PROJET D`ENSEIGNEMENT
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PROJET D`ENSEIGNEMENT
GUESTE Flora PROJET D’ENSEIGNEMENT CEFEDEM Pays de la Loire Mai 2012 0 Table des matières : Introduction ……………………………………………………………………. page 2 L’élève au sein de mon enseignement Différents publics d’élèves …………………….………………………… page 3 Quel musicien former ? ………………………………………………….. page 4 Ma vision de l’enseignement de la FM Le contrat didactique ……………………………………..……………… page 5 Les différentes sortes d’apprentissage : -Apprentissage par l’oral………………………………………... page 6 -L’improvisation………………………………………………… page 7 -L’écrit dans l’apprentissage……………………………………..page 7 -Le lien avec le corps …………………………………………… page 8 -Le rythme ……………………………………………………… page 8 -Le chant et la pratique vocale…………………………………... page 9 -L’audition………………………………………………………. page 9 -La culture musicale……………………………………..……… page 10 Ce que j’aimerais mettre en place dans ma pratique future : -Le cours de FM lié à une pratique instrumentale……………… page 11 -Le cours de FM commun pour danseurs et musiciens …..……… page 12 L’importance de la transversalité dans les cours de FM et dans le conservatoire : Transversalité et FM : -Le projet d’établissement………………….……………………... page 13 -L’équipe pédagogique…………………………………………… page 14 -Nouvelles technologies, informatique et MAO………….………. page 14 -Pratiques collectives …………………………………………….. page 15 -Projets et concerts………………………………………………...page 17 Transversalité entre FM et les autres disciplines : -Résidence d’artistes………………………………………………page 18 -L’Education Nationale ………………………………………….. page 18 Ce que j’aimerais approfondir dans ma pratique future : -Direction de chœur……………………………………….……… page 19 -La régie son………………………………………….……………page 20 Conclusion ……………………………………………………………….……… page 20 Annexes : Programmes et objectifs par cycles ……………………………………………… page 21 Quelques références de pièces du répertoire et de méthodes pédagogiques …….. page 23 1 Introduction : « L’éducation artistique est le premier vecteur de la démocratisation culturelle. Elle permet de former le sens esthétique et de développer la sensibilité et l’éveil à travers le plaisir de l’expérimentation et la connaissance d’œuvres de référence. »1 Cet extrait de la Charte de l’enseignement artistique nous montre bien aujourd’hui dans quel état d’esprit nous devons entreprendre l’enseignement relevant du service public. En effet, il est important d’avoir une structure qui soit ouverte à un public le plus large possible (tous types de générations, publics empêchés…). L’école de musique2 se doit d’avoir une « diversification des disciplines », une relation avec la « vie locale », et être en « partenariat avec l’éducation nationale »3. Ces trois caractéristiques font écho pour moi à la transversalité au sein de l’école de musique et c’est quelque chose que j’ai envie de développer : transversalité avec les autres disciplines à travers l’élargissement des répertoires et des projets, contacts et activités avec les autres institutions de la ville, et enfin sensibilisation artistique avec l’Education Nationale. Je vais tenter de montrer que la formation musicale4 est une discipline qui permet cela puisqu’elle est l'une des activités centrales de l'enseignement de la musique. Elle permet d'installer les premières bases musicales, de développer l'écoute et d'aborder avec les élèves les premiers éléments de culture musicale. Je trouve que d’instaurer des projets permet de créer une richesse et rend l’école de musique actrice de la diffusion musicale dans la collectivité. Rappelons d’ailleurs que l’enseignant artistique doit être tout d'abord au service de la collectivité où il travaille. Ainsi, le conservatoire peut être considéré comme un centre de ressources et d'informations et tente d'élargir son public en répondant aux diverses demandes. De même, chaque projet musical de l’école de musique participe aux activités culturelles de la municipalité, et l'enseignant doit le prendre en compte dans ses actions. L'enseignant artistique doit donc être acteur au sein du territoire et doit prendre en compte toute la richesse et les possibilités que la collectivité lui propose. Ainsi, en m’appuyant sur deux textes fondamentaux le Schéma national d’orientation pédagogique5 et la Charte de l’enseignement artistique, je vais orienter mon projet autour de la transversalité en présentant les points 1 Charte de l’enseignement artistique spécialisé en danse, musique et théâtre, lettre d’information du ministère de la culture et de la communication, mars 2001, p.3. 2 Dans ce projet, je ne ferais pas de distinctions entre les différents types de structures (conservatoire, école de musique, CRC, CRR …). J’emploierais donc la plupart du temps l’expression école de musique comme terme généraliste. 3 Charte de l’enseignement artistique spécialisé, introduction. 4 J’utiliserais aussi le sigle FM pour formation musicale. 5 Schéma national d’orientation pédagogique de l’enseignement initial de la musique, Direction de la musique, de la danse, du théâtre et des spectacles, avril 2008. 2 essentiels de ma pédagogie, puis en proposant des dispositifs de projet au sein de l’école de musique et de la collectivité. Il est à noter qu’il n’est pas possible de mener tous ces différents dispositifs de front, et certains seront abordés suivant les années, les élèves etc. … L’élève au sein de mon enseignement : Les différents publics d’élèves : L’école de musique est un lieu d’enseignement musical, qui, la plupart du temps, est unique dans une commune et qui a la particularité de s’adresser à un large public intergénérationnel. En effet, il est possible de rencontrer tous les âges de la vie, de la petite enfance (ateliers proposés dans certaines écoles), à la personne âgée (dans le cadre des pratiques amateurs). Cette richesse des publics est un atout que j’ai envie de mettre en valeur dans ma pratique pédagogique. Même si dans les cours collectifs de formation musicale ou d’instruments, il vaut mieux réunir des personnes de même génération, il est essentiel que dans les pratiques collectives d’orchestres ou de chorales, tous les âges puissent être rassemblés. Cette dimension permet aux personnes de se retrouver dans un même projet, de s’entraider (les plus âgés aident les plus jeunes, mais quelquefois, c’est le contraire), et d’avoir une tolérance envers les autres, d’accepter les particularités de chacun. De même, il est important d’ouvrir les écoles de musique aux handicapés car ceux-ci ont aussi le droit d’apprendre la musique et peuvent enrichir la pratique des autres. Toutes ces diverses personnes peuvent donc être réunies dans un projet commun. Cependant, pour revenir aux cours de FM ou d’instruments, je pense qu’il est préférable au contraire de faire des cours spécifiques, car suivant les âges, les élèves n’ont pas du tout le même rythme de développement et surtout le même projet. Ainsi, les enfants débutent souvent la musique sur l’initiative de leurs parents, cependant le choix de l’instrument est de