Efficience du financement des services publics et
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Efficience du financement des services publics et
Unité de Recherche 047 de l'IRD Réseau de Recherche sur les Politiques Economiques et Pauvreté 7èmes journées scientifiques du réseau « Analyse Economique et Développement de l’AUF » Thème des journées « Institutions, développement économique et transition » Paris Les 7 et 8 septembre 2006 Organisées et financées conjointement par L’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF, Paris) Le Réseau Politiques Economiques et Pauvreté (PEP Université Laval Québec) Et IRD, Paris, DIAL JOURNEES SCIENTIFIQUES DU RESEAU « ANALYSE ECONOMIQUE et DEVELOPPEMENT » 7 et 8 Septembre 2006 – PARIS Efficience du financement des services publics et croissance économique dans les Pays en développement : Analyse en coupe transversale Saoussen Ben Romdhane Chemli1 Meriem Hassad Ben Neticha∗ 1 Doctorante LMC Tunis/ CEMAFI Nice. E-mail : [email protected] ∗ Doctorante PSDD Tunis/ GREQAM Aix-MarseilleII. E-Mail : [email protected] 1 Résumé Les dépenses publiques dans les services de l’éducation et de la santé occupent une part très importante dans la totalité des dépenses publiques. Ces secteurs sont porteurs de croissance économique si les dépenses qui leur sont alloués, sont utilisées d’une manière efficace. On a calculé l’efficacité de ces services par une méthode non paramétrique (DEA), pour un ensemble de pays en développement. Les résultats ont montré que dans ces pays, les services d’éducation et de santé ne sont pas efficients et donc les dépenses publiques dans ces secteurs ne sont pas de bonne qualité. L’estimation de la relation entre la croissance économique et la qualité des dépenses publiques confirme ces résultats et montrent que ces dépenses ne sont pas encore porteuses de croissance dans les Pays en Voie de Développement. Mots clés Education publique, santé publique, dépenses publiques, efficience technique, croissance économique. 2 Introduction La relation entre les dépenses publiques et la croissance économique a été analysée dans plusieurs travaux empiriques. La majorité de ces travaux ont montré que les finances publiques, prises dans leur totalité, ne sont pas porteuses de croissance de long terme. Ceci peut être expliqué d’une part par l’existence d’effets d’éviction de l’investissement privé par l’investissement public et d’autre part par la mauvaise mobilisation et l’allocation inefficace des recettes publiques. Dans ce contexte, la qualité des services publics joue alors un rôle très important dans le processus de croissance économique d’où la nécessité de tenir compte de l’efficience des services publics dans l’analyse de leurs effets sur la croissance. La majorité des travaux ont analysé la relation entre le ratio des dépenses publiques par rapport au PIB et la croissance économique. Ce ratio a été considéré comme indicateur de la taille du secteur public. Néanmoins, ce ratio ne permet pas de donner assez d’informations aussi bien sur la qualité de la production générée par les dépenses publiques que sur les performances du Gouvernement en tant que producteur de services publics. Afin de pouvoir expliquer la croissance économique à partir des dépenses publiques, il faut voir d’une manière plus pointue et plus précise le volume et la composition des dépenses publiques nécessaires à la production des services publics efficients, susceptible de stimuler la croissance économique. Des travaux récents de Afonso, Ebert, SchuKnecht et Thone (2005)2, ont monté que si les dépenses publiques sont de bonne qualité, alors les services produits suite à ses dépenses sont efficients et peuvent générer la croissance économique. Cette notion d’efficience a été analysée par plusieurs auteurs, qui ont cherché à construire une mesure empirique des performances des dépenses publiques dans le domaine de prestation des services d’éducation, de santé, d’infrastructures et de réglementations juridiques. 2 Afonso Antonio, Ebert Werner, Schnknecht Ludge et Thone Michael (2005), «Quality of Public finance and Growth» European Central Bank, Working Paper Series N° 438. 3 Dans ce cadre on peut citer les travaux d’Afonso, Schuknecht et Tanzi (2003)3, d’Afonso(2004)4 et d’Afonso et Aubyn (2004)5, qui sur la base d’une approche non paramétrique, ont estimé une mesure d’efficience des services publics en construisant une frontière d’efficience à partir de la quantité d’input utilisée et de l’output dégagé. A ce niveau la question qui se pose est la suivante : est-ce que la qualité des services publics affecte la croissance économique ? La qualité des dépenses publiques peut être mesurée par l’efficience technique des services produits suite à ces dépenses. D’où la nécessité de construire des indicateurs ou mesures d’efficience des services publics. Pour tenter de répondre à cette problématique, on a analysé dans un premier temps les différents canaux à travers lesquels les taxes est les dépenses affectent la croissance. Ensuite, a travers des faits stylisés, on a analysé l’importance des dépenses publiques notamment en santé et en éducation. Dans une troisième section, nous avons construit des scores d’efficience pour les services publics, comme indicateurs de la qualité des dépenses publics. Enfin, dans la quatrième section, nous avons testé économétriquement la relation entre l’efficience des services publics et la croissance économique. I. Canaux de transmission et mécanismes Les finances publiques affectent la croissance de différentes manières. Dans le développement qui suit, la croissance est définie comme le potentiel de croissance de long terme et non le court terme et les variations cycliques. Ainsi, après une présentation des différents canaux à travers lesquels aussi bien les taxes que les dépenses affectent la croissance, on analysera les mesures indirectes de la qualité des finances publiques. Enfin, on présentera les résultats empiriques de l’effet de telles mesures d’efficience sur la croissance. 3 Afonso Antonio, Schnknecht Ludge et Vito Tanzi (2003), « Public Sector Effeciency : An International Comparaison » European Central Bank, Working Paper Series N° 242. 4 Afonso Antonio (2004), « A note on Public Spending Effenciency» CES ifo DICE Report, Journal of Institutional Comparison, 2 (1), Spring , 35-39 5 Afonso et Aubyn (2004), « Non parametric approaches to Education and Health Expenditure Efficiency in OECD Countries » ISEG/UTEL, Department of Economics, Working Papers N° 1/2004/DE/CISEP/UECE 4 I.1 Les différents canaux à travers lesquels les taxes et les dépenses affectent la croissance Dans ce domaine, plusieurs travaux se sont intéressés à la relation entre la croissance économique et la qualité des finances publiques6. En effet, afin de voir de plus prés les différents canaux de transmission, il convient tout d’abord d’analyser les liens économiques entre les dépenses, les politiques fiscales et la croissance. Ceci nous conduit à étudier l’importance du contexte institutionnel et des finances publiques pour la stabilité macroéconomique. I-1-1 Le cadre institutionnel Le cadre institutionnel qui est l’environnement dans lequel la politique fiscale est menée influe sur la croissance économique via principalement deux canaux : le premier est que l’existence d’un cadre institutionnel bien définit stimule la croissance. Les finances publiques jouent indirectement un rôle important dans son fonctionnement. Les règles et les contraintes légales tel que des règles de propriété bien établies et des marchés efficients minimisent l’incertitude et stimulent les contrôles et les rendements sur investissement. Les règles qui stimulent l’échange sur les marchés (tel que les règles contractuelles, les libertés pour fixer les prix) sont des préalables pour une économie de marché. Le fonctionnement des marchés génère une information par le mécanisme des prix qui permet aux agents de travailler, épargner, investir, de se spécialiser et d’innover pour avoir un profit. Les règles doivent promouvoir la compétition, assurer une information adéquate et permettre une gestion des risques efficiente. Ils doivent également garantir que les actions du gouvernement permettent 6 European Commission (2001). Public finances in EMU - 2001, European Economy 3/2001. European Commission (2004). Public Finances in EMU - 2004. A report by the Commission services, SEC(2004) 761. Bruxelles. Hemming, R.; Kell, M. and Mahfouz, S. (2002). “The Effectiveness of Fiscal Policy in Stimulating Economic Activity - A Review of the Literature,” IMF Working Paper, N°. 