle.
Affiche annonçant l’inauguration du musée de l’Ecole de Nancy, MEN
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Présentation d’un lustre à décor d’algues de Louis Majorelle
En vue de son acquisition par souscription
par l’Association des Amis du Musée de l’Ecole de Nancy (AAMEN)
A l’occasion du 50ème anniversaire du musée, l’Association des Amis du
Musée (AAMEN) lance une souscription publique pour l’achat et la
restauration d’un lustre créé par Louis Majorelle, en collaboration avec
Jacques Gruber.
Ce luminaire a été
commandé à Louis
Majorelle en 1904, en
même temps qu’un
second lustre. L’un
était destiné à une
bibliothèque, l’autre à
une salle à manger,
deux pièces voisines
d’une
maison
particulière.
Tous
deux
sont
restés
propriété de la famille
du commanditaire, qui
possède par ailleurs une correspondance entre Majorelle et l’acheteur,
détaillant notamment les hésitations sur le modèle retenu et les décors.
Finalement, c’est un modèle à décor d’algues qui a été retenu, associant
une structure en bronze, des parties en vitrail, attribuées à Jacques Gruber
et des globes en verre.
Ce modèle de ce plafonnier apparaît dans les catalogues des
Etablissements Majorelle, mais il n’existe que peu de modèles connus. Un
exemplaire à décor d’hortensias est conservé au Chrysler Museum aux
Etats-Unis. L’Association des Amis du Musée de l’Ecole de Nancy souhaite
en faire l’acquisition au profit des collections du Musée de l’Ecole de
Nancy.
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Ce luminaire sera ensuite confié à des restaurateurs de métal et Art du
feu, afin de la nettoyer, de revoir le montage des différents éléments ainsi
que l’installation électrique. Cette intervention devrait permettre de
pouvoir le présenter en fonction dans les salles d’exposition.
A partir du 20 septembre 2014, plusieurs éléments composants le lustre
seront présentés au 1er étage, accompagnés de son histoire ainsi que du
projet d’acquisition et de restauration.
Détail de la partie vitrail du lustre à
motif d’algues. Cliché D. Boyer
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La lampe Les Coprins d’Emile Gallé
De retour dans les collections permanentes après restauration
La Lampe Les Coprins (v. 1902) est l’une des plus fameuses réalisations
d’Emile Gallé dans le domaine du luminaire. Les trois champignons
réalisés en verre multicouche soufflé, moulé et gravé, fixés sur un pied en
fer forgé, évoqueraient les trois âges de la vie : enfance, maturité et
vieillesse. Le musée de l’Ecole de Nancy a acquis cette œuvre en vente
publique en 1956. Peu d’exemplaires sont connus : deux exemplaires sont
conservés au Japon, au Suntory Museum de Tokyo et au Kitazawa
Museum , un troisième en collection privée.
Dans les années 60, la lampe subit malheureusement un dommage et
deux des champignons sont cassés. Une première restauration en 1967
modifie le montage d’origine de la lampe, et altère la transparence de
certaines parties vitreuses.
Une nouvelle restauration a donc été
lancée afin de « dé-restaurer » la
lampe et améliorer le traitement des
lacunes d’une part, et revenir à son
montage original d’autre part.
L’intervention a été confiée à deux
restaurateurs spécialisés dans les Arts
du feu, Olivier Omnès et Patricia
Dupont.
La lampe Les Coprins retrouvera à
l’automne 2014 sa place dans les
collections permanentes, à l’occasion
des 50 ans du musée.
Emile Gallé, lampe Les Coprins, v. 1902. Nancy, MEN. Cliché Studio Image
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Emile Gallé au musée de l’Ecole de Nancy
Publication d’un ouvrage consacré aux collections d’Emile
Gallé, conservées au Musée de l’Ecole de Nancy
Le Musée de l’Ecole de Nancy possède une importante collection
d’œuvres d’Emile Gallé, constituée d’achats et de dons depuis l’origine du
musée jusqu’à nos jours. Cet ensemble renferme des pièces de mobilier,
des faïences et des verreries ainsi que des objets en cuir, des textiles, des
dessins préparatoires, des clichés photographiques et de la
documentation destinée à l’usine d’art.
Le musée a décidé de consacrer un ouvrage à ses collections, pour
témoigner de la richesse de ce fonds et de la diversité des œuvres et
documents conservés. Les œuvres maîtresses de l’artiste seront bien sûr
évoquées, mais également des pièces moins connues ou celles destinées
à un usage personnel ou plus confidentiel (objets en cuir, textiles, …). Le
cadre familial et intellectuel de l’artiste ainsi que son entourage
professionnel (usine d’art, collaborateurs, méthode de travail, …) seront
abordés à travers la photographie et la riche documentation conservées,
et souvent inédites.
Cette publication permettra de mieux cerner l’œuvre foisonnante et la
personnalité complexe du chef de file de l’Ecole de Nancy. Elle aidera
aussi à témoigner de la générosité des descendants de l’artiste envers les
collections du musée depuis les années 1950 jusqu’à nos jours et révèlera
de nombreuses œuvres et documents méconnus.
Caractéristiques de l’ouvrage :
- 224 pages
- 200 illustrations couleur
Sortie prévue début décembre 2014.
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Visuels presse :
Contactez : [email protected]
Les 50 ans du musée de l’Ecole de Nancy, affiche F. REY
L’Aquarium, musée de l’Ecole de Nancy, Cliché A.