plus en plus laissé libre aux enfants depuis que les professeurs interviennent dans les classes d’éveil pour montrer la richesse et la variété des différents instruments. Les adolescents en revanche, font le choix eux-mêmes de commencer la musique, soit à cause du regret de ne l’avoir pas fait au moment de l’enfance, soit parce qu’ils ont envie de pratiquer la musique car ils ont une passion pour un style particulier, cela nous demande donc toujours de faire un lien dans l’enseignement avec la musique dont les adolescents sont sensibles pour que la formation ait du sens. Enfin, les adultes ont comme motivation soit de reprendre une pratique qu’ils ont entrepris étant 3 jeunes et qu’ils ont dû abandonner pour de nombreuses raisons, soit ils ont toujours regretté de ne pas avoir commencé la musique et ont décidé d’en débuter l’étude. Dans mes cours de FM avec les adultes, j’essaie le plus possible d’échanger avec eux sur leurs motivations et sur ce qu’ils ont envie d’apprendre avec moi. Le programme est beaucoup plus libre qu’avec des jeunes, car il est important que les adultes trouvent une réponse rapide dont ils ont besoin pour leur pratique. L’objectif principal est que la FM facilite l’apprentissage de l’instrument et soit un bon complément à la pratique. Dans certains cours, sont regroupés des publics en fonction de leurs spécialités. Par exemple, il est possible de rencontrer des chanteurs et des danseurs parmi les élèves de FM. L’idéal serait de généraliser des cours spécifiques de FM chanteurs ou danseurs, mais cela n’est pas toujours possible en raison du manque de moyens de l’établissement. Cependant, je trouve important de prendre en compte les chanteurs et leur particularité même s’ils sont mélangés avec les instrumentistes. Il faut, prioritairement, insister davantage avec eux sur l’apprentissage des intervalles et sur la précision rythmique. Pour les danseurs, il faut surtout insister sur le rythme avec les appuis temps forts / temps faibles et aussi renforcer le travail sur la structure des phrases, sur la carrure et sur l’harmonie (accord de tension, accord de résolution, dissonance, etc. …). Nous constatons donc que la composition du public des élèves venant à l’école de musique est très diversifiée. Mais au-delà de la diversification des générations, il ne faut pas oublier l’individu lui-même qui est unique et qui donc permet d’enrichir encore plus la relation pédagogique et humaine. Quel musicien former ? Dans mon enseignement, je tiens vraiment compte du projet personnel de l’élève et je cherche avant tout à ce que celui-ci puisse s’épanouir dans la pratique musicale qu’il a choisi. Mon but n’est pas de former systématiquement des musiciens très performants ni de futurs virtuoses, mais tout simplement de construire des musiciens qui seront suffisamment autonomes pour poursuivre une pratique musicale lorsqu’ils auront quitté l’école de musique. J’aurai véritablement accompli ma mission lorsque je verrai mes anciens élèves jouer dans une formation ou en petit groupe en se faisant plaisir. Cependant, il est important pour moi de prendre en compte, dans l’apprentissage, la dimension culturelle et non pas seulement pratique (emmener et inciter les élèves à aller aux concerts, échanger sur le goût et le jugement que l’on peut porter aux musiques que l’on écoute…) pour que les élèves 4 deviennent des amateurs éclairés et des auditeurs réguliers de musique. Le plus important, finalement, est que les élèves conservent quelque chose de leur passage dans leur pratique musicale, que cela les ait marqués dans leur vie et qu’ils puissent le réinvestir de la manière dont ils le souhaitent. Nous allons maintenant voir comment à partir de la richesse de ses publics, je fonde ma vision de l’enseignement aussi bien sur le fonctionnement de ma classe que sur celui des contenus des cours. Ma vision de l’enseignement de la FM : Le contrat didactique : Ce paragraphe expose les points essentiels que je développe dans ma pratique ou que j’aimerais mettre en place. Ce n’est en aucun cas une liste exhaustive de ma manière d’enseigner, mais les éléments qui me paraissent prioritaires et qui me tiennent à cœur en tant qu’enseignante. Dans ma transmission pédagogique, je cherche vraiment à varier les modes pédagogiques. Par exemple, je laisse souvent un temps de préparation en autonomie pour que les élèves puissent être en tâtonnement seuls sur l’exercice (sur une recherche d’interprétation sur le timbre par exemple), ou bien, autre exemple, je laisse quelquefois les élèves se rattraper seuls quand ils sont perdus dans une partition ou en ensemble. Je situe, dans ce cas, l’enseignement dans le segment « apprendre » du triangle de Houssaye. De même, je ne reste pas dans une seule manière d’enseigner mais j’utilise de nombreux moyens pour solliciter une partie du groupe et ne reste pas dans un mode magistral. Dans mon rapport avec les élèves, j’essaye le plus possible de prendre en compte les demandes des élèves, de connaître leurs motivations pour les orienter en fonction du programme que j’ai établi et surtout de relier mon enseignement avec les manifestations de l’école de musique, les cours et les médias (documents sur Internet, télévision) qui pourraient les intéresser. Enfin, l'évaluation est une étape importante dans la formation de tout musicien car c'est un moment privilégié pour faire le bilan des acquisitions, de rediscuter avec l'élève de ses motivations et de ses projets. Cependant, il est important de varier les dispositifs d’évaluations et surtout l’esprit des évaluations. L’évaluation normative, c'est-à-dire une évaluation portant uniquement sur les résultats, est un bon moyen de juger les capacités des élèves dans des situations d’épreuves terminales. Je pense que l’évaluation continue est aussi une bonne formule que j’utilise dans mon enseignement et qui permet de mesurer la régularité du travail. Je trouve essentielle que 5 l’élève puisse être capable d’évaluer sa progression et pour cela, il est important, en tant qu’enseignante, de prendre en compte les ressentis de l’élève et ainsi de procéder par évaluation formative. L’évaluation formative permet à l’élève de se situer par rapport à sa progression et de pouvoir chercher des solutions avec l’enseignant pour sortir de ses difficultés. L’auto-évaluation est aussi une bonne manière de communiquer avec l’élève. J’invite souvent mes élèves à faire un bilan avec moi, à formuler leurs ressentis vis-à-vis de leurs progressions, s’ils trouvent un intérêt à ce qu’on fait et s’ils se sentent à l’aise dans la classe. L’évaluation est une étape importante et il est essentiel qu’elle permette avant tout à l’élève d’avancer plutôt que de le décourager. J’essaie le plus possible d’aller dans ce sens. Tous ces dispositifs pédagogiques en rapport avec la FM, sont centrés autour de trois objectifs que je cherche à développer dans mes cours : l’écoute, la mémorisation et le chant intérieur. Les différentes sortes d’apprentissage : L’apprentissage par l’oral : L'oralité dans la musique est une transmission essentielle qu'il faut particulièrement mettre en place surtout au début de l'apprentissage. L'oralité permet de se concentrer sur l'écoute et le ressenti physique du geste musical, instrumental ou vocal renforcé par l’absence de support écrit. Par exemple, en chantant de petits mouvements mélodiques sans l'aide de la partition mais en s'aidant d'un geste, on peut facilement se repérer et travailler la justesse. Par la répétition, puis la mémorisation, les élèves finissent par trouver des points de repères, aidés en cela par leur oreille musicale qui se développe et par les sensations physiques que procure le chant (résonateurs). Ces acquis vont leur permettent de solidifier progressivement les mouvements mélodiques et la justesse, et qu’ils pourront ensuite réinvestir en improvisant ou avec une partition. La mémorisation permet de déclencher d’autres réflexes d’enchaînements mélodiques, harmoniques, rythmiques, qui resteront ancrés dans la mémoire des élèves, et pourront être réinvestis plus facilement. Ces techniques peuvent aussi être abordées pour le rythme. De même, pour jouer ou chanter une mélodie, il est important de se détacher d'une partition pour pouvoir se focaliser sur la musicalité et la spontanéité musicale. L'oralité donne la possibilité d'écarter la barrière de la lecture, car on sait qu'il est difficile de dissocier plusieurs actions, surtout lorsque l'on est débutant. Enfin, cette sorte de liberté peut ouvrir vers une recherche créative de l'élève par l'inventivité, l'improvisation, ce qui le fera progresser. C'est aussi par une transmission orale que l'on pourra aborder le répertoire 6 populaire, de jazz et de variétés, en apprenant de nouveaux thèmes. L’improvisation : L’improvisation est une pratique qui m’attire de plus en plus, car elle permet de rechercher chez l’élève la spontanéité et la créativité. Souvent, je commence un cours avec un dispositif d’improvisation, la plupart du temps guidé (improvisation à partir d’une échelle, d’une cellule rythmique, d’un ostinato, d’un réservoir de notes…). Ce début de séance permet de faire un petit récapitulatif de ce que l’on a vu la séance précédente, ou au contraire d’aborder une notion nouvelle. Ainsi, je peux sentir comment les élèves ont appréhendé la nouvelle notion et comment ils peuvent la réinvestir dans une réalisation musicale. L'écrit dans l'apprentissage : La pratique de l'écrit est cependant indispensable à la formation d'un musicien. Il est important que l'élève puisse retranscrire ce qu'il a entendu, soit par de petits schémas, soit dès qu'il les maîtrise, en utilisant les signes pour écrire la musique. J’aime particulièrement proposer aux élèves débutants d’utiliser des signes graphiques après avoir entendu un extrait musical par exemple, car cela leur permet d’exprimer d’une autre manière leur sentiment d’écoute (traits épais, traits minces etc. …). De même, j’aimerais également, par exemple, pendant un cours d’éveil musical, proposer ce dispositif à des petits, qui pourraient après avoir joué une réalisation improvisée, la fixer de cette manière et ainsi, commencer à appréhender la forme musicale. De même, il est intéressant qu'ils puissent recopier des extraits simples de partitions pour s'approprier les termes d’écriture de la musique. Réécrire après avoir entendu une mélodie, permet de fixer d'une autre façon qu'à l'oral la mémoire auditive et peut créer chez l'élève une association entre écrit et oral, association qui n'est pas toujours bien comprise. La pratique écrite est aussi l'occasion d'apprendre le code musical et la lecture d'une partition c’est donc le moment de comprendre que la musique peut s’entendre intérieurement. Cela peut être le début d'une recherche d'invention musicale, voire de composition. Le lien avec le corps : La musique s'entend mais surtout se ressent. Elle rentre forcément en vibration avec le corps. Lorsque l'on chante ou l'on joue, c'est tout le corps qui est en mouvement et qui est concerné. Ainsi, il est important pour l'apprentissage de la musique de pouvoir ressentir la musique à travers le corps en faisant bouger les élèves sur de la musique. Les élèves doivent 7 prendre conscience de toutes les parties de leur corps. Ainsi, il est important de faire à chaque début de séance un échauffement corporel et vocal, et en intégrant si besoin un éveil corporel lié à la technique de leurs instruments. De même, il faudra surveiller la posture des élèves. Ils pourront aussi faire du rythme à en percussions corporelles. Cela permet aux élèves de vivre le rythme profondément et d'en évaluer toute la richesse. La pratique de la danse peut être un bon moyen pour que les élèves ressentent que la musique est mouvement et qu'un geste peut facilement s'associer à un son. La danse peut également résoudre des difficultés fréquentes chez les élèves comme la stabilité rythmique, la dissociation ou la latéralisation qui seront si complexes lors de la pratique instrumentale. En dansant, on évalue aussi les différences de tempos, d'intensités et de caractères. Pour cette pratique de la danse, j’aimerais travailler conjointement avec un professeur de danse pour éviter de ne pas blesser les élèves et de ne pas les habituer à faire de faux mouvements. J’aimerais d’ailleurs comme je l’expliquerai en fin de partie, me former dans ce domaine. Le rythme : Le rythme est l'un des éléments structurels de la musique. Souvent, on ne lui accorde pas une place essentielle car il est dénué de mélodies. Pourtant, il y a bien un enchaînement de différents timbres lorsqu’un ensemble de percussions joue. Ces associations de timbres font ainsi vivre une musique. De ce fait, j’ai vraiment envie de convaincre mes élèves que le rythme est son et timbre. Le rythme comme nous l'avons déjà évoqué permet de ressentir au plus profond de soi un morceau de musique. Il est donc important de le travailler en cours de formation musicale et de varier les façons de l'aborder : par mémorisation, par imprégnation par le corps, en déclamant les rythmes à la lecture et en les jouant. Le rythme est aussi une question de mémoire et d'oreille et il n'y a que par la mémorisation et donc sa compréhension écrite et orale que l'on peut le réaliser. Il faut donc proposer aux élèves différentes techniques de travail qu’ils pourront retrouver seuls intellectuellement et réaliser activement. Voici quelques formules que je fais travailler aux élèves : je fais pratiquer du rythme avec un texte déclamé, ce qui permet aux enfants de s’imprégner du rythme par mémorisation, et cela permet aussi de préparer au chant avec paroles ; on peut travailler l’articulation, la légèreté du débit, les nuances et travailler le caractère avec des mimiques, c’est-à-dire jouer le texte. Cela permet donc de donner du sens à un rythme qui quelquefois déclamé à la voix avec le nom des notes peut devenir fastidieux. J’aime aussi associer les onomatopées au rythme, pour imiter le son d’une batterie et superposer ainsi plusieurs