dossier ui 2007.indd - Théâtre Marie

Transcription

dossier ui 2007.indd - Théâtre Marie
farce bouffonne
d’après
La Résistible Ascension d’Arturo Ui
de Bertolt Brecht
Sistite, bouffonne,
brandissant le symbole de la convoitise
adaptation et mise en scène
mise en sons
masques, perruques,
marionnettes et costumes
Patrick Rabier
Sébastien Smither
Cédric Pera
décors
Caroline Selig,
Daniel Garcia
création lumière
Vincent Guibal
Les cinq bouffons sont
Sylvain Mouly,
Isabelle Pan,
Cédric Pera,
Caroline Puyet
et Frédérique
Souloumiac.
Création saison 2004/2005 réalisée en auto-financement.
02
farce bouffonne
d’après
La Résistible Ascension d’Arturo Ui
de Bertolt Brecht
.
Témoignages : il y a eu des précédents ! .
Signalements : l’équipe de Sam Harkand & cie .
Enquête sur le passé de Sam Harkand & cie
.
Investigation : profil d’une mise-en-scène .
..
..
..
Filature : la taupe, leur QG .
Témoignages : ils l’ont vu ! .
Témoignages : ils sont repérés ! (presse) .
.
Mise en examen : Arturo Ui
Le bouffon
Que demeure-t-il de tout cela dans leur forme théâtrale actuelle ?
Pourquoi des bouffons pour jouer du Brecht ?
Pourquoi monter arturo Ui ? Préméditations
À quoi ça ressemble ? Reconstitution
Fiche technique
photos
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Scorbüt, bouffon, interprétant Arturo Ui en plein meeting
sommaire
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On me demande régulièrement
«pourquoi :
Sam Harkand & Compagnie ?».
Lorsque j’étais enfant,
j’ai longtemps cru que la ville de
Samarkand était une ville imaginaire
puisqu’une histoire extraordinaire
que l’on m’avait racontée s’y déroulait.
J’ai appris au collège qu’elle existait
et qu’elle se trouvait en Uzbekistan;
mais elle est restée pour moi
un symbole du monde imaginaire.
«Et Compagnie» parce que j’ai toujours
pensé que l’on ne fait rien de durable tout
seul, et qu’une création théâtrale ne peut
exister que grâce à une équipe; qu’elle ne
peut s’enrichir que grâce aux rencontres
avec le public et avec d’autres artistes,
grâce à l’échange. De plus, j’ai appris
récemment que le nom «Samarkand»
tenait son origine du sanskrit qui signifie
«ville de la rencontre».
Il n’y a finalement pas de hasard !
La compagnie est née en septembre 1990 sous l’impulsion de
Patrick Rabier qui est toujours aux commandes artistiques et à
la mise en scène.
Elle a grandi entre spectacles jeune public et spectacle pour
public adulte, avec une spécificité qui s’est affirmée très vite :
le jeu masqué.
Au fil du temps un univers singulier s’est dessiné de plus en plus
précisément : le grotesque, incarnation parfaite de la tragicomédie chère au metteur en scène, puisqu’il est la rencontre
entre le rire et le morbide.
Avec l’aide de Cédric Pera, des masques grotesques ont été
créés spécialement pour les spectacles de la compagnie, conjugaison du masque de Commedia dell’Arte et maquillage du
cinéma muet expressionniste.
Puis les marionnettes sont venues compléter la galerie de
personnages de Sam Harkand & Cie, toujours fidèles à l’univers
visuel de la compagnie.
Enfin le retour aux sources de ce type de jeu et de mise en
scène : le clown et le bouffon.
Javelle, bouffonne, dans le rôle de l’inspecteur Ducas
inquiétant le Trust du chou-fleur
sur le passé de
Sam Harkand & cie
Ces dernières années vous avez peut-être vu :
• 2000/2004 Le Misanthrope, Comédie Masquée
d’après Molière (masques grotesques et un clown)
• 2001/2003 Dweedom, la Petite Sorcière
(jeune public avec masques et marionnettes)
• 2002/2004 Pataquès et Baraques de Clowns
(trio de clowns)
• 2003/2006 La Légende du Grand Imaginateur
(jeune public, clown, masque et marionnettes)
• 2005 Clown Celebrity (quintet de clowns, pièce
courte)
• 2004/2007 Arturo Ui, Farce Bouffonne
(bouffons, masques et marionnettes)
En 2000, Sam Harkand & Cie ouvre le théâtre
Marie-Jeanne, programmation pour clowns, masques,
marionnettes et cabarets.
