nr 6 - Taty Lauwers
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nr 6 - Taty Lauwers
Belgique - Belgïe P.P. - P.B. 1400 Nivelles 1 BC 5883 Cuisine Nature nr 6 @ février-mars 2004 Lettre personnelle de Taty. Impact de la cuisine sur la santé: un autre éclairage. C’est l’hiver. Enfin, si l’on peut appeler « hiver » cette curieuse saison où alternent des journées de printemps, automne et hiver, soumettant nos pauvres organismes à une demande adaptative hors normes. Vous l’aviez ressenti, je suppose... L’hiver, donc, appelle des plats denses à partir de céréales et légumineuses. Si l’on se remémorait les bonnes habitudes ancestrales et la technique de trempage de ces aliments? Article p. 5. En cette grise période, nous avons aussi besoin de compléments de vitamines et minéraux sous la forme la plus efficace possible. J’observe sur le terrain le peu d’effet réel des petits potiquets qui sont supposés nous apporter enzymes, minéraux ou vitamines et qui sont bien chers. Ces mêmes nutriments vous coûteront trois francs et cinq sous si vous les accueillez sous la forme de graines germées. Avec l’avantage de faciliter vraiment la digestion, de stimuler vraiment l’immunité et de soutenir vraiment les forces de guérison. Ce n’est qu’un avis parmi mille, c’est le mien: je le partage. Reste à s’organiser pour se fournir en graines germées. Si vous ne les achetez pas fraîches en grande surface ou magasins de diététique, vous ferez germer tout ce qui vous passe sous la main avec une technique facile et rapide de Germinations Ménagères en Pratique (page 6). Je transmets aussi en images page 7 la technique sophistiquée des Jeunes Pousses de blé, source de l’extraordinaire Jus de Blé regénérant. Tirons parti pratique et gastronomique de ces germinations. Page 4: la recette d’un Caviar de tournesol germé au curry, qui est une tartinade bien pratique en collations ou pique-nique et qui fait aussi office de sauce. Page 12: la recette des Amandes Germées Croustillantes à croquer ou à transformer en biscuits. Je triche un peu en intégrant dans la catégorie De Bonne Fame la recette de Crème Anglaise inratable (page 2) . Nos aïeux ne consommaient certes pas de desserts si riches, et bien sûr pas au quotidien. Mais je ne résiste pas à l’envie de communiquer cette recette qui est si facile, si versatile et si riche de bienfaits salutaires à condition d’utiliser les bons produits. Je profite d’ailleurs de cette occasion pour donner une autre grille de lecture au regard des rumeurs anti-lait (page 3). Petit cas illustratif de ce que beaucoup d’entre vous vivent. Installée à mi-temps au coeur des Ardennes belges, me voici bien dépourvue lorsque l’heure des courses fut venue: pas de marché tout près. Gnap! Et mes légumes frais, alors? Et mes bons produits du terroir? Dans les magasins bio les mieux tenus, le peu de rotation fait que les légumes frais traînent parfois un peu trop longtemps. Une vieille carotte bio ne vaut pas une fraîche « bête » carotte. Je peux faire mes courses bio au premier supermarché: cinquante kilomètres aller-retour... ce qui me fera cher la qualité, non? Je n’achète pas bio que pour ma santé mais aussi pour celle Bimestriel. Ag P304055. Bureau de dépôt: Nivelles distribution. 06.02.04 Cuisine Nature de la terre et des petits producteurs agricoles. Il m’est douloureux de brûler de l’essence pour financer des grands groupes qui strognonent mes camarades artisans de bouche. Eh bien, comme je suis près des producteurs éparpillés ça et là dans cette belle région, j’explore la piste GAC ou Groupement d’Achats Collectifs et je vous tiens au courant page 10. A ceux qui comme moi-même il y a quinze ans peinent et souffrent à trouver une porte d’entrée à leur mesure en alimentation saine, un petit mot de réconfort. Il n’y a que quatre critères à respecter pour s’assurer que l’alimentation vous soit remède... Suspense jusqu’au dossier p. 8: Manger bien, c’est si simple! où vous découvrirez qu’on peut calmer les ados les plus turbulents avec de la blanquette de veau à l’ancienne... Sommaire en page 12 nr 6 février 2004 - 1 desser ts en famille Crème anglaise HI 1/4 litre de lait de ferme CRU une gousse de vanille 2 jaunes d’œufs PQCQP* (3 si les oeufs sont petits) 35g à 60g de sucre selon goûts (2 à 4 cuill.s. bombées) 1 pincée de fécule de pomme de terre ou de maïzena * Ah, vous aviez déjà oublié? “PQCQP”: de Poules Qui Courent et Qui Picorent, c’est mon label à moi que je viens de l’inventer... Phoniquement, c’est un joli début de chanson. Cette crème exquise, dessert classique et sans chichis, demande des produits de toute première qualité pour devenir un aliment-remède: du bon lait de ferme cru et entier, des œufs très frais de poules libérées, du sucre riche. Ici, on ajoute une pincée de fécule pour des raisons de pédagogie de la réussite et non pour des raisons nutritionnelles. Dès que vous avez le coup de main, ce dessert est très rapide à confectionner. La crème anglaise bien menée agrémentera une petite portion de Gâteau au chocolat de la reine de Saba (recette sur le site ) ou votre propre version du Moelleux au Chocolat. Elle personnalisera même un « bête » gâteau au chocolat que vous venez d’acheter chez le pâtissier, tiens. n INFUSER LE LAIT. Dans un poêlon que vous aurez préalablement mouillé sans le sécher (pour que le lait n'attache pas), faites chauffer le lait — sans nécessairement le faire bouillir. Laissez infuser à couvert quinze minutes, avec la gousse de vanille*, le temps qu'elle communique son parfum. o APPAREIL. Pendant ce temps, battez vigoureusement dans un bol haut les jaunes d’oeufs en ruban avec le sucre jusqu’à ce que le mélange commence à blanchir. Battez au fouet qui vous plaît: électrique, mécanique, manuel, si pas à la fourchette pour les musclés. Comme on peut le voir sur la photo, j’utilise le mixeur à soupe. Ajoutez la fécule en fouettant toujours. NB. On doit fouetter tout de suite le mélange: si vous versez le sucre sur les jaunes, et que vous attendez avant de fouetter, le mélange ne rubannera pas. La vraie crème ne contient pas de fécule. Le goût en sera terni, paraît-il, mais quel prix ne paierait-on pas pour réussir cette crème et détrôner les vilains petits sachets qui se font passer pour de la crème anglaise ? C’est en tout cas le secret pour réussir à ce qu’elle ne tourne pas en approchant trop le point d’ébullition. 