PRESTISSIMO Un projet de João Vilhena et Laurent Blanquart
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PRESTISSIMO Un projet de João Vilhena et Laurent Blanquart
PRESTISSIMO Un projet de João Vilhena et Laurent Blanquart Elle s’amuse, 2006 acrylique sur toile, papier themo collant sur bois 86,5x87,5x12,5 cm PRESTISSIMO Un projet de peinture et de musique de João Vilhena et Laurent Blanquart UNE RENCONTRE ENTRE L’ART ET LA MUSIQUE : Ce projet naît de la rencontre de João Vilhena et Laurent Blanquart, un peintre et un guitariste désireux de travailler en collaboration et de mettre en regard l’art et la musique, disciplines ordinairement cloisonnées dans leur spécificité respective. Il s’agit pour João Vilhena et pour Laurent Blanquart non seulement d’interroger les frontières entre l’art et la musique, mais aussi de mettre en avant les relations existant entre ces deux champs de savoir. La musique et l’art ont bien sûr un passé commun ainsi que l’atteste la présence récurrente d’instruments de musique dans la peinture depuis les natures mortes du XVIIe siècle jusqu’à la peinture cubiste, sans parler du rôle de la musique dans la composition de la peinture abstraite géométrique et lyrique et, plus largement, du son dans l’art contemporain. Inversement, en musique on parle de chromatisme ou de couleur musicale et certains compositeurs, comme Michael Tippett dont le célèbre morceau « The Blue guitar » est inspiré de la période bleue de Picasso, ont dit leur fascination pour l’art. Exaucer des os, 2006 os de poulet, cd, aluminium, minium de plomb, peinture argentée, papier thermocollant, bois 12,5 x 28,5 x 5,5 cm IDA PRESTI, UN PERSONNAGE DE LÉGENDE : À la veille de la commémoration de la mort d’Ida Presti (1924-1967), João Vilhena et Laurent Blanquart souhaitent rendre hommage à cette inégalable guitariste décédée en pleine gloire. Perpétuant l’art de Segovia, le fondateur de la guitare classique moderne, Ida Presti est considérée comme la plus grande guitariste de tous les temps. Techniquement sans limites, elle a mis en place une sémantique qui lui est propre avec un phrasé unique et immédiatement identifiable. Ses duos avec son époux Alexandre Lagoya ont atteint un niveau d’exception, amenant un véritable renouveau de la guitare tant sur le plan de l’interprétation que sur celui de la composition puisque ce couple de musiciens sera le dédicataire de très nombreuses pièces qui donneront naissance à un nouveau répertoire pour la guitare. Actif entre 1950 et 1967, le duo Presti-Lagoya a fait le tour du monde et demeure le modèle du genre dans le milieu de la guitare. Sans titre, 2007 projet d’installation (détail) rond de table d’harmonie, mécanisme d’horloge, teinte spectro-vinylique, minium de plomb UN DOUBLE PROJET : Le projet se décline en deux phases : une exposition de João Vilhena et un récital de guitare de Laurent Blanquart. L’exposition se tiendra à L’Atelier Soardi (pour les grands formats) et à la Galerie Sainte-Réparate (pour les petits formats). Un concert sera donné à L’Atelier Soardi le soir du vernissage. Le vaste espace de L’Atelier Soardi où Matisse peignit « La Danse » pour le Docteur Barnes semble particulièrement approprié pour une rencontre entre l’art et la musique. Un second concert en rapport avec l’événement pourra être donné dans une église du Vieux Nice près de la Galerie Sainte-Réparate, ce qui permettra de bénéficier d’une plus grande salle et de toucher un public plus large. Les deux événements bénéficieront d’une communication commune couverte par Hélène Fincker Communication et Le Labo. Il semble important que ce projet se tienne à Nice, d’une part, parce que Ida Presti a beaucoup travaillé à Nice et, d’autre part, parce que sa fille Elisabeth y habite. Le projet aura lieu en différé de la commémoration officielle de la mort d’Ida Presti au printemps, soit en octobre 2008. Sans titre, 2007 projet d’installation : wall painting, dessin au pantographe, ronds de table d’harmonie, mécanisme d’horloge, teinte spectro-vinylique, minium de plomb Projet de tableau UNE MUSE DE LA COMPOSITION : Si Ida Presti est incontestablement devenue une légende pour les spécialistes et les amateurs de guitare, c’est qu’il y a en elle une forme de charisme qui va bien au-delà de la musique. Non seulement il s’agit d’un prodige de la guitare mais aussi d’une femme dont l’aura et l’intelligence ont contribué à nourrir le mythe. Il y