Chapitre 6
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Chapitre 6
Intégrales généralisées Définition 1 Z On appelle intégrale généralisée ou intégrale impropre une intégrale du type b f (t) dt a où a = −∞, b = +∞ ou alors f n’est pas continue en a ou b. Lorsque f est continue sur [a; b], il n’y a aucun problème, Z b f (t) dt existe. a I Extension de la notion d’intégrale 1 Sur un intervalle du type [a; b[ ou ]a; b] Définition 2 Soit f une fonction continue par morceaux sur l’intervalle [a; b[. Si la fonction x → Z x f (t) dt admet une a limite finie lorsque x tend vers b, on dit que l’intégrale de f sur [a; b[ converge, ou que l’intégrale Z b f (t) dt est convergente, ou encore que f est intégrable sur [a; b[, et on pose : a Z b f (t) dt = lim x→b a Z x f (t) dt a On définit de la même façon lorsque f est continue par morceaux sur ]a; b], Z a Exemple 1: Z - Quelle est la nature de l’intégrale b f (t) dt = lim Z x→a x b f (t) dt. 1 ln t dt ? 0 (i) La fonction t → ln t est continue sur ]0; 1], donc le problème se pose en 0. Z 1 (ii) On pose x ∈]0; 1]. On a : ln t dt = [t ln t − t]1x = −1 − x ln x + x. x (iii) Donc lim Z 1 ln t dt = lim − 1 − x ln x + x = −1. x→0 Z 1 Z (iv) En conclusion l’intégrale ln t dt est convergente et x→0 x 0 - Quel est la nature de l’intégrale (ii) (iii) (iv) ln t dt = −1. 0 Z 0 (i) 1 1 1 dt ? t 1 La fonction t → est continue sur ]0; 1], donc le problème se pose en 0. t Z 1 1 dt = − ln x. On pose x ∈]0; 1]. On a x t Z 1 1 Donc lim dt = lim − ln x = +∞. x→0 x t x→0 Z 1 1 dt ne converge pas, on dit qu’elle est divergente. Donc l’intégrale 0 t Analyse : Chapitre 6 Page 1 Intégrales généralisées Propriété 1 Soit f une fonction continue sur [a; b[ telle que f admet une limite finie en b (f est prolongeable par Z b continuité en b). Alors l’intégrale f (t) dt converge. a Exemple 2: Déterminons la nature de l’intégrale 1 Z 0 ln(1 + x) dx. x ln(1 + x) La fonction f : x → est continue sur ]0; 1]. Le problème semble donc se poser en 0. Mais on x ln(1 + x) = 1 donc on peut prolonger la fonction f par continuité en posant f (0) = 1. remarque que lim x→0 x Z 1 ln(1 + x) dx est en fait convergente. Ainsi, il n’y a en fait pas de problème et donc l’intégrale x 0 2 Sur un intervalle du type [a; +∞[ ou ] − ∞; a] Définition 3 Z +∞ Soit f : [a; +∞[→ R une fonction continue par morceaux. On dit que l’intégrale f (t) dt est Z x a convergente, ou encore que f est intégrable sur [a; +∞[, si la fonction x → f (t) dt admet une a limite finie quand x tend vers +∞. On pose alors : Z +∞ Z f (t) dt = lim x→+∞ a x f (t) dt a On définit de la même façon l’intégrale, lorsqu’elle existe, Z a f (t) dt. −∞ Exemple 3: - Déterminer la nature de l’intégrale Z +∞ e−t dt. 0 (i) La fonction t → e−t est continue sur [0; +∞[. Le seul problème se trouve donc en +∞. Z x (ii) On pose x ∈ [0; +∞[. On a e−t dt = −e−x + 1 0 Z x (iii) Donc lim e−t dt = lim − e−x + 1 = 1. x→+∞ 0 x→+∞ Z +∞ Z +∞ −t (iv) Donc e dt est convergente et e−t dt = 1. 