Entreprises de propreté : Comment font-elles
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Entreprises de propreté : Comment font-elles
Entreprises de propreté 2012 Entreprises de propreté : Comment font-elles face à la crise ? w Derrière les 10 premières entreprises françaises du secteur, dont le classement n’a pas changé entre 2009 et 2010, les PME doivent redoubler de dynamisme et de réactivité pour conserver leurs clients et développer leur portefeuille. Un exercice forcément plus compliqué en période de crise, mais qui ne tourne pas systématiquement à l’avantage des majors de la propreté. C haque année à pareille époque nous nous livrons à un exercice quasi immuable qui consiste, sur la foi des résultats financiers, chiffres d’affaires notamment, à dresser un tableau le plus réaliste possible du secteur de la propreté. Une vision tronquée forcément puisque la majorité des entreprises passent largement sous les radars des centaines de milliers, voire des millions d’euros de chiffre d’affaires. La situation économique de ces PME, voire de ces TPE, dont nous rendons compte régulièrement au travers de témoignages ou de reportages, est fortement liée à l’activité de leurs clients. La question de la fidélisation prend alors, pour ces structures, une di- Les 15 premières EP en 2010 1 GROUPE ONET 1 099 M€ mension vitale. Tout comme leur capacité à se « mettre à l’abri » en installant une relation privilégiée avec les donneurs d’ordres. Il n’est pas toujours nécessaire de peser des millions d’euros pour jouer dans la cour des grands. La réactivité, le savoir-faire et la proximité sont aussi des vertus appréciées, y compris par les acheteurs des grands établissements publics et des grands groupes. La société parisienne ATN – dont vous pourrez retrouver le dirigeant, Dominique Lezczynski, dans les pages qui suivent dans le cadre de la table ronde – a su emporter le marché d’un grand hôpital parisien, et mobiliser des effectifs et des énergies, alors qu’elle ne compte que 400 salariés. La crise ne pourrait-elle pas favoriser aussi des prestataires plus petits, mais plus souples et plus dynamiques ? Crise ou pas, dans le secteur de l’hôtellerie, l’expertise est aussi un atout majeur pour les entreprises de propreté. Comme nous le confirme un acteur important du secteur, la notion d’expertise traduit moins la capacité à innover techniquement que le niveau de qualité et l’image de l’établissement que vont transmettre les femmes de chambres et les gouvernantes. « La qualité perçue par nos clients est essentielle. C’est notre image qui est en jeu et la qualité de notre service qu’ils jugent au travers de la propreté. D’un point de vue technique notre exigence vis-à-vis de nos prestataires est simple : fournir tous les jours de la même façon et au même niveau, le même service. Nous sommes dans un type d’activité qui varie tous les jours, c’est pour cette raison que nous avons besoin d’une vraie stabilité avec les entreprises de propreté qui travaillent avec nous.» 2 SAMSIC 720 M€ 3 ATALIAN 624 M€ 4 GROUPE ISS 525 M€ 5 GROUPE GSF 518 M€ 6 ELIOR SERVICES 347 M€ UN TOP 10 PRESQUE INCHANGÉ 7 DERICHEBOURG PROPRETE 240 M€ 8 ISOR - COFIGOR 138 M€ 9 VEBEGO SERVICES 101 M€ Les derniers chiffres concernant les activités propreté des principaux groupes, rendus publics par les professionnels – et dont notre confrère Services s’est fait l’écho – ne bouleversent guère le paysage. La progression du groupe Elior (qui passe de 215 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2009 à près de 350 millions en 2010 suite à la reprise de Sin & Stes) mise à part, les positions demeurent inchangées. Le groupe marseillais Onet et son milliard d’euros de chiffre d’affaires prend toujours la tête du classement devant le groupe breton Samsic (plus de 700 millions d’euros) et Atalian (plus de 600 millions d’euros). ISS et GSF prennent la suite du classement dans un mouchoir de poche, en dépassant les 500 millions d’euros de chiffre d’affaires suivis par Elior et Derichebourg. Enfin, réalisant entre 100 et 200 millions d’euros de chiffre d’affaires trois grands opérateurs de services complètent ce Top 10 : IsorCofigor, Vebego Services et Challancin. 