Fondation Marrakech 21 : un engagement
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Fondation Marrakech 21 : un engagement
Fondation Marrakech 21 : un engagement civique au pluriel Merieme Moumine Face à la masse de problèmes auxquels sont confrontés les projets de développement socio-économique conçus par les autorités nationales et locales, la Fondation Marrakech 21 (FM21) s'est assignée comme objectif la promotion de la participation de la société civile à ces efforts de développement dans différents domaines : économique, social et culturel et environnemental. Créée en 1997, la FM21 est une ONG à but non lucratif. Elle entend tisser un réseau de compétences pour l'accompagnement d'initiatives de développement de proximité, notamment le montage de projets et la constitution de dossiers de requêtes de financement, la réalisation d'études spécifiques de projets et d'impact, ainsi que la gestion et le suivi de projets. Assistance technique en concertation avec l'organisme demandeur, tel est le rôle que joue la FM21. Pour cela, elle regroupe des compétences spécialisées dans de nombreux domaines : environnement, santé, développement socio-économique et culturel, etc. Pour les projets spécifiques, elle fait appel à des équipes performantes constituées, entre autres, d'experts, de chercheurs universitaires ou de simples citoyens. Le fonctionnement de la FM21 se base d'abord sur le bénévolat et l'implication personnelle des membres qui offrent leur temps et leur savoir-faire. Pour ce qui est du financement de ses actions, il se fait par les fonds qui proviennent de bailleurs nationaux et internationaux dans le cadre de la coopération bilatérale ou multilatérale, des dons reçus, ainsi que par l'apport de fonds propre dans la mesure des moyens disponibles. FM21 : une présence effective sur le terrain Outre l'assistance, la coordination, la supervision de projets, la FM21 réalise également des études socio-économiques et organise des campagnes de sensibilisation sur différents thèmes tels que l'accessibilité (problème rencontré par les handicapés moteur), l'hygiène et la santé, l'eau et l'environnement. C'est ainsi qu'elle s'est vue attribuée avec le Centre de développement des énergies renouvelables (CDER) en 1999, le Prix Hassan II de l'environnement pour son projet SMEER (sensibilisation des Maîtres et des Elèves à l'environnement et aux Energies Renouvelables), projet qui a concerné 500 élèves d'écoles appartenant à plusieurs délégations de la région de Marrakech et qui visait la sensibilisation et l'éducation en matière d'environnement. Les caravanes médicales organisées par la FM21 dans les zones enclavées (villages de montagne en particulier et écoles rurales) connaissent aussi un franc succès eu égard aux chiffres enregistrés en terme de consultations et aux services médicaux (examens radiologiques, distributions de médicaments,…) rendus aux malades indigents et démunis. Dans ce cadre, l'action initiée en 1998, par exemple, avait ciblé principalement les régions enclavées du Haut Atlas, principalement celles situées dans le Parc du Toubkal. Le nombre de villages visités était de 24 pour un total d'environ 1000 consultations. Les sessions de formation et l'organisation d'ateliers et de rencontres ne manquent pas non plus à son programme. Citons à titre d'exemple l'atelier international tenu tout récemment (en décembre 2006) à Marrakech, sous le thème « Vers une intégration à plus grande échelle des Energies renouvelables dans les pays méditerranéens". Initiée par la FM21 en collaboration avec la faculté des Sciences Semlalia relevant de l'Université Cadi Ayyad de Marrakech (UCAM), cette rencontre était une occasion pour souligner la nécessité pour les pays du pourtour méditerranéen d'oeuvrer pour une intégration plus large des énergies renouvelables face à l'accroissement fulgurant des prix du pétrole. Lors de cette rencontre à laquelle ont participé huit pays, les participants ont examiné, notamment, la situation des énergies renouvelables dans les pays de la rive sud de la Méditerranée, les expériences et les réalisations accomplies en la matière et les différentes contraintes rencontrées. Dessalement des eaux saumâtres : nouvel axe de travail de la FM21 Partant de la problématique que pose le non accès à l'eau potable à la population rurale, la FM21 a développé un nouvel axe de travail qui s'inscrit dans le cadre des efforts nationaux pour apporter des solutions nouvelles, fiables et pérennes aux problèmes de l'alimentation en eau potable dans le milieu rural. Cet axe porte sur la problématique particulière, mais d'actualité dans le monde et en particulier dans les pays du Sud méditerranéen. Il s'agit du dessalement des eaux saumâtres ou salées. En effet, de nombreux douars souffrent d'un manque en alimentation d'eau potable alors que des réserves importantes d'eau salée ou saumâtre existent à leur proximité. Exemple de système de Dans ce cadre, un partenariat euro-méditerranéen avec l'appui financier de dessalement par osmose inverse l'Union Européenne a été mis en place pour réaliser deux projets de R&D. Ce partenariat englobe les établissements et institutions de plusieurs pays du pourtour méditerranéen dont la FM21. Ainsi, la FM21 est associée à deux projets baptisés ADIRA (Autonomous Desalination In Rural Areas ou système autonome de dessalement