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Des écoles sans frontières… ou presque!
Par Nathalie Côté
Un dossier conjoint de l’Infobourg et de Carrefour éducation.
L’école du futur aura-t-elle encore des murs? Quoi qu’il en soit, les murs de l’école
d’aujourd’hui sont de moins en moins un obstacle à la découverte, aux apprentissages et à la
collaboration. Non seulement Internet donne-t-il accès à une quantité phénoménale
d’informations, mais le web 2.0 permet aussi des échanges enrichissants.
Ainsi est née la télécollaboration. Des classes séparées par un océan peuvent maintenant
travailler ensemble sur un même projet et communiquer presque aussi facilement que si elles
étaient sous un même toit.
D’ailleurs, au Québec, plusieurs petites écoles de village se sont agrandies virtuellement au
cours des dernières années afin de se serrer les coudes et offrir de meilleurs services à leurs
élèves!
Ailleurs, plusieurs écoles totalement virtuelles commencent à voir le jour. Enseignants et élèves
ne partagent même plus la même salle de classe, le matériel est entièrement numérique et les
apprentissages se font à toutes heures du jour. C’est l’école à distance version 2.0! Au Québec
toutefois, rien n’a encore été fait en ce sens.
Tous ces projets nécessitent l’utilisation (et la maîtrise) d’un certain nombre d’outils comportant
chacun des avantages et des inconvénients.
It’s a small world after all!
Disney n’imaginait probablement pas à quel point le monde était effectivement bien petit
quand il a choisi cette désormais célèbre ritournelle. Plus que jamais, Internet fait tomber les
frontières et permet des collaborations impossibles à imaginer encore hier.
Il y a une douzaine d’années, le site Prof-Inet devenait un précurseur de la télécollaboration. Son
objectif : mettre en relations des enseignants de partout sur la planète (surtout dans la
francophonie) afin de permettre la réalisation de projets à distance. On y retrouve actuellement
plus d’une centaine de projets, certains proposés par des enseignants et d’autres par des
organisations. Un autre site, Skype for the Classroom (en anglais) en propose plus de 1400, dont
quelques-uns en français.
Malgré la multiplication des outils en ligne, la correspondance par courriel entre élèves demeure
l’une des collaborations les plus fréquentes. Depuis quelques années, c’est la voie qu’a choisie
d’emprunter Marie-Luce Dion, enseignante à l’école secondaire Bernard-Gariepy, de Sorel. Elle
s’est inspirée d’un projet trouvé sur Internet pour proposer aux élèves de sa classe (et d’une
autre ailleurs dans le monde!) l’échange d’une dizaine de courriels sur dix thèmes différents.
« Je travaille avec des élèves qui ont des difficultés d’apprentissage et de comportement. Avoir
des questions précises auxquelles répondre les aide beaucoup à structurer leurs écrits. Ça leur
permet aussi de découvrir une autre culture, un nouveau pays et même d’en apprendre sur leur
propre province, car les questions sont assez précises! » Elle remarque que le fait d’écrire à
quelqu’un en « chair et en os » qui va leur répondre est très motivant pour eux.
À l’occasion, l’expérience se poursuit à la maison. « Parfois, les jeunes communiquent entre eux
par clavardage et ils sont très excités de pouvoir le faire. Mais en classe, je me limite à l’échange
de courriels et de photos », note Mme Dion.
Des projets
Cela dit, la télécollaboration peut aller beaucoup plus loin. Par exemple, le projet Images et
patrimoine a pour objectif de « constituer un inventaire de patrimoines oubliés, secrets,
particuliers, éclairés par les classes » participantes. Toute cette information est ensuite
accessible via une carte interactive!
Un autre projet, The day I was born, vise à faire des élèves de petits historiens qui vont
découvrir, puis partager, ce qui se passait dans le monde le jour de leur naissance.
Sur les pas d’Eratosthène vise pour sa part à mesurer la circonférence de la terre comme le
faisait le savant grec, il y a plus de 2000 ans, le tout en interagissant avec des classes de partout
dans le monde.