10 CHALLANCIN 96 M€ 11 FACILICOM 89 M€ 12 GROUPE TEP 79 M€ 13 DECA - FRANCE 76 M€ 14 ARCADE 61 M€ 15 OMS 55 M€ Classement 2010 des EP établi par la FEP et le magazine Services. 26 BÂTIMENT ENTRETIEN - JANVIER / FÉVRIER 2012 TABLE RONDE Prestataires et donneurs d’ordres se mettent à table ! w Quatre entreprises de propreté et deux donneurs d’ordres ont accepté l’invitation de Bâtiment Entretien le 2 décembre dernier. Pendant deux heures, l’échange a porté sur les relations qui se nouent entre les prestataires et leurs clients. Il fut beaucoup question de prix, de cahiers des charges, mais aussi de pérennité des marchés, dans un contexte pour le moins…compliqué. LES PARTICIPANTS À LA TABLE RONDE M. et Mme. Leszczynski ATN Le groupe de propreté ATN compte 400 collaborateurs et réalise 7 millions d’euros de chiffre d’affairaes. L’entreprise travaille essentiellement sur Paris et la région parisienne, mais possède également une agence sur Nantes. Les équipes interviennent dans le secteur tertiaire, auprès des collectivités, mais aussi dans l’univers hospitalier. Alain Ramette Immo de France Le groupe Immo de France qui réalise un chiffre d’affaires de 67 millions d’euros et emploie 900 collaborateurs au travers de 140 agences en France est le 4e acteur du secteur des services immobiliers, notamment au travers de la gestion de plus de 240 000 logements. Alain Ramette, directeur métier Ile-de-France a en charge quelque 80 collaborateurs répartis dans trois agences. Jacques Silberfeld ONET Jacques Silberfeld est secrétaire général d’Onet PropretéMultiservices qui réalise 870 millions d’euros de chiffre d’affaires et emploie plus de 46 000 collaborateurs dans tous les métiers de la propreté, du multiservice, de la manutention et de la logistique. Onet PropretéMultiservices, compte plus de 180 établissements sur l’ensemble du territoire. Jean Georges Hubert PEI PEI, dont le siège social est basé à Morangis (91) réalise 50 millions d’euros de chiffre d’affaires et emploie quelque 3 500 personnes sur une zone géographique couvrant environ un quart du territoire français. L’entreprise est particulièrement présente dans le domaine du nettoyage tertiaire et de l’hôtellerie. PEI compte plusieurs implantations en régions : Brest, Lille, Epernay, Strasbourg, Mulhouse, Orléans, Bordeaux et Saint Etienne du Rouvray. Christian Florentz, Groupe DVD (DomusVi Dolcéa) Le groupe DVD, né de la fusion de DomusVi et de Dolcéa en 2011, est le premier groupe privé d’accueil et de services aux personnes âgées en France. L’entreprise gère sur le territoire national près de 200 établissements, qui accueillent quelque 16 000 résidents. Le chiffre d’affaires prévisionnel pour 2011 est de 570 millions d’euros. Christian Florentz est en charge de la partie hôtellerie, restauration et achats du groupe. Frédéric Laisney Challancin Le groupe Challancin, qui réalise quelque 150 millions d’euros de chiffre d’affaires, intervient dans les deux métiers que sont la propreté (100 millions d’euros de CA) et la sécurité (50 millions d’euros de CA). Implantée essentiellement en région parisienne, avec quelques antennes en Aquitaine en Picardie et en Haute-Normandie, l’entreprise intervient sur tous les secteurs d’activité. Frédéric Laisney est directeur général du groupe Challancin. BÂTIMENT ENTRETIEN - JANVIER / FÉVRIER 2012 27 Entreprises de propreté 2012 Frédéric Laisney (Challancin) Je voudrais revenir aussi sur la notion de transparence absolue. Quelque part vous achetez une prestation de service et c’est à nous de vous convaincre que la proposition qui vous est