démocraties populaires

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démocraties populaires
Chapitre 1 B)
LE TEMPS DES DÉMOCRATIES POPULAIRES
(1945 – 1991)
L’Europe centrale et orientale est constituée d’Etats-Nations jeunes en 1945,
majoritairement mis en place suite à la Première Guerre mondiale (Yougoslavie,
Pologne…) contre les velléités des empires multinationaux qui s’effondrent en
1918 (empire austro-hongrois, empire russe, empire ottoman). Ces Etats
s’organisent de manière démocratique mais connaissent une évolution autoritaire
dans les années 1930. Dans nombre de ces pays, le communisme est alors
minoritaire ou absent.
Durant la Seconde Guerre mondiale, l’Europe centrale et orientale est envahie
par l’armée nazie puis libérée à partir de 1943 par l’Armée Rouge ; c’est d’ailleurs
cette dernière qui arrive à Berlin en premier.
Malgré les décisions prises lors de la conférence de Yalta Staline décide de
laisser l’Armée Rouge en place afin d’intégrer cette partie européenne dans la
zone d’influence soviétique. L’Armée Rouge met en place une nouvelle forme de
régime « les démocraties populaires » en contradiction avec les démocraties
libérales qui représentent, pour les Soviétiques, le modèle de régime bourgeois
propageant le capitalisme. Les Etats perdent une partie plus ou moins importante
de leur souveraineté et adoptent le modèle soviétique, le PC est forcément au
pouvoir, sous la coupe des dirigeants moscovites par le Kominform (jusqu’en 1956
officiellement).
Les modalités d’imposition du régime soviétique sont différentes mais toute
cette partie de l’Europe subit l’influence soviétique jusqu’à la fin des années
1980. Malgré des tentatives d’émancipation tout au long de la période, l’Europe
Centrale et Orientale connaît véritablement « l’automne des peuples », une
période de révolutions douces ou violentes, entre 1989 et 1991 qui entraînent la
chute de l’URSS.
PBL : QUEL
LIEN SOCIAL ET POLITIQUE NAIT DE L’IMPOSITION D’UN SYSTEME
GLOBALISANT EXTERIEUR
(LIEN
AVEC LE CHAPITRE
SENTIMENT EUROPEEN
?
(= SOVIETIQUE) ?
SUIVANT) QUEL EN
EST L’IMPACT SUR LA CONSTRUCTION DU
I)
LA
SATELLISATION DE L’EUROPE DE L’EST PAR L’URSS OU LA FORMATION
DU BLOC DE L’EST
(1945 – 1952)
A) L’Europe de l’Est comme enjeu pour la sécurité de l’URSS au
lendemain de la 2GM
Au lendemain de la 2GM, le communisme jouit d’un grand prestige en Europe
(Résistance + victoire de l’URSS). L’armée Rouge a libéré une grande partie de
l’Europe de l’Est au nom de la démocratie et de la liberté. Dans ces pays, les
communistes participent à des gouvernements provisoires de coalition, des
gouvernements dits de « front national », mais en Yougoslavie et en Albanie, 2
pays qui se sont libérés par leur propre force, les communistes prennent le
pouvoir dès 1945  ainsi les communistes plaisent politiquement, notamment à la
jeunesse à la recherche de nouvelles valeurs, mais ils ne sont pas forcément
majoritaires dans les nouveaux gouvernements.
De plus l’Armée Rouge reste sur place car Staline souhaite (et l’annonce dès la
conférence de Yalta) la mise en place d’un glacis défensif protégeant l’URSS de
toute nouvelle invasion. L’Armée Rouge place les communistes aux postes clés
dans les gouvernements provisoires puis exerce une forte pression lors des
premières élections afin d’installer les communistes au pouvoir.
Ainsi en Bulgarie en novembre 1945, en Roumanie en Novembre 1946 ou en
Pologne en janvier 1947 les communistes obtiennent entre 75 et 90% des voix.
Or ces élections furent remises en question. A l’inverse en Tchécoslovaquie ou en
Hongrie où les scrutins n’ont pas été remis en cause, les PC obtiennent
respectivement 40% et moins de 15% des voix !!!
B) La prise de contrôle par les communistes à partir de 1947
Avec la GF qui s’annonce à partir de 1947, les pays d’Europe de l’Est sont
obligés de s’aligner sur le modèle soviétique.
