Les Ecuries du Val d`Aléthéya

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Les Ecuries du Val d`Aléthéya
Témoignages
… AGRI
ACTIVITéS éQUESTRES : éTUDIER SES COûTS DE REVIENT
«Les coûts de revient m’ont permis de voir ce qu’il faut
faire ou ne pas faire »
Depuis plusieurs mois, les professionnels équestres font face à plusieurs changements des taux de TVA. La dernière évolution règlementaire impose aux structures équestres d’établir leurs coûts de revient. Dans le cadre de cette obligation,
CERFRANCE ADHEO accompagne les chefs d’entreprise dans l’élaboration et l’analyse de leurs coûts de revient. Rencontre
avec Gaëlle HUVET, responsable de l’EARL "Les écuries du Val d’Aléthéya", qui a bénéficié de cet accompagnement.
ECHOS 109 : Présentez-nous votre parcours.
Gaëlle HUVET : J’étais salariée dans un centre équestre, où je m’occupais de
valorisation de jeunes chevaux pour des compétitions. Cela se passait bien,
mais j’avais envie de plus de liberté, d’apprendre plus de choses. J’ai toujours
voulu former des élèves aux concours départementaux et nationaux, leur
transmettre mon amour du cheval et de la compétition. J’avais envie de créer
ma propre structure. Peu à peu, mon projet s’est dessiné. Un ancien chenil était
à vendre à Charmes-la-Côte, au Sud de Toul. Un vrai coup de cœur ! En effet,
il s'agit en réalité d'un ancien monastère, déserté par les frères du Saint Esprit
au moment de la Révolution et reconverti en ferme. Le bien fut acquis par une
SCI, dont les écuries du Val d’Aléthéya sont locataires. Les bâtiments existaient
déjà, ainsi que les boxes (l’ancien propriétaire élevait des chevaux arabes). Le
centre équestre a ouvert ses portes en mai 2006.
ECHOS 109 : Quelles sont les activités des Écuries ?
Gaëlle HUVET : Nous avons deux branches majeures : l’école d’équitation, avec
une soixantaine de cavaliers licenciés et non licenciés, et la pension de chevaux (une
dizaine pour l’instant). En parallèle, je continue mon travail de valorisation de jeunes
chevaux que j’achète, débourre, puis revends une fois formés à la compétition. à la
fin de la saison, je présente régulièrement mes jeunes chevaux à la Grande Semaine
de l’Élevage à Fontainebleau. L’an passé, j’ai terminé seconde avec mon étalon de
5 ans. Même si cela peut sembler anecdotique en termes de chiffre d’affaires (nous
vendons un à deux chevaux par an), la valorisation est essentielle pour l’entreprise
car elle constitue notre principal outil d’investissement. L’argent de la vente est
directement réinvesti dans l’achat de poulains et de chevaux pour le club. Certains
chevaux que nous vendons restent en pension chez nous, ce qui nous assure un
revenu fixe, et les bons résultats obtenus en compétition avec les chevaux formés ici
nous amènent de nouveaux cavaliers. La valorisation de jeunes chevaux assure la
valorisation de l’ensemble des activités du centre.
ECHOS 109 : Comment se passe votre quotidien de chef d’entreprise ?
Gaëlle HUVET : C’est un métier très difficile ! On n’est pas aux 35 heures.
Heureusement, mes parents m’aident : mon père s’occupe des parcs et des poneys,
ma mère m’accompagne pour les compétitions et gère le poulinage, en travaillant sur
la génétique de chaque cheval du centre. Mais ce qui est le plus difficile, c’est qu’il
s’agit d’un métier de loisirs. Avec l’augmentation des taux de TVA pour les activités
équestres, le public préfère se tourner vers d’autres sports jugés moins chers. C’est
dommage, car l’équitation est avant tout un sport relationnel qui permet aux personnes
de grandir humainement. Le cheval aide les jeunes dans leur vie personnelle. De plus,
depuis 2006, je suis maître d’apprentissage : j’ai 100 % de réussite avec tous mes
élèves présentés à l’examen. C’est dire combien transmettre est important pour moi !
ECHOS 109 : Parlez-nous de l’établissement de vos coûts de revient…
Gaëlle HUVET : Les coûts de revient m’ont permis de voir la réalité en face, de voir ce
qu’il faut faire ou ne pas faire. En les analysant, nous avons constaté que les prix que
j’avais fixés plus ou moins à la louche étaient en réalité très inférieurs à ce qu’ils auraient
Gaëlle et Marie HUVET
dû être. Avec les coûts de revient, on voit clairement
à quel moment on valorise et à quel moment on
est en déficit.
ECHOS 109 : Quelle stratégie avez-vous
définie pour rééquilibrer cela ?
Gaëlle HUVET : Ma clientèle est avant tout rurale.
Je ne me voyais pas augmenter radicalement
mes tarifs, même si un léger réajustement sera
nécessaire. Ma principale marge de manœuvre
repose sur le développement de l’entreprise à
travers l’enseignement et les concours. Plus je
développe ces activités, plus ce sera rentable.
Pour cela, je mise sur la publicité, avec des
annonces sur des sites, dans les commerces de
proximité… Et nous sommes désormais présents
sur les réseaux sociaux. C’est incontournable
lorsqu’on souhaite communiquer auprès des
jeunes. Cela fait deux semaines que nous y
sommes et il y a déjà des retombées sur le club !
ECHOS 109 : D’autres projets de développement en vue ?
Gaëlle HUVET : Nous nous sommes fixés pour
objectif d’organiser notre premier concours
hippique au club d’ici 2015-2016. Je réfléchis
également à accueillir des ateliers d’équithérapie.
J’ai voulu créer un centre équestre familial, avec
de vrais contacts humains. Montrer à quel point
l’équitation fait du bien.
/ Novembre
2012
Octobre 2014