avait autour d’elle un cercle de personnalités du monde de la musique mais également des intellectuels venant d’autres horizons. Cette dimension intellectuelle d’Ida Presti est un des points forts du projet. L’idée de commander une pièce à des compositeurs est intimement liée à l’histoire d’Ida Presti. De son vivant Ida Presti a inspiré de nombreux compositeurs et elle continue de susciter l’envie d’écrire pour la guitare car il n’y avait aucune limite sous ses doigts. Lorsqu’elle jouait seule ou en duo avec Lagoya on entendait une cascade de notes dont le caractère volubile semblait être un défi à la guitare. Cette espèce de débit naturel de la musique était en fin de compte complètement contraire à l’instrument qu’est la guitare. Pour un compositeur, il est encore très tentant d’imaginer produire une pièce pour les mains d’Ida Presti. Presti a développé sur les principes de Tarrega une position de la main droite relâchée inédite avec un poignet cassé qui ne maintenait plus la main dans le prolongement de l’avant-bras. Cette main droite plongeante et ronde venait rompre avec le jeu ramassé à l’intérieur de la guitare. C’était une main ouverte vers l’extérieur qui donnait une impression de grande facilité et de grand naturel à un instrument réputé très difficile. Il s’agit ici d’inviter des compositeurs à se pencher sur les particularités interprétatives d’Ida Presti tout en se projetant dans le présent. João Vilhena et Laurent Blanquart ne souhaitent pas aborder cette commémoration de manière nostalgique. Ce qui les intéresse dans ce projet est l’idée de partir du souvenir de Presti pour insuffler de nouvelles perspectives à la guitare. LES COMPOSITEURS : Une première pièce musicale contemporaine pour guitare sera commandée à Olivier Chassain qui a succédé à Alexandre Lagoya au CNSM de Paris en tant que professeur de guitare. Né en 1957, Olivier Chassain a remporté en 1988 le premier prix de la « Guitar Foundation of American International Competition » aux USA. Il est ainsi le premier guitariste non américain à recevoir la plus haute distinction de ce concours mondialement renommé. Olivier Chassain est aussi compositeur, il a publié un nombre significatif de pièces pour guitare. Une seconde pièce fera l’objet d’une commande au grand compositeur contemporain brésilien José António Almeida Prado. Né en 1943, Almeida Prado a étudié la composition à Paris avec Olivier Messiaen et Nadia Boulanger. Il est l’auteur d’un ensemble d’oeuvres pour guitare incontournables. Touché par une cécité avancée, Almeida Prado composera certainement là une de ses dernières pièces. Il sera assisté dans cette tâche par Fábio Zanon, guitariste brésilien à la carrière internationale. Prototypes de pochettes de disque vinyl, 2005. Jouons de la Vihuela en Dix Leçons, 2007 boîte à cigares Romeo y Julieta, copeaux de table d’harmonie, minium de plomb, carton, toile, teinte spectro-vinylique. 22,8x16,2x3,5 cm L’EXPOSITION : L’exposition de João Vilhena comprend la réalisation d’un ensemble d’œuvres s’appropriant l’image mythique d’Ida Presti pour la faire basculer dans le champ pictural et, plus largement, des travaux ayant trait à la musique. Il s’agit pour l’artiste de regarder la peinture par la fenêtre de la musique. Le projet consiste à jouer sur les écarts mais aussi sur les affinités entre les deux disciplines. Le travail plastique interrogera des notions telles que la durée ou le silence, il mettra en regard le temps qui passe et le tempo. Il exploitera les éléments qui différencient la musique et la peinture, à savoir l’immatérialité sonore de la guitare face au corps silencieux de la peinture. Mais il interrogera aussi les éléments qui les rapprochent comme leur fond mélancolique structurel. La guitare sera physiquement présente dans pluieurs pièces sous forme de chutes (ronds de tables d’harmonies, copeaux, etc.) provenant de luthiers tels qu’Antoine Pappalardo à Paris et Sérgio Abreu au Brésil. L’appropriation d’éléments issus du répertoire musical et leur déplacement dans le champ pictural font écho à l’intérêt de l’artiste pour la musique et la guitare en particulier qu’il pratique en amateur. Vue de l’exposition « Orange mécaniques » de Frédéric Clavère et João Vilhena à L’Atelier Soardi, avril 2006 Sans titre, 2007 projet d’installation : horloge à coucou, fil de plomb, boîte de minium de plomb LES OBJECTIFS : Cette expérience sera l’occasion de mettre en parallèle