L`Everest Sky Race, en route pour le ciel … - Ludo le Fou

Transcription

L`Everest Sky Race, en route pour le ciel … - Ludo le Fou
L’Everest Sky Race de Ludo le Fou
L’Everest Sky Race, en route pour le ciel …
C’est dans le cadre de ma préparation à l’Himal Race 2010 j’ai décidé, après avoir
atteint les 5895m du sommet du Kilimandjaro, de participer à l’Everest Sky Race qui
se déroule dans l’Himalaya avec un longue partie entre 5 et 6000m d’altitude pour
valider ma capacité à courir en très haute altitude et surtout apprendre de ce pays et
de cette montagne que je ne connais pas avant de me lancer dans une course aussi
exigeante que l’Himal Race.
06 novembre 2009 :
Je pars aux aurores avec ma petite femme pour Roissy Charles de Gaulle où je
retrouve les français qui vont participer avec moi à l’Everest Sky Race. Le mélange
entre habitués et « bleu bite » comme moi se fait merveilleusement bien et je ressens
déjà une belle ambiance de groupe. Après 8h de vol, nous faisons escale à Barhein
dans le Golfe où au prix d’une longue escale nous avons le droit d’aller en ville et
coucher quelques heures à l’hôtel. Nous prenons un minibus long comme un 9 places
chez nous où nous sommes 16 avec les bagages sur les genoux … Vu l’excitation
générale nous préférons tous aller dîner puis visiter en marchant la ville plutôt qu’aller
dormir. Je finirai comme tout le monde par aller me coucher pour dormir 1h15, quand
certains de mes petits camarades n’auront pas réussi, gênés par l’ambiance de l’hôtel
où les péripatéticiennes de luxe sont quasi aussi nombreuses que les clients …
07 novembre 2009 :
Coup de bol, sans rien avoir demandé pour une fois, me voici surclassé en première
comme quelques autres coureurs. Ce n’est pas désagréable du tout, mais je suis si
fatigué que je tombe rapidement, mais confortablement, dans les bras de Morphée
durant ce voyage de 5h. Je découvre la chaleur de Katmandu, pourtant à 1000m
d’altitude et cette étrange ressemblance avec certains pays d’Afrique. Une sorte de
chao général dans lequel chacun semble pourtant bien vivre et se faire sa place sous
le bruit des klaxons. Ca passe à droite, sinon à gauche, au pire au milieu, mais dans
tous les cas tout le monde klaxonne en continu. Cela ne dénote aucune agressivité, il
s’agit simplement d’un mode d’information pour prévenir que chacun passe par ici ou
par là. Nous avons beau être en ville, j’observe sans peine les montagnes qui nous
entourent.
Les différentes nationalités de coureurs se retrouvent à l’hôtel Manaslu où le groupe,
cette fois ci au complet avec coureurs, organisateurs et porteurs, écoute le premier
briefing d’avant course. Tout le monde semble aussi heureux que motivé et attentif.
Mauvaise nouvelle, Pascal Beaury Sherpa, coordinateur et coureur, nous annonce un
http://ludo.le.fou.free.fr
Page 1 / 58
L’Everest Sky Race de Ludo le Fou
froid plus extrême qu’à l’accoutumée en altitude, lui qui vient 2 semaines à trekker
dans les montagnes. Il nous présente également les coureurs et coureuses
Népalaises, dont 2 d’entre eux sont tout simplement considérés comme ce qui se fait
de mieux dans tout le Népal en course de montagne.
Chacun prépare son sac de course définitif et fait ses derniers achats. La tâche semble
protocolaire et surtout minutieuse car il n’est pas question d’oublier quelque chose.
Une fois dans la montagne, nous serons en autonomie. Malgré tout je fais le choix de
me séparer de quelques affaires au dernier moment pour gagner quelques centaines
de grammes, en revanche pas question de toucher à ma ration de survie, même si
son contenu est supérieur au minimum requis. En résumé le choix de mon
équipement s’est fait selon la règle suivante : sécurité 100%, confort 0% !
08 novembre 2009 :
Levé à 5h30 après une longue longue nuit réparatrice de 8h, je me sens en pleine
forme maintenant que je suis débarrassé de mon mal de tête de la veille, très
probablement hérité des incessants chaud-froid-clim que le voyage nous a réservé. La
journée commence d’autant mieux que nous avons droit à un buffet gargantuesque en
guise de petit déjeuner, en totale adéquation avec mon appétit légendaire. Cela en
surprend plus d’un à table, mais il en est
toujours ainsi la première fois que l’on me
voit manger normalement (pour moi).
Nous partons ensuite pour l’aéroport réservé
aux vols intérieurs de Katmandu. C’est une
joyeuse foire et un lieu où l’on se sent plus
dans un vieux marché des années 50 que
dans un aéroport. Nous nous dirigeons, après
un contrôle sommaire, sur le tarmac pour
monter dans un vieux coucou non pressurisé.
A peine montés l’on nous donne des bonbons,
sympa, et du coton, tiens donc ? En fait c’est
pour se mettre dans les oreilles tellement le zing fait du bruit. Nous voici donc partis
dans un joyeux vacarme, excités comme une colonie. Où que l’on regarde par le
hublot nous ne pouvons qu’observer l’immensité de notre terrain de jeu : l’Himalaya.
Marco (Jean-Marc Wojcik) nous fait partager sa parfaite connaissance de la région
pour nous faire observer les sommets très visibles qui nous entourent, dont bien
entendu le majestueux et mythique Everest. Le groupe est subitement pris d’un fou
rire collectif lorsque nous nous apercevons que le pilote a mis sa feuille de route en
travers sur le pare-brise … pour se protéger du soleil qui le gêne pour piloter ! Mais le
meilleur reste incontestablement l’atterrissage sur un bout de piste en pente de 400m
à flanc de montagne. Bien longtemps, alors que l’on voit parfaitement que l’avion
s’approche inexorablement de la montagne, nous cherchons la piste tellement elle est
toute petite. Bienvenue à Lukla (2800m) ! Voilà en 30mn nous sommes passés du
statut de touristes à celui d’aventuriers et le décor décrit parfaitement la rudesse des
jours à venir.
http://ludo.le.fou.free.fr
Page 2 / 58
L’Everest Sky Race de Ludo le Fou
http://ludo.le.fou.free.fr
Page 3 / 58
L’Everest Sky Race de Ludo le Fou
Malgré le rêve de chacun et la rusticité des lieux, il est clair que pour l’organisation la
sécurité n’est pas un vain mot. Ainsi après avoir vérifié la longue liste de matériels et
médicaments obligatoires, nous sommes examinés un à un par le médecin de la
course avec prise de tension, fréquence cardiaque, saturation en oxygène
(pourcentage d’oxygène que le sang transporte et qui diminue inexorablement avec
l’altitude) et taux de masse grasse. Tout va bien pour moi, sauf paradoxalement si je
suis incontestablement celui qui mange le plus de tous, j’ai le plus faible taux avec
seulement 8,2% de masse grasse. Je savais qu’il fallait que je me remplume, mais là
je suis déjà extrêmement bas. De toute manière il est trop tard pour y changer quoi
que ce soit, mais il est toujours intéressant d’avoir l’information pour éviter de piocher
dans les réserves et surtout faire en sorte de me reconstituer chaque soir. Le
protocole sera répété chaque soir et noté dans les petits carnets de Maryse (le doc).
Sur des chiffres alarmants elle sera donc en mesure de nous interdire de poursuivre la
course, voir de demander une évacuation si besoin.
Après un déjeuner à base de riz au cours duquel bien entendu je me gave, nous
partons pour une marche d’acclimatation jusqu’à 3200m d’altitude environ. C’est
génial car il fait un beau soleil qui nous
permet de nous découvrir un peu en
marchant bien qu’il fasse froid tout de
même. Le terrain ressemble furieusement
aux sentiers de la Réunion, autant dire que
j’adore ! Au retour, nous apercevons des
gens qui s’activent de partout dans la
montagne et convergent tous au même
endroit. L’un des leurs est mort et la
tradition veut, pour ceux qui ont les moyens
de le financer, que le défunt soit brûlé le
plus rapidement possible. Nous rentrons à
Lukla après quelques 3h de marche à la
louche, pour prendre avec joie ce qui doit
être notre dernière douche chaude. La soirée s’achève par les consignes de course
pour la première étape de demain, suivie d’un repas (Dal bat à volonté, c'est-à-dire
riz, lentilles et pleins de légumes autour) où je me distingue une nouvelle fois par ma
capacité d’ingestion.
09 novembre 2009 :
Malgré le froid glacial dans les chambres
évidemment non chauffées, j’ai fait une très
grosse nuit. J’engloutis 2 petits déjeuners et me
voici fin prêt pour une belle journée, la peau du
ventre bien tendue. 8h du matin, nous sommes
sur la ligne de départ depuis 30mn pour les
photos et la petite cérémonie protocolaire qui a
été organisée pour nous. Il fait vraiment très
froid, d’autant plus que le soleil n’a pas encore
gagné nos corps immobiles, gêné par tous ces
sommets qui nous entourent.
http://ludo.le.fou.free.fr
Page 4 / 58
L’Everest Sky Race de Ludo le Fou
Nous partons pour une descente de 600m de
dénivelée, façon la Réunion. Je pars tranquille
en réfrénant mes envies de débouler comme
un dingue dans les pierres, jusqu’à ce que
j’aperçoive une Népalaise devant moi. « Allez
tant pis je joue ! » me dis-je alors, car il est
des pulsions qu’il est inutile de tenter de
combattre. Rapidement je lui mets la pression
en courant sur ses talons, jusqu’à ce que je
décide de la doubler dans un lacet où je me
jette en sautant 1m dans le vide pour la
dépasser. Le plus difficile c’est de lever les
yeux pour voir le chemin car à cette
vitesse dans un tel amas de pierres je ne
fais que regarder mes pieds. Je m’amuse
pourtant énormément à rebondir sur des
pierres sans savoir si elles sont stables ou
pas. Je perds mon pantacourt que j’ai
oublié de serrer avant de partir. A cette
vitesse et avec des sauts dans tous les
sens je suis obligé de courir avec une main
dessus pour ne pas le retrouver aux
genoux. J’ai des gants et surtout aucune
envie de m’arrêter 5s pour le remettre
alors tant pis je continue ainsi. Tout à
coup j’ai le sentiment d’avoir trouvé un
raccourci à droite, il doit descendre à
40% à louche, et bien oui c’est un
raccourci non ? Je me lance ou pas ?
Mon cœur dit oui, mais ma tête dit non.
Je n’ai pas la frousse, au contraire,
mais j’ai peur de descendre 300m, me
retrouver dans une cour sans issue et
devoir remonter ce qui aurait vraiment
le don de m’agacer. Alors comme je
suis seul et loin des locaux tant pis je
suis le chemin qui semble principal, déjà
suffisamment piégeux pour être amusant.
En bas de la descente je retrouve ma
Népalaise doublée peu avant … devant moi.
Et bien comme ça je suis fixé, j’avais bien
trouvé un raccourci. Je me sens désabusé.
Non pas qu’elle m’ait rejoint, au contraire
c’est le sport, non je me sens désabusé
d’avoir raté un énorme trip dans cette
descente verticale. Après la descente, la
remontée évidemment.
http://ludo.le.fou.free.fr
Page 5 / 58
L’Everest Sky Race de Ludo le Fou
J’explose littéralement sous la chaleur. Je sue
à grosses gouttes, il faut vite que je me
découvre. J’enlève mon bonnet, mes gants et
ouvre mon maillot technique, mais c’est
vraiment loin d’être suffisant. Pris par la
course je tente de poursuivre malgré tout
ainsi, mais au bout de 20mn cela devient tout
simplement insupportable. Allez tant pis je
pose mon sac et me déshabille pour finir avec
un simple maillot sous-vêtement déjà
détrempé. Ca va tout de suite nettement
mieux pour courir. Je suis émerveillé par tous
les villages que l’on traverse, tous ces
sourires, tous ces enfants (il n’existe pas les
mêmes normes de sécurité que chez nous …
et pourtant aucun enfant ne semble blessé),
tous ces monuments et tous ces moulins à
prières. Je ne peux m’empêcher de prendre
des photos à tout va, tant pis pour la course,
et lance des « Namasté *» à tout va (*Bonjour
ou Au revoir selon la circonstance). Nous
croisons des Dzos (sortes de vaches croisées
avec des yak) de partout et parfois quelques ânes. Il me faut apprendre à leur parler
et surtout à les bourrer pour passer. J’apprends rapidement et ça passe, sauf sur les
ponts suspendus où l’on comprend vite que les lois de la nature imposent d’attendre
5mn au bout pour les laisser passer (enfin dans le stage 1 et pour un étranger, car
dès le stage 2 je prends confiance et passe en force sur les ponts en les poussant et
en me faisant écraser entre le Dzo et ses paquets et les câbles du pont suspendu …).