lignes de rythmes et pourquoi pas une courte ligne mélodique. Pour les niveaux plus avancés (à partie du second cycle), 8 j’aime faire travailler davantage le rythme frappé et particulièrement la polyrythmie pour que les élèves puissent se concentrer sur la coordination et sur un caractère rythmique, c'est-à-dire à interpréter le rythme. Je trouve intéressant également de faire travailler une partie chantée et de frapper une deuxième voix, c’est une autre façon de faire de la coordination et de pouvoir gérer deux activités simultanées tout en écoutant les deux parties. Quoi qu’il en soit, le rythme est une activité vraiment essentielle, et à tous niveaux, il faut pouvoir le mettre au centre de l’apprentissage pour qu’il puisse être imprégné et intégré par tous. Le chant (et la pratique vocale) : Le chant est un moyen musical très riche qui nous permet d'extérioriser notre sentiment musical. En effet, lorsque l'on n'arrive pas à jouer une phrase musicale à l'instrument, on arrive souvent à trouver la solution en la chantant car notre musicalité devient plus spontanée. Il n'y a pas d'intermédiaire entre la voix et le son. Le chant donne la possibilité de travailler l'expressivité, la justesse et de mettre en œuvre tous les paramètres musicaux travaillés en cours (notes ou paroles, rythmes, nuances, caractères etc. …) Mais ce qu'il faut transmettre avant tout aux élèves, c'est le plaisir de chanter car il arrive parfois que certains élèves soient anxieux de chanter devant les autres. Il faut progressivement que l'enseignant puisse donner aux élèves la possibilité d'oser chanter et d'être à l'aise avec leur voix. Avec les plus jeunes, j’aime installer de petits échauffements vocaux amusants (sous forme de jeux) pour que les enfants puissent libérer leur voix. D’autre part, pour le répertoire vocal, je recherche des mélodies assez attachantes pour que les jeunes puissent s’approprier du beau répertoire et j’aimerais beaucoup à l’avenir varier les esthétiques musicales : Renaissance, Baroque, Romantique, contemporain, jazz ou chanson française. Cependant, lorsqu’un élève est timide ou qu’il a des difficultés à placer sa voix, je vais essayer le plus possible de l’accompagner, de le faire progresser petit à petit et de lui donner confiance. Lors d’une évaluation ou d’une audition, par exemple, je vais pouvoir discerner où l’élève en est afin de pouvoir l’orienter ensuite vers d’autres pièces pour qu’il puisse progresser. Le chant doit être un plaisir avant tout et doit générer une sensation de bien-être. L’audition : La pratique auditive est quelque chose d’essentielle et que je mets au cœur de mon enseignement de la formation musicale. En effet, développer l’écoute est quelque chose de très important pour le musicien : lorsque l’on joue ensemble, il faut pouvoir entendre les 9 parties des autres, contrôler la justesse de son instrument etc. … L’activité chantée aide aussi à pouvoir se repérer et à concrétiser l’audition. Du point de vue de la retranscription, je trouve indispensable qu’un musicien puisse reproduire sur son instrument, vocalement et à l’écrit une mélodie qu’il entend, car c’est une pratique que tout musicien se doit de savoir maîtriser, pour pouvoir s’imprégner par exemple d’une nouvelle pièce qui l’intéresse. Je privilégie également parmi les différentes formules d’audition, le chant intérieur car il permet de développer la mémoire et ainsi de faire fonctionner autrement l’oreille. Le chant intérieur est vraiment très bénéfique car il permet d’inscrire les formules mélodiques ou rythmiques dans la mémoire. Je préconise également d’apprendre par cœur certaines mélodies, car c’est une autre manière d’ancrer les notions et de connaître le répertoire pour enrichir la culture musicale de l’élève. L’audition, pour être comprise par les élèves, doit avoir un lien utilitaire et être en rapport avec leur pratique de musicien. La culture musicale : La culture musicale doit être également un élément central du cours en regard de la pratique et cela tout au long de la formation du musicien. En effet, il est important dès le début de l'apprentissage de faire découvrir des musiques de styles variés, de différentes époques et de rencontrer ainsi des compositeurs et des interprètes. Les élèves peuvent ainsi se replonger dans une époque qu'ils ont étudiée à l'école, mais aussi découvrir des mondes qu'ils ne connaissent pas. Nous pouvons découvrir une musique en écoutant et en essayant de reconnaître les timbres, le style, le pays et de rechercher les caractéristiques de langage. C'est aussi une autre manière de faire fonctionner l'oreille pour développer l'écoute et le jugement des futurs amateurs éclairés. Il est aussi très important de pouvoir initier les élèves à l'harmonie et à l'analyse musicale en leur proposant de chercher en chantant les basses de petites mélodies, puis de les écrire en cherchant la logique de leurs fonctions (fin de 1er cycle, 2nd cycle). En analyse, il est intéressant de chercher à déceler les secrets d'une partition et de trouver la forme, la structure des phrases, le plan tonal ou modal, l'organisation motivique et de tenter de comprendre ce que le compositeur a voulu exprimer dans son œuvre. Il y a différentes manières d’aborder la culture musicale dans l’enseignement de la FM, (je propose d’autres dispositifs plus vastes dans mon mémoire Pourquoi enseigner la culture musicale en cours de formation musicale ?). Il est important selon moi, de varier énormément les styles que ce soit pour le relevé musical, pour le chant et les formules rythmiques (caractéristiques de chaque style). En effet, je suis amenée à avoir des élèves ayant des pratiques en jazz, 10 variétés, musiques traditionnelles, classiques ou de musiques anciennes, et il est important que tout élève se sente concerné par le cours de FM et d’ouvrir un maximum les connaissances pour qu’ils ne restent pas cloisonner dans la même esthétique. La pratique du commentaire d’écoute est une bonne formule (et cela, à tous niveaux) qui permet de faire des écoutes sensorielles, d’appliquer autrement qu’à l’écrit les notions vues en cours aussi bien théoriques que mélodiques ou rythmiques, mais surtout de pouvoir discuter (voir débattre) avec les élèves sur ce qu’ils ont pensé de l’œuvre, d’essayer de le formuler et de pouvoir aiguiser leurs goûts et jugements personnels. Ce que j’aimerais mettre en place dans ma pratique future : Voici deux dispositifs que je ne pratique pas encore dans l’école où j’enseigne à Orly mais que j’aimerais pouvoir mettre en place prochainement. Le cours de formation musicale lié à une pratique instrumentale : Le cours de formation musicale à l’instrument est de plus en plus présent dans les conservatoires (notamment au CRR de Nantes où j’ai pu, étant stagiaire, observer le dispositif). Il est donc, jumelé avec la pratique instrumentale ce qui permet de rendre plus concret les objectifs du cours et de les appliquer directement à l'instrument. Les élèves comprennent ainsi mieux le but de ce