De son côté, le projet Skype mystère vise à mettre en contact deux classes par Skype afin que les
élèves découvrent, avec différents indices, la ville où se trouve l’autre groupe. D’autres utilisent
ce même logiciel pour pratiquer leur anglais!
Les enseignants peuvent très bien monter leur propre projet. Pour qu’il soit réussi, il devrait
avoir des objectifs clairs, être simple au plan de la communication, comporter des tâches bien
définies, offrir des résultats concrets, répondre aux besoins des classes participantes et pouvoir
être mené à terme même si l’on perd un participant, précise un dossier sur la télécollaboration
de l’École branchée.
Des défis
Tout n’est toutefois pas simple au royaume de la télécollaboration. Les habiletés techniques des
enseignants et la disponibilité du matériel font parfois défaut. De plus, l’accès à certains sites est
parfois compliqué. « Dans les commissions scolaires du Québec, en général, le niveau de
sécurité est très élevé. Parfois, pour plusieurs bonnes raisons, on bloque l’accès aux réseaux
sociaux. Donc quand on veut les utiliser, il faut en faire la demande, avoir des permissions
spéciales, etc. Ce n’est pas insurmontable, mais il faut y penser », indique Céline Loslier,
responsable du site Prof-Inet à la Commission scolaire de Laval.
Il faut aussi prendre en considération le fait qu’en Afrique, par exemple, plusieurs écoles n’ont
pas encore accès à Internet haute vitesse, ce qui limite grandement les possibilités de
télécollaboration.
Néanmoins, Prof-Inet envisage de se lancer dans les nouveaux médias. « Nous sommes à la mise
en place d’un plan d’action et nous allons peut-être faire une enquête auprès des usagers pour
valider l’intérêt envers les médias sociaux, car ils me semblent une avenue intéressante,
mentionne Mme Loslier. Les innovations vont peut-être commencer l’année prochaine. »
D’autres sites de télécollaboration :
GlobalSchoolNet.org (en anglais)
iEarn (en anglais)
Petite école deviendra grande
Émilie Bordeleau se sentirait certainement moins seule dans sa petite école de rang de SaintTite si elle avait vécu aujourd’hui.
Depuis 2002, le projet École éloignée en réseau offre de toutes nouvelles possibilités aux écoles
en milieu rural où, faute d’enfants, on retrouve parfois jusqu’à quatre niveaux dans une même
classe. « Dans certaines écoles, il y a à peine 12 élèves pour l’ensemble du primaire. Souvent, un
jeune est seul dans son niveau », constate Christine Hamel, professeure à l’Université Laval et
chercheuse dans le projet. L’objectif de départ était donc d’assurer « la qualité de la formation
lorsqu’un environnement d’apprentissage appauvri menace la fermeture de certaines écoles de
village ». Aujourd’hui, près d’une centaine d’écoles de 23 commissions scolaires, au primaire
pour la plupart, agrandissent virtuellement leurs classes grâce à la vidéoconférence et un forum
électronique.
Travaux d’équipes entre élèves de classes différentes, conférence d’un intervenant à distance,
cours magistral en vidéoconférence, échanges sur le forum, partage de tâches d’enseignements
selon l’expertise ou les besoins des élèves, voilà ce que permet l’école éloignée en réseau. Au fil
du temps, des collaborations internationales sont également nées! En effet, le Knowledge
Building International Project (KBIP) vise la coélaboration de connaissance entre des élèves de
différents pays.
Sonia Quirion est une « enseignante éloignée en réseau » de la première heure. Depuis huit ans,
elle collabore avec des enseignantes de sa commission scolaire et d’ailleurs dans différents
projets. Si l’aspect technique a été lourd au départ, elle évolue maintenant dans cet univers
comme un poisson dans l’eau et ne reviendrait pas en arrière. Sa classe compte 23 élèves de
cinquième et sixième année, soit le quart de tous les élèves de l’école L’Éco-Pin, de la
Commission scolaire de la Beauce-Etchemin. « Je suis l’équipe du troisième cycle à moi toute
seule, lance-t-elle en riant. Avant, je vivais beaucoup d’isolement. Maintenant, j’ai développé
une équipe de travail avec cinq autres enseignantes. Nous planifions ensemble et ça allège la
tâche. C’est aussi plus riche parce que je peux avoir l’opinion des autres. » Parfois, elle enseigne
donc à six classes à la fois par visioconférence. Les jeunes ont aussi eu droit à des conférences
d’auteurs et de différents professionnels de cette façon.
