– Jack…, commença Eragon. – Attends, le coupa Arya. Slytha, dans
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– Jack…, commença Eragon. – Attends, le coupa Arya. Slytha, dans
CHAPITRE 8 – Jack…, commença Eragon. – Attends, le coupa Arya. Slytha, dans quelle auberge allons-nous ? – Je ne sais pas. Celle des Mille Âmes ? proposa Slytha. – Allons-y. Lorsqu’ils sortirent de la ruelle, personne ne fit attention à eux. Ravis, les enfants faisaient un à un le tour du quartier sur le dos de Cadoc, dont les rênes étaient tenus par le jeune homme blond. Çà et là, des mendiants étaient assis, dos à une boutique, à une maison de riche commerçant, attendant quelconque aide. Quand ils passèrent le seuil de la porte de l’auberge aux Mille Âmes, le silence de mort de la rue, fit place à un brouhaha assourdissant. Prenant un air naturel, les trois compagnons allèrent voir l’aubergiste. Qui n’était pas là. – Où est-il ? demanda Slytha alors qu’ils attendaient depuis un quart d’heure. Soudain, un jeune homme entra. À peine eut-il mis le pied dans l’auberge, qu’ils entendirent quelqu’un beugler depuis l’arrière-boutique, située derrière le comptoir : – Kaelig ! Tu es en retard ! – Désolé, patron. Je n’ai pas vu l’heure tourner, s’excusa le jeune homme. Surprise, Arya l’observa plus attentivement. Tout comme Eragon et Slytha. Si la voix de Kaelig avait un ton râpeux, elle n’en restait pas moins habitée d’une puissance envoûtante. Celle des elfes. S’il en était un, personne ne pourrait le savoir. Son visage – quoique magnifique – était trait pour trait celui d’un humain. De plus, sa physionomie était émaciée, ses joues étaient creuses, et un début de barbe commençait à les ronger, lui donnant un air encore plus décharné. « Or, les elfes sont imberbes. » songea Eragon. « Mais s’il a l’air affamé, négligé et semble plus félin – à l’instar de Jack – il reste fascinant. » Le patron sortit de l’arrière-boutique. C’était un homme d’une cinquantaine d’années, d’assez grande taille et au ventre légèrement bedonnant. D’après ses puissantes épaules, il avait dû être d’une vigueur sans pareille en son temps. Moins envoûtant que Kaelig, il attirait quand même le regard. Il était vêtu de chausses et sa chemise de soie était impeccablement propre. L’homme apostropha les trois compagnons : – Qu’êtes-vous venus chercher, étrangers ? – Nous cherchons une chambre, ou plusieurs, à louer. – Une ou plusieurs ? demanda-t-il. – Combien de chambres vous reste-il ? intervint Slytha, qui commençait à s’impatienter. – Vous avez de quoi payer ? Pour toute réponse, Slytha sortit de sa sacoche une bourse qu’elle déposa sur le comptoir. Des pièces d’or coulèrent dessus, telle une cascade. – Bien. Il me reste deux chambres, fit le patron quoiqu’un peu suspicieux quant à la provenance de ces pièces. – L’une d’entre elles a-t-elle deux lits ? demanda Slytha. – Non, mais elle possède un canapé. Pendant que Slytha et le patron débattaient du prix, Arya observait Kaelig. Malgré son air famélique, ses joues hérissées d’un début de barbe et ses cheveux courts ébouriffés derrière sa tête, comme s’il se les était fait coupés ; il lui rappelait quelqu’un. Il semblait humain, mais pourtant, même habillé d’une tunique à capuche, d’un pantalon ample et de bottes noires, elle pouvait presque sentir son parfum boisé envoûtant et la prestance qui se cachait derrière le jeune homme. Une fois que Slytha et le patron eurent fini, celui-ci interpella Kaelig : – Retourne à ton travail ! Tu n’étais pas censé vagabonder en ville au lieu de venir ici ! Et il retourna à l’arrière-boutique. – Veuillez bien pardonner cet accueil peu chaleureux, s’excusa Kaelig avec un sourire. Il n’est habituellement pas jovial, mais lorsque quelque chose le contrarie, son humeur change brutalement, ce qui est assez déroutant à certains moments. Tenez, les clefs. Arya tendit la main et le jeune homme y déposa les clefs. Au passage, leurs peux se frôlèrent. Si Kaelig retira vivement sa main, comme brûlé, Arya, elle, resta clouée de stupeur sur place. Cette peau… ce contact réveillait en elle des souvenirs qu’elle avait crus enterrés à jamais. Elle s’était trompée. Slytha la sortit de sa torpeur, de