Programme du soir du récital Nora Gubisch et
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Programme du soir du récital Nora Gubisch et
NORA GUBISCH & ALAIN ALTINOGLU CLAUDE DEBUSSY Trois chansons de Bilitis La flûte de Pan La chevelure Le tombeau des naïades NORA GUBISCH & ALAIN ALTINOGLU RÉCITAL Musiques de Debussy, Ravel, Komitas, Obradors, Khatchatourian, Berio MAURICE RAVEL Cinq mélodies populaires grecques Le réveil de la mariée Là-bas vers l'église Quel galant m'est comparable Chanson des cueilleuses de lentisques, Tout gai KOMITAS Anduni Groong FERNANDO OBRADORS Extraits des Canciones clásicas españolas mercredi 4 juin 2014 à 20h Aquel sombrero de monte El vito ENTRACTE Nora Gubisch, mezzo-soprano Alain Altinoglu, piano et direction Gérard Caussé, alto Jérôme Pernoo, violoncelle Raphaël Sévère, clarinette Iris Torossian, harpe Bastien Pelat, flûte Camille Baslé et Gilles Durot, percussions e La musique du XX siècle s’est en partie renouvelée grâce aux contacts entre écriture savante et pratiques traditionnelles, et bien des compositeurs se sont ressourcés dans la poésie populaire. Ce programme nous invite à découvrir ces fructueuses rencontres au gré d’un voyage entre l’Europe occidentale et l’Arménie. ARAM KHATCHATOURIAN Toccata pour piano seul LUCIANO BERIO Folk songs Black is the colour... I wonder as I wander... Loosin yelav... Rossignolet du bois A la feminisca La donna ideale. Ballo Motettu de tristura Malurous qu'o uno fenno Lo fiolaire Azerbaidjan love song Durée du concert : 1h40, entracte compris Composées entre 1904 et 1906, créées le 26 avril 1909, les Cinq mélodies populaires grecques de Maurice Ravel expriment, tout en raffinement harmonique, le rythme et le souffle de la poésie que le compositeur, en remarquable mélodiste, a habillé de sa prosodie musicale. Ravel a voulu conserver l’esprit de la tradition hellène en écrivant une musique pleine de fraîcheur et de naturel, en valorisant, dans la version en langue originale, la grande beauté des sonorités et les inflexions naturelles du grec, laissant à la voix la capacité d’évoquer un décor sonore nouveau pour chaque mélodie. Trois des mélodies, Chanson de la mariée, Quel galant m’est comparable, Tout gai sur des textes enjoués inspirent un accompagnement simple et vif alors que Là-bas, Vers l’église et Chanson des cueillettes de lentisques (note : sorte de pistachiers), qui évoquent l’amour et la mort, sont teintées de notes assombries. La présence d’Alain Altinoglu est le fil conducteur des soirées des 4 et 5 juin, tantôt pianiste-accompagnateur en duo avec la mezzo-soprano Nora Gubisch dans un programme de récital, tantôt sous la forme plus familière de chef d’orchestre qui dirige le Chœur et l’Orchestre de la Fondation Calouste Gulbenkian, laquelle apporte également son soutien à ces deux concertsévénements. Le récital du 4 juin est voué à la mélodie. Le programme choisi par les deux interprètes croise de façon très personnelle les langues, les cultures et les registres et renvoie au vécu intime des deux musiciens. Selon les confidences d’Alain Altinoglu, le répertoire retenu « reflète plus que les musiques que l’on aime, un peu des musiques que nous sommes » et Nora Gubisch poursuit : « ce sont des musiques qui nous accompagnent depuis toujours, qui rythment nos vies ». Ainsi, ils nous invitent à aller en leur compagnie à la rencontre des patrimoines traditionnels qui ont inspiré des œuvres à la fois savantes et populaires pour raviver la mémoire des origines et chanter l’histoire et la culture des peuples. La musique française est représentée par deux merveilleux mélodistes : Claude Debussy (1862-1918) et Maurice Ravel (1875-1937). De Claude Debussy les trois Chansons de Bilitis, La Flûte de Pan, La