Starbuck

Transcription

Starbuck
"Julie
des
Batignolles",
charmant hommage aux mots des
années cinquante
Lors de son dernier passage au théâtre La Bruyère, Eric
Métayer avait fait un carton, grâce à une pièce récompensée de
deux Molières (à l’époque où ceux-ci avaient encore cours).
C’était avec Les 39 Marches, d’après Alfred Hitchcock, qui a
tenu l’affiche pendant un peu plus de 500 représentations.
Pour Julie des Batignolles,
scène la pièce d’un auteur
qui est un modeste hommage,
comme à Michel Simon, et
« Tontons Flingueurs ».
Eric Métayer choisit de mettre en
presque inconnu (Pascal Laurent),
drôle et tendre, à Michel Audiard
plus largement à l’époque des
L’histoire présentée sur scène est celle d’une bande de
branques à l’argot jaillissant de la bouche comme l’eau d’une
source, qui décident de réaliser un kidnapping contre rançon.
Le projet est de récolter assez de thunes pour financer un
coup plus dingue : casser la Loterie Nationale. Bien
évidemment, rien ne se passe comme prévu : l’otage est prise
de logorrhée permanente, le plus jeune de la bande a la
vivacité d’esprit d’une brique et pour couronner le tout, la
planque qu’ils pensaient sûre ne l’est pas tant que ça…
Toute cette histoire (un peu longue de temps à autre) est
portée par les deux cerveaux de la bande (Philippe Lelievre et
Viviane Marcenaro), très bons dans leurs rôles respectifs. Le
spectacle est charmant, plein d’humour. C’est un plaisir
d’entendre ces mots parigots vieillis en fût de chêne, avec la
répartie et le sens de l’image qui les accompagne. Des paroles
qui nous plongent dans une bonne intrigue à tiroirs au cœur
des années cinquante, sans plagiat ni exagération.
Pratique : Depuis août 2012 au théâtre La Bruyère, 5 rue La
Bruyère (IXe arrondissement, Paris) – Réservations par
téléphone au 01 48 74 76 99 ou sur www.theatrelabruyere.com /
Tarifs : entre 10 € (jeunes) et 40 € (1ère catégorie).
Durée : 1 h 50
Texte : Pascal Laurent
Mise en scène : Eric Métayer
Avec : Philippe Lelievre, Viviane Marcenaro, Thierry Liagre,
Manon Gilbert et Kevin Métayer
PROFIT-ons en!
Quand Machiavel (1) rencontre Don Juan (2) et Dorian Gray (3)
dans une multinationale américaine des années 90 ça donne :
PROFIT.
Jim Profit (Adrian Pasdar) est le héros en col blanc de cette
série co-réalisée par David Greenwalt et John McNamarra par
la chaîne FOX. Malgré toutes ces séries qui déboulent sur le
marché un petit retour sur cette perle d’une seule saison
sortie en 96 n’est pas fortuit.
Une série en costards d’époque
Après quelques images on ne peut que mesurer l’ampleur de
l’évolution du monde du travail, évolution visible à l’œil nu.
Ce n’était « que » 16 ans plus tôt et pourtant en matière de
style et d’accessoires tout semble trop grand, trop gros, trop
large si bien que parfois on a l’impression de regarder un
film d’époque. Ça ne brûle pas la cornée mais les cravates
bariolées irritent tout de même un peu. Les costumes de ces
messieurs, les tailleurs de ces dames sont extra-larges et
donnent des silhouettes cocasses aux jeunes requins
présomptueux qui les portent.
Quant aux vilains (très) gros ordinateurs sans navigateur, ils
ne laissent guère présager la bureautique actuelle. Diantre
pas d’Internet et une 3D assez folklo, ça fait drôle ! Même la
déco des bureaux de Gracen & Gracen pourtant supposés être une
société parmi les plus high-tech et grand luxe, prêtent à
sourire. Alors quand, au plus fort du suspense, un jingle
musical de type vieux rock est lancé à plein tube, là c’est
bon on rigole. On rigole mais on est tout de même
ostensiblement fasciné car les problématiques soulevées par le
personnage principal, elles, n’ont pas pris une ride.
Un précurseur charismatique
Psychopathe ambitieux et séducteur
hypnotique, Jim Profit est le pilier de
la série. Il est motivé, intelligent et
il ne compte pas ses heures. Il pourra
l’écrire sur son CV. Mais s’il devait
énoncer des défauts il aurait bien trop
le choix…
Un lien de parenté ténu fait de lui le père ou a minima « le
tonton » de bons nombres de personnages au panthéon des séries
cultes.
– Un regard acéré sur le monde du travail et les intrigues de
bureau.
Don Draper (Mad Men 2007), as-tu changé de costume !?
– Une éthique très personnelle, faites de malversations,
chantages, extorsions, intimidations, viles manipulations.
Tony Soprano, serait-ce donc toi (The Sopranos 1999) ?
– Une double vie bien huilée. D’un côté un employé de bureau
serviable et de l’autre un homme capable de tuer de sang froid
son propre père.
Dexter Morgan (Dexter 2006), n’as-tu donc rien inventé !?
Trop pour l’époque
Jim Profit est un prédateur de la plus vieille espèce, pas
un Tricératops, un Tyrannosaure Rex. Il incarne le capitalisme
dans sa forme la plus féroce et perverse. Il a les dents qui
raient le parquet (et arrachent la moquette) et cache un passé
plus que sombre. En ce sens il est repoussant. Il est amoral
et mu par sa recherche de vengeance et de pouvoir, mâchoire
serrée, bien décidé, il a un but et n’en démordra pas.
Lors des premières diffusions TV,
Est-ce l’aspect capitaliste extrême qui troubla ?
Sont-ce les rapports incestueux avec sa mère qui
choquèrent ?
Est-ce que le téléspectateur s’est tristement reconnu
dans le personnage avant de le rejeter ?
Nul ne le saura jamais.
Mais, un mythe toujours vivace 16 ans plus tard est
intriguant, n’est-ce pas ?
(1) Nicolas Machiavel est un penseur italien de la
Renaissance, philosophe et auteur notamment de l’ouvrage Le
prince qui regroupe des théories sur la guerre.
(2) Don Juan, célèbre personnage de Molière inspiré à
l’origine du Don Juan de Tirso de Molina de 1630.
(3) Dorian Gray, personnage principal du roman Le Portrait de
Dorian Gray d’Oscar Wilde, publié en 1890.
Distribution
Adrian Pasdar : Jim Profit
Lisa Zane : Joanne Meltzer
Sherman Augustus : Jeffrey Sykes
Lisa Blount : Roberta « Bobbi » Stokowski
Lisa Darr : Gail Koner
Keith Szarabajka : Charles Henry « Chaz » Gracen
Jack Gwaltney : Pete Gracen
Allison Hossack : Nora Gracen
Scott Paulin : Jack WaltersGracen
Jennifer Hetrick : Elizabeth Gracen Walters
Don S. Davis : l’ancien Shériff
Merci à Olivier T. pour cette découverte.
Impasse de la Providence Shmuel T. Meyer
Petites misères, bonheurs fugaces, joies intenses.
La trentainte de brefs récits que nous conte Shmuel T. Meyer
dans son troisième recueil de nouvelles sont autant de
fragments de vies. Vies consacrées au travail, à la
littérature, à l’étude des textes sacrés, à la photographie, à
la communauté ou encore à la famille.
