Extraction du réseau hydrologique à partir d`un MNT et utilisation du
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Extraction du réseau hydrologique à partir d`un MNT et utilisation du
Actes des JSIRAUF, Hanoi, 6-9 novembre 2007 Extraction du réseau hydrologique à partir d’un MNT et utilisation du SIG pour l’étude du bassin versant Faiza HOCINE, Mostefa BELHADJ AISSA*, A. HADDOUD, A. BELHADJ AISSA Laboratoire de Traitement d’Images et Rayonnement, Faculté d’Electronique et d’Informatique, Université des Sciences et de la Technologie Houari Boumediene (USTHB) Alger Algérie Email : [email protected] Abstract Algeria, vast country, known for its mountainous chains is confronted with the problem of the flows and the streaming of and the ponding rivers in the zones with strong depressions. One of the most important aspects in the stock management out of water is the hydrographic network of the various areas. In this context, work that we present in this communication registers in a methodological approach of image processing satellite and extraction of hydrological networks of the basins slopes. In the first step, we generated the Digital Terrain Model (DTM) starting from an interferometric couple and calculated the parameters of geomorphometry. For the description of the behavior of the flows of water, we determined, in the second step, the chart of the directions of the flows according to the D8 model, the chart of local and total drainage and the hydrological network. We proposed, in continuation a procedure of simulation with various situations by modifying the quantity of precipitations water. Key words: Satellite images, MNT, hydrological parameters, catchments area, SIG, simulation. Introduction La gestion de la réserve en eau dans le monde est devenue actuellement une des préoccupations majeures des scientifiques, des gestionnaires, des décideurs au plus haut niveau gouvernemental. L’Algérie, pays vaste, connu pour ses chaînes montagneuses (l’atlas tellien et l’atlas saharien) est confrontée aux problèmes des écoulements et des ruissellements des cours d’eau qui se perdent dans la nature et aux problèmes d’accumulation des eaux de manière optimale, dans les zones à fortes dépressions. Avec la diminution des précipitations annuelles sur le pays, un grand nombre d’applications nécessitent une gestion des ressources en eau, telles que la gestion de périmètres irrigués, le contrôle des crues et des inondations pendant les fortes pluies occasionnelles, l’implantation de barrages collinaires pour lutter contre la sécheresse, l’étude des zones à versants instables et à risque de glissement de terrain, l’étude de l’érosion, etc. Ces préoccupations constituent des enjeux majeurs pour la population tant sur le plan de la prévention des catastrophes que sur le plan de l’indispensabilité de l’eau. Un des aspects le plus important dans l’obtention, la gestion et l’exploitation des ressources en eau est le réseau hydrographique des bassins versants. L’intensité et la densité des écoulements, dans un bassin versant, distribués dans l’espace et dans le temps peuvent avoir deux impacts : un impact positif pour alimenter les réserves en eau et un impact négatif s’ils se manifestent sous forme d’inondations et des écoulements intenses. Dans ce contexte, le travail que nous présentons dans cette communication s’inscrit dans une démarche méthodologique de traitement d’images satellitaires et de cartographie des paramètres topographiques et hydrographiques des bassins versants. En effet, le développement de la technologie spatiale a permis une meilleure connaissance et une exploitation efficace du cycle de l’eau par l’utilisation des images satellitaires optique et radar. Ces images sont exploitées pour la génération de Modèles Numériques de Terrain par 1 Actes des JSIRAUF, Hanoi, 6-9 novembre 2007 la technique interférométrique. La cartographie du réseau hydrographique à partir du MNT a un double objectif à savoir: d’une part, la détermination des descripteurs de la topographie (pentes, crêtes, vallées, etc.) des bassins versants et de leurs paramètres hydrologiques afin de cartographier les zones de récupération des ruissellements pour une utilisation efficace et, d’autre part, la modélisation synthétique de la géomorphologie des bassins versants pour une meilleure connaissance sur l’occupation du sol. Cette