Thse de doctorat en pharmacie

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Thse de doctorat en pharmacie
UNIVERSITE TOULOUSE III – Paul SABATIER
FACULTE DES SCIENCES PHARMACEUTIQUES
Année 2004
THESE 2004 TOU3 2063
THESE
POUR LE DIPLOME D’ETAT DE DOCTEUR EN PHARMACIE
Présentée et soutenue publiquement
Par
BRETON Eric
2004 SERA-T-ELLE UNE ANNEE CHARNIERE EN TERME DE LUTTE
ET DE PREVENTION ANTIDOPAGE ?
02 juillet 2004
Directeur de thèse : TROUVE Patrice
JURY
Président : CAMPISTRON Gérard
1er assesseur : MARTINEZ Dorian
2è assesseur : MESPLE Geneviève
3è assesseur : HUC Anne
1
Mr Trouvé, vous m’avez fait l’honneur d’accepter avec beaucoup de gentillesse de diriger
mon travail. Je vous prie de trouver ici l’expression de mon profond respect et mes plus
sincères remerciements.
Mr Campistron, je vous remercie vivement d’avoir accepté la charge de présider cette thèse.
Je tiens à vous faire part de ma reconnaissance pour votre totale disponibilité. Veuillez trouver
ici l’expression de toute ma gratitude et de mon plus profond respect.
Mr Martinez, vous m’avez fait le grand plaisir et l’honneur de participer au jury. Je vous
remercie pour votre disponibilité à mon égard. Veuillez trouver ici l’expression de ma plus
profonde reconnaissance.
Mme Mesplé, vous me faites le grand honneur de participer au jury et de juger mon travail. Je
tiens à vous exprimer ici toute ma reconnaissance pour votre soutien et votre sollicitude.
Mme Huc, vous me faites également le grand honneur et le grand plaisir de participer au jury.
Je tiens très particulièrement à vous remercier pour votre soutien et votre aide précieuse tout
au long de ces derniers mois. Veuillez trouver ici l’expression de ma plus profonde
rennaissance.
2
Remercier Audran, Mrs Renoult & Kinna, les animateurs du CERS, Jean, Depiesse, Magaloff,
Montastruc, B & J
Puis Parents, amis, les potes, quoi !
Sommaire
Introduction……………………………………………………………..
Première partie : Histoire du dopage et évolutions
1. Historique du dopage…………………………………………..
2. Définition…………………………………………………….……
2.1. Premières tentatives…………………………………
2.2. Définition actuelle selon l’AMA……………………………………………………..
2.3. Définitions adoptées par la France…………………………………………………..
3. La politique française………………………………………………..
3.1. Adoption d’une loi antidopage en 1965 : « Loi Herzog » ……………………………..
3.2. «Loi Bambuck » de 1989………………………………………
3.3. « Loi Buffet » de 1999……………………………………………………………….
3.4. Loi actuelle……………………………………………………………………………….
4.
L’Agence
Mondiale
Antidopage
(AMA) et
le
Code
mondial
antidopage……………….…………………………………….
4.1.Présentation générale……………………………………………………………..
4.2. Ses principaux programmes……………………………………………………
4.3. Plan stratégique 2004 – 2009………………………………………………………….
4.4. Dispositions applicables…………………………………………………..
4.5. Sommaire des dernières modifications de la liste applicable dès le début des JO
d’Athènes 2004. ………………………………………………………………………..
a. Généralités……………………………………………………….
b. Commentaires relatifs à chaque section…………………………
3
- Section I : substances et méthodes interdites en compétition………………..
- Section II : substances et méthodes interdites en et hors compétition……….
- Section III : substances interdites dans certains sportifs……………
- Section IV : substances spécifiques …………………………………
Deuxième partie : Lutte antidopage
1. Moyens essentiels employés…………………………………………..
2. Description et analyse ………………………………………
2.1. Substances interdites……………………………………………………….
2.1.1.Précisions …………………………………………………………………………
2.1.2.Substances interdites en compétition………………………………………….
S1. Stimulants
S2. Narcotiques
S3. Cannabinoïdes
S4. Agents anabolisants
S5. Hormones peptidiques
S6. Béta-2 agonistes
S7. Agents avec activité anti-œstrogène
S8. Agents masquants
S9. Glucocorticoïdes
2.1.3. Substances interdites en et hors compétition……………………..
a. Rappel………………………………………………………
b. Produits autorisés hors compétition…………………………….
o L’affaire De Villiers……………………………………………
c. Produits autorisés en compétition…………………………………
c.1. Les Autorisations d’Utilisation à des fins Thérapeutiques (AUT)……
Procédure abrégée…………………………………………….
o Asthme chez les athlètes…………………………………………………………
a. Présentation…………………………………………………………………..
4
b. Prévalence en fonction du niveau de pratique………………………………….
c. Prévalence en fonction de la discipline………………………………………
d. Diagnostic et traitement ……………………………………………………….
e. Traitement……………………………………………………………………
f. Discussion – salbutamol et corticoïdes – …………………………………..
Procédure standard………………………………………………………
c.2. les anesthésiques locaux…………………………………………………………
2.2. Méthodes…………………………………………………………………………………
M1 : Amélioration du transfert d’oxygène
M2 : Manipulation pharmacologique, chimique ou physique.
M3 : Dopage génétique
2.3. Contrôles antidopage…………………………………………
2.3.1. Difficultés rencontrées………………………………………………………………..
o l’affaire des bleus………………………………………………………………..
2.3.2. Dernières dispositions nationales……………………………………………………….
2.3.2.1. Note du ministre actuel……………………………………………………………..
2.3.2.2. Stratégie 2004………………………………………………………………………….
2.4. Suivi longitudinal……………………………………………………………………
2.5. Discussion générale…………………………………………………………………….
Troisième partie : Prévention et perspectives sociologiques
1. Pourquoi se dope-t-on ?…………………………………………
2. De la prévention chez les jeunes à la prévention secondaire…..
3. Omerta : entre éthique sportive et éthique médicale………………
3.1. Importance des médias et des sponsors…………………………………………….
3.2. Importance de l’encadrement sportif………………………………………………….
4. Conduites dopantes………………………………………………..
4.1. Présentation……………………………………………………………………
4.2. Définition…………………………………………………………………………..
4.3. Limites du concept…………………………………………………………………
5
4.4. Sont-elles addictives ?…………………………………………………………….
4.5. Risques pour la société……………………………………………………………
5. Discussion………………………………………………………………
Conclusion……………………………………………..
Bibliographie……………………………………………..
Annexes…………………………………………………..
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Introduction
La prise de produits licites ou illicites qui visent à améliorer les performances physiques et
intellectuelles est un phénomène bien ancré dans notre société et au centre de diverses
activités. Le sport n’échappe pas à cette donne et ce, depuis l’antiquité. Cette pratique prend
alors le nom de dopage dans le seul domaine sportif tandis qu’on lui préfère le terme de
« conduite dopante » au sein de toute autre activité comme dans l’exercice de son métier ou
pour faire la fête par exemple.
Ainsi l’histoire de la lutte et de la prévention antidopage est beaucoup plus récente que
celle du dopage en soi et l’étendue des dispositions prises à cet égard rend bien compte du
travail accompli ces dernières années. Pourtant des lacunes restent perceptibles si l’on observe
quelques difficultés encore rencontrées à l’heure actuelle et souvent rendues publiques au gré
des diverses affaires et autres aveux du monde sportif.
L’Agence Mondiale Antidopage (AMA), organisation indépendente créée il y a cinq ans,
a pour but la mise en place d’une harmonisation des règles antidopage sur le plan international
et dans toutes les disciplines sportives. Ces derniers mois ont donc été l’occasion de faire
adhérer quasiment toutes les fédérations sportives majeures au Code mondial antidopage
élaboré, après concertation internationale, par l’AMA elle-même. Il s’agit bien là d’un grand
espoir pour tous les tenants d’un sport propre et d’un esprit du fair-play plutôt mal en point en
ce début de troisième millénaire. Ce Code mondial antidopage doit théoriquement être
appliqué dès l’ouverture des Jeux Olympiques d’été à Athènes dont le retour au pays de
l’Olympe, place des premiers jeux, a forcément valeur symbolique. Voilà pourquoi l’étude de
ces nouvelles règles s’est imposé à nos yeux.
Pourtant jamais le monde sportif n’aura vécue pareille année en terme d’inquiétudes.
D’affaires qui lèvent le voile sur des pratiques insoupsonnables, en sports qui se
« découvrent » des tricheurs, de morts subites en direct à la télévision aux mises en examens
d’athlètes et de dirigeants avec l’implication de la police ; le sport professionnel, véritable
opium du peuple en terme de divertissement, vacille.
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Et c’est alors très logiquement que le dopage est à l’heure actuelle un sujet qui passionne
et intéresse toute la population, les médias lui faisant la part belle au gré de nombreux
reportages en tous genres. Comment faire autrement dans une société qui ne jure que par la
rentabilité, où le surpassement de soi est admis, les « anti-fatigue » surmédiatisés bref nous
vivons bien dans un monde où seuls les meilleurs réussiront. C’est donc sur ce point que la
prévention prend tout son sens. Car si l’on ne peut que s’inquiéter des préjudices éventuels
causés par le dopage de ces dernières années sur des sportifs faisant office de véritables
cobayes humains, il faut dès aujourd’hui prendre les devants pour nos enfants afin qu’eux au
moins comprennent ce qu’est vraiment le dopage et surtout comment l’éviter.
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Première Partie
I)
Histoire du dopage et évolutions
Le mot « dopage » vient sans doute du néerlandais « dop », qui désigne une boisson
alcoolisée à base de peaux de raisin que les guerriers zoulous consommaient pour aller au
combat. L’utilisation du terme s’est répandue au début du XXème, d’abord pour faire
référence au dopage illicite des chevaux de course. Cependant, cette pratique est aussi
ancienne que le sport de compétition lui-même. Les athlètes de la Grèce antique usaient de
régimes spéciaux et de potions fortifiantes pour se donner des forces.(1)
1. Historique du dopage (2)(3)
Les premiers cas avérés de dopage dans le sport dateraient de la deuxième moitié du
XIX ème siècle. Dans les courses cyclistes de 6 jours, les coureurs utilisent en effet dès 1880
toute une panoplie de produits miracle. Les bidons tendus par les soigneurs aux athlètes
contiennent de mystérieux élixirs destinés à leur donner des ailes lorsque le coup de pédale se
fait lourd. Les Français privilégient les mélanges à base de caféine aux effets stimulants, les
Belges carburaient aux morceaux de sucre à l’éther ; d’autres n’hésitent pas à recourir à des
boissons alcoolisées ni même à absorber de la nitroglycérine, très appréciée des sprinters. A
l’époque déjà, certains entraîneurs se transforment volontiers en charlatans et préparent de
redoutables cocktails à base d’héroïne, amphétamines et cocaïne, le fameux « pot belge ». La
nécessité de réglementer le dopage dans le sport s’est imposée dès les années 1920.
1886
Premier décès dû au dopage dans le sport cycliste ; lors de Paris-Bordeaux, Arthur Linton
meurt en raison d’une absorption abusive de triméthyle (probablement de l’alcool
triméthylique).
1889
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Le mot « doping » apparaît pour la première fois dans un dictionnaire anglais ; il désigne un
mélange d’opium et de narcotiques utilisé à l’époque dans les courses hippiques, soit pour
donner un second souffle à son propre cheval (« dope to win ») soit pour empoisonner les
chevaux rivaux (« dope to loose »). Les compétitions ainsi manipulées non seulement violent
les règles élémentaires du fair-play mais faussent aussi les paris. On cherche donc assez vite à
détecter les produits dopants dans le sport hippique. C’est en 1889 que l’absorption de
produits dopants par des chevaux est prouvée pour la première fois scientifiquement dans un
concours en Autriche.
1904
Aux jeux olympiques de Saint-Louis, le britannique Tom Hicks remporte le marathon en
utilisant de la strychnine pour renforcer ses fibres musculaires et nerveuses et grâce à l’œuf
cru mélangé au Brandy qu’on lui a donné pendant la course.
1908
Des équipes de football belges et anglaises testent des méthodes censées améliorer la
performance par apport d’oxygène.
1910
Le chimiste russe Bukovski réussit à détecter la présence d’alcaloïdes dans la salive des
chevaux.
1913
Le médecin allemand Willner , spécialiste du sport, réclame l’interdiction de l’alcool, de la
cola, de la caféine, de la cocaïne, de la strychnine et de l’arsenic aux prochains jeux
Olympiques de 1916.
Jusqu’aux années 60, on utilise surtout des stimulants et des anti-douleurs pendant la
compétition : de la caféine, en grande quantité, de l’éther et du sucre, de l’alcool, de la
nitroglycérine, de l’héroïne, de la cocaïne, de la strychnine à petite dose et de l’oxygène pur.
1960
Premier décès enregistré dans le cadre de jeux olympiques : le cycliste danois Knut Enemark
Jensen fait une chute mortelle après avoir absorbé une dose excessive d’amphétamines et du
tartrate de nicotinyle.
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1967
Le cycliste professionnel anglais Tom Simpson meurt sur la route du Tour de France au Mont
Ventoux des suites de prise de stimulants (amphétamines). Une insolation a contribué au
décès.
L’union cycliste internationale (UCI) et le comité international Olympique (CIO) interdisent
les stimulants et les narcotiques.
Création de la commission médicale du CIO.
1968
A la 15ème reprise de son combat contre Carlos Duran, le boxeur allemand Jupp Elze,
originaire de Cologne, s’écroule et perd connaissance. Il ne se réveillera jamais. Cause du
décès : la pervitine, une amphétamine.
Des contrôles antidopage sont effectués aux jeux olympiques de Grenoble et de Mexico.
1972
Le CIO publie une longue liste de produits dopants. Les contrôles permettent de détecter la
présence d’amphétamines.
Les premiers contrôles utilisant la technique GC/MS (chromatographie en phase gazeuse
couplée à la spectrométrie de masse) sont effectués aux JO de Munich. Sur 2079 contrôles, 7
sont positifs.
1976
Les anabolisants synthétiques sont ajoutés à la liste des produits dopants du CIO
1978
La lanceuse de poids de la RDA Ilona Slupianek et la spécialiste soviétique de pentathlon
Nadjeschda Tkatchenko sont suspendues « à vie » pour usage de produits dopants. Deux ans
plus tard, toutes deux décrochent la médaille l’or olympique à Moscou.
1983
Production synthétique d’érythropoïétine (EPO).
1984
11
La testostérone et la caféine font leur entrée dans la liste des produits dopants.
1985
La synthèse génétique de l’hormone de croissance HGH (Human Growth Hormon) est
possible.
1987
La spécialiste de l’heptathlon allemande Birgit Dressel, victime d’un « choc allergique »,
meurt à l’hôpital. Elle aurait absorbé plus de 100 produits différents pendant plusieurs années,
ce que les médecins appelés à la traiter pour un lumbago ignoraient totalement.
L’administration d’une dose de 5g de métamizol, un analgésique inoffensif, suffit pour
provoquer un état de choc que sera fatal à Birgit. Il ne sera jamais possible de prouver
l’absorption de produits dopants malgré l’existence de nombreux symptômes.
Aux championnats du monde d’athlétisme de Rome, la coureuse suisse de demi-fond Sandra
Grasser remporte le bronze sur 1500m. Convaincue de dopage à la méthyltestostérone, un
anabolisant, son nom est supprimé de la liste des résultats quelques jours plus tard. Bien que
les échantillons A et B donnent les mêmes résultats, l’analyse et le prélèvement sont entachés
d’irrégularités : les profils des hormones stéroïdes endogènes des échantillons A et B ne
concordent pas. L’affaire reste aujourd’hui encore entourée de mystère car les quantités
d’urine prélevées sont insuffisantes pour procéder à de nouvelles analyses. Les échantillons A
et B proviennent-ils bien de la même personne ?
1988
Ben Johnson doit rendre sa médaille d’or olympique pour un contrôle positif au stanozolol.
On apprendra plus tard que les sept autres concurrents de la finale avaient tous des traces de
produits interdits à l’issue des contrôles mais en quantités toutefois moindres que le canadien.
1990
Les cyclistes italiens dominent les épreuves sans partage : ils pédalent plus vite, plus
longtemps et semblent moins fatigués. Cette même année, l’équipe de la Lempre dénombre
sept décès dans son équipe.
1994
12
Le secret italien apparaît au grand jour : l’Epo est évoqué dans le cyclisme et on commence à
mieux comprendre l’écrasante domination de certaines équipes comme « Gewiss » qui rafle
tout sur son passage et classe trois de ces coureurs sur le podium de la classique Flèche
Wallonne : une première ! Le préparateur physique de cette équipe, Michele Ferrari reconnaît
alors innocemment que ses coureurs utilisent de l’Epo mais que cette substance n’est plus
dangereuse que 10 Litres de jus d’orange.
1996
L’utilisation de l’Epo se généralise dans le cyclisme : la suspicion entre les équipes aussi.
Bjarne Riis, pourtant « ancien porteur de bidons » écrase le Tour de France en accomplissant
des performances surhumaines. Le peloton le surnomme alors « Monsieur 60% » en raison de
son taux d’hématocrite.
1998
L’affaire Festina dévoile la banalisation du dopage et de l’utilisation de l’Epo dans le
cyclisme. On commence également à parler d’hormone de croissance.
1999
Dernière loi antidopage adoptée en France : la loi Buffet.
2003-2004
- Mort subite - Douze sportifs sont terrassés en quatorze mois dont 2 en direct à la télévision
lors de la retransmission de match de football.
Janvier 2003. Denis Zanette, 32 ans, coureur cycliste italien, meurt brutalement chez le
dentiste.
Juin. Marc Vivien Foé, 28 ans, footballeur camerounais de Manchester City, s’écroule lors du
match opposant son équipe à la Colombie. Fabrice Salanson, 23 ans, coureur cycliste français
chez Brioches-La Boulangère, décède dans son sommeil avant le Tour d’Allemagne.
Novembre. Marco Rusconi, 24 ans, coureur cycliste italien, s’effondre sur le parking d’un
centre commercial.
Décembre. Mort de José Maria Jimenez, 34 ans, coureur cycliste espagnol, dans une clinique
psychiatrique.
Janvier 2004. décès, après une crise cardiaque, de Michel Zanoli, 35 ans, ex-coureur
professionnel néerlandais. Chalva Apkhazava, 25 ans, footballeur géorgien d’Arsenal Kiev,
13
meurt brutalement dans son sommeil, à la veille de partir en stage. Miklos Féher, 24 ans,
footballeur hongrois du Benfica Lisbonne, est frappé par la mort subite en plein match de
championnat.
Février. Décès, dans un match de ligue 1 suédoise, de Raimond Juminikis, 23 ans, basketteur
letton d’Akropol Stocktholm. Johan Sermon, 21 ans, coureur cycliste belge, meurt dans son
sommeil. Mort dans sa chambre d’hôtel de Marco Pantani, 34 ans, probablement d’une
overdose de cocaïne.
Mars. Andrei Pavitsky, 17 ans, footballeur ukrainien d’Arsenal Kiev, décède soudain à
l’entraînement.
2. Définition du mot « dopage »
Toutes les évolutions et autres transformations auxquelles la définition du mot
« dopage » a été soumise, sont là pour souligner la complexité réelle de la tâche. Cependant
l’essentiel n’est pas d’en donner une définition précise et complète, sauf dans le cadre
législatif peut-être, mais surtout de bien comprendre le sens de ce mot. Il est important de
noter qu’il s’agit d’un terme bien spécifique attribué au seul sport, et qui prend le nom de
« conduite dopante » dans toutes les autres activités, ce thème étant traité en troisième partie.
2.1. Premières tentatives
La dimension internationale se fait lors du colloque européen d’Uriage - les - bains, les
26 et 27 janvier 1963 et lui donne sa première définition officielle : « Est considéré comme
doping, l’utilisation de substances ou de tous moyens destinés à augmenter
artificiellement le rendement, en vue ou à l’occasion d’une compétition, et qui peut
porter préjudice à l’éthique sportive et à l’intégrité physique et psychique de l’athlète. »
Elle est complétée quelques mois plus tard par le Conseil de l’Europe en séance à
Strasbourg et à Madrid (4) : « Le Doping est l’administration à un sujet sain, ou l’utilisation
par lui-même, ou par quelque moyen que ce soit, d’une substance étrangère à l’organisme, de
substances physiologiques en quantité ou par voies anormales, et ce, dans le seul but
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d’augmenter artificiellement et de façon déloyale la performance du sujet à l’occasion de sa
participation à une compétition. »
Cette définition est complétée par une liste non limitative énumérant les substances interdites
et ne pouvant être divulguée qu’aux personnes tenues au secret médical.
En octobre 1964, à l’occasion du congrès de la fédération internationale de la
médecine du sport, un petit comité propose d’ajouter à la définition européenne le paragraphe
suivant (4) : « quand la nécessité impose un traitement médical qui, par sa nature, sa
posologie ou sa voie d’administration est capable d’améliorer les performances d’un athlète
artificiellement et de façon déloyale à l’occasion de sa participation à une compétition, cela
doit aussi être considéré comme du doping »
Le comité annexe à ce paragraphe une liste de substances et procédés dont l’usage relève,
selon lui, du dopage.
2.2. Définition actuelle selon le Code mondial antidopage 2004 (5)
Quarante ans plus tard, l’AMA, véritable chef d’orchestre indépendant à l’échelle
mondiale de la lutte antidopage, en donne une définition dès le 1er et 2ème article du code
mondial antidopage entré en vigueur le 1er janvier 2004 et logiquement applicable dès
l’ouverture des JO d’Athènes. Cette définition a donc une valeur mondiale et sa seule édiction
rend bien compte des évolutions subies depuis ces quarante années d’affaires et de lutte.
Article 1 : Définition du dopage
« Le dopage est défini comme une ou plusieurs violations des règles antidopage telles
qu’énoncées de l’article 2.1 à l’article 2.8 du Code. »
Article 2 : Violation des règles antidopage
« sont considérés comme violations des règles antidopage :
2.1 La présence d’une substance interdite, de ses métabolites ou de ses marqueurs.
15
2.1.1 Il incombe à chaque sportif de s’assurer qu’aucune substance interdite ne pénètre
dans l’organisme. Les sportifs sont responsables de toute substance interdite, de ses
métabolites ou de ses marqueurs, dont la présence est décelée dans leurs prélèvements
corporels. Par conséquent, il n’est pas nécessaire de faire preuve de l’intention, de la
faute, de la négligence ou de l’usage conscient de la part du sportif pour établir une
violation des règles antidopage an vertu de l’article 2.1.
2.1.2 Excepté les substances pour lesquelles un seuil de déclaration est précisé dans la
liste des interdictions, la présence de la moindre quantité d’une substance interdite, de
ses métabolites ou marqueurs, décelée dans l’échantillon d’un sportif, constitue une
violation des règles antidopage.
2.1.3 A titre d’exception à la règle générale de l’article 2.1, la liste des interdictions
pourra prévoir des critères d’appréciation spécifiques dans le cas de substances
interdites pouvant également être produites de façon endogène.
2.2 L’usage ou la tentative d’usage d’une substance ou méthode interdite.
2.2.1 Le succès ou l’échec de l’usage d’une substance ou d’une méthode interdite n’est
pas déterminant. L’usage ou la tentative d’usage de la substance interdite ou de la
méthode interdite suffisent pour qu’il y ait violation des règles antidopage.
2.3 Le refus ou le fait de se soustraire sans justification valable à un prélèvement
d’échantillons après notification, en conformité avec les règlements antidopage en
vigueur, ou encore le fait d’éviter un prélèvement d’échantillons.
2.4 La violation des exigences de disponibilité des sportifs pour les contrôles hors
compétition, y compris le non-respect par les sportifs de l’obligation de fournir des
renseignements sur leur localisation, ainsi que les contrôles établis comme manqués sur
la base des règles acceptables.
2.5 La falsification ou la tentative de falsification de tout élément du processus de
prélèvement ou d’analyse des échantillons.
2.6 Possession de substances ou méthodes interdites.
2.6.1 La possession par un sportif, en tout temps et en tout lieu, d’une substance ou
d’une méthode interdite dans le cadre de contrôles hors compétition, à moins que le
16
sportif établisse que cette possession découle d’une autorisation d’usage à des fins
thérapeutiques accordées conformément à l’article 4.4 (usages à des fins thérapeutiques)
ou à une autre justification acceptable.
2.6.2 La possession d’une substance ou d’une méthode interdite dans le cadre de
contrôles hors compétition, par un membre du personnel d’encadrement, en relation
avec un sportif en compétition ou à l’entraînement, à moins que la personne en question
puisse établir que cette possession découle d’une autorisation d’usage à des fins
thérapeutiques accordée conformément à l’article 4.4 (usage à des fins thérapeutiques)
ou à une autre justification acceptable.
2.7 Le trafic de toute substance ou méthode interdite.
2.8 L’administration ou la tentative d’administration d’une substance ou d’une méthode
interdite à un sportif, ou l’assistance, l’incitation, la contribution, l’instigation, la
dissimulation ou toute autre forme de complicité entraînant la violation d’un règlement
antidopage, ou toute autre tentative de violation.»
2.3. Définitions adoptées par la France :
La loi Herzog de 1965 en donne la définition suivante (6) :
Art.1er- Sera puni d’une amende de 500 à 1000 francs quiconque aura, en vue ou au cours
d’une compétition sportive utilisé sciemment l’une des substances déterminées par le
règlement d’administration publique, qui sont destinées à accroître artificiellement
et
passagèrement ses possibilités physiques et sont susceptibles de nuire à sa santé.(4)
La loi Bambuck de 1989 la redéfinit ainsi (7) :
« Il est interdit à toute personne d’utiliser, au cours des compétitions et manifestations
sportives organisées ou agrées par des fédérations sportives ou en vue d’y participer, les
substances et les procédés qui, de nature à modifier artificiellement les capacités ou à
17
masquer l’emploi de substances ou de procédés ayant cette propriété, sont déterminés par
arrêt conjoint des ministres chargés des sports et de la santé(…). » (4)
Enfin la loi Buffet de 1999 qui en donne la définition actuelle (8):
L’article L.3631-1 du code de la santé publique (ancien article 17 de la loi n° 99-223
du 23 mars 1999 relative à la protection de la santé des sportifs et à la lutte contre le dopage) :
« Il est interdit à toute personne, au cours des compétitions et manifestations sportives
organisées ou agréées par les fédérations sportives ou en vue d’y participer : d’utiliser
des substances et procédés de nature à modifier artificiellement les capacités, ou à
masquer l’emploi de substances ou procédés, de recourir à ceux de ces substances ou
procédés dont l’utilisation est soumise à des conditions restrictives lorsque ces conditions
ne sont pas remplies.
Les substances et procédés visés au présent article sont déterminés par un arrêté
conjoint du ministre chargé des sports et du ministre chargé de la santé »
L’article L.3631-2 du code de la santé publique (ancien article 18 de la loi n° 99-223 du 23
mars 1999 relative à la protection de la santé des sportifs et à la lutte contre le dopage)
dispose :
« La liste des substances et procédés dopants établie par l’arrêté prévu à l’article
L.3631-1 est la même pour toutes les disciplines sportives ».
3. La politique française
La France a été le premier Etat avec la Belgique à élaborer une législation sur le dopage. Les
lois antidopage françaises se sont adaptées et elles demeurent parmi les plus redoutées des
sportifs ayant recours au dopage à l’heure actuelle.
18
3.1. Adoption d’une loi antidopage en France : Loi française du 1er juin 1965
(loi n°65.412) dite « loi Herzog » :
Cette loi, la première en la matière en France, reconnaît implicitement la liberté
fondamentale de la prescription médicale et ne condamnerait que le sportif qui s’est dopé
sciemment. Elle vise à réprimer pénalement le dopage, sans pour autant substituer totalement
l’action pénale à l’action fédérale.
Art.1er - Sera puni d’une amende de 500 à 1000 francs quiconque aura, en vue ou au cours
d’une compétition sportive utilisé sciemment l’une des substances déterminées par le
règlement d’administration publique, qui sont destinées à accroître artificiellement et
passagèrement ses possibilités physiques et sont susceptibles de nuire à sa santé.
Art.2 – Sera puni d’un emprisonnement d’un mois à un an et d’une amende de 500 à 1000
francs ou de l’une de ces deux peines seulement quiconque aura, par quelque moyen que soit,
facilité sciemment l’accomplissement des actes visés à l’article 1er ci-dessus ou aura incité à
les accomplir.
Lorsqu’il y aura lieu à l’application des articles 319 et 320 du Code pénal, les peines prévues
par ces articles seront portées au double.
Art.3 – Les officiers de police judiciaire ou les agents de police judiciaire mentionnés à
l’article 20 du code de procédure pénale peuvent, à la demande d’un médecin agréé par le
ministère de la Jeunesse et des Sports, faire procéder, sous contrôle médical, sur un concurrent
auteur présumé de l’infraction définie à l’article 1er de la présente loi, aux prélèvements et
examens médicaux, cliniques et biologiques, destinés à établir la preuve de l’utilisation d’une
substance visée au dit article.
Sera puni des peines prévues à l’article 2 (1er alinéa) de la présente loi, quiconque aura refusé
de se soumettre à ces prélèvements ou examens.
Art.4 – Les condamnations prononcées par application des articles 1er, 2 et 3 peuvent être
assorties, à titre complémentaire, de l’interdiction pendant une durée de trois mois à cinq ans
19
de participer à toute compétition sportive, d’en être l’organisateur et d’y assumer une fonction
quelconque officielle ou non.
Cette loi ne fut appliquée que deux fois. A la suite d’une de ces deux affaires, la chambre
correctionnelle de Bordeaux a rendu un verdict édifiant et d’une sérénité exemplaire (10) :
1. « Le dopage prévu et réprimé par la loi du 1er juin 1965 (art.1), ne peut être légalement
reconnu que dans l’éventualité ou l’absorption des substances prohibées, quel qu’en
soit la représentation même au cas où elles seraient incorporées dans une spécialité
pharmaceutique, a eu lieu sciemment, dans le but d’accroître artificiellement et
passagèrement les possibilités physiques de celui qui participe à une compétition
sportive, ces substances étant de nature à nuire à la santé.