Au travers du récit de ses existences, c’est l’histoire de
l’Etat d’Israël et de son peuple que le lecteur découvre ou
redécouvre.
La force de la tradition qui se trouve confrontée à
l’émergence de milieux artistiques.
Mais aussi des rêves de vie qui s’effondrent. Des relations
adultères. Des souvenirs éternels.
Des passions qui s’allument. Des vies qui s’éteignent.
Des amitiés qui naissent. Des carrières qui prennent fin.
Toujours saisissants, souvent marqués du sceau de l’ironie et
de l’humour, les récits de Shmuel T. Meyer ne laissent jamais
indifférents.
Seul regret que l’on peut avoir à la lecture de ce livre …
celui de devoir se séparer des personnages quelques pages
seulement après avoir fait leur connaissance.
Auteur : Shmuel T. Meyer
Editeur : Gallimard
Date de parution : 18/05/2011
ISBN : 2070133435
"Six personnages en quête
d'auteur" : Drame familial
entre réalité et fiction
Copyright
Carecchio
:
Elisabeth
Créée au festival d’Avignon, cette version de la pièce avec
laquelle Pirandello a connu son premier succès auprès du
public est bien construite, et heureusement adaptée à
2012. Ces dernières années, le drame pirandellien est souvent
représenté de manière ennuyeuse. La faute ne vient pas du
maître italien ni (forcément) de ses metteurs en scène
modernes, mais du texte original. Souvent daté, poussiéreux,
il ne correspond plus à notre époque, notre réalité.
Et pourtant, la question de la réalité est au cœur même de
cette pièce écrite en 1921. Réécrite par Stéphane
Braunschweig, elle ne prend pas un nouveau sens « actuel »,
mais retrouve tout simplement son intérêt universel, avec son
lot de questions à la fois drôles et captivantes. La pièce est
d’ailleurs présentée comme « d’après » Pirandello. Une nuance
qui s’avère bienvenue.
Nous, spectateurs, assistons en catimini à la réunion d’une
troupe en train de s’ennuyer pendant une séance de travail à
table avec son metteur en scène (Claude Duparfait, brillant
acteur !). Les comédiens sont perdus et entraînent leur
directeur dans un questionnement sur le théâtre et l’intérêt
du texte s’il n’est pas habité par l’acteur. Arrivent alors
dans la pièce les six personnages. Visiblement, le drame les
habite, mais l’auteur qui les a imaginés ne l’a jamais écrit.
Ils ressentent le besoin impérieux qu’un écrivain s’en charge
tout de même.
Le metteur en scène de la troupe n’accepte pas immédiatement
la demande qui lui est soumise par cette étrange famille, mais
à force de réflexion il s’engage à retranscrire l’horreur qui
les hante, à condition que ce soit avec ses acteurs. Il est
vrai que le théâtre se doit d’être une imitation et non pas la
retranscription de la réalité… La scénographie qui accompagne
la création est un beau clin d’œil en ce sens…
Quand les personnages commencent à jouer c’est très confus,
conformément à la structure originale, ils veulent raconter
leur histoire mais n’y arrivent pas par eux-mêmes. On ne
comprend la toile du drame qu’à partir du moment où ils
commencent à être guidés. Cette partie de la pièce est
difficile à suivre, ce qui est logique puisque nous ne sommes
pas censés être là (c’est une répétition). On accroche un peu
plus quand, comme dans les contes pour enfants, on comprend
que le personnage de théâtre est dans le même cas que le héros
mythologique : tous deux ont besoin que nous croyions en eux
pour exister.
Sauf que là, c’est un peu l’histoire du Dr. Frankenstein à
l’envers : la créature (ici, la famille) a échappé au maître
(le metteur en scène) avant même d’avoir été créée. Peu à peu,
ce dernier dompte la réalité qu’expose la famille pour en
sculpter un vrai drame théâtral.
Finalement, Braunschweig fait de ces « Six personnages en
quête d’auteur » une intéressante pièce manifeste, en
utilisant le corps de celle-ci pour pauser un certain nombre
de questions sur le théâtre d’aujourd’hui. Quel est l’intérêt
d’un texte figé ? Qu’en est-il de la possibilité de l’écriture
collective ? Quelle part de l’inconscient de l’acteur joue
dans une incarnation ? Jusqu’à quel point un acteur doit-il
s’approprier le personnage ? Ici le comédien peut créer un
fossé avec la personne qu’il interprète. Lui finit sa journée
et sort du personnage, mais le personnage de son côté reste
prisonnier de son drame comme Tantale de son supplice,
condamné à le revivre chaque soir sur scène. N’est-ce pas là
que réside l’horreur même ?
Pratique : Jusqu’au 7 octobre dans le Grand Théâtre de La
Colline – Théâtre National.
Réservations au 01 44 62 52 52 ou sur www.colline.fr / Tarifs
: entre 14 et 29 €.
Durée : 1 h 55
Texte (d’après Pirandello) et mise en scène : Stéphane
Braunschweig
Avec : Elsa Bouchain, Christophe Brault, Caroline Chaniolleau,
Claude Duparfait, Philippe Girard, Anthony Jeanne, Maud Le
Grévellec, Anne-Laure Tondu, Manuel Vallade et Emmanuel Vérité
Tournée :
Du 10 au 20 octobre 2012 au Théâtre National de Bretagne
(TNB), Rennes
Du 24 au 26 octobre 2012 à La Filature, Scène nationale,
Mulhouse
Les 8 et 9 novembre 2012 au Théâtre de L’Archipel, Scène
nationale, Perpignan
Du 14 au 16 novembre 2012 au Théâtre de la Cité, Théâtre
national de Toulouse-Midi-Pyrénées (TNT)
Du 22 au 24 novembre 2012 à la Scène nationale de
Sénart, Combs-la-Ville
Les 28 et 29 novembre 2012 à La Passerelle, Scène
nationale, Saint-Brieuc
Du 5 au 7 décembre 2012 au Centre dramatique national
Orléans/Loiret/Centre
Les 12 et 13 décembre 2012 à la Comédie de Valence,
Centre dramatique national
Les 20 et 21 décembre 2012 au Centre dramatique national
de Besançon et de Franche-Comté
Les 10 et 11 janvier 2013 au Théâtre Lorient, Centre
dramatique national de Bretagne (CDDB)
Du 16 au 18 janvier 2013 au Théâtre de Caen
Starbuck - Je suis ton père
...
David Wozniak héros ou zéro ?
Bienfaiteur dans le besoin d’une clinique de fertilité, cet
Apollon bientôt quadragénaire se retrouve poursuivi par son
passé. Et un passé à 1066 jambes … forcément vous rattrape
rapidement !
Puisqu’il nous a emballés, tentons de dresser un portrait aux
rayons X de ce personnage attachant.
Qui du héros
(
) ou du zéro (
) l’emportera ?
– Cheveux hirsutes
Le cheveu hirsute est l’apanage du penseur, philosophe ou
mathématicien. Vous imaginez, vous, Albert Einstein avec la
raie au milieu et les cheveux plaqués?! Non! David Wozniak
n’est pas du genre gominé.
Allez, allez, le style hipster c’est déjà dépassé!
– Barbe naissante
Cette barbe naissante (pour rester dans le thème qui nous
intéresse aujourd’hui…) lui permet sans aucun doute d’aborder
la jeune génération bardé d’une aura positive. Un a priori
positif. Un quelque chose qui nous dit que cet homme là est
gentil. Qu’il n’a pas tout à terminé sa transformation en
adulte.