Carpentier, ©MEN
Vue de la Donation Corbin installée aux galeries Poirel en
1935 (mobilier d’Eugène Vallin), ©MEN
Musée de l’Ecole de Nancy, salle « Parfums
d’autrefois ».© Cliché A. Carpentier
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Informations
pratiques
Musée de l’Ecole de Nancy
36-38, rue du sergent Blandan
54000 NANCY
Téléphone : 03.83.40.14.86
Fax : 03.83.40.83.31
E-mail : [email protected]
Site internet : www.ecole-de-nancy.com
Retrouvez le musée sur
son blog :
http://off.ecole-de-nancy.com
et sa page Facebook :
https://www.facebook.com/mena
ncy54
Conservateur en chef :
Valérie THOMAS
E-mail : [email protected]
Chargée de communication :
Véronique BAUDOUIN
E-mail : [email protected]
Ouverture:
Du mercredi au dimanche, de 10.00 à 18.00
Fermé les lundis et mardis et 1er janvier, 1er mai, 1er novembre et 25 décembre
Tarifs :
Tarif normal entrée : 6 €
Tarif réduit entrée : 4 €
Gratuit jusqu’à 12 ans
Gratuit le mercredi pour les étudiants (sur justificatif)
Carte 6 musées valable 10 jours : 10 €
Pass 6 musées valable 1 an (pour le titulaire et son invité) : 40 €
Visite guidée : 1.60 €
Audioguide (F, An, Al) : 1 €
Boutique : livres, cartes postales, affiches…
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Partenaires
L’Association des Amis du musée de l’Ecole de Nancy (AAMEN)
Fondée en 1985, l’AAMEN accompagne le musée de l’Ecole de Nancy dans la
diffusion, la promotion et l’enrichissement de ses collections. Par le biais
d’acquisitions, de publications et de conférences, l’AAMEN assure ainsi un
soutien précieux et essentiel. L’AAMEN sera présente lors de la journée du 26
juin pour présenter ses actions.
www.amis-ecoledenancy.fr
Banque CIC Est
Fidèle partenaire du musée de l’Ecole de Nancy depuis plus de 30 ans, la
banque CIC Est accompagne le musée dans tous les grands évènements. Pour
fêter les 50 ans du musée, la banque CIC Est apporte son soutien financier, ainsi
qu’une participation active à la valorisation de l’évènement auprès de ses
clients (exposition-dossier dans le hall de l’agence Maginot, visites guidées
privées, jeu-concours).
www.cic.fr
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Annexes
Le musée de l’École de Nancy, une collection dédiée à un mouvement artistique
Valérie THOMAS, in Le musée de l’Ecole de Nancy. Œuvres choisies, co-édition Somogy-Ville
de Nancy, 2009, pp. 25-64
En 1960, un article du magazine Connaissance des Arts évoque l’existence à Nancy d’« un
musée quasi clandestin que ne signalent pas tous les guides et où ne se hasardent pas les
touristes. Là, dans l’ombre d’un hallucinant décor 1900, parmi les meubles de Majorelle et
de Vallin, les toiles de Prouvé, les vitraux de Gruber, dorment des vases étranges sur lesquels
le soleil allume des reflets ardents1 ». Cette description du musée de l’École de Nancy2
illustre bien le sentiment des années 1960 pour l’Art nouveau qui commence, juste après
une longue période de désaffection, à être à nouveau regardé et considéré. Il peut donc
apparaître surprenant qu’un musée soit déjà consacré en France à ce mouvement artistique.
D’autant que ce dernier dispose d’un fonds ancien, contemporain de l’École de Nancy et
rassemblant un nombre assez important de pièces représentatives de ce mouvement. Cette
collection a, de plus, été constituée par des personnalités impliquées dans l’Art nouveau
nancéien, artistes, commanditaires et mécènes. Ce mouvement ayant, au cours de la
première moitié du xxe siècle, souffert de désintérêt et subi nombre de destructions,
l’existence d’une collection publique inaliénable a offert un refuge à de nombreuses œuvres,
qui ont ainsi pu être conservées.
Le premier fonds, le musée d’Art décoratif de Nancy
Les artistes eux-mêmes sont à l’origine du premier fonds de ce musée. En effet, à l’issue de
l’exposition d’art décoratif moderne lorrain de 1894, dix-sept pièces sont acquises par le
Comité d’art décoratif lorrain en vue de la création d’un musée. Dans ce premier fonds
figurent quatre verreries et une faïence d’Émile Gallé, deux grands dessins de Victor Prouvé
pour des décorations murales, un cuir de Louis Hestaux et un de Camille Martin, une reliure
de Camille Martin et une de Victor Prouvé, pièce maîtresse de l’École de Nancy, la reliure
Salammbô créée en 1893 et présentée la même année au Salon de la Société nationale des
beaux-arts. Ces œuvres entrent dans les collections du musée d’Art décoratif lors de sa
création officielle, en décembre 1900, par une délibération du conseil municipal de Nancy.
Une salle du musée de Peinture et de Sculpture, installé au rez-de-chaussée de l’hôtel de
ville, lui est dédiée en 1901, sa gestion étant confiée à Jules Larcher (1849-1920)3. Ce
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dernier, peintre de formation, est directeur de l’École des beaux-arts de Nancy mais
également conservateur du musée de Peinture et de Sculpture. Membre fondateur de
l’École de Nancy en février 1901, il en démissionne dès le mois de novembre. Un
aménagement sommaire permet de cloisonner l’espace en deux salles, et les premières
collections sont présentées dans deux vitrines. Le musée est ouvert aux visiteurs
uniquement le jeudi et le dimanche, de 10 heures à 16 heures ; un droit d’admission non
défini est sollicité.