2 - nr 6 février 2004 à gauche: les jaunes d’oeufs fouettés avec le sucre jusqu’au ruban au milieu: une pincée de fécule à droite: le lait tiède infusé de vanille. Vous êtes prêts à faire prendre en crème en quelques minutes. Vous avez maintenant du lait infusé de vanille, les jaunes d’oeufs battus avec le sucre, soit ce qui est représenté sur la photo. p Versez sur l’appareil à oeufs, en mince filet, le lait encore chaud, dont vous aurez ôté la gousse.Battez vigoureusement pour que le lait chaud ne cuise pas les oeufs. q PRISE EN CRÈME. Reversez dans le poêlon que vous porterez à feu très doux (le feu moyen quand vous serez plus confiant). NB La cuisson ne peut dépasser 80°C si l’on veut éviter la coagulation des oeufs, mais nous sommes aidés par le petit truc de la fécule qui permet de risquer de plus hautes températures sans coagulation. Il faudra malgré tout y mettre toute la flamme de votre attention et parfois retirer le poêlon du feu tout en tournant plus intensément. Cuisine Nature Tournez régulièrement en «huits» jusqu’à ce que la crème ait suffisamment épaissi pour napper le dos d’une cuillère de bois ou pour que, sur la spatule en bois tenue horizontalement, un trait tiré avec le doigt reste marqué. Il suffit aussi parfois d’observer le moment où la mousse a totalement disparu : c’est la prise complète de la crème. Cela semble le truc le plus facile pour des enfants. Cela peut prendre une dizaine de minutes à feu très doux, trois minutes en version féculée plus assurée.. NB Si la crème floconne, on retire du feu vîîîîte et on y va de son coup de mixer, on passe au chinois et voilà. r La crème va encore durcir en refroidissant. Frottez la surface d’un dé de beurre afin que ne se forme pas une peau. Leçon de choses.... n° 1 @ janvier 2 fouet électrique fouet mécanique fouet ordinaire chinois Le lait vaut-il tant de vacheries? Le lait semble être devenu un bouc émissaire dans l’irrationnel de nos contemporains. Je laisse les psychologues et sociologues analyser pourquoi un tel haro sur un liquide si nutritif qu’il suffit seul à entretenir la vie*. Cet acharnement est une désolation si l’on sait que le lait cru provenant de vaches saines et bien nourries est un aliment-remède riche de tant de bienfaits qu’il en mérite un livre entier (Pour l’Amour du Bon Lait du dr Carol Vachon, voir lettre numéro 2, page 12). Vous y trouverez toutes les justifications à la saine consommation de lait cru de vache, arguments qu’il est amusant de mettre en regard de ce que le naturopathe Daniel Gramme cite dans son livre sur le lait de jument (éditions Nature et Progrès): les vertus du lait animal sont strictement les mêmes si les chevaux ou vaches ou brebis sont élevées en pâturage, à l’ancienne. Médecins et thérapeutes avertis témoignent qu’à recommander une alimentation sans lait aux enfants, on observe une diminution des symptômes de type eczéma ou asthme, jusqu’à une disparition de la récurrence des bronchites, otites, etc – phénomène dorénavant avéré par des études scientifiques. On peut comprendre un pédiatre qui, faute de temps en consultation, recommande larga mano: “virez tous les produits laitiers”. Faut-il pourtant poursuivre cette exclusion à long terme, au risque de perdre en quelques mois les enzymes utiles à la digestion du lactose ? Faut-il éliminer tous les produits laitiers ou seulement le lait? Il est vrai que nous abusons de laitages et que nous ne sommes en parti* Blancheur? Symbole trop maternel? J’ai ma petite idée d’ex lobbyiste, mais elle est si plate que je me la garde. culier pas attentifs aux doses de lactose (le sucre du lait non fermenté, responsable du cercle vicieux de la dysbiose intestinale) que nous absorbons chaque jour. Notons que la diététique chinoise ancestrale déconseille les laitages dans les pathologies de la sphère poumon. D’autre part, selon l’une des hypothèses les plus probables, la protéine du lait de vache, de conserve avec celle du blé moderne, semble être le véhicule favori de la pollution environnementale (métaux lourds en particulier), lorsqu’elle passe dans le sang à la faveur d’une dysbiose intestinale. Voilà de quoi nous poser la question des laitages... mais de là à les virer tout de go? Mes camarades du puzzle de la nutrition actuelle, s’ils étaient jugés à l’aune politique, seraient qualifiés de poujadistes: jouer sur les ressorts les plus fragiles de la nature humaine en diabolisant un élément. Ah le voilà l’ennemi, le bouc émissaire ! Or, à l’instar des systèmes politiques démocratiques, l’assiette saine est composée d’un faisceau très complexe d’éléments. Que l’on déconseille ce type de nonaliment que représente le lait UHTtrituré-chimiqué-vidé, ou que l’on retire momentanément les laitages de l’assiette le temps de nettoyer le terrain de ses excès, voilà qui ne demande pas de commentaire. Mais pourquoi se priver des remarquables bienfaits des laitages de qualité dès lors qu’on a rétabli un terrain un peu engorgé, un peu défaillant ? et qu’on choisit ces produits de toute première qualité ? Le bon sens et la pratique raisonnée sur le terrain nous dictent qu’à l’instar des nos aïeux, nous pourrions assouplir notre attitude en trois points. suite page 11 2003 Cuisine Nature nr 6 février 2004 - 3 le cru de chez cru Caviar de tournesol germé au curry HI Des graines de tournesol trempées, germées si possible, sont moulinées très finement avec du persil, du curry, des légumes (ici: des poivrons). C’est aussi simple et c’est extra à tartiner en collation ou zakouski. Ce caviar se transforme aussi en sauce vitalité: délayez-le d’un peu d’huile ou d’eau, selon votre religion, jusqu’à consistance plus liquide. Merci à Sylvie, du Trifolium pour cette délicieuse recette, variante plus simple du Pâté Végétal provençal de mon livre Le Cru Bien Tempéré. n Germination. Faites tremper les graines de tournesol une nuit. Laissez germer une journée. Rincez une dernière fois. o Faites cuire les poivrons rouges en cuisson douce (vapeur douce, ou étouffée type Baumstal) de dix à quinze minutes jusqu’à ce qu’ils soient tendres. Ma recette initiale prévoit des poivrons