crainte que l’elfe n’attire des regards sur eux : – Viens, suis-moi. Eragon et Arya la suivirent jusqu’à l’escalier situé au fond de la salle. Les marches usées grinçaient sous leurs pas. Sur le palier, une unique chandelle éclairait pauvrement le triste couloir au lambris de bois sombre. Slytha les conduisit jusqu’à la dernière porte sur la gauche et laissa Arya l’ouvrir. Dès qu’ils eurent franchis le seuil, Slytha referma la porte derrière eux. Une pâle lueur orange filtrait par la fenêtre à résille de plomb. Elle provenait d’une unique lanterne située de l’autre côté de la place de la cité. Dans la quasi-obscurité, Arya avisa une lampe à huile sur une table basse. Elle tendit simplement le bras dans sa direction et l’étincelle verte née de son doigt enflamma la mèche. Même avec la lampe allumée, la chambre demeurait sombre. Le lambris d’un brun foncé comme celui du couloir, absorbait la lumière, de sorte qu’on se sentait à l’étroit, oppressé. Le reste du mobilier se réduisait à un lit en bon état – ce qui tranchait avec le couloir et les murs de la pièce – avec un édredon plié au pied du lit, qui était fait en portefeuille. Un canapé d’aspect moelleux se tenait de l’autre côté de la chambre. La pièce était assez nue, amis contenait tout de même une étagère avec une vingtaine de livres et une carte de l’Alagaësia était affichée. Slytha se retourna : – Alors ? – Alors quoi ? fit Arya, étonnée. – Que s’est-il passé ? – Jack est personnellement venu se rendre compte si nous savions quelque chose de ces elfes, explique Arya. – Que lui as-tu répondu ? – Que les noms m’étaient familiers, mais que ces elfes étaient morts. – Je vais me coucher, annonça Eragon. Puis-je avoir la clef, s’il te plaît, Arya ? Elle la lui tendit et il sortit après leur avoir souhaité bonne nuit. Il savait que Slytha voudrait tous les détails. Et il se doutait qu’Arya ne le lui dirait qu’une fois seules, même si Eragon savait autant qu’elle ce qui s’était passé : ils avaient failli s’embrasser. En y repensant, Eragon frissonna. Il sentait encore le souffle chaud d’Arya sur ses lèvres, ses yeux ancrés en lui comme un bateau à son port. Si proche… Eragon posa son sac sur le lit après avoir constaté que sa chambre était exactement la même que celle des deux elfes, excepté le canapé. Soudain, une idée germa en lui : « Je n’aime pas l’idée d’espionner Arya, mais je suis curieux de avoir ce qu’elle va dire à Slytha. » Le jeune Dragonnier s’adossa donc au mur conjoint à celui de l’autre chambre, ferma les yeux et murmura doucement : – Thverr stenr un atra eka hòrna. Traverse la pierre et laisse-moi entendre. Un petit soupir siffla à ses oreilles. Puis il entendit la voix de Slytha : – Allez, raconte-moi. – Il n’y a rien à raconter. Jack m’a juste à moitié étranglée. – Il t’a juste à moitié étranglée ? Tu plaisantes ? Tes joues étaient toutes violettes. Je n’irais pas par quatre chemins. Dis-moi. – Très bien…, soupira Arya. Après que Jack eut fait son annonce et que les citadins se furent dispersés, Eragon m’a entraînée dans une ruelle pour me parler. Là je lui ai dit que je n’en pouvais plus : Fäolìn et Glenwing son t morts et voilà qu’ils seraient vivants, recherchés, et évadés de prison ? Jack semble avoir trahis les elfes, et tu reviens après trente ans… – Tu lui as dit que cela faisait trente ans ? – Oui. – Il n’a pas deviné ? – À mon avis, dès qu’il t’a vue, il l’a déduit, mais je ne pense pas. – Si tu le dis… et après ? – Après…il s’est rapproché. Moi aussi. – Aha ! Je te l’avais dit ! – Laisse-moi continuer. Jack est venu, l’a plaqué magiquement sur un mur, m’a saisie à la gorge pour nous demander si nous savions quelque chose sur ceux qu’il cherchait. Tu connais la suite. – Oui, et tu te montre plus distante avec Eragon, rétorqua Slytha. – Nous en avons déjà parlé. Et il n’y a pas qu’avec lui. – Effectivement, ma vieille. Il y a aussi moi, Nasuada, Saphira, Lupusänghren, et ses elfes, et Trianna, bien sûr. – Pour Trianna, il n’y a pas de grande différence. – Mouais… Tu dors où, cette nuit ? – Ici, pourquoi ? – Ah ! Je croyais que tu allais dormir avec Eragon ! – Slytha ! – Oui ? – Bonne nuit. – Toi aussi, ma vieille. Je t’aime. Arya