Enfin David ? Même au Canada, Gilette Mach 3, vous devez
connaître quand même, ça fait très négligé!
– T-shirt délavé
Le t-shirt délavé pas net ça fait pas très mature voire
carrément ado attardé. Un vrai rebelle ce David, ni dieu, ni
maître. David ne craint personne à part son employeur de père
immigré polonais dur à cuire de la vieille époque.
Le t-shirt délavé pas net ça fait pas très mature voire
carrément ado attardé et fauché…
– Jean troué
A l’arrache David, non jamais! Après le « jean
boyfriend » le « jean Wozniak », le must de l’été 2012. Se
porte sale, troué et large.
Toile râpée, couleur fanée un tel falzar démontre un
certain laisser-aller… Tu n’es pas vraiment de ceux qui
prennent le taureau par les cornes mais de ceux qui courent
pour ne pas se faire encorner et tentent parfois des feintes
audacieuses pour détourner la bête.
– Vieilles baskets
Les baskets, même défraîchies, sont un vrai plus quand on
doit pouvoir pousser une pointe, poursuivi par des enfants
biologiques en mal de père ou des créanciers peu amènes.
Sans aller jusqu’à soutenir ceux qui disent que les
chaussures reflètent beaucoup de la personnalité de celui qui
les porte… disons que tu ne respectes guère le dicton de
l’élégante Coco Chanel disant qu’il faut toujours « soigner
les extrémités » .
– Appartement
Ami camelot et adepte du « Bon coin » tu as trouvé la
caverne d’Ali Baba ! Un joyeux bric-à-brac témoin d’une vie
bien remplie et d’une passion pour le ballon rond
Ces dames de « C’est du propre » vont s’arracher les
cheveux, la déco passe encore mais la crasse, ça ne passera
pas. Chance de survie d’un bébé dans un milieu hostile comme
ton appartement : 1 heure max !
Héros ou zéro … qu’il est difficile de départager !
Et pourtant, quand on y réfléchit bien, qu’on prend un peu de
recul avec ce film, qu’on y repense quelques jours après …
Tous ces éclats de rire pendant la séance. Toute cette
simplicité dans ses rapports aux autres. Tout ce bien qu’il
nous a procuré pendant presque 2 heures.
Sans conteste, David Wozniak est un héros des temps modernes !
Justement car il représente cette certaine idée du zéro à
laquelle nombreux sont ceux qui aspirent.
A la rencontre de plusieurs générations, la sienne à laquelle
il ne veut pas ressembler, et la suivante, celle de ses
enfants, dans laquelle il s’intègre sans problème … bien
malgré lui, et parfois au désespoir de son entourage !
Point positif tout de même, en entamant la quête de leur père
biologique, les 533 enfants du généreux donateur ne se
doutaient certainement pas qu’ils allaient découvrir un
personnage aussi attachant que ce David Wozniak.
Et pour terminer, un dernier conseil …
Si vos parents ont voyagé au Canada dans les années 80,
Et si vous avez un doute sur la paternité de David Wozniak à
votre endroit.
Un test de paternité est disponible sur le site internet,
sait-on jamais …
http://www.starbuck-lefilm.com/test-paternite/.
Réalisation : Ken Scott
Scénario : Ken Scott et Martin Petit
Production : André Rouleau, Caramel Films
Direction photo : Pierre Gill
Montage : Yvann Thibaudeau
Costumes : Sharon Scott
Compositeur : David Laflèche
Casting
Patrick Huard : David Wozniak
Julie Le Breton : Valérie, la petite amie de David
Antoine Bertrand : l’ami avocat
Igor Ovadis : le père de David
Marc Bélanger : Paul, frère de David
David Michaël : Antoine, un fils de Starbuck
Patrick Martin : Étienne, un fils de Starbuck
David Giguère : le porte-parole des enfants de Starbuck
Sarah-Jeanne Labrosse : Julie, une fille de Starbuck
Patrick Labbé : Maître Chamberland
Dominic Philie : l’autre frère de David
Rentrée
Gaîté
en
légèreté
à
la
Lorsque l’on sort rue de la Gaîté à Paris, c’est la légèreté
et les réjouissances que l’on recherche (je fais ici allusion
aux différents théâtres qui la jalonnent et non aux sexshops). Cependant on ne sait jamais quel sort sera réservé à
nos zygomatiques ?! Rira-t-on gras, jaune à la folie ou pas du
tout ?
Avec la pièce Une semaine pas plus au Théâtre de la GaîtéMontparnasse on rit sans se forcer et on retrouve le pavé de
la Gaîté, guilleret.
Un scénario prétexte à des débordements réjouissants
Le scénario est simplissime. L’un (Paul) s’est lassé de
l’autre (Sophie), sa moitié, et souhaite s’en débarrasser. Non
pas la zigouiller, on ne rejoue pas un épisode de « Faites
entrer l’accuser », plutôt l’éjecter cordialement de
l’appartement qu’ils occupent ensemble. Pour cela, Paul aurait
pu agir seul et parler à cœur ouvert à celle qui fut sa
dulcinée. Mais non, c’est une manière détournée que Paul va
plébisciter en passant par l’entremise (non de sa tante
Artémise*, mais celle) de son meilleur ami (Martin).
La mayonnaise prend doucement mais elle prend bien
Progressivement les éléments du subterfuge imaginé par Paul
(Clément Michel) pour faire fuir Sophie (Maud le Guénédal) se
mettent en place : le décor, la dynamique et les rôles de
chacun. La pièce mise en scène par David Roussel et Arthur
Jugnot (le fils de Gérard) pâtit de certaines longueurs mais
la mayonnaise monte joyeusement. Il faut dire que Clément
Michel s’y emploie avec fièvre et mouille la chemise. Fairevaloir agité de ses comparses, il besogne en Sganarelle
contemporain pour mettre en place sa supercherie : un beau
château de sable.
La théorie du château de sable.
Bien malgré lui, la troisième roue du carrosse, Martin
(Sébastien Castro), est embarqué pour pourrir le quotidien du
petit-couple. Mais c’est une bonne pâte ce Martin. Il est
jovial, facile à vivre, bricolo et bien élevé…. Sauf quand on
lui demande d’être « vilain ». Là, Sébastien Castro se lâche
et comme un môme sur la plage, piétine le château de sable
dans une interprétation récréative à souhait de son
personnage. Le fauve est lâché. Quelle fripouille ce Sébastien
Castro qui sait faire rire sans tomber dans le lourd ou la
simplicité. Voici un acteur à suivre avec, à son actif, une
série de pièces qui a très bien fonctionné.
Gage de la bonne humeur qui rayonne de la pièce, on sent
parfois le fou-rire poindre entre les trois acteurs. A la
ville on ne sait pas – ceci ne nous regarde pas- mais à la
scène ces trois là s’entendent à merveille. Un trio bien
huilé, on ne regrette pas son choix. Une semaine pas plus est
une comédie fort sympathique.
Gaîté Montparnasse
2 rue de la Gaîté
75014 Paris
http://www.gaite.fr/actualite-theatre.php
Une comédie de Clément Michel
Mise en scène par Arthur Jugnot et David Roussel
Avec Sébastien Castro (Martin), Maud Le Guénédal (Sophie) et
Clément Michel (Paul).
