Jerzy Skolimowski
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Jerzy Skolimowski
Jerzy Skolimowski À L’ESPACE CINÉMA KURSAAL —du 3 au 12 octobre On croyait pourtant que Skolimowski ne tournerait plus de films. là où personne ne vous attend, faisait Après un silence de quinze ans, dire à Serge Daney que les films le réalisateur polonais a confirmé de Skolimowski passaient devant nous cette année son retour au cinéma avec comme des trains lancés à grande la sortie du splendide Essential Killing vitesse, et qu'on ne pouvait en capturer (avec Vincent Gallo), trois ans après que le sillage de beauté. Découvrir Quatre nuits avec Anna. Au même cette œuvre, aussi cohérente qu'éclatée, moment ressortent en copies neuves revient à se frotter à cette fulgurance. trois des films marquants dans Frédéric Bonnaud, Les Inrocks la carrière d’un auteur insaisissable porté par une énergie et une inventivité formelle inépuisables. Empreints de burlesque et d'onirisme jazzés, ses films sont aussi portés par un humour ravageur (…) et sont autant de regards acérés sur une société qui balance souvent entre immobilité et pulsions sexuelles incontrôlées. Cette vivacité de trait, et cette façon unique de ne jamais Quatre nuits avec Anna 8 insister sur rien, d'être déjà ailleurs, 9 Jerzy Skolimowski —au Kursaal du 3 au 12 octobre Le Départ 1h29, Belgique, 1967, avec Jean-Pierre Léaud, Catherine-Isabelle Duport Marc a dix-neuf ans. Il est garçon coiffeur. Mais il ne rêve que voitures, rallyes, courses. Il s'est inscrit au rallye qui doit démarrer dans deux jours, en comptant phores vont faire des heures sup. Pour matique sur le passage à la vie adulte l’instant, contentons-nous d’indiquer au lec- témoigne également d'une exemplaire teur (…) à quel point le film déroute. À recherche plastique. C'est une espèce quel point Skolimowski n’a pas perdu son d'antithèse parfaite, presque à la Edward œil pour les objets rebelles, la saccade, la Hopper, de la série des piscines de David perte constante de centre de gravité. À Hockney : au bleu céruléen de la Californie, quel point il reste un ironiste de l’image, Skolimowski oppose le vert sale de avec un goût tatiesque pour le gag plein l'Angleterre ordinaire, puis fait in fine un cadre. La maison est un lieu burlesque, ni « emprunter » la Porsche de son patron. Il Deep End s'entraîne avec elle la nuit, ayant comme 1h30, Grande-Bretagne/Allemagne, 1970, emploi éclatant et expressionniste de la anglais ni polonais, un cube d’immunité. copilote un copain du salon. Au dernier avec Jane Asher, John Moulder-Brown couleur rouge. Dehors commence le royaume de Novak, moment, les deux garçons apprennent que le patron part en week-end avec la voiture. C'est la catastrophe. Marc doit trouver une autre voiture. Vincent Ostria, Les Inrocks Un garçon de quinze ans, employé dans une l’Angleterre des supermarchés avec sa politesse haineuse, une surveillante aussi piscine municipale de Londres, est initié à —jeudi 6 octobre à 18h30 l'amour par une collègue de vingt ans et —dimanche 9 octobre à 20h rosse que Thatcher, la grisaille d’où surgit —mardi 11 octobre à 21h – lien pathétique avec la Pologne – la quelques. Skolimowski est l'homme qui dit : voilà un On n'a pas pu oublier la rousseur de Jane personnage, si je le filme de loin, c'est de la Asher, alors compagne de Paul McCartney, comédie musicale, de plus près c'est du mé- dont la discrète sensualité embrase ce film Travail au noir —vendredi 7 octobre à 18h30 lodrame, d'encore plus près c'est du cinéma- froid et aquatique placé sous le signe de la (Moonlighting) —lundi 10 octobre à 21h vérité. Tout est vrai. Que