Les premières acquisitions de la Commission du musée sont certainement menées à
l’initiative de l’École de Nancy puisqu’elles concernent des œuvres de son chef de file. Les
premiers fonds, votés par le conseil municipal en 1903, permettent en effet l’achat de
trente-neuf verreries d’Émile Gallé. Cet ensemble a été sélectionné par le maître verrier car
il s’agit d’un échantillon pertinent de sa production de 1872 à 1902, tant dans les techniques
utilisées que dans le répertoire décoratif. Trois autres pièces sont offertes par des
particuliers, dont Édouard Bour4, membre de la Commission et ardent partisan du musée
d’Art décoratif qui, outre le don du vase Orchidées des bois daté de 1900, offre la même
année une boîte à bijoux en cuir de Victor Prouvé. Le premier meuble de l’École de Nancy,
un modèle de la desserte Les Blés d’Émile Gallé, entre au musée en 1907, à l’occasion d’une
souscription en mémoire d’Édouard Bour, récemment décédé. En 1909, lors de l’Exposition
internationale de l’est de la France, la Commission du musée acquiert vingt et une pièces
auprès des industries d’art régionales (Baccarat, Keller et Guérin), particulièrement bien
représentées à cette manifestation, et reçoit plusieurs dons de la cristallerie Saint-Louis. À
cette époque, il semble difficile de définir une ligne directrice dans la politique
d’enrichissement du musée d’Art décoratif de Nancy : le don et le legs de pièces exotiques
ou anciennes étant acceptés, l’art décoratif moderne lorrain peine à rester prioritaire
d’autant qu’en 1912, l’État envoie soixante-sept pièces de la manufacture de Sèvres. Les
années suivantes, les acquisitions des œuvres de l’École de Nancy sont le fait d’initiatives
personnelles. Ainsi, en 1913, l’entrée de la coupe Roses de France, une des pièces maîtresses
en verre de Gallé, est due aux fils de Léon Simon, ancien président de la Société
d’horticulture de Nancy, en hommage à leur père décédé. Les années 1910 ne voient guère
d’amélioration dans la politique d’acquisition du musée d’Art décoratif, en outre fortement
ralentie par la Première Guerre mondiale. Elle ne reprend qu’en 1921, par l’achat et le don
de plusieurs pièces – verreries de la manufacture Daum, vitrail de Jacques Gruber,
céramiques des Frères Mougin – qui n’ont plus rien à voir avec l’Art nouveau. Il s’agit en
effet d’œuvres récentes, marquées par l’Art déco, ce qui atteste du souhait de la
Commission du musée d’acquérir des pièces modernes et représentatives de l’époque. En
1927, un an après le décès de Louis Majorelle, ses descendants offrent deux meubles du
célèbre ensemble Nénuphar présenté à l’Exposition universelle de 1900 – un meuble
bibliothèque, un bureau et son fauteuil –, premiers exemples du mobilier du vice-président
de l’École de Nancy à entrer dans les collections municipales.
Dans ces années, la situation du musée d’Art décoratif n’a pas changé : toujours à l’hôtel de
ville, son espace restreint ne permet pas vraiment son développement. La presse artistique
locale se fait le relais de différents projets d’installation du musée dans d’autres lieux de la
ville, mais sans succès5. En 1909, Victor Prouvé, second président de l’École de Nancy, essaie
en vain de convaincre les organisateurs de l’Exposition internationale de l’est de la France de
conserver le pavillon consacré à cette association, construit par Eugène Vallin, pour y
installer un musée d’art décoratif. Dans une lettre adressée au Comité de l’exposition, il
affirme que ce pavillon « sera pour l’art décoratif de Nancy une sorte de Petit Palais, la ville
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installera, à quelques pas de son École des Beaux-Arts, ce musée d’œuvres, de documents et
de modèles qu’on réclame de toute part6 ».
Une donation importante, la collection Eugène Corbin
En 1935, la collection École de Nancy d’Eugène Corbin, composée de 759 pièces tous
domaines confondus (mobilier, verrerie, céramique, cuir, peinture, arts graphiques…), fait
l’objet d’une donation à la Ville de Nancy. Riche amateur d’art et mécène, Jean-Baptiste dit
Eugène Corbin (1867-1952) a réuni pendant plusieurs années un ensemble unique de pièces
acquises auprès de créateurs, de manufactures, de galeries ou commandées à certains
artistes. Héritier par son père des Magasins Réunis, Eugène Corbin7 a fait de cette maison de
commerce l’un des emblèmes de l’Art nouveau nancéien, tant dans l’architecture et
l’aménagement intérieur que dans la production, la vente d’objets décoratifs et de meubles
inspirés par l’École de Nancy destinés à une large clientèle. Tout au long de sa vie, l’homme
d’affaires a soutenu financièrement l’art et les artistes lorrains de son temps, par des
acquisitions mais aussi par l’organisation d’expositions temporaires8 ou la création de la
revue Art et Industrie9 en 1909. Le goût pour l’École de Nancy est partagé par certains
membres de la famille Corbin et la donation va faire parmi eux des émules. Ainsi, en 1935,
son frère Louis offre le célèbre tableau d’Émile Friant Les Canotiers de la Meurthe, ainsi que
la reliure Carmen de Victor Prouvé, et demande leur rattachement au musée Corbin. En
1938, c’est au tour de Mme Charles Masson, sœur d’Eugène Corbin, de donner deux
ensembles mobiliers uniques : une salle à manger d’Eugène Vallin, réalisée en collaboration
avec Victor Prouvé, et un bureau de Jacques Gruber. Ces ensembles, commandés par Charles
Masson vers 1903-1904, comprennent des meubles mais également des boiseries, des
panneaux décoratifs, des luminaires et des doubles-rideaux, parfaite évocation d’un
intérieur nancéien du début de siècle.