*Vous aviez évidemment reconnu les paroles de la chanson Le
Telefon de Nino Ferrer !
5 bonnes raisons de découvrir
Game of Thrones
Vous en avez entendu parler, vous avez peut-être même aperçu
quelques images, le dernier phénomène TV s’appelle Game of
Thrones.
Peut-être parce que les personnages sont habillés à la mode
médiévale ou alors parce que vous avez entendu le mot
« fantasy », vous vous êtes dit que ce n’était pas pour vous
et pourtant… voici 5 bonnes raisons de découvrir la nouvelle
série de HBO.
En matière de séries, vous avez déjà transhumé plusieurs fois
de la côte Est à la côte Ouest américaine*.
Heureux qui comme Ulysse a fait un long voyage :
de Malibu (Baywatch) à Atlantic City (Boardwalk Empire),
de Los Angeles (Mac Gyver) au New Jersey (The Sopranos),
puis par exemple de la Nouvelles Orléans (Treme) à San
Francisco (Monk),
de Baltimore (The Wire) à Miami (Dexter),
ou encore du mortel comté du Kentucky (The Walking Dead) à
Albuquerque au Nouveau-Mexique (Breaking Bad).
Mais le téléspectateur, même avide, que vous êtes en a les
jambes fourbues. Le petit détour à Rome ne vous a pas
tellement détendu…
1. Envie d’ailleurs ?
Vous n’êtes peut-être pas
désireux de vous (re)plonger
dans un univers américain ou
américanisé. En revanche qu’en
serait-il d’aventures dans une
nouvelle « Terre du milieu »?
Au travers de la saga littéraire Le Trône de fer, George R. R.
Martin, a mis au monde un univers constitué de 7 royaumes
avec ses propres codes, alliances et légendes : Westeros.
La transposition sur petit écran des ouvrages cultes a été
confiée à David Benioff et D. B. Weiss début 2011. La critique
a d’ailleurs salué de façon rare et unanime l’adaptation jugée
convaincante. La série se passe donc dans un monde imaginaire
de type féodal et fantastique. Le générique rythmé et primé en
2011 par un Emmy Award dévoile en prenant de la hauteur la
carte de ce nouveau monde et des villes à l’architecture
prodigieuse qui peuplent le territoire. Le décor de la série
tant extérieur qu’intérieur y est saisissant. Il a dû à n’en
point douter engloutir une bonne partie de l’impressionnant
budget estimé à entre 50 et 60 millions de dollars pour la
première saison. Au bout de quelques épisodes les noms des
cités de Winterfell ou Port-Réal vous seront presque aussi
familiers que Lyon et Auxerre … mais ne cherchez pas sur le
site de la SNCF, aucun TGV ne dessert ces fabuleuses villes.
Difficile de faire plus dépaysant !?
2. Envie de changer votre perception sur les personnes de
petites tailles ?
A bien y réfléchir, à la TV ou
au cinéma, peu de héros, gentils
ou méchants, qui fussent atteint
de nanisme. Car oui cessons donc
séance
tenante
nos
circonvolutions, nous parlons
ici d’un nain : le personnage de
Tyrion Lannister incarné par l’acteur Peter Dinklage. Tyrion
est un personnage ambivalent, ambitieux, rusé et attachant.
Ainsi, The imp (en français Le lutin ou Le nain) comme il est
appelé dans la série vous fera oublier les prestations du
serviable Passepartout de Fort Boyard.
Car si Passepartout a eu l’obligeance de conserver avec
entrain les clés des cellules du Fort, Peter Dinklage a
remporté un Primetime Emmy Award en 2011 puis un Golden Globe
en 2012 pour son rôle dans Game of Thrones. Il a donc été
sacré « Meilleur acteur dans un second rôle »
à deux
reprises.
3. Envie de passer de passer du XXème au XXIème siècle : The
Wall ?
Si lorsqu’on vous parle de « The
Wall » vous pensez aux Pink
Floyd qui donnaient de la voix
sur les ondes fin 1979 avec leur
onzième album … il va falloir
désormais changer de siècle. The
Wall au XXIème siècle désigne un
mur colossal qui délimite le royaume le plus au Nord. Ce mur
est glacé et fait l’objet de l’attention toute particulière
d’une fraternité un peu allumée et élitiste vêtue de noir et
prête à en découdre : The Night Watch (Garde de Nuit). Savoir
ce qu’il y a par delà le mur, c’est comme regarder sous son
lit lorsqu’on est petit, ça fout la frousse.
4. Envie d’une vraie intrigue ?
Dans Game of Thrones, plus de 20 personnages
principaux font progresser une intrigue dont
la construction ressemblerait à celle du
fameux stade de Pékin, le nid d’oiseau. Comme
dans l’heptalogie (7 romans) : jamais de
parti pris, jamais de personnage principal
unique. On passe donc de l’un à l’autre en
découvrant aussi bien les motivations de
chacun, que leurs petits et plus gros
secrets.
Les Arryn, Baratheon, Greyjoy, Lannister, Targaryen ou encore
Stark, tous veulent le pouvoir : le trône de fer. A grand
renfort de stratagèmes, d’espionnages, de meurtres, de
guerres, chacun mène sa barque ou son armée dans un remake un
peu plus musclé et plus tordu de « Tout le monde veut prendre
sa place ».
5. Envie de savoir ce qui va se passer quand ce fichu hiver va
débarquer ?
« Winter is coming » est la
devise de la maison Stark (non,
rien à voir avec le designer).
On ne sait guère à quoi s’en
tenir à propos de ce mystérieux
hiver. Pourquoi diantre, l’hiver
ferait-il si peur ? Certaines
jeunes générations ne l’ont
jamais connu mais parlent de
chimères assoiffées de sang, de disparitions étranges, de
mort. Quand l’été, lui, apporte prospérité et foisonnement des
biens … Cet hiver doit être dantesque pour faire ainsi
trembler les habitants parfois revêches des 7 royaumes. Il
semblerait pourtant peu probable de voir apparaître des meutes
de barbares chaussés de Uggs ou de Crocs dans un royaume
médiéval ! Mais alors, si leur style primitif est préservé,
que craignent-ils ?
Evidemment, pour profiter pleinement de cette série, il vous
faudra pardonner quelques scènes osées pas forcément très
constructives (sans vouloir jouer à « Sœur la vertu ») et
rester concentré pour mémoriser la pléiade de personnages,
mais on a dit 5 bonnes raisons de regarder Game of Thrones…
Titre original : Game of Thrones
Titre en français : Le Trône de fer
Scénario : D. B. Weiss, George R.R. Martin, David Benioff
Réalisation : Timothy Van Patten, Daniel Minahan, Brian Kirk,
Alan Taylor
Décors : Richard Roberts
Durée épisode : Environ 60min
*
Appui
documentaire
:
http://seriestv.blog.lemonde.fr/2012/01/11/une-carte-des-seri
es-americaines/
"Les
Papis
font
de
la
Résistance" (L. Sepulveda)
L’ombre de ce que nous avons été – L. Sepulveda
Coup de coeur en cette semaine de rentrée pour certains dont
je fais partie.
Ce court roman de l’auteur chilien paru en 2009 nous conte
l’histoire d’anciens révolutionnaires de Santiago.
Réunis bien des années après leurs faits d’armes (ou d’idées),
ils rêvent toujours de propager la révolution.
Et c’est bien ce à quoi ils comptent occuper leurs
retrouvailles.