Les enfants, eux, en raffolent. « Je leur ai demandé ce qu’ils diraient si l'on abandonnait l’an
prochain. La réponse a été unanime, ils ne veulent pas s’en passer. Ça leur permet de connaître
plus d’enfants, ça leur ouvre de nouveaux horizons », mentionne Mme Quirion. Elle assure que
les élèves ont tellement hâte de travailler en réseau qu’elle n’a plus de discipline à faire!
Des résultats
Dans le plus récent rapport synthèse du projet, les chercheurs ont noté une augmentation de la
motivation des élèves supérieure à celles des jeunes ne fréquentant pas une école éloignée en
réseau. « Ce résultat est d’autant plus étonnant que l’on sait que la motivation des élèves tend à
diminuer avec les années, et encore davantage en milieu socioéconomique faible, ce qui
correspond à la grande majorité des petits villages où l’école éloignée en réseau est
implantée », écrit-on. Les jeunes ont aussi démontré une amélioration de leurs résultats en
compréhension de l’écrit et une meilleure capacité d’explication.
Pourtant, la majorité des enseignants consacrent à peine dix heures par mois à l’école éloignée
en réseau, c’est-à-dire que 90 % du temps, « les élèves sont en situation d’apprentissage où les
ressources et outils disponibles sur Internet ne sont pas utilisés ». « D’autres facteurs peuvent
aussi être en cause, admet Mme Hamel. Par contre, pour ce qui est de la capacité d’explication,
nous avons vraiment fait la démonstration que les élèves qui en avaient fait le plus avaient les
meilleurs résultats. » Elle souligne également que l’utilisation du forum semble être l’aspect
dont l’impact est le plus important sur les apprentissages des enfants.
Par ailleurs, les enseignants perçoivent également que le projet a un impact positif sur leurs
interventions, tant en ce qui a trait à la planification, l’organisation, la gestion de classe, les
attitudes et l’ambiance ainsi que les stratégies d’apprentissage.
L’expérience a emballé certains enseignants au point qu’une fois dans de « grosses écoles », ils
continuent de fonctionner de cette manière. C’est ainsi que des classes des commissions
scolaires Marguerite-Bourgeoys et Marie-Victorin, situées dans le Grand Montréal, sont
maintenant en réseau avec des écoles de campagne. D’ailleurs, cette formule pourrait bien
s’étendre au reste de la province éventuellement.
Un cours en ligne avec ça?
Et pourquoi pas des cours en ligne? « L’équipe-école d’une petite école tient particulièrement à
ses ressources humaines. L’idée que des cours en ligne viennent réduire le personnel local
rencontre une forte résistance, notent les auteurs du rapport. […] Néanmoins, avec tout le
développement qui s’opère ailleurs en Amérique du Nord et en Europe concernant les modules
et les cours en ligne, on peut s’attendre à ce que des équipes-écoles soient mises au défi, soit
d’appliquer le modèle de l’école éloignée en réseau, soit d’inclure des modules ou cours en ligne
dans leur programmation d’activités. » Une combinaison des deux modèles est aussi possible.
Les cours en ligne seraient particulièrement utiles au secondaire. « Dans certains milieux, au
secondaire, des enseignants ont de dix à douze planifications à faire. Eux, ils commencent à
juger que le moment est venu! Dans certaines écoles, même en périphérie de Montréal et
Québec, certaines options sont difficiles à offrir. En quatrième secondaire par exemple, il y a
trois voies en mathématiques et dans certaines écoles, il y en a une qui n’est pas offerte parce
qu’il manque d’élèves », remarque Mme Hamel.