Concernant la donation Corbin, un acte établi entre la Ville et le collectionneur précise que
les œuvres École de Nancy conservées au musée d’Art décoratif de l’hôtel de ville seront
associées à la collection Corbin et exposées avec elle. Celle-ci est installée, l’année même de
la donation, dans les Galeries Poirel (galerie nord), lieu des grandes manifestations de l’Art
nouveau nancéien. L’aménagement se fait sous l’autorité du conservateur du musée des
Beaux-Arts, Jean-Mathias Schiff10. Le vestibule est dédié à la présentation de sculptures,
principalement de Victor Prouvé et d’Auguste Vallin. Puis la grande galerie est rythmée, au
centre, par deux tourniquets d’Eugène Vallin dans lesquels ont été placés des dessins d’Henri
Lévy et de Victor Prouvé, ainsi que par une série de six vitrines. Mélangeant techniques et
artistes, ces dernières présentent des pièces maîtresses de la collection Corbin, telles
l’Amphore du roi Salomon d’Émile Gallé ou la robe Bord de rivière au printemps de Victor
Prouvé et Fernand Courteix. Une vitrine est consacrée à la verrerie lorraine avec des œuvres
d’Émile Gallé, de la manufacture Daum, des Frères Muller et de Paul Nicolas ; une autre
associe le coffret La Parure de Camille Martin et Victor Prouvé à un ensemble de reliures.
Aux murs de la galerie sont disposés sur plusieurs niveaux, toiles et dessins, principalement
les études préparatoires de Victor Prouvé pour de grandes décorations murales. Au fond de
la galerie, quatre ensembles mobiliers sont installés suivant l’esprit des period rooms : le
salon Pommes de pin de Louis Majorelle accompagné du piano La Mort du cygne, la
chambre à coucher Corbin, le bureau Kronberg et une salle à manger présentée à
l’exposition de l’École de Nancy aux Galeries Poirel en 1904, ces trois derniers réalisés par
Eugène Vallin. La scénographie est dense et peu recherchée, hormis en ce qui concerne les
21
period rooms, particulièrement pertinentes pour un mouvement artistique ayant prôné
l’unité des arts.
Le geste généreux d’Eugène Corbin peut paraître étonnant dans ces années 1930, marquées
par un réel désintérêt pour l’Art nouveau. Il faut surtout l’interpréter comme une volonté de
défendre et mettre à l’honneur l’art décoratif lorrain. Le mouvement artistique évoque aux
yeux de ses contemporains une période faste pour Nancy, et certains artistes jouissent
encore d’un grand prestige. Un numéro spécial du Pays Lorrain de 1936 consacré à la
donation Corbin – musée de l’École de Nancy évoque Émile Gallé, l’École de Nancy, le musée
de l’École de Nancy et la donation J.-B. Eugène Corbin, la peinture et la sculpture au musée
de l’École de Nancy, dont il propose une visite rapide12. Certains articles se font l’écho des
sentiments parfois mitigés à l’égard de l’École de Nancy. La personnalité d’Émile Gallé est
mise en avant, dans un article qui loue ses talents de verrier mais est nettement plus nuancé
à propos de ses faïences et surtout de ses meubles, appréciation habituelle à l’époque, la
fascination pour ses verreries s’étant perpétuée dans le temps.
Le musée Corbin ouvre ses portes au public le 8 juin 1935, le tarif d’entrée est de 2 francs ; la
gratuité est appliquée les après-midi des dimanches et jours fériés afin d’encourager les
visiteurs, peu nombreux. Dans une lettre adressée au maire, le conservateur Jean-Mathias
Schiff se plaint d’une fréquentation faible et propose de tenter de remédier à ce problème
par des outils de communication et de signalétique, dont l’« apposition de plaques
indicatrices » et des « insertions dans les journaux locaux13 ».
Une collection en plein développement mais un musée fermé
Dès 1936, une liste des œuvres à évacuer en cas de conflit international a été établie par
Jean-Mathias Schiff. Dans les premières urgences figurent les reliures de Camille Martin et
de Victor Prouvé, les verreries d’Émile Gallé et de la manufacture Daum, le mobilier aux
nénuphars de Majorelle, un buffet de salle à manger d’Émile Gallé, trois vitraux de Jacques
Gruber et des dessins de Victor Prouvé. En septembre 1939, les pièces du musée de l’École
de Nancy sont mises en caisse et déplacées loin de la frontière allemande. Avec les
collections du musée des Beaux-Arts, du Musée lorrain, des archives et de la bibliothèque
municipales, elles sont abritées dans les châteaux du Bouilh et de La Brède, en Gironde. Par
la suite, il semble qu’elles aient été déplacées dans divers châteaux en Dordogne, puis dans
le Lot.
L’histoire mouvementée des œuvres du musée de l’École de Nancy ne se termine pas à
l’issue de la Seconde Guerre mondiale. En effet, de 1945 à 1964, le musée va connaître un
fonctionnement assez paradoxal. Ses collections ne sont plus visibles du public car la Ville de
Nancy a décidé, à l’issue du conflit, de déménager les œuvres de la donation Corbin afin que
les Galeries Poirel puissent à nouveau accueillir des expositions temporaires. Les pièces sont
parfois prêtées pour des manifestations permettant de rappeler l’existence d’un mouvement
artistique fin de siècle à Nancy14.
Les années 1950 sont cependant une période faste pour l’enrichissement du musée car des
collections ou des pièces maîtresses sont acquises et, parallèlement, de nombreux dons sont
effectués par les descendants d’artistes ou de collectionneurs. C’est le cas en particulier des
descendants d’Émile Gallé qui, quittant la propriété de l’avenue de la Garenne, confient
plusieurs meubles au musée, dont la table Le Rhin, la commode Les Parfums d’autrefois, le
cabinet La Montagne, la vitrine Les Fougères, mais également des héritiers Majorelle qui
offrent un ensemble à décor de nénuphar15. Le musée de l’École de Nancy apparaît comme
le lieu de refuge pour l’Art nouveau puisqu’il est l’un des rares musées français16 à accepter,
22
en 1949, le don, par la veuve d’Hector Guimard, d’un bureau de dame et du fauteuil
provenant de l’appartement personnel de l’architecte, ainsi qu’une vitrine, des chenets et
une sellette supportant un grès également conçu par l’artiste. En 1955, dix-huit verreries
d’Émile Gallé sont acquises, issues de la collection du magistrat Henry Hirsch, l’un des plus
fidèles amis de l’artiste17. Cette collection est considérée comme l’une des plus complètes et
des plus pertinentes concernant le chef de file de l’École de Nancy, ses pièces illustrant
parfaitement les recherches et les innovations techniques et esthétiques menées par
l’artiste verrier durant plus de vingt ans. Les vase Seulette suis et Les Anémones de Pâques,
le calice Le Figuier, les coupes Il faut aimer et Les Pins de Ravenne, entre autres, sont des
œuvres majeures, présentées à de grandes expositions ou conçues à l’occasion
d’événements particuliers. Mais Henry Hirsch ne collectionnait pas uniquement les verreries
et, en 1960, le musée a l’opportunité d’acquérir auprès de son fils une des dernières
créations d’ébénisterie de Gallé, le lit Aube et Crépuscule. Ce lit peut être considéré comme
le testament artistique du maître, tant par la qualité de son exécution, en particulier des
panneaux marquetés, que dans le symbolisme du décor évoquant le jour et la nuit, la
naissance et la mort.
