fp contes de canterbury
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Les contes de Canterbury Les contes de Canterbury The Canterbury tales Pier Paolo Pasolini Quelques thèmes à étudier avec les élèves Italie – 1972- 118mn- VOST -la structure du conte. Synopsis : -l’adaptation : du texte à l’image (notamment l’importance du rôle de Chaucer incarné par Pasolini écrivain-cinéaste). -la reconstitution du Moyen Âge est-elle réaliste? Pasolini parle d’une reconstitution poétique. D’où la notion de l’imagerie du Moyen Âge, à discuter avec les élèves (en cours d’Histoire). -les couleurs et la référence picturale : la palette des couleurs dans les Contes est très riche, plus chaude que dans Le Décaméron : les somptueux vêtements, les rouges profonds et les jaunes stridents nous entraînent vers le gothique des vitraux, et, par-delà, vers Cranach et surtout Grünewald. On pense aussi, quand les collégiens se rendent au moulin, aux rouges cavaliers d’Uccello sur des chevaux blancs, par exemple à La Chasse du musée d’Oxford. D’une manière générale, on pense aux aplats des miniatures ou tableaux du Moyen Age. -la musique médiévale. Niveau à partir de la 2nde Réalisateur: voir fiche : Pier Paolo Pasolini Disciplines : Français, histoire, anglais, arts plastiques, musique Adaptation de huit nouvelles de Canterbury Tales. Si Pasolini garde le même point de départ que Chaucer, les narrateurs des histoires, présentés au début, n’apparaissent plus comme éléments de transition, après la proposition faite par l’hôtelier. C’est Chaucer en personne qui fait le lien : il apparaît dans le film, à l’auberge, accueilli respectueusement, comme écrivain déjà célèbre, ce qu’il était de fait. On le revoit, après les deux premiers contes — celui de May et de Janvier, celui du diable et de la cruche — prendre, dans un vaste dortoir, des « Notes pour un livre de pèlerins » et tracer le titre « Conte du cuisinier ». Après ce conte, nous le voyons chez lui, devant son écritoire, en train de lire le Décaméron. On l’y reverra à deux reprises, notamment aux dernières images, quand il tracera les mots : « Ici finissent les Contes de Canterbury, racontés pour le plaisir de raconter ». Réalisation : Pier Paolo Pasolini. Scénario : Pier Paolo Pasolini, d’après The Canterbury Tales de Geoffrey Chaucer. Image : Tonino Delli Colli (Technicolor). Cadreur : Giovanni Carlo. Décor : Dante Ferretti. Costumes : Danilo Donati. Son : Gianni D’Amico. Musique : choisie par Ennio Morricone et Pier Paolo Pasolini. Montage : Nino Baragli. Production : Alberto Grimaldi. Interprètes : Laura Betti ( femme de Bath), Hugh Griffith (sir January), Josephine Chaplin (May), Franco Citti (le diable), Nino Davoli (Perkin le farceur), Pier Paolo Pasolini (Chaucer), John Francis Lane (le moine), Alan Webb (le vieillard), J.P. van Dyne (Cook), Vernon Dobtcheff, Adrian Street, Derek Deadmin, Nicolas Schmith . Prix : Ours d’or au 22ème Festival de Berlin INTERDIT aux moins de 16 ans Fiche pédagogique éditée par la maison de l’image -4- -1- Fiche pédagogique éditée par la maison de l’image Les contes de Canterbury ANALYSE Le recueil de contes : Les Contes de Canterbury sont une suite de vingt quatre nouvelles écrites par Geoffrey Chaucer (1343-1400) chapeautées par une longue introduction dans laquelle un aubergiste encourage un groupe de pèlerins de Southwark en route vers Canterbury pour visiter le tombeau de Thomas Beckett, à raconter chacun une histoire. Deux d’entre elles sont en prose, le reste en vers. Quelques contes sont inventés par Chaucer, d’autres sont déjà connus par la tradition orale. Par son pittoresque, par la précision des observations sociales et psychologiques, Chaucer insiste davantage sur l’aspect descriptif que sur l’élément narratif proprement dit. Les conteurs chez Chaucer appartiennent à des classes sociales très diverses, et débordent de verve et de joie ; chacun d’eux possède un style qui lui est propre. Des exégètes pensent que cette structure est empruntée au Décaméron, que Chaucer avait lu lors de son séjour en Italie. -2- Les ruptures de ton sont plus grandes dans Canterbury que dans Le Décaméron. Pasolini est le premier à reconnaître les contes de Chaucer « plus salaces et plus comiques » et insiste sur les différences entre les deux écrivains : « L’Italien est plus cultivé, il s’attache à ironiser, mais il ne désacralise jamais : il ne croit pas au moyen-âge. L’Anglais est plus grossier, mais il désacralise volontiers le moyenâge. S’il est moins épique, il préfigure cependant Shakespeare et Cervantès ». « La grande qualité de Chaucer (…) c’est sa capacité de bavardage. Ses narrateurs causent, bavardent, plus qu’ils ne racontent : leurs contes sont des occasions pour d’étonnants morceaux de bravoure comico-moraliste, émaillés de citations précieuses, de digressions savantes, de redondances didactiques pseudoarchaïques, de pataquès populaciers. » Alors que Pasolini apparaissait dans Le Décaméron en tant que peintre disciple de Giotto, il incarne cette fois-ci Chaucer, et nous le voyons au début du film en train d’écouter, ce que faisait probablement Chaucer pour recueillir ses contes, lors de ses voyages à travers le royaume en tant qu’inspecteur des travaux publics. D’où l’importance de la bande-son. Des différents niveaux d’anglais (l’accent et le phrasé dénotent immédiatement une appartenance sociale), jusqu’aux chansons et musique que Pasolini et Morricone ont minutieusement reconstituées grâce aux instruments d’époque. Sans oublier le générique du début, qui se déroule sur un fond de chants et de cris évoquant le tumulte de la populace appelant aux représentations médiévales. Poursuivant sa praxis de la culture populaire, outre la parole, Pasolini accentue la fonction des corps en tant que révélateurs d’une certaine mentalité de classe. Il ne châtie pas les pets, mictions et défécations (cf. le plan étonnant du cul du diable chiant les moinillons). Dans le conte des Trois garçons et de la Mort, les images crues du début insistent sur la violence sexuelle des « jeunes gens adonnés à la folie » qui « hantent bordels et tavernes » ; puis c’est le cortège funèbre portant en terre le jeune mort ; avant les scènes finales, images atroces de meurtre, de vomissements et de coliques. L’hommage à la culture populaire est revendiqué, entre autre, par des passages comiques, alors que Pasolini réserve l’humour pour les paraboles. « L’humour est détachement de la réalité, attitude contemplative face à la réalité, et donc dissociation entre soi et cette réalité. (…) le peuple n’est pas humoristique, dans le sens où l’on peut parler de l’humour d’un écrivain du XVIIème siècle, d’un Cervantès, d’un Ariosto, d’un Dickens, etc. Le peuple est comique, spirituel. » -3-