faite est bonne. C’est comme quand vous achetez une voiture, vous ne cherchez pas à savoir si la culasse a été fabriquée en Chine et combien elle a coûté. On en est à détailler les prix en disant : « Attention l’État nous prend telle taxe à tel pourcentage et ça va augmenter au 1er janvier. » On peut difficilement être plus transparent dans les offres ! Nous en sommes arrivés au point de donner le prix que va vous coûter tel bureau, en précisant même – et j’ai déjà été confronté à cela – le prix du lundi, du mardi et de chaque jour compte tenu des fréquences ! Frédéric Laisney, directeur général du groupe Challancin Prix des prestations : transparence ... ou dumping ? Jean-Georges Hubert (PEI) La profession compte beaucoup d’entreprises et nous participons pour la plupart aux mêmes appels d’offres. Un certain nombre d’entreprises font des offres inférieures au taux horaire (salaire + charges) et vendent donc moins cher leurs prestations. Quand nous nous retrouvons face à des offres à 13 € de l’heure, il est techniquement impossible de pouvoir réagir. Malheureusement, il y a des donneurs d’ordres, certes peu nombreux, qui acceptent malgré tout ces offres. Les sociétés comme les nôtres ne peuvent pas suivre. Si on s’engageait dans cette logique on irait droit à la catastrophe ! Ceux qui prennent ces marchés ne sont pas intéressés, ils viennent momentanément dans la propreté, n’arrivent pas à s’acquitter des cotisations obligatoires (URSSAF, impôts…), et se mettent rapidement en règlement judiciaire. Le donneur d’ordres lui ne comprend pas toujours le décalage entre nos offres et celles de ces sociétés. Alain Ramette (Immo de France) On ne peut pas en tant que client, porter la responsabilité de tous vos maux, comme ceux liés à la productivité par exemple. Nous avons la même problématique dans l’immobilier, trop souvent les fédérations plient devant les politiques qui légifèrent de façon inadaptée. Il revient aux représentants professionnels d’orchestrer les règles du métier, de le rendre plus transparent.Vous vous plaignez, à juste titre, du prix de certaines prestations qui sont largement sous évaluées, mais vous représentez aussi un des derniers métiers où il y a peu de transparence. Les cadences de travail finissent par être adaptées en fonction du prix pour avoir le marché. À titre d’exemple on est passé d’un nettoyage quotidien à un simple vidage de poubelle et encore ! C’est une spirale sans fin. Il faut qu’une réflexion et des décisions fortes soient mises en œuvre pour éliminer les entreprises qui sont dans cette logique et tire votre métier vers le bas. Aujourd’hui les donneurs d’ordres n’ont pas les structures et les modèles pour évaluer le coût réel des prestations de propreté. La contrainte c’est celle du client final, celui qui paie. 28 BÂTIMENT ENTRETIEN - JANVIER / FÉVRIER 2012 Jacques Silberfeld (ONET) En tant que représentant d’un groupe très impliqué dans les organisations professionnelles je peux vous dire que c’est un message qui est depuis longtemps passé. Ces façons de faire sont condamnées. Mais dans une profession qui regroupe quelque14 000 entreprises vous ne pouvez pas policer tout le monde, il y a des règles de concurrence et il y a une autorité de la concurrence qui veille. La facilité d’accès à ce métier, même si des barrières existent, contribue à cet état de fait. Il serait illusoire de croire que tout le monde va respecter les règles. Il n’est pas question pour nous de renvoyer la faute sur les donneurs d’ordres. Il est important et opportun que nous prenions conscience qu’il y a des gens qui transgressent ces règles. Le message doit circuler. La table ronde organisée le 2 décembre dernier à Paris. (Photos G. Taslé d’Héliand TABLE RONDE Dominique Leszczynski (ATN) En ce qui concerne la concurrence sur les appels d’offres et la pression des prix, je ne ressens pas forcément la même chose, car