02/208. OCDE (2003a). “Enhancing the Cost Effectiveness of Public Spending,” in Economic Outlook, vol. 2003/02, N°. 74, December, OECD. OCDE (2003b). The Sources of Economic Growth in OECD Countries. Paris: OECD. Romero de Avíla, D. and Strauch, R. (2003). “Public Finances and Long-term Growth in Europe – Evidence from a Panel Data Analysis,“ Banque Centrale Européenne Working Paper N°246. Zagler, M. and Durnecker, G. (2003). “Fiscal Policy and economic growth,” Journal of Economic Surveys, 17 (3), 397-418. 5 de stimuler le fonctionnement des marchés. Un cadre institutionnel adéquat doit permettre de minimiser les coûts de transaction. Ce point de vu sur le rôle du gouvernement a été défendu par plusieurs économistes classiques tel Adam Smith et la littérature institutionnelle et constitutionnelle moderne. Des finances publiques de bonne qualité permettent de stimuler indirectement la croissance. En allouant suffisamment de fonds pour la sécurité interne et externe et l’administration publique, des fonctionnaires correctement formés et non corrompus et une justice impartiale permettent d’assurer les rouages de l’économie. Dans le cas inverse une administration avec un sureffectif et peu de moyens ne permet pas d’assurer un fonctionnement adéquat pour les institutions. Une taxation prohibitive limite les droits de propriété et les subventions accordées aux services publics peuvent détruire les marchés privés. Le deuxième est le cadre institutionnel qui conditionne la gestion de la politique fiscale, les finances publiques et la croissance via des règles et des institutions fiscales bien établies. Cela peut prévenir les biais pour les dépenses et les déficits dans le processus politique qui créent des inefficiences et un secteur public très large ce qui limite la soutenabilité des finances publiques. Les lois peuvent également garantir la stabilité des politiques fiscales en prévenant les changements irradiques des déficits, des règles fiscales et des programmes de dépenses. De plus les règles de loi peuvent stimuler l’efficience des politiques fiscales et réduire l’intérêt de la recherche de rentes. La réglementation budgétaire est particulièrement importante. De ce fait plusieurs techniques existent pour la gestion du budget tel que les moyens de gestion des ressources humaines, les mécanismes de fixation des prix assimilables au marché qui ont été développés pour assurer l’information nécessaire pour une allocation efficiente des ressources (voir OCDE 19957). D’autres exemples d’éléments institutionnels tels que les règles d’audit, les analyses de coût bénéfice doivent être pris en considération pour décider des activités publiques et de régulation ainsi que les objectifs de dépenses. I-1-2 Les dépenses publiques Les analyses théoriques qui ont relié les dépenses publiques à la croissance ont pris en considération trois variables de dépense : les dépenses publiques d’investissement, les dépenses publiques de consommation et les dépenses de bien être social, dites également distributives. Certaines études ont également pris en considération les dépenses publiques qui 7 OCDE,1995, Budgeting for Results, Paris, OCDE. 6 augmentent le capital humain et les dépenses qui contribuent aux innovations tels que la recherche et développement qui permettent d’améliorer les bases du capital humain (investissement) et le progrès technologique. Les dépenses publiques représentent en moyenne 45% du PIB dans les pays industrialisés. Il existe plusieurs différences entre les pays, qui vont de 30 à 60%, suggérant des différences importantes entre les pays (Tanzi and Schuknecht (2003)8). Certaines activités du gouvernement et les dépenses publiques qui leurs sont associées sont essentielles pour la performance de l’économie. Ces dépenses essentielles ou productives peuvent être aussi importantes pour la croissance que le capital privé et le travail. Ces dépenses peuvent augmenter le stock de capital humain et physique et le progrès technologique dans l’économie mais peuvent faire cela indirectement en créant des synergies pour les activités privées. Sans cela l’économie ne va pas fonctionner correctement et ne va pas croître. Le niveau de ces dépenses est fonction du degré d’efficience de l’utilisation des ressources par le gouvernement. Plus le gouvernement est efficient, moins les dépenses doivent être importantes. Le niveau des dépenses du gouvernement dépend également d’autres facteurs exogènes qui sont la géographie, le niveau de développement du pays et de ses marchés. Les dépenses essentielles comprennent les dépenses pour principaux services administratifs, la justice, la recherche, l’éducation, la santé, l’infrastructure publique, la sécurité interne et externe etc.…Le niveau de ces dépenses dans les pays industrialisés est difficile à estimer empiriquement. Si on les assimile à la consommation privée, ils représentent en moyenne 20% du PIB ou 45% des dépenses publiques. Les dépenses publiques pour l’éducation (à travers le capital humain) et la recherche et développement (innovation et progrès technologique) stimulent la croissance. La nouvelle théorie de la croissance suggère que les activités publiques sont nécessaires puisqu’elles peuvent compenser les faillites du marché. Les dépenses publiques dans la recherche et le développement et l’éducation peuvent améliorer leur efficience plus que dans un scénario de marchés parfaits. Les dépenses distributives, au contraire, peuvent limiter la croissance en réduisant les incitations à travailler, investir dans le capital humain ou exercer des talents d’entrepreneurs. Les incitations pour les retraites anticipées, l’assistance sociale généreuse réduit l’offre de travail et l’incitation pour maintenir le capital humain. Les dépenses dans les activités de 8 Tanzi, V. and Schuknecht, L. (2003). “Public Finances and Economic Growth in European Countries.” in Fostering Economic Growth in Europe, conference volume of the 31st Economics Conference of the Oestereichische Nationalbank, Vienna, 2003, 178-196. 