04
il y a
eu des
précédents !
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l’équipe de
Sam Harkand & cie
On les a obligés à
répondre à une seule
question :
“Qu’avez-vous fait pour
en arriver là ?”
patrick Rabier
chef d’accusation :
endoctrineur de bouffons pour
l’opération “Brecht“
“J’ai commencé par faire des études littéraires
d’abord en Lettres Supérieures au lycée Thiers
de Marseille puis en Licence d’anglo-américain
à Aix-en-Provence. Mais c’est le théâtre, que je
pratiquais depuis le lycée, qui a pris le dessus.
J’ai donc quitté l’université pour suivre une
formation de comédien dans des ateliers et des
stages professionnels dont les plus marquants ont
été ceux menés par Françoise Merle (pratique du
masque neutre, du demi-masque et du clown),
Ludwik Flazsen, Franck Dinet (élève de Jacques
Lecoq), Christophe Galland, Claude-Alice Peyrot-
tes... Mais en parrallèle j’ai également pratiqué
assidûment la danse (avec William Petit, Suzon
Holzer, Philippe Chevalier, Odile Cazes...) et le
chant lyrique (avec Jean-Louis Devèze-Casado).
Après plusieurs expériences en tant que comédien, je désirais passer également à la mise-enscène. C’est pour cela que j’ai créé Sam Harkand
& cie en 1990 avec une équipe d’artistes et
de techniciens du spectacle rencontrés lors de
diverses aventures. Pour savoir ce que j’ai fait
ensuite, il suffit de lire le rapport d’enquête fait
sur Sam Harkand & Cie à la page “04” puisque
c’est principalement là que je sévis en mettant
en scène des spectacles de clowns, de masques
ou de marionnettes, que j’enseigne ces formes
à ceux qui veulent s’y convertir et que j’écris, à
l’occasion, des spectacles pour le jeune public.”
sébastien Smither
chef d’accusation :
veut tous les faire chanter
“J’étudie au conservatoire d’Avignon le violon
puis le saxophone pendant six ans. Jusqu’en 1997
je fréquente diverses écoles de jazz, comme
l’A.J.M.I. à Avignon ou l’I.M.F.P. à Salon-de-Provence. En 1991 je suis le chanteur des Bishops,
groupe de rock 70’s, où je constitue avec Simon
Fayolle et Quentin Leroux le noyau de base du
futur “Güs Weg Watergang”.
Installé à Marseille depuis 1998, j’accompagne
le chanteur David Lafore le temps d’une saison,
puis me joins au groupe tzigano-russe “Na
Zdarovie” (avec qui je suis lauréat en 2000 du
“Tremplin du Moulin et de la Busserine”) et au
groupe Trio Mitcho (notamment pour un cabaret
russe pour le Festival d’Avignon 2001) en plus du
«Güs Weg Watergang».
La rencontre avec Sam Harkand & Cie se fait
par l’intermédiaire de Charlotte Malmanche,
comédienne chez Sam Harkand & Cie à partir de
1999. Associé à Richard Rozenbaum et au Güs
Weg Watergang, je compose et joue la musique
originale du “Misanthrope - comédie masquée”
et du jeune public “La Légende du Grand Imaginateur”.”
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sylvain Mouly
bouffon
chef d’accusation :
éradication en tous genres
“Mon parcours artistique a débuté par l’intermédiaire de la musique (guitare et djumbé). Puis, en
1997, je me suis orienté vers le théâtre. C’est là
que j’ai croisé la route de Sam Harkand & Cie en
suivant un stage puis un atelier de jeu masqué.