0 - Quel est la nature de l’intégrale 0 Z 1 (i) (ii) (iii) (iv) +∞ 1 dt ? t 1 La fonction t → est continue sur [1; +∞[. Le seul problème se trouve donc en +∞. t Z x 1 On pose x ∈ [1; +∞[. On a dt = ln x. 1 t Z x 1 dt = lim ln x = +∞. Donc lim x→+∞ x→+∞ 1 t Z +∞ 1 Donc l’intégrale dt est divergente. t 1 Analyse : Chapitre 6 Page 2 Intégrales généralisées 3 Sur un intervalle du type ]a; b[ avec a, b ∈ R Définition 4 Soient a, b ∈ R et f une fonction continue par morceaux sur ]a; b[. Soit c ∈]a; b[, si les intégrales Z c Z b Z b f (t) dt et f (t) dt sont convergentes alors on dit que l’intégrale f (t) dt est convergente, ou a c a encore que f est intégrable sur ]a; b[, et on pose : Z b f (t) dt = a Z c f (t) dt + a Z b f (t) dt c Nous ne mettrons dans le cours aucune propriété sur les intégrales que nous venons de définir. Il faudra toujours se ramener à une intégrale sur un segment pour utiliser les résultats du chapitre précédent et ensuite passer à la limite. En particulier il est interdit de faire un changement de variable ou une intégration par parties sur une intégrale impropre. II Critères de convergence 1 Intégrales de Riemann Les intégrales de Riemann sont des intégrales qui seront considérées comme des références pour la suite. Le résultat ci-dessous est un résultat de cours qui sera donc utilisé sans avoir besoin de le redémontrer. Théorème 1 Z 1 1 dt converge pour s < 1 et diverge pour s > 1. • s t 0 Z +∞ 1 • dt converge pour s > 1 et diverge pour s 6 1. ts 1 Démonstration : 1 1 dt ne converge pas. 0 t 1 On considère maintenant s 6= 1. La fonction t → s est continue sur ]0; 1]. On considère t 0 < x < 1. On a : 1 Z 1 1 1 1 1 = dt = − − s s−1 s−1 (s − 1)t (s − 1)x s−1 x t x • Pour s = 1, on a déjà vu que Z Donc on voit que cette quantité admet une limite finie lorsque x → 0 ssi s − 1 < 0, c’est-à-dire s < 1. Z +∞ 1 • Pour s = 1, on a déjà vu que dt ne converge pas. t 1 1 On considère maintenant s 6= 1. La fonction t → s est continue sur [1; +∞[. Soit x > 1, t on a : x Z x 1 1 1 1 = dt = − − s s−1 (s − 1)t s − 1 (s − 1)xs−1 1 t 1 Donc on voit que cette quantité admet une limite finie lorsque x → +∞ ssi s − 1 > 0, c’est-à-dire s > 1. 2 Analyse : Chapitre 6 Page 3 Intégrales généralisées Remarque : On a en fait, pour tout c > 0, convergente si et seulement si s > 1 2 Z c 1 dt est convergente si et seulement si s < 1 et ts 0 Z +∞ c 1 dt est ts Fonctions positives Dans toute cette partie, on considère a ∈ R et b ∈ R tel que si b ∈ R, a < b. f et g désignent deux fonctions continues et positives sur [a; b[ . Tous les résultats énoncés pourront être adaptés à des fonctions continues sur ]a; b] avec a ∈ R et b ∈ R. Théorème 2 On suppose que ∀t ∈ [a; b[, 0 6 f (t) 6 g(t). Z b Z b • Si g(t) dt converge alors f (t) dt converge. a a Z b Z b • Si f (t) dt diverge alors g(t) dt diverge. a a Exemple 4: Déterminer la nature de l’intégrale Z 0 +∞ t2 1 dt. +t+1 1 est continue sur [0; +∞[, donc le problème ne se pose qu’en +∞. +t+1 1 1 (ii) Pour tout t > 0, on a 0 < 2 6 2. t +t+1 t Z +∞ 1 dt est une intégrale de Riemann qui converge car 2 > 1 donc d’après les critères de (iii) Or t2 1 Z +∞ 1 convergence sur les intégrales de fonctions positives, l’intégrale dt converge. 2 t +t+1 1 Z 1 1 1 est continue sur [0; 1] donc dt est convergente. (iv) De plus t → 2 2 t +t+1 0 t +t+1 Z +∞ 1 En conclusion, dt est une intégrale convergente. 