7 sécurité sociale réduisent le besoin pour l’épargne de précaution, améliorent la capacité de prise de risques et peuvent être considéré comme un facteur institutionnel de promotion de la croissance. Les dépenses redisributives représentent prés de 40% dans les pays industrialisés. L’investissement public est un concept plus étroit que les dépenses productives. Il est lié à la création d’infrastructure physique. Généralement la formation de capital fixe brute est limitée à 2 ou 3 % du PIB (Commission Européenne (2004)9). L’investissement public peut être source de croissance, en plus de l’augmentation du stock de capital de l’économie, il est souvent considéré comme nécessaire à l’investissement privé et à la réduction de certains coûts privés. Cependant, les résultats des études théorique et empirique n’ont pas montré un effet net (Voir Pfähler et al. (1996)10). Cela peut être dû à plusieurs facteurs, d’abord la définition de ce que c’est que l’investissement est parfois arbitraire et peut donner des manipulations. D’un autre côté, les décisions d’investissement doivent être objectives et basées sur des analyses de coûts bénéfices. En effet, les projets efficients peuvent générer des coûts fiscaux importants mais très peu d’effets sur la croissance économique. Finalement, les décisions d’investissement publiques peuvent remplacer ou décourager l’investissement public. Cependant, mise à part ces réserves, un investissement public efficient devrait contribuer à la croissance économique. I-1-3 Les systèmes de taxation Les pays industrialisés ont développé des systèmes de collecte du revenu pour financer les dépenses précédemment citées. Les revenues doivent être en moyenne proches des dépenses. Les recettes fiscales proviennent à hauteur du tiers des taxes indirectes sur la consommation, un sixième des taxes directes sur le revenu et le reste sur le revenu. Le niveau de la taxation est important étant donné que les taxes sont généralement importantes. Un niveau élevé de taxation peut réduire le potentiel de croissance du pays étant donné l’impact négatif que cela peut avoir sur les incitations des travailleurs, l’investissement, les décisions d’épargne et l’allocation des ressources en général. Dans un environnement global, des taxes élevés dans un pays peuvent réduire la croissance à travers la fuite des capitaux vers des pays ou les taxes sont moins élevées. En général, les taxes élevées peuvent réduire la croissance, et des taxes trop faibles peuvent également réduire la croissance. Cette situation est due au fait que des 9 Commission Européenne (2004). Public Finances in EMU - 2004. A report by the Commission services, SEC(2004) 761. Bruxelles. 10 Pfähler, W.; Hofmann, U. and Bönte, W. (1996). “Does extra Public Infrastructure Capital matter? An appraisal of Empirical Literature”, Finanzarchiv, 53 (1), 68-112. 8 taxes trop faibles ne permettent pas au secteur public d’avoir les ressources nécessaires essentielles aux services du gouvernement. Au moins en théorie, il doit y avoir un niveau et une structure de taxation qui peuvent être considérés comme optimaux d’un point de vue théorique car elles seraient suffisantes pour financer les services publics nécessaires d’une manière efficiciente. Quand le niveau des taxes dans un pays dépasse le niveau optimal, sa baisse peut stimuler la croissance. Plusieurs spécialistes des finances publiques ont tenté d’analyser l’impact des différentes taxes et de la structure de taxation sur les variables économiques et ont conclu que toutes les taxes n’avaient pas les mêmes effets sur l’économie. Les taxes qui sont imposés avec des taux élevés sur le facteur travail par exemple sont plus préjudiciables que les taxes sur la consommation car elles sont préjudiciables pour la consommation et l’épargne. Ainsi, les réformes qui réduisent les taxes sur le revenu et les remplacent par des taxes sur les ventes améliorent l’efficience de l’économie. En définitive, il existe des changements au niveau des systèmes de taxation qui peuvent augmenter l’efficience de l’économie, cependant si les changements deviennent fréquents ils peuvent entraîner une incertitude au niveau des taxes et peuvent avoir des effets négatifs sur la croissance. En effet, l’incertitude peut rendre les décisions concernant le futur plus difficiles. I-1-4 Les finances publiques et la stabilité macroéconomique La politique fiscale est l’un des facteurs qui peut contribuer à la stabilité macroéconomique et peut également soutenir la politique monétaire en maintenant les prix à un niveau stable et avec des taux d’intérêt faibles. Un faible déficit et une dette publique faible peuvent générer des incitations. En effet, si les finances publiques sont saines, les politiques de dépenses et les systèmes de taxation sont prévisibles, alors cela est générateur de croissance économique car il crée un environnement favorable à l’épargne et à l’investissement. Cependant, si les déficits publics persistent durant une longue période cela peut générer des déséquilibres macroéconomiques et une accumulation des dettes. Le secteur privé peut considérer la situation fiscale comme insoutenable et réduire l’investissement en prévision de taxes futures plus élevées. Cela associé à l’incertitude concernant les changements futurs des 9 taxes et de la structure des taxes peut aggraver encore plus les effets négatifs et réduire l’investissement en capital11. De plus des déficits faibles préviennent l’absorption d’une part importante de l’épargne pour financer le secteur public ce qui est bénéfique pour le secteur privé qui peut profiter des taux d’intérêts plus faibles et augmente le stock de capital12 .Cet argument basé sur des hypothèses Ricardiennes d’équivalence n’est pas suffisant13. En effet, à ce niveau un certain nombre d’arguments et de résultats empiriques suggèrent qu’une baisse de l’investissement privé doit être prévue avec les déséquilibres publics14. I.2 Les mesures indirectes de la qualité des finances publiques La mesure de l’efficience du secteur public n’est pas une tache triviale, principalement lorsqu’il s’agit d’effectuer des comparaisons internationales15. I-2-1 Les politiques de dépenses Récemment, un progrès considérable a été effectué dans les études académiques et celles des organisations internationales en modifiant le centre d’intérêt du montant des ressources utilisées par un ministère ou un programme (inputs) vers les services délivrés (ou outputs)16. On dénombre plusieurs tentatives d’évaluation de la performance et de l’efficience du secteur public à travers des mesures du rapport output/input. Afonso, Schuknecht et Tanzi (2003)17 ont construit un indice composite de performance du secteur public. Il permet de mesurer le fonctionnement des marchés et l’égalité des opportunités pour les personnes en prenant en 11 Pour une analyse des canaux de la taxation via les déficits et les dettes vers la croissance voir Tanzi, V. and Chalk, N. (2000). “Impact of Large Public Debt on Growth in the EU: A Discussion of Potential Channels.” In European Economy 2/2000, 23–43. 12 Detken, C.; Gaspar, V. and Winkler, B. (2004). “On Prosperity and Posterity: The Need for Fiscal Discipline in a Monetary Union.” Frankfurt: Mimeo. 13 Cette hypothèse implique qu’une épargne publique faible tel qu’elle est reflétée dans les déficits élevés est complètement remplacée par une épargne privée élevée 14 Blanchard, O. (1985). “Debts, deficits and finite horizons,” Journal of Political Economy, 93, 223-247. Easterly, W., Rebelo, S. (1993) Fiscal Policy and Economic Growth: an Empirical Investigation. Journal of monetary economics 32(3), 417-58. Domenech, R.; Taguas, D. and Varela, J. (2000). “The Effects of Budget Deficit on National Saving in the OECD,” Economics Letters, 69(3): 377-83. 15 Afonso, A., Schuknecht, L. and Tanzi, V. (2003). “Public Sector Efficiency: an International Comparison,” Banque Centrale Européenne Working Paper N°242. 