hésita avant de répondre : – Moi aussi, je t’aime. Eragon arrêta le sort et soupira. Slytha semblait être plus que l’amie d’Arya ! Il la pensait être sa sœur, mais rien n’était vérifié. De plus, le jeune Dragonnier n’avait jamais entendu dire « je t’aime » à qui que ce soit. Elle avait changé. Et son changement brutal coïncidait à la perfection avec le moment où Trianna l’avait entraîné dans sa tente. Il se souvint avoir entendu un cri étouffé et avait réussi à distinguer une forme dans la pénombre, ainsi qu’un parfum et une présence familière. Cela avait dû être Arya. Mais pourquoi réagir ainsi, Pourquoi se laisser dépérir, comme une fleur fanerait ? Serait-elle… jalouse ? Épuisé, Eragon se défit de ses vêtements, ne gardant que son caleçon long et s’allongea sur le lit. Il sombra rapidement dans un sommeil profond. Il était épuisé. La nuit était avancée et il n’avait qu’une seule envie : dormir. Il eut plaisir à retrouver sa monture elfique, lui-même si heureux qu’il échappa au jeune palefrenier pour venir parader devant lui. Tandis qu’il le calmait, l’elfe aux yeux verts accueillait sa monture qui revenait après avoir disparu dans les bois alentours depuis l’après-midi. Une fois en selle, ils suivirent leur guide et son détachement jusqu’au vaste camp des elfes, situé derrière les collines boisées. Considérant la proximité d’une forêt, il proposa à sa compagne de rejoindre l’un des groupes d’elfes qui s’y étaient installés, dont sa sœur. Elle refusa, ce qui curieusement le contraria quelque peu, car si d’un côté son attachement pour lui le ravissait, d’un autre, cela l’angoissait. L’elfe-loup leur attribua une tente ronde de taille moyenne, dont le sol était recouvert d’épaisses fourrures. En y pénétrant, il ne put s’empêcher de penser, non sans un pincement au cœur : « Un vrai nid d’amour. » Ils s’y installèrent sans échanger un mot. Il se déshabilla, ne gardant que son caleçon long, alors qu’elle se dénudait entièrement, non sans avoir hésité quelques instants. Il eut beau garder son sang-froid et ses yeux dans sa poche, son sang lui battait les tempes et ses poumons commencèrent à réclamer plus d’air. Enfin, ils s’allongèrent, s’enveloppent voluptueusement de fourrure. L’elfe se blottit contre lu, à son plus grand étonnement. Il en fut profondément bouleversé. Sa peau était d’un velouté vraiment étrange. Son odeur d’épines de pins fraîchement foulées était unique et il posa un baiser sur son front. La main de l’elfe émergea de la fourrure pour effleurer son visage. Il frissonna du désir de l’embrasser à nouveau. Un sentiment puissant l’en empêcha. Ni la honte, ni la pudeur, plutôt le respect. C’est elle qui fit le premier pas : – Pourquoi gardes-tu ton vêtement ? Il rougit jusqu’à la pointe des oreilles. Avant qu’il ne balbutie une réponse confuse, elle se chargea avec une infinie délicatesse de le lui retirer. – Je… ce n’est peut-être pas… – Bavarde-ton autant chez toi, avant… l’amour ? Il vit une lueur d’amusement briller dans ses yeux émeraude. – C’est parce que… – Chut, souffla-t-elle. Chez les elfes, il n’y a rien à dire. Alors, elle ferma les yeux et se mit à murmurer des mots dans sa langue si mélodieuse, se laissa couler sur le dos et le livra… corps et âme. – NON !!! J’en ai marre !! Eragon se redressa sur le lit : « Je n’en peux plus. C’est le troisième rêve avec Arya ! Ça ne peut plus durer ! » Résigné, il se rhabilla hâtivement, ne boutonnant pas sa chemise jusqu’en haut. Il attrapa la clef et sortit en prenant bien soin de ne pas faire plus de bruit qu’il n’en avait déjà fait, et verrouilla la porte derrière lui. Par chance, le plancher ne craqua pas sous ses pas et il put se rendre devant la porte des deux elfes sans encombre. Maintenant plus assuré, il inspira et frappa trois coups à la porte.
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Slytha se rendit en courant dans la tente d`Arya. Il fallait qu`elle
– EragonetTriannasontensemblejelesaivus’embrasser !
– Quoi ? Moins vite s’il te plaît.
Slytha inspira et déclara :
– J’ai vu Eragon et Trianna s’embrasser.
– Quand ? fit Arya, étonnée.
Slytha souri...
Chapitre 13 - Fantasy Book
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