Concernant le parcours il s’apparente à une montagne russe : ça monte et ça descend
sans arrêt, du coup ne connaissant pas le terrain et surtout pour combien de temps
encore nous sommes là, j’en garde sous le
pied. Au bout d’un moment à force de faire
des choix sur des carrefours (car je suis
seul depuis bien longtemps et évidemment
le parcours n’est pas balisé, nous ne
connaissons que le village dans lequel nous
devons arriver et ceux que nous devrions
traverser) je finis par avoir le doute sur
mon chemin et décide de demander soit si
je suis bien sur la voie de Namche Bazar,
soit s’ils ont vu passer des coureurs. Les
autochtones me rassurent sur la voie, enfin
jusqu’à ce que je décide de demander à un
groupe de trekkeurs s’ils ont vu passer d’autres coureurs avant moi. « Comment ça
non ? » Je m’arrête aussitôt, quelque peu perturbé par cette information, puis décide
de rester fidèle à mes habitudes et d’avoir confiance en moi plutôt que me fier aux
autres. Je repars donc sur le chemin qui me semble être le bon tout en essayant
d’oublier cette information perturbatrice. Je finis par arriver en pleine forme à Monjo
http://ludo.le.fou.free.fr
Page 6 / 58
L’Everest Sky Race de Ludo le Fou
après une grosse montée en pierres de 300m, 6ème en 2h46 pour une vingtaine de km
et 930m de dénivelée positive.
Quelques étirements, une ballade dans le village pour tenter de m’imprégner autant
que peut se faire de la vie locale et une bière pour me réhydrater. C’est assez
contradictoire dans ces lieux
retranchés
de
n’avoir
quasiment aucun confort et
d’y trouver un petit plaisir
comme celui-ci. J’engloutis
ensuite un Mixed Fried Rice,
plat local dans lequel ils
mélangent tout ce qu’ils ont
sous la main avec du riz et
le font frire. Une nouvelle
fois je prends une « Hot
Shower » (douche chaude)
contre 2€. Je le prends à
nouveau pour un privilège,
même si l’on parle d’un filet
d’eau tiède dans un coin
insalubre,
car
j’étais
persuadé de ne plus pouvoir
me laver pendant 15 jours.
Je pars dans le village à la recherche d’une
fontaine ou d’un ruisseau pour faire mon
plein d’eau pour la soirée et demain, avant
que Philippe, qui
connaît bien le coin,
ne
me
propose
d’aller
voir
un
temple un peu plus
haut. Je m’y rends
immédiatement
évidemment. Nous
passons tout d’abord
par une école où
nous jouons avec les
enfants au foot et au
basket
dans
des
éclats
de
rire
jouissifs de partage.
Direction ensuite le
temple. Il est sans
surprise très beau,
mais notre œil est irrésistiblement attiré par un
plus petit temple encore plus haut, qui n’a pas
l’air très « frais ». La porte est fermée par un
http://ludo.le.fou.free.fr
Page 7 / 58
L’Everest Sky Race de Ludo le Fou
simple bout de fil de fer entortillé. Nous ne résistons pas la curiosité de l’ôter pour voir
ce qu’il y dedans et bien nous en prend. Nous découvrons un magnifique moulin à
prière et un bouddha qui semblent avoir déjà vu passé quelques centaines d’années.
De retour à l’école nous décidons d’aller voir le Directeur pour lui faire un don, alors
que sans même le lui avoir dit il nous accueille
et nous explique le fonctionnement de son
école. En échange du don nous devons signer
un cahier de
dons où tout est
soigneusement
noté
et
le
Directeur nous
offre
une
écharpe
en
échange.
Un
peu
honteux
d’accepter
quelque chose en
échange d’un don
complètement
désintéressé,
je
finis par accepter
lorsque
Philippe
m’explique
qu’il
s’agit
de
la
coutume.
Le dîner arrive enfin et je sidère les derniers
qui ne m’avaient pas encore vu manger avec 1
soupe, 2 énormes assiettes de spaghettis, 4
assiettes de légumes et 1 dessert. Ca fait
toujours ça au début … Mais heureusement que
je mange comme ça, sinon le peu de masse
grasse qu’il me reste fondrait comme neige au
soleil. Je traîne comme je peux jusqu’à 21h
pour une nuit pas encore commencée mais que
je sais déjà énorme et trop longue pour moi
qui dort habituellement entre 2 et 4h par nuit.
Il doit faire moins de 0° dans la chambre et
pourtant je tiens tout juste 5mn dans mon duvet avant de l’ouvrir en grand, car il est
vraiment très très chaud. Tant mieux pour la suite bien sûr …
10 novembre 2009 :
Après une longue nuit pour moi, nous nous réveillons à 6h30, prenons un copieux
petit déjeuner à 7h (enfin moi bien sûr …) et sommes sur la ligne de départ à 8h30.
Enfin mon groupe car selon le classement général je me suis retrouvé dans le 2ème
http://ludo.le.fou.free.fr
Page 8 / 58
L’Everest Sky Race de Ludo le Fou
groupe, les moins rapides intégrant le groupe 1 parti lui à 8h. Je suis avec mes gants,
mon bonnet et mon gros blouson autour du poêle à essayer de capter un peu de
chaleur des cendres d’hier soir, quand Marco et Pascal, nos 2 experts, me disent qu’ils
courent en t-shirt manches courtes, car selon eux nous serons assez rapidement
exposés au soleil et parce qu’avec la course nous sommes censés nous réchauffer.
« Ah ? ». Allez je fais confiance aux pros et je pars avec mon seul maillot manches
courtes à savoir mon très très léger maillot de corps thermique. Autant dire que je
suis frigorifié. Je me colle une feuille de papier sur le ventre histoire, comme à vélo,
de me protéger du froid et surtout des trous (naturels) de mon maillot de corps. Il fait
tellement froid, que si je joue le jeu pour le maillot, je pars avec gants et Buff autour
du cou.
8h30, c’est parti, à fond bien sûr histoire de se réchauffer rapidement. Après une
petite montée nous plongeons jusqu’à la rivière par un chemin en lacets qui n’est
qu’un amas de pierres. C’est tellement jouissif pour moi que je ne résiste pas à l’envie
de dévaler les blocs de pierres à fond sans me soucier un instant de leur stabilité.
Hormis les Népalais et Pascal, bien
meilleurs que moi, je figure vraiment
bien, même si je ne fais pas la course, et
j’avoue que ce n’est pas désagréable.
Nous enchaînons les ponts suspendus,
les amas de pierres, les escaliers, les
montées, les descentes, les traversées
de rivières, … Je me sens bien, aussi je
poursuis sur ce rythme qui finalement
me donne envie de faire un peu la
course aujourd’hui. J’ai appris à pousser
les Dzos par les cornes ou à leur taper
sur le cul pour passer de partout.
Désormais je ne m’occupe quasiment
plus du fait qu’ils soient ou non sur le passage. D’ailleurs il vaut mieux car il y a
tellement de Dzos sur les chemins qu’on se croirait à Paris dans le RER en heure de
pointe. Arrivé à Namché Bazar après 500m de dénivelée positive, je suis rejoint par
Marco (l’expert) et Christophe. Nous contournons le village par la droite comme
précisé dans les consignes de la veille, sans vraiment savoir où nous allons quand
même puisque les chemins s’empilent les uns au dessus des autres sans aucune
visibilité sur leur direction, certains nous faisant parfois basculer sur un autre versant
de la montagne, d’autre nous faisant arriver dans des cours fermées. Heureusement
un des membres de l’équipe d’organisation placé tout en haut nous siffle et nous
guide. Enfin nous ne le voyons pas mais au son nous savons dans quelle direction
aller avant de finir par le voir et passer devant lui pour le pointage.
La montée jusqu’à 3800m d’altitude est terrible par sa déclivité combinée au train
d’enfer que nous impose Marco. Lorsque cela devient trop difficile pour moi j’ai pour
coutume d’arrêter toutes les fonctions inutiles de mon cerveau (et dieu sait s’il y en a
beaucoup dans le mien …) pour me concentrer sur l’essentiel exclusivement. Et pour
la circonstance ma priorité est de ne jamais dépasser les 2 mètres de retard sur Marco
même si je joue de la mandoline avec mes abdominaux et que mes quadriceps sont
au bord de la rupture. J’ai d’ailleurs aussi mal à ces derniers que lorsque j’ai dû
m’arrêter 1 semaine avant le départ de la course car je n’arrivais plus à marcher,
http://ludo.le.fou.free.fr
Page 9 / 58
L’Everest Sky Race de Ludo le Fou
mais là c’est dans la tête que ça se joue. Je fais donc le yoyo à grands coups de rein
dès que j’atteins les 2m d’écart pour faire revenir ma tête à 1m de ses pieds.
Christophe, pourtant meilleur grimpeur que nous 2, nous lâche à 100m du col. C’est
trop et nous ne le reverrons jamais
jusqu’à l’arrivée. Au mental je réussis à
m’accrocher à Marco, qui grimpe comme
un chamois, même si je suis dans le
rouge et que je dois calculer chacune de
mes foulées pour ne pas finir immobilisé
par les crampes aux quadriceps.
D’ailleurs à quelques mètres du col, je
demande à Marco s’il a une technique
contre les crampes. Il me dit que non
mais que c’est terminé, je lève alors les
yeux et aperçois avec soulagement le
stuppa
qui
matérialise
le
point
culminant. Malgré cette course engagée,
je prends le temps d’observer l’Amadablan, un
sommet que je trouve aussi beau qu’original par sa
forme presque rectangulaire. La bonne nouvelle c’est
que si je pleurniche de mes quadriceps qui me
brûlent, je ne ressens absolument aucune gêne liée à
l’altitude et au manque d’oxygène.
Par chance pour moi, la suite est une longue descente
et comme je descends mieux que Marco cela me
permet de rester au contact, puis de le doubler, sans
aller à fond ce qui m’autorise une forme de
récupération musculaire, si tant est que l’on puisse
appeler cela de la récupération car nous cavalons
malgré tout pas mal dans ce chemin en lacets parfois
piégeux. Nous traversons le joli petit village de
Khumjung, puis allons direction Sanasa avant de
redescendre sur Namché Bazar. Enfin redescendre ici
cela veut dire monter, descendre, monter, descendre
des dizaines de fois pour au final nous retrouver sur
un point légèrement plus bas. A 1km du village,
Marco croise un Ecossais qui
treck qu’il a connu sur une ancienne édition de l’Everest Sky
Race. Il m’en parle, je lève la tête et me casse la figure, allongé
de tout mon long face à terre dans la poussière et les cailloux, le
sac et les bâtons en vrac, normal quoi … Heureusement rien de
grave, de toute manière ici la règle c’est que quoi qu’il arrive rien
n’est grave si l’on veut aller au bout. Je reviens sur Marco, le
dépasse dans la descente parce que je ne sais retenir des jambes
qui veulent toujours tout donner pour la vitesse et les sensations,
puis ralentis à 20m de l’arrivée pour l’attendre et arriver main
dans la main avec lui. Nous arrivons 4ème en 2h34 pour 15km et
1130m positif, cela donne une petite idée du terrain sur cette
étape courte où nous avons tout donné et couru tout du long … Je
http://ludo.le.fou.free.fr
Page 10 / 58
L’Everest Sky Race de Ludo le Fou
dois beaucoup à Marco sur cette étape car sa connaissance du terrain et son rythme
incroyable en montée m’ont permis de faire un joli coup au classement général.
Premier réflexe une fois arrivé pour moi : manger !
Je me gave de riz et de soupe de pâtes pour aider à
la récupérer et surtout me réhydrater car l’on ne
boit jamais assez dans des efforts de ce type à
pareille altitude.
Concernant ma tenue, Pascal et Marco, les experts,
avaient raison, je n’ai pas du tout eu froid malgré la
température extérieure basse. Le plus amusant
reste tout de même de croiser des trekkeurs
emmitouflés dans des tenues par croyables qui non
seulement ne comprennent pas que l’on
réussisse à courir dans de tels endroits mais en
plus hallucinent à voir la légèreté de nos tenues
durant l’effort.