on ne travaille pas sur les mêmes marchés. Nous sommes présents en région parisienne et dans la région nantaise, mais notre taille ne nous permet pas de répondre à tous les appels d’offres. Je perds des marchés parce que les gros donneurs d’ordres groupent l’ensemble des marchés et peuvent réduire des coûts en faisant une économie d’échelle. Le client, c’est lui qui me choisit en fonction de la qualité que je peux lui offrir et du niveau du prix que je peux lui proposer. Et pour le conserver c’est la qualité de travail que je peux lui apporter et le respect scrupuleux du cahier des charges, qui jouent un rôle déterminant. Christian Florentz (Groupe DVD) Dans notre groupe, nous gérons deux types de prestations :des prestations internes et en sous-traitance (totale ou partielle). Au sein de nos maisons de retraite médicalisées, nous avons internalisé la prestation. Ce sont nos aides hôtelières qui font le bio-nettoyage. Elles exercent un métier polyvalent : bio-nettoyage, aide aux résidents, service en salle, etc. Sur ce volet, nous travaillons avec un prestataire distributeur (groupe PLG) qui nous livre les produits et équipements, forme nos équipes et nous accompagne dans le suivi des protocoles et des méthodes, un chimiste (Ecolab) et un fabricant (Concept Microfibre). Dans nos EHPAD (établissements pour personnes âgées dépendantes), nous sous-traitons le nettoyage des vitres. D’autre part, dans les résidences services, où a BÂTIMENT ENTRETIEN - JANVIER / FÉVRIER 2012 29 Entreprises de propreté 2012 Christina Florentz, responsable achats du groupe DVD. a les parties communes sont à notre charge et les appartements à la charge des locataires, la situation est différente. Grâce à l’aide à domicile, les résidents peuvent faire appel à des sociétés d’aide à domicile pour le ménage. Enfin, pour nos locaux administratifs, nous faisons appel à la sous-traitance. Nous ne travaillons pas sur un taux horaire, mais sur forfait avec obligation de résultat. On contrôle toutefois la cohérence entre les moyens mis en place, le temps imparti et le coût de la prestation. Nos contrats sont en moyenne d’une durée de 3 ans avec une période probatoire de 6 mois. Jean-Georges Hubert (PEI) Il faudrait admettre, une bonne fois pour toute, qu’il y a un prix minimum en dessous duquel on ne peut pas travailler et qu’on cesse de pratiquer des prix qui n‘ont rien à voir avec la réalité. Un salarié revient au minimum à 16 € sans compter l’organisation, en dessous, il faut bien comprendre qu’il y a quelque chose qui ne fonctionne pas. Ces entreprises qui proposent des tarifs absurdes arrêtent rapidement leur activité, mais pendant tout le temps où elles ont été sur le marché ils nous ont mis en difficulté. Et on retrouve ce problème dans tous les secteurs. Certains donneurs d’ordres voient bien qu’il y a quelque chose qui ne va pas en décomposant les prix. D’autres prestataires vont afficher un tarif, mais au moment où ils prennent le marché, ils réduisent leurs interventions en faisant par exemple moins d’heures. Il faudrait que tout le monde soit conscient du prix de revient d’une heure de travail. Frédéric Laisney (Challancin) Le problème est dans l’approche globale de la prestation et dans la possibilité d’aller au-delà en termes de productivité. Aujourd’hui nous avons une véritable responsabilité en tant qu’entreprise dans l’offre que l’on remet. Quant aux sociétés qui pratiquent le dumping, l’État devrait sérieusement s’en préoccuper, car cette pratique se fait sur le dos des salariés et aux dépens des cotisations sociales.et On est dans des métiers où 80 % du prix est constitué du salaire et des charges. Il sera difficile de faire la police sur le dumping si les Pouvoirs Publics ne nous suivent pas. Alain Ramette (Immo de France) Prendre des marchés à bas prix c’est bien dans l’absolu, sur le moment, mais à moyen et long terme cela oblige