Pendant les quatre années qui suivent, j’aborde la
pratique du clown et participe à diverses animations de la compagnie ainsi qu’à diverses création
d’atelier. En 2001, me reconnaisant un réel talent
dans cette expression théâtrale, Patrick Rabier
isabelle Pan
bouffonne
chef d’accusation :
émule de Bonnie Parker
“C’est en 1997 que je fais mes premiers pas sur
scène grâce à Catherine Carpentier (Cie Idalo-Marseille). Deux ans plus tard je croise la route de Sam
Harkand & cie qui me permet d’aborder les pratiques du clown et du masque grotesque. En 2001,
Patrick Rabier m’engage pour la création masquée
“Le Misanthrope”. Je décide alors d’enrichir ma
pratique du masque : initiation au masque balinais
avec Lionel Briand (2002) et à la Commedia dell’Arte avec Roméo de Baggis (2003). Ce dernier me
propose d’intégrer sa création “Zanni e Lazzi” pour
caroline Puyet
bouffonne
chef d’accusation :
usurpation d’identités
“C’est en 1990 que je fréquente mon 1er cours de
théâtre. Au lycée Molière, à Paris, je vis deux années intenses. Dirigée par Yves Steinmetz, la classe
théâtre est jumelée avec la Comédie Française. En
1995, naissance de mon clown, à Lille en atelier
avec Philippe Despature (formé par Mario Gonzales). Ma première et unique année de deug théâtre
à Nanterre met sur ma route Jean-Louis Besson,
Grégoire Ingold et surtout, Nicole Félix, qui paufine
mon clown et m’apprend les rudiments de la Commedia dell’Arte.
me propose alors d’être un des trois clowns de
«Pataquès et Baraques de Clowns» et d’interpréter
le rôle d’Alceste dans la création masquée «Le Misanthrope» de Molière. En parrallèle j’ai poursuivi
ma formation grâce à diverses expérience au sein
d’autres compagnie : stages de chants, stages de
marionnettes avec Coatimundi (Avignon), un atelier
“théâtre pour sourds et entendants” dirigé par Joël
Chalude. Depuis quelques mois je participe également en tant que comédien à la création jeune
public de la compagnie Point à la Ligne “Le Secret
de l’Impasse”.”
la compagnie L’Atelier Carbonnel (Avignon). Je
continue mon travail d’expression par le jeu corporel grâce au metteur-en-scène et comédien Joël
Chalude dans un atelier théâtre visant à faciliter la
communication entre sourds-muets et entendants.
Puis d’autres créations s’offrent à moi : à nouveau
avec Sam Harkand & cie, où je me forme à l’art
de la marionnette, pour la création “La Légende
du Grand Imaginateur” (création 2003) puis avec
la compagnie Point à la Ligne pour le spectacle
“Le Secret de l’Impasse” sous la direction de Lydie
Bernard. Parrallèlement à mon parcours théâtral
j’ai obtenu une licence d’Histoire de l’Art. J’anime
également, au sein de différentes structures, des
ateliers d’expression théâtrale pour les enfants et
adolescents en milieu scolaire et péri-scolaire.”
Je rentre à l’Ecole Florent en 1998, jusqu’en 2000.
J’y croise Jean-Damien Barbin, Benoît Guibert, Daniel Martin, François-Xavier Hoffmann et Françoise
Merle. C’est avec elle, que durant un stage à la
Cartoucherie de Vincennes, mon clown se révèle.
Puis, je découvre les Arts de la Rue... En 2001,
Marseille et la compagnie Générik Vapeur m’acceuillent à bras ouverts. Deux années de Théâtre
de Rue sont, pour moi, une expérience exceptionnelle. Malgré ma soif d’expériences diverses, je
continue à vouloir travailler mon propre clown.
Ce qui, par l’intermédiaire de Françoise Merle, me
porte jusqu’au Théâtre Marie-Jeanne, chez Sam
Harkand & cie, où je rencontre Patrick Rabier.
Un univers semblable, et des envies artistiques
communes nous poussent désormais à travailler
ensemble...”
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frédérique Souloumiac
bouffonne
chef d’accusation :
mangeuse d’hommes
“Tout a commencé en 1995. À cette époque, je
travaillais dans la pub et je sortais de cinq années
d’études en arts graphiques. Un ami me décide à
le suivre dans des cours de théâtre. D’abord, ce fut
l’initiation à l’Athanor Théâtre. Ensuite, les formations de Sam Harkand & Cie (le conteur-acteur,
le masque neutre, le demi-masque, le clown...).
En 1997, je suis engagée dans deux compagnies de
théâtre jeune public sur Marseille : le Petit Théâtre
et la Compagnie du Funambule. J’ai ajouté à
cette activité d’autres formations : le clown avec
la Compagnie du Grain (Brice de Charentenay) et
Monique Cappeau, le théâtre gestuel avec Philippe
Phénieux et Stéphane Lefranc, la marionnette avec
la Compagnie Coatimundi (Jean-claude Leportier),
le masque balinais avec Lionel Briand... Alors décidé à m’affirmer en tant que professionnelle, j’ai
participé à des impromptus de clowns pour Sam
Harkand & Cie, j’ai créé ma propre compagnie (la
Compagnie du Yak : cabaret-théâtre), j’ai intégré
la Compagnie Alien Australopithèque le temps
d’une performance pour Le Printemps des Musées,
j’ai pratiqué l’aïkido, le chant, le violon... C’est
en 1999 que j’ai intégré Sam Harkand & Cie pour
interpréter les rôles de Philinte et Acaste dans “Le
Misanthrope” de Molière en comédie masquée.”