16 OCDE (2003) OP Cit 17 OP Cit 10 considération le rendement de l’administration, de l’éducation, de la santé et de l’infrastructure publique18. De tels indicateurs structurels peuvent en effet donner une première indication de la performance mais présentent une limite relative aux pondérations choisies et à la comparaison entre les différents pays. Un consensus émerge : les pays avec un faible niveau des dépenses publiques par rapport au PIB ont de meilleures performances de leurs administrations et une meilleure croissance et les pays qui ont un large secteur public ont une meilleure distribution des revenus. Les dépenses dans les systèmes éducatifs et de santé semblent être moins corrélées à leur performance. Il est certain qu’une mesure de la taille et de la composition optimale des dépenses publiques doit tenir compte des priorités propres à chaque pays. Les résultats trouvés ont montré qu’il n’y pas des différences significatives entre la performance des services publics des pays industrialisés. L’analyse de la productivité et de l’efficience est généralement effectuée en utilisant des approches non paramétriques tel que la Free Disposable Hull (FDH) ou la Data Envelopment Analysis (DEA). Afonso et al (2003)19 ont montré, sur la base de la méthode DEA, que les pays européens dépensent en moyenne 30% plus que les pays de l’OCDE les plus performants pour obtenir la même performance. Dans une étude sur les dépenses d’éducation et de santé, Afonso et St. Aubyn (2004)20 ont utilisé une approche non paramétrique et ont montré certaines limites de ce type d’approches. Ils ont évalué l’efficience de l’éducation secondaire et de la santé dans les pays de l’OCDE en 2000. Pour l’éducation, ils ont retenu les indicateurs PISA comme Output et deux mesures quantitatives sont utilisés en tant qu’input : le nombre d’heures par année passée à l’école et le nombre d’enseignants par étudiant. Pour la santé, la mesure quantitative de l’input est le nombre de docteurs, d’infirmières et de lits d’hôpitaux, les outputs sont le taux de mortalité infantile et l’espérance de vie. I-2-2 Les politiques fiscales 18 Afonso et al (2003) ont mesuré la performance et l’efficience des dépenses publiques dans les pays de l’OCDE; Afonso et St. Aubyn (2004) ont mesuré les performances de l’éducation et de la santé dans les pays de l’OCDE ; Afonso, A. and St. Aubyn, M. (2004). “Non-parametric Approaches to Public Education and Health Efficiency in OECD Countries.” (ISEG-UTL, Working Paper Nº 1/2004/DE/CISEP/UECE) forthcoming in Journal of Applied Economics. Clements (2002) a mesuré la performance de l’éducation en Europe. Clements, B. (2002). “How Efficient is Education Spending in Europe?” EuropeanReview of Economics and Finance, 1 (1), 3–26. 19 OP Cit 20 OP Cit 11 L’évaluation de la qualité des finances publiques doit tenir compte de la manière dont les gouvernements utilisent les taxes pour financer leurs services de la dette. La qualité des systèmes de taxation affecte non seulement l’efficience du secteur public mais également l’efficience de toute l’économie. Pour évaluer la politique fiscale dans un pays il est nécessaire de développer des indicateurs qui doivent tenir compte du niveau effectif de taxation. Les indicateurs les plus utilisés sont les taux de taxation effectifs et les taux marginaux de taxation effectifs. Les taux de taxation effectifs agrégés développés par Mendoza, Razin et Tesar (1994) permettent d’analyser l’influence de la taxation sur des variables macroéconomiques tel que l’épargne, l’investissement et l’emploi21. En plus du niveau de taxation la structure des taxes doit également être analysée. Dans une étude réalisée par la commission européenne, il a été prouvé que les distorsions fiscales seraient réduites et la croissance stimulée en migrant d’un système de taxation directe vers un système de taxation indirecte22. I-2-3 Le contexte fiscal institutionnel L’évaluation de la qualité des finances publiques doit également tenir compte de la situation des institutions budgétaires qui est loin d’être une mission facile. La littérature en la matière a définit deux principes pour assurer la discipline budgétaire : La délégation du pouvoir à un puissant ministère des finances et la création d’un contrat fiscal23. Selon le deuxième principe les décideurs doivent fixer des objectifs avant d’établir le début du processus budgétaire actuel et veuillez à leurs applications durant la durée de l’exercice budgétaire. Les études empiriques sur la qualité des institutions budgétaires ont montré des différences considérables entre les pays, notamment entre les pays européens après le pacte de stabilité, ce qui peut affecter le maintien de la discipline fiscale. I-3 Les résultats empiriques sur la croissance Les études empiriques ayant analysé l’effet des variables fiscales sur la croissance peuvent être classées en deux catégories : la première analyse l’effet des variables fiscales agrégés tel que les dépenses, les taxes ainsi que la dette ou le déficit du gouvernement. Ces variables 21 Mendoza, E.; Razin, A. and Tesar, L. (1994). “Effective tax rates in macroeconomics: Cross-country estimates of tax rates on factor incomes and consumption,” Journal of Monetary Economics, Vol. 34 (3), 295602. 22 Commission Européenne, 2000, Public finances in EMU - 2000, European Economy 3/2000. 23 Hallerberg, M.; Strauch, R. and von Hagen, J. (2004). “The Design of Fiscal Rules and Forms of Fiscal Governance in Europe,” Banque Centrale Européenne. 12 permettent de donner une impression sur la manière dont la taille du gouvernement et ses finances affectent la croissance. La deuxième, via des études de cas, pousse l’analyse du processus de réformes dans le temps. I-3-1 L’impact de la taille du gouvernement sur la croissance L’étude des faits stylisés est souvent utile pour analyser l’effet de la taille du gouvernement sur la croissance. Ainsi, Tanzi et Schknecht (2003)24 ont déduit une forte corrélation entre l’augmentation des dépenses publiques et la baisse de la croissance dans le long terme. A moyen terme, ils ont trouvé que la formation de capital est fortement corrélée négativement aux dépenses totales du gouvernement. Ces observations sont souvent corroborées par la plus part des études économétriques25. Le tableau suivant extrait de Afonso et Al (2005)26 résume les résultats de certaines études empiriques qui ont analysé l’effet des dépenses totales du gouvernement sur la croissance. 24 Op Cit Pour un survey des études empiriques voir Agell, Lindh et Ohlsson (1997), Temple (1999), Ahn et Hemmings (2000), David, Hall et Toole (2000), Commission Européenne (2002), Florax, de Groot et Heijungs (2002), Nijkamp et Poot (2003), Lamo et Strauch, R. (2002), OCDE (2003), Tanzi et Schuknecht (2003), Thöne (2004), Kirchgässner (2004), et Schuknecht et Tanzi (2005). 25 26 Op Cit 13 Tableau n°1 : L’effet des dépenses publiques du gouvernement sur la croissance Auteurs et Date Agell/Lindh/Ohlsson Echantillon 23 Pays de l’OCDE (1997) Barro/Sala-i-Martin 90 Pays indépendante croissance 21 Pays de l’OCDE Le ratio des dépenses Négatif (Significatif) Les dépenses totales Négatif du gouvernement 21 Pays de l’OCDE 23 Pays de l’OCDE (1999) Heitger (2001) 16 Pays de l’OCDE (Non significatif) Les dépenses totales Négatif du gouvernement 21 Pays de l’OCDE (Significatif) Les dépenses totales Negative (Significatif) Les dépenses totales Négatif du gouvernement Lee (1995) la Les dépenses totales Ni positif, ni négatif du gouvernement Fölster/Henrekson sur du gouvernement Hemmings (2001) De Gregorio (1996) Effet du gouvernement (1995) Bassanini/Scarpetta/ Variable (Significatif) Les dépenses totales Négatif du gouvernement) (Non significatif) Source: Afonso et Al (2005) L’effet taille des dépenses du gouvernement sur la croissance est souvent négatif. Aucune étude n’a trouvé une relation positive entre la croissance et les dépenses agrégées. Agell, Lindh et Ohlsson (1997)27 n’ont pas trouvé une relation claire entre les deux variables. De 27 Agell, J., Lindh, T. and Ohlsson, H. (1997). “Growth and the public sector: a critical review essay.” European Journal of Political Economy Vol. 13, 33-52. 