Dans la chaleur étouffante de la capitale chilienne,
Arancibia, Salinas et Garmendia préparent un nouveau coup,
avec l’aide du « spécialiste ». Hélas, ce spécialiste
n’arrivera jamais, victime malgré lui de la chute d’un tournedisque qui lui est fatale.
Citation 1 :
« Concepcion Garcia fit alors une description assez cohérente
et détaillée d’une vie ratée à cause des dettes, du manque
d’espoirs et de l’indolence d’un mari qui, d’après ce que
comprirent les deux policiers, était passé d’un radicalisme
politique disparu dans les années quatre-vingt à une vie
consacrée au septième art en qualité de spectateur
domestique. »
En moins de 150 pages, Sepulveda arrive à transmettre à son
lecteur un riche aperçu de l’histoire mouvementée qu’a connu
son pays durant les deux derniers siècles.
Communisme, anarchisme, socialisme modéré, conservatisme, tous
les courants politiques qu’a connus le pays sont dépeints à
travers les luttes des différents personnages.
Citation 2 :
« Ce fameux gendre est aujourd’hui un des hommes
riches du monde, il a fait fortune en achetant
bouchée de pain les industries nationales et les a
ensuite avec des bénéfices impossibles à évaluer.Ce
les plus
pour une
revendues
doit être
dur de dormir serré contre les jambes poilues d’une idiote, à
titre de compensation il a donc reçu les forêts du Sud et en
a fait du petit bois. »
A grand renfort d’un humour bien senti et de situations
parfois absurdes, Sepulveda nous transmet l’ambiance qui
pouvait alors régner dans ce pays.
Délation et espionnage alimentaient la peur quotidienne au
ventre des habitants de Santiago.
Il n’y avait alors plus d’amis ou de voisins qui ne tenaient.
Beaucoup étaient victimes d’une amnésie subite (et subie).
La chaleur n’arrange rien au sentiment d’étouffement face aux
combats qui se déroulaient alors dans les rues, ou, plus
secrètement, dans les arrière-salles des cafés, des bureaux ou
encore des administrations. Elle est heureusement
contrebalancée, dans le récit, par bien des répliques et des
situations qui auraient fait pâlir de jalousie un des frères
de Marx (non pas le socialiste … Groucho !).
Bref, vous l’aurez compris, un livre à lire et à relire !
Instructif, documenté, et terriblement (et peut-être aussi
étrangement) drôle et loufoque.
L’Ombre de ce que nous avons été – Luis SEPÚLVEDA
Titre original : La sombra de lo que fuimos
Traduit de l’espagnol par Bertille Hausberg
Ed. Métailié
Paru le 14/01/2010
160 pages, 17 €
ISBN 978-2-86424-710-4
P.S : merci à Stef pour ce titre fabuleux !
Les Enfants de Belle Ville Dilemme sans fin
Affiche du film
Sorti en Iran en 2004, « Les Enfants de Belle Ville » est le
deuxième long métrage du réalisateur iranien Asghar Farhadi.
Il a fallu attendre le 11 juillet 2012 pour le voir à
l’affiche dans l’Hexagone. Le succès de son dernier long
métrage « Une Séparation »(dont nous vous parlions il y a tout
juste un an) a sans aucun doute été déterminant dans le choix
des producteurs français d’en faire profiter le public
français, même tardivement.
A l’image de ses autres longs métrages, Asghar Farhadi dépeint
dans « Les Enfants de Belle Ville » un portrait de la société
iranienne actuelle, souvent bien loin des clichés encore trop
répandus dans le Vieux Continent européen.
Au coeur de cette nouvelle histoire, deux jeunes gens de
Téhéran : Firoozeh et Ala.
Et cette nouvelle histoire de coeur est confrontée aux dures
réalités de la société iranienne.
Akbar, frère de Firoozeh, vient de fêter ses 18 ans dans un
centre de rétention pour mineurs, où il purge une peine de
prison pour le meurtre de sa petite amie, la fille de M.
Abolqasem. Funeste anniversaire s’il en est, puisque la
majorité est synonyme d’éligibilité à la peine capitale.
Ainsi, à peine soufflées les bougies, le voilà transféré dans
un établissement pour adultes, où il attendra l’exécution de
sa sentence. Son exécution.
Ala, un de ses comparses du Centre pour Mineurs s’engage alors
à obtenir le retrait des poursuites du plaignant, M.
Abolqasem. S’ensuit alors un chassé croisé psychologique entre
Ala, Firoozeh, M. Abolqasem, sa femme, et le religieux du
quartier.
Ni coupable ni victime
Cette course au pardon va faire naître un marathon amoureux
entre les deux jeunes gens, à l’issue conditionnée par le
destin d’Akbar.
Ce destin que l’on comprend dépendant des interprétations et
des intérêts de chacun.
Le prix du sang : deux fois plus cher pour le coupable (un
homme) que celui de la victime (une femme).
La force du pardon et de la miséricorde dans l’Islam. Ce
pardon revient sur toutes les lèvres. Mais sous ses traits de
principe inaltérable, de valeur transcendante, il cache dans
la situation présente bien des bassesses de la nature humaine,
la cupidité notamment.
Apparaissent alors nombre de dilemmes pour l’ensemble des
personnages de ce film.
Dilemme entre amour pour une fille assassinée et amour pour
une vivante.
Dilemme entre respect d’une promesse et passion amoureuse.
Dilemme entre amour conjugal et amour maternel.
La force de ce film est sans doute de ne jamais (sauf à un
moment bien précis) tomber dans la facilité. De ne jamais
essayer de simplifier les situations et les épreuves que la
vie met en travers du chemin des personnages. Et c’est bien
cette force dans le récit et dans les images que l’on a
retrouvée plus récemment dans « Une Séparation ». Comme il est
troublant d’ailleurs de ne pouvoir distinguer clairement le
Bien du Mal.
Les grosses productions ne nous y préparent bien souvent pas.
Elles préfèrent nous mâcher la réflexion, ériger des positions
nettes et franches, de peur que le spectateur ne se trompe
dans son jugement. Ne commette une erreur d’appréciation. Ne
se range du mauvais côté.
Mais dans « Les Enfants de Belle Ville », comme dans « Une
Séparation », pas de manichéisme simplificateur.
Mention spéciale
Et quitte à rapprocher « Les Enfants de Belle Ville » des
autres longs métrages d’Asghar Farhadi, il me paraît
nécessaire de mentionner l’excellente prestation de Taraneh
Allidousti (Firoozeh). La jeune actrice iranienne s’était fait
connaître du public français par son rôle d’Elly dans « A
Propos d’Elly » du même réalisateur, sorti en 2009 dans les
salles obscures. Elle interprète également Rouhi dans « La
Fête du Feu » (toujours du même réalisateur). Dans « Les
Enfants de Belle Ville », Firoozeh incarne un certaine image
de la femme iranienne. Une éclaircie brille au loin dans sa
condition de femme, mais un poids des traditions et de la
société parfois l’écrase et la blesse.
Seul bémol, car il en faut un … le dénouement …
Je vous laisse juge !
Prochain rendez-vous pour Asghar Farhadi à l’automne prochain.
Une fois n’est pas coutume, ce n’est pas Téhéran, mais la
France qui accueillera le tournage de son nouveau film, un
« thriller social » selon son producteur français Memento
Films. Dans les rôles principaux : Tahar Rahim -à l’actualité
chargée en cet été 2012- et Marion Cotillard.