cédric Pera
bouffon
chef d’accusation :
traficant d’identités et tailleur
de costards
“Je débarque en 93 au sein de Sam Harkand & cie
ne connaissant le théâtre que d’un point de vue de
spectateur non averti. Je suis alors encore étudiant
en arts appliqués, lorsque Patrick RABIER me confie
la communication de la compagnie, créant dès lors
les prémices de son identité visuelle.
Ayant une envie incessante de «toucher à tout», je
saisis toutes les opportunités qui s’offrent à moi,
commençant par la création des costumes et des
décors. S’en suivent la création de masques et de
marionnettes, répondant aux désirs scénographiques de Patrick Rabier. En parallèle, je suis les
ateliers amateurs clown et masque de la compagnie pour approfondir mon approche et découvre
un univers qui, depuis, me colle à la peau, celui du
clown lors d’une formation avec Françoise MERLE.
Après ces années de formation, je rejoins l’équipe
de comédiens sur plusieurs spectacles : “De l’Autre
Côté de l’Histoire” et “Dweedom”, pour les créations jeune public masquées, et “Le Misanthrope”
et “Pataquès” où mon clown prend vie.”
caroline Selig
chef d’accusation :
faussaire, maniaque du pinceau
“J’habitais Grasse, ville des parfums, dans les
Alpes-Maritimes. Après le baccalauréat, je me suis
présentée au concours d’entrée des beaux-arts
d’Aix en Provence. Je l’ai réussi et j’ai signé pour
cinq ans. J’ai donc obtenu en 1991 le DNSEP. En
1992, Alain Beauchet et moi même avons crée Artonik, compagnie de théâtre de rue. Ca fait dix ans à
peu près maintenant que nous sommes installés à
la Friche belle de mai.
Parallèlement aux créations de la compagnie
(L’homme en Friche, Caliente, Candy-Candy, AliceStation 2...) je remets de temps en temps mon
tablier de plasticienne pour des décors de cinéma,
de publicité, ou d’événements artistiques. Puis j’ai
rencontré Patrick Rabier. Il cherchait quelqu’un
pour réaliser le décor d’Arturo Ui.
Je n’avais jamais eu l’occasion de travailler pour
une autre compagnie de théâtre. Bien que nous
ayons des démarches artistiques et des univers
différents, il me semblait intéressant de servir au
mieux les désirs d’un metteur en scène et d’être
au service d’une création autre que la mienne.”
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daniel Garcia
bouffonne
chef d’accusation :
maniaque de la scie électrique,
du marteau et de la visseuse
“Dès l’âge de quatorze ans, j’entre dans une école
de ferronnerie d’art. J’en pars deux ans plus
tard : besoin d’autres expériences. Je passe alors
de manutentionnaire dans une usine de boîtes de
conserve, à boulanger-pâtissier chez De Stefani,
à pompier, ambulancier, secouriste... Puis je me
remets à travailler le métal : je travaille comme
métallurgiste pour une société de réparation navale (la Société Provençale des Ateliers Terrains) et
y reste pendant dix ans.
Avec une complice, Estelle Ventoura, qui me
fera plus tard connaître Sam Harkand & Cie et le
théâtre Marie-Jeanne, je mets sur pied un réseau
international de snacks et le gère pendant quatre
ans. Puis, victime du succès, je décide de vendre
l’affaire et j’entre chez La Vigilante, société de
protection, en tant qu’agent de sécurité ; j’y
resterai treize ans. Puis le chômage survenant,
Estelle Ventoura me fait rencontrer l’équipe de
Sam Harkand & Cie qui décide de faire appel à mes
talents de ferronnier pour construire les structures du décor de son nouveau spectacle, Arturo Ui,
Farce Bouffonne.”