l’art contemporain et la musique contemporaine, mais également d’amener des publics différents à se croiser et à rencontrer des pratiques artistiques qu’ils ne connaissent que de loin. Le but de cet hommage à Ida Presti est de révéler cette grande guitariste à un public non initié et de prolonger son travail. Continuer à écrire pour elle comme cela a été le cas de son temps, c’est aussi maintenir en vie un certain esprit de la guitare française. En France, l’école Presti, dont sont issus Laurent Blanquart et Olivier Chassain, c’est un vibrato qui s’est un peu perdu au profit d’un son très uniforme et très contrôlé. Presti avait un jeu qui combinait une technique diabolique et une plasticité à l’ancienne. Elle a su faire la transition entre deux façons de jouer qui ne s’étaient pas rencontrées. Désireuse de se démarquer de la guitare espagnole par rapport à Segovia, elle a joué sur des guitares Bouchet à la sonorité exceptionnelle mais d’une grande difficulté au niveau de la pratique, créant là une école française à une époque où l’on cherchait plus la puissance sonore que le confort de jeu. Projet de camera obscura Lavis bref, 2006 acrylique sur toile, pigeons d’argiles, bois 98,5 x 187 cm Je suis parti d’une photographie glamour qui met en scène la guitariste Ida Presti montrant le prodigieux écart de sa main gauche à cinq mélomanes de sexe masculin et exécutant cinq fois la note mi. L’éclairage posé sur la jeune femme fait d’elle une providentielle mariée entourée de célibataires restés dans l’ombre. Une prédelle de pigeons d’argile, du même nombre que les admirateurs de Presti - comme autant de coups tirés - prend place sur une bande de toile à matelas peinte en trompe-l’œil et agencée en drapé. Le titre joue avec celui d’un air de guitare de Manuel de Falla, intitulé « La vie brève » en même temps qu’il fait allusion au destin tragique de la musicienne. JV Projet de pièce réalisée avec cendrier à cigare, rouleau laqueur imbibé de minium de plomb et copeaux de table d’harmonie. PARCOURS : Laurent Blanquart : né 1962. Professeur de guitare au Conservatoire National de Région de Nice et au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris, Laurent Blanquart est rentré dans la classe d’Alexandre Lagoya à l’âge de 16 ans. Cette formation participe de son souhait de continuer à perpétrer la singularité de la guitare française depuis Presti. Médaille d’or à l’unanimité à l’École Nationale de Musique de Roubaix, il obtient le Premier Prix à l’unanimité au CNSM de Paris. Il a travaillé avec des chefs prestigieux tels que Lamberto Gardelli à la Scala de Milan, Matthias Bamert à Cleveland ou Evelino Pido à l’Opéra de Rome et aux Chorégies d’Orange. Il a également joué avec l’Orchestre National de France, le Philarmonique de Lille, l’Orchestre de l’Opéra d’Avignon, le Capitole de Toulouse ou l’orchestre de Lublin en Pologne. Son penchant pour la musique de chambre l’amène à se produire avec le Nice Guitare Quartet ainsi qu’en duo avec Olivier Chassain dont il est l’assistant au CNSM à Paris. Laurent Blanquart a récemment eu l’honneur de jouer sur une guitare d’Ida Presti dans le cadre d’un colloque dédié au luthier Robert Bouchet qui s’est tenu à la Cité de la Musique de Paris en 2006. Il jouera prochainement sur la Semplicio d’Ida Presti à l’occasion de la commémoration de la mort de la guitariste à la cité de la Musique au printemps 2008. Site internet : www.laurent-blanquart.com João Vilhena : né en 1973 Diplômé de la Villa Arson, João Vilhena pratique le dessin et la peinture dans une posture néo-conceptuelle. Il aborde l’idée de la peinture sous le signe de la mélancolie en employant divers éléments de vocabulaire possédant une dimension métaphorique comme le minium de plomb, responsable du saturnisme. Dans un double héritage duchampien et lacanien, il manifeste un grand intérêt pour l’objet et un goût particulier pour le signifiant. Image et langage se croisent dans des jeux complexes qui visent à souligner la dimension mentale de la peinture. Il a exposé à la Foire de Turin Artissima, à la Villa Arson et à L’Atelier Soardi à Nice et récemment au Centre d’Art Contemporain d’Istres. Il est lauréat du Prémio Rothschild de Pintura 2003. La Banque Rothschild de Lisbonne a fait l’acquisition de l’une de ses œuvres. Son travail est documenté sur le site internet de Documents d’artistes : http://www.documentsdartistes.org/artistes/vilhena/page1.html