A suivre donc …
Titre original : , ‫ شهر زیبا‬Shahr-e ziba
Titre français : Les enfants de Belle Ville
Réalisation : Asghar Farhadi
Pays d’origine : Iran
Durée : 1h41
Sortie en Iran : 2004
Sortie en France : 11 juillet 2012
Distribution :
Taraneh Allidousti : Firoozeh
Babak Ansari : Ala
Faramarz Gharibian : Rahmati Abolqasem
Hossein Farzi-Zadeh : Akbar
Ahu Kheradmand : la femme de M. Abolqasem
Farhad Ghaiemian : Ghafouri : le propriétaire du kiosque
Jésus et Bouddha candidats au
couch surfing
Voici des vacanciers intergalactiques dont
vous n’attendiez pas de carte postale cet été
! Et pourtant sous la plume de Hikaru
Nakamura, Jésus Christ et Bouddha en jeans Tshirt
trainent respectivement auréole de
sainteté et couronne d’épines, au pays du
soleil levant. A la cool et incognitos, ces
deux icônes religieuses personnifiées et «
personnifiables » visitent, découvrent et
s’adaptent à la vie quotidienne du XXIème
siècle.
Cocasse donc de découvrir ces deux saintetés en coloc, l’un
impulsif -Jésus-, l’autre plus réfléchi et près de ses sous
–Bouddha. Leur pèlerinage parmi les mortels se décline en
plusieurs mangas (quatre traduits en français à ce jour)
toujours gentillets
blasphématoires .
et
divertissants,
mais
jamais
Cela porte vraiment à sourire d’imaginer Bouddha au
supermarché collectant les points cadeaux ou bien Jésus qui se
gratte la tête devant la demande d’amitié sur Facebook de
Judas. L’imagination débordante de son auteur amène nos deux
compères dans le métro, à la piscine, dans un parc
d’attraction, au sauna… A l’image des aventures d’une certaine
Martine, cela pourrait durer longtemps mais attention à ne
point trop tirer sur la corde!
Le dessin, comme souvent dans les mangas, prête une attention
toute particulière aux détails et à l’hyper-expressivité du
visage. Au fil des planches en noir et blanc, Hikaru Nakamura
dévoile des découpages temporels esthétiques, exploitant
pleinement les modularités offertes par le Shitei (1).
De truculents anachronismes, liés le plus souvent au comique
de situation, se succèdent. L’œil avisé des lecteurs ne saura
louper les références, bien amenées, à leur sainte histoire
(multiplication des pains, baptême, jeûne, …). En revanche,
une fois passé le choc culturel de leur rencontre avec le
Japon de l’ère digitale et toutes ces petites pépites
humoristiques, il ne reste pas grand-chose.
L’absence d’une analyse un peu plus poussée ou tout simplement
d’une approche un peu plus caustique, qui n’apparaît tout
d’abord qu’en filigrane aux yeux du lecteur, finit par
nettement se faire ressentir …
Les Vacances de Jésus et Bouddha c’est donc un manga comique
agréable mais lisse à déguster dans une chaise longue, les
doigts de pieds en éventail et les neurones… eux aussi en
vacances.
(1) Shitei : manga de type humoristique pour petits et grands
(source Wikipedia)
Titre original : 聖☆おにいさん, Sei Onii-san (Saint Young Men)
Titre Français : Les Vacances de Jésus et Bouddha
Collection : Kurokawa
Auteur : Hikaru Nakamura
Ken Loach - La part des anges
: "Ta mère en kilt"
… Quand la jeunesse turbulente de Glasgow part à la rencontre
de la noblesse fortunée des Highlands !
Dans son dernier film, le cinéaste britannique nous emmène
dans les quartiers défavorisés de Glasgow.
Comme bien souvent dans l’oeuvre de Ken Loach, les personnages
qu’il nous fait rencontrer subissent de plein fouet les affres
de la vie : chômage et délinquance côtoient les environnements
familiaux chaotiques et s’unissent pour faire disparaître
toute trace d’espoir dans le quotidien de leurs victimes.
C’est parmi ces naufragés, bien souvent repris de justice, que
se rencontrent Robbie (Paul Brannigan), Albert (Gart
Maitland), Rhino (William Ruane) et Mo (Jasmin Riggins).
Condamnés à servir l’intérêt général pour leur éviter le
supplice des prisons, ils vont se lier d’amitié. Et c’est à
l’occasion de la visite d’une distillerie organisée par Harry
(John Henshaw), le surveillant de la bande, que Robbie va
découvrir la puissance de son goût et de son odorat.
Le whisky, cause de tant de désespoir dans leurs familles
respectives, va alors se révéler être son unique source
d’espoir. Ironie de l’histoire sans doute …
Le whisky et ses saveurs, véritable reflet de la condition
humaine : âcre, tourbé, à l’image des héros du film; ou au
contraire céréale, fruité, comme le quotidien des richissimes
amateurs de malt des Highlands.
Le whisky et sa fabrication, métaphore de la vie et de ses
épreuves. Le whisky tire profit de chaque fissure, chaque
imperfection et chaque brèche présentes dans les alambics
qu’il traverse. Sans cette histoire qui lui est propre, il
perdrait à jamais sa saveur et son authenticité.
Cette vie qui s’acharne, sans pour autant que la caméra de Ken
Loach ne tombe dans le misérabilisme si tentant.
Car c’est encore une fois l’authenticité qui triomphe dans ce
nouveau film du Britannique.
Il n’est pas question pour Robbie, Albert, Rhino ou Mo de
céder, de se laisser emporter par le courant de la violence
sociale.
Là où tant d’autres auraient sans doute baissé les bras,
abandonné la lutte, la « Dream Team » de nos jeunes héros ne
plie pas les genoux. Elle se tient prête à affronter son
destin.
Et quelle preuve plus évidente de cette dignité intacte, de
cette détermination sans faille, que l’humour « so british »
présent tout au long du film.
Comme souvent dans l’oeuvre de Ken Loach, cette légèreté
constitue une échappatoire précieuse à la gravité des
lendemains de ses personnages.
Au-delà de l’humour et de l’ironie, c’est toute la palette de
sentiments que déploie le réalisateur dans « La part des
anges », et ce comme rarement il en avait eu l’occasion.
Larmes de rire, larmes de désespoir.
Fou rire, violence folle.
Espoir, fatalité.
La vie.
Rien que ça.
Le Jury du dernier festival de Cannes ne s’y est pas trompé en
attribuant au film son prix 2012.
Pour tous ceux qui, au son de « Ken Loach » se disent : « Ah
non, pas encore un film d’art et d’essai chiant à mourir » …
Essayez quand même. On ne sait jamais. Une bonne surprise est
si vite arrivée !
Titre original : The Angels’ Share
Réalisateur : Ken Loach
Acteurs :
Robbie : Paul Brannigan
Harry : John Henshaw
Albert : Gary Maitland
Nikki : Siobhan Reilly
Rhino : William Ruane
Mo : Jasmin Riggins
Thaddeus : Roger Allam
Producteur : Rebecca O’Brien
Scénariste : Paul Laverty
Avignon
2012
"Nouveau
Roman", sauce Honoré
Christophe Honoré n’en est pas à
son premier passage au festival
d’Avignon. En 2005, il y
présentait
«
Dionysos
impuissant », en 2009 il
revenait pour un drame d’Hugo,
« Angelo, tyran de Padoue ».