vincent Guibal
chef d’accusation :
dit Lucifer, se prend pour une
lumière
“J’ai commencé ma formation à la lumière avant
d’obtenir le Baccalauréat Lettres et Mathématiques en 1994, en secondant l’éclairagiste Françoise
Rouan dans ses travaux. Mes premières expériences
autonomes avec des compagnies amateurs puis
professionnelles datent de 1995, période pendant
laquelle je suis les cours du DEUST formation de
base aux métiers du spectacle, jusqu’en 1998. J’ai
depuis collaboré en tant qu’éclairagiste, régisseur
lumière, régisseur général ou régisseur plateau
avec diverses compagnies ou formations (Traffic
d’Art, La Variante, Bamboo Orchestra, No Quartet,
Soupape Oui-Da, Jour de Rêve, 200 Itinéraires,
Jubilo Label Bleu, Arts’felus, Kordax...). J’ai
également participé à la création ou à la reprise
de spectacles de théâtre, de magie, de danse
orientale ou contemporaine, spectacles musicaux,
choraux, déambulatoires, son et lumières. C’est en
1999 que je croise la route de Sam Harkand & cie
pour la reprise de la régie lumière d’un spectacle
jeune public. Depuis j’assure la création lumière
de tous leurs spectacles.”
les marchands de Vilbank et Molville
13
Arturo Ui
Malbouk et Gribiche, bouffons,
respectivement dans les rôles de Gori et Roma
rapport d’enquête :
Bertold Brecht (1898/1956)
Après consultation détaillée du dossier
concernant cette farce bouffonne, voilà
ce que l’on peut vous en rapporter, en
résumé :
Venue d’on ne sait où une troupe de cinq forains, grotesques
et peu engageants, a décidé de jouer devant vous avec
marionnettes, masques et vieux costumes, l’histoire d’un
certain “Arturo UI”. Les personnages principaux de cette
histoire sont cinq malfrats.
Arturo UI, leur chef, veut être en haut de la pyramide du
pouvoir. Avec ses complices, il va alors soudoyer, bafouer,
déshonorer, acheter, faire chanter.
Petit à petit, par la terreur, il gravira toutes les marches
qui mènent au pouvoir absolu.
le trésor, G.W. PABST, 1923
14
profil d’une
mise-en-scène
enquête préliminaire :
les bouffons et Brecht.
le bouffon
On a pu croiser les ancêtres
de ce personnage particulier
dans un passé plus ou moins
lointain. Au Moyen Age principalement. Tout le monde a
entendu parler des bouffons
de la Cour ou fous du roi.
On trouve des personnages
similaires dans les mystères
des XVe et XVIe siècles : ces
spectacles (d’inspiration
religieuse) avaient lieu sur
le parvis des églises. Lorsque
l’ennui s’installait dans la
représentation, on envoyait
les Diables : à la fois horrifiques et hilarants, ils étaient
censés tantôt faire rire,
tantôt faire peur.
A cette même époque on
représentait également une
forme de spectacle appelée
«théâtre profane». Il s’y
développait un esprit de dérision certain qui caricaturait
les autorités les plus respectables du moment.
Il existait également des «soties». Les «sots» fondaient
leur système de satire sur
cette hypothèse que la société toute entière est compo-
sée de fous. Ajoutant à leur
costume quelques éléments
significatifs, ils devenaient
successivement juge, soldat,
moine, noble etc.
Esthétiquement, le bouffon
doit aussi beaucoup au Carnaval, qui, en milieu rural,
est resté jusque tard fidèle
au Carnaval des origines (la
Fête des Fous ou Fête à l’Envers) où le rituel d’exorcisme
des tabous de la société et
l’esprit festif prévalaient.
Mais dans leur expression
scénique, les bouffons sont
directement liés au choeur
antique et à la tragédie
grecque.
Que demeure-t-il
de tout cela dans
leur forme théâtrale actuelle ?
“Ceux qui ne croient en rien
et se moquent de tout» dit
Jacques Lecoq. Ils ont en
effet gardé du Carnaval cette
abolition des limites sociales,
de l’exagération de tout et
de l’exubérance.
la troupe au complet : Sistite, Javelle, Malbouk, Scorbüt et Gribiche
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Sistite en actrice
Ils ont hérité de leurs ancêtres les fous
du roi leur fonction dénonciatrice : le
roi acceptait plus facilement quand un
«fou» se moquait de lui ou du pouvoir,
car cela ne prêtait pas à conséquence.
Le fou pouvait donc mettre à jour
toutes les contradictions et exprimer
toutes les vérités. Il en va ainsi pour les
bouffons de théâtre.
Leur fonction, dans le théâtre, ne
consiste pas à se moquer d’un individu
en particulier, mais de nous tous, de la
société en général. Les bouffons parlent
essentiellement de la dimension sociale
des relations humaines, pour en dénoncer l’absurdité.