Au début des années 1950, il s’avère nécessaire de trouver un lieu pour accueillir la donation
Corbin d’autant que le collectionneur presse la municipalité de l’exposer. La collection a été
placée dans des réserves qui vont malheureusement subir l’inondation de la Meurthe en
juillet 1947, laissant de nombreuses pièces dans un état déplorable. Le 12 septembre 1947,
Eugène Corbin engage un huissier, Me Georges, pour constater les dégâts occasionnés par
cette inondation, mettre en demeure la Ville d’effectuer les restaurations nécessaires et de
rendre la donation à nouveau visible, arguant du non-respect de cette clause de l’acte de
donation de 1935. La Direction des musées de France apporte son soutien au mécène : deux
courriers du directeur Georges Salles18 rappellent à Denis Rouart19, conservateur du musée
des Beaux-Arts, ses devoirs envers la collection École de Nancy pour sa conservation et son
récolement. Même si certains historiens de l’art, tel Stephan Tsudi-Madsen20, commencent à
étudier l’Art nouveau et ses diverses formes en Europe, l’époque n’est toujours pas
favorable à ce mouvement et la mairie de Nancy ne considère pas comme prioritaire la
réouverture du musée. C’est du côté de la famille Corbin qu’une solution est finalement
trouvée puisque, en 1951, la Ville de Nancy acquiert la propriété de M. et Mme Corbin, rue du
Sergent-Blandan, quelques mois avant le décès du donateur. Cette propriété d’environ 5
hectares, résidence pour la belle saison de la famille Corbin, est située dans un quartier un
peu excentré mais qui a connu, au début du siècle, une urbanisation rapide. Cet achat est
réalisé en deux temps, en juillet-août 1951 puis en juillet 1952, mais les parcelles ne sont pas
toutes destinées au musée, la partie basse étant réservée à l’internat du lycée Chopin et à
des services administratifs. Le choix de la propriété Corbin ne convainc pas tout le monde.
Ainsi, la Direction des musées de France21 regrette que cette résidence ne présente pas une
architecture 1900, qu’elle soit éloignée du centre-ville et que la disposition des pièces ne
facilite pas la surveillance, mais passe sous silence l’intérêt du jardin pour l’évocation d’un
mouvement artistique influencé par la nature et l’horticulture. La propriété Corbin,
constituée par l’acquisition successive de plusieurs terrains de 1903 à 1932, présente une
certaine hétérogénéité dans ses édifices, construits entre 1870 et 1923. Le jardin s’avère
intéressant à plusieurs titres : ses dimensions, environ 3,5 hectares à l’origine, le fait qu’une
des parcelles appartenait auparavant au célèbre horticulteur Félix Crousse et, surtout, la
présence d’un pavillon-aquarium de forme circulaire orné de vitraux de Jacques Gruber, lieu
de promenade et de repos attribué à Lucien Weissenburger, architecte membre de l’École
23
de Nancy. Lors de l’achat par la Ville de Nancy, le domaine présente une habitation en forme
de L et un jardin au plan assez régulier, constitué de grandes pelouses et de bosquets, et
accueillant différents édifices et équipements tels qu’une galerie d’art, une serre, une grotte,
une ferme22…
Du nouveau musée à la reconnaissance de l’École de Nancy
En mars 1963, la Direction des musées de France confère au musée de l’École de Nancy le
statut de musée contrôlé, confirmé par la nomination à sa tête d’un conservateur, FrançoiseThérèse Charpentier23. Les travaux d’aménagement de la propriété Corbin commencent au
printemps 1963 sous sa direction, avec le soutien de deux adjoints au maire, Henri Daum et
Jean-Marie Roussel. Le difficile récolement des collections Corbin et du musée d’Art
décoratif, est conduit parallèlement aux travaux de transformation par les services
techniques de la Ville de Nancy d’une résidence privée en institution muséale. Pour la
muséographie, Françoise-Thérèse Charpentier privilégie l’esprit des period rooms, dans les
salles du rez-de-chaussée. Diverses pièces de mobilier et des objets d’art créés par différents
artistes sont mêlés afin de restituer une ambiance propre au début de siècle, qui s’avère
particulièrement adaptée aux espaces et à la décoration intérieure de cette ancienne maison
particulière. Un seul ensemble est reconstitué : installé dans l’ancienne salle à manger de la
maison Corbin, il s’agit du mobilier de la salle à manger commandé à Eugène Vallin par les
époux Masson, accompagné d’un lustre de Daum, de panneaux en cuir et d’une peinture de
plafond de Victor Prouvé, illustrant parfaitement la recherche d’harmonie colorée et
formelle d’un intérieur nancéien.