souvent le donneur d’ordres à développer des ressources en interne. Il existe mainte- 30 BÂTIMENT ENTRETIEN - JANVIER / FÉVRIER 2012 TABLE RONDE Jean Georges Hubert, dirigeant du groupe PEI. nant des outils polyvalents de mesure et de reporting qui vont permettre au client de réaliser des économies sur son système de contrôle. Il ne faut pas oublier que nous aussi, nous avons des clients, et que nous sommes solidaires ; ce qui importe c’est le rendu final et la qualité de la prestation ressentie par notre client en bout de chaîne. Christian Florentz (Groupe DVD) Lors d’un appel d’offres, nous ne sommes que très rarement confrontés au dumping. Si c’est le cas, nous ne donnons pas suite à l’offre car nous savons parfaitement ce que cela pourrait engendrer en termes de non-qualité de prestations dans un métier ou l’essentiel du tarif est basé sur la masse salariale. Nous cherchons le meilleur rapport qualité-prix. Jusqu’à présent, le prix n’a pas été le seul critère de décision pour référencer un prestataire. Les acheteurs savent décomposer les prix pour comprendre le contenu des prestations proposées. Il manque un guide défini par les professionnels du secteur expliquant les contraintes légales à contrôler dans un dossier de consultation ainsi que les ratios financiers types par rapport au taux horaire, au matériel, à la rentabilité au m2, l’efficacité des produits… Jacques Silberfeld (ONET) Les donneurs d’ordres doivent réaliser qu’il y a des seuils incompressibles dont le franchissement met en péril la qualité des prestations achetées et qu’une prestation manifestement vendue endeçà d’un prix de revient constitue un acte mensonger. Et pourtant il y a énormément de contrôles. On ne peut plus diffuser, par exemple, de recommandations pour des revalorisations tarifaires car c’est une entorse aux règles de la concurrence. On continuera à agir pour dire « attention, n’écoutez pas certains sons de cloches, au-delà de certains seuils ce n’est pas possible ». Au niveau de la profession nous pouvons agir un peu, mais on ne peut pas exclure quelqu’un qui garantit une prestation pour un prix donné alors que nous, professionnels, savons que ce n’est pas tenable. Dominique Leszczynski (ATN) Les clients sont de plus en plus exigeants. Au-delà du prix ils me demandent ce que je gagne et si j’ai le poids suffisant pour honorer le contrat, certains en arriveraient presque à me réclamer ma comptabilité ! La règle veut que l’on soit payé à 45 ou 60 jours. a '%10(146Ê2146Ï&'/#+05 999T,8&T(4 ,1129$7,21 )UDQoDLVH :2#+4 6qFKHPDLQV jDLUSXOVp XOWUDUDSLGH '/25&'5Ï%*#)'U/1+05&'FN5 +6'55'&#+4UJNN-/f* 4+0%+2'&'517((.#)'%+4%7.#+4'$4'8'6Ï 4#+6'/'06#06+g#%6Ï4+'0&'5574(#%'5 06+8#0&#.+5/'U%#216#)''0#.7/+0+7/ gÏ%*#)'7.64#4#2+&' g1051//#6+10Ï.Ï%64+37'/+0+/+5Ï'jEFNNk g41&7+65#054Ï5+56#0%'%*#7((#06' j6176'0%105'48#0670'5'05#6+10&#+4%*#7&k )DEULTXpHQ)UDQFH 1RXYHOOHHUJRQRPLH HWSOXVFRPSDFW XGX47'&'54Ñ%*'5XFENHXHHHNJ'&': 6'.TjGGkNFHNKIMLFN #:jGGkNFHNKINEFG Entreprises de propreté 2012 Alain Ramette, directeur Métier Ile-de-France de Immo de France. a Effectivement, nous sommes payés à 45 ou 60 jours, mais les bons de commandes arrivent 3 mois après la prestation ! Pour une entité comme la mienne c’est très difficile. Je choisis donc de travailler avec des sociétés plus raisonnables dans leurs délais de paiement, car je n’ai pas le poids suffisant. Place du cahier des charges et des contrôles qualité ? Dominique Leszczynski Pour revenir au cahier des charges il arrive que certaines obligations ne soient pas définies et ce sont celles-ci qui peuvent entraîner des litiges. Je citerai en exemple un client qui s’attend à ce que les plinthes soient traitées avec le sol et qui ne l’a pas indiqué dans son cahier des charges. Dans ce cas je ne vais pas le faire et il va s’en étonner. D’où l’importance d’un cahier des charges complet qui va me permettre de répondre