2. Les conditions ne sont pas remplies lorsque ces produits ont été absorbés sur
prescription médicale, dans un but simplement curatif, le médecin ayant en effet le
pouvoir d’apprécier selon les données de la science, les remèdes destinés au traitement
d’une affection, lesquels remèdes loin d’être dangereux pour le sujet comme l’interdit
la loi, sont au contraire nécessaires à son rétablissement sans pour autant accroître ses
possibilités physiques de façon artificielle.
3. La liberté de la prescription médicale est fondamentale et on ne saurait y mettre
obstacle par une interprétation extensive sinon abusive d’une loi pénale qui n’y porte
nulle atteinte.
4. Il serait par ailleurs déraisonnable que les sportifs sujets, comme c’est souvent le cas
pour les cyclistes, à des refroidissements bénins, soient empêchés de faire soigner de
telles affections le plus souvent bénignes par des remèdes appropriés qui pourraient
être d’ailleurs les seuls indiqués même s’ils contiennent des substances prohibées dans
le cadre de la « loi antidopage », dès lors que ces remèdes leur ont été prescrits à titre
de simples soins médicaux pour les rétablir sans pour autant les stimuler de façon
nocive ou dangereuse dans le but prohibé par la loi.
5. Il doit donc être admis que l’absorption sur prescription médicale, dans un but
seulement curatif de remèdes quels qu’ils soient même s’ils contiennent des
substances énumérées par le décret du 10 juin 1966 pris pour l’application de la loi
du 1er juin 1965 n’entre pas dans les prévisions de cette loi, et ne constitue pas
l’infraction qu’elle réprime.
20
6. Spécialement lorsqu’il est vrai qu’un coureur n’a pas, au départ de l’étape à l’arrivée
de laquelle a eu lieu le prélèvement de ses urines, pris sur ordonnance médicale, les
comprimés de Corydrane® qu’il affirme avoir absorbés, qu’il dit que ce remède, dont
il aurait conservé les comprimés restants, lui avait été prescrit par son médecin un
certain temps auparavant, pour le guérir d’une précédente atteinte grippale, il n’en
demeure pas moins pour que la loi du 1er juin 1965 puisse trouver application et que
l’infraction soit reconnue, qu’il est nécessaire que soit tenu pour certain l’élément
intentionnel de l’infraction comme le fait d’avoir absorbé l’un des stimulants
dangereux visés par les textes, sciemment, dans le but interdit par la loi. Lorsque cet
élément intentionnel est douteux, il convient de relaxer le prévenu à des fins de la
prévention.
D’autres pays suivront en instaurant leurs propres lois, tels l’Irlande en 1966, l’Italie et la
Turquie en 71, la Grèce en 76, le Portugal en 79….etc.
3.2. La loi du 28 juin 1989, n° 89.432 dite « loi Bambuck »
Elle donne une nouvelle définition du dopage et introduit quelques nouveautés
notamment :
- elle dépénalise l’utilisation de substances dopantes pour les sportifs en les soumettant à un
régime disciplinaire ;
- elle introduit la notion de prévention conformément aux recommandations de la Charte
européenne ;(4)
« Il est interdit à toute personne d’utiliser, au cours des compétitions et manifestations
sportives organisées ou agrées par des fédérations sportives ou en vue d’y participer, les
substances et les procédés qui, de nature à modifier artificiellement les capacités ou à masquer
l’emploi de substances ou de procédés ayant cette propriété, sont déterminés par arrêt conjoint
des ministres chargés des sports et de la santé(…).
21
Le médecin qui, à des fins thérapeutiques, prescrit un traitement à une personne est tenu, à la
demande de celle-ci, de lui indiquer si ce traitement fait appel à des substances ou à des
procédés interdits en vertu du premier alinéa du présent article. »
La prévention et l’éducation
Elles reposent sur quatre points fondamentaux.
L’information :
Par une campagne d’information auprès des jeunes, y compris dans le cadre du sport scolaire ;
des renseignements figurant sur les médicaments qui doivent porter sur la notice d’utilisation
des précisions sur la classe des substances qu’ils comportent en regard de la loi ;
L’obligation pour le médecin d’informer, à la demande de l’athlète, s’il prescrit des
substances ou procédés prohibés à l’appui d’un traitement médical.
La formation :
Par l’intégration dans les programmes de formation dispensés aux éducateurs, enseignants et
entraîneurs ainsi qu’aux médecins, d’éléments sur les dispositifs de lutte contre le dopage.
La recherche :
Par la mise en place de programmes de recherche sur les effets des substances dopantes sur
l’être humain à moyen terme, ainsi que sur la préparation des athlètes de haut niveau.
La surveillance médicale spécifique :
Par l’institution d’un suivi médical en faveur des athlètes de haut niveau, surveillance
médicale systématique et création de structures médicales adaptées.
La répression
Elle est assurée par trois types de mesure :
-Des sanctions disciplinaires (dont les durées extrêmes sont fixées par les décrets du 1er avril
1992 et du 27 août 1992)
22
-Des mesures (sanctions) administratives (fixées par la loi du 28 juin 1989)
-Des sanctions pénales (fixées par la même loi)
o Les mesures disciplinaires sont prononcées selon la compétition au cours de laquelle a
été constatée l’infraction par le CIO et/ou la fédération internationale et/ou la
fédération française concernée. Les sanctions peuvent aller de l’exclusion de la
compétition (entraînant le retrait éventuel de la médaille et/ou du titre obtenu), à la
suspension (maximum de trois ans pour un premier cas, jusqu’à cinq ans en cas de
récidive et dix ans pour les pourvoyeurs ou incitateurs) et à la radiation à vie selon la
nature de l’infraction.
o Des mesures administratives renforcées peuvent être prononcées par le ministre, à titre
temporaire ou définitif, en cas de sanctions disciplinaires inexistantes ou insuffisantes
de la part de la fédération, contre :
-les utilisateurs (sportifs)
-les « pourvoyeurs » (médecins, entraîneurs, soigneurs…)
-les « facilitateurs » (idem).
Ces mesures consistent en une interdiction relative à la participation directe ou indirecte, à
l’organisation et au déroulement de compétitions ou manifestations agréées par les fédérations
sportives.
Cette interdiction est prononcée par le ministre. Elle peut être infligée à titre provisoire (trois
mois) par le ministre ou à titre définitif (temporaire ou non) par le ministre dur proposition de
la commission nationale de lutte contre le dopage, créée par la loi du 28 juin 1989, qui joue un
rôle fondamental dans ce domaine (se reporter à l’article concerné)
o Les sanctions pénales visent à réprimer à la fois :
-l’utilisation des substances ou procédés prohibés
-leur incitation à les utiliser
-leur administration
La loi, dans ce cadre, fixe également les obligations des professionnels (médecins,
pharmaciens, soigneurs, managers, entraîneurs) en interdisant sous réserve de nécessité
thérapeutique, l’administration des substances prohibées ou l’application des procédés
interdits. De plus, comme vu précédemment et sur demande du patient, le médecin qui
23
prescrit un traitement aux seules fins thérapeutiques est tenu de révéler la présence de
substances interdites
3.3. La loi du 23 mars 1999 n° 99.223 dite « loi Buffet » relative à la protection
de la santé des sportifs et de la lutte antidopage :
Elle introduit deux nouveautés importantes :
2. un volet « santé des sportifs / prévention / éducation » constitue l’architecture principale
de la loi ;
3. une instance de régulation indépendante est créée qui est chargée de la prévention, de la
coordination de la recherche et de la lutte antidopage : Il s’agit du Conseil de prévention et
de lutte contre le dopage ou CPLD.
mesures générales résumées (3)
Article 1
Afin de garantir les conditions de pratique, le ministère de la jeunesse et des sports s’assure
que des actions de prévention, de surveillance et d’éducation sont mises en œuvre par les
fédérations agréées. Une formation à la prévention du dopage est dispensée aux médecins du
sport et aux enseignants.
Article 2
Des antennes médicales de lutte contre le dopage ( devenues AMPLD, antennes médicales de
prévention et de lutte contre le dopage) sont mises en place dans les régions
-
consultations ouvertes aux personnes ayant eu recours à des pratiques de dopage
-
suivi médical, certificat nominatif de suivi
Article 3
Les sociétés nationales de programme prévoient des dispositions pour la promotion de la
protection de la santé des sportifs et de la lutte antidopage.
24
Article 4
Les partenaires officiels des évènements sportifs s’engagent à respecter une charte de bonne
conduite définie par décret.
La surveillance médicale des sportifs
Article 5
Première délivrance d’une licence et production d’un certificat de non contre indication
mentionné sur le carnet de santé.
Article 6
La participation aux compétitions organisées ou agréées par les fédérations est subordonnée à
la présentation d’une licence sportive et d’un certificat médical pour les non-licenciés et
attestation de non contre indication de moins de un an.
Article 7
Tout médecin qui décèle des signes de pratique de dopage doit :
-Refuser la délivrance du certificat médical
-Informer son patient des risques encourus
-Transmettre au médecin de l’antenne médicale (sous peine de sanctions disciplinaires
prévues par l’article 8)
Article 9
Les fédérations veillent à la santé de leurs licenciés :
- programmes d’entraînements
- calendrier des compétitions
- information et prévention
- formation des cadres professionnels et bénévoles
Article 10
Tout sportif doit faire état de sa qualité en vue d’une prescription médicale. Si le médecin doit
prescrire des produits ou procédés interdits, il doit en informer l’intéressé par écrit et le
mentionner sur l’ordonnance.
25
Article 11
Les médecins qui traitent des cas de dopage, doivent transmettre sous forme anonyme le
dossier à la cellule scientifique du CPLD.
Article 12
Les fédérations sportives délégataires assurent la surveillance médicale des sportifs de haut
niveau.
Article 13
La nature et la périodicité de ces examens sont mentionnés sur un livret individuel.
La prévention et la lutte contre le dopage
Article 14
Le conseil de Prévention et de lutte contre le dopage (CPLD) :
-
A une autorité administrative indépendante.
-
Participe à la définition de la politique de prévention et de lutte antidopage
-
Comprend 9 membres pour 6 ans renouvelable par 1/3 tous les 2 ans.
Article 15
Le CPLD est informé :
-
Des contrôles
-
Des cas positifs
-
Des sanctions
Le CPLD dispose d’une cellule scientifique : recherche fondamentale appliquée à la médecine
du sport et au dopage.
Article 16
Les crédits accordés au CPLD sont inscrits dans le budget général de l’Etat.
26
Les agissements interdits
Article 17
Il est interdit à toute personne, au cours des compétitions et manifestations sportives
organisées ou agréées par les fédérations sportives ou en vue d’y participer d’utiliser des
substances et procédés de nature à modifier artificiellement les capacités, ou à masquer
l’emploi de substances ou procédés.
Article 18
La liste des substances et procédés dopants est la même pour toutes les disciplines sportives.
Article 19
Il est interdit à toute personne de céder, d’offrir, d’administrer ou d’appliquer aux sportifs ces
produits ou procédés ; de faciliter ou d’inciter leur utilisation ; de se soustraire ou de
s’opposer aux contrôles.
Les contrôles
Articles 20 / 21
Sont habilités à procéder aux contrôles :
Les officiers et agents de police judiciaire
Les fonctionnaires du Ministère de la jeunesse et des sports.
Les médecins agréés et assermentés.
Les médecins peuvent procéder à des examens médicaux cliniques, à des prélèvements
biologiques
Les procès verbaux sont transmis au ministère de la Jeunesse et des sports, à la fédération
concernée, au CPLD.
Toute personne qui participe aux compétitions ou manifestations sportives ou aux
entraînements y préparant, est tenue de se soumettre aux prélèvements et examens prévus.
27
Article 22
A l’exclusion des domiciles, les médecins et fonctionnaires ont accès aux lieux, enceintes,
installations ou établissements (ainsi qu’aux annexes) où se déroule une compétition, une
manifestation, un entraînement, entre 6h du matin et 21h, ou à tout moment dès qu’ils sont
ouverts au public ou qu’une compétition, un entraînement est organisé.
Article 23
Les agents et médecins ne peuvent saisir des objets et documents que sur autorisation
judiciaire.
Article 24
Les agents des douanes, de la direction générale de la concurrence, de la consommation et de
la répression des fraudes, de la jeunesse et des sports, sont habilités à se communiquer tous
renseignements concernant l’emploi et la circulation de produits interdits.
Les sanctions administratives
Article 25
Les fédérations sportives agréées adoptent dans leur règlement, des dispositions disciplinaires
afin de sanctionner les contrevenants. L’organe disciplinaire de 1ère instance de ces
fédérations se prononce dans un délai de trois mois après avoir entendu l’intéressé. Faute de
statuer dans ces délais, le dossier est transmis à l’instance disciplinaire d’appel qui rend sa
décision dans les 4 mois au maximum à compter de la même date.
Article 26
Le conseil de prévention et de lutte contre le dopage exerce le pouvoir de sanction pour les
personnes non licenciées participant à des compétitions ou entraînements.
Au titre de l’instance disciplinaire d’appel il peut réformer les sanctions prises par les
fédérations, étendre ces sanctions à la pratique d’autres activités.
La saisie du conseil est suspensive.
Le CPLD peut prononcer à l’encontre de sportifs ou licenciés, dirigeants, entraîneurs des
interdictions temporaires ou définitives.
28
Les sanctions pénales
Article 27
Sanctions définies par la loi :
Délit
amende
prison
S’opposer aux contrôles antidopage
50.000 frcs
6 mois
Prescrire, céder, offrir, administrer ou appliquer, faciliter ou 500.000 frcs
5 ans
inciter l’utilisation d’une substance ou procédé interdits
Circonstance aggravante si bande organisée ou délit effectué à 1.000.000 frcs
7 ans
l’égard d’un mineur
Plus confiscation des produits
Affichage des sanctions prononcées
Fermeture d’un an ou plus de l’établissement mis en cause
Interdiction d’exercer l’activité professionnelle mise en cause
La tentative des délits prévus au présent article est punie des même peines.
Article 28
Peuvent se porter partie civile :
-
le CNOSF
-
les fédérations
dispositions diverses :
29
Article 30
Il est interdit d’administrer ou d’appliquer aux animaux des substances ou procédés qui
modifient artificiellement leurs capacités….
3.4.
Loi actuelle :
La grande majorité des articles figurant anciennement dans la loi Buffet sont abrogés
par l’ordonnance n° 2000.548 du 15 juin 2000 (JO, 22 juin, p.9337), qui édicte le nouveau
Code de la Santé Publique. Ils sont ainsi remplacés par le livre VI de la troisième partie du
Code de la Santé Publique. La lutte contre le dopage est donc désormais régie par les articles
L.3611-1 à L.3634-5 Code de la Santé Publique, qui reprennent, sous un autre ordre, les
anciens articles de la loi Buffet, et ont intégré depuis de légères modifications.
Le dernier arrêté date du 31 juillet 2003 sous l’égide du Ministre des Sports, Monsieur JeanFrançois Lamour et remet notamment la liste à jour.
Ce texte est téléchargeable sur le site www.dopage.com
4. L’Agence Mondiale Antidopage (AMA) et le Code mondial
antidopage
4.1. Présentation générale (1)
L’Agence mondiale antidopage (AMA), est la première structure indépendante qui
cherche à encourager une culture du sport sans dopage à travers le monde entier. Elle combine
les ressources des milieux sportifs et gouvernementaux pour renforcer, compléter et
coordonner les efforts existants visant à sensibiliser les athlètes aux dangers du dopage, à
renforcer l’idéal du fair-play et à sanctionner les tricheurs.
Le Code mondial antidopage est le premier document visant à harmoniser les
règles régissant le dopage dans les divers pays du monde et les diverses disciplines sportives.
L’existence d’un Code unique, applicable et acceptable pour toutes les parties prenantes à la
lutte contre le dopage à l’échelle mondiale, contribuera à atteindre cet objectif. Le Code
30
mondial est le document fondamental qui constituera un cadre pour les politiques, les règles et
les règlements en matière de lutte contre le dopage au sein des organisations sportives et dans
les pouvoirs publics.
Le Code mondial antidopage constitue le document de base du programme mondial
antidopage. Le programme (annexe 1) comprend trois niveaux et inclut le Code mondial
(niveau 1), les Standards internationaux (niveau 2) et les Modèles des meilleures pratiques
(niveau 3).
Tous ces textes sont téléchargeables sur le site français de l’AMA : www.wadaama.org et ne sont volontairement pas en annexe vue leur taille exceptée la liste des
interdictions (annexe ?) ainsi que le Standard pour l’autorisation d’usage à des fins
thérapeutiques (annexe ?) sur lesquels nous nous appuieront.
Le scandale du procès Festina s’étant soldé par une sérieuse remise en question du rôle
des pouvoirs publics, la nécessité d’avoir un organisme international indépendant s’était alors
imposée. Jusque là, la coopération internationale en la matière a longtemps été du ressort du
Conseil de l’Europe (CE). Dans les années 1980, on a assisté à une collaboration nettement
accrue entre les autorités sportives internationales et divers organismes gouvernementaux.
Avant 1998, la question était encore discrètement débattue dans certaines tribunes ( CIO,
fédérations sportives, gouvernements), donnant ainsi lieu à des définitions, des politiques, des
listes d’interdictions et des sanctions différentes. Du fait de cette confusion, les sanctions
contre le dopage étaient souvent contestées et parfois annulées par des tribunaux civils.
Le CIO a donc pris l’initiative en convoquant la Conférence mondiale sur le dopage
dans le sport, qui s’est tenue à Lausanne en février 1999. L’Agence mondiale antidopage
(AMA), dont la création a été proposée à l’occasion de cette Conférence, a été mise sur pied à
Lausanne le 10 novembre 1999. La structure de l’AMA est basée sur une représentation
équitable du Mouvement olympique et des pouvoirs publics dans un souci de meilleure
coordination des efforts. En 2001, l’AMA a décidé de changer de siège pour Montréal, le
Canada étant à ce propos un pays « phare » en matière de lutte contre le dopage depuis
l’affaire en 1988 de Ben Johnson.
Toutes les plus grandes fédérations sportives, excepté l’UCI (Union Cycliste Internationale),
et près de 80 gouvernements du monde entier ont approuvé le Code mondial antidopage, le 5
mars 2003 à Copenhague (Danemark), en adoptant une résolution désignant le Code comme
la base de la lutte contre le dopage dans le sport.
31
L’objectif est que le Code mondial soit opérationnel et entre en vigueur d’ici au début
des JO d’été à Athènes en août 2004. D’ici là, le Code antidopage du Mouvement Olympique
restera en vigueur et continuera d’être la base des règles antidopage internationales.
Concernant la France, nous sommes dans l’attente d’un arrêté imminent concernant
l’application de ce nouveau Code mondial d’ici quelques semaines.
4.2. Ses principaux programmes
Il s’agit biensûr des programmes en cours depuis la création très récente de l’AMA.
Contrôles hors compétition inopinés
Ces contrôles constituent la méthode la plus efficace de dissuasion et de détection du
dopage, à ce titre ils contribuent largement à renforcer la confiance des athlètes et du public
dans un sport sans dopage.
Recherche scientifique
L’AMA est attachée à augmenter le volume de recherche consacrée à l’élaboration de
méthodes de détection nouvelles et améliorées pour un nombre croissant de substances
améliorant les performances. Elle débloque des fonds pour encourager ces recherches dans
cinq domaines prioritaires :
•
Composés oxygénants dans le sang (EPO…)
•
Agents anabolisants endogènes (testostérone)
•
Facteurs régulant et stimulant la croissance (HGH)
•
Génie génétique…etc.
En 2001 et 2002, l’AMA a attribué environ 9 millions US$ à 30 projets de recherche
travaillant dans ces domaines.
Le programme des observateurs indépendants (OI)
32
L’AMA a mis au point ce programme des OI afin de contribuer à renforcer la confiance
des athlètes et du public dans les programmes de contrôle du dopage et de gestion des
résultats lors de grandes manifestations sportives. Les observateurs indépendants de l’AMA
surveillent au hasard et font rapport de toutes les phases du processus de contrôle du dopage
et de la gestion des résultats, d’une manière neutre et sans parti pris.
Le code mondial antidopage
L’AMA a pour but de mettre en place un Code mondial antidopage. Ce code tentera de
renforcer l’harmonisation des politiques antidopage des fédérations internationales et, pour la
première fois, d’harmoniser les normes nationales disparates en matière de lutte contre le
dopage. Le but est d’obtenir la mise en place du code mondial antidopage par tous les
principaux mandants des milieux sportifs et gouvernementaux avant les JO d’Athènes en
2004. Si nécessaire, les gouvernements pourront bénéficier d’un délai jusqu’aux jeux d’hiver
de Turin, en 2006, pour adopter le Code et le mettre en vigueur. Le Code a été approuvé à la
conférence mondiale sur le dopage dans le sport, organisée du 3 au 5 mars 2003 à
Copenhague.
4.3. Plan stratégique de l’AMA pour 2004 – 2009
Le plan stratégique 2004 – 2009 de l’AMA a été développé après consultation et
commentaires du mouvement olympique, des autorités publiques et des autres partenaires. Ce
plan oriente les activités de l’AMA et doit permettre à l’Agence de réaliser au mieux sa vision
d’un monde qui encourage et met en valeur un sport sans dopage.
L’AMA reconnaît que le dopage dans le sport résulte d’une combinaison de facteurs
individuels, culturels, sociaux et physiologiques. La prévention du dopage dans le sport doit
être élaborée à partir d’une compréhension claire de la nature complexe du problème et en
fonction de l’ensemble des diverses stratégies nécessaires pour y parvenir.
Dans ses efforts, et tel que souligné dans le plan stratégique, l’Agence se concentre sur quatre
activités essentielles :
33
•
Code mondial antidopage – surveiller, soutenir, mettre en œuvre et contrôler
l’observance du Code.
•
Education – éduquer et informer les signataires du Code, les gouvernements et les
sportifs / le personnel d’encadrement des sportifs des dangers et des conséquences du
dopage.
•
Recherche – Mener, coordonner et soutenir des programmes de recherche antidopage
efficaces de classe mondiale.
•
Accroissement des capacités – accroître la capacité des organisations antidopage de
mettre en place des règlements et des programmes antidopage afin d’assurer
l’observance du Code.
En plus des domaines clés mentionnés ci-dessus, l’Agence effectue également des contrôles
du dopage hors compétition pour les fédérations internationales et s’emploie à parvenir à une
viabilité financière et à réunir les ressources financières nécessaires à la mise en œuvre de ce
Plan stratégique.
4.4. Dispositions applicables
Quatre standards techniques (niveau 2) entrent en vigueur en même temps que le code
mondial antidopage (niveau 1) de l’AMA :
la liste des interdictions, (annexe 2)
le Standard international pour l’autorisation d’usage à des fins thérapeutiques
(annexe 3),
le Standard pour l’accréditation du laboratoire d’analyse et
le Standard pour le déroulement des contrôles.
Outre la liste des interdictions – liste des moyens pharmaco médicaux défendus
employés pour influencer les performances – (annexe 2), le Standard international pour
l’autorisation d’usage à des fins thérapeutiques (AUT) (annexe 3)est particulièrement
important pour l’encadrement des athlètes. Le but de ce Standard est d’harmoniser la
34
procédure d’octroi d’une autorisation exceptionnelle d’utiliser des médicaments interdits à des
fins thérapeutiques dans tous les sports et dans tous les pays.
Dans des cas exceptionnels, où aucune thérapie alternative n’est envisageable, il est possible
de formuler une demande pour l’utilisation d’une substance ou méthode interdite. Cette
demande doit être adressée, sur formule officielle, au bureau de la commission de prévention
et de lutte contre le dopage (CPLD). Le sportif doit soumettre une demande d’AUT au moins
21 jours avant de participer à une compétition. Les formulaires sont les suivants :
Formulaire de demande abrégé (pour béta-2 agonistes par inhalation et
glucocorticoïdes par des voies non systémiques)
L’autorisation d’usage entre en vigueur dès la réception d’une notification complète par le
CAUT de l’AMA, qui est comité de 3 personnes (en général) chargé d’étudier ces demandes.
Formulaire de demande standard
Le CAUT formé par 3 médecins va décider sur la demande. Noter que ce CAUT diffère selon
le niveau du sportif, un CAUT aura un groupe cible attribué. La décision sera transmise par
écrit au sportif.
A noter enfin la présence au sein du comité directeur de l’AMA d’un français, le
Docteur Alain Garnier.
Le Docteur A. Garnier possède une vaste expérience de la lutte contre le dopage et de ses
divers aspects. Au bénéfice d’une formation scientifique comme docteur en médecine, il
possède également une maîtrise en sciences pharmacologiques et un DEA en nutrition. Il a
exercé plusieurs années comme médecin universitaire dans des hôpitaux français.
Médecin du sport auprès de plusieurs équipes nationales et professionnelles, il assurait
la responsabilité de médecin-chef des polycliniques olympiques pendant les jeux olympiques
d’hiver d’Albertville en 1992. ancien chef du bureau médical au Ministère français de la
Jeunesse et des Sports (1994-2000), il était chargé à ce titre du programme national
antidopage, et il a dans le cadre de cette fonction également présidé le groupe de suivi de la
convention antidopage du Conseil de l’Europe (1998-2000).
Le Dr Alain Garnier a rejoint l’Agence mondiale antidopage dès le printemps 2000
comme consultant médical. En tant que directeur des relations de l’AMA avec les
gouvernements, il était membre du groupe de projet du Code mondial antidopage et a
35
beaucoup œuvré pour l’adhésion des gouvernements au principe du Code. Il a également
participé à plusieurs missions d’observateurs indépendants de l’AMA.
Aujoud’hui, le Dr Garnier est directeur médical de l’AMA. Il est à ce titre chargé de la
supervision des procédures d’autorisation d’usage à des fins thérapeutiques, qui font
l’objet d’un standard international lié au Code mondial antidopage. Il est basé au bureau
régional européen de lausanne.
4.5. Sommaire des modifications de la liste en vigueur depuis le 1er janvier 2004
a. Généralités :
Un certain nombre de changements ont été effectués dans le style et l’organisation de la liste
proposée. La liste porte un nouveau titre et le terme « classes » n’est plus utilisé. Le titre des
sections apparaît maintenant tel qu’indiqué ci-dessous :
I.
Substances et méthodes interdites en compétiton.
II.
Substances et méthodes interdites en et hors compétition.
III.
Substances interdites dans certains sports.
IV.
Substances spécifiques.
La liste identifie maintenant, en un même endroit, toutes les substances dont l’usage est
interdit ; il n’y a plus de regroupements séparés d’ « exemples » à la fin du document comme
par le passé. Il est attendu que cette modification clarifiera le texte et éliminera les risques de
confusion. Le terme « … et les substances apparentées » a été remplacé, le cas échéant, par
« et autres substances possédant une structure chimique similaire ou des effets
pharmacologiques similaires ».
Les Béta-2 agonistes sont maintenant énumérés dans une catégorie séparée ; les
cannabinoïdes et les glucocorticoïdes sont maintenant identifiés comme substances interdites
en compétition sous la section I. les diurétiques sont traités de façon plus adéquate en tant
qu’agents masquants et substances interdites dans certains sports.
Une nouvelle section (« IV.substances spécifiques) a été introduite en vertu de l’article 10.3
du Code de l’AMA. Cette section permet à l’AMA d’ « identifier les substances spécifiques
36
qui sont particulièrement susceptibles d’entrainer une violation non intentionnelle des
règlements antidopage compte tenu de leur présence fréquente dans des médicaments, ou
parce qu’elles sont moins susceptibles d’être utilisées avec succès comme agents dopants. »
Les références aux seuils urinaires ou aux « seuils de positivité » sont traitées dans les
sections appropriées, et certaines ont maintenant été transférées dans le Standard international
des Laboratoires.
b. Commentaires relatifs à chaque section
I. Substances et méthodes interdites en compétition
Substances interdites
S1 : Stimulants
La liste des stimulants interdits précise que les isomères optiques (D- et L-) des stimulants
sont interdits.
La caféine, phényléphrine, phénylpropanolamine, pseudoéphédrine et synéphrine ont été
retirés de la liste et transférés au programme de surveillance (section III du Standard).
Les substances suivantes :adrafinil, amphétaminil, benzphétamine, diméthylamphétamine,
furfénorex, méthylamphétamine, modafinil, ont été ajoutées à la liste.
Le texte concernant les procédures à utiliser au cours des Jeux Olympiques de 2004 pour
valider le diagnostic de l’asthme, a été retiré de ce document.
S2 :narcotiques
L’hydromorphone, oxycodone, oxymorphone, ont été ajoutés à la liste définitive des
narcotiques, et le terme « et substance apparentées » a été retiré.
S3 : cannabinoïdes
Les cannabinoïdes sont interdits en compétition dans tous les sports et forment maintenant
une nouvelle catégorie. Il importe de noter qu’ils font également partie de la liste en tant que
« substances spécifiques » dans la section IV….donc objet de sanctions réduites !
37
S4 :Agents anabolisants
Les stéroïdes anabolisants androgènes ont été identifiés comme « a.Exogènes… » ou
« b.Endogènes…. » et la phrase « et leurs analogues » complète chaque liste.
Les termes « exogène », « endogène » et « analogue » sont définis dans le texte.
Les « Béta-2 agonistes avec propriétés anabolisantes » sont énumérés sous un paragraphe
distinct. (il s’agit du zéranol et clenbutérol…)
Les stéroïdes anabolisants suivants ont été ajoutés à la liste des interdictions : boldione,
delta1-androstène-3, 17-dione, 4-hydroxy-19-nortestostérone, mestérolone, oxabolone,
quinbolone, stenbolone, 1-testostérone.
La section 1.b traitant des substances anabolisantes androgènes endogènes a été entièrement
reformulée de façon à permettre une approche plus flexible que la simple utilisation d’un
rapport T/E supérieur à 6 lorsque des variations ou résultats anormaux sont décelés dans les
échantillons des sportifs.
S5 : Hormones peptidiques
L’ordre des substances de cette liste a été changé, et les termes « mimétique » et « analogue »
ont été définis.
S6 :Béta-2 agonistes
La teneur de cette catégorie a été changée. Tous les béta-2 agonistes incluant leurs isomères
D- et L- sont interdits à l’exception des substances suivantes : « formétérol, salbutamol,
salmétérol, et terbutaline qui sont permises par inhalation pour prévenir et/ou traiter l’asthme
et l’asthme / bronchoconstriction d’effort ». Une autorisation médicale conformément aux
Standards internationaux pour l’AUT est requise. Lorsqu’une concentration de salbutamol
supérieure à 1000 ng/ml est détectée, le sportif doit faire la preuve que ce résultat est
conséquent à un usage thérapeutique de salbutamol sous forme d’inhalation.
