Papier à Musique n°12 Décembre 2004 Mélomanes Côte Sud

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Papier à Musique n°12 Décembre 2004 Mélomanes Côte Sud
Papier à Musique n°12
Mélomanes Côte Sud
Décembre 2004
© http://melomanescotesud.free.fr
Editorial
Chers amis mélomanes,-Après une passionnante conférence sur le "chef d’orchestre", notre
"Concert de La Toussaint" qui a eu lieu le samedi 30 octobre 2004 dans la salle du Trinquet
de Soorts-Hossegor a été un franc succès. Vous êtes de plus en plus nombreux à chacune
de ces manifestations et c’est une grande satisfaction pour tous ceux qui s’investissent dans
l’organisation de notre Association. C’est aussi une vraie joie, je puis vous l’affirmer, pour
tous les artistes qui se produisent.
C’est désormais dans la salle du Trinquet qu’auront lieu nos diverses séances à partir de
l’année 2005, toujours à 18 h, et souvent suivies d’un verre amical permettant d’échanger
entre nous et de discuter avec les intervenants. Seule exception : la séance de jazz
classique que nous propose chaque année Gilles de Chassy ,qui aura lieu à SeignosseBourg dans la salle du Hall des Sports.
Notez cependant que la dernière séance de cette année se déroulera le 30 Décembre à 18h.
Elle se tiendra au studio 40 à Hossegoret sera consacrée à la découverte d’œuvres ou de
compositeurs peu connus mais néanmoins remarquables, et pour fêter l’arrivée de l’année
2005, nous prendrons une coupe de champagne, offerte conjointement avec la SPSH, qui
nous soutient fidèlement depuis nos débuts.
Afin d’alléger nos charges administratives, avant la séance, nous procéderons, comme
l’année dernière, aux formalités de renouvellement des cotisations pour l’année 2005. Notre
Association s’étoffe petit à petit et nous venons de dépasser les 200 adhérents. Souvenezvous : le 31 décembre 2002 nous avions fêté le 100 ème ! Notre programme pour l’année
2005 est maintenant au point : nous vous le communiquerons lors de notre prochaine
séance . Nous réfléchissons déjà à celui de 2006 qui sera largement consacré à Mozart dont
ce sera le 250 ème anniversaire de la naissance. Nous avons le temps d’en reparler...
Croyez à mes sentiments amicaux et dévoués.
Les comptes rendus
1- Connaissance du quatuor avec le "Quatuor Arnaga"
2- Maurice Ravel
3- La musique de films
4- L’assemblée générale
5- "Le chef d’orchestre"
6- Concert de la Toussaint
Connaissance du quatuor à cordes
Indiscutablement, la formule “Connaissance de... “ est porteuse au sein de notre association
et suscite l’intéret des mélomanes. A preuve : le 26 juin dernier, dans un contexte
environemental (chaleur et humidité) prêtant plus à la farniente absolue qu’à l’écoute
attentive, plus de 90 personnes se sont retrouvées au trinquet de Soorts pour mieux
“connaître le quatuor à cordes”
Elles n’eurent pas à le regretter : le quatuor Arnaga de Bayonne a su les captiver par la
richesse et la diversité de leurs exemples musicaux en un premier temps, et l’heureux choix,
en 2° partie, du quatuor à cordes “Américain “ de Anton Dvorak, que beaucoup découvrirent
avec ravissement et qu’il su interpréter avec maîtrise. Louons aussi la disponiblilité, la
convivialité de ce quatuor qui, tout au long de la soirée et en dépit des conditions d’exécution
rendues difficiles par la chaleur ambiante (une corde du 1° violon ne cassa-t’elle pas ?)
sollicita sans cesse l’intéret des mélomanes en sachant en toutes circonstances , se mettre à
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leur portée (musicale ?). Vinrent encore les bagatelles d’Anton Webern, puis, et de façon
inattendue, la malicieuse “pizzicatti-polka” de Johann Strauss... L’apéritif qui suivit, le diner
qui s’enchaina firent que musiciens et mélomanes eurent beaucoup à dire, beaucoup à
échanger, et souvent... beaucoup à rire.
Le quatuor Arnaga ? Pourquoi ne pas le retrouver un jour...avec un piano en complément
par exemple...
A suivre ?
Guy Monfort
Maurice Ravel
Après 1h40 de conférence musicale, les 94 auditeurs ne voulaient plus laisser partir Daniel
Datcharry et le manifestèrent par leurs applaudissements prolongés.