Chevelure, Le Tombeau des Naïades, qui furent composées en 1897 sur des textes de Pierre Louÿs, pastiches de poèmes grecs d’amour saphique. Les Chansons de Bilitis forme un recueil de poèmes en prose publié en 1894 comme étant la traduction de l’œuvre d’une poétesse grecque du VIe siècle avant Jésus-Christ. En fait, Bilitis est un auteur fictif qui permet à Pierre Louÿs de libérer son univers emprunt de sensualité et d’érotisme. Debussy, ami de l’écrivain, met en musique pour voix et piano trois des Chansons de Bilitis auxquelles répond en écho, comme un murmure, le climat ineffable, ambigu et rêveur que suggère l’art expressif du compositeur. La première audition eut lieu le 17 mars en 1900 à Paris, Debussy étant au piano. Aquel sombrero de monte et El vito, sont deux extraits des Canciones clásicas españolas que le musicien catalan Fernando Obradors (1897-1945) publia en quatre volumes entre 1921 et 1941. Pianiste, chef d’orchestre et professeur au Conservatoire de Las Palmas, cet ami de Garcia Lorca a donné la voix à la poésie espagnole, classique ou puisée à la source populaire, qui a excité son inspiration et accaparé sa fibre créatrice pour écrire cette vaste fresque de chansons aux couleurs de l’Espagne fiévreuse et libre. Au sein de ce programme, des mélodies de Komitas (1869-1935), figure emblématique de la musique arménienne, tout à la fois compositeur, ethnomusicologue, chanteur, pédagogue et conférencier. Formé au séminaire d’Etchmiadzine, prêtre, docteur en théologie, Komitas manifeste très tôt des qualités vocales et des dispositions pour la composition musicale. Il complète sa formation à Berlin en 1896 et retourne en Arménie en 1899. Il entreprend alors de nombreux voyages à travers le pays pour recueillir les chants traditionnels qu’il consigne. Il donne avec succès de nombreux concerts et des conférences en Russie et en Europe, en particulier en 1906 à Paris où il rencontre le poète Archag Tchobanian. Mal accueilli à son retour en Arménie en 1908, il décide alors de s’installer à Constantinople en 1910 où il crée une école de musique. À travers l’empire ottoman, il mène sa quête des traditions musicales les plus authentiques et retranscrit, selon un système de notations qui remonte au Moyen Âge, les mélodies rurales qu’il collecte dans les régions arméniennes afin de conserver leur riche et singulier patrimoine. Il recueille ainsi des musiques instrumentales, des chants rituels, des chants de fêtes, des danses populaires. Durant les années 1912-1914, il séjourne de nouveau à Berlin puis à Paris et poursuit ses activités de musicien et de conférencier. Komitas se trouve à Constantinople au début du génocide des Arméniens. Le 24 avril 1915, il est arrêté et déporté avec 600 intellectuels arméniens. Grâce aux pressions internationales, il est libéré, mais les sévices subis auront de lourdes conséquences sur sa santé psychique, aggravée par le pillage, pendant sa déportation, de sa bibliothèque, la destruction de ses travaux personnels et de précieux manuscrits. Son équilibre mental vacille à la suite de ces épreuves. Cependant, en 1916, le temps d’une brève amélioration, il compose les Danses arméniennes et les Danses de Mouch. Son état se dégrade de nouveau, il est interné, à l’abandon jusqu’en 1919. Ses amis obtiennent qu’il regagne la France, il est soigné à l’hôpital de Ville-Evrard jusqu’en 1922, puis à l’hôpital de psychiatrie de Villejuif où il meurt en 1935. Les mélodies de Komitas sont considérées comme des joyaux de la musique arménienne tant elles touchent par leurs accents le cœur ému de chaque Arménien. Andouni (sans foyer) et Groung (la grue) sont les chants douloureux de l’exil et de la solitude qui évoquent l’histoire d’un peuple meurtri. Mais la