Le pictogramme à éclairement Le pictogramme à éclairement
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Le pictogramme à éclairement Le pictogramme à éclairement
DOSSIER REGLEMENTATION En 1995, la Commission Européenne mandate lANATEEP pour étudier lopportunité de renforcer la signalisation lumineuse du pictogramme "transports denfants" des autocars. Des recherches permettent dans un premier temps de "profiler" un pictogramme à éclairement, de le produire en petite série puis de le tester. Le ministère français donne en 1996 une autorisation nationale dexpérimentation. Après les conclusions de létude européenne en octobre 1998, larrêté du 2 juillet 1982 relatif au transport en commun de personnes vient dêtre modifié. Le pictogramme à éclairement est désormais réglementaire. Le pictogramme à éclairement © PHOTO : G. PLOUVIER est validé P ourquoi le système traditionnel nécessitait-il une adaptation ? Dans tous les pays dEurope, au moins la moitié des victimes sont recensées à lintérieur de lautocar mais la plupart nont que des blessures légères. UNE ACCIDENTOLOGIE CONNUE Par contre, la petite proportion daccidents survenant autour de lautocar sont toujours plus graves, voire mortels. Quelques éléments de comparaison : - En France : sur les 29 victimes recensées en 1995/1996 (sur 287, soit 9 %), le bilan sétablissait comme suit : six tués, sept blessés graves et seize blessés légers. Ce qui représentait six des huit tués et sept des dix neuf blessés graves ! 14 - En Allemagne : sur les sept tués de 1996, un la été pendant lattente du véhicule sur laire darrêt. Les six autres ont été renversés en traversant la chaussée à proximité du véhicule de transport collectif. Quant aux autres victimes, 28.4 % des accidents ont lieu autour des autocars. - En Autriche : les accidents ont lieu à 60 % en dehors du car dont 25 % lors des montées/descentes du véhicule, 13 % en traversant. Ces accidents sont toujours dramatiques. - En Grande-Bretagne, 88 % des accidents graves se produisent autour du car, seulement 12 % à lintérieur ! - En Espagne, 85 % des victimes graves seraient recensées aux points darrêt. Le pictogramme sest banalisé dune telle manière au cours de 2) le pictogramme animé a été présenté dans sept Etats de lUnion Européenne : Allemagne, Autriche, Belgique, Italie, Finlande, Grande-Bretagne, France, afin de prendre en compte la réaction des différents partenaires. « Les risques daccidents denfants Nous reproduisons dans ce ne sont pas réduits par la préqui suit des extraits de sence du pictogramme réglemenl'étude remise à la Commission européenne. Lexpéritaire traditionnel ». mentation permet de détersont pas réduits par la présence miner trois grandes conclusions. du pictogramme réglementaire Après linstallation du pictotraditionnel. gramme à éclairement. LES CONCLUSIONS DE LÉTUDE La réponse à «Remarquez-vous Lexpérimentation a été menée un changement dattitude ?» déen deux phases : pend très nettement de lobserva1) le dernier trimestre de 1997 a teur et tout léventail des réacété consacré à lexploitation et à tions est représenté. Si les plus lanalyse de lenquête sur les picenthousiastes sont les conductogrammes à éclairement. teurs (80%), les enfants sont ces dernières années que lautomobiliste européen ne perçoit pas ou mal ce signal. Le pictogramme est souvent caché, occulté, renversé, Ainsi, les risques daccidents denfants ne TRANSPORTS SCOLAIRES N°128 - 1ER TRIMESTRE 2000 nombreux (67%) à navoir rien remarqué ! Ces jeunes collégiens (de 10 à 15 ans pour la plupart) ne sont pas forcément très attentifs à leur environnement, et notamment autour du car. Quant aux observateurs extérieurs, les institutionnels (gestionnaires de voirie, gendarmes, pompiers) sont assez partagés puisque 50% trouvent le pictogramme efficace sur les automobilistes mais 30% ne sont pas très convaincus. Lorsque le ralentissement est constaté, est-il très sensible ? Les élèves utilisant les autocars équipés du pictogramme ont perçu à 53% un petit ralentissement. Les 39% de «non-réponses» confirment ce peu dattention des enfants à leur environnement routier. Les conducteurs dautocars équipés considèrent, pour 20% dentre eux, que les automobilistes ralentissent très nettement aux abords du car... et donc du pictogramme. Les 80% restants ont remarqué au moins un léger ralentissement. Toujours aussi circonspects (17% de non-réponses), les institutionnels admettent néanmoins très majoritairement (83%) un léger ralentissement. Ainsi, la plupart des observateurs reconnaissent une réaction positive des automobilistes même si elle nest pas