précisément, et qui va aussi permettre au donneur d’ordres de comparer des offres réellement comparables. Christian Florentz (Groupe DVD) Nous travaillons au service de plus de 16 000 résidents, mais on peut multiplier ce nombre par deux ou trois si on considère les familles et les prospects qui sont directement concernés par la qualité des prestations. Le regard qui est porté sur l’hygiène concerne l’ensemble de notre prestation et va tout conditionner. Le bio-nettoyage contribue à mettre en valeur l’image des résidences. Une hygiène jugée insuffisante entraînera une remise en question de la qualité des soins et des autres prestations assurées par la résidence. Frédéric Laisney (Challancin) Pour moi la qualité est autant dans le reporting de la prestation que dans la prestation elle-même et le système de reporting mis en place constitue la véritable transparence dans la relation client, beaucoup plus que le détail du compte d’exploitation donné lors de l’appel d’offre. Les systèmes actuels ne sont pas encore matures, et je vois là de grandes pistes d’amélioration, quoique dans 32 BÂTIMENT ENTRETIEN - JANVIER / FÉVRIER 2012 Dominique Leszczynski, président de ATN. notre profession le suivi en temps réel n’est peut-être pas toujours indispensable. Jacques Silberfeld (ONET) L’instauration d’un dialogue constructif avec ses salariés est certes essentiel, mais aujourd’hui, soyons francs, ça ne suffit plus. Il faut qu’on contrôle nos prestations, pour mieux répondre aux attentes de transparence. Et là, je ne parle pas en termes de prix, parce que les prix sont déjà transparents pour les acheteurs de la profession, mais il nous faut des outils qui nous permettent de voir l’envers du décor. Que se passe-t-il quand nous réalisons la prestation ? Où sont les sources d’économie ? Ces outils nous permettent aussi d’intervenir sur les dysfonctionnements avant qu’il n’y ait un dérapage trop important. Alain Ramette (Immo de France) C’est dans l’intérêt du client de pouvoir suivre la prestation, mais il existe aussi des plateformes communes. Certains grands clients institutionnels exigent l’utilisation de leurs propres plateformes, avec comme limite, le fait que cet outil n’est pas forcément transférable ou adaptable chez un autre client. D’où un investissement peu rentable si le marché est perdu. Mais de nouveaux systèmes polyvalents apparaissent dorénavant sur le marché. Ils peuvent transmettre des informations en temps réel, ce qui contribue et va dans le sens de la qualité et de la transparence. Même des sanitaires mal nettoyés dans un immeuble de bureaux peuvent être à la source d’un conflit social ! Quel est le levier principal pour améliorer la fidélité ? Jean-Georges Hubert (PEI) La fidélité du client donneur d’ordres tient bien entendu au niveau de prix qui lui sera proposé, mais aussi à la qualité de l’encadrement que le prestataire va mettre en place. À la différence des agents de propreté, les encadrants ne sont pas repris dans le cadre de l’annexe 7. Si, quand elle reprend le marché l’entreprise ne TABLE RONDE Un échange riche et animé entre prestataires et donneurs d’ordres. Jacques Silberfeld, secrétaire général de Onet Propreté-Multiservices. place pas un encadrement qui se donne les moyens ça ne marchera pas. L’encadrement qui sait manager une équipe, qui bien souvent est la même que précédemment, va fidéliser le client. On joue alors sur la durée en étant immédiatement opérationnel et en mobilisant les énergies dans les équipes en place. « Notre prestation est avant tout humaine.» Dominique Leszczynski (ATN) Je suis d’accord avec M. Hubert, au fond ce sont pratiquement les encadrants qui gèrent notre société et le personnel et font fonctionner la société. Je peux facilement reprendre ce que je considère comme un gros marché, avec 40 ou 50 personnes, dans la mesure où j’ai un bon encadrant à mettre sur le site. C’est vrai