musique a cette merveilleuse capacité de transformer le malheur en beauté pour combler cette part sensible de chaque être. La deuxième partie de la soirée s’ouvre avec la Toccata en mi bémol mineur pour piano d’Aram Khatchaturian, interprété par Alain Altinoglu. Composée en 1932 alors que Khatchaturian étudiait encore au Conservatoire de Moscou, cette pièce était initialement le premier mouvement d’une Suite qui en comportait trois (Toccata, Valse-Capriccio, Danse), mais le succès rencontré par ce premier mouvement devenu célèbre le fit considérer comme une œuvre autonome, détachée de la Suite. La Toccata allie des rythmes et des mélodies de la musique arménienne à un vocabulaire moderne selon le style propre du compositeur. Elle s’articule en trois mouvements : Allegro marcatissimo, Andante espressivo, Coda. En clôture de concert, les Folk Songs de l’Italien Luciano Berio « une anthologie de onze chansons populaires (ou prétendues telles) de différentes origines […] découvertes en écoutant de vieux disques, dans des anthologies imprimées ou recueillies de vive voix par des amis. » Ces pièces furent créées en 1964 à Oakland sous la direction du compositeur par le Juilliard Ensemble et la célèbre mezzo-soprano Cathy Berberian (1925-1983), américaine d’origine arménienne. Cette cantatrice soucieuse d’ouvrir de nouvelles possibilités à l’expression vocale avait choisi la voie de la création contemporaine, son nom a été associé à nombre d’œuvres de compositeurs d’avant-garde. Elle était alors mariée à Luciano Berio dont elle fut l’inspiratrice, la complice et l’interprète privilégiée. Marguerite Haladjian BIOGRAPHIES NORA GUBISCH Elle commence ses études musicales à la maîtrise de Radio France et le piano avec C. Collard, puis étudie le chant au Conservatoire de Paris avec C. EdaPierre. Elle rencontre V. Rozsa qui devient son maître. À l’opéra, elle Carmen (Berlin, Paris, Zurich), Juditha triumphans, Salammbô à l’Opéra de Paris, La Belle Hélène aux Festivals de Salzbourg et d’Aix-en-Provence, The Rape of Lucretia à l’Opéra de Lyon, Salomé, ainsi que La Clemenza di Tito, Il Ritorno d’Ulisse in patria, La Damnation de Faust, Werther, Le Château de Barbe-Bleue, Aida, etc. Elle se produit sous la direction de Sir C. Davis, G. Prêtre, L. Maazel, N. Harnoncourt, J. Conlon, C. Eschenbach, A. Jordan, et avec les orchestres du New York Philharmonic Orchestra, les Wiener Philharmoniker, la Staatskapelle de Dresde, le London Symphony Orchestra, l’Orchestre de Paris, l’orchestre National de France, Le nouvel orchestre Philarmonique ainsi qu’avec le City of Birmingham Orchestra ou encore le BBC Symphony Orchestra. Elle forme depuis plusieurs années un duo avec A. Altinoglu avec lequel elle a enregistre de nombreux disques. Ses projets la conduiront cette saison au Festival de Salzburg pour la création de Charlotte Salomon de Dalabavie, Carmen au Deustche Oper Berlin, Château de Barbe-Bleue à Vienne, Werther au Liceu de Barcelone. Elle a été nommée Chevalier des arts et des lettres. ALAIN ALTINOGLU Cette saison, il fait ses débuts avec le City of Birmingham Symphony Orchestra, Wiener Symphoniker au Musikverein, Dresdner Philharmonie, SWR Sinfonieorchester Baden Baden & Freiburg et le Russian National Orchestra. Il dirige à nouveau le Rundfunk-Sinfonieorchester Berlin, l’Orchestre de Paris, ou encore l’Orchestre National de France. À l’opéra, on le retrouve récemment dans une nouvelle production du Flying Dutchman avec B. Terfel à l’Opéra de Zürich, Faust de Gounod et Otello au Metropolitan Opera de New York, Un Ballo in Maschera aux Chorégies d’Orange. Cette saison, il retourne au Met dans une nouvelle production de Werther de Massenet, Simon Boccanegra, Le Nozze di Figaro et Don Giovanni au