14 Gregorio (1996)28 et Lee (1995)29 n’ont pas pu confirmer la significativité de la relation. Cependant toutes les autres études citées précédemment ont pu confirmer la significativité de la relation. I-3-2 L’impact de la taxation et de la structure des dépenses sur la croissance Plusieurs études empiriques ont montré qu’un niveau de taxation élevé affecte négativement l’allocation des ressources en réduisant les incitations à travailler, à investir et à épargner. Tanzi et Chalk (2000)30 ont montré que si la taxation va conduire à un déficit budgétaire très important, la croissance serait alors compromise. Dans les pays de l’OCDE, très peu d’études ont trouvé un effet négatif significatif de la taxation sur la croissance31. Aucune étude n’a montré un effet positif de la taxation, ou du niveau élevé de taxation, sur la croissance. Les études empiriques sont unanimes sur l’impact négatif des déficits gouvernementaux sur la croissance32. L’ensemble des résultats sus mentionnés permet d’avancer qu’une diminution des dépenses totales réduirait les déficits et baisserait le niveau de la taxation. L’étude de la structure des dépenses publiques a montré que leurs différentes composantes doivent être traitées séparément. L’analyse des effets séparés de ces dépenses dépend de la qualité des informations disponibles. Plusieurs études ont montré que les dépenses publiques d’investissement sont les plus porteuses de croissance33. D’autres ont confirmé que ces dépenses n’étaient pas porteuses de croissance34. En effet l’investissement peut être productif ou non en fonction du contexte institutionnel. En dépit de la contradiction apparente de ces études, un certain consensus émerge : l’investissement public est certes important pour la croissance mais moins important qu’il ne le fut dans le passé. Dans la théorie économique, les 28 De Gregorio, J. (1996). “Inflation, Growth and Central Banks: Theory and Evidence,” The World Bank, Working Paper 1575, Washington D.C. 29 Lee, J-W. (1995). “Capital goods imports and long-run growth.” Journal of Development Economics, Vol. 48, 91-110. 30 Tanzi, V. and Chalk, N. (2000). “Impact of Large Public Debt on Growth in the EU: A Discussion of Potential Channels.” In European Economy 2/2000, 23–43. 31 Cashin (1995) Cashin, P. (1995). “Government spending, taxes and economic growth.” IMF Staff Papers, Vol. 42, 237-269. Fölster et Henrekson (1999) Fölster, S., Henrekson, M. (1999). “Growth and the Public Sector: A Critique of the Critics.” European Journal of Political Economy, Vol. 15, 337-358. Kneller, R.; Bleaney, M. and Gemmell, N. (1998). “Growth, Public Policy and the Government Budget Constraint: Evidence from OECD Countries”. School of Economics, University of Nottingham, Discussion Paper No. 98/14, Nottingham. 32 Voir Martin and Fardmanesh (1990); Easterly et Rebelo (1993) ; Miller et Russek (1997) ; de la Fuente (1997) ; Kneller et al. (1998) ; Bleaney et al. (2001)); European Commission (2004). 33 Pour les pays de l’OCDE Cashin (1995), Nourzad et Vrieze (1995), Sanchez-Robles (1998), Shioji (2001) et Kamps (2004)). 34 Pour les pays de l’OCDE Barth et Bradley (1988), Ford et Poret (1991), Holtz-Eakin (1994), Yi et Kocherlakota (1996) ainsi que Cassou et Lansing (1999) 15 dépenses publiques sur le capital physique peuvent améliorer la croissance uniquement si elles sont dépensées en infrastructure qui sert d’imput à l’investissement privé. Cette notion a été confirmée par des études empiriques principalement dans le transport, la communication35. Pour les dépenses d’infrastructure, il est clair que la loi des rendements décroissants est valable. La littérature empirique a montré également que les activités publiques permettent d’améliorer le capital humain36. Dans les pays industriels, le secteur de recherche et développement est l’une des sources majeures de la croissance. Cet effet positif n’est possible qu’en cas de complémentarité entre ces dépenses et les dépenses privés. Car les dépenses publiques ne doivent pas exercer un effet d’éviction sur les dépenses privées. Robson (1993)37, Park (1995)38, Busom (1999)39, Diamond (1999)40, Guellec et van Pottelsberghe de la Potterie (2000)41 ont argumenté en faveur de la complémentarité. Au contraire,Toivanen et Niininen (1998)42,Wallsten (1999)43, Bassanini, Scarpetta et Hemmings (2001)44 ont plutôt montré un effet d’éviction des dépenses privées par les dépenses publiques en recherche et développement. La politique de santé a été considérée pendant longtemps comme des activités gouvernementales porteuses de croissance. En effet une bonne santé améliore le capital humain et donc la croissance. 35 Easterly et Rebelo (1993), Devarajan, Swaroop et Zou (1996) 36 pour les pays de l’OCDE Englander et Gurney (1994), De Gregorio (1996), Keefer et Knack (1997), De la Fuente et Domenech (2000), Bassanini et Scarpetta (2001), Gemmell et Kneller (2001), Heitger (2001), Buysse (2002) et OCDE (2003b)) 37 Robson, M. (1993). “ Federal Journal, Vol. 60. 63-71. 38 funding and the level of private expenditure on basic research,” Southern Economic Park, W. (1995). “International R&D spillovers and OECD economic growth,” Economic Inquiry, Vol. 33. 39 Busom, I. (1999). “An Empirical Evaluation of the Effects of R&D Subsidies,” Working Paper No. B99-05, Universitat Autonoma de Barcelona. 40 Diamond, A. (1999). “Does Federal Funding “Crowd In” Private Funding of Science?” Contemporary Economic Policy, Vol. 17, 423-431. 41 Guellec, D. and van Pottelsberghe de la Potterie, B. (2000). “The Impact of Public R&D Expenditure on Business R&D,” OECD STI Working Paper 2000/4, Paris. 42 Toivanen, O. and Niininen, P. (1998). “Investment, R&D, subsidies, and credit constraints,” Working Paper, Department of Economics MIT and Helsinki School of Economics. 43 Wallsten, S. (1999). “Do government-industry R&D programs increase private R&D?: The Case of the Small Business Innovation Research Program,” Department of Economics Working Paper, Stanford University, Stanford CA. 44 Bassanini, A.; Scarpetta, S. and Hemmings, P. (2001). “Economic growth: the role of policies and institutions. Panel data evidence from OECD countries.” OECD Economics Department Working Paper 283, Paris 16 Dans une étude réalisée sur des pays de l’OCDE, Bleaney,Kneller et Gemmell (2001)45 ont déduit que les dépenses publiques dans le secteur de la santé ont un effet positif sur la croissance. Bloom, Canning et Sevilla (2001)46 ont confirmé ce résultat pour le cas d’un échantillon plus large. Les résultats des travaux de Rivera et Currais (1999)47 stipulent que la causalité va dans le sens inverse, ainsi la croissance économique a crée des revenus réels élevés ce qui permet aux agents économiques de dépenser plus pour la santé. I-3-3 Les liens institutionnels Il est important de faire le lien entre la politique fiscale et la croissance à travers le cadre institutionnel. Les études qui ont analysé ce lien ne sont pas nombreuses mais certains résultats sont intéressants et méritent de ce fait d’être exposés. Les résultats de North (1990, 1998)48 a montré, en comparant le cas de l’Angleterre et de l’Espagne, qu’une surréglementation en Espagne avait limité le développement mais la décentralisation et les règles de loi bien établies avaient permis à l’Angleterre de se développer. II. Les faits stylisés L’analyse des faits stylisés nous permet de mesurer les parts des dépenses publiques alloués à chaque secteur de services. II-1 Part des dépenses publiques allouées aux services Les dépenses publiques en services représentent une part importante des dépenses publiques dans la plupart des pays. Ces dépenses dépassent les 50% du PIB en Hongrie. Ils ne représentent que 10% au paraguay. 45 Bleaney, M.; Gemmell, N. and Kneller, R. (2001). “Testing the Endogenous Growth Model: Public Expenditure, Taxation and Growth Over the Long Run.” Canadian Journal of Economics, Vol. 34 (1), 36-57. 46 Bloom, D.; Canning, D. and Sevilla, J. (2001). “The Effect of Health on Economic Growth: Theory and Evidence,” NBER Working Paper No. 8587, Cambridge MA. 47 Rivera, B. and Currais, L. (1999). “Economic growth and health: direct impact or reverse causation?” Applied Economics Letters, Vol. 6, 761-764. 48 North, D. (1990). Institutions, Institutional Change and Economic Performance (Cambridge: Cambridge University Press). North, D. (1998). “The Rise of the Western World,” in Bernholz, P., Streit. M. and Vaubel, R. (eds) Political Competition, Innovation and Growth, Berlin, New York: Springer. 