Plusieurs cultures sur la même surface?

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Plusieurs cultures sur la même surface?
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Plusieurs cultures sur
la même surface?
La culture des légumineuses diminue en flèche depuis quelques années. Toutefois, et tout particulièrement dans les rotations bio, les
légumineuses jouent un rôle important pour la fertilité du sol en enrichissant ce dernier en éléments fertilisants
et en les conservant.
Différentes combinaisons
Les
cultures mixtes, telles que la culture
commune de pois et d’orge, bénéficient
en Suisse d’une certaine tradition, mais
on en rencontre de moins en moins souvent. Il existe une multitude de possibilités de combinaisons et en voici
quelques exemples:
• Orge de printemps et avoine en mélange avec des pois ou de la féverole
de printemps
• Céréales d’automne en combinaison
avec de la féverole d’automne ou des
pois d’hiver
• Légumineuses à grains avec des oléagineux (lin bâtard, moutarde)
• Combinaison triple, par exemple
avoine, pois et lin bâtard.
Plus de stabilité des rendement
Des projets de recherche d’envergure
sur le potentiel des cultures mixtes laissent espérer que la culture des légumineuses revivra un essor grâce à de nouveaux procédés. Des essais culturaux
menés à l’étranger et en Suisse mettent
en évidence les nombreux avantages
des cultures mixtes faces aux cultures
pures. L’espace du sol colonisable par
les racines est nettement mieux mis en
valeur par les cultures mixtes, ce qui
permet finalement d’augmenter l’enrichissement du sol en humus et la stabilité des liaisons carbonées.
Selon les résultats de la recherche et
les expériences faites dans la pratique,
les densités de semis des cultures mixtes
devraient se situer, pour les légumineuses du mélange, à entre 80 et 100 %
des densités de semis usuelles en cultu46
re pure et à 20 % pour les céréales. Cela
permet de bien mettre sous pression les
adventices, ce qui favorise le rendement.
Le lin bâtard: un pionnier Dans
les mélanges avec des légumineuses à
grains ou des céréales de printemps, le
lin bâtard, une ancienne plante oléagineuse appelée également cameline (camelina sativa), constitue un partenaire
intéressant. Le lin bâtard bénéficie d’un
développement juvénile rapide et au
stade rosette, il lutte efficacement
contre la flore adventice. C’est cependant durant la phase de maturation qu’il
déploie ses effets principaux, lorsque le
peuplement menace de verser: il met
toujours une nouvelle tige en fleurs à
partir de l’aisselle des feuilles et empêche ainsi le peuplement de verser, ce
qui est surtout avantageux avec des
pois. La concurrence en fertilisants est
minime car le lin bâtard, avec sa mince
racine pivotante, atteint les couches
plus profondes du sol. Vu que les graines
du lin bâtard ne tombent pas, une différence dans la maturation des partenaires du mélange ne pose pas beaucoup de problèmes.
La récolte s’effectue conjointement,
même s’il n’est guère possible d’éviter
qu’une partie des graines du lin bâtard,
qui sont de petite taille, soient soufflées
par la ventilation. Vu qu’il n’est pas hivernant, le lin bâtard meurt durant l’hiver. Mais attention en présence de rotation comportant du colza: le lin bâtard
est une crucifère et il peut transmettre
certaines maladies de rotation.
Semis et récolte
On rencontre
deux procédés dans la pratique:
• Semoir avec deux trémies, dont les
tubes de semis permettent de semer
le lin bâtard entre les lignes. Incorporation de la semence avec un étrillage
ultérieur du semis. Le lin bâtard devrait être semé aussi superficiellement que possible à une profondeur
d’environ 1 cm et ne doit être étrillé
que très légèrement.
• Semis en deux passages, avec socs du
semoir décalés lors du deuxième. Il
faut semer le lin bâtard le plus simultanément possible avec la culture
principale. Il faudrait impérativement
rouler après le semis. La densité de
semis se monte à 4 – 6 kg/ha.
Pour l’assiette et le réservoir
Le lin bâtard permet de caresser le rêve
de l’autarcie en carburant. En le choisissant comme partenaire de mélange,
en plus de la culture principale, on récolte environ 150 à 200 l d’huile de lin
supplémentaire qui constitue un carburant neutre du point de vue du CO2. Cela correspond environ à la quantité
d’huile végétale dont on aurait besoin
en tant que combustible pour la production. Bien plus que le biodiesel,
l’huile végétale issue de culture mixte a
un bilan écologie extrêmement favorable et jouit d’une image positive car
la surface occupée pour la production
de carburant reste toujours à disposi12 2009 · REVUE UFA
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BRÈVES
Prix Bio 2010
Le «Prix Bio» est décerné par Bioterra aux
personnes qui ont fortement contribué
au développement du jardinage bio, des
jardins naturels ou de la culture
biologique. L’engagement peut se situer
aussi bien dans la promotion d’une
exploitation biologique et proche de la
nature que dans des prestations très
techniques. Les personnes intéressées
peuvent s’annoncer jusqu’au 30 avril
2010 auprès de [email protected], + 044 454 48 40 melden. Le prix
sera décerné en automne 2010. Pour de
plus amples informations sur le «Prix
Bio», veuillez consulter le site www.prixbio.ch.