Moscou force les pays d’Europe de l’Est, notamment la Pologne et la
Tchécoslovaquie, à refuser le Plan Marshall alors qu’ils y étaient favorables.
En // le Kominform est créé en septembre 1947 qui impose la doctrine Jdanov à
tous ces pays. Or le contrôle renforcé de l’URSS sur les partis communistes
nationaux aboutit à la rupture des fronts nationaux et à la prise de pouvoir par
les partis communistes : en effet, contrôlant les principaux ministères,
affaiblissant ses adversaires par des campagnes de calomnies, le PC élimine peu à
peu tous ses rivaux.
 En Hongrie Mattyas Rakosy, chef du PC, inaugure cette « tactique du
salami » : en 1948 le parti social-démocrate fusionne avec le PC après une série
de « purges » qui ont éliminé les opposants internes, en 1949 le PC hongrois est
donc seul maître du gouvernement
L’expression « tactique du salami » a été utilisée par Rakosy lui-même désignant
ainsi un processus d’élimination des opposants « tranche après tranche ».
Ainsi dans chaque pays d’Europe de l’Est les communistes chassent ou font
arrêter par les Soviétiques sous prétexte d’espionnage les chefs des partis
concurrents, le parti socialiste est forcé de fusionner avec le PC et disparaît
donc.
Mais les modalités de la prise du pouvoir par les communistes varient d’un pays à
l’autre :
- en Roumanie, en Pologne et en Bulgarie les communistes ont joué un
rôle limité pendant la guerre et ils ne peuvent conquérir le pouvoir
sans le soutien de l’Armée Rouge.
- En Hongrie et en Tchécoslovaquie, les PC doivent faire face à la
résistance des autres tendances politiques => lors du « coup de
Prague » de février 1948 les ministres modérés doivent
démissionner sous la forte pression organisée par les communiste et
la totalité du gouvernement tchécoslovaque passe alors aux mains
des communistes.
RAPPEL : ce coup d’Etat est perçu en Europe de l’Ouest comme la
preuve d’une agressivité expansionniste soviétique.
- En 1949 l’échec du blocus de Berlin entraîne la création de la RDA.
 les pays d’Europe de l’Est, appelés alors « démocraties populaires », forment
un bloc soumis politiquement et économiquement à l’URSS.
C) L’adoption du modèle soviétique à partir de 1948
En 1948, Tito, communiste yougoslave, refuse ouvertement la tutelle soviétique
et la volonté de satellisation des Etats d’Europe de l’Est par l’URSS. La
Yougoslavie est donc exclue du Kominform sous prétexte « d’antisoviétisme ». En
réalité, Staline refuse l’idée d’une « voie nationale » vers le socialisme.
Or ce « schisme titiste » sert à justifier l’épuration menée à partir de l’été
1948 : la répression s’abat sur tous ceux qui sont soupçonnés de sympathie
envers l’expérience yougoslave. Les procès visent surtout les communistes qui
pourraient faire preuve d’indépendance à l’égard de Moscou et permettent de
mettre au pas les PC.
Les procès vont jusqu’à la condamnation à mort comme pour Lazlo Rajk dont le
procès s’ouvre à Budapest en 1949 => condamné pour connivence avec « la
Yougoslavie et l’impérialisme ».
+ mise en place du CAEM qui permet un véritable pillage des économiques
européennes au profit de l’URSS.
D) le fonctionnement des démocraties populaires : l’intégration de ces
espaces dans le système totalitaire soviétique
 Ainsi le parti communiste concentre tous les pouvoirs : il dirige l’Etat puisque
les membres du gouvernement siègent obligatoirement au comité central et le
secrétaire général du Parti est aussi le chef de l’Etat. Ces dirigeants sont
reconduits à chaque congrès. Même si officiellement le multipartisme est
accepté, le PC est le seul à avoir un réel rôle politique.
En // un culte de la personnalité se développe partout sur le modèle stalinien : ce
culte de la personnalité est particulièrement visible en Roumanie avec Ceaucescu.
Ensuite le Parti génère une bureaucratie pléthorique dont l’élite forme la
Nomenklatura. Cette bureaucratie lui permet aussi d’encadrer les citoyens,
notamment avec le développement d’une police politique ou des renseignements
qui s’infiltrent de partout ( la vie des autres). L’existence de la société civile
est niée puisque le Parti encadre les citoyens par un réseau dense d’organisations
et de syndicats complètements contrôlés.