qu'ils apprennent car souvent ils n'arrivent pas à faire le lien entre le cours de formation musicale et le cours d'instrument. Cependant, la mise en place de ce type de cours demande une grande organisation en particulier pour former des classes avec la même famille instrumentale et des investissements financiers (achat de matériel pour les percussionnistes ou les pianistes). L'enseignant de formation musicale se doit donc de connaître très bien le fonctionnement des instruments même s'il n'en joue pas, de pouvoir conseiller l'élève devant une difficulté et donc d'être au courant de ses possibilités instrumentales : au CRR à Nantes, j’ai pris en charge (dans le cadre de mon stage) le dispositif « petits archets » et j’ai dû apprendre à accorder les instruments, à connaître les doigtés et la technique d’archet. Le cours peut être mené à deux professeurs (FM et instrument) comme c'est le cas au CRR de Nantes, mais cela implique aussi de se rencontrer et de préparer le cours ensemble. La séance doit être très bien organisée avec des objectifs très ciblés et doit s'élargir à de nombreuses possibilités comme l'initiation au déchiffrage ou à l'improvisation et ne doit pas mettre de côté, ni le chant, ni l'oralité ou l'écrit. Cependant, ce 11 type de cours donne la possibilité aux élèves de se faire plaisir en pratiquant l’instrument en ensemble et à l'enseignant d'évaluer plus facilement où ils en sont dans leur apprentissage par rapport à leur jeu instrumental. Le cours de Formation Musicale commun pour danseurs et musiciens : Allier les musiciens et les danseurs au sein d'une même formation me paraît très important et très enrichissant. Les deux disciplines artistiques peuvent ainsi se rejoindre dans une progression parallèle et cela permet aux élèves de se rencontrer et de mieux se connaître. En tant que futur enseignante de formation musicale, je me sens particulièrement concernée par la présence d'un cours commun de formation musicale que ce soit pour un cursus d'éveil-initiation ou pour le 1er cycle. Cependant, ce type de cours demande lui aussi une grande préparation concernant son organisation et sa mise en place et il me paraît souhaitable que deux enseignants travaillent en binôme, chacun dans sa spécialité. Cela permet aux enfants d'avoir un apport très complet aussi bien en musique qu'en danse. Ce type de cours demande tout de même un certain équilibre entre les connaissances musicales et chorégraphiques et il est important aussi de chercher à adapter un programme cohérent qui permette de ne pas laisser de lacunes dans une discipline ni d'être trop spécialisée dans une autre. En éveil-initiation, le travail corporel va permettre d’éveiller les sensations aussi bien auditives que corporelles mais aussi mettre en action les autres sens, de partir à la découverte de son corps de différentes manières : de sentir le poids, de marcher, de courir, de faire fonctionner les réflexes et la coordination, le tonus musculaire... L'écoute et la pratique de la musique permettront de ressentir l'ancrage de la pulsation, du rythme, le tempo, le sens mélodique ou la découverte des instruments... Ce type de dispositif me paraît très bénéfique et permet d'aborder les bases fondamentales de la pratique musicale ou chorégraphique. Les futurs musiciens pourront ainsi acquérir les éléments musicaux tout d'abord de manière sensorielle puis dans leur pratique musicale, intégrer leur détente corporelle dans leur jeu instrumental. Les futurs danseurs seront davantage attentifs à la musique qui les accompagne et saisiront mieux le tempo, l'accentuation rythmique ou encore les timbres musicaux qu'ils pourront associer plus facilement à un geste. En 1er cycle, il me semble intéressant que les enfants prennent conscience du lien 12 entre la danse et la musique. Il est essentiel de faire des séances où musiciens et danseurs confrontent leurs points communs et leurs différences. Par exemple, une séance pourrait être axée sur le vocabulaire de chaque discipline : chercher comment travailler ensemble et se mettre d'accord quand on n'utilise pas les même mots. Les enfants peuvent aussi rechercher à comparer le son musical et le geste dansé à l'aide des verbes d'action ou des qualités (effleurer, frotter, détacher, sautiller...) utilisés en chorégraphie à celui des termes de caractères et d'articulations (con fuoco, con anima, legato, staccato...) écrits sur une partition. Certaines problématiques vont ainsi se poser, comme par exemple lorsque le geste musical ne correspondra pas forcément au résultat sonore, alors qu'en danse, le geste ressemblera davantage à l'intention donné puisqu'il est avant tout visuel. Cette confrontation, entre musiciens et danseurs permet donc aux élèves de mieux connaître l'activité artistique de l'autre et apportent une ouverture qui évite à l'élève de rester cloisonné dans une seule activité. L'intérêt est aussi que les musiciens se mettent dans la situation des danseurs et vice-versa ce qui permettra que chacun puisse vivre ses ressentis et de se les approprier. Cette première partie est un panorama de mon enseignement de la FM que ce soit du point de vue purement pédagogique, du point de vue de mes objectifs dans le cadre des cours ou bien des dispositifs que je voudrais mettre en place. Ces idées n’ont rien d’exhaustives et peuvent évoluer au fil de mon expérience. Elles sont pour le moment assez idéalisées mais sont évidemment adaptables en fonction des rencontres avec les élèves et en fonction de l’équipe pédagogique et de la structure. Nous allons maintenant chercher à voir comment la formation musicale peut être une discipline qui permet de faire des projets qui mettent en place une transversalité parmi les différentes disciplines enseignées à l’école et hors de l’école. L’importance de la transversalité dans les cours de FM et dans le conservatoire : Transversalité et formation musicale : Selon moi, la FM est par essence une discipline transversale puisqu’elle met en œuvre différents paramètres de la pratique musicale. Nous allons donc faire un premier point sur les 13 différents dispositifs que j’aimerais mettre en place dans le cadre de mes cours et qui seraient en lien avec d’autres disciplines. Tout d’abord, je vais rappeler quels sont les acteurs et les documents qui permettent de faire fonctionner correctement la structure de l’école de musique. Le projet d’établissement : Le projet d’établissement est un document politique essentiel qui permet de faire le point sur les richesses de la structure. En effet, celui-ci permet tout d’abord une concertation entre l’équipe pédagogique et l’équipe de direction sur les besoins et les projets à mener, et ensuite une discussion avec les élus communaux et départementaux. Il est essentiel pour un directeur de faire le bilan du budget, des manques ou des richesses qu’il doit opérer et ensuite négocier avec la commune. L’équipe pédagogique : La communication avec l’équipe pédagogique est indispensable puisqu’elle permet de préparer les programmes, de