Les bouffons n’arrivent pas d’espaces
réalistes. Ils arrivent d’ailleurs : du
mystère, de la nuit, du centre de la
terre. Si on devait absolument les rapprocher d’une réalité, ils seraient des
le cabinet du docteur Caligari, Robert WIENE,1919
saltimbanques, artistes ambulants qui
iraient de scènes en scènes représenter
les vices de la nature humaine dont
chacun d’entre eux est l’incarnation. Ils
vivent en bande. Ils ont des rituels précis qu’eux seuls comprennent. Quand ils
jouent, ils se déguisent en personnage
de notre société en s’affublant d’un
accessoire symbolique appartenant à
celui-ci. Ils n’entrent pas dans la psychologie du personnage qu’ils représentent : ils prennent la situation dans
laquelle il évolue habituellement et la
déforment, la tordent, la mettent en
jeu de façon inhabituelle pour que nous
puissions reprendre de la distance sur
ce que nous prenions pour une situation
normale.
Esthétiquement les bouffons appartiennent au monde du grotesque, espace
où s’entremêlent le rire et le morbide.
Leurs traits sont soulignés par un maquillage dont on peut voir des exemples
dans le cinéma expressionniste (voir
Murnau, Lang...). Plus qu’un simple maquillage, ils ont de véritables masques
dessinés sur le visage, dont l’esthétique
peut rappeler les masques du carnaval
de Bâle (aux immenses yeux cernés, aux
traits et attributs exagérés), les masques traditionnels du Valais en Suisse
(personnages de la famille de Tschäggätä : masques en bois sculptés grimaçants et effrayants) ou les masques
catalans (têtes difformes ou énormes,
traits déformés, diaboliques...). Leur
corps est difforme, comme si leur psychologie, leur caractère avait influencé
complètement leur développement
physique.
16
Pourquoi des bouffons
pour jouer du Brecht ?
Pour répondre très simplement à cette
question, il suffit de rapprocher les fondements du théâtre des bouffons avec
les points essentiels des théories de
Brecht sur le théâtre. Mais pourquoi
absolument coller aux idées théoriques
de Brecht pour monter une de ses
pièces ? Parce que ses pièces ont été
écrites d’après ces principes théoriques,
et que retourner au réalisme ou tout
autre forme traditionnelle, c’est appauvrir- voire trahir- la portée esthétique
et politique de son théâtre.
La théorie générale de Brecht est connue sous le nom de «Verfremdung» (la
distanciation), suite logique des travaux
du Russe Meyerhold sur
la «biomécanique».
Brecht, en raison de ses convictions
et de son engagement politiques, veut
faire de la scène une tribune. Il cherche
à détruire l’illusion réaliste qui endort
l’esprit critique et entretient le spectateur dans une totale passivité. Le spectateur ne doit pas s’oublier en s’identifiant au héros ; il ne doit pas vivre ce
que vivent les personnages, mais les
mettre en question. C’est ce que l’on
appelle le théâtre épique : il s’adresse
à la raison plus qu’à l’affectif (mais
il n’est pas dénué de sentiments !).
Ainsi le spectateur n’est pas un simple
consommateur de représentation, mais
un observateur qui, en se divertissant,
déchiffre un message politique. Sans sa
participation active, la représentation
est incomplète.
Pour mettre en forme sa théorie Brecht
s’inspire également du théâtre antique
(le choeur) et du théâtre chinois. Mais il
s’en inspire pour mieux détourner leurs
spécificités.
Du choeur il prend le principe du récitant (le coryphée) : mais chez lui ce
n’est pas un rôle à part entière ; chaque personnage joue tour à tour ce rôle
pour raconter l’histoire dans laquelle
il joue, faire des raccourcis, et casser
ainsi toute continuité réaliste.
Du théâtre chinois il cultive le principe
d’actes et de présences symboliques
pour commenter l’action qui se joue.
Dans notre version d’Arturo Ui, les bouffons, grâce à leurs spécificités (développées plus haut), viennent donner vie
à cette vision particulière du théâtre
avec, en plus, leur univers original.
crépuscule, G. Grosz, 1922
«Distancier, c’est transformer la chose qu’on veut faire
comprendre, sur laquelle on veut attirer l’attention, de chose
banale, connue, immédiatement donnée, en une chose
particulière, insolite, inattendue. Pour passer d’une chose
connue à la connaissance de cette chose, il faut la tirer hors de
sa normalité et rompre avec l’habitude que nous avons de
considérer qu’elle se passe de commentaire»
Bertolt Brecht.
jules Sergi, journaliste bien informé et bien entouré
«Pour Brecht, la scène raconte, la
salle juge, la scène est épique, la salle
est tragique. Or c’est cela la définition
même du grand théâtre populaire.»