Je consacre ma fin d’après midi à la visite de
Namché Bazar qui ne porte par son nom par
hasard. C’est le dernier village en altitude où l’on
trouve tout ce que l’on veut, des médicaments
au bonnet en passant par le barbier, le vendeur
de cartes ou des magasins de vêtements
(d’altitude bien sûr). Mais l’on y trouve
surtout un marché permanent de Tibétains
qui sont venus à pieds de leur pays avec
quelques objets, souvent des vêtements, à
vendre. Ils couchent dehors sous un simple
bout de tissus en guise de tente par des
températures largement négatives tant qu’ils
n’ont pas tout vendu, avant de retourner
dans leur pays en espérant avoir gagné assez
d’argent pour survivre jusqu’à la prochaine
saison. J’en ai presque honte d’être habillé et
équipé comme je suis, quand je pense que
certains pensent que l’on fait un exploit en
faisant le tour de l’Everest, que dire de ces
hommes, femmes et enfants qui en plus
conservent
le
sourire
en
toute
circonstance ? D’ailleurs le temps de finir
ma visite de Namché Bazar, la grêle et le
gel s’invitent à la soirée. Je rentre presque
honteusement dans notre lodge, où même
s’il n’y a pas de chauffage et il fait froid,
nous avons tout de même 4 semblant de
murs et un toit. En tout cas avec ce froid
la
nuit
s’annonce
d’ores
et
déjà
http://ludo.le.fou.free.fr
Page 11 / 58
L’Everest Sky Race de Ludo le Fou
intéressante …
Comme tous les soirs après avoir mangé tôt, reçu
les consignes pour le lendemain et répondu aux
tests médicaux obligatoires, nous nous retrouvons
à boire et à discuter autour du poêle. Quelques
disparités commencent à faire jour niveau
physiologique, mais tout le monde a quand même
d’excellents résultats médicaux qu’il s’agisse de la
saturation en oxygène, de la tension ou de la
fréquence cardiaque. S’agissant de la
dernière altitude à laquelle les médecins
autorisent la consommation d’alcool, nous
nous lâchons un peu avec du rachi (alcool
local infecte), différents vins rouges (tous
aussi mauvais les uns que les autres, car
même ceux de France sont des summums
dans le monde des piquettes) et des bières,
finalement seul breuvage intéressant et
buvable. Nous finissons la soirée avec
chants et danses sur des chants Népalais
dans une évidente bonne humeur.
11 novembre 2009 :
J’ai passé une excellente nuit malgré le froid
extérieur. Après un classique petit déjeuner
c'est-à-dire ultra copieux pour moi, nous voici
partis
à
9h
pour
une
marche
de
liaison jusqu’à
Phortse
en
repassant par
Khumjung (où
nous sommes
passés hier en
courant) pour
passer les 4000m tranquillement dans le cadre de
notre acclimatation. Le soleil est décidé à jouer
aujourd’hui, du coup dès qu’il se cache nous gelons et
dès qu’il réapparaît nous nous découvrons. Entre le
terrain et le ciel, il est facile de comprendre qu’au
moins là nous ne changerons rien à la nature et que
c’est à nous de nous adapter. Tant mieux bien sûr !
http://ludo.le.fou.free.fr
Page 12 / 58
L’Everest Sky Race de Ludo le Fou
A
Khumjung
qui se trouve
en pays Sherpa
(qui
signifie
« venu
de
l’est »,
donc
des
Tibétains
émigrés) nous
visitons
le
temple où se
trouve le scalp
du Yéti. Les
Japonais
et
les Tibétains
ont
monté
des dizaines
d’expéditions
pour
le
capturer et ils
sont certains
de l’avoir tué.
Vrai ou pas, il
est toujours
agréable de
rêver que c’est la vraie version. Nous entrons dans un temple superbe où le scalp est
présenté dans une petite boite transparente. Cela donne vraiment envie d’y croire.
Nous reprenons ensuite notre marche par un superbe sentier à flanc de montagne qui
donne l’impression permanente d’être en haut d’une grue tellement c’est vertigineux.
Inutile de préciser qu’en plus d’en prendre plein les yeux je jouis de ces sensations
que j’affectionne. C’est tout simplement magnifique. Je me demande même comment
les locaux ont fait pour créer un chemin à cet endroit là.
http://ludo.le.fou.free.fr
Page 13 / 58
L’Everest Sky Race de Ludo le Fou
http://ludo.le.fou.free.fr
Page 14 / 58
L’Everest Sky Race de Ludo le Fou
Arrivé à Phortse, à la vue d’une Hot Shower je dépose mon sac en 4ème vitesse et me
présente dans la file d’attente pour ce que nous apparentons à un moment de
bonheur, même si se doucher sur ses
vêtements lancés par terre pour les
dégrossir et se frotter avec un bout de
savon de 3cm x 3cm qui doit durer 14
jours relève plus de la psychologie que de
l’hygiène. Vu que même ici je suis patient
comme un chat qui se brûle queue je
décide de demander directement un seau
d’eau avec un bol pour paralléliser avec
mes camarades dans la douche. D’ailleurs
en guise de douche, la Hot Shower n’est
autre qu’un bidon en plastique placé sur le
toit d’une cabane dans lequel un gus vient
verser de l’eau tiède avec en dessous un
robinet pour se faire couler de l’eau sur la
tête depuis le toit. L’avantage c’est que
personne ne traîne dans la douche, qu’il
n’y a pas de gaspi d’eau (une fois le bidon
vidé c’est fini) et qu’il n’y a jamais de
panne de chauffe eau … Pour ma part je
fais encore plus simple en me versant des
bols d’eau tout juste tièdes sur la tête et
en frottant fort avec mon savon autant
pour me laver que pour me réchauffer.
Enfin malgré la situation, tout le monde
apprécie ce luxe imprévu de pouvoir
prendre une douche et d’avoir l’impression
d’être propre, enfin moins sale c’est certain.
L’envie de profiter de la population locale
et des paysages nous amène malgré le
froid polaire à faire un petit tour, sans sac
bien entendu, de ce qui matérialise le
village.
Le patron du lodge où nous couchons
s’appelle Ange Dorjee. Il a déjà gravi 3
sommets à plus de 8000m (l’Everest, le
Choyu et le Shishapanga) et pourtant
malgré
cette
capacité
naturelle
extraordinaire
semble
vraiment
extrêmement simple et avenant.
http://ludo.le.fou.free.fr
Page 15 / 58
L’Everest Sky Race de Ludo le Fou
12 novembre 2009 :
Je me réveille à 3h du matin, l’impression d’étouffer et un gros mal de tête en plus.
En fait j’ai le nez bouché par le froid et visiblement je ne devais respirer que par le
nez durant mon sommeil jusqu’à ce que cela ne passe plus du tout et me génère les
maux dont je souffre. Bon je débouche ça comme je peux, je me force à respirer par
la bouche et tout redevient normal comme avant.
Ce matin je pars comme les jours précédents avec le groupe 2 des mieux classés, soit
30mn plus tard que le premier groupe. Comme lors de l’étape précédente Marco me
conseille de partir en maillot de corps car même s’il fait une température négative,
nous attaquons par une descente suivie d’une grosse montée dans laquelle nous
allons vraisemblablement faire cocotte minute sous l’effort, aussi je l’écoute malgré
une température largement négative.
L’étape du jour doit faire 25km et nous faire passer les
4500m d’altitude. Il n’y a pas 500m que je cours que
je me tords sévèrement la cheville gauche en courant
sur un énorme caillou de 2 cm de haut alors que
j’admire le stuppa du village. La cheville a bien tourné
et je peine à poser le pied par terre. J’ai une demie
seconde dans ma tête pour faire le choix entre
déconnecter le cerveau du corps et traiter le problème
plus tard même si j’ai terriblement mal dès que je
pose le pied par terre ou m’arrêter en me roulant au
sol, cheville à la main. Evidemment la réponse n’a pas
besoin d’une demie seconde. Quelques mètres après le
stuppa commence une grosse descente. Il m’est
impossible
de
la
rater, quel que soit
l’état de ma cheville,
alors je me lance à
fond, enfin un peu
moins à fond qu’à
l’accoutumée tout de
même car dès que je
pose le pied gauche à
terre je pigne. La
descente
terminée
nous traversons une
rivière à gros débit
puis entamons une
montée
de
800m
positifs
non
stop.
Marco
qui
était
derrière moi dans la
http://ludo.le.fou.free.fr
Page 16 / 58
L’Everest Sky Race de Ludo le Fou
descente me rejoint rapidement. C’est vraiment super pour moi d’avoir un meneur
d’allure comme lui car il monte régulièrement et aussi vite qu’un chamois, autant dire
qu’il ne m’autorise aucun répit pour le suivre.
J’arrive à tenir comme je peux malgré la douleur
mais j’avoue que je passe plus de temps à
réfléchir à comment je vais poser mon pied qu’à
admirer le paysage pourtant magnifique. Pour
tenir ce rythme je n’ai pas le choix je me dois de
garder la connexion entre mon cerveau et ma
cheville coupée, et finalement ce qui m’agace le
plus ce n’est pas la douleur mais de m’écouter
gémir à chaque pas. J’aimerai tant réussir à me
taire et maîtriser totalement la douleur pour
qu’elle ne soit même plus en mesure de me tirer
une grimace ou un son. J’ai beau résister et être
hyper motivé, je perds Marco dans cette nature
qui nous empêche de voir bien loin juste avant
d’arriver au village de Machhermo à 4400m
d’altitude.
Quel dommage car courir à 2 c’est plus sympa et
surtout extrêmement moteur. Après le pont qui
nous permet d’entrer dans le village de tenter une des techniques de Marco
justement : quitter le chemin et tailler à travers la nature. Si ma cheville ne joue pas
le jeu, mes jambes et ma tête, elles, sont là. Je m’étonne moi-même dans ma
capacité à avancer à ce rythme, telle une bique, dans un tel lieu où il est quasi
impossible de courir. Car mon raccourci m’amène à gravir tout droit à la verticale un
col alors que l’on nous avait précisé la veille qu’il fallait le contourner par la droite.
Pas de bol, alors que j’atteins le haut de la côte, j’entends siffler et aperçois en tout
petit en contrebas un groupe de concurrents. Ils sont si petits que je suis incapable de
dire de qui est constitué le groupe, mais le dossard jaune sur les sacs à dos et l’allure
de course ne permettent aucun doute quand au fait qu’il s’agisse de coureurs de
l’ESR. Zut ! Ils ont le bon chemin et moi je suis planté là en haut à travers des fourrés
d’épineux. Il n’y a bien entendu aucun chemin pour redescendre puisque j’ai taillé à
travers la brousse, aussi je dois m’en inventer un avec des passages pour poser mes
pieds larges comme une seule basket.
La pente est si raide que j’ai mon bâton
gauche beaucoup trop haut pour le planter
et mon bâton droit que je plante par
réflexe à chaque foulée … dans le vide !
Mais la rage de m’être fait avoir m’aide à
oublier encore un peu plus ma cheville et à
descendre comme un dingue sans me
soucier de savoir si le sol est stable ou de
comment je vais chuter sur 4 ou 5m si je
me loupe. Au prix d’un gros effort de plus
de 40mn, je finis pas rattraper le groupe.
http://ludo.le.fou.free.fr
Page 17 / 58
L’Everest Sky Race de Ludo le Fou
J’ai beau avoir été bien au dessus des autres, je ne vois absolument pas le pont que
nous devons emprunter. Et pour cause, après avoir couru durant 15mn au beau milieu
d’un tas de pierres nous tombons presque par hasard sur ce fameux pont, constitué
de 2 bouts de bois et de quelques planches.
Dans ma tête je cherchais un pont
suspendu, je n’avais pas pensé à un radeau
de fortune posé sur 2 gros rochers au ras de
la rivière.
La Népalaise Yangzum qui est avec nous
flanche subitement, nous continuons donc à
2 avec Christophe. Toutes les foulées sont
douloureuses pour ma cheville, mais alors
dans ces amas de pierres, j’éprouve encore
plus de difficultés. Heureusement je ne suis
pas décidé à le lâcher, quel qu’en soit le
prix, et plus motivant encore, je me déteste lorsque je pigne, ce qui a pour effet de
me surmotiver pour tenir et ne pas avoir l’impression de faire ma Géraldine. Ca
monte, ça descend, ça monte, ça descend, … Un nombre incalculable de fois, c’est de
la folie. On en arrive à désespérer que ça
s’arrête à un moment. Ils appellent ça un
faux plat Népalais (Nepalee flat ? a little bit
up, a little bit down) …
On traverse quelques cascades glacées et
pourtant je suis toujours avec mon seul
maillot de corps sans avoir froid le moins du
monde. Comme quoi la machine tourne à
bloc. A chaque col où nous pensons en avoir
fini avec ce calvaire on replonge 200m de
dénivelée plus bas pour regrimper un mur.