en zones rurales) et ADURES (Autonomous Desalination Unit powered by Renewable Energies systems ou unité autonome de dessalement alimentée par système à énergies renouvelables). L'objectif est de développer et promouvoir les systèmes de dessalement autonomes actionnés par énergies renouvelables, qui s'adapteraient parfaitement aux conditions socio-économiques du milieu rural marocain et qui peuvent constituer une bonne alternative comme solution d'alimentation en potable dans les villages. Les deux projets s'étalent sur plusieurs années. ADIRA a démarré en Décembre 2003 et ADURES en avril 2004. Une convention entre la FM21 et l'Université Cadi Ayyad (Faculté des Sciences Semlalia) a été signée en 2004 pour confier certains volets à caractère purement scientifique et technique et de recherche-développement à des chercheurs de cet établissement. Fondation Marrakech 21 Faculté des Sciences Semlalia Avenue Prince Moulay Abdallah, BP 2390 - Marrakech Tél./Fax : 024 43 81 86 Email : [email protected] Entretien avec M. Abdelkader Mokhlisse, vice-président de la FM21 Marrakechnews.net - D'abord, à quoi fait référence le nombre 21? Abdelkader Mokhlisse - Le nombre 21 fait référence au 21ème siècle ! En effet lorsque nous avons décidé de créer cette association en 1997, le monde entier parlait du 21ème siècle qui approchait avec toute la symbolique qui en général accompagne des chiffres ronds comme 2000, 21,…! L'humanité allait changer de siècle, elle se posait des questions sur son développement avec ses bienfaits, ses risques et menaces aussi bien pour elle que pour l'environnement (Sommet mondial de Rio qui venait de se tenir en 1996 et qui, comme chacun sait, est sorti avec l'Agenda 21, Bug 2000, etc.). C'est ainsi que nous avons convenu de ce nom évoquant ainsi la préparation de Marrakech à affronter les défis de développement du 21ème siècle. M. Abdelkader Mokhlisse, viceprésident de la FM21 Marrakechnews.net - Où en sont les projets ADIRA et ADURES ? Abdelkader Mokhlisse - Les deux projets ont comme vous le savez le même objectif général qui consiste à montrer que les systèmes autonomes de dessalement d'eau saumâtre ou salée, alimentés par énergies renouvelables peuvent constituer une bonne alternative pour l'alimentation en eau potable dans les zones rurales. Le plus important de ces deux projets est le projet ADIRA qui consiste en l'installation de deux unités pilotes dans deux villages en grandeur réelle. Après une étude générale des régions favorables, des visites de terrain, des contacts avec les populations concernées et les autorités concernées, après les analyses d'eau et autres mesures physiques relatives au point d'eau (débit, temps de recharge, etc), notre choix s'est porté sur le village Ait Ben Hssaine (Commune rurale de Tamaguert dans la province du Haouz), et les villages jumeaux OuladelBoukhari-Ouanzar (Commune rurale de Freita dans la province de Kelaat Sraghna). Nous sommes également impliqués dans l'installation de deux autres unités pilotes dans la province d'Essaouira dont est chargé notre partenaire l'Institut Technologique des Canaries dans le projet ADIRA. Nous venons de finir la procédure d'appel d'offres pour l'acquisition des équipements et venons de signer le contrat avec la société ISOFOTON-MAROC qui a gagné le marché ; les livraisons devraient commencer dans quatre mois ; nous espérons avoir les unités fonctionnelles en début d'été de cette année. Le projet ADURES a été achevé en fin Septembre 2006 ; c'était une sorte de complément du projet ADIRA qui consistait en une étude socio-économique et institutionnelle de la situation de l'eau et des énergies renouvelables dans les pays méditerranéens pour voir quelle stratégie adopter dans le but de proposer des solutions adaptées de promotion des systèmes autonomes de dessalement. Marrakechnews.net - Quels sont vos principaux partenaires pour la réalisation de ces deux projets ? Abdelkader Mokhlisse - Pour la réalisation de ces deux projets, la FM21 est au cœur d'un système de réseaux internationaux de partenariats dont les enjeux sont la protection de l'environnement, le développement durable et la présentation et la transmission au grand public. C'est ainsi que pour le projet ADIRA par exemple, neuf organismes appartenant à huit pays (Grèce, Allemagne, Egypte, Espagne, Jordanie, Turquie, Oman et Maroc) y sont directement impliqués. Certaines institutions nationales comme la Faculté des Sciences Semlalia (Université Cadi Ayyad), l'Agence du Bassin Hydraulique du Tensift et Office National de l'Eau Potable-Marrakech collaborent pour les réalisations concrètes sur le terrain. Marrakechnews.net - Quelle est l'estimation budgétaire de ces deux projets ? Abdelkader Mokhlisse - L'estimation budgétaire de ces deux projets est d'environ 3000 000 DH qui proviennent essentiellement de la Communauté Européenne, ainsi que des subventions obtenues dans le cadre du programme tranversal de l'INDH et un soutien de l'Agence du bassin hydraulique du Tensift. Ces crédits devraient nous permettre de couvrir non seulement l'acquisition des équipements nécessaires aux deux unités pilotes (systèmes de dessalement + station de panneaux solaires), mais aussi les travaux de génie civil (local abri pour le système, bâche de stockage de l'eau dessalée, réseau de distribution d'eau potable dans les foyers, etc..).