L’école… sans école
Une école sans salles de classe? Le projet est en route en Colombie-Britannique. La province,
par l’intermédiaire de 50 écoles virtuelles, offre déjà 2500 cours à quelque 80 000 élèves en
ligne! Il n’est pas encore possible de faire son secondaire entièrement en ligne, mais ça ne
saurait tarder. En Amérique du Nord, seule la Floride serait plus avancée à ce chapitre.
Le Conseil scolaire francophone (CSF) de la Colombie-Britannique est un pionnier en la matière.
En 2005, il mettait en place un projet-pilote dans lequel deux enseignants offraient
virtuellement des cours dans deux matières à des jeunes de trois écoles. Pour le conseil, qui
compte parfois une quinzaine d’élèves du secondaire seulement dans une école, l’objectif était
d’offrir une plus grande variété de cours autrement inaccessibles.
En 2007, le gouvernement provincial a modifié la loi afin de permettre à tout étudiant de suivre
le cours qu’il souhaite n’importe où, même en ligne dans un autre conseil scolaire, explique
Christian Côté, directeur de l’école virtuelle du CSF. Cela a permis la création d’une cinquantaine
d’écoles virtuelles subventionnées. Outre l’accès à un plus grand nombre de cours, l’école
virtuelle permet d’accommoder des élèves qui voyagent à l’extérieur, des sportifs de haut
niveau ou des jeunes malades. Les cours virtuels peuvent être suivis à l’école ou ailleurs.
Le CSF offre uniquement des cours aux élèves de la 8e à la 12e année (première à cinquième
secondaire), mais d’autres conseils scolaires en proposent à partir de la maternelle. « Pour les
plus jeunes, il s’agit surtout de parents qui font l’école à la maison et qui vont y chercher des
ressources », précise M. Côté.
Au quotidien
Hélène Lalancette fait partie des pionnières de l’école virtuelle du CSF. Pendant deux ans, elle a
offert des cours de sciences en ligne. Aujourd’hui, elle est spécialiste en conception de cours en
ligne.
« Commencer à enseigner en ligne, c’est un choc. Plusieurs croient qu’on peut s’improviser
enseignant en ligne et ce n’est pas le cas. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ça
demande beaucoup plus de préparation et c’est une approche très différente », lance-t-elle
d’emblée. Si bien que depuis deux ans, le CSF a dissocié la préparation des cours de
l’enseignement comme tel qui relèvent de personnes différentes. L’absence de manuels
numériques dans de nombreuses matières est en partie responsable de cette situation. « Ça a
demandé de faire énormément de conception. C’était carrément la rédaction de chapitres de
livres », note-t-elle.
La relation avec les élèves est aussi un défi supplémentaire. Au début d’un cours, tous sont
invités à se présenter avec une photo dans un forum. « Il y a un effort immense mis sur la
communication. Il faut faire sentir aux élèves qu’ils peuvent nous contacter via les nombreux
outils qu’on utilise, soit la vidéoconférence, le courriel, etc. Nous remarquons que nos jeunes
branchés, qui se textent les choses les plus intimes, ont une réserve quand il s’agit d’envoyer un
courriel à un prof », note Mme Lalancette en riant.
Certains cours sont synchrones, c’est-à-dire en direct, mais plusieurs sont asynchrones,
répondant ainsi au besoin de flexibilité des élèves. Ce qui signifie que les enseignants en ligne,
qui travaillent à partir de la maison pour la plupart, doivent s’attendre à travailler en dehors des
heures normales de bureau! Mais les enseignants ont tout de même imposé des limites. « Il y a
bien des jeunes au secondaire qui commencent à faire leurs devoirs à 22 h. Il a alors été décidé
que les enseignants ne répondraient pas à cette heure-là. Ils étaient inondés les premières
années, c’était incroyable », se souvient-elle. Les enseignants prévoient donc des plages de
disponibilité précises, mais il y en a nécessairement en dehors des heures de classe habituelle
pour répondre au besoin de flexibilité des jeunes.