Cette année, trois de ses
créations sont programmées, parmi lesquelles « Nouveau
Roman », qui retrace l’histoire du mouvement littéraire
éponyme avec ceux qui l’ont créé. Chronologie indissociable
des éditions de Minuit dans la France de l’après-guerre.
Tous les acteurs sont sur scène en permanence. La scénographie
mixe les attributs du tribunal et ceux du plateau télévisé.
Bien que bourrée d’anachronismes (des téléviseurs à écran plat
diffusent ponctuellement le témoignage d’auteurs actuels),
l’ambiance des années cinquante est très parisienne. Le temps
passe mais le papier peint ne se décolle pas.
Le Nouveau Roman est recréé devant le public, le temps qui
passe est ponctué des prix gagnés par les auteurs (Renaudot,
Goncourt et Nobel), une horloge en fond de scène indique
l’heure, le public ne perd pas la notion du temps.
On pense alors aux collectifs d’artistes et écrivains qui ont
fait le foisonnement littéraire de la France, jusqu’à l’hisser
comme la première nation en nombre de prix de Nobel en la
matière. La pièce est riche, nostalgique, érudite, la
radicalité habite les concepts énoncés.
Difficile de trouver des équivalents à notre époque. Que
donnerait un cercle de réflexion réunissant Foenkinos, Levy et
Musso ? L’idée même porte à sourire, la possibilité d’un
mouvement baptisé la « Nouvelle Naiserie », « L’Amour Plat »,
ou tout simplement « La SNCF » ? Le collectif n’est pas dans
l’air du temps, il n’a plus sa place, les auteurs sont seuls
et le groupe du « Nouveau Roman » nous le rappelle.
Au premier abord très dense, l’humour fin, la salsa et les
chansons apportent légèreté et respiration au texte, composé
d’écrits et d’interviews. Des mots dits en majorité sous la
forme du discours, un micro à la main. Les interventions des
héros (Alain-Robbe Grillet et un Jérôme Lindon très matriarcal
en tête) nous replongent dans les questions posées en cette
période d’intense émulsion cérébrale, rare et réussie, sans
pour autant n’être qu’une pièce-documentaire. Composée de
dialogues aériens, intellectuels, vifs, on ne tombe pas la
« private joke » pour public savant.
Les discussions de bureau (et quel bureau !), alternent avec
les moments de solitudes des protagonistes où chacun raconte
son expérience de la guerre, sa rencontre avec différents
types de sexualité, ses remises en question.
Chacun des comédiens montre une maîtrise particulièrement
impressionnante à habiter la psychologie de son personnage.
Peu avant l’entracte, le public est invité à poser des
questions à la bande. On peut questionner Jérôme Lindon,
Nathalie Sarraute ou Claude Ollier comme si ils étaient face à
nous. Ici, les réponses forcément
déstabilisantes de justesse.
improvisées
sont
Le « Nouveau Roman » à la sauce Honoré n’est pas une pièce
littérale où les extraits de livres donnent des indications
sur la vie de leurs auteurs (ce qui aurait été dur pour cette
bande en particulier). Rigoureuse sans se prendre au sérieux,
à la fin de la pièce, Jérôme Lindon classe les auteurs par
« importance ». Une importance dont le critères est le nombre
de noms de rues, d’écoles et places publiques qui portent le
nom de chacun. Pour le public, ils seront tous inoubliables.
Tournée :
– Du 10 au 12 octobre 2012 au CDDB-Théâtre de Lorient Centre
Dramatique National
– Les 17 et 18 octobre 2012 au Théâtre de Nîmes
– Du 23 au 26 octobre 2012 au Théâtre National de Toulouse
Midi-Pyrénées
– Du 7 au 10 novembre 2012 à la Maison des arts de Créteil
– Du 15 novembre au 9 décembre 2012 à La Colline – Théâtre
National à Paris
– Du 10 au 12 janvier 2013 au Théâtre Liberté de Toulon
– Du 17 au 19 janvier au Théâtre de l’Archipel à Perpignan
Mise en scène : Christophe Honoré
Avec : Brigitte Catillon, Jean-Charles Clichet, Anaïs
Demoustier, Julien Honoré, Annie Mercier, Sébastien Pouderoux,
Mélodie Richard, Ludivine Sagnier, Mathurin Voltz, Benjamin
Wangermee
La bibliographie du spectacle est téléchargeable sur :
www.letheatredelorient.fr/nouveau-roman
Nouveau Roman a été créé le 8 juillet 2012 dans la Cour du
lycée Saint-Joseph, Avignon.
Avignon 2012 – The Master and
Margarita, du jamais vu
Après Le Suicidé en 2011, la
Russie comme symbole de la lutte
contre l’oppression est encore
bienvenue
en
Avignon.
Le
britannique Simon McBurney s’est
emparé du chef d’œuvre de
Mikhaïl Boulgakov, « Le Maître
et la Marguerite », pour
sublimer la Cour d’Honneur de façon monu-mentale.
Le Maître est un écrivain qui n’a pas supporté la critique
littéraire moscovite, à tel point qu’il se retrouve en hôpital
psychiatrique. Marguerite, celle qu’il aime, veut l’en
libérer. Heureux hasard de la vie, Satan et sa suite rôdent
justement dans cet empire soviétique des années trente, ils
« viendront en aide » à Marguerite sans se faire prier.
Toute la pièce est jalonnée d’effets spéciaux vertigineux
projetés sur les murs du Palais. A eux seuls, ils méritent le
déplacement. Le Palais des Papes grandit, s’effondre, elle est
le ciel de Jérusalem et de Russie. Bien heureusement, ce n’est
pas la seule richesse qui découle de cette adaptation. Dès les
premières minutes, les histoires croisées se chevauchent dans
une ambiance étrange où chaque scène baigne dans le mystère.
McBurney réussit la prouesse virtuose de nous dépeindre une
fresque romancée (et à la faire exploser !) où les époques se
croisent sur le fil. Le dispositif est rendu possible par une
mise en scène millimétrée, soutenue par un jeu de lumière
précis. Les comédiens, tous excellents, réussissent à
s’employer parfaitement au service de la furie créatrice du
metteur en scène. Mention particulière pour celui qui est le
Satan glacé et le Maître dépressif, Paul Rhys.
Le texte critique et révolutionnaire (largement censuré dans
l’URSS de Staline), pose la question de l’autorité, de la
possession du pouvoir, de l’amour entre les peuples, de la
compassion. On y reflue les symboles, on bouscule les codes
jusqu’à croire ouvertement en Dieu dans une Russie
« communiste ». L’Hymne patriote est coupé avec des « shut
up ! » hurlés par le chat du diable.
Se risquer à la comparaison avec notre époque semblerait
simpliste, il est plus sage de se laisser entraîner par
l’histoire, importante en son temps, où les interrogations sur
la condition humaine sont récurrentes. Le professeur Woland
(Satan), pose à plusieurs reprises la question, « les gens
ont-ils changé ? ». Non, bien évidemment, aujourd’hui pas plus
qu’hier.
« Le Maître et la Marguerite » dure trois heures (sans
entracte). Quelques passages plus « psychologiques », parties
intégrantes de l’action, font perdre un peu de rythme à cette
création brillante. Du jamais vu en Avignon, c’est certain.