Le musée est officiellement inauguré en juin 1964. Les réactions sont diverses. La presse
locale se révèle fort louangeuse, présentant le musée comme « un document » de l’art 1900
et proposant de porter un nouveau regard sur cette période24 ; mais on ne peut s’empêcher
de penser que cet article reflète avant tout une certaine fierté locale à l’égard du
mouvement artistique nancéien. Une lettre de Lucile Perdrizet, fille d’Émile Gallé, adressée à
sa sœur Thérèse Bourgogne, évoque l’ouverture du musée, les collections et les pièces
provenant de leur famille, et conclut : « L’effet général m’a paru prodigieux par le travail,
l’organisation, la conception et la réalisation25. » À l’inverse, un article évoquant le musée
paru dans Le Figaro en 1965 rappelle certains préjugés envers l’Art nouveau, décrivant « les
objets de cauchemar […] cet amoncellement de motifs […] cette débauche de formes
incurvées, tordues, torturées, dans ce règne de la contorsion et du symbole, dans ce délire
onirique26 ».
En 1966, le premier étage de la maison Corbin est aménagé et la superficie dévolue aux
collections passe de 330 m2 à 770 m2, permettant la présentation de nouveaux ensembles,
tels le bureau Masson de Gruber ou la chambre Corbin de Vallin. Dans les mêmes années,
deux édifices, la porte des Ateliers Gallé, réalisée par Eugène Vallin en 1896, et le monument
funéraire Nathan, premier exemple d’architecture funéraire Art nouveau à Nancy, sont
installés dans le jardin, seul lieu pouvant accueillir ces éléments du patrimoine architectural
1900 menacés de destruction.
Dans le même temps, l’enrichissement des collections se poursuit, associant dons et achats.
En 1963, Jacqueline Corbin fait don d’une partie de la collection de son père, Eugène Corbin,
restée en sa possession, composée de verreries de la manufacture Daum, des Frères Muller
et surtout du chef de file de l’École de Nancy, Émile Gallé, parmi lesquelles le vase Flambe
d’eau, le canthare Les Hommes noirs ou le bol La Nature. Des achats sont menés auprès de
particuliers mais également à l’occasion de ventes aux enchères à Paris et à Nancy, les pièces
24
de l’École de Nancy étant de plus en plus disponibles sur le marché de l’art même si elles
sont encore loin de faire l’unanimité. C’est lors d’une vente aux enchères que le musée de
l’École de Nancy acquiert en 1956 un exemplaire de la lampe Les Coprins d’Émile Gallé. Cette
politique d’enrichissement se poursuivra jusqu’à nos jours, le musée de l’École de Nancy
s’efforçant d’acquérir les pièces incontournables ou correspondant à un réel manque dans
ses collections. Citons notamment : la chambre à coucher de Louis Majorelle pour la villa Jika
en 1984, le coffret à souvenirs de Jacques Gruber en 1992, le cabinet de salon Les Algues de
Louis Majorelle en 1995, la salle à manger de la villa Jika en 1996, réinstallée dans son lieu
d’origine, les reliures de L’Art japonais de Louis Gonse par Camille Martin et Victor Prouvé en
2005. En parallèle, la générosité des descendants d’artistes se poursuit, ce dont témoignent
les dons en 1998 et 1999 de deux fonds d’arts graphiques de Victor Prouvé ou, en 2005, le
don sous réserve d’usufruit du cabinet De chêne lorrain, œuvre française d’Émile Gallé,
présenté à l’Exposition universelle de 1889.
Si les dons et les achats permettent la constitution d’une collection homogène, importante
en nombre de pièces et représentative de l’École de Nancy, en revanche, peu d’œuvres
peuvent être exposées car, assez rapidement, l’ancienne maison Corbin présente ses limites
en termes d’espaces et de circulation. En outre, l’augmentation du nombre de visiteurs dans
les années 1980, due à la reconnaissance de l’École de Nancy, nécessite de revoir la
muséographie afin de simplifier et fluidifier la circulation du public, et de réduire, pour des
raisons de sécurité, la quantité de pièces exposées, en particulier les bibelots et petits objets
d’art disséminés dans les salles. Tandis que la fréquentation du musée était de 1 344
visiteurs pour l’année 1964, lors de son ouverture au public dans la maison Corbin, elle était
passée à 2 668 en 1968, puis à 4 698 en 1973. Avec la redécouverte progressive de l’Art
nouveau, la fréquentation annuelle augmenta nettement pour atteindre 17 945 visiteurs en
1983, puis 42 892 en 1993 ; depuis 2000, elle est de plus de 50 000 visiteurs par an.
En 1999, à l’occasion de l’« Année de l’École de Nancy », des travaux de rénovation sont
entrepris, portant essentiellement sur le jardin du musée, avec la volonté d’en faire un
espace de transition et d’interprétation du rôle de la nature dans les œuvres de l’École de
Nancy. Sous la conduite du paysagiste Philippe Raguin, la partie basse est recomposée
autour du monument funéraire de Mme Nathan, avec la création d’une clairière végétale très
libre, restituant l’atmosphère des jardins début de siècle par le choix des essences,
graminées, arbustes à fleurs et vivaces. Le dessin de la partie haute est peu modifié, la
rénovation consistant surtout en l’apport de variétés végétales issues des hybridations des
horticulteurs nancéiens contemporains de l’École de Nancy, Félix Crousse et Victor Lemoine
(anémones du Japon, hortensias, pivoines…), tout en conservant les berces des prés, plantes
emblématiques de ce mouvement artistique. Les trois monuments se trouvant dans le parc,
pavillon-aquarium, porte des Ateliers Gallé et monument funéraire, sont également
restaurés à cette occasion. Le jardin a été inscrit en 1998 à l’Inventaire supplémentaire des
Monuments historiques et le pavillon-aquarium classé Monument historique en totalité.
Une politique d’expositions temporaires consacrées aux principaux acteurs de l’École de
Nancy permet, depuis 1999, de présenter une partie des œuvres des réserves, en particulier
dans le domaine des arts graphiques, mais également de publier et de restaurer certaines
pièces ayant souffert de conditions difficiles de conservation, en raison notamment du long
désintérêt subi par ce mouvement artistique.