faire le point sur l’avenir des élèves, de préparer ensemble les projets aussi bien avec les élèves que pour les concerts de professeurs, et tout simplement, pour pouvoir échanger avec les collègues sur les différentes méthodes pédagogiques et personnelles. Je trouve important de communiquer là-dessus et surtout, de pouvoir le faire avec d’autres enseignants et pas seulement avec ceux de FM. Ainsi, cela permettra de pouvoir toujours ouvrir mon champ de vision et de pouvoir explorer des domaines que je ne connais pas ou très peu. Nouvelles technologies, informatique et MAO : Les nouvelles technologies ont pris une place indispensable au XXIème siècle, et de ce fait, il est essentiel de les transmettre et de les inclure dans l’enseignement, y compris musical. Cependant, le matériel et les logiciels coûtent encore très cher, les projets que je propose peuvent se faire uniquement si l’école de musique en a le budget et s’il y a du personnel travaillant dans ce domaine (régisseur, professeur de MAO…). En cours de FM (1er cycle), il serait intéressant de pouvoir faire quelques séances sur un logiciel de partition musicale comme Finale ou Sibelius. Cela permettrait aux élèves d’être confrontés à l’écriture informatique et de pratiquer de façon rigoureuse la notation musicale (ex. il ne faut pas oublier le 3 du triolet, noter les nuances bien précisément), éléments qui ne sont pas toujours 14 faciles à rendre pertinents avec un papier et un crayon. Dans un domaine moins technique, les élèves peuvent s’initier à la composition et pouvoir entendre ce qu’ils ont écrit assez facilement grâce au lecteur audio prévu dans les logiciels. Ils peuvent aussi pratiquer une autre forme d’écriture avec la MAO. Le fait que les hauteurs soient remplacées par des ondes et que la notation rythmique soit représentée sous forme graphique, permet aux jeunes de découvrir une autre manière de noter la musique et de composer. Certains élèves seront assez déstabilisés, d’autres au contraire préfèreront ce système. Cependant, je souhaite animer ce type d’atelier en lien avec les professeurs de MAO, qui connaissent beaucoup mieux que moi les secrets du logiciel et ont l’habitude de déclencher les idées créatrices chez les élèves. Il serait aussi intéressant que les élèves de la classe de MAO puisse échanger avec ceux de FM sur les techniques de composition par ordinateur et pourquoi pas faire un projet transversal entre le monde informatique et le monde de l’écriture manuscrite. Mais au-delà du mode de transcription, ce qui pourrait être intéressant à faire partager avec une classe de FM, c’est une nouvelle façon d’écouter le son. En effet, lorsque l’on est en train par exemple d’écouter le début ou la fin d’un son sur un logiciel de MAO, il est essentiel de soigner des détails auxquels on ne pense pas toujours lorsque l’on interprète une pièce. De même, une initiation au mixage serait très intéressante, ne serait-ce que pour écouter un son avec de la réverbération, un son avec plus ou moins de grave etc. … L’idéal serait de pouvoir emmener les élèves dans un studio d’enregistrement pour qu’ils voient et pratiquent toutes ces techniques, mais cela ne peut être possible que si l’école de musique à la possibilité d’organiser cela. Il est cependant vrai que de plus en plus de conservatoires ont leurs propres petits studios et que de nombreux logiciels proposent des petites tables de mixage intégrées. Ainsi avec les nouvelles technologies, en rencontrant des classes de l’école de musique ou en organisant des stages, les élèves peuvent ainsi se confronter à d’autres pratiques qu’ils devront maîtriser tôt ou tard comme outils pour communiquer. Les pratiques collectives : L’un des projets les plus naturels et les plus évidents est d’installer dans une structure les pratiques collectives. Elles peuvent être menées de différentes manières et à tous les niveaux : en orchestre, en musique de chambre mais aussi en ouvrant sur d’autres esthétiques que le classique. Par exemple, j’aimerais beaucoup monter des petits ensembles avec les fins de 1er cycle et à partir des 2nd cycle. On pourrait par exemple, étudier un rythme de battucada en cours de FM qui permettrait de se pencher sur la polyrythmie, la coordination et l’écoute 15 des autres voix, et ensuite, proposer de jouer une petite réalisation avec des percussions, du chant et éventuellement de la danse. Cela peut être mené avec le professeur de percussions ou de musiques du monde car je ne suis pas spécialisée dans ce type de musique, même si j’en ai pratiqué lors de ma formation au CEFEDEM. Cette réalisation pourrait être l’occasion de participer à une audition soit thématique, soit plus générale et permettrait de montrer et de prouver que les classes de FM sont aussi des classes de pratiques musicales et de projets. On peut évidemment le faire avec tous autres styles de musiques. Pourquoi ne pas aller jusqu’à des métissages plus insolites en incluant par exemple le saxophone dans la musique Baroque ou la viole de gambe dans la musique contemporaine ? La pratique vocale en chœur est aussi quelque chose à valoriser pour tous les âges et les niveaux. Chanter permet de s’exprimer autrement musicalement et de se retrouver tous à égalité dans une même pratique. Chanter en polyphonie est quelque chose de très important qui permet de prendre en compte l’harmonie et de trouver sa place dans des lignes musicales qui ne sont pas forcément la mélodie principale. J’aimerais beaucoup organiser par la suite des stages en invitant des artistes pour que les élèves puissent aborder d’autres répertoires (médiéval, contemporain, jazz etc. …) Enfin, les pratiques collectives doivent être omniprésentes et au cœur d’une école de musique pour tout simplement tisser du lien social, développer la tolérance et jouer de la musique ensemble, la chose la plus belle qui soit dans la pratique artistique. Projets et concerts : Le conservatoire vit au rythme des manifestations et de sa saison musicale. C’est la représentation externe que s’en fait le public et la commune. Ainsi, il est très important de soigner et de varier ces activités. Par exemple, il pourrait être important de faire des auditions de classes thématiques ou par esthétiques ce qui donnerait un sens à la représentation, plutôt que d’enchaîner machinalement les morceaux les uns après les autres sans lien entre eux. J’aimerais dans le cadre de ces auditions, participer avec l’une de mes classes en réalisant un petit morceau, un chant ou une composition (rythmique et corporelle) avec mes élèves. Il est très important que les élèves puissent se produire le plus souvent possible en concert aussi bien sur le plan de leur pratique artistique que de leur confiance en eux. 16 En ce qui concerne les plus grands projets, il semblerait que la plupart des écoles de musique aient un grand projet fil conducteur de toute l’année qui s’achève par un spectacle réunissant le plus de classes possibles (danse, théâtre et musique…). Pour l’année 2012-2013, il serait