S7 : Agents avec activité anti-œstrogène
Pas de changements
S8 : Agents masquants
Le texte de cette section a été modifié.
Le dextran a été ajouté à la liste des exemples de succédanés de plasma.
La liste des exemples de diurétiques est maintenant incluse dans cette section.
38
S9 : Cette section sur les glucocorticoides a été déplacée de la section « substances interdites
dans certains sports » dans la liste 2003 à la section « substances interdites en compétition »
pour tous les sports dans la liste 2004.
La référence à l’AUT standard ou celle abrégée s’effectue selon les voies d’administration des
glucocorticoides.
Méthodes interdites
M1 : Amélioration du transfert d’oxygène
Le texte de cette section a été modifié pour inclure les « érythropoïétines » et les « substituts
à base d’hémoglobine ».
« Efaproxiral » a été ajouté.
M2 : Manipulation pharmacologique, chimique et physique
Pas de changement.
M3 : Dopage génétique
Pas de changement.
II. Substances et méthodes interdites en et hors compétition
Substances interdites
Cette section identifie les substances interdites en tout temps en référant aux sections
appropriées des substances interdites et des méthodes interdites, auparavant indiquées comme
interdites en compétition.
S4 : agents anabolisants
S5 :hormones peptidiques
S6 :Béta-2 agonistes
Dans la section S6, seuls le clenbutérol et le salbutamol (>1000ng/ml) sont interdits en
compétition.
S7 : Agents avec activité anti-œstrogène
S8 : Agents masquants
39
Méthodes interdites
M1 :Amélioration du transfert d’oxygène
M2 :Manipulation pharmacologique, chimique et physique
M3 :dopage génétique
III. Substances interdites dans certains sports
Substances interdites
P1 :alcool
Un nouveau texte est suivi d’une liste des fédérations internationales ayant demandé que
l’alcool soit interdit en compétition dans leur sport. Les seuils de rapport sont indiqués entre
parenthèses. La responsabilité de la mise en application et de la réalisation de tels contrôles
repose sur les fédérations appropriées.
Anesthésiques locaux
Cette catégorie de médicaments a été retiré de la liste et seront donc désormais autorisés.
P2 : Béta-bloquants
Un nouveau texte est suivi d’une liste des fédérations internationales ayant demandé que les
béta-bloquants soient interdits dans leurs compétitions sportives. Deux fédérations seulement
désirent étendre l’interdiction hors compétition. La liste des béta-bloqants est inchangée mais
elle est présentée sous une nouvelle formule (« les béta-bloquants comprennent, sans s’y
limiter »)
IV. Substances spécifiques
Il s’agit d’une nouvelle catégorie, tel qu’indiqué ci-dessus. La détection d’une substance qui
fait partie de cette catégorie peut impliquer l’application d’une sanction modifiée. Les
substances ou la classe de substances à inclure dans cette catégorie sont énumérées dans cette
section.
Il s’agit pour les stimulants de l’éphédrine, la L-méthylamphétamine, la méthyléphédrine
40
les cannabinoïdes
les béta-2 agonistes en inhalation sauf le clenbutérol, strictement interdit.
les diurétiques : sauf pour les fédérations qui n’autorisent même pas les AUT.
un agent masquant : le probénécide, modifie l’excrétion rénale, donc fait partie des procédés
interdits
les GC
alcool sauf les qlques fédés
les béta-bloquants sauf les fédérations qui veulent que ce soit strictement interdit, sans PM.
Programme de surveillance 2004
Les substances ci-dessous sont incluses dans le programme de surveillance 2004 qui a pour
but de pouvoir en déterminer les indices de mésussage dans le sport.
Stimulants : en compétition seulement : caféine, phényléphrine, phénylpropanolamine,
pipradol, pseudoéphédrine, synéphrine.
Narcotiques :en compétition seulement : ratio morphine / codéine
A noter que la ritaline fait l’objet d’un paragraphe spécial et doit être stoppée 48h avant.
Chaque section sera plus largement analysée dans le cadre de la 2ème partie qui fera l’objet de
diverses critiques à l’égard de cette liste.
41
2ième partie : Lutte antidopage
1. Moyens essentiels employés
Les autorités compétentes disposent de plusieurs outils afin de dissuader les tricheurs ou
de les repérer. Ceux énoncés ici sont mis en place depuis longtemps déjà et sont au centre de
constantes mises à jour y compris le suivi médical qui est relativement récent et donc encore
perfectible.
Il s’agit essentiellement de :
-
La liste des interdictions (substances & méthodes interdites )
-
Les contrôles antidopage
-
Le suivi longitudinal
2. Description et analyse
2.1. Sustances interdites
Elles sont énumérées, donc de manière non exhaustive dans la liste des moyens
pharmaco-médicaux défendus employés pour influencer les performances (liste des
substances dopantes interdites) valable dès le 1er janvier 2004 (annexe 2)
Cette liste regroupe les substances et méthodes interdites ( I et II ) ainsi que deux rubriques
portant sur les substances interdites dans certains sports ( III ) et celles « spécifiques »
( IV ).
2.1.1. Précisions
Malgré les modifications les plus récentes apportées à cette liste (Cf 1ère partie. 4.5.),
quelques points peuvent encore susciter l’étonnement d’un lecteur averti et méritent un certain
décryptage.
42
Certaines sections de substances portent la mention « et autres substances possédant
une structure chimique similaire ou des propriétés pharmacologiques similaires » afin de
faire face à l’apparition de nouvelles molécules par de simples modifications structurales sur
des molécules déjà reconnues comme dopantes. Cela a encore été le cas suite à l’affaire sur la
THG qui a éclatée cet été après les mondiaux d’athlétisme à Paris, et qui est un dérivé
hydrogéné de la gestrinone déjà inscrite sur la liste (S4.1.a). Notons au passage que la
gestrinone est indiqué dans le traitement des endométrioses et que la THG ne possède pas de
garanties scientifiques quant aux propriétes anabolisantes qui lui sont attribuées comme cela a
beaucoup été dit, après tout la gestrinone ne serait pas si anabolisante que ça.
C’est en tout cas la seule parade qui a été trouvée pour prévenir ce genre d’émergence, dont
d’ailleurs les seuls bénéficiaires sont souvent des charlatans, citons Victor Conte largement
médiatisé ces derniers temps. Il s’est lancé dans la nutrition au milieu des années 80 sans la
moindre qualification médicale en poche. Fondé en 1989, son laboratoire Balco lui a d’abord
apporté la fortune puis de très gros ennuis, accusé d’arnaque à la sécurité soiale, de
blanchiment d’argent et de fraudes aux impôts (13); on lui reproche d’avoir mis au point la
THG et d’ailleurs depuis qu’il est aux prises avec la justice, il ne cesse de « balancer » des
noms d’athlètes très connus.
Cependant pourquoi alors ne pas au moins retranscrire de nombreuses substances englobées
dans cette mention et pourtant déjà connues comme stimulantes ? Par exemple la section S1
portant sur les stimulants ne compte que 40 principes actifs (PA) dans le texte officiel édicté
par l’AMA, tandis qu’une liste plus détaillée en compterait au moins une centaine. Peu
importe à la limite de savoir si tel ou tel dérivé est plus ou moins dopant et c’est d’ailleurs ce
qu’il s’est passé avec la THG, de toutes façons le sportif n’a pas a chercher à prendre un
médicament avant une compétition, et si c’est effectivement pour se soigner nous verrons
qu’une solution existe toujours, la pharmacopée mise à notre disposition étant suffisamment
complète pour trouver des alternatives thérapeutiques. Pourquoi laisser des dérivés dont les
effets sont peu connus à la portée de sportifs devenus de véritables « cobayes ». Un autre
argument est la disparité au niveau mondial concernant la délivrance des médicaments ; les
pharmacopées peuvent également différer d’un pays à l’autre, des spécialités de l’étranger
sont introuvables en France car retirées depuis. Tous les pays n’ont pas forcément la rigueur
française sur ce plan là, pourtant cette liste a valeur mondiale.
Autre exemple quelque peu déroutant, la section S2 ne compte que 10 substances
interdites et la mention « et substance apparentée » a été retirée. Pourtant on en recense en
43
fait au moins 100 entrant dans cette classe et non des moindres ; ainsi des substances comme
le fentanyl (Durogesic®) ou encore la nalbuphine ne sont pas interdites alors que leur
puissance n’est plus à démontrer! Certes, ce sont des molécules délicates à manipuler et à
doser (patch pour le fentanyl), seulement quand on voit ce que certains encadrements
médicaux laissent passer dans des chambres d’hôtel, il paraît légitime de se poser quelques
questions quant à la rigueur de cette mesure.
Voilà donc la liste rapportant, de manière certainement pas exhaustive mais bien plus
détaillée, les noms de substances appartenant aux classes désignées avec le rappel des risques
sanitaires encourus par l’usage des substances les plus « en vue » du moment puisque la santé
des athlètes doit être un des aspects essentiels de la lutte antidopage en dehors du souci
d’équité lors des compétitions.
2.1.2. Substances interdites en compétition
Nom de la classe de substance : S1. stimulants
Catégorie associée : Classes de substances interdites
Cette classe regroupe près de 140 substances (principes actifs)
Caractéristiques de la classe
Effets recherchés :
Augmentation de la concentration et de l’agressivité, diminution de la sensation de fatigue.
Effets indésirables :
Hypertension, troubles cardiaques, tremblements, dépendance, perte d’appétit, insomnie,
épuisement, excitation, euphorie, hallucination.
Indications thérapeutiques :
Variable selon la substance, se reporter directement à la substance.
Contrôles antidopage :
44
Uniquement en compétition
Note spéciale :
Sont également interdites les substances apparentées par leurs effets pharmacologiques ou
leur structure chimique :
-
les sels, éthers, esters, isomères de ces substances et les sels de ces esters, éthers et
isomères.
-
Toute substance qui donne après métabolisation dans l’organisme, une des substances
reprises dans cette liste et les dérivés ayant des effets pharmacologiques similaires.
-
Toutes les préparations d’imidazol sont acceptables en application locale. Des
vasoconstricteurs pourront être administrés avec des agents anesthésiques locaux. Les
préparations à usage local (par exemple par voie nasale, ophtalmologique, rectale)
d’adrénaline sont autorisées.
Substances associées :
Il existe près de 140 substances entrant dans cette classe, avec une majorité qui n’est pas ou
plus commercialisée en France.
4-méthyl-2,5-diméthoxyamphétamine
heptaminol
hexoprénaline
adrafinil
homocamfine
adrénaline
hydroxindazol
alfétamine
hydroxyamphétamine
almitrine
ibogaïne
amézinium
imidazol
amfécloral
isoétarine
amfépentorex
isoprénaline
amfépramone
isoxsuprine
amfétaminil
lobéline
amineptine
mabutérol
aminorex
mapentérol
amiphénazole
méclofénoxate
ammonium phtalamate
méfénorex
amphétamine
méphentermine
45
bambutérol
mésocarbe
baméthan
métamfépramone
bémégride
métaraminol
méthamphétamine
benzphétamine
méthoxamine
bitoltérol
méthoxyphédrine
bromantan
méthoxyphénamine
buphénine
méthylènedioxyamphétamin
bupropion
méthylènedioxyméthamphétamine
cafédrine
méthyléphédrine *
méthylphénidate
camphamédrine
midodrine
camphotamide
modafinil
carbutérol
nicéthamide
carphédone
noradrénaline
cathine = nor-pseudoéphédrine *
noréphédrine
cathinone
norépinéphrine
chlorphentermine
norfénéfrine
choline théophyllinateclenbutérol
norfenfluramine
cimatérol
norpseudoéphédrine
clenbutérol
octopamine
clobenzorex
orciprénaline
cloforex
ox- / hydroxy- amphétamine
clominorex
oxédrine
clorprénaline
oxyéphédrine
clortermine
oxyfédrine
cocaïne
parahydroxyamphétamine
cropropamide
pémoline
crotétamide
pentétrazol
cyclopentamine
pentorex
cypénamine
phacétopérane
dexamphétamine
phendimétrazine
dexfenfluramine
phénelzine
difémétorex
phenmétrazine
46
diméfline
phentermine
diméthylamphétamine
dimétofrine
dioxadrol
pholédrine
diphémétoxidine
picrotoxine
dobutamine
dopamine
pirbutérol
dopéxamine
prethcamide
doxapram
prolintane
ecstasy
propylhexédrine
éphédrine *
protokylol
épinéphrine
etamivan
pyrovalérone
etaphédrine
racéfémine
ethylamphétamine
racéphédrine
ethylnoradrénaline
ractopamine
etiléfrine
reprotérol
fenbutrazate
rimitérol
fencamfamine
ritodrine
fénétylline
salbutamol
fenfluramine
salmétérol
fénotérol
sélégiline
fénozolon
sibutramine
fenproporex
strychnine
fenspiride
synéphrine
formotérol
terbutaline
furfénorex
tranylcypromine
furfurylamphétamine
tolubutérol
gépéfrine
yohimbine
Les blancs laissés dans cette liste concernent les substances qui sont
désormais analysées mais pas interdites en compétition. Il s’agit du
programme de surveillance 2004.
47
L’AMA recherchera ainsi à en détecter les indices de mésusage ; c’est donc un
assouplissement vis-à-vis de ces substances
qui sont la caféine, phényléphrine,
phénylpropanolamine, pipradol, pseudoéphédrine et synéphrine et qui étaient des
substances entraînant de vives polémiques chez les athlètes s’insurgeant de ne pas pouvoir
soigner des patholgies bégnines et courantes, comme des affections rhino-pharyngées, des
douleurs, maux de tête et autres rhumes.
Caféine : présente dans de nombreuses spécialités telles que : Asproaccel®,
Guronsan®, Migwell®, Propofan® …etc. sont donc désormais autorisés mais surveillées
tandis que par exemple le Céphyl® qui contient de la strychnine reste pour cette raison
interdite.
Phényléphrine : Hexapneumine® en comprimés est désomais autorisé.
Phénylpropanolamine : (ou noréphédrine ?) le Rinutan®, suspension buvable n’est
donc plus interdit
Pipradol : aucune spécialité vendue en France n’en contient.
Pseudoéphédrine : concerne une douzaine de spécialités, Actifed® (jour/nuit et
rhume), Doli Rhume®, Humex Rhume®, Rhinadvil® vont donc être autorisées.
Synéphrine : Antalyre®, Dacryne® et Dacryoboraline® : ces collyres ne posent plus
de problèmes non plus puisque leur utilisation pouvait entraîner un CAD (contrôle
antidopage) positif.
Il faut bien noter que certaines ont également été retirées de cette liste car ne sont plus
commercialisées nulle part et donc introuvables, voire trop peu connues et d’un faible apport
mais certaines apparaissent encore à titre indicatif comme furfénorex, pentorex …et tous leurs
dérivés (sauf l’acidorex qui n’est pas stimulant).
Les substances marquées d’une étoile * sont celles interdites au-delà d’une valeur
seuil dans les urines à savoir : l’éphédrine et la méthyléphédrine dont la
48
concentration urinaire ne doit pas dépasser 10 µg / mL et la cathine (ou norpseudoéphédrine) qui ne doit pas dépasser 5 µg / mL
Ephédrine : []<10 µg/ml
Spécialités : Ephédrine Renaudin® (utilisé en chirurgie contre l’hypotension), Osmotol®
(otites), Rhinamide®, Rhino-sulfuryl® (décongestionnants lors de rhinites et sinusites c’est-àdire vasoconstricteurs nasaux)).
Les effets recherchés sont psychostimulant et bronchodilatateur.
Les effets indésirables : HTA, hémorragies cérébrales, infarctus du myocarde, troubles du
rythme, psychose.
Méthyléphédrine : []<10 µg / mL, pas de spécialités en France.
Cathine : []<5 µg / mL, pas de spécialités en France.
Il convient aussi de parler des substances spécifiques, dont la méthyléphédrine et
l’éphédrine font partie (voir ci-dessus), ainsi que la L-méthylamphétamine et qui se
traduisent par une sanction réduite en cas de violation des règles, c’est-à-dire soit de
concentrations supérieures à celles autorisées, soit par leur seule présence dans les
urines.
L-méthylamphétamine : (pas de spécialités en France)
Effets recherchés : psychostimulant, augmentation de la ventilation, perte de poids, lutte
contre la fatigue musculaire et psychique
Effets indésirables : psychoses aigües, AVC, infarctus du myocarde, troubles du rythme,
maladies pulmonaires sévères, toxicomanie, mort subite
Risques sanitaires des stimulants :
49
La liste est très longue et hétérogène, incluant des dérivés amphétaminiques, des antiépileptiques, des anti-asthmatiques (dont le salbutamol, substance interdite deux fois en tant
que stimulant jusqu’à une concentration urinaire de 100 ng / mL et en tant qu’agent
anabolisant pour une concentration dépassant 1000 ng / mL), des substances traitant le
syndrome d’hyperactivité chez l’enfant (le méthylphénidate, Ritaline®, faisant partie de la
famille des pipéridines avec le Lidépran®, Mératran® plus connus sous le nom de « Riri, Lili
et Mémé » jusqu’en 1974 par les coureurs cyclistes) (14), des poisons tels que la strychnine.
Leur point commun est d’augmenter les aptitudes à l’action (concentration, fatigue) en
agissant au niveau central ou périphérique.
La strychnine facilite donc l’effort mais son danger vient des crampes qui surviennent
à hautes doses, potentiellement mortelles si elles atteignent les muscles respiratoires.
Les psychostimulants, dont la principale famille est celle des amphétamines,
provoquent une excitation mentale en même temps qu’une déshinibition et une sensation
d’euphorie. Ils sont souvent associés aux anesthésiques locaux, voire à la morphine, qui font
disparaître biochimiquement la transmission nociceptive aliénée à l’effort considérable exigé
de l’appareil locomoteur, c’est le fameux « pot belge » qui mélange cocaïne, amphétamines,
morphine et caféïne La cocaïne a une action voisine mais son utilisation ne conviendrait pas
aux sports d’endurance de par l’apparition rapide de lactates peu enclin à ce type d’effort. Les
amphétaminiques appartiennent essentiellement à la catégorie des médicaments destinés à
réduire la prise alimentaire (coupe-faim). De nombreux médicaments ont été retirés de la
vente à cause des risques cardiovasculaires, mais pour la plupart d’entre eux, la synthèse est
aisée, l’essai clinique s’effectuant alors directement sur le consommateur ! ce sont les
« drogues de synthèse ». Les principales sont l’amphétamine, la metamphétamine (MA), la
méthylènedioxy-méthyl-amphétamine (MDMA ou ecstasy) et beaucoup d’autres dont la
toxicité à long terme n’est pas vraiment connue. On évoque une importante neurotoxicité par
épuisement des réserves en neurotransmetteurs (dopamine et sérotonine), des phénomènes de
neurodégénérescence avec risques de maladies d’Alzheimer ou de Parkinson chez les
consommateurs répétitifs, des troubles psychotiques avec tendances paranoïdes, des
hallucinations, des attaques de panique…etc. ur un plan plus général, les amphétaminiques
entraînent une augmentation de la pression artérielle associée ou non à une bradycardie
réactionnelle. D’autres effets cardiovasculaires à type d’hypertension, de palpitations, de
tachycardie ou d’angor voire même des Accidents vasculaires cérébraux ou cardiaques sont
observés. Il existe également un renforcement du tonus du sphincter vésical, ce qui peut
conduire à un allongement de la période de contrôle antidopage ! Un traitement prolongé
50
risque d’entraîner une tolérance et une dépendance, ceci étant valable pour la cocaïne qui est
un psychotrope à risque majeur d’abus.(15)
nom de la classe de substance : S2. Narcotiques
catégorie associée : Classe de substances interdites
Cette classe regroupe 10 substances (ou Principes Actifs).
Caractéristiques de la classe
Effets recherchés :
Diminution de la sensation de douleur
Effets indésirables :
Accoutumance, dépendance, dépression respiratoire, diminution du rythme cardiaque et de la
capacité de concentration, nausée, vomissements, constipation.
Indications thérapeutiques :
Douleurs intenses
Contrôles antidopage :
Uniquement en compétition
Substances associées :
Il existait près de 100 substances et dérivés entrant dans cette classe pourtant la liste officielle
ne reconnaît désormais que les dix substances soulignées ! c’est donc volontairement que
ces « anciens dopants » sont retranscrits ici, afin de mieux rendre compte de cette
mesure prise par l’AMA.
Acéthylméthadol
lévophénacylmorphane
Alfaprodine
lévorphanol
Alfentanyl
métazocine
51
Allylprodine
méthadone
Alphacéthylméthadol
méthadone intermédiaire
Alphaméprodine
méthyldésorphine
Alphaméthadol
méthyldihydromorphine
Alphaméthylfentanyl
méthylfentanyl
Aniléridine
métopon
Bensylmorphine
moramide intermédiaire
Benzéthidine
morphéridine
Bétacétylméthadol
morphine
Bétaméprodine
myrophine
Bétaméthadol
n-oxycodéine
Bétaprodine
n-oxymorphine
Bézitramide
nalbuphine
Buprénorphine
nicocodine
Butyrate de dioxaphétyle
nicomorphine
Carfentanil
noracyméthadol
Cétobémidone
norcodéine
Clonitazène
norlévorphanol
Coca (feuilles)
norméthadone
Concentratus pallae papaveris
normorphine
Désomorphine
norpipanone
Dextromoramide
opium
Diamorphine (héroïne)
oxycodone
Diampromide
oxymorphone
Diéthylthiambutène
pentazocine
Difénoxine
péthidine
Dihydromorphine
péthidine – intermédiaire a
Diménoxadol
péthidine – intermed. b/c
Diméphépatanol
phénadoxone
Diméthylthiambutène
phénampromide
Dipipanone
phénazocine
Ecgonine
phénomorphane
Ethoheptazine
phénopéridine
Ethylméthylthiambutène
piminodine
52
Etonitazène
piritramide
Etoxéridine
proheptazine
Fentanyl
propéridine
Furéthidine
racémétorphane
Héroïne (diamorphine)
racémoramide
Hydrocodone
racémorphane
Hydromorphinol
rémifentanil
Hydromorphone
sufentanil
Hydroxyphétidine
thébacone
Isométhadone
thébaïne
Kétamine
tilidine
Lévométhorphane
trimepéridine
Lévomoramide
Risques sanitaires :
Il s’agit essentiellement des opioïdes : morphine, héroïne, opioïdes de synthèse. Ils
sont consommés par le sportif, souvent en association, à des fins analgésiques pour supporter
la douleur extrême qui accompagne un effort intense, et dont l’ampleur dépasse les capacités
naturelles de son organisme, même très bien entraîné.
L’héroïne comporte des risques de dépendance forte et une désocialisation sévère associée.
Dans la plupart des cas, c’est la morphine qui est associée à faible dose aux psychostimulants
et anesthésiques locaux, etc., avant ou durant une compétition sportive et heureusement, dans
ces conditions, elle ne donne généralement pas naissance à une addiction.(15)
Nom de la classe de substance : S3. Cannabinoïdes
Catégorie associée : classe des sbstances interdites
Caractéristiques de la classe
Une substance :
le THC, tétrahydrocannabinol
53
contrôles antidopage :
en compétition seulement
Effets recherchés (3) :
On peut recenser plusieurs motifs d’utilisation du cannabis à des fins dopantes :
-
Action analgésique, diminution des réactions à la douleur, relaxant musculaire
-
Action euphorisante, libération de la libido
-
Action sédative et anxiolitique, lutte contre le stress et l’anxiété avant, pendant et
après la compétition
-
Action psychostimulante, modification de diverses facultés de perceptions
sensorielles, capacité de faire abstraction de l’environnement élargi.
Effets indésirables (3) :
-
Perte d’attention et de motivation,
-
Toxicité et action cancérigène au niveau de la sphère bucco-pharyngée et des poumons
associée au tabagisme,
-
Affaiblissement du système immunitaire
-
Schizophrénie chez les sujets prédisposés
-
Toxicité cardiovasculaire et risques d’arthériopathie chez les sujets prédisposés
Utilisation thérapeutique (3):
Elle a été abandonnée dans la pharmacopée moderne et il n’existe à l’heure actuelle aucun
traitement à base de cannabis en France. Toutefois, les propriétés actives du delta 9-THC et de
leurs dérivés font l’objet de nouvelles recherches pour les indications qui suivent :
-
effets myorelaxants, dans la réduction des spasmes musculaires et de la douleur
chronique liée à la sclérose en plaques.
-
Propriétés analgésiques, soulagement de la douleur
-
Stimulation de l’appétit (Sida, Alzheimer)
-
Effets anti-émétiques, en préventif lors de chimiothérapies
-
Baisse de la pression oculaire liée au glaucome (aiguë ou chronique)
-
Amélioration de l’humeur et du comportement chez les malades atteints d’Alzheimer
Discussion :
54
Dans le monde du sport, de la lutte antidopage, et plus généralement dans la société, le
cannabis est un sujet qui soulève beaucoup de questions. Sans rentrer dans un débat de société
quant à son éventuelle dépénalisation, il semble que sa présence dans la liste puisse se justifier
par le fait que c’est un produit qui « pourrait » améliorer les performances, et des sportifs
l’utilisent en tant que tel. Le cannabis est un exemple des ambiguïtés de la lutte antidopage.
En effet, il paraît quand même délicat d’imaginer un sportif fumer un « joint » quelques
heures avant une épreuve, ne serait-ce qu’en sport collectif, en sport de vitesse. En plus, tous
les sports nécessitant en général un maximum de concentration, de réactivité, ou
d’explosivité, la somnolence et le manque de concentration induits par le cannabis semblent à
priori en désaccord total avec cette hypothèse. Il serait donc plus judicieux de cibler les sports
concernés, comme le tir peut-être ou le curling où le fait de pouvoir faire abstraction de
l’environnement peut en effet servir, en tous cas des sports sûrement plus concernés par les
béta-bloquants que les stimulants. Il serait illusoire de croire que le cannabis est la substance
dopante numéro un, comme souvent affiché dans les statistiques, cette substance étant
facilement et très longtemps détectable alors beaucoup d’autres produits sont plus largement
utilisés par les sportifs, et ne sont, eux, pas du tout recherchés ou non détectables.
Cependant, ce produit étant interdit dans la société, il est légitime que le sport qui se
veut être un outil d’éducation et d’intégration en proscrive l’usage. Alors, à ceux qui clament
au droit à son usage « récréatif » ou « festif », il convient de rappeler que le sport a ses règles
et celle de ne pas fumer de cannabis en fait partie !
Nom de la classe de substance : S4. agents anabolisants :stéroïdes
1. Anabolisants androgènes
Catégorie associée : classes des substances interdites
Cette classe regroupe 67 substances (PA)
Caractéristiques de la classe
Effets recherchés :
Augmentation de la masse musculaire et de la puissance.
55
Effets indésirables :
Stérilité, hypertension, agréssivité, anomalies du foie et des reins, impuissance et cancer de la
prostate (chez les hommes), virilisation chez les femmes.
Contrôles antidopage :
En et hors compétition
Note spéciale :
Sont également interdites les substances apparentées par leurs effets pharmacologiques ou
leur structure chimique :
-
les sels, éthers, esters, isomères de ces substances et les sels de ces esters, éthers et
isomères.
-
Toute substance qui donne après métabolisation dans l’organisme, une des substances
reprises dans cette liste et les dérivés ayant des effets pharmacologiques similaires.
Dans le cas d’un rapport testostérone / épitestostérone supérieur à 6, il est obligatoire
d’effectuer un examen sous la direction de l’autorité médicale compétente avant que
l’échantillon ne soit déclaré positif. Un rapport complet sera rédigé ;il comprendra une étude
des contrôles précèdents et ultérieurs ainsi que les résultats des tests endocriniens. Si les
contrôles précédents ne sont pas disponibles, l’athlète devra subir un contrôle sans annonce
préalable au moins une fois par mois durant trois mois. Les résultats de ces examens devront
être inclus dans le rapport. A défaut de collaboration de la part de l’athlète, il en résultera une
déclaration d’échantillon positif. Les preuves obtenues à partir des profils métaboliques et/ou
de l’étude des rapports isotopiques pourront être utilisées afin de tirer des conclusions
définitives.
Substances associées
Il existe 67 substances entrant dans cette classe :
19-norandrostènediol
mébolazine
19-norandrostènedione
mésabolone
19-norandrostérone
mestanolone
androgénol
mestérolone
androisoxasol
métandiénone
56
androstanolone
méténolone
androstènediol
méthandriol
androstènedione
méthyldrostandiol
androstérone
méthyltestostérone
bolandiol
métribolone
bolastérone
mibolérone
boldénone
nandrolone
bolmantalate
norboléthone
calustérone
norclostébol
chlordrolone
noréthandrolone
chloro-4-déhydro-1 méthyltestostérone
oxabolone
chlorotestostérone
oxandrolone
clostébol
oxymestérone
cloxotestostérone
oxymétholone
danazol
penmestérol
déhydroandrostérone (DHEA)
prastérone
déhydrochlorméthyltestostérone
propétandrol
diéthylstilbestrol
quinbolone
dihydrotestostérone
silandrone
drostanolone
stanozolol
epitestostérone
stenbolone
ethylestrénol
testolactone
extrait testiculaire
testostérone
fluoxymestérone
tétrahydrogestrinone
formébolone
tibolone
furazabol
tiomestérone
gestrinone
trenbolone
hydroxysténozole
trestolone
Statut des anabolisants (3)
Les anabolisants ne peuvent être délivrés par une pharmacie que sous ordonnance d’un
médecin.
57
La vente illégale (sans ordonnance ou avec une ordonnace « de complaisance ») constitue une
violation de la loi.
Dans le sport, lorsqu’il a été établi qu’un athlète a utilisé des anabolisants, il est sanctionné en
fonction des règlements auxquels il est soumis (loi française, CIO, fédérations). Cependant, la
consommation par le non-sportif n’est pas punissable.
Utilisation thérapeutique :
En médecine, ils sont utilisés pour traiter des problèmes de contraception, d’insuffisance
testiculaire, certains cas de dénutrition sévère et d’anémie et après de graves opérations pour
favoriser l’assimilation des protides.
Rappel sur les fonctions biologiques des anabolisants :
Les anabolisants appartiennent au groupe des hormones du développement et du
fonctionnement des organes sexuels. Ces hormones sont naturellement présentes dans le
corps.