17 Graphique N°1: Dépenses publiques en services en pourcentage du PIB 60 50 40 30 20 10 Zimbabwe Venezuela Turkey Uruguay Tunisia Togo Trinidad and Tobago Thailand Senegal Syrian Arab Republic Peru Rwanda Niger Paraguay Nepal Mexico Mauritius Mali Mauritania Kuwait Lesotho Jamaica Iran, Islamic Rep. India Indonesia Hungary Guatemala El Salvador Dominican Republic Chile Costa Rica Cameroon Brazil Burundi Benin Bolivia Barbados Argentina 0 II-2 Les dépenses publiques dans le secteur de l’éducation L’éducation joue un rôle clé dans la société. Elle est considérée comme un pré requis pour la continuité et le développement de nos sociétés. Actuellement, c’est l’un des moyens de base pour permettre au savoir, au pouvoir et au travail d’être distribués dans la société moderne. Pour les citoyens individuels c’est l’un des moyens essentiels d’accéder à la participation dans la société. L’éducation est avant tout un bien individuel. Ses bénéfices peuvent être analysés aussi bien du point de vue de la consommation que de l’investissement. Le dernier point de vue est lié au fait que l’éducation est un investissement dans notre propre capital humain. Cet investissement procure des compétences qui donnent aux individus de meilleures chances pour trouver un travail plus intéressant et mieux payé. Au delà de ces bénéfices individuels, l’éducation procure également des effets externes : elle aide à la socialisation et à l’information des personnes. Les bénéfices qu’elle procure à la société sont de loin supérieurs à la somme des bénéfices individuels. Donc l’investissement des individus dans l’éducation ne serait pas suffisant du point de vue de la société. C’est le premier argument qui justifie l’intervention du gouvernement dans l’éducation. Le second a trait au fait que les personnes qui ont des revenus faibles ou moyens n’ont pas la possibilité de financer les études de leurs enfants. Or la justice sociale fait que tous les enfants doivent avoir les mêmes opportunités et les mêmes possibilités indépendamment des revenus de leurs parents. Le dernier argument qui justifie l’intervention du gouvernement tient à la position internationale du pays. En effet, la globalisation des processus économiques a fait que l’éducation reçoit une attention croissante étant donné son rôle dans la compétition de l’économie. 18 Graphique N°2: Dépense Publiques en éducation 10,00 9,00 8,00 7,00 6,00 5,00 4,00 3,00 2,00 1,00 0,00 Zimbabwe Uruguay Tunisia Togo Syrian Senegal Philippines Paraguay Nepal Mauritius Mali Lesotho Kenya Jamaica Iran. India Guatemala Dominican Colombia Chile Burundi Bolivia Barbados Argentina Série1 Dans la figure n°2, les dépenses totales en éducation sont considérées en pourcentage du PIB. Nous avons représenté les dépenses totales pour un échantillon de pays en voie de développement entre 1990 et 2003. On remarque que la part des dépenses publiques en éducation par rapport au PIB se situe entre 4% et 8%. Lesotho, le Zimbabwe, le Koweït et la Jamaïque ont les proportions les plus importantes suivies de l’Iran, du Kenya et de la Jordanie. Des pays comme l’Indonésie ou la Guatemala dépensent un peu plus de 1% de leur PIB en éducation. En Tunisie les dépenses publiques en éducation représentent un peu plus que 6% du PIB. II-3 Les dépenses publiques dans le secteur de la santé Dans les sociétés modernes, les soins de santé sont considérés comme un service public. Les gens attachent une importance au fait d’avoir une bonne santé. Actuellement l’augmentation de l’espérance de vie associée à l’accroissement des coûts des soins de santé fait que la gestion de ces coûts est actuellement considérée comme l’un des challenges les plus importants auxquels les états font face. 19 Dans le graphique n°3, on a rapporté les dépenses publiques en santé par rapport au PIB pour un échantillon de pays en voie de développement. On a représenté les dépenses moyennes sur la période 90-2003. Ce ratio va de 2.52% pour l’Indonésie à plus de 10% pour l’Uruguay. Ces différences cachent en effet des différences de conception par rapport au système de santé. En effet, dans certains pays ces services sont publics, dans d’autres ils sont privés. D’un autre coté les pressions exercées par l’augmentation de la valeur des soins sur la stabilité financière du système de soin fait que les gouvernements tentent de plus en plus d’encourager les privés à investir dans les services de santé. Malgré cela on remarque que les dépenses de santé représentent toujours une part importante du PIB. III. Construction des indicateurs d’efficience L’efficience technique est la possibilité de produire une quantité maximale à partir d’un input donné. Elle est mesurée à partir de la relation entre la production observée et la production maximale suite à l’utilisation de l’input en question. Deux approches sont considérés ; l’approche orientée vers l’input, définie comme la possibilité de produire à partir d’une quantité minimale d’input afin de produire une quantité donnée d’output et l’approche orientée vers l’output, définie comme la possibilité de produire à partir d’un input donné le maximum d’output. 20 Zimbabwe Uruguay Tunisia Togo Syrian Arab Republ Senegal Philippines Paraguay Nepal Mauritius Mali Lesotho Kenya Jamaica Iran. Islamic Rep. India Guatemala Colombia Chile Burundi Bolivia Barbados Argentina 12,00 10,00 8,00 6,00 4,00 2,00 0,00 Dominican Republic Graphique n°3 Dépenses publiques en santé en pourcentage du PIB Selon la première approche, on peut calculer de combien on doit réduire la quantité d’input sans varier la quantité d’output pour avoir une production efficiente. La seconde approche, permet de calculer de combien on doit augmenter l’output sans modifier la quantité d’input. Ces deux approches conduisent à l’estimation des mesures d’efficiences techniques de plusieurs inputs ou outputs. Elles donnent le même résultat sous l’hypothèse des rendements d’échelle constants car elles identifient le même ensemble de producteurs efficients/inefficients ou d’unités de prises de décisions (DMUs) Ces mesures ou indicateurs d’efficience peuvent être calculées à partir de la méthode DEA (Data Envelopment Analysis). Il s’agit d’un programme linéaire non paramétrique qui suppose que les indicateurs d’efficience se trouvent sur une courbe convexe ; appelée frontière d’efficience. Cette frontière doit être estimée afin de dégager ensuite les points efficients. III-1 Cadre analytique On suppose l’existence de k inputs et de m outputs pour n (DMUs).Pour un (DMU)i, yi est le vecteur en colonne des outputs et xi est le vecteur en colonne des inputs. X (k×n) est la matrice des inputs et Y (m×n) est la matrice des outputs L’objectif de la méthode DEA est de construire une frontière non paramétrique de telle sorte que toutes les observations se trouvent en dessous ou sur cette courbe. D’où la nécessité d’introduire les ratios outputs/inputs dans la spécification. C'est-à-dire que pour chaque (DMU), on obtient une mesure de tous les inputs par rapports aux outputs tel que u’yi /v’xi où u est un (m×1) vecteur des pondérations des outputs et v est un (k×1) vecteur des pondérations des inputs. Afin de sélectionner les pondérations optimales, on spécifie le problème de programmation mathématique suivant : Maximiseru ,v ( S /C et u ' yi ) v ' xi u ' yi ≤ 1, j = 1,..., N , v ' xi (1) u , v ≥ 0. u et v sont des scalaires associés à chaque (DMU) tel que l’efficience est maximisée et elle ne peut pas dépasser une valeur unitaire. Néanmoins, la résolution de ce programme peut 21 générer une multiplicité de solutions (par exemple si (u*,v*) est une solution, alors (α u*, α v*) l’est aussi). Donc, une contrainte supplémentaire est nécessaire pour éviter ce problème. Le programme peut être réécrit de cette manière : Maximiseru ,v (u ' y i ) S/C v ' xi = 1, u ' y i − v ' xi ≤ 0, j = 1,..., N , (2) u , v ≥ 0. et La dualité de la programmation linéaire nous permet de dériver une forme « envelopment » de ce problème