Roland Barthes (Essais critiques)
17
profil d’une mise-en-scène
Hindsborough, père et fils
enquête
complémentaire
-1ère pièce apportée au dossier :
pourquoi monter
arturo Ui ?
préméditations
la justice en déroute
La réponse principale est d’une banalité déconcertante : parce que ce texte est, malheureusement, criant
d’actualité.
De plus, je ne connais pas de texte de théâtre qui
démonte de manière aussi limpide les mécanismes de
l’accession au pouvoir d’un tyran (on se rappellera
que Brecht écrit ici une parabole à peine maquillée
de la montée au pouvoir d’Hitler dans les années
30). En faisant d’une histoire vraie une fable pour la
scène, Brecht caricature, transpose et donc simplifie
un processus complexe pour en faire sortir une vérité
accessible au plus grand nombre.
Le processus est le suivant : prenez un égocentrique
qui ne supporte pas ses origines modestes, les vit
comme une humiliation permanente et qui décide
donc de se venger de ce monde en prouvant à tous
qu’il peut en devenir le maître absolu.
Mettez à proximité des hommes d’affaire lâches et
véreux qui veulent passer pour d’honnêtes citoyens
et dont la seule préoccupation est d’augmenter par
n’importe quel moyen leur influence et leurs gains.
Notre homme s’engouffre dans la brèche grâce au
chantage. En parallèle, il commandite en secret des
attentats auprès de ces hommes d’affaires et de leurs
clients. Il ne lui reste plus ensuite qu’à offrir son aide
moyennant finance pour qu’il stoppe ces attentats.
18
Non seulement il est perçu comme un
sauveur, mais il s’enrichit ; et comme la
puissance en ce monde est celle de l’argent, il devient doublement puissant.
Créer le besoin pour venir ensuite le
combler, nous faire croire à la terreur
pour venir ensuite nous en sauver, c’est
un système qui a encore eu de beaux
jours depuis Hitler et pas seulement
dans le domaine politique. Le type de
Intrigue, james Ensor
M. Dollfoot et sa future veuve
société dans lequel nous vivons où la
publicité est censée être le miroir de
notre réalité, où la télévision est censée
être l’endroit où la vérité prend sa
source, ce type de société donc, n’est
pas là pour arranger les choses.
Pour accéder au pouvoir il faut des
complices. Certains sont des complices
directs : ils aident le tyran grâce à leur
sympathie pour lui où à leur activité
quotidienne. D’autres sont des complices indirects qui le soutiennent grâce
à leur inertie. Ce sont également la
lâcheté, la passivité inconsciente et
l’indignation tardive qui jouent en sa
faveur.
J’ai donc voulu montrer à nos contemporains cette fable, sous la forme d’un
divertissement où la caricature va bon
train, comme le veut Brecht ou comme
le jeu des bouffons l’impose. Mais si
l’on commence le spectacle en présence évidente d’un miroir déformant,
la mise au point va se faire petit à petit
pour finir sur une image très nette :
notre propre image.
Je ne veux pas d’un théâtre pédagogique. Suis-je irréprochable pour donner
des leçons ? Cependant je me sentirais
vraiment coupable de ne pas partager
avec les autres ce que je sais ou ce que
j’ai pu comprendre. Je veux le faire
de manière ludique et empirique. Par
cette forme de spectacle empruntée
aux bouffons comme à Brecht, je veux,
comme le voulait ce dernier, donner aux
spectateurs une piste pour accéder à la
réflexion et donc à l’autonomie et à la
responsabilité.