Staatsoper de Vienne ainsi que dans une production de Salome à Zurich. Particulièrement intéressé par le répertoire du lied et de la mélodie, il accompagne régulièrement au piano N. Gubisch. Il a étudié au CNSMDP, où il a également enseigné en tant que professeur de la classe d’ensemble vocal. Il est à compter de septembre 2014, Professeur de la classe de direction d’orchestre au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris. GÉRARD CAUSSÉ ALTO CAMILLE BASLÉ PERCUSSIONS Membre fondateur et alto solo de l’Ensemble intercontemporain, altiste du Quatuor Via Nova puis du Quatuor Parrenin, il donne des master-classes à Salzbourg, à l’Escuela Reina Sofia de Madrid dont il a été le professeur titulaire pendant 10 ans, à la Britten Pears School, au Festival de Verbier, à l’Académie de Villecroze. Il joue un magnifique Gasparo da Salò de 1560, joyau de l’école de Brescia. Il est Commandeur des Arts et Lettres. Il entre au Conservatoire de Rouen, puis intègre la classe de M. Cerutti, et celle de F. Macarez au Conservatoire national de région de Paris. Il est membre fondateur du Quartet Ku, quatuor de percussions, lauréat du concours Musiques d’Ensembles en 1997. En 1999, il intègre l’Orchestre Colonne. Il est depuis 2007 membre de l’orchestre Les Siècles (dir. F.-X. Roth). En 2013 il rejoint l'Orchestre de Paris en qualité de timbalier solo. JÉRÔME PERNOO VIOLONCELLE GILLES DUROT PERCUSSIONS Il joue avec l’Orchestre National de France, l’Orchestre Philharmonique de Radio France, l’Orchestre de l’Opéra National de Paris. Il intègre l’Ensemble intercontemporain, puis devient soliste de l’Ensemble Multilatérale et fait partie du Trio K/D/M qu’il fonde aux côtés de B. Khalifé et A. Millet. Il est professeur de percussions au sein du Pôle d’Enseignement Supérieur de Musique de Bordeaux Aquitaine. Il collabore avec l'Ensemble Matheus et J.-C. Spinosi (Festival de Salzbourg, Carnegie Hall de New York). En récital, il se produit avec J. Ducros. Co-fondateur du Festival de Pâques de Deauville, il a créé le festival « Les Vacances de Monsieur Haydn ». Il joue actuellement un violoncelle baroque et un violoncelle piccolo italiens e anonymes du XVIII siècle, école de Milan, ainsi qu'un violoncelle moderne fabriqué pour lui par F. Ravatin. RAPHAËL SÉVÈRE CLARINETTE Révélé lors des Victoires de la musique classique 2010, il se produira prochainement au Kennedy Center Hall de Washington ainsi qu'au Merkin Concert Hall de New York. Il est le soliste du Concerto pour clarinette de Mozart dans le cadre des Folles Journées à Tokyo avec le Sinfonia Varsovia. Il est le soliste du Hong-Kong Sinfonietta, de l’Orchestre National d’Île-de-France ou encore de l’Orchestre National Philharmonique de Russie. IRIS TOROSSIAN HARPE Elle se produit en solo et en musique de chambre aux festivals de Gargilesse, Chaillol, Deauville ou encore Avignon. Elle fait partie des ensembles Les Solistes Français, Musica Nigella et de l’Orchestre Bel’Arte. Elle joue régulièrement avec l’Orchestre de Paris, l’Orchestre National de France ou la Maîtrise de Radio France entre autres. Elle participe régulièrement à l’enregistrement des musiques de films de P. Rombi et C. Julien. BASTIEN PELAT FLÛTE Co-soliste à l’Orchestre de Chambre de Lausanne en 2002, il devient par la suite flûte solo de l’Orchestre National des Pays de Loire. Il rejoint en 2008 l’Orchestre de Paris. Parallèlement, il collabore avec les ensembles Les Dissonances et European Camerata. En musique de chambre, il se produit dans les festivals du Vieux Lyon, du Périgord Noir, du Larzac, à la Hugo Wolf Akademie, au Musée d’Orsay, salle Gaveau, au Musée du Louvre, en Pologne, etc. Retrouvez l’ensemble de la programmation pour la saison 2014-2015 sur www.opera-comique.com