intéressant de faire un projet autour de Debussy puisque c’est le 150ème anniversaire de sa naissance. On pourrait par exemple faire des cycles de conférences autour de sa vie ou de ses œuvres, aller visiter sa Maison natale à Saint-Germain-en-Laye, et que les élèves d’art dramatique écrivent une histoire autour du compositeur qui sera mise en musique par les élèves (ex. en MAO) ou des pièces de l’auteur choisies par les élèves. C’est aussi une grande année pour l’art avec la date de 1913 : la création du Sacre du printemps de Nijinski et Stravinsky, l’exposition du Carré noir sur fond blanc de Malevitch ou Roue de bicyclette de Duchamp. Il ne s’agirait pas de jouer le Sacre avec les élèves, mais de leur faire découvrir et de chercher alors avec eux des liens connexes avec tous ces évènements. Il serait alors possible de faire une thématique sur la musique populaire et aussi avec la rupture de la tradition académique en danse, en musique ou en arts plastiques (je mentionne beaucoup l’art plastique, car à Orly, cette classe est présente au conservatoire). Dans tous les cas, il est vraiment important de faire des projets thématiques avec les élèves, de pouvoir allier un maximum toutes les disciplines et esthétiques de l’école de musique et de faire, selon moi, un croisement entre les arts, ce qui permet aux élèves de pouvoir apprendre des autres et d’ouvrir leur champs de vision artistique. Transversalité entre la FM et les autres disciplines : Je vais maintenant présenter quelques dispositifs qui permettent de montrer l’importance de la transversalité dans un conservatoire du point de vue des partenariats. Ainsi, un conservatoire ne pourra exister que s’il entretient des relations avec d’autres structures dans la commune. Ces échanges permettent de créer du sens pour la diffusion de l’école de musique et le montrent comme centre de ressources pour la population. Résidence d’artistes : Dans la mesure du possible, j’aimerais vraiment que pour alimenter l’ouverture artistique, les élèves puissent s’appuyer sur une rencontre avec des professionnels qui, contrairement à leurs professeurs, sont là uniquement en tant qu’artistes. Ces résidences 17 peuvent donner du lien avec le projet de fin d’année de l’établissement, et surtout, pouvoir être une référence extérieure à l’école, une personne de ressource et de conseil pour les élèves. Par exemple, à Orly où j’enseigne, il y a un ensemble en résidence, l’Ensemble Stringendo, qui fait la plupart des concerts de la saison du conservatoire. Je souhaiterais que soit mis en place des répétitions commentées par le chef qui expliquerait aux élèves comment fonctionne un orchestre. Il pourrait y avoir aussi des projets de concerts en commun juxtaposant l’orchestre de l’école de musique et l’orchestre professionnel ou encore des master-class avec des solistes de l’ensemble. L’Education Nationale : L’Education Nationale est aussi un partenaire indispensable et l’école de musique se doit de diffuser également la musique à tous, y compris ceux qui n’en ont pas l’accès directement. Les interventions en milieu scolaire par les musiciens titulaire du DUMI sont pour cela intéressantes car elles permettent une initiation musicale et artistique basée sur le sensoriel. Ces intervenants ont un rôle vraiment porteur pour diffuser la musique à un maximum de publics d’enfants. Pour ma part, suite à une expérience menée dans le cadre de ma formation au CEFEDEM, j’ai envie d’intervenir ponctuellement en milieu scolaire. En effet, je trouve que travailler dans les écoles permet une autre communication avec les élèves, et de faire un autre type de travail basé sur le sensoriel. De ce fait, j’aimerais monter de petits projets avec une classe sur une échéance assez courte, pour pouvoir se concentrer sur le spectacle, tout en apportant des éléments artistiques nouveaux pour les enfants. J’aimerais inventer des projets assez variées à chaque fois me permettant de me focaliser sur un but précis et original (par exemple, au CEFEDEM, l’objectif était que les enfants soient porteurs du projet du début à la fin et que toutes les idées viennent d’eux). Les orchestres à l’école sont aussi des projets que je trouve tout à fait intéressants. Par exemple, à Orly, les enfants d’une école assez éloignée du quartier du conservatoire ont pu avoir accès à une pratique instrumentale de cuivres (projet Demos, Dispositif d’Education Musicale et Orchestrale à vocation Sociale). Ce dispositif est vraiment essentiel et permet aux enfants de s’épanouir dans cette activité grâce à une pratique régulière de leur instrument. En tant que corniste, j’ai eu l’occasion de participer à un concert avec eux et de constater que les enfants avaient vraiment beaucoup de plaisir à jouer. Je trouve que ce type de dispositif est vraiment à encourager et à développer dans de nombreuses structures, car s’il fonctionne bien, il permet de donner à certains enfants la chance de faire de la musique et de s’épanouir. 18 Enfin, les derniers dispositifs qu’il me parait important d’encourager sont les CHAM et les CHAD. En effet, ces classes à aménagement d’horaires permettent aux enfants de pouvoir terminer plus tôt les cours et d’être disponibles pour pratiquer des activités à l’école de musique. Il est vrai que, pour que le rythme des enfants soit respecté, il est essentiel que ceux-ci puissent ne pas finir trop tard dans leur école ou leur collège. Cependant, je trouve que la tendance aujourd’hui d’ouvrir les dispositifs CHAM / CHAD à d’autres publics que celui du conservatoire, et de ne pas réserver ces classes à des élites (comme c’était le cas il y a quelques années où l’on sélectionnait les élèves sur dossier scolaire), est une bonne évolution, car c’est aussi le rôle de l’école de musique d’ouvrir la culture à tous. Ainsi, ces classes permettent aussi de diversifier les publics, de créer un lien social très important et de valoriser des élèves qui n’ont pas l’habitude de l’être. Nous voyons véritablement par tous ces exemples, que les partenariats sont vraiment importants, permettent d’enrichir l’image de l’école de musique et de donner envie aux publics d’y venir. Il y a encore d’autres partenaires à solliciter dans une commune (dont je n’ai pas parlé) comme les maisons de quartier, les MJC, les maisons de retraites, les structures sociales diverses qui peuvent permettre de tisser du lien avec le conservatoire, qui est avant tout un lieu de projet et de ressource. Ce que j’aimerais faire dans ma pratique future : Je propose enfin quelques pratiques artistiques que j’aimerais approfondir pour pouvoir me perfectionner en tant qu’enseignante de FM mais qui est en lien avec la transversalité. J’aimerais de toutes manières approfondir mes connaissances durant toute ma carrière en suivant des stages de formation continue ou bien en suivant des cours dans un autre conservatoire que le mien. La direction de chœur : J’aimerais me perfectionner en direction de chœur car j’ai véritablement envie de monter des ensembles vocaux et des auditions soit dans le cadre de mes cours (qui peut mener à des concerts), en ayant en charge un ensemble vocal (dans quelques années…). Cela peut être un chœur d’enfants ou d’adultes. Je trouve cela très beau de voir une assemblée qui chante ensemble et j’aimerais vraiment pouvoir le vivre prochainement. 