crus. Parfois, on ne digère pas tout à fait bien les poivrons crus. Pourquoi se forcer? p Mouliner. Moulinez le tournesol germé avec les légumes, le curry, le persil plat, le jus de citron et le shoyu. Ajoutez l’huile selon la vitesse du vent, parfois bien plus que les deux cuillérées prévues. Pour mouliner au point 3, j’utilise ma nouvelle coqueluche, un extracteur de la marque Matstsone ( famille Greenstar Olympia, etc.). L’extracteur de jus est une version plus-plus de la bonne vieille centrifugeuse. Cet appareil presse les végétaux à 80 tours par minute pour un résultat incomparable. Le grand classique des extracteurs, le Champion, est désormais dépassé par des concurrents qui ont développé une technologie permettant aussi de réaliser des pâtés de graines germées, des spaghettis maison, des mochis de riz glutineux. Ici n’est pas le lieu d’en faire une chanson (dans un esprit «petit budget», aheum...), mais pour un amateur de qualité le jeu vaut la chandelle de l’investissement de 440 euros. Pour un affamé de qualité qu’est 4 - nr 6 février 2004 Service. On peut tartiner ce caviar en pâté sur des toasts, sur du pain de Zarathoustra (recette page 12), sur des barquettes de légumes crus comme le concombre ou en hiver des chicons (endives pour les français), des tranches de radis noir. Je le sers aussi sur des tranches d’avocat citronnées, c’est “ divino, câââro ”! Je le dilue parfois d’huile et l’ajoute en assaisonnement. Sur des restes de riz pilaf avec une carotte râpée, c’est tout ce qu’il faut en dépannage express! Je concentre mes recettes sur les amandes et les graines de tournesol car elles ont des propriétés d’aliment-remède que la science actuelle n’arrive pas encore à préciser, mais que l’on observe sur le une victime de maladie chronique touchant le système digestif, cet achat est plus qu’un gadget de confort car il apporte un étonnant confort digestif surtout si vous l’utilisez pour produire du jus de blé (page 7) ou moudre des graines germées. A l’aide d’un moulilégumes ou au robot ménager ordinaire (gros ou petit couteau), je n’arrive pas à la texture formidable que produisent ces nouveaux extracteurs. Ni surtout à ce goût extraordinaire. L’idée que les couteaux en métal “brûlent” l’aliment cru ne semble pas être une fumeuse rumeur du Nouvel-Age mais bien une réalité. Faites l’essai, vous goûterez! By the way, je ne touche pas de commissions chez messieurs Samson, Greenstar & C°. Cuisine Nature voir la technique de germinations faciles page 6 6 cuill. s. de graines de tournesol germées 2 poivrons cuits (ou 1 grande carotte) 1 cuill. s. de curry (en poudre ou en pâte) 1 jus de citron 1 cuill.c. de shoyu 1/2 poignée de persil plat 1 à 2 cuill. s. d’huile VPPF terrain. Peu d’intolérances aussi à ces deux graines-là, et peu d’incompatibilité métabolique. Le choix du roi! Conserver.. Le cru supporte mal la conservation. Il “tire vite la gueule” comme le dit un gastronome spécialiste de la chose. Ce sera donc: pas de conservation de plus de douze heures. Ne jetez pas votre belle oeuvre après douze heures: recyclez ce pâté en boulettes cuites au four (180°C pendant dix minutes ou 90°C pendant une heure, selon votre attachement à l’une ou l’autre école de pensée). Voici en photos ce que je présente en apéritifs, les enfants en mangent autant que de chips... Les graines de tournesol DOIVENT tremper si vous faites une haute consommation d’oléagineuses (amandes & C°). Voir page ci-contre. Si vous ne consommez qu’une dizaine d’amandes par jour, le jeu n’en vaut pas la chandelle. Mais les végétariens tablent souvent sur de plus grandes quantités. Tremper est indispensable, c’est même non négociable à ces quantités-là. Germer, c’est la cerise sur le gâteau. Trempage des céréales et oléagineuses Les végétariens et semi-végétariens, amateurs de céréales variées comme le les flocons d’avoine du matin ou le pain complet gagnent à se rappeler que nos ancêtres ont toujours eu la bonne idée de faire tremper les céréales avant de les consommer. Pourquoi faut-il tremper les céréales? Toutes les céréales contiennent de l’acide phytique, substance qui abonde dans les enveloppes des graines (le son du blé, par exemple). Les remarques qui suivent touchent donc les céréales complètes ou semi-complètes et non les versions blanchissimes. Non dégradé, cet acide bloquerait4 l’absorption intestinale de minéraux essentiels comme le calcium, le cuivre, le fer, le zinc, etc. Comment désactiver cette substance anti-nutritive? Il suffit de faire tremper sept heures la céréale dans une eau tiède et légèrement acidulée (citron, yaourt, petit lait...). Le trempage dans l’eau à pH bas permet aux enzymes, aux lactobacilles et autres micro-organismes utiles de dégrader et neutraliser l’acide phytique. Par la même occasion, les protéines contenues dans les céréales, particulièrement difficiles à digérer pour des tubes digestifs fragilisés (le gluten du blé), seront prédigérées par le trempage et le début de fermentation qui s’y passe. On observera d’ailleurs que des malades coeliaques, pourtant condamnés à une vie sans pain par la Faculté sur la foi de très judicieux jugements mécaniques, témoignent pouvoir digérer le pain au vrai levain. Or celui-ci a toujours longuement trempé lors de la fermentation longue. Certaines céréales sont plus riches en phytates que d’autres. Celles qui doivent tremper sont les céréales à gluten (blé/ froment, épeautre, kamut, orge, seigle, avoine - cette dernière étant la plus riche en phytates). Le riz et le millet sont moins riches en phytates. Le sarrasin On ne s’improvise pas végétarien sans attaches culturelles fortes. Depuis que Blédina est passé par là, nous avons en effet perdu quelques gestes essentiels en cuisine, dont le premier est tout simplement le trempage des céréales et oléagineuses. Nos aïeux pratiquaient aussi beaucoup la la lacto-fermentation (choucroute & C°), technique plus gourmande en temps que nous exploiterons plus tard dans nos pérégrinations culinaires. n’est pas une céréale. Il peut mais ne doit pas tremper. Ce qui précède est une règle de base. Vous ne serez pas malades à oublier le trempage de temps en temps car la cuisson parfaira le travail de dégradation. Mais ce juste geste est capital chez ceux