La principale hormone sexuelle de l’homme est la testostérone. Sécrétée par les testicules
sous l’effet de la gonadotrophine (qui est une autre hormone), la testostérone (avec d’autres
hormones) contrôle la croissance, le développement et le fonctionnement des organes
génitaux mâles. La testostérone ainsi que les hormones qui lui sont apparentées sont
également appelées « hormones androgènes » car elles provoquent l’apparition des caractères
sexuels masculins (mue de la voix, apparition des poils sur le corps, développement des
organes génitaux, etc.) mais influencent aussi la maturation des os, la croissance
longitudinale, la musculature, la peau, le métabolisme et en particulier l’assimilation des
protides. Les androgènes ont un effet anabolisant (stimulation des phénomènes d’assimilation)
qui varie selon les hormones. Pour la testostérone naturelle, par exemple, l’effet virilisant
(androgène) est prédominant.
Depuis la fin des années 30, les anabolisants sont aussi fabriqués synthétiquement. Ils ont
pour fonction de développer l’effet stimulant qu’ils exercent sur la formation des muscles au
détriment de leur effet virilisant. Malgré cela, tous les anabolisants synthétiques ont
également un effet androgène.
Risques sanitaires
58
Les androgènes et les stréroïdes anabolisants sont les produits dopants les plus souvent
évoqués. L’androgène de base est la testostérone. Celle ci provoque l’augmentation de
synthèse protéique mais également une rétention hydro-sodée, d’où la nécessité de boire
beaucoup d’eau ou l’utilisation de diurétiques. Un inconvénient est la diminution de la
spermatogénèse chez l’homme, c’est pourquoi on lui associe l’HCG (gonadotrophine
chorionique) qui la stimule. Chez la femme, les risques de virilisation sont importants, et,
chez l’homme, l’augmentation de la libido peut révéler des comportements agressifs, qui sont
atténués par une association d’anti-oestrogènes exogènes.
Les
modifications
comportementales
dûes
à
une
consommation
excessive
d’anabolisants se traduisent par des troubles de l’humeur et une agressivité pouvant être
accompagnée de perte de contrôle et de violence. Par ailleurs, on note des diminutions de la
mémoire et l’apparition d’états dépressifs, en particulier lors de l’arrêt de la consommation.
La possibilité d’une addiction provoquée par la consommation chronique d’anabolisants est
encore très discutée mais elle serait largement inférieure à celle produite par les substances
addictives.(15)
Nom de la classe de substance : S4. agents anabolisants :
2. bêta-2 agonistes
Catégorie associée : classes de substances interdites
Cette classe regroupe 10 substances (PA)
Caractéristiques de la classe
Effets recherchés :
Augmentation de la masse musculaire, effet stimulant (voir S1.) et amélioration de la
respiration.
Effets indésirables :
Arythmie, excitation, tremblement, anxiété
59
Indications thérapeutiques
Asthme
Contrôles antidopage
En et hors compétition
Substances associées :
Il existe 10 substances bêta-2 agonistes mais deux seulement sont inscrites dans la
liste selon l’AMA (soulignés) pour leur propriété anabolisante.
Les autres n’ayant pas cette propriété anabolisante sont tous interdits, à l’exception de celles
marquées d’une étoile * qui sont permises par inhalation pour prévenir et/ou traiter l’asthme
et l’asthme / bronchoconstriction d’effort (AUT abrégée)
Il y a quand même infraction pour le salbutamol au dessus de 1000 ng / mL et le sportif doit
fournir la preuve que c’est suite à un usage thérapeutique sous forme d’inhalation.
Bambutérol
reprotérol
Clenbutérol
salbutamol *
Fénotérol
salmétérol *
Formotérol *
terbutaline *
Pirbutérol
zéranol
Nom de la classe de substance : S5. Hormones peptidiques
Catégorie associée :classes de substances interdites
Il existe 34 substances s’y rapportant
Caractéristiques de la classe
Effets recherchés :
Variables selon la substance, se reporter directement à quelques exemples (EPO,
somatropine).
Effets indésirables :
60
Idem
Indications thérapeutiques :
Idem
Contrôles antidopage :
En et hors compétition
Note spéciale :
Les facteurs de libération respectifs sont également interdits. La présence dans l’urine d’une
concentration anormale d’une hormone endogène constitue une infraction à moins qu’il ne
soit prouvé qu’elle est due à une condition physiologique ou pathologique.
Substances associées :
Il en existe 34.
Buséréline
insuline glargine
Choriogonadotropine alfa
insuline lispro
Corticotropines
leuproréline
Cyclofénil
lh
Darbapoetin alfa
lutrophine
Epoétine alfa
lutropine alfa
Epoiétin bêta
mélanotropine
Erythropoïétine (EPO)
ménotropine
Follitropine
nafaréline
Gonadoréline
prolactine
Gonadotrophine chorionique humaine (HCG)
protiréline
Gonadotrophines hypophysaires et synthétiques
somatoréline
Goséréline
somatropine (GH)
Igf-1
tétracosactide
Inhibiteurs de l’aromatase
thyrotropine
Insuline
triptoréline
Insuline aspart
urofollitropine
61
Aspects sanitaires liés à la prise d’EPO
La principale propriété de l’EPO qui consiste à augmenter le nombre de globules rouges a
comme inconvénient de rendre le sang plus visqueux. Cette viscosité sanguine est en relation
avec le taux d’hématocrite.
Cet épaississement du sang augmente donc les risques de boucher de petites artères comme
les artérioles cérébrales ou encore les coronaires (la transpiration excessive augmente encore
le danger de formation de caillots sanguins). On sait que pour fluidifier le sang, certains
cyclistes devaient se relever la nuit et produire un effort (vélo, pompes…) et associaient au
traitement de l’EPO des substances aux propriétés fluidifiantes. Aussi, l’usage abusif de cette
hormone de synthèse peut avoir, à court terme, des effets très nocifs pour la santé :
-
infarctus cérébraux
-
hypertension artérielle
-
infarctus myocardiques
-
embolies pulmonaires
-
thrombose
-
mort subite (depuis la mise sur le marché de l’EPO, 17 cas de décès suspects ont été
recensés chez les sportifs pratiquant des sports d’endurance entre 1989 et 1990).
Sur le long terme, il est difficile de pronostiquer les dangers d’une prise d’EPO répétée car on
n’a pas assez de recul pour le faire. Toutefois, on peut redouter :
-
un dérèglement des mécanismes naturels de régulation de la production des
globules rouges,
-
la contraction de maladies auto-immunes (sécrétion par l’organisme d’anticorps
anti-EPO),
-
le développement de certains types de cancers rénaux (une aplasie médullaire reste
à craindre même si aucune étude scientifique n’a, à ce jour, démontré ce risque).
Si les aiguilles sont partagées, il peut également y avoir risque de contracter des maladies
infectieuses comme des hépatites ou le sida.
Risques sanitaires concernant l’hormone de croissance :
62
Son utilisation s’explique par l’augmentation de la masse musculaire et de la diminution du
tissu adipeux, voire de la potentialisation de l’effet des anabolisants, justifiant son interêt
thérapeutique en cas de retard de croissance.
Les effets néfastes sont nombreux : risque de cancer par sur-stimulation des récepteurs aux
facteurs de croissance, risques d’acromégalie, troubles cardiaques, rénaux, diminution de la
diurèse et une croissance osseuse anormale. Sur le plan neurobiologique, les effets ont été peu
étudiés ; des sensations de bien-être peuvent apparaître ; ceci ne signifie pas néanmoins
qu’elles soient génératrices d’éventuels processus addictifs.
Nom de la classe de substance : S7. bêta-2 agonistes
Voir S4.2.
Nom de la classe de substance : S7. Agents ayant une activité antioestrogène
Catégorie associée : classes de substances interdites
On en dénombre actuellement 9
Caractéristiques de la classe
Effets recherchés :
Modification du profil hormonal
Effets indésirables :
Se reporter directement aux substances associées
Indications thérapeutiques :
Idem
Contrôles antidopage :
En et hors compétition
Note spéciale :
Interdits uniquement chez les hommes
63
Substances associées
Il en existe 9 mais trois seulement sont interdites, il s’agit d’inhibiteurs de l’aromatase, elles
sont soulignées.
Aminoglutéthimide
létrozole
Anastrozole
raloxifène
Clomifène
tamoxifène
cyclofénil
torémifène
Exemestane
Formestane
A noter que certaines de ces molécules sont parfois associées à des traitements à la
testostérone (voir S4.) et que par exemple le tamoxifène est utilisé pour traiter certains types
de cancers du sein !
Nom de la classe de substance : S8. Agents masquants
Catégorie associée :classe de substances interdites
Caratéristiques de la classe
Effets recherchés :
Entraver l’excrétion des produits ou dissimuler leur présence dans les échantillons
(ex :diurétiques, épitestostérone, succédanés de plasma, probénécide)
Effets indésirables :
Voir au cas par cas
Indications thérapeutiques :
Idem
Contrôles antidopage :
En et hors compétition
Substances associées :
64
Diurétiques (classe D.)
Albumine
Dextran
Epitestostérone
Gélatine fluide modifiée
Hydroxyéthylamidon (HES)
Polygéline
Probénécide
Le probénécide : un exemple de détournement total d’usage de médicament.
Commercialisé sous la spécialité Bénémide® dans le cadre de traitement de la goutte en
général, ou adjuvant de la pénicillinothérapie (Protapen®), certains « détourneurs » l’ont
utilisé pour camoufler l’absorption de produits dopants, notamment de type anabolisant en
retardant leur élimination ou pour perturber le dosage de la testostérone (rapport Testostérone
sur Epitestostérone, son métabolite : T / E). C’est notamment « grâce » à ce procédé que les
règlements ont élaboré un paragraphe spécial sur ce rapport T / E.
Les risques liés à sa prise sont de simples céphalées, nausées et vomissements, ainsi que
anorexie, mictions fréquentes, prurit.
Nom de la classe de substance : diurétiques (font partie la section S8 : agents
masquants)
Catégorie associée : classe de substances interdites
Cette classe regroupe 46 substances (PA).
Caractéristiques de la classe
Effets recherchés :
Perte de poids, diminution de la concentration de substances interdites dans l’urine (par
augmentation de la diurèse)
65
Effets indésirables :
Déshydratation, insuffisance rénale, arythmie, hypotension orthostatique
Indications thérapeutiques :
Hypertension artérielle, oedèmes, insuffisance cardiaque congestive
Contrôles antidopage :
En et Hors compétition
Substances associées :
Il existe 46 substances associées dans cette classe des diurétiques
Acétazolamide
disulfamide
Acide étacrynique
dorzolamide
Altizide
drospirénone
Ambuside
épitizide
Amiloride
étozoline
Aminométradine
furosémide
Bémétizide
hydrochlorothiazide
Bendrofluméthiazide
hydrofluméthiazide
Benzthiazide
indapamide
Brinzolamide
mannitol
Bumétanide
mébutizide
Butizide
méfruzide
Canrénoate de potassium
mersalyl
Canrénone
méthyclothiazide
Chlorazanil
métolazone
Chlormérodrine
pirétanide
Chlortalidone
polythiazide
Ciclétanine
spironolactone
Clofénamide
téclothiazide
Clopamide
torasémide
Cyclopenthiazide
triamtérène
66
Cyclothiazide
trichlorméthiazide
Diclofénamide
xipamide
Nom de la classe de substance : S9. Glucocorticoïdes
Catégorie associée : classe de substances interdites
Cette classe regroupe 42 substances
Caractéristiques de la classe
Effets recherchés :
Anti-asthénique, anti-douleur, anti-inflammatoire, euphorisant.
Effets indésirables :
Hypertension, diabète, ostéoporose, ulcères, infections, insomnie
Indications thérapeutiques :
Douleur, inflammation, allergies, asthme
Contrôles antidopage :
En compétition uniquement
Note spéciale :
Les glucocorticoïdes sont interdits lorsqu’ils sont administrés par voie orale, rectale,
intraveineuse ou intramusculaire. Toute autre voie d’administration (locale, topique,
intraarticulaire) nécessite une notification médicale conformément aux règles pour
l’autorisation d’usage à des fins thérapeutiques.
La référence à l’AUT standard ou celle abrégée s’effectue selon les modalités
d’administration
Substances associées
Il en existe 42 recensées.
67
Acétonide de fluocinolone
Fluocinonide
Alclométasone
Fluocortinate
Amcinonide
Fluocortolone
Béclométhasone
Fluorométholone
Bétaméthasone
Fluprednidène
Budésonide
Fluprednisolone
Clobétasol
Flucatisone
Clobétasone
Hydrocortisone
Cortisone
Isofluprédone
Cortivazol
Médrysone
Désonide
Méprednisone
Désoximétasone
Méthylprednisolone
Désoxycortone
Mométasone
Déxaméthasone
Paraméthasone
Diflucortonole
Prednazoline
Difluprednate
Prednisolone
Extrait de surrénale
Prednisone
Fludrocortisone
Prednylidène
Flumétasone
Rimexolone
Flunisolide
Tixocortol
Fluocinolone
Triamcinolone
Faire un point style index utile en fin de thèse…
Liste des tricheurs sur www.cyclisme.dopage.free.fr
2.1.3. Substances non interdites en et hors compétition
a. Rappel
68
La liste des interdictions établie par l’AMA en vue des prochains JO d’Athènes,
comme vue précedemment, distingue les substances interdites « en » compétition ( I ) de
celles interdites « en et hors » compétition( II ). Et en y regardant bien, on s’aperçoit que les
sections 1 à 3 ne figurent plus dans cette deuxième partie Autrement dit, les sections S1, S2,
et S3 à savoir respectivement tous les stimulants, tous les narcotiques et le cannabis, ne
sont pas interdits hors compétition c’est-à-dire à l’entraînement, soit 90% du temps que
l’athlète consacre à sa discipline.
C’est la raison pour laquelle les différents points abordés ci-dessous sont « sous entendu »
après analyse des titres énoncés officiellement dans les textes.
b. Produits autorisés hors compétition
Il s’agit donc des substances se rapportant aux sections :
S1. Stimulants
S2. Narcotiques
S3. Cannabinoïdes
S4. béta-2 agonistes, sauf le salbutamol dont la concentration est supérieure à 1000 ng / mL
Ces dispositions restreignent considérablement le champ de détection des produits dopants
pour les contrôles diligentés hors compétition puisqu’elles excluent à priori toute recherche
sur ces substances.
Pourtant dans son avis n° 2001-4 du 11 juin 2001, le conseil de prévention et de lutte contre le
dopage (CPLD) avait attiré l’attention des ministres chargés des sports et de la santé sur les
problèmes posés par la distinction entre les contrôles en compétition et les contrôles hors
compétition. Le CPLD avait précisé à cette occasion qu’ «il est d’autant plus difficile de
tolérer l’usage de substances dopantes à l’entraînement qu’après la cessation de leur usage,
beaucoup d’entre elles sont encore présentes dans l’organisme et continuent d’avoir des effets
sur la performance sportive. En outre, les conséquences négatives sur la santé des sportifs sont
identiques dans les deux situations. Le dopage à l’entraînement, forme la plus élaborée du
dopage, a d’ailleurs incité les autorités françaises à multiplier les contrôles hors compétition.
Ainsi, la démarche conduisant à restreindre la liste des substances recherchées à la suite des
69
contrôles hors compétition apparaît en contradiction avec la politique de lutte contre le dopage
engagée par la France ».
L’arrêté du 27 mars 2002 relatif aux substances et procédés dopants avait
introduit néanmoins une importante réserve : en effet, « l’autorité compétente » pouvait
demander expressément que tout ou partie des substances dopantes interdites, exclues à
priori de la détection lors de contrôles hors compétition, soit quand même recherchée.
o L’affaire De Villiers
Ce cas a été soulevé par l’affaire du rugbyman international Pieter De Villiers,
contrôlé positif à la cocaïne et à l’ectasy (MDMA) après avoir fêté la victoire du Stade
Français en match de coupe d’Europe. Il ne fut sanctionné que par une non-participation au
tournoi des six nations 2003 par sa fédération et d’un match par son club, à titre d’exemple ;
le joueur tentera d’expliquer son « after » du mois de décembre : « je ne me dope pas, je ne
me drogue pas. Je ne sais pas comment ses produits sont arrivés dans mon corps (…) On a fait
une grosse fête. J’ai bu beaucoup de bières, je ne me sentais pas bien, j’ai vomi, des
vomissements intenses, j’ai eu mal à la tête. Mais consciemment, je n’ai jamais pris de
drogue » refrain connu pour certains :la cocaïne et l’ectasy avaient donc pénétré dans son
organisme à l’insu de son plein gré. Et dans un endroit pas spécialement réputé pour son
service brasserie.[] Le débat sur le dopage dit « festif » pouvait être lancé. Notion ambiguë
s’il en est puisqu’un sportif qui userait de stimulants pour « doper » sa vie privée pourrait se
doper sportivement en toute impunité. Cela reste quand même criticable ici, puisque la
cocaïne n’agit que quelques minutes à quelques heures et car l’ectasy ne mets pas un individu
dans les meilleures dispositions physiques et morales les jours suivant une prise, surtout pour
aller jouer au rugby. Cependant il ne faut pas perdre de vue que les produits incriminés sont
de toute façon illégaux et des stépufiants reconnus pénalement et que le sportif est un
professionnel donc soumis à des règles strictes se devant d’avoir un comportement
exemplaire, à moins que la « starisation » des sportifs ne les rapproche trop des dérives du
showbiz. De plus, l’hypothèse de la cocaïne dans un verre de bière étant mise à mal par les
toxicologues, consciemment ou pas, il y a donc eu à un moment ou à un autre de l’ « after »,
une prise active par inhalation en « sniffant ». Finalement le joueur sera « sauvé » par une
erreur de procédure puisque aucune « demande expresse » d’analyse de stimulants n’a été
requise par le ministère pour ce contrôle. (17)
70
c. Produits autorisés en compétition
Les sportifs sont susceptibles d’avoir recours à des produits thérapeutiques et ce même en
temps de compétition. En effet, ils ne sont pas à l’abri d’un mauvais virus par exemple. De
même, certains sportifs continuent de pratiquer tout en étant asthmatiques voire diabétiques.
Ainsi il est de mise de gérer ce type de cas et ce sont les Autorisations d’Utilisation à des fins
Thérapeutiques qui permettent à ces sportifs de se soigner.
c.1. Les Autorisations d’Utilisation à des fins Thérapeutiques (AUT)
« on ne soulignera jamais assez le rôle joué par les certificats médicaux pour apaiser les maux
de notre société. (…) Un peu comme si la société se réfugiait derrière la sacro-sainte caution
médicale avant de prendre une quelconque décision. C’est ainsi que certains réclament des
certificats pour (…) justifier l’emploi de produits dopants. Car bien des substances interdites
peuvent être utilisées par les sportifs avec l’accord d’un médecin. Sous réserve, bien entendu,
d’en avoir réellement besoin pour protéger leur santé et de respecter certaines voies
d’administration» [passe-droit des certif].
Ce commentaire du sociologue Patrick Laure résume assez bien la réalité du problème
posé par ces prescriptions médicales appelées précisemment dans le cadre du sport des AUT,
afin de bien souligner le caractère « curatif » de ces ordonnances qui autorisent donc
l’utilisation de produits présents dans la liste mais dans un but thérapeutique.
L’annexe 3 est le standard internationnal pour ces AUT mises en place par l’AMA se
distinguent donc ainsi :
Procédure Abrégée :
Celle-ci concerne essentiellement les béta-2 agonistes par inhalation (formotérol,
salbutamol, salmétérol, terbutaline) et les glucocorticoïdes par des voies non systémiques.
Le premier paragraphe concernant ce processus abrégé reconnaît que certaines substances de
la liste sont utilisées pour traiter des états pathologiques courants rencontrés fréquemment au
sein de la population sportive.
71
Il faut en fait décrypter que la pathologie reconnue est l’asthme, le traitement s’effectuant
effectivement à base de β-2 mimétiques et de glucocorticoïdes, c’est pourquoi il convient
impérativement de se pencher sur cet état de fait reconnu par les autorités afin de pouvoir dire
si oui ou non, il y a abus de ces ordonnances dites « de complaisance » par certains
détracteurs.
o Asthme chez les athlètes (biblio)
a. Présentation
De nombreux travaux récents font état d’une forte prévalence de l’asthme et,
notamment de l’asthme induit par l’exercice (AIE), dans le milieu sportif de haut niveau. Ceci
pourrait s’expliquer, à la fois par les hauts débits ventilatoires développés par l’athlète lors de
l’exercice, et par l’exposition répétée du système respiratoire à des agents irritants lors de la
pratique de certains sports (ex. air froid et sec pour le ski, air pollué pour la course à pied,
chlore pour la natation). Cet asthme semble néanmoins se distinguer de l’asthme
classiquement décrit dans la littérature.
Nous verrons alors quelle est l’incidence de cette pathologie en compétition après
avoir rappelé brièvement les modalités de traitement
b. Prévalence de l’asthme en fonction du niveau de pratique
Prévalence de l’asthme chez les athlètes de haut niveau
Depuis une vingtaine d’années, l’ensemble des études menées sur les athlètes de haut
niveau ont mis en évidence une forte prévalence de l’asthme et de l’AIE(…). En 1996, lors
des JO d’été d’Atlanta, 16,7% des athlètes américains présentaient des antécédents d’asthme
et/ou étaient sous médication pour des problèmes respiratoires [2]. Enfin, plus récemment,
Rundell et al. ont noté la présence d’un AIE chez près d’un quart des athlètes de haut niveau
américains [3].
Dans certaines études, ces chiffres étaient comparés à ceux obtenus dans la population
générale. Une différence significative était alors systématiquement observée (la prévalence de
l’asthme étant plus forte chez les athlètes). Pour exemples :
72
-
en 1998, alors que 4% de la population générale finlandaise était asthmatique, 23%
des athlètes de haut niveau semblaient concernés par le problème [4] ;
-
plus récemment, Nystad et al. [5] ont estimé à 10% la proportion d’athlètes norvégiens
de haut niveau asthmatiques, contre 6,9% de la population générale.
Prévalence de l’asthme chez les sportifs amateurs
Si la proportion d’athlètes de haut niveau touchée par des problèmes respiratoires est à
l’heure actuelle préoccupante, en revanche, les sportifs amateurs semblent relativement
épargnés. Dans une étude récente menée à Montpellier sur une population de 95 sportifs
amateurs, la prévalence de l’asthme a été estimée à 4,2% et celle de l’AIE à 5,3% (données
personnelles). Or, la population générale montpelliéraine compte environ
3,5¨%
d’asthmatiques [6]. Ainsi, la pratique sportive à un niveau amateur ne semble pas constituer
un facteur de risque dans le développement de l’asthme ou de l’AIE. Ce résultat est en accord
avec une étude norvégienne dans laquelle il a été montré que les athlètes qui s’entraînent plus
de 20h par semaine présentent un risque d’asthme 1,9 fois supérieur aux athlètes qui
s’entraînent moins de 10h par semaine.
c. Prévalence de l’asthme et de l’AIE en fonction de la discipline sportive
Si la fréquence de l’asthme et de l’AIE est globalement plus élévée dans la population
sportive de haut niveau, il est cependant important de noter que de grandes disparités existent
entre les différentes disciplines sportives. Les athlètes endurants paraissent ainsi
particulièrement sujets à ce type de troubles, alors que les athlètes à dominante force-vitesse
semblent relativement épargnés. Les athlètes soumis à des conditions environnementales
agressives pour le système respiratoire (air froid et sec, air pollué et/ou air chargé en
allergènes) pourraient, de la même manière que les athlètes endurants, présenter une
sensibilité bronchique exagérée.
Les sports d’endurance
Toutes disciplines confondues, les athlètes endurants sont ceux qui développent les plus hauts
débits ventilatoires à l’exercice. Or, lorsque de hauts débits ventilatoires sont atteints, les
voies aériennes périphériques sont mises à contribution dans le processus de conditionnement
(réchauffement et humidification) de l’air. Ceci peut alors induire des pertes thermiques et
73
hydriques au sein des zones distales du poumon et favoriser l’apparition de désordres
inflammatoires pulmonaires [7]. (…)
La course à pied et le cyclisme
En cyclisme, jusqu’à 50% des athlètes pourraient présenter des problèmes d’asthme [2]. De
même, en course à pied (pour les courses de moyenne et longue distance), un athlète sur deux
pourrait être concerné par ce type de trouble [9]. La question est donc de savoir pourquoi,
spécifiquement dans ces deux disciplines, la prévalence de l’asthme est si forte. Plusieurs
explications peuvent être proposées :
-
d’une part, dans ces deux disciplines sportives d’endurance, les athlètes développent
de hauts débits ventilatoires à l’exercice. (…)
-
d’autre part, du fait du brassage important d’air à l’exercice, les voies aériennes de ces
athlètes pourraient être exposées de manière récurrente à de nombreux allergènes.(…)
-
un autre paramètre, la pollution pourrait favoriser l’apparition de ces troubles. (…)
-
enfin, une surévaluation de la prévalence de l’asthme est possible. En effet, les
résultats obtenus par Weiler et al. [2] étaient fondés sur la seule analyse de
questionnaires anonymes. Il est possible que de nombreux athlètes aient voulu
indiquer prendre un traitement contre l’asthme, sans que le diagnostic d’asthme ait été
formellement confirmé.
Les sports d’hiver sont également sujets à des problèmes d’asthme et d’AIE
certainement à cause de températures et/ou hygrométrie basses qui favorisent la
dessication des bronches ;
Les sports aquatiques mettraient surtout en cause l’usage de chlore et de ses dérivés
pour désinfecter les piscines. Une étude [26] a évalué que « durant une séance
d’entraînement de deux heures, les nageurs inhalaient jusqu’à 6 g de chlore, ce qui
dépasse largement les maxima tolérés en une journée aux Etats-Unis dans les
entreprises. Dans la mesure où différents travaux ont montré que l’exposition au
chlore et à ses dérivés peut favoriser le développement d’inflammations et d’oedèmes
au niveau de la muqueuse bronchique [27] (…) »
(…)
74
d. Diagnostic et traitement de l’asthme : la position officielle de la SPLF et de la SFMS (index
avec toutes abréviations)
Des règles strictes de diagnostic et de traitement des troubles de l’asthme et de l’AIE
doivent être édictées car :
-
l’asthme des athlètes pourrait différer de « l’asthme classique » ;
-
si la physiopathologie de l’asthme s’avère spécifique chez l’athlète, le traitement
devra, lui aussi, être particulier ;
-
il est important d’éviter la prise de médicaments inutiles et/ou inefficaces ;
-
la prise de béta-2 mimétiques peut s’accompagner parfois d’un phénomène
d’accoutumance (tachyphylaxie) ;
-
les anti-asthmatiques par voie inhalée à doses thérapeutiques n’ont aucune incidence
sur la performance sportive ;
-
en revanche, par voie systémique ou inhalée à très fortes doses, certains béta-2
mimétiques pourraient avoir des effets anabolisants.
e. Le traitement des problèmes respiratoires chez l’athlète
L’athlète de haut niveau peut recourir à différents types de traitement afin de soigner son
asthme. Il s’agit, à la fois de méthodes non pharmacologiques et de traitements
médicamenteux. Afin de ne pas être contrôlé positif lors de tests antidopage, il lui revient
personnellement de se réferer systématiquement à la liste des produits interdits du code selon
l’AMA.
Traitement préventif non pharmacologique
Les méthodes non pharmacologiques visent à réduire l’amplitude de l’obstruction bronchique.
L’échauffement
Du fait de l’existence d’une période réfractaire de 2 à 4 h après la réalisation d’un premier
exercice, la réalisation d’un échauffement semble prévenir efficacement l’apparition d’AIE.
Pour bénéficier de ce rôle protecteur de l’échauffement, il semble indispensable d’effectuer un
exercice continu (d’une quinzaine de minutes) à intensité modérée. En effet, ce type
75
d’exercice semble plus efficace dans la prévention de l’AIE qu’un exercice intermittent
réalisé à haute intensité [50].
Les masques faciaux
L’usage de masques faciaux pourrait limiter, de manière significative, l’amplitude de l’AIE
chez l’athlète. En effet, le réchauffement et l’humidification – même minimes – de l’air
inspiré induits par le port du masque pourraient avoir une influence positive sur la réponse
bronchique post effort [51]. (…)
Traitement pharmacologique
Les β2-mimétiques pour soulager le patient et provoquer une dilatation bronchique
Les β2-mimétiques autorisés, à ce jour, sont :
-
β2-mimétiques de courte durée d’action : salbutamol, terbutaline ;
-
β2-mimétiques de longue durée d’action : formotérol, salmétérol.
Ces produits seront permis :
-
uniquement en spray ;
-
et uniquement sous couvert d’AUT (formulaire abrégé) avant une compétiton
-
hors compétion, sauf le salbutamol au delà d’une concentration urinaire de 1000 ng /
mL.
Tous les autres β2-mimétiques sont strictement interdits en compétition.
Posologie :
-
Salbutamol ( Ventoline® ) :1 à 2 bouffées 15 à 20 min avant l’effort (dose
maximale :15 bouffées par jour) ;
-
Terbutaline ( Bricanyl® ) :1 bouffée avant l’effort (dose max :8 bouffées par jour)
-
Formotérol ( Foradil® ) :12 µg 2 fois par jour, soit une gélule à inhaler matin et soir,
(dose max :24 µg 2 fois par jour, 2 gélules matin et soir) ;
-
Salmétérol ( Serevent® ) :50 µg matin et soir, soit 2 inhalations de 25 µg matin et soir
(dose maximale :100 µg matin et soir, soit 2 inhalations de 50 µg matin et soir)
Le traitement de fond visera essentiellement à limiter l’inflammation bronchique persistante à
base de corticoïdes inhalés également soumis à une AUT (formulaire abrégé)
-
Béclométhasone ( becotide® ) et ses génériques (dose max :2000 mg / j)
76
-
Budésonide ( Pulmicort® )
-
Fluticasone ( Flixotide® )
A noter qu’il existe des spécialités associant ces 2 classes :
-
Symbicort®
-
Sérétide®
f. Discussion
Dans un premier temps, il convient de se poser la question, légitime, de savoir si asthme et
sport de haut niveau sont compatibles ! Après tout l’asthme est une pathologie physiologique
relativement génante si l’on tient compte des témoignages des patients concernés bref c’est
une maladie handicapante.