Enfin le contrôle social passe aussi par une forte répression : la surveillance de la
population est omniprésente, la délation est encouragée et la torture est
fortement utilisée afin d’éviter toute tentative de déviance par rapport à la ligne
politique du parti.
 la STASI, police politique d’All de l’Est a ainsi établi un fichier de 4 millions
d’Allemands de l’Est.
Ce contrôle est cependant plus ou moins fort en fonction des périodes de dégel
ou regel culturel, mais les moyens de contrôle de masse sont présents.
 Le bloc de l’Est apparaît donc comme un ensemble intégré et discipliné. En
effet la tutelle de l’URSS s’exerce par l’intermédiaire d’institutions :
- le Kominform est certes dissout en 1956 dans le cadre de la
coexistence pacifique mais l’encadrement des pays alliés se poursuit
avec le pacte de Varsovie (alliance militaire) créé en 1955. Ce pacte
sert avant tout de gendarme idéologique pour mater la contestation
en Hongrie en 1956 et en Tchécoslovaquie en 1968. D’ailleurs la
doctrine de la souveraineté limité énoncée par Brejnev justifie
-
cette ingérence militaire. Cette doctrine pose comme principe
premier le devoir pour toute démocratie populaire de préserver le
socialisme.
CAEM
Cependant l’intégration des pays d’Europe de l’Est n’est pas totale : dans les
années 1960, l’Albanie et la Roumanie refusent de participer au CAEM et dans
les années 1970 le commerce des démocraties populaires avec les pays d’Europe
de l’Ouest se développe.
Attention ne pas confondre
- satellisation comme effort de l’URSS pour imposer en Europe de
l’Est des rapports fondés sur la soumission idéologique et
économique dans le contexte de GF
- soviétisation qui découle, elle, en partie de la satellisation : les pays
mettent en place une organisation politique, sociale et économique
inspirée du modèle soviétique. Ce processus a tendance, sur le
temps long, à s’amenuiser.
-
II)
LA
CONTESTATION DU MODELE DANS LES DEMOCRATIES POPULAIRES
A PARTIR DU MILIEU DES ANNEES
1950
A) Le contexte de déstalinisation ou « le nouveau cours »
La déstalinisation menée par Khrouchtchev suscite des espoirs,
particulièrement en RDA, en Pologne et en Hongrie. En effet, les chefs de
partis demandent aux « partis frères » de privilégier les directions collégiales
au détriment du culte de la personnalité.
Au niveau économique aussi le modèle stalinien est assoupli. Enfin la
réconciliation avec Tito est entreprise puisqu’en 1955 Khrouchtchev se rend en
Yougoslavie et semble accepter l’adoption de voies nationales pour arriver au
socialisme => dissolution du Kominform en 1956.
Attention cependant car création du pacte de Varsovie en 1955 ce qui montre
que l’URSS compte énormément sur une coopération militaire au niveau de
l’Europe de l’Est.
B) les crises du bloc de l’Est
-
-
-
Ce contexte politique allié aux difficultés économiques et au sentiment
nationaliste fort amène les populations à profiter du « nouveau cours » pour
demander des réforme.
En RDA, en Pologne et en Hongrie (cf GF, Budapest 1956 et Imre Nagy) des
manifestations étudiantes et ouvrières se multiplient tournant parfois à
l’insurrection, notamment en Pologne en octobre 1956.
Les réactions des gouvernements sont variées :
en RDA Ulbricht fait appel aux Soviétiques en 1953 pour réprimer
le mouvement et se maintenir au pouvoir. Il fait ensuite construire le mur de
Berlin en août 1961.
en Pologne et en Hongrie d’anciens dirigeants communistes écartés
du pouvoir sous Staline sont rappelés au pouvoir : le polonais Gomulka persuade
Khrouchtchev de le laisser faire un socialisme national mais sans remise en
question de l’alliance avec l’URSS.
En Hongrie => les chars soviétiques écrasent le mouvement de
contestation car Imre Nagy remet en question le pacte de Varsovie
Dans les années 1960 les pays d’Europe centrale et orientale profitent de
l’environnement international (coexistence pacifique et rupture URSS/Chine) :
la Yougoslavie poursuit sa voie de développement, l’Albanie se détache du bloc
soviétique, la Hongrie se libéralise à l’inverse de la Bulgarie et de la RDA.