Sur un Nième col Christophe prend un petit
coup de pompe, alors je décide de faire ma
part du boulot en passant devant car je le suis comme un petit chien depuis bien
longtemps et c’est grâce à lui que j’ai pu tenir ce rythme. Et comme je suis blessé il
arrivera forcément à me suivre. Je « jardine » un peu (expression utilisée entre nous
pour indiquer que l’on ne sait pas où est le
chemin, et donc que l’on part un peu
n’importe où dans la nature en espérant se
retrouver au plus vite sur quelque chose qui
ressemble à un chemin, de préférence le
bon …) pour trouver ma voie dans ces amas
de pierres, mais heureusement je me
rappelle bien que dans mon analyse des
cartes hier il faut remonter la rivière pas
très loin en contrebas (enfin quelques
centaines de mètres en contrebas quand
même) jusqu’à Phortse, quelle que soit
l’altitude à laquelle nous nous trouvons.
http://ludo.le.fou.free.fr
Page 18 / 58
L’Everest Sky Race de Ludo le Fou
Heureusement car Christophe était tenté par une ascension en direction des terres.
Dans ce décor dès que l’on a 20m d’avance, on ne se voit plus, alors je crie et lève
mes bâtons dès que je sens que Christophe décroche pour lui faciliter la recherche.
Nous pensions mettre 4h pour faire cette étape, seulement nous arrivons à Phortse, à
plus de 5km de l’arrivée en 4h30. Enfin nous sommes sur un point connu ce qui nous
remonte le moral et nous permet de nous attaquer joyeusement, ou presque, à celle
que nous pensons être la dernière grosse côte.
Il ne me reste plus que 10cl d’eau, mais je pense tenir pour 5km. Quelle manque de
clairvoyance ! 5km cela peut être une éternité ici et pas de chance Christophe et moi
vivons un vrai calvaire dans ce tronçon sans fin à flanc de falaise. A chaque virage
nous cherchons du regard le village de Pangboche, mais il n’est jamais là. Le froid
commence à vraiment se faire sentir. J’ai les mains gelées et le simple fait de tenir
mes bâtons en aluminium me glace les doigts. Je suis pourtant toujours en maillot de
corps sans avoir froid à la poitrine, inutile de préciser que l’on y met toutes nos forces
dans ce tronçon. Je suis totalement déshydraté, j’utilise mes quelques centilitres d’eau
à m’humidifier la bouche pour ne pas être gêné dans la respiration et je n’ose plus
que trottiner pour m’économiser. Tel un mirage, nous apercevons au détour un Nième
lacet le village de Pangboche que nous atteignons après 5h56 d’efforts, réellement
très fatigués et vraiment plus tard que prévu. J’arrive 5ème, mais ralentis à 50m de
l’arrivée pour attendre Christophe que je n’avais pas vu craquer peu avant et qui se
trouve 200m derrière moi. Nous arrivons main dans la main pour mieux apprécier ce
long moment passé à nous battre contre l’environnement.
Le lodge où nous couchons se trouve à un bon km de l’arrivée. Nous y retrouvons
Marco et Pascal qui eux aussi semblent assez émoussés. Tant mieux ! Non pas pour
eux mais parce que cela signifie bien que l’étape était dure. Je m’attable aussitôt mon
sac déposé et commande 2 soupes, une grosse assiette de riz garni avec tout ce qu’ils
ont sous la main (le fameux Mixed Fried Rice) et 2 litres de thé pour me réhydrater en
urgence. En fait après un coup d’œil à ma montre, nous comprenons pourquoi nous
sommes tous dans cet état. Il y avait 30 et non 25km comme prévu, 1720m positif et
1530m négatif. Je pense que le plus dur pour tous aura surtout été de ne pas s’être
mentalement préparé à un effort aussi costaud ce qui fait que passé le temps
approximatif espéré nous sommes rentrés dans un mode résistance pour simplement
tenir jusqu’au bout. Vraiment costaude cette étape, en même temps personne ne
grogne. Je me demande même si une fois chacun requinqué nous ne sommes pas
tous très heureux, car quelque part nous sommes aussi venus ici pour nous défier.
Nous attendons quelque peu angoissés les derniers qui finalement arrivent tous bien
et surtout juste avant la tombée de la nuit, ce qui était notre crainte.
Malgré la fatigue, les contrôles médicaux restent bons pour tout le monde, même si
inexorablement le taux de saturation du sang en oxygène diminue avec l’altitude. Pour
ma part je me satisfais de mon acclimatation à l’altitude car mes résultats sont même
meilleurs que la veille. En revanche Maryse, notre docteur, m’ausculte et me
diagnostique une entorse, c’était malheureusement bien ce que je pensais. Elle me
fait une séance de mésothérapie, on verra bien demain ce que ça donne, en attendant
je la sens de plus en plus.
http://ludo.le.fou.free.fr
Page 19 / 58
L’Everest Sky Race de Ludo le Fou
Contrairement à certains j’ai la chance de n’avoir aucun souci de mal de tête ou de
perte d’appétit. Alors soupes, 2 gros Dalbat (plat presque quotidien pour les locaux à
base de riz et de lentilles), fruits et thé. Voilà un garçon bien rempli et requinqué !!
13 novembre 2009 :
Maryse à peine levée s’inquiète de la santé de
chacun, alors qu’elle-même court. Pas facile le
serment d’Hippocrate … Je n’ai pas le temps
d’attaquer le petit déjeuner qu’elle étudie ma
cheville et comme prévu la veille me l’immobilise
avec du strap. J’ai le pied gauche bloqué en
équerre ce qui n’est pas l’idéal pour courir en
revanche c’est tellement plus confortable de ne
plus avoir à se retenir à chaque fois que le pied
touche le sol. Heureusement cela ne me coupe
pas l’appétit et fais comme tous les jours un petit
déjeuner gargantuesque.
Comme les jours précédents je pars avec le
2ème groupe pour une étape qui va nous faire
passer de 4200 à 4700m d’altitude au camp
de
base
de
l’Amadablan,
avant
de
redescendre (et monter plein de fois selon la
loi du faux plat Népalais …) sur Dingboche
puis arriver sur Pheriche à 4270m. Je n’ai
toujours aucun signe de mal des montagne,
mais je me garde bien de pavoiser car nous
avons encore bien de l’altitude à grimper et
le MAM (Mal Aigu de Montagnes) peut
survenir de
façon aussi
subite qu’imprévisible. Il a gelé fort cette nuit, aussi
l’attente seulement quelques minutes dehors en
maillot avant le départ nous glace bien les os. C’est
parti, nous descendons jusqu’à une rivière que nous
traversons avant d’attaquer un mur qui nous amène
sans replat jusqu’au camp de base de l’Amadablan.
Avec ma cheville immobilisée j’ai l’impression que
parfois le sang n’arrive plus jusqu’au pied, en
attendant je ne regrette pas une seule seconde ce
strap car d’avoir le pied bloqué me rassure
énormément dans mes appuis et m’autorise
finalement une bonne allure. J’arrive d’ailleurs au
camp de base plus vite et surtout en bien meilleure
forme que tout ce que j’avais pu imaginer. Là un
groupe d’alpiniste en période d’acclimatation nous
offre un thé chaud au citron, aussi bon qu’inattendu.
http://ludo.le.fou.free.fr
Page 20 / 58
L’Everest Sky Race de Ludo le Fou
Dans la descente je pars confiant et
pris par l’euphorie je me permets
même de rattraper Jorbir le second
Népalais au classement général
avant de le dépasser. Je suis
euphorique et passe mon temps à
causer avec tous mes amis dans ma
tête à fièrement dire « t’as vu hein
je l’ai doublé ! ». Nous rattrapons
progressivement le premier groupe
parti 35mn plus tôt alors que je dévale toujours aussi rassuré, jusqu’à ce que je glisse
dans un pierrier. Je fais une grosse chute en atterrissant sur le coude droit mais
surtout j’ai la cheville gauche bloquée à 90° sur un rocher. J’ai beau essayer, je
n’arrive pas à me relever seul.
Heureusement que je venais juste de rattraper Christophe (le 2ème du groupe) et les
Népalaises partis dans le premier groupe. Me voyant dans cette posture Lakpa me
prend la cheville pour me la remettre droite, ce qui me fait hurler à la mort, allongé
sur mon rocher. A 3 ils me remettent debout car j’ai beau essayer je n’y arrive pas.
Sympathiquement tout le monde me propose de me porter une partie de mon
paquetage, mais évidemment il n’en est pas question : j’arriverai comme je suis
parti ! Chacun sa galère, c’est à moi de me débrouiller. J’apprécie malgré tout à sa
juste valeur ce geste spontané. J’ai vraiment très mal et je n’arrive plus du tout à
poser le pied par terre, et pourtant malgré les conseils de Christophe, je décide de me
remettre à courir tant que je suis chaud. J’ai fait un choix mais je n’ai pas la moindre
demie idée de comment je vais faire, en tout cas c’est le moment où jamais de
prouver que c’est bien la tête qui commande en toute circonstance. Je ne cesse de
m’agacer à m’écouter pigner à chaque foulée, et pourtant je réussis à recourir, même
si désormais c’est du très lent. Adieu mon rêve de m’accrocher un Népalais au
http://ludo.le.fou.free.fr
Page 21 / 58
L’Everest Sky Race de Ludo le Fou
compteur. C’est dommage car j’avais l’envie et
les jambes pour le faire me semble t-il.
On nous avait annoncé une séance « jardinage ».
Nous n’avons pas été déçus ! 5km de randocourse à travers des épineux et arbustes pour les
plus bas du haut des cuisses à la poitrine pour
les plus hauts. Dessous ? Des blocs de roche
instables, des ruisseaux, de la glace, des trous
d’1m entre 2 rochers et parfois tout ensemble !
Chaque foulée est un danger pour tout le
monde, alors pour moi …
Christophe S, juste derrière moi au
classement général, fini par me rejoindre vu
que je marche désormais plus que je ne cours
dans ce terrain. Ceci n’est pas forcément une
mauvaise nouvelle pour moi, cela me permet
de le laisser passer devant à chercher un
possible chemin tandis que moi je me focalise
sur mes appuis sans plus lever la tête. Et
comme en plus il est archi motivé cela me
permet également de m’imposer un
rythme pour rester à son contact. Nous
finissons pas trouver le pont que nous
cherchions depuis bien longtemps (3
rondins de bois sur lesquels sont cloutées
des planches en travers) pour traverser la
rivière dont nous avons notre dose de la
longer.
J’ai vraiment la cheville en vrac et
paradoxalement depuis que nous avons
retrouvé un chemin je souffre encore plus. Le moindre
petit caillou de 2cm me fait gémir. Je me maudis
comme il n’est pas permis de le faire à chaque fois que
je ne réussis pas à contenir mes cris. Ma seule
satisfaction car il m’en faut une pour me motiver à
continuer ainsi c’est précisément d’arriver à courir dans
cet état et d’être capable de m’accrocher au rythme
endiablé de Christophe qui lui est limite euphorique
tellement il a la forme. J’ai beau avoir retenu qu’il fallait
filer à droite à l’arrivée dans Dingboche, je suis
bêtement Christophe qui lui s’engouffre à pleine vitesse
dans le village (évidemment je ne lui en veux pas
puisque chacun est responsable et doit prendre le
chemin qui lui semble le plus approprié). Seulement
voilà, l’arrivée n’est pas là mais à Pheriche ce que
Christophe avait semble t-il oublié. Lorsque je lui
http://ludo.le.fou.free.fr
Page 22 / 58
L’Everest Sky Race de Ludo le Fou
annonce cela et surtout que le village où sera jugée l’arrivée se trouve de l’autre côté
de la montagne, il est désabusé.