Les résultats?
Les jeunes apprenants virtuels obtiennent-ils d’aussi bons résultats que ceux de l’école
traditionnelle? M. Côté avoue qu’au départ, il a fallu laisser le temps aux enseignants et aux
élèves de s’adapter. Aujourd’hui, il assure que les taux de réussite sont équivalents ou
légèrement supérieurs.
« Les élèves de l’école virtuelle développent davantage leur sens de l’organisation et leur
autonomie. Ils sont également plus à l’aise avec la technologie », précise-t-il.
Au Québec
Le ministère de l’Éducation s’est intéressé à ce qui se fait en matière d’écoles virtuelles en
Colombie-Britannique, mais il n’est pas dans ses plans d’en ouvrir pour l’instant. « Le Ministère
examine la question des écoles virtuelles dans le contexte plus large du déploiement des
technologies dans les établissements d'enseignement et des besoins relatifs à la formation à
distance, mentionne Esther Chouinard, porte-parole au ministère de l’Éducation. Le Ministère
poursuit ses travaux sur l'utilisation des nouvelles technologies en enseignement et en
formation, en présence, à distance et hybride, en tant que moyens pour augmenter l'accès à la
formation et la réussite des études. Il s'intéresse aux divers modèles d'enseignement et de
formation, aux facteurs qui conditionnent la qualité de telles formations ainsi qu'aux
caractéristiques des clientèles les plus susceptibles d'en bénéficier. »
Actuellement, on retrouve de la formation à distance seulement aux niveaux secondaire (pour
les adultes), collégial et universitaire. Au « secteur des jeunes », les élèves se doivent de
fréquenter l’école physiquement, à moins que leurs parents optent pour une scolarisation à la
maison.
Dans un rapport publié en 2005, la Société de formation à distance des commissions scolaires du
Québec (SOFAD) plaidait en faveur de la mise en place d’une école virtuelle. Les auteurs
mentionnent que l’école virtuelle pourrait être bénéfique pour combler différents besoins :
écoles éloignées, récupération, éducation à domicile, élèves temporairement à l’étranger,
malades ou blessés et intégration des immigrants. Le gouvernement n’a pas donné suite à cette
suggestion.
Pour la professeure de l’Université Laval Christine Hamel, chercheuse dans le projet École
éloignée en réseau, les cours en ligne deviendront bientôt incontournables. « Étant donné les
enjeux auxquels nous sommes confrontés au Québec, il ne faudra pas faire semblant que ça
n’existe pas, notamment pour le deuxième cycle du secondaire. Il va falloir travailler fort pour
offrir le maximum d’options aux élèves, peu importe leur région d’appartenance. »
Les outils
Enseigner et réaliser des projets dans un environnement virtuel nécessite l’utilisation de
différents outils en fonction des besoins spécifiques : diffusion de l’information, échange, lieux
de travail et de communications virtuels, etc.
Sur le Net, les projets utilisant les différents médias sociaux se multiplient. Généralement
gratuits et faciles à utiliser, ils sont souvent déjà connus des jeunes. Certains de ces nouveaux
médias ont développé des outils destinés spécifiquement au monde de l’éducation. Ainsi,
l’encyclopédie collaborative Wikipédia propose un wikilivre sur son utilisation en classe. Le site
de partage de vidéo YouTube a également créé YouTube for school qui, comme son nom
l’indique, est adapté aux établissements scolaires. Skype in the classroom souhaite quant à lui
former un grand réseau d’enseignants. Les principales critiques quant à l’utilisation des médias
sociaux en milieu scolaire touchent les nombreuses publicités qu’on y retrouve et les risques liés
à la vie privée.
D’autres sites ont été créés spécifiquement pour les enseignants et les élèves. C’est notamment
le cas de la plateforme québécoise Didacti, du réseau social français leminireseau.fr et le site
l’Univers de Wilby.