Encore une riche soirée « Mélomanes Côte Sud » dont Ravel, notre voisin basque était
l’invité d’honneur. Il naquit en effet à Ciboure le 7 Mars 1875, fut élève du Conservatoire de
Paris, et en 1900 compose son premier chef d’œuvre : « Pavane pour une infante défunte ».
L’œuvre ne lui valut aucune récompense, aucune reconnaissance. La même année, il tente
l’illustre concours du prix de Rome. C’est un échec. L’année suivante, avec « Jeux d’eau », il
obtient le deuxième prix. En 1902, troisième tentative et nouvel échec, car il n’obtient aucun
prix. Il s’obstine en 1903, puis en 1905, où le refus de sa candidature par le jury provoque un
scandale.
Il enchaîne alors de grandes compositions, au cours d’années très fécondes : Miroirs (1905)
et Gaspard de la nuit (1909) deux œuvres majeures qui atteignent les limites des possibilités
du piano, avec une extraordinaire palette de couleurs.
L’extrait de « Scarbo », par Samson François, nous parut bien trop court, mais Daniel nous
avait prévenu : « Je vais créer des frustrations en abrégeant les extraits musicaux, si je veux
qu’ils soient nombreux et représentatifs de l’œuvre du Maître ». En 1908, c’est « Ma Mère
l’Oye » et en 1911 « les Valses nobles et sentimentales », un chef d’œuvre un peu méconnu.
Daniel aborde les relations de Ravel et Debussy, de 13 ans son aîné, et qu’il admirait. C’est
sans doute leur entourage respectif qui se plaisait à les opposer. A tort. Leurs recherches
musicales ont été parallèles. L’ expression musicale de Ravel était minutieuse, rigoureuse.
Chez Debussy la ligne était plus estompée, plus transparente, on a dit aussi plus
impressionniste (bien que Debussy s’en défendât).
Ravel fut, le sait-on assez, un prodigieux orchestrateur. Il était en quête de la perfection du
métier tout autant que de la clarté et de la ligne pure. Mais avant bien d’autres il fit preuve de
beaucoup d’audaces d’écriture ; par exemple, il emprunte au jazz et pratique avant
Stravinsky, Prokofiev ou D. Milhaud, la polytonalité sans craindre la dissonance. Ainsi dans
le blues de la Sonate pour violon et piano, le violon joue en sol majeur et le piano en la
bémol. Il fallait oser !
Puis il y eut la guerre. Réformé pour faiblesse de constitution, il s’obstine par patriotisme et
parvient à s’engager comme conducteur. Une belle attitude courageuse qui ne fut pas celle
de tous les musiciens. Après la guerre et de 1919 à 1932, ce fut une période très féconde et
de succès. Il entreprit de grandes tournées aux USA et au Canada, en Angleterre, Italie,
Scandinavie...etc...
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C’est en 1931 qu’il composa d’abord le concerto pour la main gauche, ensuite le concerto en
sol qu’interpréta la célèbre Marguerite Long. C’est en 1933 qu’il est atteint des premiers
troubles de la motricité qui le contraignent à arrêter de travailler. En 1937 est tentée une
opération chirurgicale car son cas s’est aggravé. Il meurt peu après. Pour clôturer la soirée,
Daniel nous fit apprécier intégralement l’admirable « Tzigane » en version orchestrale avec
le violoniste Isaac Perlman. Juste avant, nous avions pu goûter les qualités musicales de « L
»Enfant et les sortilèges », sur le livret de Colette. Daniel nous fit noter la dernière
exclamation de l’enfant capricieux, ce « maman » qui reflétait tant la grande tendresse de
Ravel, qui, on le sait, avait une adoration pour sa Mère.
Le Chef d’Orchestre
Par Xavier Delette le 25 septembre 2004 Dans le droit fil de nos séquences « connaissance
de... », nous avions convié un chef d’orchestre à venir nous parler de son métier.
Xavier Delette est directeur du Conservatoire National de Région de Bayonne - Côte Basque
et chef d’orchestre de ce même ensemble. On peut dire qu’il a passionné un auditoire de
près de 100 personnes, tellement fut vivant et convaincant son exposé sur le rôle du Chef
tout au long de l’histoire musicale.
L’évolution de la direction d’orchestre nous fut exposée, grâce à de nombreux extraits
musicaux, depuis le grégorien, dont la musique plain-chant, écrite sur 4 lignes, était dirigée
par le maître de chœur, sous mouvement de la main, en passant par la polyphonie, les
musiques du moyen âge, les œuvres de Lully ou de Marin Marais. Ces dernières étaient
dirigées avec un grand bâton (cf. le film : Tous les matins du Monde )qui fut d’ailleurs à
l’origine de la gangrène dont mourut Lully, qui se blessa le pied en conduisant son Te Deum.