Cela dit, aux vues des palmarès de nombreux athlètes asthmatiques, on serait tenté de
répondre que oui.
La natation connaît bon nombre d’asthmatiques parmi ses grands champions avec
notamment l’américain Mark Spitz (9 médailles d’or olympique), l’australienne Daw Fraser,
triple championne olympique, l’américaine Amy Van Dyken (4 médailles d’or), le français
Franck Esposito, l’américain Tom Dolan…etc. En athlétisme, notons la très célèbre
heptathlète américaine – Jackie Joyner-Kersee, qui terminait ses épreuves lors des mondiaux
de 95 avec un masque buccal pour limiter l’inhalation de pollen et ainsi éviter de se retrouver
à l’hôpital comme deux ans auparavant.
En cyclisme le cas est extrème, en effet 10 des 12 derniers tours de France ont été gagnés par
des asthmatiques. De plus, si on déclassait Bjarne Riis (vainqueur en 96) et Marco Pantani
(98) pour avoir été contrôlés positifs dans leur carrière (voir liste des positifs), ce sont 100%
des vainqueurs qui sont asthmatiques, à savoir Indurain, Ullrich et Armstrong.
Poutant ils n’étaient que 2 au départ du tour en 1980 et déjà 60 en 1995.
L’apparente proportion élevée d’asthmatiques chez les sportifs contrôlés suscite
l’étonnement, même si le pourcentage d’asthmatiques diagnostiqués chez les sportifs de haut
niveau (environ 15-20%) reste supérieur à celui de la population globale ( 6-7%).
En 2000, comme le suggère Patrick Laure, (les champions asthmatiques)« une nouvelle fois,
le salbutamol a été découvert lors d’une série d’analyses antidopage.(…). Très vite, certains
ont tenu le raisonnement suivant : si le salbutamol améliore en quelques minutes la respiration
77
d’un sujet asthmatique, cet effet sera d’autant plus marqué chez un non-asthmatique. Par
exemple, un sportif. (….).
Pourquoi le salbutamol ?
Ce béta-2 mimétique a pour propriétés de relâcher les muscles des bronches et de
l’utérus. D’où ses principales indications en médecine : le traitement de la crise d’asthme et la
diminution des contractions utérines en cours de grossesse. En France, le salbutamol est
disponible depuis 1971 et on le trouve en officine sous différentes formes : sirop, comprimés,
ampoules injectables et suspension pour inhalation, dont la plus connue est le tube bleu
commercialisé sous la spécialité ventoline®.
Rapidement, certains sportifs sont passés aux comprimés pour augmenter les doses. Par
ailleurs, ressentant moins la fatigue, ils lui ont attribué des vertus stimulantes. Et ceux qui en
prenaient de fortes doses (plus de 120 fois celle utilisée pour une crise d’asthme), observant
un développement de leur musculature, en ont déduit qu’il avait aussi des effets anabolisants.
Ainsi, au lieu d’utiliser des hormones pour faire engraisser les veaux plus vite et de façon
illicite, certains éleveurs recourent à cette gamme de produits [le passe-droit des certificats
médicaux, 15/07/99 – libération – Patrick Laure (médecin, sociologue, spécialiste des drogues
de la performance au CHU de Nancy)]
Enfin, des chercheurs français ont démontré, au cours d’un exercice sous effort maximal
intense sur bicyclette, que cette molécule pouvait améliorer significativement la performance.
Toutefois, outre des considérations éthiques, cet usage non thérapeutique engendre des effets
indésirables : palpitations, maux de tête, tremblements des doigts, tachycardie, vomissements,
etc. Pour ces raisons, le salbutamol et ses analogues ont été inscrits sur la liste des substances
dopantes.
Quoi qu’il en soit, depuis avril 2000, le code antidopage du mouvement olympique a fixé des
concentrations urinaires limites pour le salbutamol : plus de 100 ng / ml signerait un usage
stimulant et plus de 1000 ng / ml un usage anabolisant. Reste à différencier, pour des taux
inférieurs, l’usage par inhalation, autorisé de celui par voie orale, interdit. Une récente étude
espagnole y est parvenue, mais avec un taux de faux négatifs de 12%. Quant à l’analyse de
cheveux, elle n’apporte que peu de renseignements supplémentaires dans ce contexte.
Les corticoïdes n’échappent pas à la règle. Ils sont très appréciés des sportifs pour
leurs propriétés anti-inflammatoires.
78
Selon le monde (24/07/2001 – AFP – dopage – nouvelle polémique autour de la justification
thérapeutique) citant Michel Boyon, président du conseil de prévention et de lutte contre le
dopage (CPLD), 8 des 16 échantillons d’urine prélevés à l’issue des étapes pyrénéennes des
21 et 22 juillet ont révélé des traces de corticoïdes, une « substance interdite soumise à
certaines restrictions », selon le règlement de l’UCI ainsi que selon les textes en vigueur
actuellement en France.
Les coureurs contrôlés positifs n’ont pas été déclarés dopés, dans la mesure où des
prescriptions médicales ont été produites, justifiant la prise de « substances interdites
soumises à certaines restrictions », en majorité des corticoïdes.
« les contrôles pratiqués lors de ces deux étapes révèlent les faits suivants : un positif sur huit
sur une des étapes et 7 sur 8 sur l’autre », a indiqué Michel Boyon au quotidien.
« Au CPLD, nous avons la conviction que dans 95% des cas de justifications thérapeutiques
de corticoïdes, il existe une alternative médicamenteuse », a ajouté M. Boyon.
La parade :
Selon Philippe Gaumont, récemment licencié de l’équipe cycliste COFIDIS, il suffirait de
s’octroyer « une « bonne » justification thérapeutique pour que les contrôles positifs
deviennent négatifs. Voilà comment ça se passe : le médecin de l’équipe t’envoie voir un
allergologue, c’est obligatoire. Celui-ci constate que tu es sensible aux acariens et te prescrit
un spray. On avait la consigne à chaque fois de demander à tout prix du Nasacort. Pourquoi ?
car c’est un spray qui permet de masquer la cortisone. Quand on va au contrôle, on déclare
qu’on est allergique aux acariens, qu’on a une prescription de Nasacort® (triamcinolone) et
qu’on en a pris le matin par voie nasale. Et à côté, on a pu se faire tranquillement une
injection de Kenacort® (produit interdit), car au contrôle, on ne sait pas faire la différence
entre le spray et l’injection.
Ensuite, le médecin t’envoie vers un dermatologue. Tu te grattes un peu les testicules avec du
sel pour lui montrer que tu as des rougeurs et il te prescrit 6 mois de Diprosole® en pommade.
Comme ça, derrière, tu peux te faire du Diprostène® (interdit) en injectable sans risquer non
plus d’être positif ».
Il s’agit donc de l’illustration des problèmes rencontrés par les instances de lutte antidopage.
Ces corticoïdes sont une telle source de problèmes et de complications que l’on peut peut-être
penser qu’à terme, cette classe disparaitra carrément de la liste. C’est en tous cas un courant
nouveau, propablement d’origine nord-américaine et qui pourquoi pas, pourrait plaire à
l’AMA, basée à Montréal : libéraliser les corticoïdes. Après tout, ne vient-elle pas de
supprimer les anesthésiques locaux de la liste ?
79
Procédure Standard
Toutes les autres substances interdites par le code de l’AMA peuvent en effet faire
également l’objet d’une prescription médicale mais le formulaire de demande est plus complet
et détaillé que pour les GC et béta-2. (cf annexe ???? à mettre ou pas ?)
Cependant, faut-il s’inquiéter de cette disposition qui pourrait une nouvelle fois profiter à des
sportifs peu scrupuleux ou doit-on faire confiance aux bonnes pratiques médicales auxquelles
tous les médecins sont tenus ?
Selon un article paru dans libération le 10/08/2000 (les dopés du tour étaient tous malades),
« 45% des 96 contrôles effectués sur 71 coureurs du Tour de France 2000 se sont révélés
positifs (…) et la plupart des coureurs, dont l’identité n’a pas été révélée par le Conseil
Français de Prévention et de Lutte contre le Dopage, avaient pour la plupart de bonnes raisons
d’avoir recours à des produits interdits. (…) L’ancien champion du monde belge Claude
Criquelion, aujourd’hui directeur sportif de l’équipe Lotto, s’est déclaré (…) « scandalisé »,
mais en s’étonnant que l’on puisse douter de la bonne foi des coureurs. Comme si un cycliste
ne pouvait pas être malade ni se soigner comme tout le monde !
Luis Garcia del Moral, médecin de Lance Armstrong, est également très remonté : « il n’y a
aucun cas de dopage dans le peloton. Les cyclistes ont présenté avant le Tour les documents
nécessaires pour pouvoir utiliser ces substances, bien qu’elles figurent sur la liste des produits
interdits. Quand leur usage est justifié légalement, elles deviennent des produits
thérapeutiques. » CQFD en quelque sorte.
Cependant, il faut bien comprendre qu’il n’est en aucun cas question d’interdire aus
sportifs de se soigner, mais bien d’éviter qu’ils ne tombent dans le piège d’un dopage justifié
par un certificat médical d’une valeur parfois douteuse malgré toutes les précautions prises
dans le code antidopage. Après tout, rares sont les personnes qui vont travailler dès qu’elles
sont malades, hormis en sport.
c.2. Anesthésiques locaux
80
On distingue les amino-esters et les amino-amides. Citons la lidocaïne, bupivacaïne…etc.
Ces médicaments suppriment la douleur et existent sous diverses formes. Cette classe était
autorisée sous couvert d’une prescription médicale mais a été retirée de la liste établie par
l’AMA pour 2004 et sera donc tout simplement autorisée dès son application. Les spécialités
contenant ces anesthésiques locaux sont nombreuses et particulièrement appréciées par les
sportifs sous forme injectable en intra-articulaire, ces fameuses « infiltrations » qui remettent
sur pied des sportifs touchés aux articulations (genou, cheville, coude…) pour le match
suivant ou afin de prolonger leur effort le jour même. Le problème est que la douleur est un
mécanisme physiologique protecteur dans le sens où elle constitue un signal d’alarme de
dysfonctionnement. En étant privé de ce signal d’alerte, le sportif risque alors d’aggraver une
lésion sous-jacente qui, justement, avait provoqué la douleur. On n’ose même pas imposer ce
traitement aux chevaux de course. Inutile de préciser que cette substance, désormais autorisée
en compétition, l’est évidemment en période d’entraînement.
2.2. Méthodes
M1 : Amélioration du transfert d’oxygène
1. Introduction
Le facteur primordial de la performance physique dans les sports d’endurance (courses
de fond, ski de fond, cyclisme…) est le rendement énergétique aérobie. Il est exprimé par la
consommation maximale en oxygène ou VO2max. Les facteurs physiologiques susceptibles de
limiter cette VO2max sont : le système pulmonaire, le débit cardiaque maximal, la capacité de
transport de l’O2 dans le sang et certaines caractéristiques des muscles squelettiques telles que
la densité des capillaires, la concentration en enzymes, la masse musculaire. Dans le domaine
de la physiologie de l’effort physique (sujets sans maladie métabolique effectuant des efforts
physiques maximaux sollicitant l’ensemble du corps), la VO2max est limitée par la capacité du
système cardiovasculaire (cœur, poumons, sang) à transporter de l’O2 au muscle et non par la
capacité des mitochondries des muscles à consommer l’O2 [1]. D’où l’idée qu’une
81
augmentation « artificielle » du transport de l’O2 devrait améliorer la performance dans les
sports d’endurance. Elle peut être réalisée de différentes manières.
2 Augmentation du transport d’O2 par action directe sur l’hémoglobine
Par diffusion au travers de la membrane pulmonaire, l’O2 « gazeux » provenant de
l’air inspiré devient de l’O2 dissous dans le plasma. La solubilité de l’O2 étant très faible, sa
presque totalité transportée par le sang est combinée à l’Hb sous forme d’oxyhémoglobine.
2.1 Augmentation de la concentration en hémoglobine
La production des GR et la synthèse de l’Hb sont essentiellement sous l’influence
d’une hormone, l’érythropoïétine (Epo) produite par le rein (90%) et, pour une part moins
importante (10%), par le foie. Cette hormone exerce son effet en se liant sur des récepteurs
(EpoR) situés à la surface des progéniteurs et des précurseurs de la lignée érythroïde,
essentiellement sur les « Colony-Forming Units-Erythroids » (CFU-E) sur lesquelles on
dénombre environ 1100 récepteurs par cellule. Elle agit en diminuant l’apoptose et en
accélérant la différenciation des CFU-E. Elle accroît la synthèse de certaines protéines dont
l’Hb et favorise la sortie des réticulocytes de la moelle.
L’hypoxie tissulaire est le principal stimulus de la production de l’Epo. Il existe un capteur
sensible à l’O2 au niveaun rénal [2] : il s’agit vraisemblablement d’une protéine de nature
héminique. Cette hypoxie tissulaire conduit, par des mécanismes pas encore totalement
élucidés, à l’augmentation de la transcription en ARNm du gène de l’Epo, de la traduction et
de la libération de la protéine dans la circulation. Une stimulation continue du gène de l’Epo
conduirait à des effets néfastes. Lorsque la production n’est plus nécessaire, des facteurs de
transcription négatifs entrent en action [3].
La première idée, pour augmenter le transport de l’O2 par le sang, fut donc d’élever la
concentration sanguine en Hb ou, ce qui est équivalent, d’augmenter le nombre de GR. Pour
cela différents moyens peuvent être utilisés.
2.1.1. L’altitude
La méthode la plus ancienne et la plus naturelle consiste à aller s’entraîner en altitude.
En effet, la proportion de l’oxygène dans l’air diminuant avec l’altitude, l’organisme réagit à
82
cette hypoxie en sécrétant de l’Epo.(…) Une exposition à une altitude supérieure à 1500-1800
mètres est nécessaire pour stimuler l’érythropoïèse. Toutefois, les effets des séjours en
altitude sur la performance ne font pas l’unanimité.
2.1.2. l’altitude simulée
Une autre méthode comparable bien que non naturelle, consiste à utiliser des chambres
hypobares ou hypoxiques, simulant la composition de l’air en altitude. Différentes techniques
sont utilisées telles que :
•
« l’entraînement continu en hypoxie », semblable à celui effectué en altitude ;
•
« dormir haut, s’entraîner bas » c’est-à-dire dormir en altitude simulée alors que
l’entraînement physique se fait en normoxie [5] ;
•
« s’entraîner haut, dormir bas », une autre variante consistant à s’entraîner en altitude
simulée et à dormir en normoxie [6] ;
•
« l’exposition intermittente à l’hypoxie », c’est-à-dire des expositions d’une heure
trente à deux heures par jour [4].
L’effet de telles pratiques tant sur la stimulation de l’érythropoïèse que sur la performance est
controversé.
2.1.3. La transfusion sanguine
Un accroissement immédiat du nombre d’érythrocytes circulants peut être obtenu par
re-infusion de 400-500 ml de GR, prélevés quelques mois plus tôt sur le sportif concerné ou
sur un donneur compatible. Il s’agit là d’un procédé de dopage, avec effets immédiats, initié
par les athlètes scandinaves dans les années 1960. il est évidemment interdit mais cependant
toujours indécelable. Cette technique de dopage était devenue obsolète avec la mise sur le
marché des érythropoïétines recombinantes humaine (r-HuEpo) mais, ces molécules étant
actuellement détectables, elle pourrait réapparaître.
L’apparition en préchirurgie de la nouvelle partique de la transfusion autologue assistée par
l’utilisation de rHu-Epo (rHu-Epo-enhanced autologous transfusion ou EEAT) pourrait
aussi tenter un certain nombre d’athlètes. Elle consiste généralement à l’administration de rHuEpo, par intraveineuse deux fois par semaine pendant trois semaines avec une
supplémentation en fer [7]. Elle permet de collecter trois à cinq unités de sang (sur une
83
période de un mois) avec des changements minimes de la concentration sanguine en Hb et de
disposer rapidement de sang autologue sans affecter les capacités d’entraînement. Les
injections de r-HuEpo peuvent être stoppées quelques jours avant la compétition de façon à
éviter un test urinaire positif lors de la compétition.
2.1.4 Les érythropoïétines recombinantes humaines (α, β, ω)
Depuis la fin des années 80, et jusqu’à la mise au point d’une méthode de dépistage en
2000 [8], l’arrivée sur le marché des différentes formes de rHu-Epo, par leur facilité
d’utilisation (injections sous-cutanées), a permis d’étendre la pratique du « dopage sanguin »
dans le milieu sportif.
Il existe aujourd’hui différentes rHu-Epo : α, β et ω, cette dernière n’étant pas commercialisée
en France.
Les rHu-Epo α et β sont prescrites, respectivement depuis 1986 et 1990, dans le traitement de
l’anémie consécutive à l’insuffisance rénale chronique ; leurs indications ont ensuite été
étendues à d’autres types d’anémies telles celles rencontrées dans les cancers, les maladies
inflammatoires chroniques, les anémies des prématurés et à la transfusion sanguine autologue.
Ces trois substances pourraient, à court terme, être utilisées dans le traitement de la
défaillance cardiaque et de l’attaque cérébrale.
Une utilisation mal maîtrisée de la rHu-Epo à des fins de dopage n’est pas sans risque ; on
pense qu’elle a été responsable de la mort subite de 17 cyclistes en 1989-1990.
L’accroissement du nombre de GR associé à la déshydratation due à l’exercice physique
intense prédispose l’athlète à des comlications thrombo-emboliques [9]. Différentes mesures
prises par la suite, aussi bien par l’UCI (Union cycliste internationale) avec des limitations de
l’hématocrite à 50%, de la concentration en Hb à 17 g/dL, du pourcentage des réticulocytes à
2%, que la fédération internationale de ski (limitation de la concentration en Hb à 17,5 g/dL)
ont conduit les tricheurs à utiliser des doses moindres de rHu-Epo. Dès lors ont disparu les
hématocrites (Htc) à 60% ou les concentrations en Hb à 20 g/dL, fréquents dans les années
1994 à 1998 (et qui nécessitaient que les sportifs dorment sous monitoring et se lèvent la nuit
pour faire de l’exercice afin d’éviter les accidents thrombo-emboliques). Malgré cette
diminution des doses utilisées, l’utilisation chez le sujet sain n’est pas sans danger et les effets
secondaires à long terme ne sont pas connus. Une étude épidémiologique franco-anglaise
réalisée en 2002 a révélé 26 cas d’aplasie des globules rouges, consécutive à une réponse
immunitaire anti-érythropoïétine, chez des patients souffrant d’insuffisance rénale chronique
84
après une période de traitement allant de trois à 53 mois [10]. De plus un traitement à la rHuEpo doit, pour être efficace, être accompagné de prise de fer. Il apparaît aujourd’hui qu’une
grande proportion de cyclistes professionnels présenterait un degré de surcharge en fer
comparable à celui de patients souffrant d’hémochromatose génétique. L’origine de cette
surcharge serait due à l’administration de fer par voie intraveineuse associée à la prise de rHuEpo. Ces sujets sont donc susceptibles de développer des troubles hépatiques et notamment un
cancer du foie.
Ces molécules sont à présent détectables, mais leur courte demi-vie fait qu’elles ne sont plus
retrouvées quelques jours à une semaine après la dernière injection. Leur effet ergogénique
peut, en revanche, durer d’une à tois semaines. Donc en arrêtant les administrations quelques
jours avant la compétition, le sportif tricheur a peu de chances de se faire prendre.
2.1.5 La darbapoïétine (Aranesp)
En juillet 2001, une nouvelle molécule, la darbapoïétine (que l’on pourrait considérer
comme une forme retard de l’Epo) a fait son apparition. Eliminée du sang moins vite que les
formes précédentes, elle permet des administrations moins fréquentes (une fois par semaine
ou moins, au lieu de trois fois) pour des effets équivalents aux rHu-Epo α et β. Elle a été
utilisée notamment au cours des JO d’hiver de Salt Lake City. Malheureusement pour les
tricheurs, sa demi-vie (environ deux fois plus longue que celle des rHu-Epo α et β permet de
la détecter plus longtemps après la fin des injections. [11]
2.1.6. L’érythropoïétine δ (Dynepo)
Des chercheurs ont réussi à produire de l’érythropoïétine ( Epo δ ou Dynepo) grâce à
un procédé appelé « gène activation », dans lequel la production de la protéine résulte de
l’activation d’un gène endogène quiescent dans des cellules humaines [12]. Le laboratoire
Aventis n’a fourni aucune information quant au degré de similitude avec l’Epo endogène.
2.1.7. L’érythropoïétine encapsulée
Il est aujourd’hui possible de faire produire de l’Epo « en continu » par des cellules
humaines vivantes, emprisonnées dans de toutes petites capsules en céramique
(microbioréacteurs) implantées sous la peau et isolées de l’organisme du sujet [13]. La
85
capsule est conçue de manière à laisser entrer l’O2 et les éléments nutritifs nécessaires à la
survie des cellules et laisser sortir les déchets et l’Epo produite ; elle préserve aussi les autres
cellules productrices d’Epo de l’attaque des cellules et molécules du sysème immunitaire de
l’hôte. Ces cellules possèdent un gène de sécurité, qui assure leur destruction au cas où elles
s’échapperaient de la capsule. Une fois la valeur de l’Htc désirée atteinte, il suffit de retirer la
capsule.
Les isoformes de l’Epo obtenues, bien que produites par des cellules humaines, seraient plus
proches des isoformes des rHu-Epo que de celles de l’Epo physiologique.
2.1.8. La thérapie génique
Depuis quelques années plusieurs équipes ont démontré la faisabilité du transfert du gène de
l’Epo chez les rongeurs et les primates [14,15]. Les deux principales approches sont le
transfert de gène in vivo ou le transfert de gène ex vivo dans des cellules isolées qui sont
ensuite transplantées dans l’organisme récepteur. Mais les applications humaines nécessitent
la mise au point d’un système de régulation de la sécrétion de l’Epo par ces cellules pour
assurer l’efficacité biologique et éviter les effets toxiques dus à l’augmentation continue de
l’Htc(…). Le laboratoire Oxford Biomedica a mis au point un vecteur viral permettant de
délivrer le gène de l’Epo humaine : le Repoxygen™ qui est actuellement en phase d’étude
clinique chez l’homme.
2.1.9 Les mimétiques de l’Epo et la modulation de l’activité du récepteur
Le coût et le manque de confort occasionnés par les traitements classiques à l’Epo ont
conduit à rechercher à délivrer la protéine par voie orale. L’activation de l’EpoR, récepteur
transmembranaire, implique le rapprochement (homodimérisation) de deux récepteurs
monomères par une seule molécule d’Epo. Ce rapprochement peut être effectué soit par de
petits peptides, constitués d’une vingtaine d’acides aminés, soir de petites molécules non
peptidiques qui miment l’effet de l’Epo au niveau de son récepteur cellulaire [22]. Ces
molécules ne sont pas encore, à notre connaissance, au stade des études cliniques.
Une autre possibilité consiste à prolonger la durée d’action de l’Epo. Une enzyme, l’
« Haematopoietic Cell Phosphatase » (HCP) agit comme un régulateur négatif de la cascade
de signalisation induite par l’Epo. Des inhibiteurs spécifiques de cette phosphatase
permettraient d’augmenter l’action de l’Epo endogène [3].
86
2.2. les modificateurs allostériques de l’hémoglobine
Les modificateurs allostériques de l’Hb pourraient également séduire certains athlètes.
Ces composés permettent à la protéine de libérer plus d’O2 au niveau des tissus qu’elle ne le
fait naturellement et, de ce fait, sont préconisés pour augmenter l’oxygénation des tumeurs
afin de les rendre plus sensibles à la radiothérapie. Le RSR13 (Efaproxiral) est le composé le
plus avancé dans ce domaine et est actuellement en phase III d’étude clinique.
3. Augmentation du transport d’O2 par des transporteurs d’oxygène
Aujourd’hui, de nouveaux médicaments, des transporteurs d’oxygène improprement
appelés sang artificiel, apparaissent en thérapeutique. Il s’agit des émulsions de
perfluorocarbures (PFCs) et des solutions d’hémoglobines « Haemoglobin Oxygen Carriers »
(HBOCs) [24].
Les PFCs sont des hydrocarbures fluorés synthétiques. Ce sont des substances
chimiquement et biologiquement inertes et les meilleurs solvants connus de gaz ; ils
dissolvent 20 à 25 fois plus de gaz (O2, CO2, N2,…) que l’eau ou le sérum dans les mêmes
conditions. L’extraction de l’O2 des PFCs est facilitée par le fait qu’il n’y a pas de liaison
chimique et par la grande surface d’échange des goutelettes du fait de leur petite taille (0,1 à
0,3 µm). il en résulte que 90% de l’O2 dissoute est délivrée aux tissus alors que l’Hb en
délivre seulement 25-30%. Dans des conditions normales, le sang (taux d’Htc 45%,
concentration en Hb 15 g/dL) fournit 5 ml d’O2 par 100 mL. Dans les mêmes conditions, une
émulsion de perflubron (Oxygent®), libère 2 mL d’O2 par 100 mL. Sous une atmosphère
renfermant entre 90 et 100% d’O2, le volume délivré est de 10 mL par 100 mL. Les quantités
d’émulsion infusées ne pouvant excéder 300 à 500 mL, il paraît peu probable que des athlètes
respirant l’air ambiant puissent bénéficier d’un quelconque effet ergogénique.
Les préparations d’Hb en cours de développement sont des solutions de protéines libres. Pour
cela il est absolument nécessaire d’obtenir des molécules parfaitement pures. Mais cette
libération de la protéine a fait apparaître divers problèmes (…), et ces Hb ont donc dû être
modifiées de façon à maintenir la protéine tétramérique, mais aussi pour augmenter leur demivie circulatoire et diminuer leur affinité pour l’oxygène afind’assurer une bonne oxygénation
des tissus. Trois grands types de modifications chimiques peuvent être utilisées : la création
de liaisons intramoléculaires entre différentes sous-unités (α-α, β-β, α-β), la polymérisation, la
87
conjugaison à des macromolécules. Une solution d’Hb polymérisée à base d’Hb bovine,
l’Oxyglobine®, est actuellement commercialisée pour un usage vétérinaire ; un produit
analogue, l’Hémopure® a reçu l’agrément des autorités médicales en Afrique du Sud, pour le
traitement, chez l’homme, de l’anémie aiguë. La capacité d’oxygénation de ces solutions
d’Hb serait trois fois supérieure à celle contenue dans le GR [25]. Les deux produits
actuellement sur le marché présentent des effets secondaires qui, bien que mineurs (problèmes
gastro-intestinaux), devraient dissuader les athlètes de leur utilisation. Les produits à venir
semblent dénués de ce type d’inconvénient.
M2 : Manipulation pharmacologique, chimique et physique
La liste 2004 cite :
-
la cathétérisation,
-
la substitution et/ou l’altération de l’urine,
-
l’inhibition de l’excrétion rénale ;
Ceci englobe toutes les techniques mises en œuvre par les cyclistes eux-mêmes lors du
contrôle ainsi que les agents masquants (S8). Noter par ailleurs que le livre écrit par Willy
Voët, ex-soigneur de Richard Virenque, « massacre à la chaine » paru en 1999 décrit
beaucoup de ces astuces. Enfin, la liste termine par - l’altération des concentrations de
testostérone et d’épitestostérone - faisant allusion notamment au Bromantan ®, qui est un
antidépresseur vendu en Russie (dont il n’existe pas de spécialité en France) à propriétés
stimulantes et également utilisé comme agent masquant administré avec de l’épitestostérone,
ce qui modifie le rapport T/E qui ne doit pas dépasser 6/1.
M3 : Dopage génétique
Des experts scientifiques, réunis à Genève (Suisse) le 2 octobre 2003 à l’occasion
d’une conférence sur « les gènes et le sport » organisée par l’Académie internationale des
88
sciences et technologies du sport, se sont inquiétés d’une possible menace d’un dopage
génétique dans un futur proche.
« Le risque de voir un jour des athlètes manipulés génétiquement est pris très au sérieux,
même si les techniques en sont encore à leurs premiers balbutiements », rapporte Swissinfo.
Les thérapies géniques sont aujourd’hui un des domaines dont on parle le plus en médecine.
Elles devraient en effet permettre un jour de recourir à des gènes reprogrammés pour guérir
des maladies jusqu’ici incurables. Mais même au stade embryonnaire où en sont pour l’instant
ces technologies, certains savants craignent que l’on s’en serve dans des buts non
thérapeutiques. Par exemple pour faire courir les athlètes plus vite. « On a d’abord cru que
l’on pourrait isoler un gène de la performance ou de la résistance physique, rappelle Sandro
Rusconi, de l’université de Fribourg. Mais l’hypothèse était trop simpliste. Par contre, l’étude
de combinaisons entre plusieurs gènes pourrait aider à comprendre comment développer les
attributs propres aux sportifs. »
L’identification et la manipulation de ces séquences de gènes reste une menace « lointaine »
mais « hautement » probable. « Nous sommes encore loin de pouvoir identifier ces séquences
de manière claire et en toute sécurité, mais l’histoire du dopage dans le sport nous fournit de
nombreux exemples de gens assez avides pour s’emparer de techniques qui ne sont pas encore
au point. »
Pour des sportifs désireux d’améliorer leurs performances, l’attrait de la technique de transfert
de gènes réside dans l’apparente difficulté à déceler la manipulation. Au lieu de s’injecter
constamment des hormones qui améliorent la performance comme l’Epo, les athlètes
pourraient subir un transfert de gène responsable de la production naturelle de cette hormone,
directement dans leurs cellules. Selon les experts, ces traitements seraient pratiquement
irréversibles et s’accompagneraient de sérieux effets secondaires, comme la crise cardiaque
dans le cas de l’EPO. « Je ne pense pas que nous ayons un risque de voir le dopage génétique
devenir une réalité dans les dix prochaines années », estime pour sa part le docteur Bernd
Wolfarth, de l’université de Fribourg en Brisgau, pour qui la thérapie génique est tellement
peu avancée que personne n’est capable de dire concrètement à un athlète quel gène pourrait
améliorer ses performances. La plupart des grandes fédérations sportives mondiales ont d’ores
et déjà exprimé leur souci quant au rôle potentiel de la génétique dans les futures techniques
de dopage. Pour Dick Pound, président de l’AMA, l’arrivée de dopants génétiques
impossibles à déceler signifierait même carrément « la disparition du sport tel que nous le
connaissons aujourd’hui ». [le dopage génétique inquiète la communauté scientifique, Sport et
Santé, n° 678 / la lettre de l’économie du sport / vendredi 10 octobre 2003]
89
Discussion générale à propos des méthodes :
Même si la toute récente détection de l’Epo a mis un frein dans la consommation des
sportifs et notamment ceux qui pratiquent des sports d’endurance, il faut noter que la mesure
de taux d’hématocrite n’est pas un indicateur suffisamment fiable pour déceler les tricheurs
qui continuent de passer au travers des contrôles. L’Epo n’est effectivement détectable que
pendant trois à sept jours après son utilisation ou sa dernière injection alors que ses effets
peuvent durer plusieurs jours mais, finalement pas suffisamment pour être efficace un Tour de
France entier. D’où l’intêret de l’établissement par certaines fédérations de « valeur seuil »
(Htc et/ou Hb) qui, si elles n’empêchent pas le dopage en limitent son utilisation et ses effets
néfastes sur la santé. Pourtant les limites de ce seuil sont confirmées par les propos de Willy
Voët qui explique : « quand le seuil a été fixé à 50%, nos coureurs n’ont jamais été inquiétés
car leurs taux tournaient aux alentours de 53% et nous savions faire baisser ces chiffres de
quatre points en vingt minutes. C’est presque comme légaliser l’Epo car finalement cela incite
ceux dont le taux d’Htc est bien en dessous de la moyenne à flirter avec les limites .»(3)
Un nouvel arrêté datant du 11 février 2004 prévoit également un examen biologique
comprenant la formule sanguine, les réticulocytes et le dosage de la ferritine, ce qui permet un
bien meilleur indice sur la santé de nos sportifs ; espérons que sa mise en place sera effective
rapidement et utilisée à bon escient puisque ces données ne laissent que très peu de place au
doute quant à l’utilisation d’Epo.