qui font confiance aux céréales complètes pour leur santé. Vous comprenez pourquoi les nutritionnistes avertis comme bibi vous déconseillent les mueslis du commerce ou les granola, qui ont presque toujours subi des cuissons au four sans prétrempage? C’est d’ailleurs pour éviter ces produits trop répandus en cuisine saine que je vous pousse à commencer la journée par un subterfuge qui vous permet d’oublier pain, mueslis et autres féculenteries: la Crème Budwig, dont je m’étonne d’entendre des naturos affirmer qu’elle est indigeste alors que, réalisée dans les règles de l’art, elle ne provoque que très rarement des réactions. A tout le moins, dans les témoignages que je recueille depuis dix ans chez les personnes qui la réalisent dans les règles de l’art (fromage de lait cru). Tremper suffit. Vous dirai-je les dernières recommandations dénichées sur la toile de faire fermenter vos flocons d’avoine cinq jours... jusqu’à ce qu’ils “sentent le sous-bois” selon leur auteur2? Pain au levain ou à la levure? Le pain au levain a subi une fermentation d’au moins un jour. Le pain à la levure, lui, gonfle généralement en une heure. Il est facile de déduire que l’un est prédigéré, l’autre pas. Le pain «sur» levain, lui, est une appellation boulangère un tout petit peu déviante: l’artisan utilise un pâton de la veille pour relancer la fermentation. Cela Les phytates, par leur capacité à chélater les minéraux, peuvent avoir un effet détoxifiant au début. D’où les effets bénéfiques dans un premier temps du son ajouté qui, dans un second temps en revanche, mènent à des déminéralisations et des colons fâchés. Cuisine Nature ne produit pas nécessairement une montée lente de 8 heures dans un bain acidulé, chers amis. Si vous confectionnez un pain à la levure avec les enfants et que ceux-ci souhaitent une montée en flèche (allez, vite, vite!), vous utiliserez de la farine blanche car cette dernière ne demande pas de trempage. Normal: elle est dépourvue de son enveloppe, donc des phytates. L’intérêt n’est plus alors que la texture de votre oeuvre, car en matière de nutrition il serait difficile de trouver des atouts au pain blanc. Si vous utilisez de la farine complète ou semi-complète, pratiquez la technique du levain. Si vous n’aimez pas le goût sûret du levain, j’ai publié dans la lettre Cuisine Nature nr 1 une recette de Pain Mi-Mi (levée de huit heures et jus de citron) qui reproduit l’effet de prédigestion des nutriments et de neutralisation des phytates du levain sans ce petit goût sûret. Il est une autre technique pour neutraliser les phytates: la cuisson longue du riz dans un bouillon maison de volaille (ou boeuf ou poisson) 3. Par la même occasion, vous pêcherez dans ce bouillon des minéraux supplémentaires, compensant ceux qui seraient encore excrétés par des phytates résiduels. Vous vous serez assuré tout le bénéfice de la gélatine du bouillon, qui facilite la digestion de ces aliments cuits. suite page 11 J’ai trouvé confirmation de ce bon sens ancestral dans “Les aliments fermentés traditionnels” de Claude Aubert, éditions Terre Vivante et dans “Nourishing traditions”, Sally Fallon, New Trends Publishing, 662 pages d’un intérêt nutritionnel remarquable - voir sur le site de la Weston-Price Foundation. Tous deux sont des écrivains de rigueur scientifique, peu émotionnels. 1 2 www.soignez-vous.com 3 Sally Fallon, Nourishing Traditions Je précise le conditionnel car rien n’est jamais certain en physiologie de la digestion. Qui sait si l’organisme ne parvient pas à la longue à désactiver les phytates? 4 nr 6 février 2004 - 5 germes d’haricots mungo (que l’on appelle “germes de soja” improprement) après trois jours Germinations faciles et rapides germes de blé après trois jours Vous pouvez produire chez vous de superbes germinations sans acheter de matériel spécifique. Les graines germées sont un vaste sujet et font l’objet de nombreux ouvrages, tous plus passionnants les uns que les autres. Je tâche ici de résumer l’essentiel en une page. Défi! Les bienheureux possesseurs de mon tome 2 «Saine et Sereine» y trouveront un chapitre entièrement consacré aux graines germées en pratique. germes de pois chiches 3 jours Que faire germer? Germination en passoire Les graines à gel: sur une assiette Tout ce qui peut germer dans un potager, pardi! Limitez-vous dans un premier temps aux grands classiques mentionnés ci-dessous par votre servante. n Faites tremper les graines une nuit J’appelle les graines à gel celles qui produisent un gel (mucilage) lors du trempage: les graines de lin, la moutarde, le sarrasin, le cresson. H Les graines qui vous restent du potager de l’année passée: poireaux, betteraves, radis, moutarde, etc. Seule exception: à cause de leur richesse en solanine (un poison), vous ne ferez PAS germer la famille tomates («solanacées» pour les botanistes, soit tomates, poivrons, aubergines, pommes de terre). HLes plus faciles: tournesol, quinoa, lentilles, amandes mais aussi toutes les graines qui zonent dans votre placard: sarrasin, grains de blé ou d’épeautre, quinoa, amaranthe, graines de tournesol, amandes, lentilles, pois chiches et toutes légumineuses y compris les pois cassés, curieusement. Curieusement? Mais oui, je n’imaginais pas que, tout cassés, ils pourraient encore donner la vie... Les autres graines demandent plus d’explications qu’une page. Les magasins de diététique vendent des graines «à germer» qui me semblent fort chères si c’est juste pour me garantir le pouvoir germinatif. Contrairement à une rumeur, il n’y a pas de limite quotidienne à la consommation de céréales et oléagineuses germées si ce n’est le bon sens et votre état général. 