Certaines gravures du 18em siècle nous montrent des chefs dirigeant avec des rouleaux de
partitions.
A une époque plus contemporaine, la baguette fit son apparition, mais de nombreux chefs
d’orchestre s’en passent encore, préférant conduire avec les mains et les mouvements des
bras, plus expressifs, plus proches des musiciens.
D’autres encore, surtout des solistes, pianistes ou violonistes, conduisent leurs musiciens,
tout en exécutant leur partie, dans les concertos en particulier.
Xavier Delette nous expliqua aussi, avant de répondre à de multiples questions d’auditeurs
captivés, comment était écrite la partition d’un Chef d’Orchestre.
Un difficile et merveilleux métier, où la technique et la sensibilité musicale le disputent à l’art
de conduire un groupe de musiciens vers une expression collective aussi originale que
respectueuse du langage des compositeurs.
La séance « Musique de films »
L’idée était originale et s’éloignait délibérément de l’objet musical, essentiellement classique,
de notre Association. La soirée s’adressait autant aux cinéphiles qu’aux mélomanes et sous
forme de jeu, proposait à la sagacité et à la mémoire de quelques 70 participants, d’associer
une musique à un film. 30 extraits musicaux furent choisis, évoquant 30 films, avec 4 choix
possibles par film, pour compliquer un peu la tâche, mais aussi parfois pour la faciliter. Les
concurrents montrèrent une grande concentration, une honnêteté exemplaire, car ils ne
copièrent pas sur le voisin, ni ne soufflèrent -ou si peu- ! Les airs les plus connus comme : «
la chanson de Lara » extraite du « Dr Jivago » ou « la panthère rose », furent entonnés par
la salle. Bref, il y eut une belle ambiance et à l’image du « Maître de musique », notre
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Président décerna des prix, des C.D. de musique classique bien entendu, aux 3 premiers
(dont il fallut départager les brillantes réponses par des questions subsidiaires). Encore une
soirée « Mélomanes » dont on se souviendra.
Le Concert de la Toussaint
L’événement musical de l’Automne a lieu depuis 3 ans dans la salle du Trinquet de SoortsHossegor.
Cette année, le samedi 30 octobre, plus de 160 mélomanes se pressaient dans cette
magnifique salle, à la bonne acoustique, pour écouter avec ferveur un programme d’art
lyrique. Il était assuré par une soprano, Mélisande de Chassy, qui souvent se produit en
récital et fait aussi partie du célèbre chœur à capella « Accentus ». Elle était accompagnée
par Gilles Nicolas qui joue avec des grands maîtres, comme le violoniste Vadim Repin, dans
des master class, et a enregistré l’intégrale des sonates de Beethoven, pour violon et piano.
Xavier Sallabery, professeur de clarinette au Conservatoire de Bayonne Côte Basque, était
le troisième artiste de cette soirée. La 1er partie fut consacrée à des airs de Bach, Vivaldi,
Glück, Mozart et Weber.
Trois pièces de Schumann pour clarinette et piano, les fameuses Fantasiestucke,
empreintes de sereine mélancolie, introduisirent la 2em partie. Dans 4 lieder de ce même
Schumann, ainsi que dans Strauss, s’épanouit le talent et la délicatesse de la soprano,
toujours soulignés avec une discrète autorité, par le jeu sensible d’un pianiste bien présent.
Après un détour par Duparc, dont elle interprète la magnifique « invitation au voyage », l’une
de ses rares œuvres, la soirée se termine par un chef-d’œuvre de grâce et d’émotion : « le
pâtre sur le rocher », un des plus beaux lieder de Schubert. Les trois artistes s’y trouvèrent
réunis.
Le public, par ses applaudissements, ne voulant pas que s’achève déjà cette soirée, se voit
gratifié de 2 bis, dont un air de Strauss, dernier sourire qui éclaire ce concert, avec un clin
d’œil appuyé au style opérette. Souvenez-vous : « je ne sais pas ce que l’on pense, je ne
sais pas ce que l’on dit.... »
On peut exceller dans le lied et se montrer mutine et comédienne pour servir une autre
musique.
Les nombreux amis de « Mélomanes Côte Sud », autour d’un verre, purent ensuite prolonger
et commenter la soirée en rencontrant les artistes.