Enfin seconde crise majeure des démocraties populaires le « printemps de
Prague » : le réformateur Dubcek arrive au pouvoir en 1967 et supprime la
censure politique ; il propose aussi « un socialisme à visage humain »
garantissant les libertés et le multipartisme. En réaction les troupes du pacte
de Varsovie interviennent militairement le 20 août, Dubcek est arrêté, le parti
épuré et les presse remise au pas => c’est la « normalisation » du pays montrant
l’impossibilité de réformer le système soviétique.
C) L’émergence d’une société civile de plus en plus contestataire
A partir du milieu des années 1970, aidée par un contexte international
favorable (détente, accords d’Helsinki, accueil des touristes…), la société civile
s’organise afin de contester le système soviétique. De plus les motifs
économiques de contestation augmentent, notamment la pénurie alimentaire et
des biens de consommation de base. Face aux différents mouvements de
libéralisation économique et politique, la société civile s’autonomise donc laissant
une part de plus en plus importante à la dissidence (opposition importante à
partir des années 1970 et qui met l’accent sur les droits de l’homme).
En effet les intellectuels s’engagent et contestent le manque de droits de
l’homme => ainsi l’écrivain tchécoslovaque Vaclav Havel crée-t-il un comité de la
charte 77.
Les Eglises soutiennent aussi la contestation bénéficiant d’un regain du religieux.
En Pologne, notamment, où l’Eglise catholique est très importante et bénéficie de
l’élection du nouveau pape polonais Jean-Paul II en 1978. La mobilisation ouvrière
est d’ailleurs forte dans ce pays au début des années 1980 notamment à Gdansk
où les ouvriers se mettent en grève et créent un syndicat indépendant
« Solidarnosc » mené par Lech Walesa. Le mouvement est cependant brisé le 12
décembre 1981 lorsque le nouveau dirigeant polonais, le général Jaruzelski,
instaure « l’état de guerre » et fait arrêter plus de 10000 personnes. Mais dans
l’opinion publique ce syndicat jouit d’une grande sympathie qui dépasse la classe
ouvrière.
 doc
III) CRISES
ANNEES
ET DISPARITION DES DEMOCRATIES POPULAIRES DANS LES
1980
A) Le contexte international
 augmentation croissante des difficultés économiques : la vie quotidienne
devient de plus en plus difficile (pénurie, inflation, baisses autoritaires des
salaires, sous-emploi, pas d’innovations technologiques…)
 construction européenne à l’Ouest montre la capacité d’émergence d’une
Europe indépendante des deux superpuissances
 les réformes de Gorbatchev (Pérestroïka et Glasnost) et son engagement en
1987 de ne plus intervenir militairement dans les affaires des autres Etats
socialistes libèrent les énergies des populations dominées => les manifestations
se multiplient en Pologne, en Tchécoslovaquie et en Roumanie.
B) « l’histoire s’emballe » : un effondrement en 9 mois
= « l’automne des peuples » soit un ensemble de révolutions « douces » sauf en
Roumanie où le pouvoir communiste abandonne le pouvoir au peuple. Libéralisation
rapide.
En Pologne, en 1989, à la suite de nouvelles grèves, le gouvernement reconnaît
Solidarnosc et engage une réforme électorale qui permet des élections à nouveau
pluralistes. La victoire de Solidarnosc en juin entraîne la nomination d’un Premier
ministre non communiste Mazowiecki. La défaite du PC polonais (POUP) entraîne
la démission de Jaruzelski et l’année suivante est élu président de la nouvelle
République de Pologne
En Hongrie c’est le parti lui-même qui décide l’abandon du rôle dirigeant du PC.
Les élections libres de juillet 1989 donnent alors la victoire à l’opposition. Le 2
mai 1989 les Hongrois démantèlent les barbelés à la frontière entre leur pays et
l’Autriche => c’est donc l’ouverture du rideau de fer permettant le passage de
milliers d’Allemands de l’Est à l’Ouest. C’est la première étape vers la chute du
mur de Berlin le 9 novembre 1989 et donc la réunification allemande.
Enfin entre novembre et décembre 1989 en Tchécoslovaquie la « révolution de
velours » du 16 novembre au 29 décembre entraîne de manière pacifique la
démission des dirigeants communistes et l’élection de Havel comme président de
la République.
La seule révolution sanglante a lieu en Roumanie où Ceaucescu refuse de laisser
le pouvoir. Il est finalement lâché par l’armée et fusillé après un procès
sommaire devant les médias internationaux le 25 décembre 1989.