6 - nr 6 février 2004 dans un bocal quelconque, dans beaucoup d'eau. o Egouttez. Transférez dans une passoire, que vous couvrez d'un tissu. pRincez une à deux fois par jour. q Après trois jours, vous obtiendrez le Après trempage de 20 minutes, transférez les graines sur une assiette couverte d’un linge ou d’un papier ménager en double épaisseur. Couvrez. Suivez la procédure ci-jointe, au point p. résultat affiché sur les photos cidessus. Consommez cru ou cuit en cuissons douces. Les trois exemples en photo doivent être cuits. Comme toute la famille des céréales et légumineuses, il est hors de question de les manger crus. Pour plus de détail, moult recettes et les tableaux détaillés de durée de germination, vous pourrez pêcher des infos dans le livre électronique à paraître le 25 février prochain, signé de ma petite plume*: Graines de Curieux et Graines de Gourmand (Germinations en famille en pratique). lentilles à germer en passoire Dans ce numéro: recettes d’Amandes germées croustillantes (page 12) et de Caviar de tournseol germé (page 4). Cicontre: jus de pousses de blé (à base de germinations). D’autres recettes inédites dans le livre annoncé ci-contre. Cuisine Nature Une réédition partielle du tome 2: Cuisine Nature ... Saine et Sereine. Plus d’info pour les commandes du livre chez moi: 067-84 11 22 ou [email protected] ou sur www.taty.be. Ou rendez-vous directement sur le portail d’achat hypersécurisé de www.greenshop.be. * Le blé en herbe HI Technique pour les plus passionnés ou les plus fragilisés de mon acabit: transformer du blé germé en jeunes pousses, que l’on consomme sous forme de jus. Faites germer des grains de blé 2 jours. Plantez-les dans du terreau. Laissez pousser en herbe. Coupez l’herbe et pressez : ce jus de blé est l’aliment le plus super-regénérant qui soit, hautement digeste et grand détoxineur. On n’y connaît pas d’allergie, ni franche, ni cachée. Les vertus et la pratique des cures de jus de blé sont détaillés dans l’excellent livre d’Ann Wigmore, maîtresse du genre: L’Herbe de Blé, éditions Jouvence. Je me contente ici de la pratique ménagère. n Trempage. Faites tremper les grains de blé une nuit. sur la photo ci-dessous. NB. On peut sauter l’étape de germination et planter les grains seulement trempés dans le terreau. Inconvénient: l’herbe sera salie de terre quand elle poussera.... q Pousses. Après deux à trois jours, ôtez la barquette supérieure. Les grains vont alors tourner en herbe puisque la lumière appelle la chlorophyle. N’exposez pas au soleil, ça va brûler! Continuez à arroser finement au quotidien (j’utilise un vaporisateur) jusqu’à ce que l’herbe atteigne au moins 18 centimètres de haut comme mêler à une pomme ou une carotte pour que l’appareil s’en sorte. c. Le rêve: vous avez un extracteur de jus de pousses. On revient à mon nouveau chéri le Samson ou ses grands frères plus chers Oméga, Greenstar ou Champion. On verse simplement par petites portions l’herbe dans l’extracteur muni du cone à jus et la douille à jus. o Germination. Faites ensuite germer une douzaine d’heures. p Terreau. Emplissez de terreau ou de bonne terre de votre jardin une barquette. Arrosez modérément. Etalez les graines germées,qui se touchent sans se superposer. Couvrez d’une autre barquette inversée. Dans l’état d’esprit de cette lettre: Paresseux Productif Pressé et PetitBudget... j’aimerais ajouter le libellé «Prudence-Petit-Pas». En effet, autant je peux garantir que les graines germées et le jus d’herbe facilitent la digestion, stimulent l’immunité et soutiennent les forces de guérison du sujet, autant je n’ai pas encore de témoignages de véritables effets sur la santé des poudres de graines germées et jus de blé/orge que l’on achète en magasins de diététique (Green Magma & C°), si ce n’est le discours de thérapeutes naturos que je soupçonne de sortir, un peu trop enthousiastes, d’une journée d’informations de la part du producteur. NB En barquette, contrairement à la pleine terre, l’herbe ne poussera pas bien plus haut que 30cm. Si vous la laissez trop longtemps, elle devient dure et sans saveur, probablement sans nutriments. r Jus. Coupez en fonction des besoins pour réaliser vos jus, elle repoussera au moins une fois. C’est ici que ça devient compliqué: comment transformer ceci en jus? a. Vous n’avez pas de matériel à centrifuger. Mâchez! C’est un peu amer, mais sucré aussi. On peut cracher les fibres après avoir mâché longtemps (70 fois!). On ne peut dire que ce soit exquis. Entendu dans le couloir à la maison: Tu n’oublies pas de me faire mon jus de gazon? Parlant, non? Je le mélange à d’autres jus en général. On peut aussi en verser dans un potage encore chaud. Le blé (ou l’épeautre) se prête spécialement bien à cette technique car il est très indulgent. Si vous oubliez d’arroser, que la terre est sèchissime, il suffira d’humidifier à nouveau et ça repart! Ce qui ne sera pas le cas avec d’autres graines. L’orge utilisée pour le jus de jeunes pousses doit être acheté en version spéciale non décortiquée. Du terreau bio ou de la terre du jardin? Les puristes choisiront la première. J’utilise avec succès depuis bien longtemps la terre de mes jardinières ou de mon jardin. Sans souci: la nature est si indulgente, le blé herbera même dans de l’eau! b. Vous avez une simple centrifugeuse à jus (type Braun à 50 euros). Le jus seul: ça n’ira pas. Il faut le Cuisine Nature nr 6 février 2004 - 7 DOSSIER Manger bien, c’est si simple.. . Confus par toutes les modes diététiques, emberlificotés par les discours hauts en couleurs de leurs chefs de file respectifs, nous perdons parfois un élémentaire bon sens. Celui qui nous aurait rappelé qu’à se nourrir de carton on devient de la camelote soi-même et qu’en parallèle, à offrir à l’organisme des nourritures vraies on peut relancer les systèmes les plus compromis. Il ne faut pas nécessairement devenir céréalien.Si vous suivez la démarche d’alimentation ressourçante que j’appelle dans mes livres «Cuisine Nature», vous pourrez régaler la famille de délicieux repas traditionnels à haute valeur nutritionnelle mais sans aucune connotation diététique. J’illustre ici par le cas vécu d’adolescents difficiles qui se radoucissent après que la cantine d’école soit passée en alimentation à base de nourritures vraies, fraîches, cuisinées à l’ancienne. Même pas bio, dis! . Coincés entre les deux mastodontes Toutes proportions gardées, lorsque la psychanalyste Françoise Dolto, dans les années cinquante, transmettait son message de bon sens et d’ouverture dans l’éducation des enfants, elle a bien sûr dû jauger et tempérer le poids des traditions éducatives strictes, les incontournables rapports de pouvoir entre les hommes et la servitude volontaire de chacun. Tout comme je suis confrontée à des diktats culinaires maternels sans fondement, à une propension de l’homme