Document de travail_Atelier sur la baie de Hann
Transcription
Document de travail_Atelier sur la baie de Hann
DA Rapport sur la dépollution des rejets d’eaux usées domestiques et industrielles dans la baie de Hann I. Contexte et Justification La baie de Hann, qui fut jadis la deuxième baie au monde après celle de Rio de Janeiro, est aujourd’hui dans une situation de dégradation avancée. Cette situation serait liée à plusieurs facteurs, notamment : - - - - le développement des activités industrielles dans le domaine portuaire et la presqu’île du Cap - Vert, sans une réelle prise en compte de la dimension environnementale qui est à l’origine de l’importance des volumes d’eaux résiduaires industrielles et de déchets solides rejetés dans la baie et de la présence de risques industriels majeurs ; le développement d’un poumon urbain à proximité voire à l’intérieur de la zone industrielle sans un respect des schémas d’aménagement et une croissance rapide des villages traditionnels de pêcheurs (Hann, Petit et Grand Mbao et Thiaroye) démunis de systèmes d’évacuation des eaux usées domestiques; le caractère spontané du développement des villages traditionnels qui est une contrainte à la la mise en œuvre de l’assainissement et de la collecte des ordures ménagères dans ces zones ; le non respect de la fonction initiale du Canal VI à savoir l’évacuation des eaux pluviales. Ce canal est aujourd’hui le réceptacle d’eaux usées domestiques et industrielles (branchements clandestins) et d’importantes quantités de déchets ménagers et industriels (Ex. huiles usées) qui, en saison des pluies, se retrouvent dans la baie de Hann eu égard aux chasses d’eau ; le caractère confiné de la baie et le phénomène de l’upwelling qui favorisent un enrichissement du milieu, en particulier dans la partie ouest de la baie de Hann où est localisée la Commune d’Arrondissement de Hann - Bel Air (ces conditions naturelles sont aggravées par la digue des Forces Françaises du Cap – Vert) ; Tous ces facteurs, qui sont à l’origine de la forte pollution du milieu marin et du littoral, ont pour principales conséquences : € la perte de l’usage d’un milieu favorable aux loisirs et au développement du tourisme (amas de déchets solides sur la plage, contamination de la plage, contamination des eaux de baignade, etc.) ; € les pertes de revenus pour les populations locales du fait de l’abandon des zones de loisirs et de la pêche sur la côte ; € le développement de maladies infectieuses chez les populations locales (une étude en 1999 avait révélée que chaque habitant du village de Hann portait en lui 2 à 3 pathogènes en moyenne dans son organisme). Ces constats ont emmené les autorités à tenir un conseil interministériel sur la baie de Hann en 2001 et à élaborer un plan d’actions pour la réhabilitation de la baie de Hann avec comme objectif majeur l’assainissement des rejets liquides industriels et domestiques. Ainsi, pour atteindre cet objectif, l’Etat du Sénégal a pu négocié dans le cadre du Projet Eau Long Terme (PLT), le financement par la Banque Mondiale de trois études coordonnées respectivement par la Direction de l’Environnement et des Etablissements Classés (DEEC) et l’Office National de l’Assainissement du Sénégal (ONAS) à savoir : 1 (A) l’étude sur gestion de la pollution industrielle dans la baie de Hann (DEEC) ; (B) l’étude sur la collecte, le transport et le traitement des eaux résiduaires industrielles et domestiques de la baie de Hann (ONAS) ; (C) l’étude sur l’asséchement du canal VI (ONAS). En vue d’exploiter, d’harmoniser les résultats de ces études, en particulier les deux premières, mais aussi de faire des propositions concrètes aux différentes parties prenantes, un groupe de travail a été mis en place avec en son sein la Direction de l’Assainissement (DAS), la DEEC, l’ONAS, l’Unité de Coordination du PEPAM et la Direction de la Prévention et de l’Hygiène (DPH). L’objectif de ce rapport est de faire ressortir les propositions de ce groupe de travail pour une mise en œuvre des investissements identifiés. Elles se résument à : € l’élaboration d’un schéma technique de mise en œuvre identifié sur la base des résultats du Groupe de Travail ; € l’estimation et la hiérarchisation des investissements € l’élaboration de schémas potentiels de financement de l’investissement et de l’exploitation durables des ouvrages. II. Schéma technique de mise en œuvre Le schéma technique proposé prévoit un phasage des investissements et tient compte de plusieurs facteurs, notamment l’exploitation durable