La Vie devant soi - Théâtre du Grand Rond
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La Vie devant soi - Théâtre du Grand Rond
LA COMPAGNIE Cie Les Chiennes Nationales « Il ne suffit pas de créer un spectacle, nous a-t-on dit, il faut s’identifier ! » Entre Chaînes Nationales et Scènes Nationales, nous avons trouvé un compromis…Et c’est ainsi que fut fondée en 2010, la compagnie Les Chiennes Nationales, lors de sa résidence à l’Usine (lieu conventionné dédié aux arts de la rue Tournefeuille/Grand Toulouse) pour la création de ROUGE, spectacle associant divers talents (comédiens, commande de texte à un auteur, plasticienne-graveuse, vidéo). Maïa Ricaud, comédienne et responsable artistique de la compagnie, assure avec conviction et énergie la ligne artistique de la compagnie, basée sur des choix littéraires coup de cœur et leur adaptation pour la rue. Ces textes sont ainsi livrés dans des formes toujours différentes, affranchies d’un maximum de contraintes scénographiques et suscitées par une grande liberté d’expérimentation. LA LIGNE ARTISTIQUE "La littérature est tout sauf un obstacle" ( Romain Gary). Faire le choix de la littérature comme matériau d'un spectacle est tout à la fois un défi et une promesse. Ce projet oblige à devoir faire preuve d'inventivité et offre dans le même temps l'occasion d'une forme de partage nouvelle. Il ne s'agit pas ici d'opposer le classique au moderne, mais de trouver un équilibre, qui est au cœur même du parcours, comme de la démarche, de Maia Ricaud. Tout en se formant de manière traditionnelle (à l'Atelier Volant du théâtre national de la cité à Toulouse), elle se confronte tôt à l'expérience du théâtre de rue (avec le PHUN notamment), dont les codes vont enrichir son apprentissage de comédienne. La découverte du travail des textes ne se trouve pas fragilisée par la gestion de l'imprévu et par la spontanéité que permet de développer le théâtre de rue. Elle comprend rapidement que l'un peut être le complément de l'autre, et très tôt, l'idée lui vient de s'essayer à l'adaptation de textes littéraires pour tenter d'ouvrir les frontières qui séparent bien souvent culture populaire et culture d'initiés, spectacle vivant et patrimoine, création dans un lieu dédié au public et création dans un lieu inédit ou décalé. La base de cette envie reste dans la volonté de réinventer la place du spectateur, en investissant des lieux nouveaux et/ou en donnant à entendre des œuvres non destinées à la scène. En approfondissant ses méthodes de travail et d'adaptation, en construisant des projets dont l'architecture doit rester solide à son passage dans la rue, la représentation étant alors soumise aux imprévus, au présent et au réel dans ce qu'il a de plus immédiat, elle souhaite renforcer les liens qu'elles tissent depuis des années entre texte et public, permettant ainsi au spectateur de devenir désormais un convive, sinon un complice, de ne pas oublier le citoyen qu'il est, semblable à l'artiste comme à son voisin, le débarrassant aussitôt, par une mise en espace toujours singulière, de tout à-priori concernant la littérature, de tous jugements hâtifs quant à l'aspect parfois figé des textes. Et c'est alors ensemble que le spectacle s'invente et se vit comme une expérience qui change les uns comme les autres! LE TEXTE Une adaptation de La vie devant soi d’Emile Ajar/ Romain Gary Durée : 50mn Adaptation : Maïa Ricaud et Olivier Waibel Mise en espace : Maïa Ricaud Jeu: Maïa Ricaud et Nathalie Pagnac Ce texte écrit par l’auteur le plus énigmatique de sa génération, nous offre la possibilité, à travers l’histoire d’amour d’un petit garçon arabe et d’une vieille femme juive, d’avoir un regard dépourvu de préjugés religieux et culturels. Le seul conflit est face à la vie, les autres murs tombent. Ce roman, récompensé du prix Goncourt, nous invite à suivre Momo, qui grandit