à suivre des dogmes infondés sur la foi de la parole toute-puissante d’une autorité externe. Mais devait-elle faire face à ceci, comme la Dolto de l’alimentaire que je suis : « La distribution des disaccharidases le long de l’intestin grêle a été étudiée chez l’homme par biopsies étagées. Les activités maximales des sucrase, isomaltase, maltase, tréhalase et lactase se localisent dans les portions maximale et moyenne du jéjunum. Leur concentration est faible au niveau de l’iléon et du duodénum proximal.» ou « La solubilisation micellaire des graisses précède l’absorption elle-même, suivie dans l’entérocyte d’une réestérification en triglycérides et de la formation de chylomicrons ensuite véhiculés par la voie lymphatique. » (deux extraits d’un manuel de physiologie de la digestion) Formidable! Edifiant tout autant qu’impressionnant. On dirait qu’on a le fin mot de l’histoire digestive, non ? On finirait même par y croire. On dirait par ailleurs que nous sommes tous pareils et strictement égaux en matière cellulaire. Dans ce contexte, il n’est plus difficile de 8 - nr 6 février 2004 Le tout-vaut-tout: des croquettes pour le chat sur le même plan que le lait des humains? Carton, disions-nous? nous faire croire qu’une protéine vaut l’autre et que l’analyse in vitro vaut le résultat in vivo. Fallacieuse certitude biologique qui clôt le débat du côté des scientifiques qui oublient que, dès que la pomme est coupée pour être suranalysée, elle n’est plus une pomme! Ils balaient alors d’un rapide revers de la main les observations que les Dolto de l’alimentaire se permettent de murmurer. Je remercie tous mes petits camarades de l’alternutrition de porter des messages d’ouverture à nos congénères déboussolés. Mais pour manger sainement il n’est pas besoin de manger tout cru, ou d’éviter toutes les chairs animales, ou de ne penser qu’en termes de yin et de yang. En revanche, ces apôtres sont une nécessaire couleur Cuisine Nature Nous sommes cernés! Ce serait trop beau si nous n’étions freinés dans notre pensée libre que par le Père Symbolique qu’est le médecin et par sa parole peinte aux couleurs d’absolu par les croyants que nous sommes. Devinez ce que je vois obscurcir le débat avec d’autant plus de puissance que l’action touche les couches inconscientes de notre esprit? Vous avez tout juste: la publicité alimentaire, subtilement relayée par les journalistes à l’insu de leur esprit critique. Avez-vous déjà lu un seul article sur un produit ou aliment dont aucun lobby ne tirerait bénéfice? Plus qu’un entrefilet sur le poireau? Un dossier sur la blanquette de veau à l’ancienne et ses multiples vertus? Là aussi je pense que la transmission du discours avancé par Mammie Dolto n’était pas bloquée par cette puissance-là. Que nous reste-t-il, doltos de bonne volonté, qui souhaitons simplement, sans retour sur investissement, communiquer des outils pour moins de souffrance, plus de joie et de bien-être? Le terrain, tiens ! Les témoignages sur le terrain donneront peut-être envie d’essayer un autre possible. Ci-contre, je résume un cas vécu: Une autre cantine d’école. dans l’arc-en-ciel de l’alternutrition car certains d’entre nous ne sont motivés que par l’excès. A écouter une Mammie Croûton comme moi, on aurait tendance à trop arrondir les angles et à tout justifier, y compris les frites. Il faut parfois faire des sauts à l’élastique du mental pour que conscience se fasse. Manger du carton? Dans la petite portion de mots qu’il m’a été donné de distribuer dans cette vie-ci, je répète désormais à l’infini le même message : « à manger du carton, vous finirez vous-même en camelote ». Message vécu de l’intérieur pendant près de quarante ans par votre servante et dont je n’ai découvert la réalité qu’en me mettant à manger des nourritures vraies. « Carton » représente ici tous les produits qui nous sont présentés comme des aliments par la seule puissance hypnotique des merveilleuses publicités, images qui ne leurrent que notre cerveau mais pas nos cellules. Personne n’a encore pu me démontrer qu’il est une autre définition à l’alimentation saine que : des aliments frais (excluant les conserves et pratiques de longue conservation industrielles) non triturés (huiles raffinées, céréales blanches, etc.) et non chimiqués (additifs, résidus de traitement, etc.) dans de justes proportions. Avouez qu’on ne peut faire plus simple ! J’en exposerai l’illustration, les tenants et les aboutissants dans un prochain livre (encore un ! je n’ai que dix sept tapuscripts en préparation, pourtant…), dont le titre provisoire est « Nourritures Vraies » parce que je n’ai peur d’aucun ronflement... Ce livre ne sera qu’un voyage illustratif. Que s’éloigne de moi l’idée de vouloir faire une démonstration. A ce petit jeu-là, qui gagne perd. La littérature scientifique internationale est si volumineuse, les résumés d’études sont si peu fiables par rapport au contenu réel de l’étude que l’on peut aujourd’hui démontrer tout et son contraire. Joli jeu de l’esprit pour un cortex en action. Triste réalité pour celui qui cherche sa voie nutrimentaire. A coups d’anecdotes L’exemple du Wisconsin est édifiant par sa dimension (une école entière), mais il est d’innombrables témoignages d’américains qui ont effectué en famille la même démarche et témoignent de résultats similaires sur leur santé physique et mentale. Ces familles s’inspirent entre autres du livre Nourishing Traditions de Sally Fallon (voir page 5). Ils échangent leurs témoignages sur le site de Native Family Nutrition. Ils n’ont en général fait aucun choix excessif, mais ont simplement retrouvé les gestes d’antan et quitté les achats de confort. Une autre cantine d’école «Promenez -vous dans les couloirs de la Central Alternative High School à Appleton, dans le Wisconsin. Vous y rencontrerez des étudiants concentrés sur leurs études, dialoguant paisiblement avec leurs camarades et professeurs. Vous remarquerez le calme et la détermination qui différencie ces ados de leurs congénères. Les couloirs de l’établissement sont différents d’un autre point de vue. Ils ne sont pas bordés de distributeurs de crasses comme une école classique. Poussez une tête jusqu’à la cantine. Pas d’odeur de graillon. Les burgers, les frites, les