Je repasse alors devant histoire de gagner mon défi avec ma cheville et décide de
prendre la pente bien abrupte le plus à la verticale possible. Arrivé en haut nous
sommes bien essoufflés mais heureusement cette fois ci nous apercevons clairement
200m plus bas le village de Pheriche. La descente pour arriver est terrible, entre 50 et
60% à l’œil et … tant mieux ! Comme la cerise sur le gâteau j’explique à ma cheville
que pour ce final de rêve pour moi, elle ne réussira pas à m’arracher le moindre bruit
quoi qu’elle fasse. La pente est si raide que je n’ose pas lever les yeux pour voir où il
faut aller, bien que j’entende siffler. Je préfère me concentrer sur mes appuis pour
descendre à bloc. Je finis par apercevoir Marco tout juste arrivé qui m’invite à couper
encore plus. Je termine une nouvelle fois 5ème, quelques dizaines de secondes devant
Christophe qui apprécie plus les montées que les descentes, avant tout très heureux
d’en avoir fini vu l’état de ma cheville que je n’ose plus poser par terre. Evidemment
comme une histoire d’Astérix qui se termine, je finis par un gros repas et une grosse
réhydratation avant de m’écrouler pour une heure de sieste. Petite visite ensuite de
Pheriche dont la seule particularité est d’héberger un monument en inox et en forme
de double pointe où figurent toutes les personnes décédées dans l’ascension de
l’Everest depuis que l’homme a décidé de s’y aventurer.
14 novembre 2009 :
L’étape du jour est une boucle qui nous fait
partir de Pheriche (4270m) pour aller au
Chhukung Ri, sommet à 5400m d’altitude, puis
retour au point de départ à Pheriche. Le départ
est donné à 7h30. Il fait frais mais l’ascension
combinée au soleil qui fait son apparition nous
font ôter assez rapidement quelques couches
de vêtements, enfin jusqu’à 5000m où la
moindre brise se transforme en air glacial. Avec
40% d’oxygène, le corps est également
beaucoup plus sensible à ces petits aléas. A
5100m je suis obligé de m’arrêter pour enfiler
mes grosses moufles Gore-Tex car malgré mes
gants j’ai les doigts gelés. Je monte
tranquillement mais régulièrement jusqu’au
sommet où le panorama est absolument
splendide sur 360°. Seul le sommet du Lhotse
est pris dans les nuages, mais il n’y a vraiment
pas de quoi gacher le plaisir. Séance photo
obligatoire malgré le froid qui pousse à faire
très vite tout de même et surtout une belle
leçon d’humilité lorsque l’on pense à la place de
l’homme sur terre et à son désir de vouloir
toujours modifier son environnement à sa
façon.
http://ludo.le.fou.free.fr
Page 23 / 58
L’Everest Sky Race de Ludo le Fou
Ce
qui
est
génial c’est qu’à
cette altitude là
on a toujours le
nez en l’air à
observer
des
sommets
encore
bien
plus hauts. Le
retour de cette
ascension
réglée en 4h
se fait avec un
2ème départ en
contre
la
montre
où
chacun
part
quand il le
sent. C’est sympa et cela donne un peu de
piment à la course puisque l’on ne sait
finalement pas qui est devant ou derrière avant
que tout le monde ne soit arrivé. Un peu
craintif sur mes premières foulées par rapport
à ma cheville gauche que m’a rebloqué
Maryse ce matin (car les heures d’effort ont
toujours raison d’un strap aussi serré soit-il),
je me sens très rapidement en confiance
après avoir joué sur quelques envolées dans
les pierres.
La descente est vertigineuse comme j’aime,
alors c’est parti à fond en poussant toujours
du pied droit et en recherchant juste un appui
plat pour mon pied gauche. Je fais des
envolées jouissives qui m’obligent à utiliser mes
bras à l’horizontale pour conserver la trajectoire
que je souhaite.
Je suis tellement en confiance que je finis même
par quitter la trace pour tirer encore plus à la
verticale. J’ai beau me rapprocher de la rivière
que l’on doit traverser, je n’arrive pas à
visualiser le pont par lequel je suis passé à l’aller
il faut dire qu’à cette vitesse je ne reste pas non
plus très longtemps les yeux en l’air pour rester
concentré sur mes pieds et les pierres.
http://ludo.le.fou.free.fr
Page 24 / 58
L’Everest Sky Race de Ludo le Fou
Tant pis, ne le trouvant pas je
tente ma chance avec un énorme
bloc de glace au milieu de la
rivière pour lequel je ne perds
même pas 1/2s à étudier la
stabilité ou la solidité puisque de
toute manière j’ai décidé de
passer ici. Pas de chance la glace
n’est pas suffisamment dure pour
supporter
mon
poids.
Je
m’enfonce jusqu’aux genoux puis
plonge en avant sur mes bras qui
s’enfoncent à leur tour, pour
traverser en rampant de peur de
finir dans l’eau glacée de la
rivière. Je repars à bloc aussitôt
en
sur-ventilant
pour
me
permettre de poursuivre cet effort où je donne absolument tout grâce à ce
complément d’oxygène. Je ne cesse de penser à Maryse et de la remercier
intérieurement pour le blocage de cheville qu’elle m’a fait, et poursuis avec vigilance
tout en restant sans cesse à fond.
Je me méfie plus encore des petites pierres que l’on retrouve au fur et à mesure que
l’on descend et serre les dents quand je me suis loupé. Mon dessous de pied droit me
brûle, je pense que je n’ai plus de peau à un endroit, mais c’est si peu grave que je
promets à mon pied faire le point et m’occuper de lui après mon arrivée. Je traverse
plusieurs rivières et surtout trouve le chemin idéal parmi les dizaines de chemins qui
s’offre à nous sans cesse. La journée est si parfaite et me rend si euphorique que je
décide de continuer à courir à fond dans la dernière montée, là même où hier je ne
pouvais faire mieux que du petit trot. Au sommet de cette ultime montée, je vois
cette fois ci de façon précise où se trouve l’arrivée dans ce village de Pheriche
quelques 200m en contrebas. Je termine lessivé mais tellement heureux d’avoir pu
me donner ainsi. Mieux une fois tout le monde arrivé,
j’apprends que je termine 3ème de l’épreuve à seulement
47s du premier ! C’est aussi inattendu qu’incroyable car
nous ne jouons pas dans la même planète tout de même.
Mais après l’euphorie du chrono, ma cheville et mon pied
droit sans peau sous l’avant pied me présentent l’addition.
Je me tortille dans tous les sens pour trouver comment
poser chacun de mes pieds dès que je me déplace, mais
ce n’est pas grave, ce n’est que de la bobologie en regard
de ce qui pourrait nous arriver. Après la séance
réhydratation et gavage du Ludo, ce sont les contrôles
médicaux comme toujours. Ma sat qui était descendu à 77
au sommet est revenue à 83 en soirée et je n’ai plus
qu’une tension de 10.5 ce qui tendrait à dire que j’ai un
http://ludo.le.fou.free.fr
Page 25 / 58
L’Everest Sky Race de Ludo le Fou
peu pioché quand même dans cet effort. Dehors il fait vraiment très froid et j’ai un
peu mal au bide. Je ne sais pas si c’est gastrique ou l’addition de mon effort du jour,
mais peu importe une bonne nuit me remettra en forme pour demain.
15 novembre 2009 :
Nous nous réveillons à 5h pour un départ à 6h du
matin. Ca fait court mais c’est amplement suffisant.
Pour ma part je fais comme toujours le choix de
consacrer la majorité de mon temps à prendre mon
petit déjeuner au détriment du rangement de mon
sac que j’enfourne vitesse grand V après en avoir
extrait tout ce qui m’était primordial pour la
journée. L’étape du jour nous promet du long, du
dur et de l’altitude. Et nous ne sommes pas déçu
par le programme !
Ca monte dans un bel amas de pierres avec
quelques rivières à traverser de Dugla (4260m)
jusqu’à Gorak Chep (à 5164m) dont le nom
signifie « Plage de sable » (on comprend mieux
lorsque l’on traverse une immense étendue
plate recouverte de sable blanc dont on se
demande bien comment elle est arrivée là. Il
s’agirait d’un ancien lac disparu), mais ce n’est
rien par rapport à la montée de Gorak Chep
jusqu’au Kalapathar, sommet à 5700m.
Pas de chance pour moi avec le froid, les
coups de chaud dès que le soleil réapparaît,
le vent, la lumière qui me tire les yeux, … je
chope mal à la tête à peine 1h après que je
sois parti. Je change de tenue sans arrêt
pour m’adapter mais rien n’y fait et de toute
manière je me connais, lorsque je prends un
mal de tête comme celui-là j’en ai pour bien
longtemps en général. Par peur et par défi je
ne prends aucun médicament. Ma plus
grosse crainte c’est peut-être de ne pas
connaître le mal des montagnes et que je n’ai
pas envie que mon jugement ou mes sens
soient altérés par un
médicament qui
masquerait certains symptômes. Combiné à
cela, je me rends bien compte que passé 5000m
je cours un peu comme Steeve Austin … Même
si je ne ressens pas de gêne ou d’impression de
fatigue je sens bien que je ne peux pas aller
plus vite. La montée jusqu’au sommet me
http://ludo.le.fou.free.fr
Page 26 / 58
L’Everest Sky Race de Ludo le Fou
semble interminable d’autant plus que je sais si mal à la tête que toutes les 10s je me
pose la question de savoir si je ne ferai pas mieux de m’allonger par terre à attendre
que ça passe.
Le sommet est glacial mais offre une vue
exceptionnelle, dommage que l’Everest soit dans les
nuages au moment où j’arrive. Malgré mon sale état
j’arrive tout de même à prendre le temps d’apprécier
la vue et surtout cette formidable impression d’être
invisible dans le décor. Même à cette altitude on
continue à regarder sans cesse en l’air comme si l’on
était à Chamonix en train de regarder le Mont Blanc.,
tellement il y a de sommets immenses à plus de
8000m qui nous entourent. Je redescends quelques
minutes après Christophe, qui m’avait doublé dans
l’ascension. Avec mon mal de crâne qui ne cesse
d’amplifier, chaque pas est un coup de semonce dans
mon crâne et pourtant à l’idée d’être à la hauteur
pour ma famille, mes amis et mes partenaires (eh oui
je les sors toujours dès que j’ai besoin de trouver une
motivation pour persévérer dans l’effort sans jamais
rien consentir, dès que la bataille est difficile et
http://ludo.le.fou.free.fr
Page 27 / 58
L’Everest Sky Race de Ludo le Fou
s’annonce mal engagée) je réussis tout de même une belle descente, en ne
conservant qu’un œil ouvert car j’ai l’impression d’atténuer quelque peu la douleur
ainsi, ce qui me permet de revenir sur Christophe à mi descente.
A notre gauche une immense moraine dans
laquelle nous allons devoir aller pour rejoindre
le mythique camp de base de l’Everest. J’ai
beau avoir mal à me rouler par terre je sais
que j’irai au camp de base (car pour les moins
rapides et les plus fatigués il était conseillé de
redescendre jusqu’à Dugla après le Kalapathar
sans faire la boucle par le camp de base de
l’Everest). Et puis je dois l’avouer, on a beau
m’avoir prévenu qu’il n’y avait aucun point de
vue et que le lieu était très banal, j’en rêve
car pour moi le lieu est mythique. Courir là
où les alpinistes arrivent tout doucement et
où l’histoire de l’alpinisme mondial s’est
écrite est suffisamment motivant pour que
mon égo ne m’autorise pas d’autre solution.
Je tente de convaincre Christophe de
débouler dans quelques falaises instables
pour nous raccourcir mais il ne le sent pas
et comme je ne me sens pas bien je me
raisonne finalement pour le suivre. D’autant
que je dois l’avouer, Christophe me facilite
grandement la tache puisque je suis le rythme
qu’il impose alors que sinon je devrai me faire
violence pour avancer et surtout il me permet
de fermer régulièrement les yeux à tour de rôle
pour tenter de me soulager. Nous finissons par
trouver ce chemin pour bifurquer vers le camp
de base de l’Everest, qui m’inquiétait car je ne
le voyais sur aucune carte. S’ensuit une
nouvelle longue ascension dans un décor
totalement minéral et sauvage qui rend le
parcours tout de même un peu technique. Plus
ça va, plus j’ai mal et plus je pleure ! Non pas de douleur, mais parce que je passe
des dizaines et des dizaines de visages de personnes pour qui je me promets de
mettre un pied sur ce lieu magique avec pour chacun une motivation et quelque chose
à en tirer. Je finis par arriver, en larmes tellement je suis heureux d’être là et d’avoir
emmené ma famille et tous mes amis. Comme un enfant je m’invente une histoire et
je suis sûr que chacun est au courant par la pensée qu’il vient de mettre un pied à
mes côtés sur le camp de base de l’Everest.