modélisation permet de prévoir la réponse des bassins versants à des évènements pluvieux et de connaître l’évolution au cours du temps de ses caractéristiques d’écoulement. Pour une première validation, nous avons appliqué notre processus sur les MNTs de la région d’Alger et d’El-Asnam. Bassins versants et Réseau hydrologique Le bassin hydrographique, ou bassin versant est l’élément essentiel dans toute étude hydrologique associée à la topographie d’une région donnée. Il se définit comme une portion de la surface terrestre à l’intérieur de laquelle les pentes topographiques amènent tout le ruissellement qui s’y produit vers un seul et même exutoire. L’exutoire d’un bassin est le point le plus en aval du réseau hydrographique par lequel passent toutes les eaux drainées par le bassin. Dans un bassin versant, la topographie, ou l’ensemble de pentes définit la trajectoire des écoulements et l’organisation du drainage ou réseau hydrographique, celui-ci dépend de l’alimentation en eau. A cet effet, l’ensemble des cours d'eau, permanents ou temporaires, qui participent à l'écoulement linéaire de la surface topographique représente le réseau hydrologique qui est une des caractéristiques les plus importantes du bassin versant et peut prendre une multitude de formes. La diversité du réseau hydrographique d'un bassin versant est due à quatre facteurs principaux : la pente du terrain, la géologie, le climat et la présence humaine [Xiaomin Che et al, 2004]. Dans ce contexte, nous nous intéressons à l’extraction des paramètres topographiques permettant de cartographier le réseau hydrologique des bassins versants. L’information de base pour le processus de traitement des bassins versants est le relief. Ce relief est décrit par le Modèle Numérique de Terrain. Pour cela, la première étape du travail que nous avons réalisé est la génération du MNT par interférométrie Radar ROS. Interférométrie et MNT Un Modèle Numérique de Terrain est une représentation numérique du terrain en termes d’altitude. Il fournit des renseignements non seulement sur les formes du relief mais également sur leur position. La pente et l’orientation sont obtenues à partir des dérivées premières du MNT. Les dérivées secondes nous renseignent sur les courbures du terrain. L’ensemble de ces informations représente les plans dérivés du MNT. La pente est une des données fondamentales à partir de laquelle le réseau hydrographique sera déterminé. Les procédés d’obtention des élévations sont divers : soit des levés sur le terrain, soit par acquisition d’images aériennes ou satellitaires optiques et radar avec des prises de vue stéréoscopiques. Ainsi les méthodes de génération des reliefs ou des MNTs varient en fonction de la nature de l’information. Pour notre part, nous avons généré le MNT par interférométrie radar, nous avons utilisé, pour cela un couple d’images Radar de type SLC sur la région d’Alger. Les images sont acquises le 3 et 4 janvier 1996 par les satellites ERS1 et ERS2 en tandem. Nous avons extrait une zone test située à l’Ouest d’Alger, la capitale. La figure 1 représente l’image « amplitude » de la zone délimitée. C’est une zone côtière marquée un terrain à fort relief. Nous avons généré, ensuite l’interférogramme correspondant. Nous avons développé, à cet effet une procédure d’élimination des franges orbitales basée sur la transformée de Fourier. Nous donnons, dans la figure 2 l’interférogramme corrigé où la phase modulo 2π est proportionnelle à l’altitude de la cellule de résolution. Notons que la résolution spatiale des images complexes, après les prétraitements géométrique et radiométrique est de 27m x 27m. Le déroulement de phase, pour la restitution des altitudes 2 Actes des JSIRAUF, Hanoi, 6-9 novembre 2007 relatives au pixel traité de l’interférogramme, a été réalisé par une approche mixte basée sur les champs de Markov [Belhadj aissa et al,2004], nous avons développé cette méthode avec différents traitements de détection des contours des franges et d’analyse de connexité pour éliminer leurs coupures. La figure 3 représente le MNT généré par la procédure de déroulement de phase. Pour sa validation, avant son utilisation dans le processus d’extraction du réseau hydrologique nous l’avons comparé au MNT, pour la même région, obtenu par la mission SRTM3 de résolution « 3 secondes ». Les figures 4 et 5 représentent, respectivement