dans le Belleville des arabes, des juifs et des prostituées qui partagent joyeusement leur misère et se débattent contre la vie « parce que ça ne pardonne pas ». Le témoignage fictionnel de Momo soulève la question: comment trouver sa place ? Pour toute réponse, Romain Gary propose la fraternité. Il est donc essentiel pour nous que ce moment de spectacle traduise à sa façon, vivante, drôle, cette même fraternité, le spectateur devenant lui aussi personnage d'une histoire que nous allons vivre ensemble. Le choix de ce roman et l’envie de l’adapter ont été influencés par la notion de citoyenneté qu’il soulevait. Romain Gary interroge notre Monde. La parole vive de Momo permet l’interaction avec le public et son invitation à le suivre n’en est que plus jubilatoire. MISE EN SCENE Par leur présence au sein même du dispositif, les spectateurs, installés par les comédiennes dessinent la scénographie : L’entrée du public est orchestrée de manière à ce que celui-ci se retrouve dans le vif du sujet et pour ce faire il se verra offrir thé à la menthe, bonbons et autres sucreries. Un accueil convivial et désordonné où le partage a son importance. Un joyeux « bordel » où le nombre de personnes (de 50 à 400) devient une caricature de l‘appartement de Madame Rosa : « Un véritable orphelinat pour enfants de putes ». Plus tard, en leur demandant de se rapprocher au plus près des comédiennes et de se serrer les uns aux autres, nous suggérerons un espace confiné, la cave, où Madame Rosa finira sa vie. Tout au long du spectacle les comédiennes sortent des cadres/photos d’un vieux carton. Ces portraits naïfs et maladroits reproduisent la drôlerie enfantine avec laquelle Momo dépeint son monde. SCENOGRAPHIE La scénographie se crée en fonction du public et de son nombre. Notre décor tient dans une voiture. Sacs remplis de linges, fils à linge, pinces à linge et cadres photographiques sont les éléments qui constituent notre décor. La scénographie est ainsi modulable selon les lieux proposés. Les comédiennes évoluent au milieu des spectateurs. Il n’est donc pas nécessaire de prévoir un espace de jeu supérieur à 3X3 mètres en frontal. L’EQUIPE Maïa Ricaud a travaillé avec le PHUN, le GROUPE MERCI, F. LEIDGENS, J.J. MATTEU, H. SOULIER, V. BERNATET, le COLLECTIF CRYPSUM. Formée à 3BC Cie puis à L’Atelier Volant (Théâtre National de Toulouse). Formateurs (Stanistlas Nordey/ TG Stan/ Big Art Group, Solange Oswald, Aurélien Bory, Pierre Rigal, Sébastien Bournac, Jacques Nichet). Elle monte en 2010 la Cie Les Chiennes Nationales. Nathalie Pagnac a travaillé avec ILKA SCHÖNBEIN, Le T.I.C, E. SANJOU, P. SERAUDIE, P. BERGER, G. FOSSIER, actuellement avec le PHUN. Olivier Waibel a travaillé avec J. NICHET, J.J. MATTEU, C. DUPARFAIT, P. NICOLE, F. CLAVIER, V. BARRETEAU , C. WAGNER. Il travaille désormais au sein de son collectif CRYPSUM- à Bordeaux. ANNEXE Actualité critique du spectacle vivant / Grand Toulouse Critique La vie devant soi Théâtre du Grand Rond Quelqu'un à aimer Publié le 14 Mai 2011 G oûter à la magie des mots, à leurs sonorités. Entrer et pénétrer la substance même d'un langage dépouillé d'artifices, spontané et qui dit vrai. Toute la sensibilité du petit Momo de Romain Gary vibre dans les cordes vocales de Maïa Ricaud et de Nathalie Pagnac, qui convient le public à entendre ou réentendre La vie devant soi de l'auteur encore peu connu sous le nom d'Emile Ajar. Un voyage dans la sensibilité vocale et scénique de lectrices qui entrent progressivement dans l'intimité des spectateurs. Si dans l'œuvre de Romain Gary la mort émerge au cœur de l'enfance et de la vie, c'est la vie qui surgit au milieu du silence dans la lecture que livrent Maïa Ricaud et de Nathalie Pagnac. La promenade apéritive laisse apparaître des images de Belleville, de l'appartement de Mme Rosa au sixième étage sans ascenseur, de l'escalier terrifiant, de Moïse, de Banania, de M. Hamil, du parapluie Arthur. Et bien sûr de Momo, un petit garçon de quatorze ans qui pense n'en avoir que quatorze. Il vit chez Mme Rosa, une vieille dame juive qui a connu Auschwitz, s'est ensuite 'défendue' (prostituée) pendant un temps avant d'accueillir dans sa 'crèche clandestine' les 'rejetons de toutes les couleurs' que des mères prostituées ont abandonnés.. 