Dans les années à venir, plusieurs pièces du musée de l’École de Nancy, en particulier le
mobilier de la chambre à coucher de la villa Majorelle, seront installées dans cet édifice,
25
également nommé villa Jika d’après les initiales de Jane Kretz, épouse de l’ébéniste. Devenu
propriété de la Ville de Nancy, ce bâtiment emblématique du début du xxe siècle, l’un des
rares et des plus pertinents témoignages d’architecture privée Art nouveau en France, doit
être rénové et devenir un lieu de visite à part entière. Conçue par Henri Sauvage (18731932), alors jeune architecte, la villa est également le reflet de son commanditaire, Louis
Majorelle, ébéniste et vice-président de l’École de Nancy. Non seulement intéressante pour
son architecture novatrice, la maison l’est également pour sa décoration et son
aménagement intérieur, ainsi que pour la cohérence de tous ces éléments, exemple parfait
de la volonté de l’École de Nancy de rénover et de moderniser le cadre de vie.
Valérie Thomas
1 Demoriane (H.), « Le cas étrange de Monsieur Gallé »,
Connaissance des Arts, août 1960, pp. 35-40.
2 Il ne s’agissait encore que d’une préfiguration du
musée de l’École de Nancy : ce dernier, dont l’entrée est
gratuite, n’est ouvert que de 14 heures à 17 heures les
jeudis et, comme l’annonce un article de L’Est
Républicain du 1er septembre 1959, ne reçoit que cinq à
sept visiteurs par semaine.
3 Bour (E.), « Le musée des Arts Décoratifs à l’Hôtel de
Ville de Nancy », La Lorraine Artiste, n° 3-4, 1er-15 février
1904, pp. 33-40.
4 Édouard Bour (1834-1905), écrivain d’art et publiciste,
directeur de La Lorraine Artiste et rédacteur en chef du
Bulletin des Sociétés artistiques de l’Est.
5 Le commandant Lalance propose le bâtiment de
l’ancien évêché, situé place Stanislas, actuellement
occupé par l’Opéra-Théâtre.
6 Brouillon de lettre conservé dans l’album Poiré, musée
de l’École de Nancy.
7 Bouton-Corbin (P.), Eugène Corbin. Collectionneur et
mécène de l’École de Nancy, Nancy, AAMEN, 2002.
8 Thomas (V.), « Eugène Corbin, un important mécène
de Victor Prouvé », Péristyles, 2008, pp. 17-28.
9 La revue, créée avec la complicité d’Émile GoutièreVernolle, s’éteignit en 1914. D’une grande variété, ses
articles évoquaient les salons, l’art de différents pays et
époques, mais abordaient également d’autres sujets, tels
l’art des jardins, la botanique, les insectes.
10 Jean-Mathias Schiff (1870-1939), peintre.
11 Conçue pour l’Exposition universelle de 1900, cette
amphore prenait place au centre de la reconstitution
d’un four verrier.
12 « Numéro spécial consacré à l’École de Nancy et au
musée J.-B. Eugène Corbin », Le Pays Lorrain, n° 2,
février 1936.
13 Lettre du 29 juillet 1935, Archives municipales. Une
affiche conçue par Victor Prouvé est éditée en 1936 afin
d’inciter à la visite des trois musées nancéiens, dont celui
d’Art décoratif – École de Nancy.
e
14 Notamment l’exposition « Les sources du xx siècle »,
musée national d’Art moderne, Paris, 1960.
15 Il s’agit de deux divans et d’une bibliothèque ayant
sûrement été disposés de part et d’autre d’une
cheminée, ce que l’on appelait à l’époque un « coin du
feu ».
16 Le don du mobilier de la chambre à coucher d’Hector
Guimard est aussi accepté par le musée des Beaux-Arts
de Lyon, ville natale de l’architecte.
17 Thomas (V.), « Henry Hirsch, un collectionneur fidèle
mais méconnu d’Émile Gallé », Arts nouveaux, n° 24,
2008, pp. 26-31.
18 Lettres du 3 octobre 1947 et du 11 mai 1950, Archives
municipales.
19 Denis Rouart (1908-1984) était aidé dans ses tâches
au musée de l’École de Nancy par René Leblanc (18911965).
20 Tschudi-Madsen (S.), Sources of Art nouveau, Oslo,
Aschehoug, 1955. Dans cet ouvrage, l’auteur évoque
Émile Gallé et plusieurs autres acteurs de l’École de
Nancy. Il s’était rendu à Nancy entre autres pour y
me
rencontrer M Perdrizet, fille d’Émile Gallé, Jacques et
Michel André, fils d’Émile André, Madeleine Prouvé,
belle-fille de Victor Prouvé, Alfred Lévy, collaborateur de
Louis Majorelle, et Auguste Vallin, fils d’Eugène Vallin.
21 Lettre de Georges Salles à M. le Maire, datée du 5
mars 1953, Archives municipales.
22 Pour plus d’informations sur la propriété Corbin, voir
Hamon (A.) et Raguin (P.), « Au musée de l’École de
Nancy : un jardin au fil du temps », dans L’École de
Nancy. Fleurs et ornements, cat. exp., Paris, RMN, 1999,
pp. 23-25.
23 Professeur d’histoire à l’université de Nancy,
Françoise-Thérèse Charpentier (1916-2003) a mené
parallèlement à son poste de conservateur, des
recherches sur l’École de Nancy qui sont à l’origine des
premières et principales publications sur ce mouvement
artistique.
24 « La nouvelle présentation du musée de l’École de
Nancy a reçu hier la consécration du public », L’Est
Républicain, 27 juin 1964.
25 Lettre citée par Thiébaut (P.), Émile Gallé. Le magicien
du verre, Paris, Gallimard, 2004, p. 119.