Il nous faut désormais revenir jusqu’à Dugla, mais avant de partir je cède à la
douleur, comme si le plus important étant réalisé à mes yeux je pouvais désormais
tenter n’importe quoi et me laisser aller. Je prends donc un Doliprane pour tenter
http://ludo.le.fou.free.fr
Page 28 / 58
L’Everest Sky Race de Ludo le Fou
d’apaiser la douleur. Malheureusement cela reste sans effet. Je descends comme un
robot où chaque foulée est un coup dans le crâne mais où chaque foulée est une
victoire pour quelqu’un. J’applique la technique du « allez une cuillère pour … et une
cuillère pour …. ». Plus le temps avance et plus je sens que je suis épuisé. Ayant
retenu la leçon de mon ascension du Kilimandjaro je me force malgré tout à manger
(si si !) alors que je n’ai vraiment plus qu’une envie et obsession : arriver.
Pendant des heures je parle à tout le monde dans ma tête (oui je sais, vous allez dire
« il est déjà pas bien sur le plancher des vaches alors avec l’altitude ça ne l’a pas
arrangé … ») mais je veux être à la hauteur et tenir coûte que coûte pour tous ceux
qui me suivent. J’ai beau avoir mal je donne tout ce que j’ai sans compter. Christophe
avec qui je courais depuis des heures cède malheureusement subitement à quelques
km de l’arrivée, lui aussi certainement bien touché par la fatigue. Je termine
totalement épuisé ces 28km de folie en 7h01, au point qu’aussitôt après avoir franchi
la ligne je m’écroule dans les bras de Philippe venu m’accueillir (en fait mes souvenirs
s’arrêtent à « je sens que je vais partir » et c’est après que j’apprends ce bout de
l’histoire). Il me manque du coup quelques images des 20mn qui auront suivi mon
arrivée dont je me réveille, allongé dans la salle de restauration du lodge avec Maryse
en train de m’ausculter et me soigner. Plus de peur que de mal : l’aspirine combinée à
une bonne soupe chaude et une position pour récupérer me remettent en état comme
s’il ne s’était jamais rien passé. Je n’ai aucun problème de tension ou de saturation en
oxygène dans le sang, ce qui écarte une éventuelle possibilité de mal des montagnes.
Ce n’est qu’un relâchement après un gros coup de fatigue.
D’ailleurs la preuve que j’ai bien récupéré c’est qu’ils m’ont commandé 2 gros plats de
patates et de riz que j’engloutis sans le moindre problème (tout le monde à compris
que l’alimentation est un véritable test pour moi …). J’ai même le temps d’accueillir les
derniers arrivants, enfin les derniers des 8 coureurs seulement sur tout le peloton à
avoir fait l’intégralité du parcours avec le Kalapathar et le camp de base de l’Everest.
La soirée se termine comme toujours par les
contrôles médicaux, le dîner, les consignes de
course pour le lendemain et les longues discussions
ou parties de belote.
Enfin non, la soirée ne se termine pas pour moi. En
effet alors que nous sommes partis nous coucher, je
ressens une gêne juste sous la poitrine à gauche,
comme si j’étais serré dans un étau. La gêne est si
forte que cela m’empêche même de m’endormir,
c’est dire que j’ai passé le stade que j’appelle de la
bobologie, dont je me sors toujours en coupant la connexion avec le cerveau. 15mn,
30mn, 1h, 2h … plus ça va plus je me sens serré et la douleur est vive et pourtant je
reste convaincu qu’en attendant ça va passer, même si je perds du capital sommeil et
donc de la récupération. Jusqu’à ce qu’une pensée idiote me vienne à l’esprit : « et si
tu finissais pas t’endormir … pour toujours ? », « même pas peur » me dis-je, en
commençant à faire le point sur ma vie dans laquelle je n’ai aucun regret et accepte
que cela puisse être mon heure. Heureusement en balayant ma vie je pense à ma
femme et mes enfants. Je sors de ces pensées idiotes et tellement égoïstes, comme
http://ludo.le.fou.free.fr
Page 29 / 58
L’Everest Sky Race de Ludo le Fou
une pile, assis dans mon sac de couchage. « Bien sûr que non ce n’est pas mon
heure, bien sûr que non je ne peux pas les laisser continuer leur histoire sans tout ce
que je me dois de leur apporter, bien sûr que je n’ai pas oublié les recommandations
de ma petite femme avant de partir qui m’a fait jurer de m’arrêter sans jouer à passer
outre les douleurs et la raison et bien sûr que je vais arrêter de jouer les durs ou les
extrémistes et aller voir le doc même si cela touche mon égo de devoir aller me
plaindre ». Je cherche ma frontale, me lève au ralenti car même pour me mouvoir
cela me gêne et frappe dans la nuit à plusieurs portes avant de finir par trouver la
chambre des docs que je réveille. Après la légitime inquiétude qui fait suite à la
surprise, les voici rapidement rassurés, je suis victime selon eux d’une allergie à
l’aspirine qui me brûle certainement l’estomac, le haut de ce dernier se trouvant juste
sous le cœur. En même temps qu’un cachet pour régler ça ils me font avaler un
vasodilatateur en pschitt qui est censé dilater les vaisseaux donc et aider à la
circulation du sang. Le temps que j’aille uriner avant de me recoucher et voilà que je
refrappe en urgence à leur porte. Je viens de choper en quelques secondes un mal de
crâne terrible. « Oui t’inquiète pas c’est normal, c’est que le pschitt fait justement son
effet et le cerveau étant le plus près de la bouche c’est là que l’on ressent les
premiers effets mais ça va passer ». Effectivement je file me coucher et tout revient
dans l’ordre rapidement. Sacré journée tout de même !
16 novembre 2009 :
Malgré une bonne fin de nuit durant laquelle j’ai le sentiment d’avoir bien récupéré
tout de même, je me lève quelque peu barbouillé. La preuve infaillible c’est que je
peine à avaler mon café et ne réussis à manger que 2 omelettes, soit bien loin de mes
standards, sans parler qu’il me faut bien du temps pour le faire. Tant pis pour ma
journée, je vais donc respecter mon engagement conjugal d’avant course et les
consignes de prudence des médecins qui me préconisent de marcher toute l’étape et
même de partir avec le premier groupe. J’accepte donc d’être raisonnable pour toute
la journée, mais pas de partir avec le premier groupe, ni de marcher toute la journée,
non pas par fierté du tout, mais par respect pour la course et mon pari d’aller au bout
du défi. Ce sera donc course avec mon groupe mais façon petit trop sans aucun effort
supplémentaire sous prétexte de course avec un concurrent comme j’en suis
coutumier.
Je pars donc avec le second groupe direction
en premier lieu le Cho La Pass (5450m), un
col enneigé et glacé, pour ensuite filer jusqu’à
Gokyo et finir par l’ascension du Gokyo Ri
(5350) où sera jugée l’arrivée. Je pars en
courant et au bout de 50m je me demande
comment je vais faire pour réussir à survivre,
tellement je manque d’air. J’ai beau partir
doucement à cette altitude là c’est toujours
trop rapide et je me fais avoir à chaque fois.
Il me faut plus de 5mn avant de trouver la
bonne allure et revenir à une respiration sans
gêne. Malgré la montée j’arrive à courir, il
http://ludo.le.fou.free.fr
Page 30 / 58
L’Everest Sky Race de Ludo le Fou
faut dire que j’ai pris le parti de laisser partir Marco puis Fred avec qui j’aurai pu
courir, pour respecter mes engagements de modération dans l’effort.
Finalement c’est super, car j’apprécie d’être très rapidement tout seul dans ces
paysages immenses et j’ai beaucoup plus de temps que d’habitude à consacrer à la
contemplation (même si je cours) sans parler du fait que cela m’entraîne à trouver
seul mon chemin avec ce doute persistant que j’adore « et si je m’étais trompé ? ».
http://ludo.le.fou.free.fr
Page 31 / 58
L’Everest Sky Race de Ludo le Fou
Ce petit doute qui oblige à redoubler de vigilance, à observer tous les détails et à
valider au fil du temps son parcours dès que l’on arrive à un point reconnaissable
avant de se remettre à douter jusqu’au prochain.
Toujours est-il que je finis par arriver au Cho La Pass. Y arriver représente déjà une
sacrée sortie, mais le passer sans chuter est bien plus difficile. De temps à autres mon
bâton s’enfonce de 50cm, d’autres fois j’aperçois de gros trous dans la glace qui
semble finir entre d’énormes blocs rocheux. Je décide pourtant de continuer en
baskets, sans les crampons que j’avais pourtant prévu sur le dessus du sac au cas où.
Je manque bien entendu de chuter un bon paquet de fois mais je réussis malgré tout
à franchir ce col sans tomber.
Aussitôt le col passé nous déboulons sur une descente de blocs rocheux instables
vertigineuse. « Vertigineuse ? Et bien c’est comme j’aime alors ! ». Désolé pour ma
petite femme mais là c’est au dessus de mes capacités à rester raisonnable et je
décide de la descendre en mode « brute », c'est-à-dire tout droit. Je ne reste pas en
mal de sensations longtemps et pour tout dire je réussis même à me faire peur
lorsque je chute accompagné de blocs de plus de 100kg, heureusement sans mal.
Plutôt que tergiverser sur mes sueurs froides, je repars de la même façon durant
45mn, doublant en volant des trekkeurs qui se tiennent et avancent pas à pas en
tâtant le sol. Quel bonheur, quelles sensations ! Après avoir fini de traverser un amas
http://ludo.le.fou.free.fr
Page 32 / 58
L’Everest Sky Race de Ludo le Fou
rocheux d’un petit km où tous les rochers font entre 1 et 5 fois ma taille, je rejoints
Philippe et Virginie, partis 30mn plus tôt, et décide de rester avec eux, car si je les ai
rejoints, j’ai pour ma part été rejoints par de terribles maux de bides et ne cesse
d’avoir des reflux d’œuf pourris qui ne présagent rien de bon (sans jeu de mot …). Vu
les maux de ventre que j’ai désormais je n’ai
plus qu’un seul objectif, finir coûte que coûte
l’étape sans chuinter la dernière ascension.
Après d’innombrables montées et redescentes
durant lesquelles je calcule tous mes pas pour
ne pas amplifier mes maux, nous arrivons sur
une moraine à traverser avant d’arriver à
Gokyo. On nous avait dit qu’elle faisait environ
500m, mais elle doit en faire entre le double et
le triple et surtout on doit faire entre 5 et 6 fois
cette distance pour la traverser car il n’est
pas possible de faire autrement que de suivre
les chemins qui partent à gauche alors que
l’on veut aller à droite et surtout ne cessent
de tournicoter en lacets. Je m’en remets à
mes partenaires, mes amis et ma famille pour
ne pas céder à la tentation de m’arrêter là,
une nouvelle fois porté par d’incessantes
larmes d’envie qui m’invitent à ne jamais
faiblir ou m’abandonner. J’ai si mal au bide
que j’ai réellement l’impression que chacune
de
mes
foulées
sera
la
dernière,
heureusement chacune des personnes qui
passent sans discontinuer dans ma tête me
fournit une excuse. Le village de Gokyo est
introuvable ! D’ailleurs nous nous sommes
perdus dans immense moraine. Nous voici
obligés de descendre une pente où nous
n’avons d’autre choix que de nous laisser
tomber dans ce pierrier dangereux. Nous
retrouvons enfin notre chemin, qui me
paraît toujours aussi interminable. Au bout
de 6h de course nous voici enfin à Gokyo,
au pied du dernier sommet.
Je suis mentalement lessivé mais trouve tout
de même les ressources pour avoir envie de
grimper pour tout le monde. J’alterne les
regards vers le haut avec ceux qui lèchent le
sol. Ceux vers le haut pour réussir à voir le
sommet, si haut qu’on ne le voit pas quand on
est dans la grimpette de ce mur, car j’aimerai
bien le défier du regard ce sommet et lui
cracher que, quoi qu’il arrive, ma famille, mes
http://ludo.le.fou.free.fr
Page 33 / 58
L’Everest Sky Race de Ludo le Fou
amis et moi nous arrivons. Puis les regards vers le bas, le plus souvent d’ailleurs, où
regardant mes chaussures et les derrières de Philippe et Virginie, je me cherche une
motivation à chaque foulée pour accepter les coups dans le bide et pour ne jamais
m’arrêter. 700m positif tout de même cette dernière ascension.