Jusqu’au 16 juillet dans la Cour d’Honneur du Palais des Papes
d’Avignon
Tournée :
– Du 25 au 28 juillet au GREC de Barcelone
– Du 2 au 10 février 2013 à la MC93 de Bobigny
Mise en scène : Simon McBurney
Avec : David Annen, Thomas Arnold, Josie Daxter, Johannes
Flaschberger, Tamzin Griffin, Amanda Hadingue, Richard Katz,
Sinéad Matthews, Tim McMullan, Clive Mendus, Yasuyo Mochizuki,
Ajay Naidu, Henry Pettigrew, Paul Rhys, Cesar Sarachu, Angus
Wright.
Le Maître et Marguerite est adapté du roman de Mikhaïl
Boulgakov, oeuvre posthume publiée en URSS en 1966 dans une
version amputée, mais écrite entre 1928 et 1940, année de sa
mort. Ce roman est disponible en Pavillon Poche chez Robert
Laffont.
Avignon
2012
William
Kentridge épris de temps
Dans l’opéra d’Avignon, théâtre
italien situé sur la place de
l’Horloge, William Kentridge
partage avec le public ses
interrogations sur le temps.
Réflexion qu’il a entamée avec
le physicien américain Peter
Galison.
Kentridge est un artiste pluridisciplinaire. Il est homme de
théâtre, plasticien et dessinateur (c’est à lui que l’on doit
l’affiche du festival cette année). La scène est un reflet de
sa personne. Elle est une sorte de fourre-tout créatif où le
brouhaha d’un orchestre qui s’accorde accueille le public.
Pendant 1
temps qui
machines
actionnent
h 30, acteurs, musiciens, chanteurs interrogent le
passe, aidés par des vidéos surréalistes et autres
silencieuses que les occupants des planches
tout en dansant des chorégraphies contemporaines.
Le spectacle est une alternance entre chansons et réflexions
lues par Kentridge. Tous les temps y passent, de la création à
la destruction. Il est heure, destin, joie et mort. On
commence par le mythe de Persée pour arriver à la frayeur des
trous noirs interstellaires. Entre les deux on passe par le
temps des colonies d’où le metteur en scène est originaire
(Afrique du Sud).
Parfois amusant, souvent ennuyeux (il faut ajouter à la
représentation le temps de la montre que l’on consulte), le
rendu est assez brouillon tellement le sujet est vaste, même
si l’aspect poétique et ironique sont intéressants. Une
mention particulière à cette vocaliste qui réussit la prouesse
de chanter en reverse.
Au final, ce « Refuse the hour » ne convainc pas part son
sujet, mais plutôt par la manière, un peu à la Tim Burton,
dont il est traité. Une (petite) victoire de la forme sur le
fond.
Jusqu’au 13 juillet à l’opéra-théâtre d’Avignon
Tournée :
– 15 au 18 novembre 2012 au Teatro Argentina de Rome dans le
cadre du
festival RomaEuropa
– 22 au 25 novembre 2012 à l’Onassis Cultural Center d’Athènes
Mise en scène : William Kentridge
Avec : Joanna Dudley, William Kentridge, Dada Masilo, Ann
Masina, Donatienne MichelDansac, Thato Motlhaolwa, Bahm Ntabeni.
Musiciens : Waldo Alexander, Adam Howard, Tlale Makhene,
Philip Miller, Vincenzo
Pasquariello, Dan Selsick, Thobeka Thukane.
Spectacle créé le 18 juin 2012 au Holland Festival (Amsterdam)
Laurence Anyways - Un projet
plus grand que nature
Le jour de son trentième anniversaire, Laurence (Melvil
Poupaud) révèle à sa compagne, Fred (Suzanne Clément) son
désir d’être une femme. Profondément ébranlée par cette
déclaration mais néanmoins amoureuse, Fred fait le choix de
l’accompagner dans sa démarche avant de perdre, à son tour,
son identité. Xavier Dolan, l’insolent réalisateur de ce filmfleuve brillant, nous offre à voir une décennie de
déchirements où se nouent et se dénouent toutes les
problématiques du changement de sexe.
Ecce homo, « Voici l’homme »…
Montréal, dans les années 1990. Laurence entame sa
métamorphose. Pour le réalisateur, cette ville cosmopolite
aurait dû accueillir mieux que n’importe quelle autre un
projet aussi fou que changer de sexe. Réputées sans tabou, les
communautés gays lesbiennes y revendiquent le droit à la
différence depuis de nombreuses années. Mais tous les tabous
n’ont pas le même poids. Xavier Dolan le reconnait : « Un
enseignant transsexuel soulèverait l’inquiétude, l’ire de
parents anxieux de voir leurs enfants tanguer vers
l’anticonformisme. La personne la plus évoluée se félicite
encore intérieurement de démasquer un transsexuel dans la rue,
et les ghettos identitaires sont hostiles envers le troisième
sexe. » Pas d’asile pour les trans. Voici l’homme, pardon la
femme, fuyez.
Autre mythe qui s’effondre.
N’est pas fou qui veut, n’est
pas sain qui croit. Laurence
Alia veut changer de sexe,
certes. Mais il n’est peut-être
pas le plus dingue de tous.
C’est un écrivain reconnu et un
enseignant apprécié. Malgré
d’évidents problèmes familiaux, il s’occupe de sa mère
colérique (Nathalie Baye –géniale) et de ses amis tordus. Il
est patient, réfléchi et drôle. Campé par un Melvil Poupaud au
sommet de son art (on ose le dire), il glisse dans sa nouvelle
peau dignement. Et surtout, il aime Fred d’un amour absolu
qu’une décennie de heurts ne saura pas changer. Finalement, il
est peut-être le plus normal de tous : celui qui veut aimer en
s’aimant. Ce qui change, c’est l’identité du couple, son
image, sa résonance. Et c’est une mutation que Fred ne peut
supporter. Depuis qu’ils se sont rencontrés, Laurence et elle
listent les choses qui leur enlèvent beaucoup de plaisir.
Perdre l’homme qu’elle aimait tel qu’elle le connaissait lui
retire tout le sien. « J’ai imaginé alors ce que ça pouvait
être d’avoir devant soi un ami, un parent, un compagnon qui,
du jour au lendemain, revendique l’impossible, et remet en
question, s’il ne l’efface pas entièrement pour certains,
l’entièreté des moments vécus ensemble. » explique Xavier
Dolan. Finalement, le drame n’est pas d’être né homme quand on
voudrait être femme mais bien de croire que l’amour ne peut
pas résister à tout.
La liste des choses qui nous procurent beaucoup de plaisir
Suzanne Clément a obtenu le prix de la meilleure
interprétation féminine à Cannes cette année. Une
récompense que Melvil Poupaud aurait largement méritée
également…
Après J’ai tué ma mère et Les amours imaginaires, le
jeune réalisateur prodige de 23 ans réalise son plus
beau film. Laurence Anyways a obtenu le grand prix du
film romantique à Cabourg. Un petit pas pour l’homme… un
grand pas pour l’humanité.
Réalisé par : Xavier Dolan
Avec : Melvil Poupaud, Suzanne Clément, Nathalie Baye, Monia
Chokri
Pays d’origine : Canada / France
Année de production : 2012
Durée : 2h39
Date de sortie : 18/07/2012
Participez au jeu concours Arkult et gagnez vos places de
cinéma pour le film Laurence Anyways. Rendez-vous sur
www.facebook.com/arkult.fr pour connaître les modalités de
jeu.