En ce qui concerne toujours l’Epo (audran), de nouvelles générations appelées Epo
« retard » sont encore au stade des évaluations cliniques comme l’Aranesp® mais ne sont pas,
pour le moment, disponibles sur le marché.
Les produits qui peuvent être encore suspectés sont les PFCs, les solutions
d’hémoglobines
réticulées
(Hemassist®
qui
n’est
plus
fabriquée),
les
solutions
d’hémoglobine polymérisées (Hémopure®) et les solutions d’hémoglobines conjuguées.
Toutefois, avant les decouvertes sur le Giro 2001 avec des perquisitions dans les chambres
d’hôtel des coureurs, il semblerait que suite à des conséquences dramatiques chez deux
coureurs, ces produits n’étaient plus préconisés au sein du peloton. En tous cas, ceux qui
90
utilisent ces produits ne peuvent le faire que par perfusion intraveineuse et à fortes doses juste
avant l’épreuve.
Il en va de même pour le RSR13 pourtant non commercialisé et déjà découvert dans
les valises de plusieurs coureurs participant au Giro 2001. (Encore faut-il rappeler que l’Epo a
fait son apparition dans le peloton vers 1988, soit un an avant sa commercialisation en France
en 1989) Ces produits n’existant pas à l’état naturel dans l’organisme, ils sont donc très
faciles à détecter. Le dépistage peut alors être effectué par les techniques habituelles du
contrôle antidopage mais dans le milieu biologique adéquat. Les PFCs ne sont pas
métabolisés et pas éliminés dans l’urine ; ce milieu n’est pas non plus approprié pour détecter
la prise d’HBOCs polymérisées ou conjuguées. La prise illicite de ces deux produits doit donc
être détectée sur un prélèvement sanguin, ou dans l’air expiré pour les PFCs. Ce qui n’est pas
fait, les contrôles étant toujours urinaires. La création d’un « passeport de santé », suivant
l’athlète du début à la fin de sa carrière, et fondé sur le suivi d’un nombre minimal de
paramètres biologiques mesurés au cours de prélèvements programmés et inopinés, pourrait
être un complément du contrôle antidopage et gêner le recours aux produits ou méthodes de
dopage.
A noter enfin le retour en grâce des transfusions sanguines, révélées encore très
récemment lors des affaires Kelme et Cofidis. Qu’il s’agisse d’auto-transfusions ou d’hétérotransfusions, elles sont revenues au premier plan, abandonnées pendant les « années Epo »
pour le côté plus pratique de cette dernière. Michel Audran, grand spécialiste du dopage
sanguin à l’université de Pharmacie de Montpellier, n’est pas surpris : « Un donneur
compatible, un frère ou un ami payé pour ce faire, se fait prélever 450 ml de sang. Dans une
centrifugeuse, on isole les GR du plasma du donneur. Le coureur s’injecte ces seuls GR,
augmentant ainsi son hématocrite de 10% environ, tandis que le donneur se réinjecte son
plasma pour conserver le même volume sanguin. Les transfusions peuvent être modulées
selon les besoins pendant trois semaines de course, car ces poches de sang doivent
simplement être maintenues à la température de 4°C. »
Le procédé est encore à ce jour indécelable car les transfusions portent sur les seuls GR et non
sur le plasma où est lue la présence de l’Epo exogène sur les profils iso-électriques (même si
une équipe néo-zélandaise de chercheurs serait en bonne voie et que certains avancent que le
test serait prêt pour le début des JO d’Athènes). Et cette technique pourrait même se
sophistiquer en dopant le donneur universel désigné à l’Epo, son temps de récupération de GR
étant ainsi plus rapide, il « alimenterait » plusieurs coureurs.
91
Au-delà, il faut bien comprendre qu’outre le fait de faire passer pour banal un acte
chirurgical qui n’a pas sa place dans une chambre d’hôtel, elles sont également la porte
ouverte à l’administration de n’importe quelle substance, de leur plein gré ou à leur insu. Et
ce, malgré toute la confiance accordée au médecin par les athlètes en général.
A quelques exceptions près, les moyens de dopage cités ci-dessus restent réservés aux
athlètes de haut niveau. Ce dopage « high-tech » ne doit pas faire oublier le dopage plus
classique à base de stimulants, corticoïdes et autres anabolisants qui sont plus aisément
accessibles aux jeunes sportifs n’ayant pas forcément les moyens financiers pour se fournir
des ampoules d’Epo par exemple, dont le prix au marché noir est démultiplié.
2.3. Contrôles antidopage
2.3.1. difficultés rencontrées
Un standard international est prévu pour le déroulement des contrôles, notamment
afin d’éviter toute manipulation physique ou chimique qui fausserait l’analyse de l’échantillon
comme ce fut souvent le cas. Les exemples ne manquent pas : sondage de la vessie, poche
d’urine cachée sous les testicules, traces de produits masquants sur les doigts du contrôlé
rendant impossible l’analyse ultérieure. Il aura finalement fallu attendre des années afin de
faire déjouer toutes ces manipulations.
Willy Voët raconte : « il fallait se munir d’un tuyau en caoutchouc, flexible et rigide à la fois.
A une extrémité, on fixait un bouchon en liège le plus souvent. A l’autre, on accrochait un
préservatif, enfilé sur un tiers du tuyau. Enfin, pour plus de précaution, on collait des poils de
moquette, voire des poils tout court, sur la partie qui sortait du préservatif. Dans le car de
l’équipe où le coureur venait se changer avant de passer au contrôle, il ne restait plus qu’à
passer à la deuxième étape :se glisser dans l’anus le bout du tuyau muni du préservatif,
injecter avec une grosse seringue de l’urine « ordinaire », boucher le tuyau et le coller à la
peau, en épousant la forme du périnée, jusqu’au bord des parties génitales. D’où les poils,
pour masquer le tuyau si le médecin contrôleur décidait de se baisser jusqu’au plancher. Le
92
préservatif chargé d’urine se déployait dans l’anus, ce qui présentait aussi l’avantage de tenir
le liquide au chaud. Impa-ra-ble. Les médecins n’y ont jamais vu que du feu. J’ai usé de ce
stratagème pendant trois ans en toute tranquilité. (…) Cela dit, il s’adressait à des hommes
intrépides. Car il ne faut pas avoir froid aux yeux pour s’avancer vers le médecin contrôleur
avec un tel appareillage dans les fesses ! Si les coureurs sont des guerriers, ce sont aussi des
comédiens. Depuis la catastrophe Pollentier, les coureurs devaient en principe se présenter
pratiquement nus dans la caravane antidopage. Rien sous les bras, rien dans les poches. Il
fallait bien trouver une autre cachette… » [massacre à la chaine , 1999]
Heureusement le protocole actuel limite toutes ces manipulations et donc les tentatives de
fraude.
De plus le caractère « inopiné » des contrôles semble être actuellement un des
principaux axes vers lequel les instances, tant internationale (AMA), que nationale (CPLD)
sont tournées comme le prouvent les pages suivantes. Les textes de loi en vigueur ne
prévoyaient en effet ces contrôles inopinés que sur les lieux de stage ou sur des compétitions,
ce qui est loin de représenter la majeure partie du temps consacré tout au long de l’année à la
discipline, d’autant plus que ces stages sont planifiés des semaines à l’avance. Voici enfin
l’illustration du type de problèmes que peuvent rencontrer les médecins préleveurs sur « le
terrain ».
o L’affaire des bleus à Noël 97
Le 26 Décembre 1997, six mois anvant la Coupe du Monde 98, le ministère envoie un de ses
contrôleurs sur le lieu de stage de l’équipe de France de Football à Tignes, ce qui met le
sélectionneur national d’alors Aimé Jacquet, dans tous ses états, colère, mépris, écoeurement,
tout y passe et le monde du football suivra. Poutant, la Ministre « Marie-Georges Buffet
choisit de dédramatiser. Elle déclare comprendre la réaction du sélectionneur national mais
rappelle tout de même que la date du stage de Tignes lui a été proposée par le président
Simonet lui-même. En effet, le stage de la fin décembre 1997 figure en tête d’une liste fournie
à la demande expresse du ministère par la fédération le 10 décembre 1997 et intitulée
« Evènements susceptibles de faire l’objet d’un contrôle inopiné » (…) et n’oublie pas
d’indiquer que les contrôles sont décidés par la direction des Sports.(…)
93
Pour le Docteur Garnier, à six mois de la grande fête de la Coupe du Monde en France, le
message délivré avait été très clair. L’écoeurement et la colère du monde du foot avaient
atteints leur but. Intensification de la lutte antidopage ou pas, l’union nationale était
proclamée. Il n’était plus question dès lors de mettre des bâtons dans les roues des hommes
d’Aimé Jacquet. » Aucun contrôle antidopage « inopiné » n’aura lieu jusqu’au début de la
Coupe du Monde (voir les scandales du sport contaminé, les bleus) On peut donc s’interroger
sur la validité du mot « inopiné » quand on sait que c’est donc en fait la FFF qui avait proposé
des dates de contrôles inopinés. En tout cas, en proposant cette date du 26 décembre, la FFF
ne pariait-elle pas trop sur la clémence des instances ministérielles qui auraient peut-être pû
éviter de diligenter un contrôle à ce moment là ? Une autre question se pose : que doit-on
penser des contrôles dits « inopinés » sur les lieux de stage dont les dates sont parfois connues
des semaines à l’avance par les fédérations concernées ? Lorsqu’on sait qu’un sportif averti
suffisamment tôt d’un contrôle sait très facilement déjouer ce contrôle, on se rend bien
compte de l’importance de ce type de contrôle.
Comme l’avoue Ph. Gaumont « ils [les contrôles] se font sur les lieux de stages et de courses :
on peut donc facilement s’y préparer pour être sûr de ne pas être positif. Tous les coureurs
savent que quand ils prennent des produits dopants, ils doivent se baser sur leur jour d’arrivée
sur le lieu de stage ou de course pour calculer quand ils doivent arrêter.
Pour l’EPO, par exemple, on sait tous qu’en intraveineuse elle reste seulement trois jours dans
les urines. Il suffit donc d’arrêter le traitement avant l’arrivée sur le lieu de course ou de stage
pour passer à travers, alors que l’effet d’oxygénation du sang se fait sentir plus de dix jours
après la prise.
Un coureur qui aura sept jours de coupure entre deux courses pourra ainsi se recharger en
EPO tout de suite après la course et arrêtera trois jours avant sa date d’arrivée sur la suivante.
Quant à ceux qui se sont fixé le Tour pour objectif, en général ils arrêtent toute compétition
deux semaines avant le Tour et disparaissent pour se recharger en EPO afin d’arriver au
départ avec un taux d’hématocrite qui avoisine les 50% ».
2.3.2. Dernières dispositions nationales
2.3.2.1 Note du ministre actuel
94
Monsieur Jean-François Lamour a proposé de nouvelles mesures adressé aux
médecins chargés des contrôles antidopage dont voici un aperçu :
« Objet : Mise en place de contrôles antidopage inopinés sur certains sportifs
Le ministre des sports a décidé de renforcer le caractère inopiné des contrôles antidopage
effectués en 2004. aucun préavis ou information sur ces contrôles n’est donné préalablement à
la fédération, à l’organisateur, à l’entraîneur ou au sportif. Seul le ministère des sports
(administration centrale et services déconcentrés, c’est-à-dire direction des sports et directions
régionales et départementales de la jeunesse et des sprots – DRDJS) et vous-mêmes, médecins
préleveurs, en sont informés. Ainsi un contrôle antidopage inopiné peut être conduit à
l’entraînement ou en compétition. Bien évidemment la réalisation de contrôles non opinés, par
exemple en compétition, lorsque ceux-ci sont obligatoires, n’est pas remise en question ».
Ces dispositions portent notamment sur la convocation, le délai, le lieu de réalisation du
prélèvement et le déroulement du prélèvement
Un courrier adressé aux sportifs a également été rédigé par le ministre pour les informer et
expliquer le sens de sa démarche :
« …ces heures passées à l’entraînement ou en compétition nécessitent, vous le savez, un suivi
médical longitudinal, et une procédure de contrôles antidopage permettant d’une part de
préserver votre santé et, d’autre part, de veiller à éliminer les tricheurs et leurs pourvoyeurs.
C’est pourquoi j’ai demandé que les textes qui organisent ce suivi médical permettent de
mieux cibler les examens médicaux en fonction des disciplines sportives et j’ai moi-même
veillé à ce que ce suivi médical soit enrichi d’un volet psychologique qui me paraît
aujourd’hui indispensable.
Je me suis, par ailleurs, engagé dans une action déterminée pour rendre plus efficace la lutte
contre le dopage. Les contrôles antidopage, malgré leurs imperfections, restent absolument
nécessaires et je ne partage pas le défaitisme de certains qui prennent prétexte de ces
insuffisances pour abandonner la partie. Les contrôles antidopage restent un garde-fou
essentiel. Il faut bien sûr en augmenter le nombre mais surtout améliorer leur efficacité.
J’ai donc demandé la mise en place de contrôles inopinés qui se dérouleront sur les lieux
mêmes de vos entraînements quotidiens et non pas seulement lors de vos différents stages
programmés… »
95
2.3.2.2. Stratégie 2004
1° Renforcer le nombre de contrôles annuels :
la capacité d’analyse du LNDD a été augmentée et portée à 9000 échantillons en 2004, dont
8500 pour les contrôles diligentés par les pouvoirs publics français et 500 pour les analyses
demandées par des organismes étrangers
2° Renforcer le caractère inopiné des contrôles :
l’objectif du Ministère des Sports est de réaliser 60% des contrôles dans des conditions
inopinées.
Actuellement les contrôles sont obligatoires lorsque le cahier des charges de la compétition
l’impose pour valider les résultats. Tous les autres contrôles sont dits « inopinés ».
Pour 2004, les modalités de contrôle inopiné retenues sont les suivantes
-
en priorité au cours des entraînements non organisés, dans les clubs ou sur les lieux
d’entraînement individuels
-
et de façon marginale :
o pendant les compétitions
o pendant les entraînements organisés par les fédérations préparant à ces
compétitions
o dans les CREPS et les pôles
La Direction des Sports continuera à transmettre mensuellement aux DRDJS la liste des
compétitions et des stages d’entraînement communiquée par chaque fédération, ainsi que les
quotas mensuels alloués à chaque région.
3° Apporter une attention particulière au sport professionnel :
Au niveau régional, une attention particulière sera portée dans ce cadre au football et au
rugby.
Au niveau national, une attention particulière sera portée au cyclisme professionnel.
96
2.4. Suivi médical au long cours
Sur fond d’affaire Cofidis, qui a permis des interpellations effectuées par la brigade
des stupéfiants et des mises en examens à rebondissement, un certain malaise s’est installé du
côté du mouvement sportif face à l’efficacité de la police et de la justice, là même où les
procédures de contrôle antidopage n’ont rien révélé. De plus, certains médecins avaient déjà
clairement exprimé leur ras-le-bol sur le manque de moyens consacrés à ce suivi, dont
l’efficacité est certaine puisqu’elle permet de suivre médicalement et tout au long de l’année
chaque athlète de haut niveau. C’est grâce à lui que les services médicaux de la FFC ont mis
en évidence des problèmes sur la santé des cyclistes qu’ils suivent, dans un rapport rendu
public en octobre sur la santé de 750 cyclistes d’élite. Ainsi l’Epo reste un spectre sur le
peloton. Si en 1999, 60% de ces sportifs présentaient des taux aberrants de ferritine (que l’on
assimile à la prise d’Epo), on compte encore 30% de profils anormaux. Autre indication, 35%
des cyclistes sont sujets à l’asthme d’effort, pour une moyenne nationale de 7 à 8% dans la
population normale. 30% des femmes et 10% des hommes souffrent de troubles du
comportement alimentaire. De plus, 6% à 7% des athlètes suivis présentent un taux de cortisol
anormalement bas, ce qui implique, pour 90% d’entre eux, la prise de corticoïdes de façon
licite ou non. Enfin, l’emploi d’hormones de croissance a été détecté.[]
Le ministère s’est rendu compte que les outils de répression n’étaient peut-être plus en
adéquation avec la continuelle sophistication des pratiques dopantes. Elle a donc revu sa
position sur le suivi longitudinal pour répondre à l’impression d’inutilité des résultats de ce
suivi, pourtant ô combien précieux puisque la mise en place d’un examen biologique annuel
comprenant :
-
numération – formule sanguine ;
-
réticulocytes ;
-
ferritine
permet de cibler qui prend de l’Epo sur une période très longue.
Ainsi le ministère vient de faire passer une réforme concernant le suivi longitudinal.
97
Il s’agit du Décret n° 2004-120 du 6 février 2004 relatif aux examens médicaux obligatoires
pour les licenciés inscrits sur la liste des sportifs de haut niveau ou dans les filières d’accès au
sport de haut niveau ou pour les candidats à cette inscription.
Il comporte 5 articles reprécisant toutes les modalités d’application de ce suivi, sa justification
son élaboration et les responsabilités.[]
Ce décret sera suivi d’un arrêté du 11 février 2004 fixant la nature et la périodicité des
examens médicaux prévus aux articles L.3621-2 et R. 3621-3 du code de la santé publique.
Il est présenté sous forme de 5 titres :
-
TITRE Ier : nature des examens médicaux préalables à l’inscription sur la liste des
sportifs de haut niveau ou sur la liste des sportifs espoirs
-
TITRE II : nature et périodicité des examens de la surveillance médicale, communs à
toutes les disciplines, pour les sportifs inscrits sur la liste des sportifs de haut niveau
ou dans les filières d’accès au sport de haut niveau.
-
TITRE III : nature et périodicité des examens complémentaires spécifiques à certaines
discipline ssportives
-
TITRE IV : dispositions finales
[ JO de la république française….]
Ces nouvelles mesures, qui ont également valeur préventive, devraient permettre une bonne
appréciation de la santé de nos sportifs de haut niveau. Cette nouvelle volonté affichée se
mesurera en partie en termes budgétaires. Alors que les crédits affectés à la lutte antidopage
ont progressé de 200% entre 1998 et 2002, le gouvernement Raffarin ne les a augmentés que
de 2% en 2003. « Le suivi médical est inapplicable et son coût est exorbitant pour les
fédérations » (JDD du 8 décembre 2002) », avait expliqué alors monsieur Lamour, peu après
sa prise de fonction. 2004 nous dira si la situation s’est inversée….
2.5. Discussion générale :
La lutte antidopage a donc besoin de tous ces moyens de lutte pour être efficace. Le
travail accompli ces quarante dernières années se résume finalement à toutes ces mesures
98
prises dans chaque domaine. Or les progrès scientifiques en matière de dopage restent encore
sujet à controverse et certains défaitistes diront que les tricheurs ont toujours un pas d’avance
puisque c’est eux qui inovent en premier alors que la lutte antidopage ne s’appliquerait qu’à
chercher des produits déjà connus et passerait son temps à « courir » après les dopés.
Pourtant, en France, l’essentiel est là et nous sommes sur la bonne voie. Si on prend dans sa
globalité l’ensemble de ces mesures, c’est-à-dire la liste des produits interdits, les contrôles et
le suivi longitudinal, nous avons tout pour savoir qui prend quoi. Encore faudrait-il donner
tout son sens au mot « inopiné » et faire accepter aux sportifs des conditions certainement
plus astreignantes, tels que des prises de sang pluriannuelles et autres batteries de tests. Cela
donnerait des résultats certainement très encoureageants et très fiables s’appuyant sur un suivi
annuel de tous les paramètres nécessaires sur le plan urinaire et sanguin, des règles bien
établies, des contrôles de plus en plus sûrs. La santé de nos athlètes serait sous haute
surveillance et tout le bénéfice serait pour eux finalement.
Seulement il semblerait que son coût global ainsi que la logistique à mettre en ouvre ne
permettent pas d’envisager de profonds changements dans les années proches à venir en
France. C’est d’ailleurs aussi un peu le talon d’Achille de l’AMA qui ne dispose pas
finalement d’un budget colossal pour agir sur un plan international, quelques dizaines de
millions de dollars maximum, bien moins que le seul CIO. Cette harmonisation mondiale ne
se fera donc que quand des crédits très importants seront débloqués ou rassemblés. Alors il
sera possible de suivre un maximum d’athlètes avec tous ces moyens réunis.
99
Troisième
partie :
Prévention
et
perspectives
sociologiques.
Problématique, Prévention prim, secon, tert ?, affaires, morts subites, méritent une analyse.
Pbs a tous les niveaux (jeunes, pdt - encadrement – réquilibrage, après –simon, pantani,
journalistes), tous les sports, toutes les professions, 4 volets :
Pourquoi se dope-t-on ?
Prévention ( intérêt….)
Omerta (des médias à l’encadrement médical)
Conduites dopantes
.
1. Pourquoi se dope-t’on ?
Analyse des facteurs de risques
Présenter le dopage comme une simple tricherie ne suffit pas à rendre compte de la réalité
complexe du phénomène. De nombreux facteurs de risques interviennent dans les motivations
des utilisateurs.
Le milieu sportif et sa logique
L’obligation de résultats
A cause de l’accroissement des enjeux médiatiques, financiers et politiques, le sportif, quel
que soit son niveau de compétition, subit des pressions de la part du monde sportif. Ce sont :
-
les sponsors et l’impact publicitaire qu’ils attendent des sprotifs qu’ils soutiennent ;
-
l’investissement financier réalisé par les clubs pour l’acquisition d’un joueur, avec en
retour l’exigence d’une efficacité immédiate ;
-
les dirigeants de clubs qui entretiennent des liens directs ou indirects avec la
sponsorisation ;
100
-
l’encadrement technique et médical dont la situation de salariés peut dépendre des
résultats du sportif ;
-
les médias qui profitent des grands évènements sportifs pour augmenter leur audience,
d’autant plus qu’un sportif ou une équipe nationale y participe ;
-
le public qui est friand d’exploits sportifs et demande toujours plus ;
-
l’importance de la reconnaissance par le monde politique, notamment dans les grands
championnats internationaux ;
-
les primes à la performance et au résultat ;
-
les critères individuels de participation aux grands évènements sportifs de plus en plus
exigeants ;
-
le sportif lui-même qui sollicite l’aide médicale à la performance.
Les exigences du sport de haut niveau
Elles sont des facteurs déterminants. Ce sont :
-
la surcharge du calendrier sportif et la multiplication des compétitions qui laissent peu
de place à la récupération et à l’entraînement ;
-
l’intensification des charges d’entraînement, avec travail pluri-quotidien, rsponsable
de blessures ;
-
la baisse des performances découlant du surentraînement ou du nombre trop important
de compétitions ;
-
l’escalade des performances, le niveau des records – de moins en moins accessibles –
placent le sportif devant un défi toujours plus difficile ;
-
la performance de haut niveau conduit à aborder le record de manière supra-naturelle ;
-
les effets psychologiques d strss induits par l’obligation de performance.
L’isolement social
La désocialisation du sportif liée à l’isolement, dans des centres d’entraînement ou de
formation (CREPS, INSEP, clubs professionnels), l’éloignement de ses amis ou sa famille
créent un risque supplémentaire.
Le système de carrière
101
-
le sport de haut niveau, et la reconnaissance qui l’ accompagne, est un rêve pour les
jeunes, mais il y a beaucoup d’appelés et peu d’élus. On trouve parfois des sportifs
désorientés par une expérience négative, ayant perdu confiance en eux et ayant la
sensation d’avoir gâché un temps précieux de leur vie.
-
La brièveté des carrières sportives et l’absence de solution de reconversion exigent
l’obtention de résultats rapides et favorisent le recours au dopage.
-
L’absence de préparation à l’échec sportif. Le sportif de haut niveau, après avoir tout
misé sur sa carrière sportive, peut se retrouver confronté à l’alternative du tout ou rien.
La médicalisation des structures sportives professionnelles :
De plus en plus d’équipes sportives professionnelles emploient sous contrat du personnel
médical ou para-médical.
Cet encadrement se trouve confronté aux mêmes pressions que le sportif, ce qui ne garantit
plus l’indépendance, la confidentialité et le respect des règles de déontologie dans l’exercice
de la médecine du dport.
L’utilisation des médecins à seule fin d’amélioration de la performance peut être considérée
comme un détournement d’usage de la médecine.
Le médecin n’est pas un entraîneur et il faut le renforcer dans sa position de protecteur de la
santé. Il est nécessaire de garantir les conditions d’indépendance de l’exercice médical autant
que d’assurer l’autonomie du sportif : c’est un des objectifs de la loi Buffet contre le dopage.
Le milieu extra-sportif
Le manque d’investissement diversifié : « le sport et rien d’autre. »
Le sportif investit une quantité croissante de son temps et de son énergie dans sa pratique
sportive, au détriment des loisirs, de la vie familiale, du réseau relationnel, des études ou de la
préparation d’un avenir professionnel. Ces conditions peuvent créer un état d’anxiété et de
dépression pouvant favoriser l’absorption de substances psychoactives.
Le milieu familial
102
De nombreuses enquêtes sociologiques ont souligné des éléments favorisants tels que :
-
le comportement des aînés vis-à-vis des substances psychoactives,
-
la pression ou, au contraire le désintéressement de l’entourage vis-à-vis des résultats
scloraires ou sportifs,
-
l’absence d’interdits ou de règles familiales établies,
-
la catégorie socio-professionnelle des parents.
Les amis
Le besoin de s’intégrer dans une communauté et d’obtenir un statut peut induire un
comportement de consommation anormale chez certains adolescents.
La recherche de notoriété
La promotion de l’image des produits dopants
Les « croyances » qui entretiennent l’idée que les records actuels sont obtenus grâce
au dopage.
L’organisation de réseaux de trafic permet de se procurer facilement des produits
dopants.
La facilité d’accès aux informations scientifiques, notamment à des études sur les
produits ayant des effets potentiels sur la performance (anabolisants, facteurs de
croissance)
La remise en
cause de l’efficacité du système répressif accroît le sentiment
d’impunité. Par exemple la difficulté, voire l’impossibilité de détecter certaines
substances (hormone de croissance).
La demande par certains d’une légalisation du dopage.
L’incitation par certains médecins à un dopage médicalement assisté qui diminuerait les
risques encourus.
2. De la Prévention chez les jeunes à la prévention secondaire.
103
Les jeunes enfants, dans leur grande majorité, ne trouvent pas anormal qu’un sportif se
dope pour améliorer ses performances. C’est le constat alarmant qui ressort d’une étude
effectuée par des chercheurs du CNRS. Les enfants de six ans trouvent aussi légitime de
prendre des médicaments pour améliorer la performance que pour soigner une maladie.
Et cette idée fait apparemment son chemin, puisque les adolescents prennent également des
produits, beaucoup d’études le montrent. Cette période de la vie est probablement la plus
importante à analyser pour trouver comment protéger les sportifs des risques de conduites
dopantes, surtout dans les centres d’entraînement de haut niveau. C’est la période où l’on est
en quête d’identité, du sens à donner à sa vie. C’est également celle où l’on recherche le
groupe et où l’on accepte ses règles et ses rites nécessaires à l’intégration. Or, étant donné
qu’il existe des arguments sanitaires et/ou sociaux pour prévenir cette consommation, on ne
peut probablement pas engager un progamme d’actions efficace en l’absence d’un minimum
de connaissances la concernant. En particulier dans le cadre de la prévention de l’usage de
substances. Par exemple, de nombreuses études soulignent que la seule information n’est pas
efficace dans la réduction de la prévalence des consommations de cannabis, de tabac ou
d’alcool chez les jeunes. Il apparaît donc inutile de reprendre cet outil, en l’état, pour prévenir
le dopage des adolescents sportifs.
Une enquête menée par le laboratoire stress et société de l’université de Reims, en
collaboration avec la Direction régionale de la jeunesse et des sports, montre par exemple que
cinq pour cent des lycéens lorrains déclarent avoir recours au moins une fois au dopage. Elle
porte sur 1459 aodlescents (dont 42% de filles) faisant du sport à raison d’une moyenne de
sept heures par semaine, soit un niveau de pratique élevé pour cette catégorie d’âge.
La fausse piste de l’usage festif du cannabis peut être refermée d’emblée. La question posée à
ces adolescents (16 ans et demi en moyenne) était bien de savoir s’ils avaient pris des
produits interdits afin d’améliorer leurs performances sportives. Les produits incriminés sont
variés : stimulants, nandrolone, corticoïdes, diurétiques, créatine.
Ces chiffres attestent que le dopage ne concerne pas qu’une élite sportive professionnelle et
confortent les comptes rendus d’Ecoute dopage, le numéro vert mis à disposition depuis 1999.