dans le contexte de rendements d’échelle variables: Minimiser θ,λ θ, S/C -yi +Y λ≥0 (3) θxi-Xλ≥0 n1’ λ=1 λ≥0 Où θ est un scalaire et λ est un (n×1) vecteur de constantes. n1’ λ=1 implique la convexité de la courbe d’efficience. Cette forme de programmation, qui implique moins de contraintes que la forme précédente (k+m<n+1), est généralement la préférée dans la résolution de ce type de problème. La valeur obtenue de θ est le score d’efficience pour un (DMU) i. Elle doit satisfaire la condition θ ≤1. Si θ=1, alors on se trouve sur la frontière d’efficience et la DMU est techniquement efficiente. (1- θ) est la quantité d’input qu’il faut réduire sans modification d’output pour avoir une production efficiente. Ce problème de programmation linéaire doit être résolu n fois (car on a n DMU) afin d’obtenir une valeur de θ pour chaque DMU. 22 III-2 Construction des indicateurs d’efficience La méthode de construction des indicateurs d’efficience des services publics d’éducation et de santé, est celle adoptée par Afonso et Aubyn (2004). C’est une méthode non paramétrique, qui consiste à construire une frontière d’efficience à partir des ratios inputs/ outputs. Nous avons retenu une approche monétaire, c'est-à-dire que les inputs considérés sont des variables financières et non pas des variables quantitatives. Cette méthode nous permet de répondre à la question suivante : est-ce que les pays qui dépensent le plus dans les services publics d’éducation et de santé sont plus performants ? Le calcul des scores d’efficience repose sur l’approche orientée vers l’input. Celle-ci permet de d’évaluer de combien la quantité d’input doit être réduite sans faire varier la quantité d’output. En d’autres termes de combien faut-il diminuer les dépenses publiques dans les secteurs de l’éducation et de la santé tout en gardant le même niveau de rentabilité de ces dépenses. Services d’éducation : Pour le secteur de l’éducation publique, l’indicateur d’efficience est construit à partir d’un input et de deux outputs. -L’ input : La moyenne des dépenses publiques annuelles par étudiant ($, PPA) sur la période 90-02 - Les outputs : • Taux moyen d’alphabétisation en pourcentage de la population agée de 15 ans et plus, sur la période 90-02 • Taux moyen de scolarisation sur la période 90-02 Services de santé : Concernant le secteur de la santé publique, l’indicateur est construit à partir d’un input et de trois outputs. -L’input : Les dépenses annuelles moyennes par tête ($, PPA) sur la période 90-02 -Les outputs : • Le nombre moyen de lits dans les hôpitaux, par 1000 habitants sur la période 90-02 23 • L’espérance moyenne de vie à la naissance • Le taux moyen de mortalité infantile, par 1000 naissances vivantes III-3 Résultats des estimations des indicateurs d’efficience Les scores d’efficience sont estimés par le logiciel Data Envelopment Analysis Program (DEA). Ils sont compris entre zéro et un. Plus ils s’approchent de l’unité, plus le pays est considéré comme performant. Les résultats pour le secteur de l’éducation et de la santé sont donnés, respectivement dans le tableau 2 et le tableau 3. 24 Tableau 2. Scores d’efficience du secteur de l’éducation publique (Approche orientée vers les inputs) Pays Argentine Bangladesh Barbados Bénin Bolivia Brazil Burundi Cameroun Chile China Colombie Costa rica République Dominicaine El Salvador Guatemala Inde Indonésie Iran Israël Jamaïque Jordan Kenya Lesotho Malawi Mali Mauritanie Iles Maurice Mexico Népal Niger Paraguay Peru Philippines Rwanda Sénégal Afrique du sud Syrie Thaïlande Togo Trinidad et Tobago Tunisie Turquie Uruguay Venezuela. RB Zimbabwe Score d’efficience (Rendements d’échelle constants) 0.276 0.484 0.11 0.189 0.557 0.178 0.058 0.152 0.363 0.352 0.236 0.177 0.897 0.87 0.375 0.333 1,00 0.165 0.117 0.185 0.24 0.172 0.055 0.178 0.155 0.178 0.165 0.279 0.199 0.041 0.286 0.854 1,00 0.081 0.095 0.109 0.391 0.311 0.22 0.177 0.36 0.213 0.385 0.391 0.113 Moyenne 0,27 Source : calculs des auteurs 25 Tableau 3. Scores d’efficience du secteur de la santé publique Pays Score d’efficience (Rendements d’échelle constants) Argentine 0.285 Bangladesh 0.246 Barbados 0.409 Bénin 0.369 Bolivia 0.381 Brésil 0.323 Burundi 0.34 Cameron 0.591 Chile 0.67 China 0.444 Colombie 0.279 Costa rica 0.557 République Dominicaine 0.593 El Salvador 0.404 Guatemala 0.1 Inde 0.605 Indonésie 0.482 Iran 0.396 Israël 0.348 Jamaïque 0.163 Jordan 0.526 Kenya 0.652 Lesotho 1 Malawi 0.581 Mali 0.267 Mauritanie 0.626 Iles Maurice 0.196 Mexico 0.109 Népal 0.172 Niger 0.159 Paraguay 0.075 Pérou 0.314 Philippines 0.225 Rwanda 0.36 Sénégal 0.422 Afrique du Sud 1 Syrie 0.287 Thaïlande 0.54 Togo 0.532 Trinidad et Tobago 0.274 Tunisie 0.511 Turquie 0.387 Uruguay 0.423 Venezuela. RB 0.321 Zimbabwe 0.53 Moyenne 0,323 Source : calculs des auteurs 26 Les résultats montrent que les scores d’efficience des secteurs publics de l’éducation et de la santé sont faibles, c'est-à-dire que les pays en développement sont seulement efficients à 30% dans la production de tels services. Les pays les plus efficients sont ceux qui présentent les dépenses publiques les plus faibles mais qui sont les plus performants dans la production de ces services. Ils ont un score égal à l’unité. En ce qui concerne la Tunisie, le score d’efficience dans le secteur de l’éducation est de l’ordre de 36% alors que dans le secteur de la santé atteint 51%. Ceci peut être expliqué par l’importance des dépenses publiques dans le secteur de l’éducation qui n’est pas encore rentable. IV. Estimation empirique de la relation entre la croissance et le financement des services publics de l’éducation et de la santé Afin de tester si les dépenses allouées aux services publics de l’éducation et de la santé sont porteuses ou non de la croissance économique, pour un échantillon en coupe transversale de 45 pays en développement, sur la période 1990- 2002, nous avons construit deux spécifications de régressions de la croissance du PIB/tête à la Barro (1991)49. La première introduit la part des dépenses publiques allouées aux secteurs de l’éducation et de la santé par rapport au PIB. La seconde tient compte seulement des indicateurs d’efficience de ces deux secteurs comme mesure de la qualité des dépenses publiques. Première spécification : Gj = β0 + β1 Xj + β2 Dj +β3 Rj pour j= 1…..N (1) Où : Gj : la variable dépendante qui est le taux de croissance annuel moyen du PIB par tête, sur la période1990 – 2002, dans un pays j, Xj : le vecteur regroupant des variables standard de contrôle de la croissance économique, Dj : le vecteur des variables des dépenses publiques, 49 Barro ,Robert.(1991), “Economic Growth in a Cross Section of Countries”, Quarterly Journal of Economics, 106, N°2, Mai. 27 Rj : l’ensemble des variables régionales et de corruption, N : le nombre des pays de l’échantillon. Deuxième spécification : Gj = β0 + β1 Xj + β2 Fj +β3 Rj pour j= 1…..N (2) Où : Fj : le vecteur des variables d’efficience des services publics d’éducation et de santé, dans un pays j, sur la période 1990-2002. IV-1 Panorama des variables et indices introduits : Les variables de contrôle standard Xj de la croissance économique comprennent : 1. la variable de convergence à savoir le PIB par tête initial de 1990 (en log). Ce taux est interprété comme un conditionnel de convergence, 2. la valeur moyenne de l’investissement rapporté au PIB, à l’instant t-1, 3. le taux moyen de l’inflation comme indicateur de déséquilibre macroéconomique, 4. une variable dummy pour les pays ayant une inflation très importante (le taux d’inflation dépasse 20%) 5. le taux initial de scolarisation primaire en 1990 comme indicateur de stock de capital humain de base, 6. le taux annuel moyen de variation du capital humain, 7. le taux annuel moyen de la croissance de la population, 8. l’indice de l’ouverture commerciale mesuré par le ratio moyen de la somme des exportations et des importations par rapport au PIB. Les variables des dépenses publiques Dj regroupent : 1. le taux moyen des dépenses de consommation finale du gouvernement par rapport au PIB, 2. le taux moyen des dépenses publiques allouées au secteur de l’éducation par rapport au PIB, 28 3. le taux moyen des dépenses publiques allouées au secteur de la santé par rapport au PIB. Les variables d’efficience Fj des services publics se composent de : 1. le score moyen de l’efficience technique du secteur de l’éducation publique, 2. le score moyen de l’efficience technique du secteur de la santé publique. Les variables régionales et de contrôle de la corruption Rj sont les suivantes : 1. une variable dummy pour le pays de l’Afrique Subsaharienne, 2. une variable dummy pour les pays de l’Amérique Latine, 3. une variable dummy pour les pays de la région MENA, 4. un indicateur de contrôle de la corruption de la Banque Mondiale, sur la période 1996-2002. IV-2 Résultats empiriques des régressions: Les résultats des estimations de la première et de la deuxième spécification sont donnés dans les tableaux 4 et 5. 