burritos ont fait place aux salades, à des viandes préparées à l’ancienne, au pain complet, aux fruits et légumes frais. Les étudiants boivent de l’eau.» Cette école-pilote teste le projet initié cinq ans auparavant par Natural Ovens, une boulangerie pas comme les autres, dans le but de démontrer qu’une nourriture fraîche et riche en nutriments peut avoir un impact sur le comportement, la santé et la concentration mentale. Greg Bretthauer, doyen de l’école, se rappelle du temps où les enfants étaient grossiers, désagréables et arrogants. A cette époque l’école avait dû engager un officier de police pour le contrôle d’armes. La directrice LuAnn Coenen est aussi étonnée des changements qui se sont fait jour depuis le début du programme. «Plus d’absentéisme de longue durée (school dropouts), plus d’expulsion pour possession de drogue ou d’armes, plus de suicide. Les plus gros problèmes sont le respect des parkings et la ponctualité des élèves. » Les initiateurs du programme s’attendaient à observer un impact sur le comportement des ados. Ils sont fort surpris d’observer aussi que les résultats Traduction/Adaptation de l’article en anglais de la Feingold® Association of the United States: «A different kind of school lunch». Merci à Jacques Dossin et Infor Vie Saine pour cette source. Le docteur Feingold est connu aux Etats-Unis pour avoir obtenu il y a plus Cuisine Nature * scolaires sont en hausse nette. Les étudiants témoignent que leurs capacités sportives s’améliorent. Le texte de l’article ne le mentionne pas clairement, mais je suppose que les élèves ont eu des séances d’information pour aider à construire la trame de ce nouveau tissu scolaire. «J’enseigne ici depuis près de trente ans. Les enfants sont plus calmes. On discute plus aisément. Ils semblent plus raisonnés. J’avais envisagé de partir en retraite cette année, mais je crois que je vais continuer à enseigner. Je m’amuse trop.» Dennis Abrahm, professeur de sciences en classes moyennes. A ceux qui reprochent à la directrice de l’école pilote le coût de cette nouvelle cantine plus équilibrée (ah, c’est clair, ça coûte un chouïa plus, ce n’est plus du carton), elle rétorque: «Je n’ai plus de vandalisme dans l’enceinte de l’école. Je n’ai plus de poubelles éventrées. Je ne dois plus m’assurer de personnel sécuritaire. Un poste budgétaire en compense un autre.» Même dans d’autres écoles du district, qui n’ont intégré que des changements alimentaires modestes, les différences sont nettes en matière de nervosité et de concentration. Une communauté aux liens plus denses, des enfants plus épanouis, un enseignement qui touche au but... Et tout ça avec la cuisine de Mammie ? de quarante ans grands succès dans le traitement de désordres infantiles de type hyperactivité en revenant à une alimentation classique, sans additifs ni sucre. Pas plus, mais pas moins (The Dietary Connection to Better Behavior, Learning & Health). nr 6 février 2004 - 9 Si le lait a été formellement identifié comme allergisant ou incompatible avec votre type métabolique, merci de tippexer toute la page! suite de la page 3 1. profiter de quantités bien moindres de laitages, 2. en augmenter la qualité 3. et le consommer sous des formes fermentées et non sous forme de lait frais. morbidité permanente, confinées et non broutant au champ. Carencé en vitamines et minéraux, le lait est alors déficient en acides gras essentiels comme les omégas 3 qui sont si en H C’est surtout le lactose des produits laitiers frais qui pose souci (par les fermentations intestinales qu’il entretient dans un intestin en état de dysbiose intestinale, cas presque généralisé en occident aujourd’hui),. On mettra donc de côté pendant les crises les produits riches en lactose et on se limitera à consommer des fromages affinés plus de 3 mois et du beurre. Il est d’autant plus dommage de démoniser les produits laitiers que le mangeur va alors soit se tourner vers une version altérée du végétarisme (soja), soit surconsommer des chairs animales. Et le carnage continue! Comment s’assurer un développement durable en mangeant plus que notre part de nos co-vivants? Les laitages sont un outil nutritionnel et thérapeutique bien souple pour qui veut manger sain... H Si l’on est rebuté par les laitages de vache, on choisira des fromages de chèvre ou de brebis ou une diète asiatique à l’ancienne (lait de coco, mais pas de lait de soja, récent produit commercial comme vous le savez). En nous calquant sur les premiers rappels de bon sens sur l’achat de beurre (Cuisine Nature numéro 2, pages 8-9), tâchons de résumer avec bon sens la voie du juste milieu : H Le lait sous sa forme liquide n’est pas indispensable à l’homme adulte, c’est la forme fermentée qui nous nourrit : lait caillé à l’indienne, fromages frais et affinés, yaourts (surtout fermenté 24h et donc dépourvu de lactose). H Le lait UHT promu et consommé aujourd’hui est issu de vaches dénaturées: poussées à l’excès, nourries de farines et de soja et en conséquence en en cystéine, précurseur du glutathion (après l’oxygène, c’est l’élément de vie le plus capital pour nos petites cellules) et en calcium non orphelin pour n’en citer que deux. Vous connaissez un seul chat qui préfère le lait stérilisé au lait cru? vogue. Le lait cru de vaches au pré est riche de toutes les vitamines et minéraux que la nature a prévues et contribue les omégas6/3 dans le juste rapport; il est en outre un riche apport H Comme tous les produits contenant des graisses animales, le lait est aussi riche en résidus de notre technicité moderne (engrais, pesticides, hormones, dioxines et autres PCBs, etc.), dont on découvre aujourd’hui qu’ils perturbent plus que sérieusement le système hormonal. On les choisira exclusivement de provenance biologique ou garantis sans traitements excessifs. suite de la page 5 Oléagineux ou “fruits secs”. Les amandes et consoeurs sont aussi riches en anti-nutriments, bien qu’en moindre quantité que dans les céréales. Elles demandent donc aussi un petit travail de trempage, technique négligée parfois par nos camarades en-santé lorsqu’ils en consomment beaucoup. Les recommandations journalières: une petite poignée d’amandes. Le quotidien: des pelletées. C’est bon, c’est gras, c’est nourrissant et les victimes de troubles alimentaires croient se faire du bien à lire leur apport de minéraux, de protéines, de précieux acides gras. On oublie que, non trempés, ces fruits secs contiennent des inhibiteurs qui provoquent, lorsqu’on les consomme en quantités, des troubles de l’absorption intestinale des minéraux. S’ils sont trempés, a fortiori germés, vous en consommerez tant et plus puisque ces inhibiteurs sont inhibés eux-mêmes. Na! Selon Sally Fallon, seule la graine graine de lin semble contenir assez peu de phytates pour ne pas demander de trempage....