chacun choisisse ce désespérance. Aussi ludique (l'épisode 1h37, Grande-Bretagne, 1983, avec Eugène qui lui convient. Moi, je choisis tout. célèbre du diamant perdu) que tragique Lipinski, Jeremy Irons, Jirí Stanislav Serge Daney, 1967 (le final quasi shakespearien), cette chro- —lundi 3 octobre à 18h30 nique de l'Angleterre glauque des années —mardi 4 octobre à 21h soixante-dix, portée par la musique de Can et la ritournelle entêtante de Cat Stevens est l'un des plus beaux films de Jerzy Skolimowski, le meilleur réalisateur polonais, mais aussi l'un des rares à avoir apporté au 10 à un sens du réalisme social. Ce conte dra- cabine rouge de téléphone. Serge Daney, 1982. Trois maçons polonais et leur contremaître, Novak, viennent à Londres travailler au noir. Novak, autoritaire, est le seul à parler anglais. Lorsqu'il prend connaissance du coup d'État en Pologne, il tait la nouvelle à ses compatriotes. cinéma britannique une vision presque sar- Travail au noir est une histoire qui fait sens castique, grotesque de l'Angleterre, alliée de toutes parts. Les amateurs de méta11 Jerzy Skolimowski —au Kursaal du 3 au 12 octobre Quatre nuits avec Anna abstrait, où il est question de regard, 1h27, France/Pologne, 2008, avec Artur Ste- d’identification, de ces questions qui tra- ranko, Kinga Preis vaillent les cinéastes depuis toujours. Jean-Baptiste Morain, Les Inrocks Dans une petite ville en Pologne, Léon est employé dans un hôpital. Il a, dans le passé, —mercredi 5 octobre à 18h30 été témoin d'un viol brutal. La victime, —mardi 11 octobre à 18h30 Anna, est une jeune infirmière qui travaille Séances d’initiation au vocabulaire du cinéma dans le même hôpital. Léon passe son À partir d’exemples concrets et temps à espionner Anna, à la guetter de d’extraits de films, Bernard Bouteille jour comme de nuit. Cela devient une véri- nous propose de découvrir le b.a.-ba table obsession... du « langage » cinématographique. Un soir, il finit par s'introduire dans l'appartement d'Anna par Qu’est-ce qu’un plan, pourquoi ce cadre, la fenêtre qu'elle laisse entrouverte. Alors, comment jouer sur le hors champ, quel Léon s'installe sur son lit, l'observe dans effet produit toujours un panoramique, son sommeil, s'imprègne de son univers. Où etc. ? Il existe un vocabulaire précis, s'arrêtera-t-il ? nécessaire au réalisateur pour Quasiment dépourvu de dialogues, super- communiquer sa vision par des choix bement techniques, indispensable au passionné Entrée libre, places limitées, inscriptions bouleversant signe le retour de Skoli- désireux d’analyser le film comme indispensables au 03 81 51 03 12 ou à l’accueil de l’Espace cinéma Kursaal. cadré, ce film obscur et mowski après quinze ans d’absence. D’une œuvre, et précieux pour le spectateur écriture cinématographique pure et res- qui veut affiner son regard ou peut-être serrée, au montage très travaillé (la façon simplement mieux lire l’image mobile. dont Skolimowski joue des flash-backs est À moins qu’il ne veuille aussi magistrale), ce film est composé de rimes comprendre pourquoi le travelling intérieures, de multiples cadres superposés, serait une affaire de morale, comme de champs alignés, de lignes de fuite qui l’ont écrit Rivette, Daney ou Godard… construisent un monde inquiétant, à la fois Trois séances de trois heures réaliste (la cruauté du milieu du travail) et 12 Premières leçons de cinéma 1ère séance : Les Plans —lundi 3 octobre à 20h 2e séance : Les Mouvements de caméra —mercredi 5 octobre à 20h 3e séance : Figures élémentaires passionnantes pour néophytes curieux du montage et amoureux du cinéma. —mercredi 12 octobre à 20h 13