le MNT Interférométrique et le MNT de SRTM3. Processus d’extraction du réseau hydrologique Les techniques d’extraction de réseau à partir d’un MNT raster se décomposent, essentiellement en deux approches: celles qui reposent sur une analyse géomorphologique par caractérisation locale des variations altimétriques et celles à inspiration hydrologique en se basant sur le suivi du ruissellement de l’eau. Dans la première approche, plusieurs méthodes ont été développées (Charleux-Demargne Julie, 2001) basées sur la morphologie du terrain, les paramètres descripteurs de la géométrie du voisinage, l’étude des profils, etc.. Un inconvénient majeur de ces méthodes est la représentativité relative des maxima et minima locaux. Le réseau hydrologique extrait par ces méthodes est fragmenté et présente des discontinuités le rendant inexploitable pour des applications ultérieures. Quant aux méthodes de la deuxième approche, elles retiennent le principe d’un cheminement naturel des eaux entraînées par la gravité et guidées par la topographie. Elles s’appuient sur la détermination des directions d’écoulement de l’eau en chaque cellule de résolution ou pixel à partir des valeurs altimétriques du MNT, sachant que l’eau emprunte le chemin défini par la ligne de plus grande pente. Ainsi les cellules se déversent les unes dans les autres en fonction de la pente locale et de ceci un ensemble cohérent de talwegs principaux pourra être déduit. Nord Nord Mer méditerranée Figure 2: Interférogramme Figure 1 : Amplitude de corrigé l’image SLC du 4 janvier 1996 Figure 3: MNT interférométrique de la région d’Alger Nord Mer Figure 5: MNT généré par SRTM3 Figure 4: MNT en 3D 3 Actes des JSIRAUF, Hanoi, 6-9 novembre 2007 Génération des directions d’écoulement Fichier MNT Pour notre part nous avons développé un processus d’extraction du réseau hydrologique basé sur une analyse hydrologique qui utilise le MNT. Les étapes de traitement que nous proposons sont schématisées par l’organigramme fonctionnel donné par la figure 6. Carte de Drainage local et global Localisation des zones plates Réseau Hydrographique discontinu Traitement des zones plates Carte de Drainage global Localisation des zones de depression Comblement des dépressions Réseau Hydrographique Figure 6 : organigramme général du processus d’extraction du réseau hydrologique Génération des directions d’écoulement La première étape du processus est l’extraction des directions d’écoulement. Nous avons, pour cela, développé une procédure basée sur l’exploration du voisinage immédiat correspond aux 8-connexités. L’algorithme permet de calculer les descentes altimétriques entre les altitudes du pixel central et ses pixels voisins et localiser le pixel (ou cellule de résolution) correspondant à la descente maximale. Les directions d’écoulement qui pointent vers les cellules correspondant aux descentes altimétriques maximales forment l’image des plans d’écoulement. A partir de ce résultat, nous avons extrait le réseau hydrologique en appliquant l’algorithme de drainage qui consiste à calculer le nombre de pixels voisins se déversant à l’intérieur du pixel central (cellule centrale). Notons que la valeur d’un pixel est l’altitude moyenne d’une unité surfacique représentée par une cellule de résolution. Selon la qualité du MNT, ce réseau peut présenter des discontinuités comme le montrent les zones encerclées sur la figure 9. Afin de corriger ces artefacts, nous avons mis au point des algorithmes de traitement des zones plates et les dépressions présentes dans le MNT. Traitement des dépressions et des zones plates Afin de pallier aux problèmes des discontinuités des chemins d’écoulement des eaux causées par les dépressions et les zones plates, nous avons traité le MNT en comblant les dépressions qui piègent l’eau et en forçant l’eau à s’écouler dans une même direction à l’intérieur des zones plates. Pour ce faire, nous avons déterminé, dans un premier niveau, les minima locaux par comparaison de l’altitude de chaque cellule à celles de ses huit voisines puis à celles de ses 24 voisines. A partir de l’image des minima locaux, nous avons cherché, dans un second niveau, les cellules adjacentes de même altitude formant les zones plates. Pour extraire les dépressions, nous comparons l’altitude de chaque zone à celle de son contour. Si tous les pixels constituant ce dernier sont à altitude