Il faudrait donc se donner les moyens de cette prévention chez les plus jeunes ; à l’école
pourquoi pas ? L’importance des métiers de la santé y est indéniable. Les médecins et les
pharmaciens doivent avoir une connaissance plus poussée sur le sujet. Ils pourront ainsi
mieux apréhender la confrontation dans leur travail à des sportifs et des enfants
104
« demandeurs », ne devenant pas complice actif ou passif de la prise de produits dopants mais
les orientant plus vers une alternative thérapeutique plus saine. Or nous n’avons pas eu à ce
jour connaissance d’un cours sur le dopage lors des six années d’étude de Pharmacie.
Il faudrait diffuser aussi plus largement les listes de spécialités interdites ou autorisées qui
existent à savoir :
- Liste des spécialités contenant une ou plusieurs substances pouvant induire un CAD + sur le
vidal (donc chez son pharmacien)
- Liste des spécialités interdites sur www.chronosports.fr
- Liste des spécialités autorisées pour les maladies courantes sur www.dopinginfo.ch
Les prises en charge de la consommation de produits psychoactifs et de molécules et
méthodes ergogéniques doivent être mises en place dans le monde du sport. La
problématique, comparable à celle que connaissent les spécialistes qui s’intéressent à la
toxicomanie depuis de nombreuses années, est, comme le rappelle le rapport Henrion, la
difficulté à cerner la prévention et l’importance de la prise en charge sanitaire, avec tous les
problèmes de gestion, de création de centres d’accueil et de soins pour dopés sportifs que cela
comporte.[Depiesse en tout petit]
La France possède déjà quelques centres de ce type avec les AMPLD (Antennes Médicales de
Prévention et de Lutte contre le Dopage) au niveau régional qui peut recevoir anonymement
tous les sportifs, ces centres pour les sportifs ayant des problèmes à l’arrêt de leur carrière
(CAPS à Bordeaux) donc à titre de prévention secondaire. Mais leur succès n’est pas à la
hauteur espérée tant il reste délicat pour un sportif d’en parler sans peur.
3. Omerta : entre éthique sportive et éthique médicale
3.1. Importance des médias et des sponsors :
105
Lorsque le quotidien l’Equipe publie sur quatre jours, du 29 janvier au 1er février 1999, son
dossier « les enjeux du dopage » il consacre le premier volet à l’éthique, la santé n’étant
traitée que le deuxième jour. Mais la page réservée à l’éthique ressemble à un avis de décès.
Elle se compose de quatre articles respectivement intitulés : « le sport va devoir apprendre à
vivre avec le dopage », « le combat perdu d’avance », « définition casse-tête » (celle du
dopage) et « un paradis artificiel » (dopage comme toxicomanie). Lorsque l’Italie lance sa
campagne publicitaire contre le dopage durant l’été 1998, ses concepteurs choisissent comme
slogan « je ne risque pas ma santé ». Lorsqu’il s’agit d’intituler le projet de loi Buffet, on opte
pour « loi relative à la protection de la santé des sportifs et à la lutte contre le dopage ».
Lorsque Juan Antonio Samaranch, président du CIO déclare au quotidien espagnol El
Mundo : « la liste actuelle des produits (dopants) doit être réduite drastiquement. Tout ce qui
ne porte pas atteinte à la santé de l’athlète, pour moi ce n’est pas du dopage », il se situe dans
le droit fil de cette évolution. George Vigarello, qui a analysé et théorisé cette évolution,
estime que la définition du dopage doit définitivement renoncer à deux critères (sur trois)
qu’elle utilisait depuis la loi Herzog de 1965 : le caractère artificiel de l’amélioration de la
performance et son incompatibilité avec l’éthique sportive, pour ne retenir que la seule
nocivité pour la santé de l’athlète [Vigarello G., « le sport dopé », Esprit, 1999 : 75-91.]
On peut suivre George Vigarello lorsqu’il souligne la vanité d’une délimitation entre naturel
et artificiel et admettre « que l’artifice est partout dans l’univers sportif, comme d’ailleurs
dans l’univers tout court ». La référence à une éthique sportive semble plus difficile à
abandonner. Il est vrai que l’escalade des enjeux financiers se concilie mal avec les règles
chevaleresques du fair-play. Lorsque le sport devient moyen d’existence et/ou de promotion
sociale, le principe de désintéressement perd de son sens [ Waser A. M., « de la règle du jeu
au jeu avec la règle : le dopage dans le sport de haut niveau » in :dopage et pratiques sportives
– expertise collective réalisée à la demande du Ministère de la Jeunesse et des Sports, Paris,
CNRS, 1998.] De même lorsque la qualification pour le tour suivant d’une coupe d’Europe de
Football est en jeu, les conséquences économiques sont telles que seule l’efficacité compte
pour les clubs concernés.
Si l’éthique sportive a perdu aujourd’hui l’essentiel de sa crédibilité, c’est aussi parce qu’elle
a trop servi à couvrir des réalités inavouables, qu’il s’agisse du paternalisme abusivement
autoritaire de certains responsables sportifs, de combinaisons financières quelquefois
douteuses ou du silence établi autour du dopage. Ainsi pourrait-on préciser que le journal
l’Equipe, qui appartient au groupe Amaury (ASO), est intimement lié aux courses cyclistes
telles que le Tour de France au travers de la société du Tour de France, qui fait également
106
partie du groupe ASO. Ceci peut placer le quotidien dans une situation fort embarrassante.
Comment parler de vélo sans évoquer le dopage ? Evidemment, cette évocation, si elle se fait
trop insistante, va à l’encontre des interêts de sa société sœur, voire de perdre de son attrait au
Tour de France et aussi perdre des lecteurs potentiels. Exemple révélateur : en juin 2003, pour
fêter le centenaire du Tour, le journal publie son « hit-parade » des coureurs ayant, selon lui,
marqué l’hitoire du Tour. Cette liste regorge de coureurs ayant été reconnus comme dopés
d’après des révélations ou des contrôles positifs ; citons Merckx, Anquetil, Coppi,
Indurain…sur 100 coureurs, 46 au moins ont déjà subi un contrôle positif. Là où le journal
souhaitait glorifier le passé de son épreuve fétiche, il ne réussit qu’à révéler plus encore
l’ampleur du mal en se portant gardien du mythe !
Les témoignages en ce sens ne manquent pas. Alain Vernon, journaliste pour France 2,
raconte : « c’était en 1988. je suivais le Tour de France depuis quatre ans pour Antenne 2 et
je commençais à avoir des doutes sur pas mal de choses : la régularité de certaines victoires,
la qualité de certaines performances, etc. Des coureurs et des directeurs sportifs m’avaient dit
des choses off. (…) Et puis j’assiste à la remise d’un prix à un confrère qui suivait le vélo
depuis trente ans. Je regarde la scène et je me dis : Bon sang, trente ans à ne rien révéler, à
rester le témoin silencieux de tricheries en tout genre ! « une famille », au sens le plus triste,
fêtait un des siens, entre mensnges et non-dits. » (…) Dans le courant de l’année 1989, après
des mois d’enquête, un reportage sera diffusé à la télévision : danger dopage. Les réactions
n’ont pas tardé : menaces de procès, protestations. « j’ai fait le Tour de France 1989. Je
voulais y aller pour montrer que je ne ma cachais pas, que je ne me dégonflais pas. Le peloton
m’a boycotté.(…) Il ne m’étais plus possible d’exercer mon métier correctement. Le public,
lui, suivait l’affaire avec beaucoup de circonspection. Il aura fallu que la justice se mêle du
dopage à grande échelle, à partir de 1998 avec l’affaire Festina, pour qu’on se rende compte
que ce milieu est un milieu de menteurs. Pour appartenir à cette « famille », un journaliste
devait renoncer à faire son métier, il devait partager les mœurs du milieu. » []
Un parfait trust qui peut manipuler à sa guise et minimaliser à son gré tous les problèmes,
même les plus graves et diffuser des masquants médiatiques.
De même, parce que le journaliste et écrivain Pierre Ballester a voulu tout dire sur le dopage
sur le Tour de France, son journal l’Equipe a fini par le licencier. Joint la veille de cette
interview parue dans France Soir du 31 octobre 2003, l’actuel directeur de la rédaction de
107
l’Equipe déclare : « Pierre Ballester sait très bien les vraies raisons qui ont conduit à son
licenciement… »
La crise morale est telle en tous cas, que même les membres du CIO, gardiens de l’idéal
olympique, ont dû se doter d’une commission d’éthique pour se surveiller eux-mêmes.
Curieusement, il semblerait que les derniers défenseurs de l’éthique sportive soient les
sponsors. En cyclisme, avant le début de la saison 1999, ils ont élaboré et signé une « charte
d’éthique contre le dopage », leurs directeurs sportifs ont fait la presse des déclarations
résolues telles que « si un coureur est reconnu positif, il sait la sanction qu’il encourt : il sera
immédiatement renvoyé ». Notons qu’il n’est pas question de renvoyer tout coureur qui se
doperait, mais bien celui qui serait contrôlé positif. De toute évidence, il s’agit d’une stratégie
d’image du sponsor bien plus que d’une défense de l’éthique sportive. D’ailleurs les
significations qui lui sont attribuées varient selon la position et les intérêts de ceux qui en font
la promotion. Pour les uns elle tend à se limiter à des préocupations sanitaires et à se
superposer à l’éthique médicale, ce qui est quand même assez réducteur. Pour d’autres, elle
paraît se confondre avec la loi du silence, comme Marco Pantani qui déclarait : « dans les
autres sports, ils (les journalistes) ne savent rien, parce qu’il y a une éthique : personne ne
parle inconsidéremment ». il arrive aussi que l’existence même d’une éthique sportive soit
purement et simplement niée. Pour Axel Kahn, membre du Comité Consultatif National
d’Ethique, « rien n’est moins éthique que le sport de compétition », il y voit surtout « une
exploitation des inégalités biologiques à des fins de domination ».
L’image du sport demeure tellement valorisée dans notre société, et tellement valorisante pour
ceux qui la défendent, qu’aucun parti ne veut se mettre en retrait ou en contradiction avec le
consensus populaire favorable au sport et à ses valeurs. Il semble bien que l’idéologie sportive
et l’adhésion à une éthique sportive soient aujourd’hui davantage le fait du public que des
milieux du sport de haut niveau.
3.2. Importance de l’encadrement médical et des dirigeants d’équipe :
Le temps d’une saison cycliste de janvier à octobre 1999, Claire Condemine-Piron a exercé
son métier de médecin du sport auprès de l’équipe Festina. Recrutée par les dirigeants de la
firme espagnole après le scandale qui révéla des pratiques de dopage institutionnalisées au
sein de cette formation, sa mission était précise : assurer la direction médicale du groupe. « je
108
Suis arrivée là, en ne connaissant rien au monde cycliste, raconte-t-elle aujourd’hui. Je croyais
avoir affaire à des sportifs confrontés au dopage. Ma situation était délicate, se souvient-elle.
J’étais imposée par le sponsor. Je ne sortais pas du « milieu », et en plus j’étais une femme.
L’un des adjoints s’en est d’ailleurs uffusqué. Mais pire que tout, pour les trois directeurs
sportifs, j’étais une rivale. (…) Et je ne savais rien des particularités du sport cycliste, de ses
habitudes, de ses exigences. Sans le savoir, le sponsor avait violé un tabou, analyse-t-elle. Le
directeur sportif n’avait pas été consulté pour le choix du médecin. Dans le cyclisme, le
principal problème est là : le rôle omnipotent des directeurs sportifs. Les coureurs ne sont que
les victimes consentantes mais victimes tout de même d’un système qui place le directeur
sportif au centre de toutes les décisions, dans tous les domaines. (…) Tant qu’on ne
s’attaquera pas à cette logique de toute-puissance, rien ne bougera. »
En effet comment interpréter les différents témoignages de ces directeurs sportifs ? Comme
celui de Marco Pantani qui assure encore aujourd’hui ne jamais avoir eu connaissance d’un
dopage de son poulain, ou encore des soi-disant nouvelles dispositions de Cofidis prises par le
staff suite aux affaires de cette année et qui ne permettront aucun dopage au sein de cette
équipe, une des trois meilleures du monde ! Autant de contradictions qui en disent long sur
l’omerta qui règne encore.( )
Un élément de réponse tient peut-être dans un article du sociologue Christophe Brissonneau
qui a constaté avec le docteur Depiesse que « les médecins avaient leur propre définition du
dopage et qu’elle reposait sur certains concepts. En effectuant et en analysant les entretiens,
nous sommes venus à définir deux groupes de médecins, les « légalistes », respectueux de la
liste du ministère et les « atypiques », pro-rééquilibrage hormonal. Ces derniers, (…) pensent
que le sport de haut niveau actuel est loin de contenir les vertus qui lui sont attribuées. Le
sport intensif n’est plus la santé, n’est plus l’équité mais contient les vices inhérents à notre
société.
Ces « atypiques » se considèrent d’abord comme médecins et revendiquent une seule et
unique éthique, l’éthique médicale. Leur priorité est la santé du patient, quel qu’il soit. Le
sport n’est pas leur préocupation. Le sportif de haut niveau étant en déficits hormonal et
métabolique, il est donc préférable de la complémenter afin qu’il retrouve sa santé. Si ils
regrettent la perte des valeurs du sport, ils réclament une certaine prise en compte de la réalité.
Parallèlement à cela, on s’aperçoit qu’une majorité de ces médecins ont ou ont eu des
opinions politiques plus ou moins marquées à gauche (travaillistes). Ils tiennent un discours
109
de lutte des classes où seul le pauvre se fait prendre et subit les ravages du dopage car il utilise
les produist de façon non scientifique. Leur discours pose les questions de savoir ce qu’est la
santé, ce qu’est un « produit naturel », concept largement utilisé par les légalistes et posant
question quant à l’électromyostimulation.
Les médecins « légalistes », eux, tiennent un discours avec des valeurs qu’ils reconnaissent
parfois comme utopistes (fair-play, refus du professionnalisme…) mais qu’ils veulent malgré
tout sauvegarder. Parmi eux, des sous-groupes apparaissent. Si les généralistes ont un discours
essentiellement orienté vers l’éthique médicale, sur les problèmes de santé liés au dopage, les
spécialistes du sport et de la lutte antidopage ont essentiellement une argumentation en
direction de l’éthique sportive où le dopage est une tricherie. Nous nous sommes également
étonnés de constater que certains « légalistes » prennent dans leurs définitions personnelles
une partie de la théorie du rééquilibrage hormonal.
Pour conclure, nous avons pu constater, dans le cadre médical, que toute définition du dopage
est corrélée aux croyances que l’on a face à la conception de naturel, vis à vis de l’éthique
dans le sport et sa place dans la société.a travers l’opposition « légalistes-atypiques », nous
retrouvons à nouveau la distinction des années 60-80 entre tenants de l’amateurisme et du
professionnalisme. » []
4. Conduites dopantes
4.1. Introduction
Exception faite des indications qui relèvent du seul domaine de la thérapeutique, on peut
décrire deux modes initiaux de consommation de produits, par ailleurs potentiellement
complémentaires :
-
la recherche de sensations physiques et/ou intellectuelles ;
-
la recherche de la performance physique et/ou intellectuelle.
La recherche de sensations, telles que peuvent en procurer l’alcool, la nicotine, le
cannabis, l’ecstasy, la cocaïne, l’héroïne et autres produits, est le mode de consommation le
110
mieux identifié, tant par ce qu’il est convenu d’appeler le « grand public » que par les
professionnels de la santé et autres intervenants de santé publique.
En revanche, la seconde modalité ne fait l’objet, jusqu’à présent, que d’un nombre limité
de descriptions, et encore, dans le seul monde du sport et à la condition expresse que les
produits utilisés figurent sur un tableau particulier, à savoir la liste des produits interdits. On
la désigne alors sous le nom de dopage. En dehors de la communauté sportive, la
consommation de produits aux fins de performance est peu, ou pas, identifiée. Ce qui pourrait
sembler curieux tant les produist utilisés dans ce contexte, hors indications thérapeutiques,
sont légions et largement rendus publics par les médias : sildénafil ( Viagra ), fluoxétine (
Prozac ), orlistat ( Xenical ), mélatonine et autre DHEA.
4.2. définition
Une conduite dopante se définit par la consommation d’un produit pour affronter ou pour
surmonter un obstacle réel ou ressenti par l’usager ou par son entourage dans un but de
performance.
Les concepts utilisés dans cette définition méritent d’être définis à leur tour.
A. Consommation :
La consommation d’un produit se décline habituellement en trois niveaux que sont l’usage,
l’abus (ou usage nocif) et la dépendance.
L’usage se caractérise par l’utilisation de substances n’entraînant ni complication ni
dommage pour l’individu.
L’abus est le mode d’utilisation d’une substance conduisant à une altération du
fonctionnement ou à une souffrance cliniquement significative (mais sans atteindre les critères
de la dépendance), caractérisée par la présence d’au moins une des manifestations suivantes
au cours d’une période de 12 mois :
-
utilisation répétée d’une substance conduisant à l’incapacité de remplir des obligations
majeures, au travail, à l’école ou à la maison ;
-
utilisation répétée d’une substance dans des situations où cela peut être physiquement
dangereux ;
-
problèmes judiciaires répétés liés à l’utilisation d’une substance ;
111
-
utilisation de la substance malgré des problèmes interpersonnels ou sociaux,
persistants ou récurrents, causés ou exacerbés par les effets de la substance.
La dépendance est un mode d’utilisation inadapté d’une substance conduisant à une
altération du fonctionnement ou une souffrance, cliniquement significative, caractérisé par la
présence de trois (ou plus) des manifestations suivantes, à un moment quelconque d’une
période continue de 12 mois :
-
tolérance, définie par l’un des symptômes suivants :
a – besoin de quantités notablement plus fortes de la substance pour obtenir une
intoxication ou l’effet désiré ;
b – effet notablement diminué en cas d’utilisation continue d’une même quantité de
substance ;
-
sevrage, caractérisé par l’une ou l’autre des manifestations suivantes :
a – syndrôme de sevrage caractéristique de la substance ;
b – la même substance (ou une substance très proche) est prise pour soulager ou éviter
les symptômes de sevrage ;
-
la substance est souvent prise en quantité plus importante ou pendant une période plus
prolongée que prévu ;
-
il y a un désir persistant, ou des efforts infructueux, pour diminuer ou contrôler
l’utilisation de la sustance ;
-
des activités sociales, professionnelles ou de loisirs sont abandonnées ou réduites à
cause de l’utilisation de la substance ;
-
l’utilisation de la substance est poursuivie bien que la survenue d’un problème
psychologique ou physique persistant est susceptible d’avoir été causé ou exacerbé par
la substance ;
-
avec dépendance physique : si présence d’une tolérance (items)
-
sans dépendance physique : absence de tolérance ou de sevrage.
B. Produit
La nature du produit consommé n’intervient pas dans la définition, pas plus que sa voie
d’administration. Toutefois, en pratique, il s’agit de médicaments, de stupéfiants ou de
compléments alimentaires.
112
C. L’obstacle
L’obstacle est une difficulé placée sur le parcours d’un individu. Il peut s’agir d’un examen
scolaire, un entretien d’embauche, la soustenance d’une thèse, une compétition sportive, des
conditions de travail éprouvantes. Cet obstacle peut être réel, comme le numérus clausus
imposé lors de la première année de pharmacie, ou simplement ressenti, éprové comme tel.
Par exemple, la prise de parole en public, ou le permis de conduire, jugés anodins par certains,
peuvent être largement redoutés par d’autres.
4.3. Limites du concept
Parler d’un comportement de consommation, donc d’une entité observable, soulève le
problème de son identification. Dans le cadre d’une conduite dopante, la variabilité des
représentations de la performance rend parfois cette tâche délicate. En effet, pour certains
affronter une situation donnée rlève de la performance, pour d’autres non. Par exemple, une
demande d’augmentation de salaire. Cette difficulté surgit, notamment, dans les études
épidémiologiques quand il s’agit d’identifier avec précision la finalité pour laquelle une
substance est consommée. Par exemple, un traitement à base de corticoïdes par voie générale
prescrit à des fins thérapeutiques ne relève pas d’une conduite dopante. Par contre, ce sera le
cas si le patient, une fois guéri, poursuit la consommation de son propre chef (en terminant la
boite de médicament) parce qu’il se sent moins fatigué et légèrement euphorique pour aller
travailler.
Une seconde difficulté consiste à devoir parfois distinguer conduite dopante et toxicomanie,
pouvant être définie comme un trouble comportemental caractérisé par le désir ou le besoin
compulsif de se procurer un toxique, en partie pour ses effets bénéfiques, en patie pour
supprimer les effets désagréables physiques du sevrage. Car certains produits en rapport avec
ces conduites dopantes sont susceptibles d’entraîner une dépendance, comme la cocaïne, les
benzodiazépines, la nicotine, les amphétamines, les stéroïdes anabolisants, etc. dans ce cas,
l’appel à la performance ne permet pas toujours d’éclairer la nature de la consommation.
Aussi est-on parfois contraint de recourir à la notion de dose utilisée.
Enfin, il est des produits d’usage courant dans certains pays, comme le café ou les
anxiolitiques, qui posent le problème de la finalité de leur consommation : habitude, rituel,
convivialité, etc. il n’existe pas de règle générale permettant de trancher la question autrement
113
que par une étude au cas par cas, en fonction du produit et de la situation. Ainsi la
consommation d’une tasse de café filtre quotidien, à l’issue du repas principal, ne s’inscrit pas
dans une démarche de recherche de performance. Par contre, son usage par un individu qui
n’en boit jamais et qui en absorbe deux tasses avant de faire un long trajet routier de nuit
pourrait relever d’une conduite dopante.
4.4. Sont-elles addictives ?
Il s’agit d’un débat qui mérite d’être ouvert mais où la plus grande confusion règne car
très souvent on rapproche inévitablement dopage sportif et toxicomanie au sens de
dépendance à un ou plusieurs produits, ce qui est rarement justifié.
La notion de conduite addictive ou d’addiction est très récente ; elle a, depuis quelques
années, une inscription institutionnelle, en France, dans des structures du Ministère de la
Santé, des structures de soins, des strucutres d’enseignement et des revues. Elle fait l’objet
d’une définition médicale au sens où elle est caractérisée par des critères diagnostiques
largement acceptés et utilisés au plan international, et que l’on retrouve dans le Manuel
Diagnostique et Statistique des Troubles Mentaux (DSM). A strictement parler, le DSM IV
définit l’abus et la dépendance, mais n’emploie pas actuellemnt le terme d’ « addiction ».
On peut considérer les points communs entre usages de dopants et usage de drogues : certains
produits peuvent être utilisés pour atténuer la sensation douloureuse, pour leur fonction
contraphobique, pour permettre un accomplissement personnel ou encore pour un plaisir
d’ordre narcissique. Mais les produits dopants peuvent aussi servir simplement à « tenir »
dans le calendrier actuel des compétitions et dans ce contexte-là, si dopage il y a, il en est
surtout la conséquence.
Alors coment comparer plus précisemment les comportements ? autrement dit, si l’on veut
examiner la toxicomanie éventuelle du dopage, sur quels critères établir la comparaison ? les
critères de dépendance du DSM IV sont très difficiles à transposer à l’usage sportif de
produits. Seule la première partie de l’item 5 du DSM IV se transpose telle quelle à un seul
contexte sportif, qui est celui du haut niveau : « beaucoup de temps est passé a des activités
nécessaires pour obtenir la substance (par exemple consultation de divers spécialistes,
déplacement sur de longues distances, à l’étranger…) ». Or, même cet item est contestable car
114
il s’applique aussi à la consommation de substances comme l’Epo qui en l’état actuel des
connaissances, n’est pas considérée comme addictive, et à des médicaments autorisés.
L’applicabilité d’autres critères du DSM IV est faible dans le cas d’un fort engagement dans
la pratique compétitive. Car les motivations ou les enjeux sont liées à l’activité à travers de
laquelle le sportif cherche à s’élever socialement, là où un toxico-dépendant plus classique
prend un produit sans rapport avec une activité.
Ce ne serait finalement que dans le cas où le sportif a arrêté sa pratique compétitive, mais
continue l’usage des substances dopantes, qu’on pourrait diagnostiquer facilement une
dépendance. De même, ce n’est qu’à l’arrêt de cette pratique que les risques de
marginalisation sociale (autre critère de dépendance) peuvent apparaître. On ne parlerait plus
alors de dopage, puisque l’horizon de la compétition a disparu, mais d’addiction.
Enfin, il existe différents types de dépendances. Holden H.* recense dans un article récent de
nombreux comportements qui répondent à certains critères de dépendance du DSM-IV. C’est
le cas de la kleptomanie, la boulimie, l’anorexie, le jeu pathologique, l’activité sexuelle ou le
« shopping ». Le dénominateur commun, c’est toujours le plaisir que l’on ressent à la mise en
œuvre de ces activités et le désir de les reproduire. L’activité physique n’est pas absente de
l’analyse puisque des chercheurs suédois ont réussi à montrer que des lignées de rats
possédant une appétence à la consommation de drogues passaient plus de temps à courir dans
une roue en mouvement et qu’inversement les meilleurs « rats coureurs » étaient plus attirés
par les substances à risques d’abus.
Est-ce la libération d’enképhalines démontrée chez les marathoniens mais aussi lors de
l’acupuncture qui produit ces attirances ? Peut-être. Encore faut-il noter que la libération,
même exacerbée, des opioïdes endogènes reste très faible par rapport à la stimulation exogène
des récepteurs opioïdes par l’héroïne, par exemple. C’est bien cela qui différencie les
addictions avec et sans produit. Le pace-maker dopaminergique que représente l’axe
mésolimbique et cortical est sous le contrôle de divers neurotransmetteurs et neuropeptides
endogènes, les plus importants étant les peptides opioïdes internes, véritables chef d’orchestre
du concert hédonique. Il est donc difficile de comparer la dépendance « chimique exogène »
et la dépendance comportementale, d’origine endogène.
Ceci ne signifie pas que les troubles comportementaux avec conduite compulsive – boulimie,
jeu pathologique, etc. – soient à négliger. Leur lot de souffrance est important, comme l’est
celui du sportif accroché à ses anabolisants. Tous ces individus expriment par leur attitude une
sertaine détresse psychologique à prendre en compte, y compris médicalement.
115
On peut alors se poser la question de savoir où en est le sport, et ses vertus de santé
stigmatisées notamment par l’hygiénisme nordique du début du siècle dernier. Le sport a
toujours les attributs qu’on lui prête s’il n’est pas détourné par les produits et s’il reste une
activité ludique. Il n’en est plus de même s’il dépasse les possibilités naturelles de l’individu
et que, de ce fait, il nécessite la « béquille » chimique.
Le sport, en particulier de haute compétition, n’est pas sans danger, surtout lorsqu’il s’adresse
à des personnalités attirées par le risque car ce sont celles-là qui hésiteront également le moins
à utiliser des substances purement dans le cadre sportif d’abord, puis hors de ce cadre (alcool
et drogues par exemple ), pour éventuellement terminer par des toxicomanies graves aux
stupéfiants. Il s’agit néanmoins d’une minorité et l’important serait dans cette population de
rechercher une éventuelle hypersensibilité du système enképhalinergique transposé ensuite à
la composante dopaminergique hédonique et à sa mise ne mémoire. Cela a été discuté par de
nombreux auteurs. De nombreuses études doivent être faites. Les méthodes de neuroimagerie
par IRMF et PET-Scan seront dans ce sens d’un intérêt considérable.[]
Bernard Roques.
Professeur, UFR des sciences pharmaceutiques et biologiques, Faculté de pharmacie de Paris
*Holden H. « Behavioral Addictions :do they exist ? », Science 2001;994:980-982.
En résumé, il faut retenir que la majorité des produits dopants comportent des risques
importants de toxicité générale, mais ils sont peu addictogènes et ont une faible neurotoxicité.
De plus les motivations du dopage ne sont pas de nature à induire en elles-même des risques
de dérives addictives. De ce point de vue, associer le dopage aux conduites addictives est
excessif, sauf quand il s’agit de la zone d’intersection des produits communs : les drogues
licites et illicites utilisées comme dopantes. Autrement dit, la plupart des usages de produits
dopants ne sont pas des usages à risques de dépendance, même s’il en existe.
4.5.
Risques pour la société
Si l’usage de produits aux fins de performance présente des risques potentiels pour la
santé des consommateurs, il s’avère également risqué pour les individus dans la société.
Car les bénéfices, potentiellement réels, des conduites doapntes ne vont pas toujours au
consommateur.
116
Par exemple, depuis environ 4500 ans, les Indiens des Andes font une consommation notable
de feuilles de coca, pour leurs effets stimulants. Cet usage leur permet de diminuer la
sensation de fatigue et d’affronter les effets de la dénutrition et de l’altitude. Or, après la
conquète espagnole débutée en 1532 par les conquistadores, nombreux sont les exploitants
miniers qui « rémunèrent » leurs ouvriers avec quelques feuilles de coca par jour. S’agit-il de
respecter un usage traditionnel, voire rituel ? sans doute, mais la consommation de coca
stimule aussi l’ardeur au travail, permet aux employeurs de réaliser des économies sur
l’alimentation des ouvriers, dont elle limite, en outre, les velléités de révolte. L’avantage
principal lié à l’usage de produits à des fins dopantes n’est donc pas pour le consommateur.
D’ailleurs, pour différentes raisons, le Concile de Lima interdit cette pratique en 1551. Mais,
afin d’augmenter la productivité dans les mines d’argent de Potosi, le vice-roi du Pérou en
autorise à nouveau la consommation en 1573. En plus, il lève un impôt sur les cultures de
coca, gardées par des soldats, qui s’ajoute à la dîme déjà perçue par l’Eglise sur le même
produit. Opération rentable, puisque l’évèque et le chanoine de la cathédrale de Cusco en
tirent tous leurs revenus.[Dechambre.A, dictionnaire encyclopédique des sciences médicales,
vol 18, Paris, année ?]