Réchauffement du climat
Le lin bâtard
empêche l’orge de
verser.
tion pour la production de denrée alimentaires.
Recherches nécessaires
L’utilisation du lin bâtard en tant que combustible est une technique encore relativement nouvelle. En principe, il est
aujourd’hui possible de transformer tous
les moteurs diesel pour les rendre compatibles avec la technologie de l’huile végétale. Cependant, pour l’huile de colza,
on dispose déjà de normes et d’expériences concernant les travaux d’adaptation ainsi que les qualités d’huile nécessaires. Mais l’on trouve déjà aujourd’hui,
en Allemagne et en Autriche, des tracteurs
(et des automobiles) qui roulent à l’huile
de lin. On recourt à des pressoirs mobiles,
si bien que le précieux carburant peut être
produit de manière décentralisée avec de
très courtes distances de transport. Cela
permet de renoncer à l’étape de la raffinerie, très gourmande en énergie et en argent, alors que l’ensemble des processus
restent entre les mains des agriculteurs.
Beaucoup d’acides gras insaturés En plus de son utilisation comme
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carburant, le lin bâtard fournit une très
bonne huile de table comportant une
proportion élevée d’acides gras insaturés. Les tourteaux de pressage constituent un fourrage protéique de grande
valeur.
䡵
Dans le cadre du projet expérimental
«Grandes cultures et cultures maraîchères
neutres pour le climat», le FiBL a
démontré comment les agriculteurs
pouvaient abaisser significativement leurs
émissions de CO2 et augmenter
simultanément leurs rendements. Les sols
riches en humus sont des réservoirs
naturels de carbone. C’est pourquoi il
convient d’éviter l’érosion par des
cultures intercalaires et des plantations
de protection. La culture de légumineuses offre une bonne alternative à
l’utilisation d’engrais dont la fabrication
est gourmande en énergie. En recourant
à des distributeurs à pendillards et en
recouvrant les fosses à lisier, il est
possible de limiter les pertes en
ammoniac. Si l’on utilise des machines
superficielles pour le travail du sol, on
utilise la moitié de diesel en moins
qu’avec le labour. Une parcelle non
labourée peut absorber à partir de
l’atmosphère environ 3.7 tonnes de CO2
par an et par hectare.
Pièges à matières odorantes
Auteur Mareike Jäger, Agridea Lindau,
寿 052 354 97 31,mareike.jaeger@
agridea.ch, www.agridea.ch
Projet ProPro (Pro Protéine)
Depuis l’automne 2008, l’atelier grandes
cultures bio – un groupe de travail
romand comprenant des représentants
du FiBL, d’Agroscope, d’Agridea, de
Progana ainsi que des conseillers bio
cantonaux – mène des essais en bandes
sur différents sites des deux côtés de la
Sarine sur les cultures mixtes légumineuses/céréales. Le but est de favoriser la
culture des légumineuses indigènes
grâce à de nouveaux procédés. Personne
de contact:
Maurice Clerc, FiBL, Av. des Jordils 3,
1000 Lausanne 6, 寿 021 619 44 75,
maurice.clerc@fibl.org
INF BOX
INFO
www.ufarevue.ch
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Un nouveau piège développé sur la base
de matières odorantes de fleurs de
framboisiers s’avère très prometteur dans
la lutte contre le ver des framboises – le
principal ravageur dans les cultures de
framboises – selon des études menées
par Agroscope Changins-Wädenswil
(ACW). Cette technique présente un
grand intérêt, tant dans les jardins
familiaux que dans les cultures agricoles
bio de framboises. Les essais d’ACW en
Suisse ont montré que ces pièges sont
surtout attractifs en début de saison,
avant que les véritables fleurs ne
s’ouvrent. Dans les comptages effectués
par ACW, au moment de la récolte, seuls
5 à 10 % des fruits étaient attaqués. Afin
de réduire les populations de ravageurs
et de limiter leur propagation, ces pièges
doivent être utilisés plusieurs années de
suite.
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