que j’ai parfois des réflexions du type : « Moi je suis là depuis 20 ans, vous n’êtes ni le premier ni le dernier à prendre ce marché et vous n’allez pas me faire changer ma façon de travailler. » Or ce n’est pas au salarié de gérer l’entreprise, mais au responsable de voir ce qui va et ne va pas, et lui montrer qu’on peut parfois mieux travailler différemment. Mais il faut reconnaître d’autre part, que je conserve aussi des clients parce qu’un bon relationnel s’établit avec mes salariés. Ils savent qu’ils peuvent leur faire confiance lorsqu’ils travaillent dans leurs locaux. Tout est lié : la prestation, la garantie de qualité, tout ce qui fait la relation humaine. Fidéliser les clients, c’est avant tout fidéliser les encadrants. Jacques Silberfeld (ONET) Notre prestation est avant tout humaine. Nous avons tous en tête l’image qu’au travers de l’annexe 7, la prestation est la même puisque le personnel est le même. C’est faux ! Il convient de distinguer une bonne entreprise d’une mauvaise à sa capacité à prendre en charge le personnel, à l’habiller correctement, à lui faire passer des visites médicales, à le former, à s’assurer qu’il est en situation régulière, qu’il a le bon matériel et qu’il l’utilise correctement. Tout cela nécessite du temps. Il est indispensable de bien connaître le personnel pour pouvoir l’encadrer, il faut asseoir la relation. Et s’il y a des acheteurs qui considèrent qu’il faut changer de prestataires tous les ans ce n’est pas viable. Il faut leur faire comprendre qu’ils font de fausses économies. Alain Ramette (Immo de France) Et n’oublions pas : vous, entreprises de propreté vous gérez de la prestation de services de l’humain pour de l’humain. Pour revenir a BÂTIMENT ENTRETIEN - JANVIER / FÉVRIER 2012 33 Entreprises de propreté 2012 Jacques Silberfeld (ONET) Nous disposons heureusement d’autres leviers que le prix, même si en période de crise cette sensibilité au prix est exacerbée. Il existe en effet toute une gamme de services connexes à la prestation qui peuvent être éventuellement décisifs pour le donneur d’ordres. Il peut s’agir de multiservices, mais aussi de systèmes de reporting. La gamme de ces services connexes est de plus en plus étendue aujourd’hui. Luis De Campos, responsable d’exploitation du groupe PEI. à la fidélisation, son intérêt réside dans le fait que la partie de a contrats récurrents est moins concurrentielle, parce qu’on ne remet plus en cause la prestation, elle est évaluée à la valeur du marché, mais on n’a plus à se battre pour démontrer la qualité que l’on peut fournir. D’autres pistes pour fidéliser ses clients ? Jean-Georges Hubert (PEI) Sans doute vais-je me répéter, mais le premier outil de fidélisation, ce sont les agents sur le terrain ! Et pour avoir un bon retour il est indispensable d’avoir des relations de respect et de considération qui manquent parfois la profession. Cela veut dire savoir être à l’écoute, fournir un matériel adéquat et en bon état. Le client bénéficie directement de ces bonnes relations. Ce sont les hommes et les femmes de terrain qui font la prestation, qui fidélisent le client parce qu’ils vont connaître les bons interlocuteurs, vont anticiper les litiges en nous alertant sur les motifs d’insatisfaction du client et en nous orientant parfois sur des pistes d’amélioration de la prestation. Le dialogue est essentiel. Christian Florentz (Groupe DVD) En termes de fidélisation, nous attendons d’abord de l’accompagnement et du conseil, aussi bien pour les prestations externes que celles qui sont internalisées. La capacité à réagir, à nous accompagner et à trouver des pistes d’amélioration est essentielle. Je gère aussi des marchés très importants sur le linge; tous ces coûts induits sont des leviers et qui nous sensibilisent énormément. Il ne faut pas qu’un prestataire ne réagisse que lorsque r us su ez-no trouv Re geh.fr www. LE NDEZ DEMA