26 Capron (M.), « 1900 parmi nous », Le Figaro, 9 juillet
1965. Cet article sera suivi d’une réponse de Mlle
Charpentier publiée dans Le Figaro du 24-25 juillet 1965.
26
L’inauguration du musée de l’Ecole de Nancy
dans la presse
Pour…
Le musée de l’Ecole de Nancy se classe parmi les grandes galeries mondiales, par Gabriel
Bichet, L’Est Républicain, 25 juin 1964
Demain vendredi à 17 heures, aura lieu, rue Blandan, l’inauguration des nouvelles salles du
Musée de l’Ecole de Nancy. C’est la première tranche d’un plan de refonte de ce
Conservatoire du mouvement artistique qui, autour du début du siècle, inscrivit en lettres d’or
le nom de Nancy dans le concert international de rénovation plastique de cette époque.
Ce vendredi sera, pour la Lorraine, une date marquante : elle caractérise la prise de conscience
officielle d’un état de fait jusqu’ici sous-estimé. […]
Ainsi constitué, devenu autonome, le Musée de l’Ecole de Nancy est un des seuls au monde,
écrit la conservatrice, à montrer un tel ensemble d’œuvres caractéristiques de la création
artistique entre 1880 et 1914.
Voilà qui situe très exactement la classification internationale de ce musée. Il s’inscrit dès à
présent parmi les éléments essentiels du capital spirituel, mais également touristique, de
Nancy. A ce propos, il faut souhaiter son inscription, le plus rapidement possible, aux grands
guides, dont le Michelin.
La nouvelle présentation du Musée de l’Ecole de Nancy a reçu[e], hier la consécration du
public, par Gabriel Bichet, L’Est Républicain, 27 juin 1964
La nouvelle présentation du Musée de l’Ecole de Nancy a passé hier, avec la mention « très
bien » l’épreuve du vernissage. Ce n’est du reste pas, à vrai dire, un musée dans le sens
péjoratif attribué à ce vocable, mais un intérieur. L’opinion était unanime : on y vivrait. Dans
ce décor, cependant, et c’est essentiel, tout est authentique.
[…] Secouant 50 ans de poussière et d’abandon, « l’art 1900 », sous sa forme la plus achevée,
resurgit dans une stupéfiante jeunesse.
[…] Mlle Thérèse Charpentier, qui porte le mérite de cette composition, n’a entendu, hier, que
des compliments. Ils sont justifiés : les collections détenues rue Blandan font désormais
l’objet d’une mise en valeur dont elle est l’auteur.
Dans la brève allocution qu’elle prononça, en réponse au Docteur Roussel, conseiller délégué
aux Beau[x] -Arts, Mlle Charpentier devait, du reste, dire combien, à la lumière de l’Ecole de
Nancy, qui soulève un intérêt universel, le Nancy de la fin du XIXème siècle apparaît
particulièrement agissant. Elle rendit aussi hommage au fondateur de l’Ecole de Nancy, à
Gallé, dont un des traits fondamentaux, dit-elle, est d’avoir cru aux choses simples.
[…] Nous avons dit que le Tout-Nancy assistait à cette inauguration. Citons, notamment : le
préfet de Meurthe-et-Moselle et Mme Jean Gervais ; le docteur Pierre Wéber, député-maire ;
Me Souchal, député ; M. de Pommery, sénateur ; les adjoints Monal, Henri Daum, Chartreux,
Duroc, Feder et Huriet ; […]
Citons, également les représentants des familles attachées à l’Ecole de Nancy. D’abord la
famille d’Eugène Corbin – que n’était-il là pour apprécier, lui surtout ? – Mme Jacqueline
27
Corbin ; M. Roger Corbin ; Mme Pierre Bachelard ; Mme R. Bachelard ; M. Mauljean ; M.
Bouton. Puis Mme Perdrizet-Gallé ; Auguste Vallin ; Mme Jean Prouvé ; Mme Kaplan,
conseillère municipale à Vandoeuvre, fille du décorateur Fridrich ; Henri et Michel Daum ;
Destrées de la famille Majorelle ; Michel André, d’autres encore restés dans l’anonymat de la
foule et qui retrouvaient là des souvenirs de jadis.
Ou contre…
1900 parmi nous, par Marcelle Capron, Le Figaro, 9 juillet 1965
Il fallait s’y attendre. Après nous avoir ramené la Restauration, le Louis-Philippe, le Napoléon
III, voici que la Mode, cette divinité fantasque […] lance son offensive 1900. Les « Puces »
en jettent sur leurs marchés les épaves. […] Mais si nous avons pu et pouvons vivre dans du
Louis-Philippe ou du Napoléon III, sensibles à leur charme douillet, je ne crois pas, depuis
que j’ai vu un certain musée de Lorraine, que nous puissions vivre à l’aise dans un
ameublement et un décor de style métro.
Cela se passait pendant le Festival mondial du Théâtre universitaire, à Nancy. « Ne manquez
pas le musée Corbin », m’avait dit Armand Salacrou, avec une vivacité qu’animait encore le
regard malicieux, « vous m’en direz des nouvelles.» […]
Monde hallucinant, où tous les objets, par leur insistance, deviennent objets de cauchemar. Il
n’est pas de repos par l’esprit dans cet amoncellement de motifs, dans cette débauche de
formes incurvées, tordues, torturées, dans ce règne de la contorsion et de symbole, dans ce
délire onirique. C’est l’horreur fascinante.
[…] Susciteront-ils [les amateurs marchands] (sic) un retour à l’art 1900, au style Majorelle ;
le verrons-nous refleurir sur notre sol […] ? J’espère bien que non. Une fois suffit. Faisons
échec à la mode. Il y a des erreurs qu’il ne faut pas renouveler. Le musée Corbin est utile et
précieux dans la mesure où il nous en convainc. Le temps de ne donne pas toujours de la
beauté aux choses.
28