des ouvrages de transport et d’épuration des eaux usées. Par ailleurs, le phasage des propositions prend en considération le contenu du DAO pour la mise en place de l’intercepteur et de la Station d’Epuration de Mbao. Il faudrait noter dans ce schéma que le débit industriel a été ramené à 5 610 m3/jour1, ce qui correspond à celui rejeté cumulativement par les industries situées dans le domaine portuaire (exceptée SUNEOR ex SONACOS), la SENTA, la SOGAS et la SAR. Horizon 2015 A. Phase 1 Les données sur les débits et les concentrations devant servir au dimensionnement de la STEP sont données ci-dessous : • débit domestique : 1 749 m3/jour • débit industriel : 5 610 m3/jour • débit total : 7 359 m3/jour • Caractéristiques EUD2 : (MES = 550 mg/l, DCO = 1 700 mg/l, DBO5 = 550 mg/l) • Caractéristiques EUI3 : (MES = 550 mg/l, DCO = 1 700 mg/l, DBO 5 = 550 mg/l). Ainsi, en terme de stratégie, l’ONAS et la DEEC, par le biais de conventions tripartite, devront faire respecter aux industriels les valeurs seuils de rejet en cohérence avec les caractéristiques ci-dessus qui ont servi de base de dimensionnement du traitement primaire de la STEP. Cependant, au cas par cas, d’autres valeurs limites de rejets dans le collecteur pourront être définies, selon la présence de certains polluants, notamment les huiles et graisses et les métaux lourds qui 1 Ce débit était évalué à 3 428 m3/jour dans l’étude sur l’intercepteur et la STEP de Mbao Eaux Usées Domestiques 3 Eaux Usées Industrielles 2 2 peuvent entraîner des dysfonctionnements au niveau de la STEP. Tout ceci, en ayant en référence la norme NS 05-061 et en garantissant les critères de performances du traitement au niveau de la STEP. Il faudrait noter que les valeurs limites de rejets dans un réseau aboutissant à une STEP en bout de chaîne ne peuvent dépasser selon la norme NS 05-061 sur les rejets d’eaux usées, les valeurs suivantes : ‚ ‚ ‚ DBO5 : 800 mg/l DCO : 2000 mg/l MES : 600 mg/l € Prétraitements au niveau des industries et mise à niveau des STEP existants € € € € € € € € € Poissonneries : Dégrillage + coagulation-floculation-décantation + rejet collecteur (exp : Le système de CONDAK) SOBOA : Système de neutralisation du pH et bassin de stockage acide sulfurique + Traitement primaire actuel + rejet dans le collecteur Colgate Palmolive : Traitement physico-chimique + filtre presse SOGAS : Dégrillage automatique + Flottation à air dissous SENTA : Mise à niveau STEP (bassin tampon + aération) SONACOS : Réduction du débit et à la source de la pollution SAR : Mise à niveau STEP (Bassin de rétention) D’autres petites industries qui ont des débits relativement faibles pourront être raccordées Mise en place d’un collecteur (intercepteur) de 13 Km en béton armé + 8 stations de pompage NB. L’intercepteur est dimensionné pour collecter un débit additionnel correspondant aux rejets domestiques de 289 000 habitants € € Station d’Epuration de Mbao (Traitement primaire + Traitement secondaire boues activées4 + traitement des boues par digestion anaérobie) Emissaire en mer de 3 Km en PE avec un diffuseur B. Phase 2 : Horizon 2020 Avec un objectif de réduction de 50% du débit rejeté par la SONACOS5, de prise en charge de la totalité du débit industriel, la phase 2 du projet permettra de traiter un débit industriel additionnel de 6 530 m3 /jour. Par ailleurs, toutes les conditions de sécurité seront définies dans le DAO réactualisé afin de limiter les risques de corrosion au niveau du collecteur et des stations de pompage et d’assurer une bonne dispersion de la pollution au niveau du rejet en mer de la STEP. L’étude d’impact sur l’environnement du projet et les études d’exécution devront mettre un accent particulier sur ces aspects. 4 Les éléments du DAO ne prennent pas en compte ce traitement secondaire nécessaire au regard de la situation de la baie de Hann 5 La SONACOS rejette à elle seule prés de 58% du volume d’eaux usées industrielles dans la baie de Hann 3 En considération de tous les éléments décrits ci-dessus, le schéma suivant est proposé pour la phase 1 du projet : III. Evaluation des investissements (Phase 1) Nature de l’Investissement Montant (FCFA) Prétraitements Poissonneries ---SOBOA 30 000 000 Colgate Palmolive Déjà prévu SOGAS 190 000 000 SONACOS 300 000 000 SENTA 16 000 000 SAR 16 000 000 Collecte, Transport et Traitement au niveau de la STEP Intercepteur 9 230 000 000 Stations de pompage 2 300 000 000 STEP (traitement primaire + digestion 3 659 727 000 anaérobie des boues) Traitement secondaire ---Emissaire