TALOGUE ! A EAU C NOUV 34 BÂTIMENT ENTRETIEN - JANVIER / FÉVRIER 2012 TABLE RONDE ses coûts dérapent ou que la qualité de sa prestation se dégrade. Ce qui nous intéresse, c’est un prestataire qui va nous proposer des améliorations continues; cela contribue fortement à la fidélisation. Frédéric Laisney (Challancin) Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les innovations sont assez peu différenciantes. Quand elles sont sur le marché, elles sont là pour tout le monde et deviennent un pré-requis. En revanche, dans nos propres sociétés on a parfois un travail d’innovation qu’on ne sait pas mettre en avant. On sait proposer des solutions à nos clients et, à tort, on ne s’en sert pas comme outil de valorisation de nos compétences et de nos services. Dominique Leszczynski (ATN) L’avantage d’une petite structure comme la mienne, c’est que je connais personnellement tous mes clients, ils savent qu’ils peuvent me joindre à tout moment. Je n’ai que 400 salariés et je les connais tous : j’ai des clients avec qui je travaille depuis 20 ans et des salariés qui sont là eux aussi, depuis 20 ans. Jacques Silberfeld (ONET) La fidélisation est toutefois une notion à relativiser. Un mauvais payeur fidèle ne nous intéresse que modérément. C’est la relation qui se construit au cours du temps. Nous sommes contraints d’amortir de plus en plus de matériels et les marchés courts posent problème car l’amortissement du matériel va être réalisé en 4 ou 5 ans. Ce n’est souhaitable pour personne d’avoir des marchés trop courts, ni pour les donneurs d’ordres, ni pour les entreprises de propreté. Le cycle ternaire n’est pas vraiment adapté pour construire une relation solide. Les choses se compliquent lorsque nous intervenons sur des sites importants. Il faut trouver des solutions qui passent par une communication étroite avec le client. Il faut apprendre à se connaître, bâtir une adaptation des techniques choisies et mettre en place des solutions qui nous conviennent conjointement. Et ce n’est pas simple ! Cela relève entre autres de l’ingénierie sociale et cela prend du temps. Pour moi la fidélisation n’a qu’un sens : arriver à construire ensemble un partenariat. Facilities management : est-ce complémentaire ou concurrent ? Alain Ramette (Immo de France) Vous devez aussi prendre en compte les acteurs du facilities management. Ce sont des intermédiaires, qui font disparaître des services complets, mais permettent de se concentrer sur notre cœur de métier. Ce sont de grands donneurs d’ordres qui réalisent leur marge essentiellement sur les fournisseurs. Mais ceux qui décident de travailler avec eux y trouvent aussi leur compte. Je crois qu’il ne faut pas craindre les FMeurs mais apprendre à travailler ensemble, parce qu’au final c’est toujours l’entreprise de propreté qui réalise la prestation, et pour le client, c’est un gain sur ses services généraux. Christian Florentz (Groupe DVD) Je perçois davantage le facilities management comme une occasion de globaliser les différentes expertises, en l’occurrence la propreté, en y adjoignant un maximum de services, que comme un simple intermédiaire. C’est sur la mutualisation de services qu’il pourra apporter des solutions. Jacques Silberfeld (ONET) C’est une tendance qui cherche son business model en France, comme c’est déjà le cas dans les pays anglo-saxons et dans laquelle l’offre multiservice d’Onet Propreté-Multiservices trouve sa place. Je crois que dans les années à venir il va falloir de plus en plus compter avec les Fmeurs, même si leur sensibilité au prix est très forte. Frédéric Laisney (Challancin) Je suis assez d’accord avec vous…. C’est une tendance lourde, et c’est une profession qui va évoluer. Si pour l’instant ils ne regardent que le prix, il va falloir qu’ils puissent apporter au client un véritable gain de qualité dans la prestation. BÂTIMENT ENTRETIEN - JANVIER / FÉVRIER 2012 35