Avant d’utiliser ces différents outils, il peut aussi être utile de considérer les différents aspects
légaux et les risques au sujet du respect de la vie privée, du vol d’identité ou des droits d’auteur
par exemple. La Chaire L.R. Wilson sur le droit des technologies de l’information et du
commerce électronique a publié un guide très pertinent à ce sujet.
En circuit fermé
Si la tendance est aux médias sociaux, le projet d’école éloignée en réseau refuse de surfer sur
cette vague. « On tient vraiment à préserver l’identité numérique des enfants. Nos élèves sont
très jeunes, certains commencent au préscolaire. Et même ceux de sixième ne trouveront peutêtre pas ça si agréable de se relire dans dix ans. Nous préférons que les élèves travaillent
toujours dans un environnement fermé. On y tient et les enseignants et les parents aussi. Nous
utilisons des outils qui répondent à nos besoins pédagogiques et non à la tendance », explique
Christine Hamel, professeure à l’Université Laval et chercheuse dans le projet École éloignée en
réseau.
Ainsi, deux principaux outils sont utilisés, soit la plateforme de visioconférence Via et le
Knowledge Forum. « C’est un forum développé pour l’éducation qui fonctionne selon des
principes socioconstructivistes. Les élèves coélaborent des idées et construisent leurs
connaissances ensemble à partir de questions authentiques. Par exemple, comment vole un
avion? Ils émettent des hypothèses et construisent leur compréhension de tout ça à l’écrit »,
précise Mme Hamel. On peut trouver des exemples d’activités réalisées sur Knowledge Forum
ici. Quant à la visioconférence, elle permet une interaction visuelle entre les différentes classes
et avec des invités.
Du côté de l’école virtuelle, la diffusion d’information est aussi limitée aux participants à un
cours. Moodle, la plateforme utilisée, permet la création d’un blogue et d’un forum pour chaque
cours. « Nous utilisons beaucoup l’approche wiki », souligne Mme Lalancette.
Pour communiquer, élèves et enseignants utilisent iChat (messagerie instantanée), Skype et
First Class (courriel). « Pour se rejoindre pour un cours synchrone, ils utilisent la plateforme de
vidéoconférence Elluminate », précise Mme Lalancette.
La plus récente nouveauté : l’envoi des corrections audio en format MP3! Le prochain projet
consiste à intégrer le téléphone portable.
Quant aux médias sociaux, l’école a déjà tenté de mettre en place une page Facebook pour un
cours et, à sa grande surprise, elle n’a pas vraiment attiré l’attention des élèves. « Il y a de la
résistance du côté des jeunes », remarque Mme Lalancette.
Conclusion
Les technologies sont en train de bouleverser complètement les manières d’enseigner et
d’apprendre. Aujourd’hui, la distance est de moins en moins un obstacle à la découverte du
monde et à des apprentissages plus diversifiés. Il s’agit d’un avantage considérable pour des
jeunes qui peuvent bénéficier de meilleurs services éducatifs.
Si les premiers projets de télécollaboration, les écoles éloignées en réseau et les écoles virtuelles
représentent des avancées importantes, parions que ce n’est qu’un début. Peut-on imaginer
qu’un jour les enfants pourront fréquenter une école virtuelle internationale? Pourquoi pas?
Bien malin est celui qui peut prédire ce dont aura l’air l’école de demain!
Pour en savoir plus :
Prof-inet
La télécollaboration, un dossier de l’École branchée
Guide thématique sur la télécollaboration de Carrefour éducation
Les médias sociaux font leur entrée dans les classes, un dossier d’Infobourg
Écoles éloignées en réseau
L’école éloignée en réseau : enseigner et apprendre en réseau
State of the Nation : K-12 Online Learning in Canada, de l’International Association for K-12
Online Learning
Pour une communication efficace dans les écoles virtuelles, de Thot Cursus
État de l'apprentissage virtuel au Canada, du Conseil canadien sur l’apprentissage
Réseau d’enseignement francophone à distance du Canada (REFAD)
Guide des pratiques d’apprentissage en ligne auprès de la francophonie canadienne du REFAD