19 La régie son : D’autre part, suite à ma formation au CEFEDEM, j’aimerais aussi me perfectionner dans tout ce qui concerne la prise de son et les techniques d’enregistrements (audio et vidéo) car comme je l’expliquais précédemment, je trouve que c’est une autre manière d’écouter et, en plus, on entend également avec les yeux (position du micro précise), c’est une autre manière de voir les choses. La vidéo, par exemple est quelque chose d’intéressant à utiliser avec les élèves pour faire le bilan après une représentation publique et de voir comment on peut trouver de nouvelles perspectives de progression. Conclusion : Nous avons vu à travers ce panorama de la FM, la manière dont j’envisage mon enseignement dans une structure. Les projets permettent aussi de renforcer les deux facettes spécifiques de notre métier, à savoir celui de musicien et celui d'enseignant. Ainsi, il n'y a pas dans ce métier un état plus fort qu'un autre, nous passons de l'un à l'autre sans arrêt et il est important que cela soit transmis à nos élèves. Être musicien, c'est avant tout être un artiste, c'est à dire se produire souvent en public, conserver une pratique personnelle pour pouvoir continuer à se perfectionner. Il est évident qu’en tant qu’enseignant, il est important de se documenter sur sa spécialité, sur l'évolution des esthétiques stylistiques, de participer à des colloques (ex. Association des Professeurs de Formation Musicale) pour pouvoir diffuser, faire connaître et pour s'informer sur les dernières tendances de sa spécialité. Être enseignant aujourd’hui, c'est transmettre un savoir et un patrimoine et en même temps, s'adapter aux demandes des différents publics. De ce fait, le métier d’enseignant demande de l'investissement, de la disponibilité, de la passion et une remise en question perpétuelle pour pouvoir être toujours à la hauteur des exigences et des demandes. 20 Annexes : Programmes et objectifs par cycles : Fin de 1er cycle : Lecture de notes : -acquérir une lecture (lue et chantée) aisée dans la clé de son instrument -utilisation de la lecture relative pour les autres systèmes (autres clés) Lecture rythmique : Ressenti et stabilisation de la pulsation Rythme sur noms de notes et sur onomatopées Réalisation de petites improvisations rythmiques à partir d’un réservoir (sur le propre instrument de l’enfant ou sur de petites percussions) Chant : Chant avec paroles ou sur une syllabe, répertoire varié Intonation sur des intervalles (secondes, tierces, quintes, octaves) Improvisation, transposition à partir d’une cellule ou d’une mélodie Audition : Relevé mélodique à partir du processus : mémorisation, chant intérieur puis écriture Relevé rythmique à partir du processus : mémorisation, chant intérieur puis écriture Reconnaissance d’intervalles, des accords parfaits Majeurs et mineurs, des enchaînements cadentiels conclusif et suspensif Analyse / écrit : Connaissance du vocabulaire et des termes pour écrire et nommer la musique Reproduire graphiquement les signes de musique Connaissance des termes de tempo, de nuances et d’articulations Maîtrise des gammes Majeures et mineurs jusqu’à deux altérations Notions de tonique et de dominante et de repos cadentiels Connaissance du phrasé, de l’anacrouse et des temps forts et faibles Initiation à l’écoute d’œuvres musicales d’esthétiques et de périodes variées Objectifs : Ecoute des autres, participation, sens critique 21 Fin de 2nd cycle : Lecture de notes : Elargissement dans la clé de lecture de l’instrument (rapidité, grands intervalles) Lecture relative et application sur des partitions du répertoire Initiation aux instruments transpositeurs Lecture rythmique : Complexification des rythmes étudiés Rythmes frappés Polyrythmie Chant : Plus grande importance de la musicalité dans les chants avec ou sans paroles Intonation sur d’autres intervalles, enchainements harmoniques Audition : Relevé mélodique à 2 voix Dictée à parties manquantes Relevé rythmique à 2 voix frappées Relevé d’accords à 4 sons Analyse : Gammes Majeures et mineures Accords jusqu’à 4 sons Chiffrages d’accords et degrés Compréhension des cadences Modulations Notes étrangères Objectifs : Recherche d’autonomie Recherche d’initiatives Réinvestissement dans sa pratique personnelle 3ème cycle : (CFEM) Lecture de notes : Connaissance des 7 clés Rapidité dans la lecture 22 Lecture rythmique : Temps =temps Valeurs ajoutées Chant : Intonation avec initiation à l’atonalité Abord d’un répertoire varié dans différentes langues étrangères Chœur à 4 voix Audition : Tous types de dictées à parties manquantes (orchestre, musique de chambre, voix…) Relevé harmonique à 4 voix Analyse : Connaissance des chiffrages harmoniques jusqu’à 4 sons (7 de dominante) Maîtrise de toutes les tonalités Compréhension d’une partition Repérages des styles musicaux Objectifs : Etre en autonomie dans le déchiffrage et l’interprétation d’une œuvre Quelques références de pièces du répertoire et de méthodes pédagogiques : 1er cycle : KREBS Sophie : Enfantillages, jeux vocaux, volume 1, IM1, éditions Gérard Billaudot, 2003 JOUBERT Claude-Henry : Manuel de composition et d’improvisations musicales, Zurfluh BOULAY Chantal et MILLET Dominique : A tempo, écrit et oral, volumes 1 à 4, éditions Gérard Billaudot Répertoires de chants : JOLLET Jean-Clément : Livre de mélodies volumes 1 à 4, éditions Gérard Billaudot Les Frères Jacques : La Branche Poulenc : La tragique histoire du Flüsser : Les Haïkus petit René Mozart : Lieder Henri Dès : Mon Hippopotame 23 Poulenc : La reine de cœur 2nd cycle : ABOULKER, Isabelle : Les intervalles, éditions Henry Lemoine ABOULKER, Isabelle : La voix et le rythme, éditions Henry Lemoine BOULAY Chantal et MILLET Dominique : A tempo, écrit et oral, volumes 5 à 7, éditions Gérard Billaudot JOLLET Jean-Clément : Jeux de rythmes et jeux de clés volumes 5 à 7, éditions Gérard Billaudot Répertoires de chants : JOLLET Jean-Clément : Livre de mélodies volumes 5 à 7, éditions Gérard Billaudot Saint-Saëns : La cigale et la fourmi Bizet : Ma vie a son secret Chausson : Le charme Mendelssohn : Duos Gounod : O ma belle rebelle Poulenc : Lune d’avril Fauré : Gershwin : I got plenty O’ Nuttin (Porgy Clair de Lune and Bess) Après un rêve Brahms : Lieder Prison Fugain : La fête Le secret Le Forestier : La petite fugue Schumann: Ich grolle nicht Nougaro : Rime Schubert : Lieder 3ème cycle : JOLLET Jean-Clément : Musicalement vôtre, volume 8, éditions Gérard Billaudot Répertoires de chants : JOLLET Jean-Clément : Livre de mélodies volumes 8, éditions Gérard Billaudot E. TOCH : Geographical fugue (fugue rythmique) Durante : Virgin, tutto amor Duparc : Mélodies 0 Debussy : Mélodies Wolf : Lieder Bach : Agnus Dei de la Messe en si 1