'Une vraie source de vie quotidienne, avec tous les soucis et les peines' Mais un apéritif ne se boit jamais seul. Aussi Momo n'est-il pas le seul narrateur lors de cette lecture. L'incarnation successive qu'en offrent Maïa Ricaud et Nathalie Pagnac fait ressortir l'impression de vie qui déborde de cette pièce et reflète le double caractère du personnage, tantôt chapardeur et effronté, tantôt réfléchi et 'philosophe', comme il se qualifie lui-même. Mais l'intérêt de cette lecture à deux voix, quand il en faudrait davantage pour interpréter l'ensemble des personnages, réside aussi dans l'idée d'adaptation de Momo, de sa capacité à côtoyer autant le monde des adultes que celui des enfants. Les lectrices prêtent donc leur voix à Mme Rosa, M. Hamil et bien d'autres, comme le fait le narrateur lui-même dans le livre. La distinction des rôles se perçoit grâce aux changements de timbres de voix mais aussi grâce à l'escabeau sur lequel les lectrices se perchent lorsqu'elles font corps avec ces autres personnages, comme si cet accessoire scénique matérialisait la hauteur que peuvent prendre les adultes sur les situations ou sur la vie d'une manière générale. Tous ces éléments rendent l'esprit vivant de l'œuvre et marque la volonté de décrire le décalage entre la 'solitude' de Momo et l'environnement rempli de vie dans lequel il vit. Un environnement étoffé de vêtements d'enfants suspendus à une corde. Un environnement vivant, comme en témoigne l'interaction avec le public réparti dans cet appartement du sixième étage, dans lequel les comédiennes déambulent pour parfois s'arrêter sur les genoux hospitaliers d'un spectateur. Les extraits de l'œuvre finement sélectionnés, emboîtés et interprétés par Olivier Waibel, Maïa Ricaud et Nathalie Pagnac mettent bien en lumière la palette de couleurs dont s'est servi l'auteur pour composer cette vitrine de Belleville. Tout y est : l'ambiance populaire et familière ; le ton à la fois rude et cocasse, grave et saugrenu ; l'écriture spontanée, zélée, qui suit les pensées espiègles, sincères et drôlement sensibles du galopin. Le décalage des dialogues et des comportements qui permet au rire et à l'optimisme de l'emporter sur le désespoir. La drôlerie des anecdotes et des détails, comme ces portraits bigarrés de Victor Hugo ou Hitler projetés en vidéo. Un style qui dit vrai. Une lecture qui donne à voir, à sentir, à entendre et à vivre. Un spectacle qui reproduit cette atmosphère si particulière de la vie au point que les textes sur lesquels s'appuient les lectrices finissent par s'évaporer, par ne plus se voir. Une très bonne mise en bouche qui donne envie de passer au plat principal, de lire ou relire cet exemple de vie et d'optimisme. Ou mieux, de l'entendre et le vivre... || Mathilde Lacro Article du journal de Saône-et-Loire/Festival « Chalon dans la rue » 22 juillet 2012/ Les Chiennes Nationales/ Titre de l’article : La merveille devant soi Une adaptation réussie d’un roman d’Émile Ajar. Photo É. B. Deux comédiennes livrent une adaptation poignante de La vie devant soi, dont on sort avec l’envie irrépressible de lire ou relire le roman d’Émile Ajar. Ça ne paye pas de mine, chez Mme Rosa, à Belleville. Le linge sèche en continu sur des fils. Des torchons, d’immenses culottes et soutiens-gorge « parce qu’elle a les fesses et les seins plus gros que n’importe qui », et surtout, des vêtements d’enfants. Car Mme Rosa, vieille juive rescapée d’Auschwitz, ancienne prostituée, recueille « tous les enfants de pute ». Parmi eux, Momo, attachant petit garçon arabe, gouailleur et sensible, débrouillard et vif. Joué tour à tour par les deux comédiennes, c’est lui qui nous raconte, dans son langage sans détour, le quotidien de La vie devant soi, roman – et prix Goncourt – d’Émile Ajar (Romain Gary). D’une étonnante maturité – peut-être parce qu’il a 14 ans alors qu’il pense n’en avoir que 10 –, il dépeint un quotidien parfois rude, la misère et le désœuvrement, la peur de l’Assistance publique ou de l’hôpital, mais aussi l’amour, simple et entier, et la tolérance. Ici, pas de heurts entre jeunes et vieux, pas de préjugés religieux et culturels. Mme Rosa, jouée également par les deux comédiennes, est tendresse, humour et mansuétude, sous des abords abrupts et usée par un passé qui cabosse. Comme le dit Momo, « on est tous égaux, quand on est dans la merde ». Et les conflits, on les a avec la vie. Dans cette ambiance où la poésie n’a que rarement sa place, on sourit pourtant. Mais on réfléchit surtout, au travers de paroles prononcées avec la candeur étonnamment lucide de l’enfant, ou la clairvoyance amère de la vieille femme : « Le bonheur, c’est une belle ordure et une peau de vache et il faudrait lui apprendre à vivre » ;; « C’est pas nécessaire d’avoir des raisons pour avoir peur » ;; « Lorsqu’il n’y a personne pour vous aimer autour, ça devient de la graisse. » Un texte toujours d’actualité 40 ans après son écriture, et dont l’adaptation pleine de justesse traduit finement l’émotion. Avec un final absolument bouleversant. Aujourd’hui, à 15 heures, cour du studio photo Piffaut, rue du Port-Villiers. Article du journal « Echo 62 » du 26/05/2013 – Festival Z’arts Up La compagnie Chiennes Nationales Oh la belle vie… devant soi Béthune. Entre trois cordes à linge, et du linge, beaucoup de linge, les deux comédiennes de la Cie Chiennes Nationales ont emmené les spectateurs chez Mme Rosa. Chez cette « femme qui aurait mérité un ascenseur »… mais qui grimpait vaillamment ses six étages, à Belleville « avec tous ces kilos qu'elle portait sur elle et seulement deux jambes, c'était une vraie source de vie quotidienne, avec tous les soucis et les peines ». Elles ont dit le très beau texte d’Émile Ajar, Romain-Gary, et ont présenté le personnage de la vieille juive, nourrice d’enfants arabes, juifs, noirs, enfants de prostituées… et celui de Mohammed, Momo, dix ans. Les paris étaient audacieux. Comment adapter « La Vie devant soi » en spectacle de rue, garder l’essentiel du roman (récompensé du prix Goncourt) en ne le dénaturant pas, couper dans le texte en le gardant compréhensible, et enfin le mettre à la portée de tous ? Les Chiennes nationales Maïca Ricaud et Nathalie Pagnac ont remporté la mise. Elles ont trouvé la question essentielle de l’histoire, « comment trouver sa place dans le monde ? » et s’amusent du coup sur le plateau à changer de rôle tour à tour. Comme Romain Gary, les comédiennes répondent à l’interrogation pas la Fraternité. Entre thé à la menthe, proximité réelle et apostrophes du public, elles installent une vraie complicité, une vraie joie. Réjouissance malgré la grande misère, intelligence malgré l’approximation, amour malgré les différences… en 50 minutes, les « Chiennes nationales » ont donné toute leur force et leur ingéniosité. Elles ont offert un magistral hommage à Romain Gary. Le spectacle a été présenté à la 14e édition de l’excellent festival européen des arts de la rue Z’Arts Up ! Rens. [email protected] Adaptation Maïca Ricaud et Olivier Waibel Direction artistique, Maïa Ricaud, 06 72 92 10 08 Diffusion, Esther Hélias, 06 20 83 16 25 Marie-Pierre Griffon URL courte : www.echo62.com/actu3618 Responsable artistique : Maïa Ricaud O6/72/92/10/08 Production-diffusion : Esther Hélias 06/20/83/16/25 http://cieleschiennesnationales.blogspot.com [email protected]