Je me sens vidé (sans jeu mot lié à mes
problèmes gastriques) et n’arrive plus à mettre un
pied devant l’autre. Heureusement que je suis
avec Philippe et Virginie car ils me poussent sans
le savoir à maintenir le rythme. Et alors que j’ai
les larmes aux yeux en pensant aux miens depuis
déjà un moment je me mets à ouvrir carrément
les vannes lorsque je me remets à penser à mon
Riri Boy (mon ami Eric, décédé voici 3 ans
maintenant). Lui qui se souciait sans cesse de ma
santé pour pas que je dépasse mes limites est
parti le premier. C’est sûr j’arriverai pour lui.
Mieux, je suis athée comme ce n’est pas permis
de l’être et pourtant je me promets de lui
construire un petit temple au sommet. Ici au
pays du 3ème œil, qui symbolise la pensée, je ne
trouverai pas meilleur endroit qu’à cette altitude
pour matérialiser ma pensée qui l’accompagnera
toujours.
Philippe mène toujours notre petit groupe avec
régularité et une extrême motivation, Virginie
m’épate tout autant par sa volonté et sa
capacité à soutenir l’effort sans broncher ni
rechigner. Finalement nous montons pas si mal
que ça après tant d’heures de course et vu la
pente, même si chacun n’est pas loin de la
rupture et lâche ses larmes de temps à autre.
Heureusement il n’y aura pas de rupture,
chacun
ayant
trouvé
ses
motivations
personnelles, suffisamment fortes en tout cas
pour nous faire accepter la fatigue. Nous
finissons par arriver après 1h30 d’ascension non
stop. L’ambiance est quelque peu bizarre avec la
satisfaction d’y être arrivé, le besoin de lâcher le
peu de larmes qu’il me reste, une vue à couper
le souffle, le besoin de remercier Virginie et
Philippe de m’avoir emmené jusque là vu mon
état, l’envie de me coucher par terre pour
attendre que mes maux de bide s’estompent,
l’urgence de construire un temple pour mon Riri
Boy, l’envie d’hurler à pleins poumons pour que
ma famille, mes amis et mes partenaires écoutent à des milliers de km de là qu’ils
http://ludo.le.fou.free.fr
Page 34 / 58
L’Everest Sky Race de Ludo le Fou
sont arrivés à mes côtés, le besoin de me recueillir devant les photos des miens pour
capter dans leur regard l’énergie qui me permettra de redescendre, …
Il fait très froid et l’arrêt prolongé à une telle altitude n’est pas conseillé, plus encore
pour des corps fatigués, alors Philippe nous presse un peu pour que l’on reprenne le
chemin inverse jusqu’à Gokyo. Evidemment même si c’est toujours trop long et si le
grésille a fait son apparition, le retour est presque une formalité du fait de la descente
et d’avoir le cœur léger de la réussite.
Après 40mn nous retrouvons enfin le groupe où nous apprenons qu’en fait une bonne
partie n’a pas eu la force ou le temps de s’attaquer au Gokyo Ri, nous sommes donc
les derniers à être arrivés là haut. Je termine finalement à une 6ème place totalement
inespérée vu la physionomie de ma journée.
Aussitôt arrivé, aussitôt à table bien sûr me concernant, avec beaucoup de thé pour
me réhydrater et 3 énormes plats locaux. Avant d’attaquer le protocole habituel du
soir avec contrôle médicaux et tout ce qui s’en suit, je demande s’il est possible de
prendre une douche. Pas de problème me dit-on et l’on m’amène une seau d’eau. Cela
me convient parfaitement et l’apprécie même à sa juste valeur en ces lieux. Je file
dehors dans un local sans lumière, complètement noir que je tente de découvrir avec
ma frontale. S’y déshabiller par des températures négatives, motive vraiment à faire
vite pour passer sous l’eau. « Horreur ! ». Je mets un doigt dans le seau par réflexe et
l’eau aussi est gelée ! « Euh là, ça va faire beaucoup ». J’enfile un sous-vêtement et
file en cuisine pour que l’on me verse l’eau d’une théière dedans, puis repars avec
mon seau tiède. Les conditions ont beau être limites et j’ai beau claquer des dents
sans pouvoir me maîtriser je n’en reste pas moins heureux de faire un semblant de
toilette.
http://ludo.le.fou.free.fr
Page 35 / 58
L’Everest Sky Race de Ludo le Fou
17 novembre 2009 :
Toute la nuit, je me lève pour des sprints
dans le couloir. Evidemment il ne s’agit pas
d’une de mes nouvelles lubies, mais d’une
obligation liée à ma gastro. De toute manière
sorti du sac de couchage par -15°, on ne
traîne pas …
J’ai le sentiment que dehors il se passe
quelque chose mais je ne sais pas quoi.
Lorsque l’heure du réveil arrive, je sais enfin :
il y a quelque chose comme 30cm de neige !
La direction de course annule logiquement
l’étape du jour qui devait nous emmener
encore bien plus haut, et fait preuve d’une
parfaite maîtrise de la situation en nous
organisant une marche de liaison pour
redescendre de ce piège et nous créer du
coup 2 nouvelles étapes ailleurs.
Heureusement que nous partons en groupe car trouver son chemin en temps normal
n’est déjà pas inné, mais alors là sans guides cela relèverait de la magie si nous
arrivions seuls à Phortse Drengka, enfin, pour nous qui ne connaissons pas la
montagne par cœur
http://ludo.le.fou.free.fr
Page 36 / 58
L’Everest Sky Race de Ludo le Fou
Nous sommes couverts avec toutes les
couches possibles pour résister au froid.
Le chemin est une alternance de neige,
glace, pierres, boue, froid, traversées de
nuages avec perte totale de visibilité, …
bref une marche, certes, mais qui joue sur
les organismes de tout le monde.
D’ailleurs nous nous arrêtons nous
ravitailler dans un village (4 lodges à tout
casser …) et le temps d’être servi, à peu
près tout le monde s’endort sur place !
Nous finissons tout de même par arriver
après 6h de marche, une bonne étape en
quelque sorte pour l’organisme. Me
concernant je suis toujours malade et
tout ce que j’ingurgite ressort dans les
minutes qui suivent, mais ce n’est pas
grave, cela fait partie de la course. Je me
dis d’ailleurs en rigolant pour avancer
que chacun d’entre nous aurait droit à
une semaine d’arrêt minimum si nous
devions
être auscultés, avec nos
bronchites, gastros, entorses, fatigues
avancées, problèmes de genoux, infections
pulmonaires, mal aigu des montagnes, …
Le soir autour du poêle central qui
représente le vrai luxe ici, nous rejouons
une nouvelle fois le rituel du soir avec
contrôles médicaux et soins, dîner,
consignes de course pour le lendemain et
jeux ou discussions.
http://ludo.le.fou.free.fr
Page 37 / 58
L’Everest Sky Race de Ludo le Fou
18 novembre 2009 :
Pour changer la nuit a été glaciale à Phortse Drengka. L’idée de sortir un bras du sac
de couchage est rapidement enrayée tellement il fait froid. D’ailleurs au réveil, nez
bouché, je regarde la vitre totalement recouverte de glace à l’intérieur, le rideau collé
dessus. Et pourtant je décide de partir en pantacourt et juste un maillot sur le dos
lorsque le départ arrive en repensant aux conseils
de Marco, d’autant plus que nous allons débuter
par une ascension de 400m de dénivelée positive.
Nous n’avons pas parcouru 100m au moment du
départ que Dawa se fait une vilaine entorse sur
l’amas de pierre qui nous sert de chemin et moi de
même, sur ma cheville déjà blessée, alors que je
viens de lever la tête pour regarder ce qui lui
arrive. Même blessure, donc même technique que
d’habitude : je repars tout de suite, même si je
boitille et c’est douloureux, pour ne pas laisser mon
corps refroidir et la douleur augmenter, puis
déconnecte la connexion entre mon cerveau et ma
cheville, « désolé toutes nos lignes sont occupées,
veuillez renouveler votre appel après la course ».
L’avantage du message c’est que je peux me servir
de message pré-enrégistré pour mes boyaux
toujours aussi mal en point.
Je grimpe plutôt pas mal et fais l’effort de
toujours rester devant Marco qui est sur mes
talons, non pas pour la course, même si c’est
motivant, mais parce que je veux absolument
tester ma capacité à maintenir l’effort vu qu’il
est meilleur que moi et aussi pour tester ma
capacité à m’orienter et à prendre les bonnes
décisions seul, qui plus est rapidement car le
parcours défile rapidement.
Des pierres, de la terre, de la boue, de la neige,
de la glace, … le sol change sans cesse et
nécessite une extrême vigilance. Quel pied ! En
plus les paysages sont merveilleux, ceci ne fait
qu’augmenter mon bonheur. Nous retraversons
Khumjung où nous passons en pleine séance de
sport à l’école, qui ne ressemble pas vraiment à
celles de chez nous tellement tout est ordonné.
Nous traversons ensuite l’aérodrome (1 bout de champ en herbe en pente … jusqu’à
une falaise quelques 300m plus loin) et nous engageons à travers une très belle forêt
de pins. Le terrain change une nouvelle fois et est fort agréable par sa souplesse,
même si les pierres, montées, descentes et virages nécessitent une relance
permanente. Nous arrivons au village de Thamo où je décide laisser partir Marco avec
http://ludo.le.fou.free.fr
Page 38 / 58
L’Everest Sky Race de Ludo le Fou
je cours toujours, pour immortaliser cet endroit si
plaisant et si typique. Le village passé nous
empruntons une grande descente puis une Nième
remontée vers le village de Thamé à 4000m
d’altitude. Le paysage toujours composé de neige,
rivières et grande montagne en arrière plan est
malgré tout splendide et unique. Il fait très très
froid, mais peu importe la sensation de vivre un
moment privilégié permet de supporter sans
problème ce climat. Bien qu’ayant bien couru je
n’ai pas réussi à rattraper Marco que j’avais laissé
filé et finis donc 5ème, sans regret, d’autant plus
que cela me permet de conforter ma place au
classement général, même si c’est bien loin d’être
une priorité. C’est même quasiment inespéré au vu
des maux de bide que j’ai depuis 3 jours. Avec le
froid je me recouvre vite, me réchauffe comme je
peux, m’alimente et gère les maux de ventre
comme je peux.
L’après midi le froid est encore plus glacial avec les nuages qui envahissent la vallée
et nous transperce jusqu’aux os. Nous décidons pourtant de monter plus haut pour
visiter un monastère qui vaut soit disant la peine. Il est totalement retranché et quand
je parle de monter, c’est vraiment monter ! Une fois arrivé cela me donne une
nouvelle fois l’occasion de réfléchir à la dureté de la vie, au décalage et à tous ceux
que je connais qui se plaignent sans cesse de la difficulté de la vie pour eux.
Le lodge où nous couchons appartient à Apa Sherpa qui a le record d’ascension de
l’Everest : 19 fois !! Dès 17h, cela sent la fin d’aventure : nous prenons un apéro avec
un alcool local et surtout les spécialités que chacun d’entre nous s’était secrètement
emmené pour nos 24 d’autosuffisance alimentaire que nous n’avons pu tester avec le
changement de parcours. Comté, viande de cheval séchée d’Italie, saucisson du
Vercors, parmesan d’Italie, noix de cajou, … un véritable rêve si l’on pense au lieu où
nous sommes. Nous chantons jusqu’à 21h pour passer le temps et repousser la nuit.
http://ludo.le.fou.free.fr
Page 39 / 58
L’Everest Sky Race de Ludo le Fou
19 novembre 2009 :
La nuit est glaciale et il devient impossible de respirer par le nez, bouché, très
rapidement. Au lever j’observe dehors une bassine d’eau où du linge était rester
dedans pour le lavage : le tout ne fait qu’un bloc !
Pour cette dernière étape je pars toujours
avec le 2ème groupe, 30mn après nos
camarades du premier. Nous devons monter
jusqu’à Dengpo à 4800m, village estivant,
où nous ferons demi tour pour redescendre
jusqu’à Namche Bazar où sera jugée
l’arrivée. Le parcours est terrible mais
surtout terriblement beau : glace, neige de
50cm à 1m, pierres, rivières gelées sans
que nous sachions sur quelle épaisseur
(sic !) et surtout un vent terrible qui nous
transperce. Il doit faire -20°. Pour cette
dernière je donne vraiment tout ce que j’ai,
au point que parfois j’en suis à chercher
mon oxygène. Au village abandonné à cette
saison, on se croirait sur une banquise, c’est
fabuleux. Marco fait des films et moi des
photos
tellement
le
paysage
est
exceptionnel.