29 Tableau4. Résultats des estimations avec les taux des dépenses publiques Variable endogène (1) (2) (3) (4) (5) Log PIB/tête (90) 0.092 -0.087 -0.093 -0.298 -0.148 (0.227) (-0.172) (-0.187) (-0.650) (-0.296) 0.150 0.236 0.234 0.212 0.217 (3.392) (3.162) (3.237) Investissement/PIB (3.392) Inflation (3.390) -0.001 -0.002 (-0.698) (-0.143) -0.767 -1.353 -1.295 -1.320 -1.400 (-1.192) (-2.230) (-2.084) (-1.924) (-2.312) Taux de scolarisation primaire (90) -0.016 -0.045 -0.044 (-0.381) (-1.017) (-0.993) Log de primaire 0.415 2.160 2.127 -0.699 (0.148) (0.737) (0.724) (-0.837) Taux de croissance démographique -0.752 -1.104 -1.066 -1.01 -1.109 (-1.891) (-2.483) (-2.414) (-2.255) (-2.493) Indice de libéralisation commerciale -0.020 -0.027 -0.025 -0.020 -0.0235 (-1.969) (-2.363) (-2.212) (-1.882) (-2.156) High inflation scolarisation Consommations publiques /PIB Dépenses publiques pour l’éducation et la santé/PIB 0.0259 0.022 (0.381) (0.329) -0.086 -0.007 (-1.040) (-0.089) Contrôle de corruption 0.021 0.050 0.058 -0.057 (0.046) (0.116) (0.135) (-0.123) Variable dummy pour l’Afrique Subsaharienne -1.558 -0.944 -0.885 -0.695 -0.891 (-2.425) (-1.204) (-1.129) (-0.903) -1.139 Variable dummy l’Amérique Latine -0.694 -0.313 -0.310 -0.021 -0.187 (-0.955) (-0.411) (-0.401) (-0.029) (-0.249) 0.311 0.326 0.471 0.788 0.521 (0.322) (0.322) (0.478) (0.815) (0.523) 0.664 0.730 0.728 0.712 0.719 pour Variable dummy pour la région MENA 2 R Note : Les chiffres entre parenthèse indiquent les t de Student selon la méthode des MCO 30 Tableau 5. Résultats des estimations avec l’introduction des scores d’efficience des services publics Variable endogène (1) (2) (3) (4) Log PIB/tête (90) -0.096 -0.153 0.079 0.129 (-0.194) (-0.309) (0.193) (0.322) 0.232 0.213 0.141 0.134 (3.369) (3.228) (3.106) (3.072) -1.091 -1.282 -1.021 (-2.468) (-2.115) (-1.750) Investissement/PIB -1.232 Inflation (-2.025) High inflation Taux de scolarisation primaire (90) -0.044 -1.019 (-0.974) (-0.462) Log de primaire 1.855 -0.923 0.219 -1.290 (0.620) (-1.041) (0.077) (-1.491) Taux de croissance démographique -1.090 -1.099 -1.021 -0.707 (-2.468) (-2.488) (-1.750) (-1.922) Indice de libéralisation commerciale -0.024 -0.021 -0.021 -0.015 (-2.245) (-2.049) (-2.208) (-1.707) Score d’efficience services publics l’éducation des de 0.470 0.424 0.902 1.019 (0.465) (0.420) (0.920) (1.021) Score d’efficience des services publics de santé 0.477 0.837 0.354 0.651 (0.658) (0.714) (0.307) (0.557) Contrôle de corruption 0.091 0.043 (0.206) (0.098) Variable dummy pour l’Afrique Subsaharienne -0.882 -0.859 -1.553 -1.886 (-1.041) (-1.015) (-2.129) (-2.615) Variable dummy l’Amérique Latine -0.328 -0.204 -0.961 -1.444 (-0.427) (-0.270) (-1.360) (-2.232) 0.502 0.661 0, 313 -0.212 (0.507) (0.676) (0,328) (-0.318) 0.735 0,734 0.659 0.622 scolarisation pour Variable dummy pour la région MENA 2 R Note : Les chiffres entre parenthèse indiquent les t de Student selon la méthode des MCO 31 IV-3 Interprétation des résultats empiriques: Les résultats des estimations des régressions de la croissance du PIB/tête montrent que : • Les dépenses de consommation du gouvernement ne sont pas significatives et elles présentent un signe positif. De même, les dépenses publiques dans les secteurs de l’éducation et de la santé pris isolément ne sont pas statiquement significatives et elles sont négatives. Ces résultats confirment les conclusions de Kim et Moody (1992)50 et de Musgrove (1996)51, qui stipulent que dans les Pays en développement les dépenses publiques dans ces secteurs ne sont pas allouées de manière efficace et ne permettent pas alors de promouvoir la croissance économique. • Les scores d’efficience des services publics de l’éducation et de la santé ne sont pas significatifs, mais ils présentent des signes positifs contrairement aux ratios des dépenses allouées à ces deux secteurs quand ils sont considérés dans la première spécification. Ceci est prévisible car les scores d’efficiences calculés dans les tableaux 1 et 2 étaient faibles et prouvent que dans les pays en développement, la production des dépenses publiques dans l’éducation et dans la santé est insuffisante pour stimuler la croissance économique. Le signe positif montre que plus la qualité des services publics est meilleure, plus la croissance du PIB/tête peut augmenter. 50 Kim ,K et Moody , PM (1992), « More Resources, Better health ? A Cross National Perspectives», Social Science and Medicine. Vol 34, pp 837-42 51 Musgrove, P (1996), « Public and Private Role in Health: Theory and Financing Pattern», World Bank Discussion Paper N°339. Washington DC 32 Conclusion Les dépenses publiques, en particulier ceux qui sont alloués aux services d’éducation et de santé, occupent une part très importante dans la totalité des dépenses du gouvernement. Ces dépensent permettent d’accroître le stock du capital humain et de générer de la croissance économiques s’ils sont de bonne qualité et alloués d’une manière efficiente. Le calcul des scores d’efficience selon une approche non paramétrique, pour un échantillon de pays en développement, montre que les services publics de l’éducation et de la santé ne sont pas efficients, c'est-à-dire que les dépenses allouées à ces secteurs ne sont pas suffisants ou peu rentables. L’estimation de la relation entre ces scores d’efficience et la croissance économique, dénote de l’inexistence d’un lien significatif entre ces deux variables bien qu’ils varient en même temps. Par contre, les dépenses publiques prises individuellement sont négativement corrélées à la croissance du PIB/tête. Le calcul des scores d’efficience input/ output n’a pas été une tache triviale, et la méthode utilisée était basée sur une approche monétaire des inputs qui ignore les caractéristiques quantitatives comme par exemple, le ratio des enseignants/ étudiants pour les services de l’éducation et le nombre de médecins et cadres paramédical par mille habitants. D’autres indicateurs sociaux et politiques tel que, le niveau de développement de la population, la stabilité politiques et la confiance dans les services publics peuvent être introduits dans les ratios inputs/outputs. De même, notre travail s’est limité à une analyse en coupe transversale. D’autres pistes de recherches peuvent être orientés vers des analyses en données de panel plus riches, sur des périodes plus récentes. 33 Références Bibliographiques Afonso Antonio, Ebert Werner, Schnknecht Ludge et Thone Michael (2005), «Quality of Public finance and Growth» European Central Bank, Working Paper Series N° 438. Afonso Antonio, Schnknecht Ludge et Vito Tanzi (2003), « Public Sector Effeciency : An International Comparaison » European Central Bank, Working Paper Series N° 242. 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