Brecht se servait du théâtre comme une
tribune. A l’heure de la télévision toute
puissante, instrument de manipulation
et d’endormissement des foules, que le
théâtre soit le média du réveil des consciences - et quel qu’en soit leur nombre
dérisoire !
masque du valais
(traditionnel-Tschäggätä)
masque de carnaval de Bâle
masque de carnaval de Bâle
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-2ème pièce apportée au dossier :
à quoi ça ressemble ?
reconstitution
Quand le public est là, ils
ne peuvent s’empêcher de
retrouver leurs vieilles
habitudes de jeu. Ils conversent avec le public, se disputent tel ou tel rôle, commentent tout. Aujourd’hui,
ils ont décidé de représenter
une pièce qui leur tient à
cœur : La Résistible Ascension d’Arturo Ui.
les ruines ne sont plus sûres
Sur le plateau, comme dans
le recoin abandonné d’un
parc citadin, il y a une estrade aux rideaux et décors en
lambeaux, vestiges surannés
d’une époque où le spectacle
battait son plein. A côté de
cette estrade, gisent les
restes délabrés d’une roulotte, et puis des planches, un
tonneau vide, un brasero, de
vieilles malles... C’est au milieu dans cet espace que vit
une troupe de cinq bouffons
avec leurs habitudes, leurs
rituels, leurs affrontements.
Cette pièce contient plus de
trente personnages. Tour à
tour ils vont leur donner vie
en se masquant, en prêtant
leur voix à des marionnettes.
Masques et marionnettes
sont également inspirés de
l’univers des bouffons, puisque ce sont
leurs créations : mêmes
silhouettes exubérantes,
mêmes traits exagérés, on
pourra leur trouver des ressemblances avec les masques
de Bâle et du Valais, avec
les masques catalans, les
personnages des illustrations
de John Tenniel (célèbre
illustrateur d’Alice aux Pays
des Merveilles); ils pourraient
sortir d’un tableau de James
Ensor, Georges Grosz ou Otto
Dix.
De tant à autres, les souvenirs de cabarets clandestins
remontent à la surface et
ils nous chantent une partie
de leur histoire, comme les
coryphées du choeur antique. N’ayant plus aucun
instrument en état, c’est
avec des restes de ceux-ci
et avec l’aide de tout ce qui
peut émettre un son qu’ils
accompagnent certaines de
leurs actions. Mais ils mettent tout en oeuvre pour que
réussisse leur représentation,
que leurs propos ne laissent
personne indifférent.
C’est un choeur qui va
conclure le spectacle, en en
énonçant l’idée essentielle,
histoire que les bouffons
soient sûrs d’avoir été compris par le public avant de
regagner leur antre.
Patrick Rabier
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fiche technique
• Espace scénique minimal :
ouverture : 10m
profondeur : 9m
hauteur : 4m
• Temps :
montage : 8h
spectacle : 2h
démontage : 2h
• Matériel lumière :
(adaptations envisageables)
puissance électrique : 380V triphasé,
125A/phase
alims : 36x3Kw
pupitre : 48 circuits, 2 prépa + mémoires
8 PC 2Kw
18 PC 1Kw
26 PAR64, 1Kw, CP61
7 découpes 1Kw, type 614
2 découpes 1Kw, type 613
2 horiziodes 1Kw
prix
5000 € net
Arturo Ui après sa leçon de maintien
défraiements : tarifs en vigueur
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Mme Dollfoot au bout du fil
la taupe
layla Benabid
leur Q.G.
Sam Harkand & cie
Théâtre Marie-Jeanne
56, rue Berlioz
13006 Marseille
tel : 04 96 12 62 91
portable : 06 64 36 87 50
fax : 04 96 12 62 94
mail : [email protected]
blog : http://mangiafuoco.hautetfort.com
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ils l’ont vu !
ils l’ont programmé !
L’oeil de Moscou aux aguets
Richard Martin
Théâtre Axel Toursky
(Marseille)
Estelle Torrents,
Janine Sobrero
Théâtre François
Mitterrand
(Allauch)
Sylvia Hernandez
Maison du Peuple
(Gardanne)
Yves Reboul
Festival Theâtre
“Côté Cour”
(Salon de Provence)
Henri Moati
Théâtre de la Calade (Arles)
Anne-Marie Franon
Mairie de St Raphaël
André Neyton
Théâtre Comoedia
(Toulon)
Les Estivades
Festival de Cucuron-Vaugines
Benjamin Moutomé
Espace Culturel
de Taverny (95)
Leïla Benhabylès
Théâtre Simone Signoret
(Conflans-Ste-Honorine 78)
Valérie Bournet-Car,
Philippe Car
Cartoun Sardines Théâtre
(Marseille)
Jean-François Maurier
Cie du Crik
(Taverny)
Hélène Devaux
Cie de l’Arcane
(Marseille)
Christian Rauth
Comédien, Metteur en scène,
Scénariste, Producteur
(Paris)
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ils sont repérés !
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