Nous faisons demi-tour et attaquons une
descente d’anthologie avec tous les risques
d’un terrain glissant et dont on ne sait pas
tout de ce que l’on a sous les pieds. Je suis
4ème avec Marco jusqu’à ce qu’un besoin
d’uriner que je ne peux plus contenir
m’oblige à m’arrêter. Un arrêt d’1mn10 c’est
une éternité en course, du coup j’ai perdu
Marco que je ne réussis même pas à
apercevoir au loin dans cette végétation.
J’avoue que je suis un peu vexé d’avoir été
largué ainsi, alors tant pis je tente un coup
en orientation. Ca sera quitte ou double.
Malheureusement à la sortie de mon
« coup » je ne vois personne, je me suis
donc planté. Mais non, 10mn plus tard je
découvre que je suis approximativement
1mn devant Marco et que j’ai également
doublé une Népalaise qui figurait dans le
premier groupe. Du coup je suis en pleine
euphorie.
http://ludo.le.fou.free.fr
Page 40 / 58
L’Everest Sky Race de Ludo le Fou
Marco est bien meilleur grimpeur que moi,
aussi je me mets minable pour résister à
son retour. Ce qui me plait également
beaucoup dans cette histoire c’est qu’étant
devant, je ne peux compter sur personne
d’autre que moi pour trouver mon chemin
parmi les dizaines et les dizaines qui se
présentent à nous.
Marco fini par revenir sur moi, mais je
profite d’une dernière descente, où j’excelle,
pour reprendre une petite avance sur lui,
poussant les Dzos qui bouchent le chemin
comme si j’avais toujours fait ça. J’arrive
finalement 30s devant lui à Namche Bazar,
mais décide de m’arrêter 5 mètres avant la
ligne pour que l’on finisse main dans la main.
Le plus important n’est évidemment pas le
classement ou le temps, mais bien d’avoir
donné le meilleur de moi-même, d’autant
plus qu’au départ j’étais quelque peu inquiet
en regard de la gastro qui m’avait affaibli les
jours précédents. Heureusement il n’en fut
rien. Une bien belle dernière étape où tout
aura bien fonctionné comme pour célébrer
une belle course de ma part.
Le soir le dîner fait l’objet de cérémonie des récompenses et de dîner de gala. Comme
tout le monde je repars avec mon diplôme et ma superbe cloche de Yak. Cette 5ème
place est réellement inespérée pour moi qui « voulait juste voir ». J’en suis surtout
fier parce qu’elle concrétise l’investissement que j’y ai mis, le pouvoir du mental sur le
corps et la force que représente le soutien dont j’ai fait l’objet.
20 novembre 2009 :
Une nouvelle fois il a dû faire entre -15 et -20° cette nuit, ce qui rend difficile la
respiration en dormant. Au réveil les carreaux sont recouverts de glace. Avec Philippe
nous décidons d’aller revisiter le village qui s’éveille et ses rues piégeuses car
recouvertes de glace. Quand je pense que les Tibétains dorment sous un bout de
tissus en guise de toile de tente, je me dis que je n’ai plus froid du tout, même si je
suis tout emmitouflé et recroquevillé.
Après les embrassades avec nos 4 camarades qui restent ici, pour partir le lendemain
faire une ascension d’un col à 6100m sur 1 semaine, nous partons en marche de
liaison jusqu’à Lukla où nous prendrons demain un vieux coucou pour nous ramener à
Katmandu. Nous avons tous déjà la tête dans nos souvenirs et profitons de ce temps
pour nous les remémorer et les repartager. Entre temps, nous profitons d’un temps
http://ludo.le.fou.free.fr
Page 41 / 58
L’Everest Sky Race de Ludo le Fou
totalement dégagé pour observer une dernière fois le Mont Everest. La marche est
vraiment longue, plus encore combinée à un certain relâchement et à l’accumulation
de la fatigue qui nous met tous à bout. Nous aurons finalement marché 6h à travers la
montagne pour arriver à Lukla, cela fait une belle étape de plus … surtout pour moi
qui ai horreur de marcher.
21 novembre 2009 :
Le retour à Katmandu est évidemment pittoresque. En premier lieu le hangar dans
lequel il faut se battre pour passer avant les autres afin de faire étiqueter ses sacs. Le
contrôle avant l’embarquement ensuite où un policier nous pose solennellement des
questions du style « avez-vous de la drogue ? de l’alcool ? un couteau ? des liquides ?
… » (ça doit être un Américain qui les a formé, eux qui demandent lorsque l’on arrive
sur leur territoire si l’on est terroriste …) avant de tapoter avec la main nos sacs
remplis à ras bord et déclarer « c’est tout bon ». Puis la salle d’attente non chauffée
dans laquelle nous patientons 2h en sautant sur tout le monde au moindre avion qui
se présente pour faire sa rotation, en espérant que cela soit le nôtre. Enfin avec les
coucous qui nous servent d’avion et qui s’élancent à fond dans un brouhaha terrible
pour arriver en bout de piste, juste avant la falaise donc, avec suffisamment de
vitesse pour décoller.
Enfin nous arrivons à Katmandu, entiers, sans avoir rien perdu, et plutôt ravis de
retrouver une vraie chambre et une vraie douche. Et comme il n’est pas question d’en
perdre une miette nous visitons la ville en jouant aux fins négociateurs dans les
boutiques comme si nous jouions au monopoly. La chance de notre condition c’est que
nous pouvons nous payer le plus beau menu d’un des grands restaurants du coin avec
une quinzaine de mets pour 10€ environ. Autant dire qu’avec mon estomac c’est tout
simplement royal !
22 novembre 2009 :
Une bonne nuit conjuguée à une alimentation plus variée font que je me sens
réellement bien physiquement. Nous consacrons notre journée aux temples des
différents quartiers de Katmandu qui mine de rien est une ville immense. Je m’amuse
comme un gamin à négocier tout ce que je vois et à priori je me débrouille plutôt pas
mal … Le plus amusant reste sans doute d’observer la vie et la ville en rapportant tout
ce que l’on voit à nos normes de sécurité.
23 novembre 2009 :
Dernier jour, dernières visites jusqu’au bout. Nous avons le temps de découvrir 2
nouveaux quartiers avec une multitude de temples magnifiques et particulièrement
anciens. Nous avons même la chance d’être guidés toute la journée par une
charmante Népalaise que connaissaient Fred et Robin.
En fin d’après midi après avoir salué nos amis Népalais venus nous accompagner
jusqu’à l’aéroport, nous embarquons pour une difficile voyage : celui qui nous ramène
http://ludo.le.fou.free.fr
Page 42 / 58
L’Everest Sky Race de Ludo le Fou
à notre réalité et à toutes les tares qu’elle engendre sur l’être humain. Mais c’est notre
monde, et puis nous avons tous nos valeurs refuges comme la famille et les amis.
24 novembre 2009 :
Après un voyage qui s’est merveilleusement bien passé et, choses exceptionnelles une
arrivée en avance et des bagages disponibles en moins de 40mn (un record pour
Roissy …), il est temps de faire ses adieux au groupe de Français. Enfin probablement
pas des adieux pour la majeure partie, mais plutôt des "au revoir". « Ca ne te dirait
pas de faire l’Himal Race toi ? »
Un grand merci en tout cas à tous mes camarades de l’Everest Sky Race pour ce
moment aussi merveilleux qu’intense.
Les insolites
Ce petit bout est monté tout seul sur un rocher
au niveau de ma tête pour faire ses besoins.
Où sont les parents et les barrières ? En tout
cas pour lui il n’y a pas danger, il y urgence …
http://ludo.le.fou.free.fr
Page 43 / 58
L’Everest Sky Race de Ludo le Fou
Des toilettes en hauteur ? C’est plus facile pour
récupérer ce qu’il en tombe dessous pour le jardin …
Le mode d’emploi ? Choisissez un trou
(on peut discuter à 2 dans ce modèle luxueux …),
visez bien et un peu de foin par-dessus en guise
de chasse. Simple et écolo non ?
http://ludo.le.fou.free.fr
Page 44 / 58
L’Everest Sky Race de Ludo le Fou
La cuisine intégrée dont rêvent toutes les Népalaises …
Après l’avoir croisé, plus aucun de nous n’ose
se plaindre du poids excessif de son sac à dos …
http://ludo.le.fou.free.fr
Page 45 / 58
L’Everest Sky Race de Ludo le Fou
Non je ne suis pas obsédé par les toilettes.
Mais le balais de toilettes à 2 poignées ce n’est
pas banal. Ca doit être pour pousser fort …
Une guerre vient d’éclater ? Non il s’agit du marché
Tibétain de Namché Bazar. Evidemment les règles
de prévention des risques domestiques sont ici
parfaitement connues, c’est pour cela que les petits
jouent seuls dans des amas de pierres, à côté du feu …
http://ludo.le.fou.free.fr
Page 46 / 58
L’Everest Sky Race de Ludo le Fou
L’aérodrome de Khumjung. Vu la longueur
de la piste, en terre, il doit être plus utile de
croiser les doigts que d’attacher sa ceinture …
http://ludo.le.fou.free.fr
Page 47 / 58
L’Everest Sky Race de Ludo le Fou
Un peu le vertige ? En tout cas cela force à être vigilant !
Un stock de bouse de Yak séchées, seul moyen
chauffage à cette altitude. On a bien nos tas de bois …
http://ludo.le.fou.free.fr
Page 48 / 58
L’Everest Sky Race de Ludo le Fou
Un stock de feuille. La réserve pour les toilettes …
Même avec un seau, un bol, de l’eau tiède
et dehors, la "douche" reste un bonheur !
http://ludo.le.fou.free.fr
Page 49 / 58
L’Everest Sky Race de Ludo le Fou
Le chemin ? C’est pourtant simple c’est tout droit …
L’électricité c’est quand même facile :
si ça brûle pas c’est que ça marche !
http://ludo.le.fou.free.fr
Page 50 / 58
L’Everest Sky Race de Ludo le Fou
Reliques des premières ascensions de l’Everest.
Des surhommes quand même avec ce matos !
Monument à la mémoire de tous ceux qui ont perdu
la vie dans l’ascension de l’Everest à Pheriche,
avec le nom de chacun et la date de leur décès.
Plus émouvant que triste en définitive.
http://ludo.le.fou.free.fr
Page 51 / 58
L’Everest Sky Race de Ludo le Fou
Tout est dit non ? Il ne manquait que l’électricité
ce jour là pour que je puisse écrire …
Service du repas ? Non remplissage du poêle avec
de la bouse de yak séchée. Euh, le monsieur il se
lave les mains avant de repasser en cuisine ???
http://ludo.le.fou.free.fr
Page 52 / 58
L’Everest Sky Race de Ludo le Fou
La différence entre ma chaussure gauche et la droite ?
La gauche est passée dans l’eau et une minute après
elle est gelée. C’est qu’il fait froid dans ce pays …
Je me l’étais promis, je l’ai fait. Je vous ai tous
emmené sur le camp de base de l’Everest
http://ludo.le.fou.free.fr
Page 53 / 58
L’Everest Sky Race de Ludo le Fou
Je vous rassure c’était avant la "douche". Enfin je crois …
Un grand merci à Philippe, qui a "dégrossi" le bleu
de l’Himalaya que j’étais avant le départ.
http://ludo.le.fou.free.fr
Page 54 / 58
L’Everest Sky Race de Ludo le Fou
Pas facile d’emmener un livre de prière au Népal …
Namché Bazar et son fameux marché Tibétain en son centre.
http://ludo.le.fou.free.fr
Page 55 / 58
L’Everest Sky Race de Ludo le Fou
On est quand même là pour lui. L’Everest …
Quand faut y aller, faut y aller …
http://ludo.le.fou.free.fr
Page 56 / 58
L’Everest Sky Race de Ludo le Fou
Au Népal il n’y a malheureusement pas
d’âge pour gagner son pain …
http://ludo.le.fou.free.fr
Page 57 / 58
L’Everest Sky Race de Ludo le Fou
Mes partenaires ?
Mille mercis à mes partenaires sans qui bien de mes rêves
et récits n’auraient tout simplement pas eu lieu !
Nous avons atteint et atteindrons toujours les sommets ensemble …
http://ludo.le.fou.free.fr
Page 58 / 58