à condition d’être consommée en quantités modérées. Germination Tremper, c’est bien. Germer, c’est le pied! Meuh non. On peut désormais acheter en magasins bio et en grandes surfaces des graines germées de toutes sortes. Vous pouvez même acheter du pain de blé germé: le pain essénien — dont je donne une variante sur le site sous le nom de Pain de Zarathoustra (son nom américain). Ou encore, vous pouvez faire germer toutes les graines qui traînent dans vos placards: depuis l’épeautre en grains jusqu’au tournesol. Voir la technique exposée en photos page 6 . « Casse-pieds » avez-vous entendu? Cuisine Nature nr 6 février 2004 - 11 le cru de chez cru Amandes germées croustillantes HI Vous connaissez les bienfaits des graines germées: apport de doses de nutriments décuplés sous une forme pré-digérée. « C’est décidé, je fais germer mes amandes ». Mais vous n’êtes pas d’un tempérament adapté au cru, votre feu digestif est trop compromis pour tirer parti de ces atouts germéiques. Il faudrait alors cuire sans nuire. Ou bien vous avez des lubies de germination une fois par mois seulement. Or, les amandes germées ne tiennent qu’un jour... Qu’à cela ne tienne. On peut sécher les amandes germées au four doux, ce qui règlera les deux problèmes d’un coup de cuiller. n Le soir, faites tremper les amandes entières dans de l’eau. o Le matin, égouttez. Etalez sur la tôle du four. Si la tôle de votre matériel est en aluminium, couvrez Faites aussi sécher des noisettes sans peau, des pignons de pin, des noix de Grenoble, des noix de Pecan, des graines de courge, des graines de tournesol. Les autres noix séchent un peu plus vite que les amandes. C’est le cas particulier des noix de cajou qui ont déjà été rôties deux fois avant d’arriver sur les étagères du magasin. Parfois 18 heures seulement. Je n’ai pratiqué encore que les amandes et graines de tournesol. Merci de partager vos expériences. Dépourvue d’un déshydrateur, la petite fourmi écolo n’allume pas son four rien que pour sécher quelques amandes, bien sûr. J’en profite pour cuire le pain de Zarathoustra, pour sécher d’autres oléagineuses, pour cuire des Biscuits de tournesol germé, pour faire sécher des tomates pour mes Pétales de tomates, pour faire mon propre boulghour. Service. Toutes les amandes et noix ainsi germées puis séchées peuvent être croquées seules en collation, snack ou longue promenade. On peut aussi les Rédaction et éditeur responsable: Taty Lauwers, 11 allée du Mont Cheval, B-1400 Nivelles.Textes et recettes © Taty Lauwers. Se vend uniquement par correspondance. Abonnement: page 3. 11 allée du Mont Cheval B-1400 Nivelles tél: +32-(0)67-84 11 22 Annexes sur www.taty.be/Doc ou via [email protected] 12 - nr 6 février 2004 d’une feuille de papier sulfurisé. Cuisez au four très doux 65°C pendant vingt quatre heures (parfois trente heures) en remuant une fois après douze heures. Elles doivent être bien croustillantes, y compris à l’intérieur. Sinon, elles ne conserveront pas. p Conservez dans un pot hermétiquement fermé. mouliner à la mode du Caviar de Tournesol et les tartiner ou les transmuter en sauce minute. On peut aussi les “cuisiner” en biscuits: taille d’une noix. Décorez d’une amande. Cuisez 20 minutes à 150°C. Après cinq minutes au four, écrasez un peu à l’aide d’une fourchette. Biscuits de tournesol. Moulinez 250g de graines de tournesol germées croustillantes, 25g de poudre de caroube ou de cacao en poudre, 50g de sucanat ou de miel, 25g à 50g d’amandes croustillantes, 1/4 cuill.c. de vanille, 40 ml d’eau (quelques cuillérées). Etalez en une épaisseur d’un centimètre sur une feuille de papier sulfurisé. Cuisez 12h à 65°C. Tournez. Cuisez encore 12 heures. Cuit, le tournesol germé produit un arôme que certains n’apprécient pas. Moi par exemple. A vous de voir... Pain de Zarathoustra. Moulinez 500g de blé germé avec 40g de sésame et 1cc de sel ou de shoyu, dans un robot bien équipé (j’utilise le Samson présenté page 4). Formez de petites galettes ou étalez en une très fine couche. Faites cuire sur une tôle chemisée de papier sulfurisé 12 heures à 65°C (ou 3 heures pour la fine couche). Biscuits aux amandes. Moulinez 200g amandes croustillantes (gardez 18 amandes pour la suite), 50g de beurre de lait cru, 100g d’arrow root ou de fécule de pommes de terre, 50g de sucanat ou de miel, 1/4 cuill. café de sel, un demi-zeste de citron nontraité, 1/2 cuill.c. de vanille en poudre. Disposez de petits tas de la Cuissons. En fonction de votre organisation, vous pouvez pousser des petites pointes à 85-90°C et réduire les temps de cuisson. Il faut savoir arrondir les angles, non? Ces amandes, même cuites en biscuits à four moyen, sont incomparables à ce que j’avalais « avant ». * Recettes adaptées du très volumineux livre de recettes de Sally Fallon: Nourishing Traditions, un must en cuisine nature ressourçante! Je suppose que son injonction de cuire à 65°C tient compte du fait que certains fours chauffent plus haut que ne l’indique le témoin. Sommaire ................................................ 1 VACHERIES SUR LE LAIT ........................... 3 LE TREMPAGE DES CÉRÉALES/OLÉAGINEUX ..... 5 LES GERMINATIONS FACILES EN IMAGES ........ 6 DOSSIER: MANGER BIEN, C’EST SI SIMPLE . 8-9 PROCHAINES ACTIVITÉS ......................... 10 BONNES ADRESSES: LES GACS OU GROUPEMENTS D’ACHATS COLLECTIFS .......... 10 ÉDITO Cuisine Nature RECETTES LA CRÈME ANGLAISE INRATABLE ............. P. 2 LE CAVIAR DE TOURNESOL GERMÉ AU CURRY ....................... P. 4 LE JUS DE POUSSES DE BLÉ ................... P. 7 AMANDES GERMÉES CROUSTILLANTES ..... P. 12 ET BISCUITS DE TOURNESOL GERMÉ, BISCUITS D’AMANDES GERMÉES, PAIN DE ZARATHOUSTRA (BLÉ GERMÉ)