forcément forte. Le point de vue des automobilistes a été étudié. Sur la compréhension du message, les automobilistes savent à 95% que lorsque le pictogramme à éclairement fonctionne, ils doi- vent ralentir. Les autres (5%) pensent quil faut sarrêter. Lorsquon leur demande si les autres automobilistes ont de bons comportements, la réponse ne manque pas dintérêt. Si 36% affirment avoir constaté un ralentissement lors du dépassement ou du croisement des autocars, ils sont 57% à regretter le manque de réaction des autres automobilistes. La perception contradictoire entre automobilistes et autres observateurs (notamment les conducteurs de cars) reste difficile à expliquer mais peut se comprendre si lon prend en compte la nature de lobservation. Il est certain que les conducteurs scolaires sont particulièrement sensibilisés à la sécurité des élèves qui montent ou descendent de leur véhicule. Ainsi, naturellement, leur observation est présumé plus aiguisée, surtout vis-àvis des automobilistes croisant ou doublant lautocar. Ce sont eux qui sont les plus favorables au pictogramme à éclairement. De plus, les automobilistes doivent, alors quils sont eux-même dans le flux de circulation, estimer un changement de vitesse. Leur observation apparaît donc moins fiable. Le pictogramme à éclairement a déjà été exposé lors de salons professionnels TRANSPORTS SCOLAIRES N°128 - 1ER TRIMESTRE 2000 Lévaluation du pictogramme à éclairement a porté enfin sur sa visibilité dans des conditions dexpérimentation différentes. A la question posée sur «lefficacité» du pictogramme a u x automobilistes et aux autres observateurs (sauf les enfants), les réponses apparaissent très homogènes et convergentes. Le pictogramme semble très visible la nuit et par temps de pluie. Par temps de brouillard, les automobilistes apparaissent moins affirmatifs même sils sont 84% à DOSSIER réglementation Enfin une enquête auprès des pompiers a montré leur préférence -quand cela était possible pour des aires darrêt complètement en dehors des flux de circulation. Parallèlement, ils ont tous affirmé que le pictogramme à éclairement participait à une amélioration de la sécurité des enfants. A noter également, lexpérimentation ayant duré environ un trimestre, aucun effet daccoutumance na été constaté (pas daugmentation des vitesses au fil des mois). En conclusion de cette synthèse de lexpérimentation du pictogramme à éclairement, il apparaÎt très clairement que cet équipement apporte une amélioration sensible de la sécurité des enfants à proximité de lautocar. Les ralentissements dautomobilistes ne sont pas forcément très Lefficacité du pictogramme à éclairement (en % total des réponses) Automobilistes Institutionnels (forces de l'ordre + DDE) Oui Non Non réponse Oui Non Non réponse La nuit 100 0 - 83 - 17 Par temps de pluie 92 5 3 100 - - Par temps de brouillard 84 10 6 100 - - Par grand beau temps 34 50 16 17 83 - marqués, mais ils sont constatés. considérer le pictogramme «effiCe qui laisse supposer que luticace». Par contre, le pictolisation du pictogramme à éclaigramme à éclairement par grand rement doit être promue sans beau temps est moins efficace, quelle soit larme absolue contre perception partagée à la fois par les accidents graves de traversée les automobilistes et les institude chaussée à proximité des vétionnels. Néanmoins, on peut supposer que les conditions de visibilité sont optimales « Lexpérimentation ayant duré par grand beau temps. En cas environ un trimestre, aucun effet de freinage urgent, les disdaccoutumance na été constaté. » tances darrêt sont plus courtes. La présence dun autocar hicules de transport collectif. est détectée par lautomobiliste Doit être développée une stratésans aucune difficulté. En outre, gie européenne de réduction des en fonction des critiques qui ont dangers (aménagement de laire, été formulées, le concepteur du sensibilisation des jeunes et des pictogramme a intégré un variaautomobilistes, ... ) au coeur de teur dintensité lumineuse en laquelle le pictogramme à éclaifonction de léclairage extérieur. rement a toute sa place. La critique formulée perd donc maintenant de sa substance. 