2 t +t+1 0 (i) La fonction t → t2 Théorème 3 On suppose que au voisinage de b, f = o(g). Z b Z b • Si g(t) dt converge alors f (t) dt converge. Za b Z ba • Si f (t) dt diverge alors g(t) dt diverge. a a Théorème 4 On suppose que au voisinage de b, f ∼ g. Z b Z b b Alors les intégrales f (t) dt et g(t) dt sont de même nature. a Analyse : Chapitre 6 a Page 4 Intégrales généralisées Exemple 5: Déterminer la nature de l’intégrale Z +∞ 0 t2 − 5t + 7 dt. (t + 1)(4t2 − t + 2) 2 t − 5t + 7 est continue sur [0; +∞[ (dénominateur non nul sur [0; +∞[), (t + 1)(4t2 − t + 2) donc le problème ne se pose qu’en +∞. Vu la forme de la fonction à intégrer nous avons l’idée de la comparaison avec les intégrales de Riemann. Mais pour les intégrales de Riemann il nous faut l’intégrale de 1 à +∞. Donc nous découpons notre intégrale en 2 : sur [0; 1] et sur [1; +∞]. t2 − 5t + 7 est continue sur [0; 1] (dénominateur non nul sur [0; 1]) donc La fonction t → 2 − t + 2) (t + 1)(4t Z 1 t2 − 5t + 7 dt est convergente. 2 0 (t + 1)(4t − t + 2) Au voisinage de +∞ : 1 t2 t2 − 5t + 7 ∼ = 2 2 t→+∞ (t + 1)(4t − t + 2) t × 4t 4t Z +∞ 1 1 dt diverge et > 0, donc d’après les critères de convergence sur les intégrales Or l’intégrale 4t Z 4t 1 +∞ t2 − 5t + 7 de fonctions positives, dt diverge. (t + 1)(4t2 − t + 2) 1 Z +∞ 2 t − 5t + 7 En conclusion dt est une intégrale divergente. 4t3 + 2t − 1 0 (i) La fonction t → (ii) (iii) (iv) (v) 3 Fonctions de signe quelconque Définition 5 Soient a, b ∈ R, on dit que l’intégrale Z b f (t) dt est absolument convergente si l’intégrale a est convergente Z b |f (t)| dt a Théorème 5Z b Si l’intégrale f (t) dt est absolument convergente alors cette intégrale est convergente. a Attention, si 4 Z b |f (t)| dt est divergente alors a Z b f (t) dt n’est pas nécessairement divergente. a Comparaison série-intégrale Théorème 6 Soit f une fonction continue, positive et décroissante sur [1; +∞[. Alors la série Z +∞ f (t) dt sont de même nature. +∞ X f (n) et l’intégrale n=1 1 Analyse : Chapitre 6 Page 5 Intégrales généralisées On peut alors grâce à ce résultat démontrer la convergence des séries de Riemann : Théorème 7 Soit α un réel. La série X1 converge ssi α > 1. nα Il suffit d’utiliser le théorème précédent et le résultat sur les intégrales de Riemann. Voici maintenant la démonstration du théorème 6. Démonstration : Comme la fonction f est décroissante sur [1; +∞[, on a : ∀t ∈ [k; k + 1] f (k + 1) 6 f (t) 6 f (k) Z k+1 Z k+1 Z k+1 ⇒ f (k + 1) dt 6 f (t) dt 6 f (k) dt k k k Z k+1 ⇒f (k + 1)(k + 1 − k) 6 f (t) dt 6 f (k)(k + 1 − k) k ∗ ⇒ ∀n ∈ N , ⇒ n−1 X k=1 n X f (k + 1) 6 • n f (t) dt 6 1 f (k) − f (1) 6 +∞ f (t) dt converge, alors la suite 1 convergente est toujours bornée). n−1 X Z f (k) k=1 Z n f (t) dt 6 1 k=1 Z Z n−1 X f (k) k=1 n f (t) dt est majorée par un certain M (une suite 1 Donc, grâce à la première partie de l’encadrement on voit que n X f (k) 6 M + f (1). k=1 Ainsi la suite n X f (k) est majorée. De plus cette suite est croissante car pour tout k, k=1 f (k) > 0. Or croissant +Pmajorée implique convergent. Donc la série f (n) est convergente. n−1 X P f (k) est bornée par un certain L. • Si f (n) est une série convergente, alors la suite k=1 Z n Z n Grâce à la deuxième partie de l’encadrement, on a alors f (t) dt 6 L. La suite f (t) dt est donc majorée. De plus cette suite est croissante car f est positive. Z Donc cette suite est convergente et ainsi, l’intégrale 1 1 +∞ f (t) dt est convergente. 1 2 Analyse : Chapitre 6 Page 6 Intégrales généralisées