plus élevée que la zone elle-même, celle-ci est une dépression. Dans le cas contraire c'est-à-dire s’il existe au moins un pixel du contour au- 4 Actes des JSIRAUF, Hanoi, 6-9 novembre 2007 dessous de la zone, celle-ci est une zone plate. Par la suite, nous avons modifié le MNT par le comblement des dépressions à l’altitude de l’exutoire. Ce traitement engendre la formation de nouvelles zones planes artificielles qui seront traitées avec les zones plates naturelles. Pour ces zones plates, nous avons affecté des directions d’écoulement à la droite joignant l’amont à l’aval présumé de chaque zone, puis on a forcé toutes les cellules de la zone à se déverser dans cette même droite. Après ces étapes de traitement, nous avons appliqué l’algorithme de drainage et extrait le réseau hydrologique. L’ensemble des algorithmes développés dans ce processus constitue un outil logiciel que nous avons appelé « FOUGARA». Nous présentons quelques résultats après traitement des MNT. Nous donnons dans les figures 7, 8, 9, et 10 les cartes d’écoulement issues des MNTs de la région d’El-Asnam ainsi que le réseau hydrologique avant et après le traitement des dépressions et des zones plates. Les figures 11 et 12 représentent les images de drainage local et le réseau hydrologique de la région d’Alger. SIG et Simulation Les principaux objectifs de la simulation sur le bassin versant sont essentiellement : les préventions du comportement de ce dernier aux pluies torrentielles, l’étude des effets de l’érosion et le transport de la matière sur la structure des bassins versants particulièrement ceux qui alimentent les barrages, l’impact des glissements de terrain sur la topographie du bassin versant et l’estimation du débit du bassin versant alimentant les oueds, en particulier dans les zones sahariennes. Les procédures de simulation sont conditionnées par les données multisources telles que les données géologiques, les données météorologiques, les données géomorphologiques, etc . Nous avons abordé cette partie du processus par l’intégration des différentes couches dans une base de données et ensuite nous avons utilisé la carte du drainage global pour estimer la quantité l’eau avec l’hypothèse d’absence d’infiltration du sol. Figure 9: Réseau hydrologique avant le traitement Figure 8: Image des plans d’écoulement de la région d’El-Asnam Figure 10: Réseau hydrologique après traitement des zones plates et des dépressions Figure 11 : Image de drainage local de la région d’Alger Nord Figure 7 : MNT de la région d’El-Asnam Figure 12: Réseau hydrologique en 3D de la région d’Alger 5 Actes des JSIRAUF, Hanoi, 6-9 novembre 2007 Conclusion La difficulté fondamentale dans l’extraction du réseau hydrologique réside dans la représentativité du relief réel par le modèle numérique de terrain. Bien que le traitement des zones plates et les dépressions a amélioré la qualité du MNT pour cette application, le réseau présente toujours des discontinuités non réalistes des cours d’eau. Par ailleurs, la localisation des zones d’émergences des rivières et le choix du seuil, lors de l’extraction du réseau conditionnent aussi la qualité du réseau. L’évaluation, par des thématiciens, des résultats obtenus par l’outil logiciel que nous avons développé nous aidera à définir des procédures de simulation plus adaptées aux besoins des utilisateurs. Bibliographie A. Belhadj-aissa, F. Hocine, M. Belhadj-aissa, M.Ouarzeddine, Y. Smara, 2004: Processus interférométrique opérationnel pour la génération d’un modèle numérique de terrain Appliqué au couple d’images ERS-1 ERS-2 sur la région d’Alger. Xes Journées Scientifiques du Réseau Télédétection de l'AUF, Ottawa. Charleux-Demargne Julie, 2001 : Qualité des Modèles Numériques de Terrain pour l’hydrologie. Application à la caractérisation des crues des bassins versants. Thèse de Sciences de l’Information Géographique, Université de Marne la Vallée, France. Lawrence W. Martz , Jurgen Garbrech, 1998: The treatment of flat areas and depressions in automated drainage analysis of raster digital elevation models The treatment of flat areas and depressions in automated drainage analysis of raster digital elevation models. Hydrological process, volume 12, issue 6. Xiaomin Che et Sequeira Jean, 2004 : Extraction du réseau hydrographique à partir du Modèle Numérique de Terrain. Rapport du laboratoire L S I S (UMR-CNRS 6168). 6