15 DOSSIER réglementation L'interview Christian THEOPHILE Chef du service des transports au Conseil général de lOise «...le souci de sécurité des transports de jeunes a guidé notre réflexion...» Le Conseil général de lOise sest lancé très tôt dans une politique déquipement de véhicules scolaires, à la fois en contours de sécurité 3M et en pictogrammes à éclairement. Pourquoi ? C.T. - Comme toutes les autorités organisatrices de transport, le souci de sécurité des transports de jeunes a guidé notre réflexion et sest traduit par une stratégie dirigée dans trois directions : vers les infrastructures avec la matérialisation de 900 points darrêt sur lignes régulières et la pose de 500 abribus, avec les équipements de sécurité correspondants ; vers les élèves, en sassociant chaque année avec les campagnes de sensibilisation de lANATEEP ou en organisant des opérations ponctuelles à la demande des chefs détablissement ; enfin vers léquipement des véhicules. On a engagé un programme englobant léquipement en système de radiotélécommunication (soit téléphonie mobile soit lien avec lentreprise), linstallation des bandes latérales et arrière de 3M, et les pictogrammes à éclairement. Ce projet a été lancé voilà déjà trois ans, où lon a équipé une dizaine de véhicules afin dexpérimenter ce pictogramme à éclairement. En deux ans, on va arriver à un total de 350 véhicules équipés. Le Conseil général a inscrit une nouvelle enveloppe au budget primitif 2000 pour continuer le programme. Cest presque tout le parc de véhicules ? Cest donc une charge importante C.T. - Effectivement, il restera encore une tranche pour que tout le parc soit équipé. Ce sont des mesures financées à 100 % par le Conseil Général pour lacquisition de matériaux mais la collaboration des entreprises de transport nous est précieuse puisquelles assurent la pose des pictogrammes sur les véhicules. Il faut savoir que cest un investissement relativement important des entreprises, soit une heure et demi ou deux heures de travail par jeu. En fait, cela dépend des véhicules. Les plus récents dentre eux sont construits avec des pré-équipements qui facilitent la pose. Pourquoi avoir pris le risque de lancer ce programme avant même une quelconque homologation1 ? C.T. - Lautorisation nationale dexpérimentation nous a semblée suffisante pour lancer le programme. Cest vrai qu"on a joué un petit peu gagnant dans cette affaire-là", sachant que le produit était néanmoins reconnu par lANATEEP. Son utilité nétait pas remise en cause. Le simple fait dune autorisation ministérielle nous faisait penser, à Transports scolaires dans l'Oise l 55 000 élèves transportés. l 450 cars. l Budget de transport scolaire : 190 Millions de francs en 1999. l 63 lignes régulières. l 250 services spécialisés. l 20 entreprises de transport dont 10 exclusivement scolaires. l Gratuité totale pour les familles. 16 juste titre, que cela ne pouvait déboucher que sur une autorisation définitive. On pensait que ça viendrait un peu plus vite, il faut bien le reconnaître, mais comme nous nous étions engagés dans le programme il aurait vraiment fallu un blocage, une interdiction formelle de la part des autorités. Nous ny croyions pas trop Jouons au jeu des points négatifs et positifs ? Le "pour" du pictogramme à éclairement ? C.T. - Dabord son aspect novateur. En matière de sécurité, il faut toujours se remettre en question. Le fait de sortir un nouveau produit censé alerter les usagers de la route au moment le plus difficile, à larrêt, répondait tout à fait à notre souci de sensibiliser les automobilistes pour quils fassent attention à proximité dun autocar à son arrêt Et le négatif ? C.T. - On a eu quelques petites difficultés techniques au départ. Quelques appareils ont été défaillants mais ils ont été immédiatement changés par la société qui nous les procure. Nous avons également souhaité une petite adaptation technique. A lorigine, le pictogramme était alimenté sur le côté. Et on sest aperçu en discutant avec les entreprises quil valait mieux les alimenter par le haut ou par le bas pour une facilité de pose. Les transporteurs sont-ils favorables au concept ? C.T. - Sur le principe, oui. On a reçu tout de suite ladhésion des entreprises. Ce sont des professionnels et le métier de conducteur nest pas si facile ! Toutes les mesures qui vont dans le sens dune recherche dune plus grande sécurité sont bien accueillis par les conducteurs euxmêmes, et par les entreprises de transport. Dans le cadre de la remise en appel doffres de tous les lots en 1999, pour la rentrée de septembre 1999, on a rendu ces dispositions obligatoires. Léquipement complet du parc de 450 véhicules sera réalisé avec le fi- TRANSPORTS SCOLAIRES N°128 - 1ER TRIMESTRE 2000 Le pictogramme DOSSIER réglementation L'arrêté Caractéristiques du matériel expérimenté Dimensions : 250 x 250 (petit modèle), 400 x 400 (grand modèle). Epaisseur inférieure à 4 mm. Poids : 400 g (petit), 800 g (grand). Face rétroréfléchissante en Scotchlite 3M Diamond Grade agréé UTAC. Eclairement par diodes