en mer 3 940 000 000 Réseaux secondaires 1 300 000 000 Sous - Total 19 131 027 000 Etude d’Impact Environnemental 80 000 000 80 000 000 Renforcement des capacités des acteurs (laboratoires, DEEC, ONAS, Industriels) NB. Les coûts de mise en œuvre pour les industries ne prennent pas en compte les frais d’ingénierie, de raccordement au réseau et les frais de douanes IV. Plan de Mise en Œuvre de la phase 1 (A titre indicatif) Activités Etudes d’Ingénierie au niveau des industries Etude d’Impact environnemental Réactualisation du DAO Conventions de rejets Réalisation des systèmes de prétraitements Raccordement au réseau Mise en place des réseaux secondaires Mise en place de l’intercepteur, des stations de pompage, de la STEP et Emissaire Renforcement des capacités Début Octobre 2007 Fin Décembre 2007 Septembre 2007 Décembre 2007 Janvier 2008 Février 2008 Novembre 2007 Janvier 2008 Janvier 2009 Juillet 2008 Février 2008 Février 2009 Janvier 2009 Décembre 2009 Janvier 2008 Décembre 2008 Juin 2008 NB. La phase 2 du projet pourrait être lancée en 2012 NB. L’application de la taxe à la pollution telle que prévue par le code de l’environnement n’est pas conditionnée par la mise en œuvre du projet jusqu’à l’engagement des industriels dans réalisation des ouvrages. V. Schémas potentiels de financement des ouvrages et de leur exploitation Le financement des investissements se fera à deux niveaux : 4 € en amont pour les ouvrages de prétraitement : Les voies de financement potentielles qui sont identifiées sont l’autofinancement par les entreprises et/ou le financement par le bais de la ligne de crédits à des taux concessionnels que prévoit de mettre en place l’Agence Française de Développement au niveau d’une ou de plusieurs banques commerciales. Il faudrait noter que cette ligne de crédits est à l’étude et pourrait aussi prendre en charge un volet « efficacité énergétique ». € en aval pour les ouvrages de collecte, de transport et de traitement L’Etat du Sénégal par le bais de l’ONAS pourrait mobiliser le financement avec l’appui des partenaires au développement au regard de l’importance du volume du financement requis. Cependant, les charges d’exploitation et de renouvellement de certains équipements pourraient être partagées entre l’ONAS (à travers la redevance assainissement en ce qui concerne les eaux usées domestiques) et les industriels (en ce qui concerne les eaux usées industrielles). La redevance de chaque industrie raccordée pourrait être déterminée sur la base de la charge polluante rejetée dans le collecteur et traitée au niveau de la STEP. La redevance à l’unité de charge polluante (Kg) collectée et traitée pourrait être un ratio de la taxe à la pollution qui est de 180 FCFA le Kg de charge polluante. Cependant, il faudra faire des simulations et prendre en compte une double contrainte : 1. la redevance être suffisante pour permettre les charges d’exploitation et de renouvellement des équipements ; 2. elle devra aussi être suffisamment incitative par rapport à un paiement de la taxe à la pollution. Le tableau ci-dessous donne une estimation des frais d’exploitation annuels attendus. Désignation linéaire intercepteur (m) linéaire réseau ERI et domestique Station de pompage (u) STEP Unité Quantité Prix unitaires en Montant en FCFA F CFA/an ml 13 000 2 500 32 500 000 ml 20 000 2 000 40 000 000 Total en F CFA 512 500 000 U 8 30 000 000 240 000 000 U 1 200 000 000 200 000 000 Cette redevance à l’assainissement des eaux usées industrielles devrait être prévue dans le code de l’assainissement en préparation et dans le contrat de performances ONAS/Etat et être dédiée uniquement à la gestion des effluents industriels et à la restauration de l’environnement. Les conventions de rejet tripartite devront prévoir des sanctions financières et administratives en cas de non respect des contraintes de rejets dans le collecteur. A cet effet, des vérifications périodiques pourraient être effectuées par l’ONAS et la DEEC. Pour les entreprises qui ont la possibilité de se raccorder au collecteur et qui continueraient à rejeter dans les milieux récepteurs, la taxe à la pollution sera appliquée. Par ailleurs, un suivi des rejets de la STEP sera effectué par la DEEC afin de vérifier les normes de rejets dans le milieu récepteur. 5
Documents pareils
Informations générales
Tutelle : Ministère de l'hydraulique et de l'assainissement
Bénéficiaire final : Office National de l’Assainissement du Sénégal (ONAS)
Langue d'origine : Français
Adresse de contact : Route du Fron...