électroluminescentes : 85 diodes (petit modèle) ou 138 diodes (grand modèle). Voltage : 12v ou 24v. Ampérage : moins d'un ampère pour le jeu. Système auto-agrippant de fixation 3M (Dual Lock). Production et diffusion de ces modèles Mélisey Electronique - Z.I. route de Tonnerre 89430 Mélisey Tél. 03 86 75 77 32 - Fax : 03 86 75 72 57 nancement du Conseil Général. Le renouvellement fait lobjet dune disposition conventionnelle prévue au cahier des charges, en ligne régulière et en service spécifique. Par rapport à votre expérience, avez-vous eu des remontées dinformation de la part de parents délèves, ? C.T. - Peu de remontées. Mais, par expérience, je dirais que cest plutôt positif, les usagers ayant lhabitude de dire surtout leur mécontentement. On a eu par contre des réactions positives de chefs détablissement, que lon rencontre régulièrement, car ils sont satisfaits des efforts constants que lon fait en termes de sécurité. Daileurs, nous savons évidemment quà léchéance des nouvelles conventions, cest-àdire dans 6 ans pour les services spécifiques et 8 ans pour les lignes régulières, nous aurons sans doute des nouveautés à mettre en place dans les futurs contrats. Il faut toujours une recherche permanente daméliorations. Quel bilan tirez-vous de ce programme ? C.T. - Le bilan, pour moi, il est très bon dans la mesure où, hormis quelques petits problèmes de montage liés à la nouveauté du produit, aujourdhui, cest complètement rentré dans les murs. Les transporteurs sont dans lat- tente. Ils savent très bien quon va relancer dès le début 2000 la troisième phase du programme. Ils attendent donc de pouvoir monter leurs équipements. Cest vrai que cest pendant la période hivernale que lefficacité est la plus reconnue ; le matin et le soir, il fait nuit noire ! Si vous aviez un seul conseil à donner aux organisateurs désireux de se lancer dans ce programme, que leur diriez-vous ? C.T. - Le faire en plusieurs étapes. Je crois que ça permet une communication à chaque nouvelle phase. En ce début 2000, pour ce qui nous concerne, le lancement de notre troisième phase va nous permettre de rappeler ce qui a déjà été fait, insister sur les objectifs, sensibiliser «un maximum» le public sur cette opération. Bien sûr, ces étapes impliquent dêtre un peu moins efficaces sur tous les secteurs à la fois, mais ça permet de donner la piqûre de rappel sur ces mesures de sécurité. Il faut mobiliser lusager en permanence sur ces problèmes PROPOS RECUEILLIS PAR ERIC BRETON NOR: EQU S 99/01692/A J.O. du 10 décembre 1999 ARRETE DU 23 NOVEMBRE 1999 modifiant larrêté du 2 juillet 1982 relatif au transport en commun de personnes Le ministre de léquipement, des transports et du logement, Vu le code de la route et notamment son article R 105 ; Vu larrêté du 2 juillet 1982 relatif au transport en commun de personnes, modifié en dernier lieu par larrêté du 28 septembre 1999 ; Sur proposition de la directrice de la sécurité et de la circulation routières ; ARRETE : Article 1er : Lannexe 7 de larrêté du 2 juillet 1982 susvisé est complétée par un nouvel alinéa ainsi rédigé : Le pictogramme peut être muni dun éclairage de couleur jaune soulignant la silhouette des personnages sans en masquer le contour et conçu et construit de telle façon que, dans les conditions normales dutilisation et en dépit des vibrations auxquelles il peut être soumis, léclairage produit soit de position fixe et dintensité variable, non éblouissant et visible la nuit par temps clair à une distance de 100 mètres. La fréquence des clignotements doit être de 90 clignotements par minute avec une tolérance de ± 30. Article 2 : Larticle 76 de larrêté du 2 juillet 1982 susvisé est complété par lalinéa suivant : Lorsque le signal de transport denfants est muni dun éclairage soulignant la silhouette des personnages, cet éclairage ne doit être utilisé quà larrêt du véhicule lors de la montée ou de la descente des enfants. Il est toléré que léclairage reste utilisé pendant une durée maximale de 20 secondes après le redémarrage du véhicule. Article 3 : La directrice de la sécurité et de la circulation routières est chargée de lexécution du présent arrêté qui sera publié au Journal Officiel de la République française. Fait à Paris, le 23 novembre 1999 1- Jusquà larrêté du 23 novembre 1999, le pictogramme à éclairement bénéficiait dune autorisation nationale dexpérimentation donnée par le ministère de léquipement, des transports et du logement. TRANSPORTS SCOLAIRES N°128 - 1ER TRIMESTRE 2000 Pour le ministre et par délégation : La directrice de la sécurité et de la circulation routières Isabelle MASSIN 17