De nos jours, on s’aperçoit, au nom du culte de la performance, de la productivité et autres
bénéfices à tout prix et si possible immédiats, que la société continue d’encourager,
ouvertement ou pas, les conduites dopantes. Les indicateurs sont innombrables :
remboursement des produits par les organismes sociaux, promotion de certaines substances
comme les anti-asthéniques (il est naturel d’être fatigué après une journée de travail, mais estce pour autant une raison de recourir à une substance quelconque ?), publication d’ouvrages
décrivant les procédés stimulants, larges diffusions d’allégations démunies de preuve
scientifiquement validée sur les effets de certains produits (contre le vieillissement, pour
maigrir plus vite, pour avoir meilleure mémoire, etc.) ou de l’innocuité d’autres, aucune
mesure de régulation des consommations dans le monde non sportif et en particulier auprès
des enfants et adolescents, absence totale de formation des professions de santé sur ces
aspects, etc.
De plus, cet encouragement ne s’effectue pas nécessairement au profit du consommateur,
faisant volontiers office de simple pion sur l’échiquier d’une mondialisation qui a bon dos,
mais celui de la société.
A propos d’une autre consommation de masse, celle des psychotropes, Claude Got [] parlait
d’une culture du « rat tranquilisé qui va au fil de l’eau ». S’agissant de celle de produits de la
performance, il conviendrait d’ajouter : « du rat tranquilisé mais productif qui va au fil de
117
l’eau » comme l’illustre parfaitement ce témoignage : [Moi, Marc M., 42 ans, drogué et
banquier] « Cadre financier dans une grande banque française, Marc M. (son prénom a été
changé), 42 ans, l’allure d’un manager ambitieux, témoigne sans ambages de sa
consommation régulière de drogues en tous genres. « c’est la concurrence sur un poste de
sous-directeur qui m’a poussé à en prendre, raconte-t-il. Elles m’ont permis d’avoir une
grande concentration et d’être plus efficace pour boucler mes dossiers. » Son avenir
professionnel devait être prometteur. Il ne pouvait pas en aller autrement. Du coup, Marc a
mis les bouchées doubles pour parvenir à la hauteur de ses espérances. Et il y a quelques
années, il s’est laissé tenter par des produits illicites : drogues dures, mais aussi Temesta pour
calmer ses angoisses ou Prozac, la star des antidépressuers, pour contrer les effets du stress.
Marc fait ainsi partie des 2,4 millions de Français « accros » aux tranquilisants, somnifères et
antidépresseurs. Avec plus de 80 millions de boites vendues en 2001, la France est tout
simplement le champion mondial de la prise de psychotropes. Un trader qui prend de la coke ?
L’image est tenace. Pourtant c’est normalement le licenciement dans les plus brefs délais si la
chose est connue de la hiérarchie. Cependant, le sujet est encore totalement tabou. « Le
salarié peut prendre n’importe quoi tant que tout fonctionne, s’insurge Michel Hautefeuille,
psychiatre à l’hôpital Marmottan, à Paris, spécialisé dans les dépendances. Au moindre
problème, on le jette, c’est le comble de l’hypocrisie ».
Egarés, ces cadres déchus atterrissent alors le plus souvent au Centre Marmottan, à quelques
pas de l’étoile. Devant l’afflux récent de cette clientèle, l’hôpital a même pris des dispositions
pour recevoir ces drogués en cravate à des horaires particuliers. Il fallait éviter que les
costumes Hugo Boss ne tombent nez à nez avec des héroïnomanes en manque…
Pour Michel Hautefeuille, si le nombre de drogués dans le monde du travail augmente, c’est
justement parce que la prise de drogues se démocratise. « J’ai reçu récemment un guichetier
de La Poste indique-t-il. Il se droguait pour lutter contre le trac. Désormais, la nécessité
d’être performant se retrouve à tous les niveaux. »
Selon lui, tout est cependant question de rythme de consommation. « si les patients prennent
des psychotropes uniquement lorsqu’ils en ont besoin, ils peuvent tenir le coup plusieurs
années. S’ils en abusent, ils explosent en plein vol ». « Ma prise de drogues dures a été
bénéfique pendant 2 ans avant que je ne craque », confirme un financier.
118
Conclusion
La lutte antidopage doit continuer d’évoluer pour recrédibiliser le sport aux yeux du
public et des sportifs. Les mentalités changent en ce sens que jamais le dopage n’a été aussi
omniprésent tant sur un plan sportif que sociologique. D’ailleurs les efforts consentis au sein
de l’AMA sont la preuve de cette volonté renforcée de lutter contre le dopage ainsi que les
récentes contributions des services de police et de la justice mises en place par le
gouvernement.
Il faut continuer de véhiculer cette image du sport comme vecteur d’intégration sociale
et de bien-être en terme de santé physique et mentale, en mettant l’accent sur la prévention de
manière à ce que personne de concerné par le sport ne puisse nier avoir eu connaissance du
problème. Si la lutte s’inscrit dans un cadre international, la prévention reste individuelle.
Sur le plan pharmaceutique, il reste encore quelques secteurs à améliorer. Les
pratiques dopantes ne sont finalement que le fruit d’un détournement de l’usage initial du
médicament mais qui ne peut se passer qu’avec l’aval d’un médecin ou d’un pharmacien.
C’est pourquoi la formation de ces deux acteurs majeurs de santé publique doit être largement
plus poussée afin mieux prévenir ou diagnostiquer le dopage.
De même, il n’appartient qu’aux laboratoires d’entreprendre des tests d’effort
concernant « leurs » produits malgré des coûts certainements exorbitants et d’un faible apport
en vue de l’obtention des AMM, mais qui pourraient se révéler importants pour la santé des
athlètes. D’autres études pourraient encore être menées, comme les conséquences de la
polyconsommation de certains produits souvent pris ensemble sur la santé.
Tout semble réuni cependant pour que 2004 soit une année « clé » pour le sport. Les
règles seront les mêmes dans tous les pays et dans tous les sports afin de contrer les tricheurs.
Cette harmonisation internationale aura au moins le mérite d’insufler un nouvel élan aux
défenseurs d’un sport « propre ». Comment ne pas en avoir besoin en ces temps de
confidences en tous genres de la part de sportifs de plus en plus nombreux parfois désabusés,
à défaut d’être abusés et très inquiets pour leur santé ?
119
Espérons simplement que le sport de haut niveau face à l’emploi de la recherche médicale ne
soit pas le reflet d’autres dérives bio-éthiques dont les conséquences pourraient être beaucoup
plus fâcheuses pour l’homme.
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14.
Annexes :
Annexe 1 :
code mondial antidopage de l’AMA , tableau avec niveaux 1 … les deux formulaires de
demande standard (à imprimer c parfait, serony 4 et 5) 7-8 pages + la réponse envoyée par
l’AMA, la feuille à conserver (1 page qui fera annexe 6)!
Annexe 2 :
Liste des moyens pharmaco-médicaux défendus employés pour
influencer les performances (liste des substances dopantes interdites)
Valable dès 1.1.2004
Le programme mondial antidopage de l’Agence mondiale antidopage (AMA) a été accepté le
3 mars 2003 à Copenhague par tous les délégués des fédérations sportives et des
gouvernements. Le comité international olympique (CIO) et swiss olympique ont eux aussi
approuvé ce projet qui englobe le code antidopage, les quatre standards et les règles modèles
de bonnes pratiques. Le code et les quatre standards doivent obligatoirement être appliqués.
L’un de ces standards est la liste des substances et des méthodes dopantes interdites. Elaborée
pour la première fois par la comisssion ad hoc de l’AMA, elle entrera en vigueur le 1er janvier
122
2004. Son principal objectif est de définir les substances et les méthodes interdites dans le
sport dans le cadre des règles du code.
Attention :
Les athlètes doivent s’assurer que tout médicament, supplément, préparation en
vente libre ou toute autre substance qu’ils utilisent ne contienne aucune
substance interdite.
Ils doivent aussi s’assurer que cette liste est bien la liste mise à jour ( la liste
actuelle est publiée sous www.dopinginfo.ch et www.swissolympic.ch ).
Dans quelques-unes des classes de substances interdites, la liste n’est pas
exhaustive. Le texte le signale ainsi : « et autres substances possédant une
structure chimique ou des effets pharmacologiques similaires » ou « leurs
analogues ». De telles substances sont donc aussi interdites même si elles ne
sont pas explicitement mentionnées.
Les athlètes doivent vérifier si les fédérations internationales responsables
prévoient des restrictions, des interdictions et/ou dispositions additionnelles
concernant des substances spécifiques.
Substances et méthodes interdites en compétition :
Substances interdites
S1. Stimulants
Les stimulants suivants sont interdits, y compris leurs isomères optiques D et L.
Adrafinil
Fencamfamine
Méthyléphédrine**
Amfépramone
Fénétylline
Méthylphénidate
Amiphénazol
Fenfluramine
Modafinil
Amphétamine
Fenproporex
Nicéthamide
Amphétaminil
Furfénorex
Norfenfluramine
Benzphétamine
Cocaïne
Parahydroxyamphétamine
Bromantan
Méfénorex
Pémoline
123
Carphédone
Méphentermine
Phendimétrazine
Cathine*
Mésocarbe
Phenmétrazine
Clobenzorex
Méthamphétamine
Phentermine
Diméthylamphétamine
Méthylamphétamine
Prolintane
Ephédrine**
Méthylènedioxyamphétamine
Sélégiline
Ethylamphétamine
Méthylènedioxyméthamphétamine Strychnine
Etiléfrine
Et autres substances possédant une structure chimique similaire ou des effets
pharmacologiques similaires***.
* La cathine est interdite quand sa concentration dans l’urine dépasse 5 µg/ml.
** L’éphédrine ou la méthyléphédrine est interdite quand sa concentration dans l’urine
dépasse 10 µg/ml.
*** Les substances figurant dans le programme de surveillance 2004 ne sont pas considérées
comme des substances interdites.
S2. Narcotiques
Les narcotiques qui suivent sont interdits :
Buprénorphine
Hydromorphone
Oxycodon
Pentazocine
Dextromoramide
Méthadone
Oxymorphone
Phétidine
Diamorphine = héroïne
Morphine
S3. Cannabinoïdes
Les cannabinoïdes (par ex. le haschich, la marijuana) sont interdits.
S4. Agents anabolisants
1. stéroïdes anabolisants androgènes
a. SAA exogènes*, incluant sans s’y limiter :
Androstadiénone
gestrinone
19-Norandrostènedione
Bolastérone
4-hydroxytestostérone
Norboléthone
Boldénone
4-hydroxy-19-nortestostérone Noréthandrolone
Boldion
mestanolone
oxabolone
Clostébol
mestérolone
oxandrolone
124
Danazol
métandiénone
oxymestérone
Déhyrochlorméthyltestostérone
méténolone
oxymétholone
Delta1-androstèn-3,17-dione
méthandriol
quinbolone
Drostanolone
méthyltestostérone
stanozolol
Drostandiol
mibolérone
stenbolone
Fluoxymestérone
nandrolone
testostérone
Formébolone
19-norandrostènediol
trenbolone
Et leurs analogues #.
b. SAA endogènes**, incluant sans s’y limiter :
Androstènediol
déhydroépiandrostérone (DHEA) testostérone
Androstènedione
dihydrotestostérone
Et leurs analogues #.
*
« Exogène » : désigne une substance qui ne peut pas être produite naturellement par
l’organisme humain.
**
« Endogène » : désigne une substance qui peut être produite naturellement par
l’organisme humain.
#
Un « analogue » se définit comme une substance issue de la modification ou de
l’altération de la structure chimique d’une autre substance tout en conservant un effet
pharmacologique similaire.
Dans le cas d’une substance interdite (selon la liste ci-dessus) pouvant être produite
naturellement par le corps, un échantillon sera considéré comme contenant cette substance
interdite si la concentration de la substance interdite ou de ses métabolites ou de ses
marqueurs diagnostiques et/ou tout autre rapport pertinent dans l’échantillon du sportif
s’écarte suffisament des valeurs normales trouvées chez l’homme pour ne pas correspondre à
une production endogène normale.
Un échantillon ne sera pas considéré comme contenant une substance interdite si le sportif
prouve que la concentration de la substance interdite ou de ses métabolites ou de ses
marqueurs diagnostiques et/ou tout autre rapport pertinant dans l’échantillon du sportif est
attribuable à un état pathologique ou physiologique.
125
Dans tous les cas, et quelle que soit la concentration, le laboratoire rendra un résultat
d’analyse anormal si, en se basant sur une méthode d’analyse fiable, il peut démontrer que la
substance interdite est d’origine exogène.
Si le résultat de laboratoire n’est pas concluant et qu’aucune concentration décrite au
paragraphe ci-dessus n’est mesurée, l’organisation antidopage responsable effectura une
investigation plus approfondie, comme la comparaison avec des profils stéroïdiens de
référence, s’il existe de sérieuses indications d’un possible usage d’une substance interdite.
Si le laboratoire a rendu un rapport testostérone (T) sur épitestostérone (E) supérieur à six (6)
pour un (1) dans l’urine, une telle investigation complémentaire est obligatoire afin de
déterminer si le rapport est dû à un état physiologique ou pathologique.
Dans les deux cas, cette investigation comprendra un examen de tous les contrôles antérieurs,
des contrôles subséquents et/ou des résultats d’études endocriniennes. Si les contrôles
antérieurs ne sont pas disponibles, le sportif devra se soumettre à une étude endocrinienne ou
à un contrôle inopiné au moins trois fois pendant une période de trois mois.
Le refus du dportif de collaborer aux examens complémentaires impliquera de considérer son
échantillon comme contenant une substance interdite.
2. autres agents anabolisants
clenbutérol
zéranol
S5. hormones peptidiques.
Les substances qui suivent sont interdites, y compris leurs mimétiques*, analogues #,et
facteurs de libération :
Erythropoïétine (EPO)
Hormone de croissance (GH) et facteur de croissance analogue à l’insuline (IGF-1)
Hormone gonadotrophine chorionique (HCG)**
Gonadotrophines hypophysaires et synthétiques**
Insuline
Corticotrophines
** interdite chez le sportif de sexe masculin seulement
* un « mimétique » désigne une substance qui a un effet pharmacologique similaire à celui
d’une autre substance, sans égard au fait qu’elle a une structure chimique différente.
126
#
un « analogue » désigne une substance issue de la modification ou de l’altération de la
structure chimique d’une autre substance tout en conservant un effet pharmacologique
similaire.
A moins que le sportif puisse démontrer que la concentration d’une substance interdite (selon
la liste ci-dessus) était dûe à un état physiologique ou pathologique, un échantillon sera
considéré comme contenant cette substance interdite si la concentration de la substance
interdite ou de ses métabolites ou de ses marqueurs diagnostiques et/ou tout autre rapport
pertinent dans l’échantillon du sportif s’écarte suffisamment des valeurs normales trouvées
chez l’homme pour ne pas correspondre à une production endogène normale.
En outre, la présence d’analogues, mimétiques, marqueur(s) diagnostique(s) ou facteurs de
libération d’une hormone apparaissant dans la liste ci-dessus, ou de tout autre résultat
indiquant que la substance détectée n’est pas une hormone présente de façon naturelle, sera
rapprochée comme un résultat d’analyse anormal.
S6. Béta-2 agonistes
Les béta-2 agonistes, y compris leurs isomères D- et L-, sont interdits. Cependant, le
formotérol, le salbutamol, le salmétérol et la terbutaline sont permis par inhalation seulement
pour traiter l’asthme, l’asthme d’effort ou l’hyperréactivité bronchique. Une notification
médicale, conformément aux règles pour l’autorisation d’usage à des fins thérapeutiques, est
requise.
Même si une autorisation d’usage à des fins thérapeutiques est accordée, si le laboratoire a
rapporté une concentration de salbutamol (libre plus glucuronide) supérieure à 1000 ng/ml, ce
résultat sera considéré comme un résultat d’analyse anormal jusqu’à ce que le sportif prouve
que ce résultat anormal est consécutif à l’usage thérapeutique de salbutamol par voie inhalée.
S7. Agents avec activité anti-œstrogène
Les inhibiteurs d’aromatase sont interdits chez les sportifs de sexe masculin seulement.
Cyclofénil
Tamoxifène
Clomifène
S8. agents masquants
Les agents masquants sont interdits. Ces produits ont le potentiel d’interférer avec l’excrétion
des substances interdites, de dissimuler leur présence dans l’urine ou les autres échantillons
127
utilisés pour contrôler le dopage, ou encore de modifier les paramètres hématologiques. Les
agents masquants incluent, saans s’y limiter :
-
diurétiques *
-
épitestostérone
-
probénécide
-
succédanés de plasma comme par exemple le dextran, hydroxyéthylamidon (HES)
•
une autorisation médicale, conformément aux règles pour l’AUT est invalide si
l’échantillon d’urine du sportif contient un diurétique détecté en association
avec des substances interdites à leurs niveaux seuils ou en dessus de leurs
niveaux seuils.
Les diurétiques incluent :
Acétazolamide
canrénone
furosémide
mersalyl
Amiloride
chlorothiazide
hydrochlorthiazide
spironolactone
Bendrofluméthiazide
chlortalidone
indapamide
triamtérène
Bumétanide
acide étacrynique
Et autre substances possédant une structure chimique similaire ou des effets
pharmacologiques similaires.
S9. glucocorticoïdes
Les glucocorticoïdes sont interdits lorsqu’ils sont administrés par voie orale, rectale,
intraveineuse ou intramusculaire. Toute autre voie d’administration nécessite une notification
médicale, conformément aux règles pour l’autorisation d’usage à des fins thérapeutiques.
Méthodes interdites
M1. amélioration du transfert d’oxygène.
Ce qui est interdit :
a. dopage sanguin. C’est l’utilisation de produits sanguins autologues, homologues ou
hétérologues ou de globules rouges de toute origine, dans un autre but que pour un
traitement médical justifié.
128
b. L’usage de produits qui améliorent la consommation, le transport ou la libération de
l’oxygène, comme les EPO, les produits d’hémoglobine, les produits à base
d’hémoglogines réticulées, les produits chimiques perfluorés et l’éfaproxiral (RSR13).
M2. Manipulation pharmacologique, chimique et physique.
La manipulation pharmacologique, chimique et physique correspond à l’emploi de substances
et de méthodes, incluant les agents masquants, qui altèrent, visent à altérer ou sont
susceptibles d’altérer l’intégrité et la validité des spécimens recueillis lors des contrôles du
dopage.
Cette catégorie comprend, sans s’y limiter, la cathétérisation, la substitution et/ou l’altération
de l’urine, l’inhibition de l’excrétion rénale et l’altération des concentrations de testostérone et
d’épitestostérone.
M3. Dopage génétique.
Le dopage génétique ou cellulaire se définit comme l’usage non thérapeutique de gènes,
d’éléments génétiques et/ou de cellules ayant la capacité d’améliorer la performance sportive.
Subtances et méthodes interdites en et hors compétition
Substances interdites.
Toutes les catégories indiquées ci-dessous font référence à toutes les sunstances et méthodes
indiquées dans la section correspondante.
S4 agents anabolisants
S5 hormones peptidiques
S6 béta-2 agonistes*
S7 agents avec activité anti-oestrogènes
S8 agents masquants
* uniquement le salbutamol dont la concentration dans l’urine est supérieure à 1000 ng/ml
Méthodes interdites
M1. amélioration du transfert d’oxygène
M2. manipulation pharmacologique, chimique et physique.
M3. dopage génétique
129
Substances interdites dans certains sports.
P1. alcool
L’alcool (éthanol) est interdit en compétition seulement, dans les sports suivants. La détection
sera effectuée par test respiratoire et/ou dosage sanguin. Le seuil de violation (en g/L) est
indiqué en face. Si aucune valeur n’est indiquée, la présence de la moindre quantité d’alcool
constituera une violation des règles antidopage.
Sports aéronautiques (FAI) 0.20
Karaté (WFK)
0.40
Automobilisme (FIA)
Pentathlon moderne (UIPM) 0.10
Billard (WCBS)
Motocyclisme (FIM)
Tir à l’arc (FITA)
0.10
Lutte (FILA)
Boules (CMSB)
0.05
Roller sport (FIRS)
Football (FIFA)
Gymnastique (FIG)
0.02
Ski (FIS)
0.10
triathlon (ITU)
0.40
P2. béta-bloquants
A moins d’indication contraire, les bêta-bloquants sont interdits, en compétition seulement,
dans les sports suivants :sports aéronautiques (FIA), automobilisme (FIA), billard (WCBS),
bobsleigh (FIBT), Boules (CMSB), Bridge (FMB), Curling (WCF), Echecs (FIDE), Football
(FIFA), Gymnastique (FIG), Lutte (FILA), Motocyclisme (FIM), Natation (FINA) [plongeon
et natation synchronisée], Pentathlon moderne (UIMP) [pour la discipline du pentathlon
moderne], Quilles (FIQ), Ski (FIS) [saut à skis et snowboard freestyle], Tir (ISSF) [aussi
interdits hors compétition], Tir à l’arc (FITA) [aussi interdits hors compétition], voile (ISAF)
[barreurs seulement].
Les bêta-bloquants incluent, sans s’y limiter :
Acébutolol
Bunolol
Labétolol
Oxprénolol
Alprénolol
Cartéolol
Lévobunolol
Pindolol
Aténolol
Carvédilol
Métipranolol
Propanolol
Bétaxolol
Céliprolol
Métoprolol
Sotalol
Bisoprolol
Esmolol
Nadolol
Timolol
P3. diurétiques
130
Les diurétiques sont interdits en et hors compétition comme agents masquants. Cependant,
dans les sports ci-dessous catégorisés par le poids et dans les sports où une perte de poids peut
améliorer la performance, aucune autorisation médicale, conformément aux règles pour
l’AUT ne peut être accordée pour l’utilisation de diurétiques : Aviron (poids léger) (FISA),
Boby-building (IFBB), Boxe (AIBA), Haltérophilie (IWF), Judo (IJF), Karaté (WKF), Lutte
(FILA), Powerlifting (IPF), Ski (FIS) [saut à ski seulement], Taekwondo (WTF), Wushu
(IWUF).
Substances spécifiques
Les « substances spécifiques » suivantes sont soit particulièrement susceptibles d’entraîner
une violation non intentionnelle des règles antidopage compte tenu de leur présence fréquente
dans des médicaments, soit moins susceptibles d’être utilisées avec succès comme agents
dopants. Une violation des règles antidopage portant sur ces substances peut se traduire par
une sanction réduite, s’il est établi qu’une telle substance n’a pas été utilisée dans l’intention
d’améliorer la performance sportive. Les « substances spécifiques » sont :
-
stimulants :éphédrine, L-Méthylamphétamine, Méthyléphédrine
-
cannabinoïdes
-
bêta-2 agonistes par inhalation (excepté le clenbutérol)
-
diurétiques (ne s’applique pas à la section P3)
-
agents masquants : probénécide
-
glucocorticoïdes
-
alcool
-
bêta-bloquants
Programme de surveillance 2004
Les substances ci-dessous ne sont pas interdites, mais elles sont analysées en compétition
lors du programme de surveillance 2004 : caféine, phényléphrine, phénylpropanolamine,
pipradol, pseudoéphédrine, synéphrine et le rapport morphine / codéine.
Précautions lors de prise de médicaments.
Refroidissements
131
Les médicaments pris en cas de refroidissement peuvent contenir des stimulants, telles
l’éphédrine, la méthyléphédrine ou la cathine. Pour cette raison, ils sont interdits lors de
compétitions. Des concentrations urinaires dépassant les valeurs limites établies valent pour
une infraction. On se tiendra à la règle suivante : ces médicaments utilisés selon prescription
(cf notice d’emballage) doivent être arrêtés au moins 48 heures avant une compétition. Si le
traitement doit être poursuivi, on passera à des médicaments ne contenant aucun stimulant. On
pourra consulter un spécialiste, ou la liste des médicaments autorisés pour les maladies
courantes.
Dispositions sur l’autorisation de médicaments à des fins thérapeutiques
Le standard international pour l’autorisation d’usage à des fins thérapeutiques AUT prévoit
d’harmoniser le processus d’octroi d’une autorisation pour l’utilisation de médicaments
interdits à des fins thérapeutiques. Dans les cas exceptionnels où un traitement médical est
indispensable et si aucune alternative thérapeutique n’est envisageable, on peut formuler une
demande pour l’utilisation d’une substance ou méthode interdite.
Le médecin traitant peut adresser au bureau de la comission de lutte contre le dopage cpld en
France !!
1. bêta-2 agonistes
selon la liste des substances interdites le formotérol, le salmétérol, le salbutamol et la
tebutaline sont admis en inhalation. Leur utilisation doit impérativement être annoncée. Cette
annonce doit être faite au bureau de la cpld par un médecin autorisé de pratique, sur la
formule officielle pour l’autorisation d’usage à des fins thérapeutiques AUT (processus
abrégé).
Les données spirométriques et pneumologiques qui ont permis de poser le diagnostic ne
doivent plus être jointes au certificat mais elles peuvent être exigées au besoin par la cld pour
les vérifier. L’athlète doit conserver une copie du certificat d’annonce dûment rempli.
Le certificat est valable pour une année, les résultats spirométriques le sont pour trois ans. Un
traitement de bêta-2 agonistes qui ne dépasse pas trois mois doit être annoncé sur la formule
officielle de certificat, mais elle ne nécessite pas de spirométrie.
Attention : l’utilisation excessive de salbutamol avant, pendant et après une compétition
peut amener à dépasser la valeur limite de 1 µg/L !
132
2. Glucocorticoïdes
L’utilisation systémique de glucocorticoïdes est interdite en compétion. L’usage locale,
topique et intraarticulaire est autorisé mais doit être annoncé au bureau de la cld sur la
formule officielle pour l’autorisation d’usage à des fins thérapeutiques AUT (processus
abrégé).
Directives pour l’utilisation de méthylphénidate (Ritaline®)
Le méthylphénidate fait parti de la liste des substances interdites (groupe des stimulants). Ceci
implique son interdiction pendant les compétitions, cette disposition étant aussi valable pour
les jeunes traités à la ritaline® pour des troubles déficitaires de l’attention ou patients atteints
de narcolepsie (en deuxième intention).
Pour cette raison, les sportifs traités par ce médicament devront l’arrêter au moins 48h avant
toute compétition.
Selon l’avis de spécialistes compétents, cette interruption de traitement n’exerce pas
d’influence négative sur le succès du traitement. D’autres pays pratiques également de même
Outre la liste des substances dopantes, le Standard international pour l’autorisation d’usage à
des fins thérapeutiques (AUT) est particulièrement important pour l’encadrement des athlètes.
Le but de ce Standard est d’harmoniser la procédure d’octroi d’une autorisation
exceptionnelle d’utiliser des médicaments interdits à des fins thérapeutiques dans tous les
sports et dans tous les pays.
Dans des cas exceptionnels, où aucune thérapie alternative n’est envisageable, il est possible
de formuler une demande pour l’utilisation d’une substance ou méthode interdite. Cette
demande doit être adressée, sur formule officielle, au bureau de la commission de prévention
et de lutte contre le dopage (CPLD). Le sportif doit soumettre une demande d’AUT au moins
21 jours avant de participer à une compétition. Les formulaires sont les suivants :
Formulaire de processus abrégé (pour béta-2 agonistes par inhalation et
glucocorticoïdes par des voies non systémiques)
L’autorisation d’usage entre en vigueur dès la réception d’une notification complète par le
CAUT.
Formulaire de demande standard
133
Le CAUT formé par les 3 médecins va décider sur la demande. La décision sera transmise par
écrit au sportif.
Annexe 3
Standard international pour l’autorisation d’usage à des fins
thérapeutiques
Préambule
Les standards internationaux du code mondial antidopage pour l’autorisation d’usage à des
fins thérapeutiques (AUT) sont des standards internationaux obligatoires de niveau 2, faisant
partie intégrante du programme mondial antidopage.
Le développement de ces standards internationaux pour l’autorisation d’usage à des fins
thérapeutiques (AUT) est basée sur une analyse des différents protocoles et procédures
utilisées par les fédérations internationales, le CIO, les organisations nationales antidopage, et
des sections afférentes de la version révisée des standards internationaux de contrôle (SIC).
Au sein de l’AMA, un vaste groupe d’experts a analysé, discuté et préparé le document.
La première version (1.0) du standard international AUT a été distribué à tous les signataires
et gouvernements en novembre 2002 dans le but d’obtenir leur révision et leurs
commentaires. La version préliminaire 2.0 a été basée sur les commentaires et propositions
reçus des signataires et des gouvernements. La version préliminaire 2.1 a été basée sur les
commentaires reçus sur la version 2.0 et intégrait certains principes discutés au cours du
processus de rédaction préliminaire des standards internationaux pour la liste des interdictions
2004
134
Tous les signataires et gouvernements ont été consultés et ont eu la possibilité de réviser et
commenter la version 2.3. Des révisions ont été effectuées sur la base de ces analyses et
commentaires. Le standard international AUT a été soumis à l’approbation du comité éxécutif
de l’AMA en septembre 2003.
Cette version officielle sera tenue à jour par l’AMA et publiée en français et en anglais. En
cas de conflit d’interprétation entre les versions française et anglaise du standard, la version
anglaise fera autorité.
Le Standard international AUT finalisé entrera en vigueur le 1er janvier 2004.
Première partie :introduction, dispositions du code et définitions
1.0 Introduction et portée
2.0 Dispositions du code
3.0 Termes et définitions
3.1 termes définis dans le code
3.2 termes définis dans les standards internationaux pour l’AUT
deuxième partie :standard pour l’autorisation d’usage à des fins thérapeutiques
4.0 Critères d’autorisation d’usage à des fins thérapeutiques
5.0 Confidentialité de l’information
6.0 Comités pour l’autorisation d’usage à des fins thérapeutiques (CAUT)
7.0 Processus de demande d’AUT
8.0 Processus abrégé de demande d’AUT
Première partie :introduction, dispositions du code et définitions
1.0 Introduction et portée
135
Le but du standard international AUT est de garantir l’harmonisation dans tous les sports et
dans tous les pays des procédures suivies pour accorder une autorisation d’utilisation de
substances à des fins thérapeutiques.
Le code autorise les sportifs et leurs médecins à demander une autorisation d’usage à des fins
thérapeutiques, des substances ou méthodes contenues dans la liste des substances et
méthodes interdites dont l’usage est normalement interdit.
Le standard international AUT comprend des critères d’autorisation, de confidentialité de
l’information, des création des comités d’autorisation d’usage à des fins thérapeutiques, et la
procédure de demande d’AUT.
Ce standard s’applique à tous les sportifs tels que définis par le code et assujettis à celui-ci, y
compris les sportifs handicapés.
Le programme modial antidopage comprend tous les éléments nécessaires à l’harmonisation
optimale des programmes et des bonnes pratiques antidopage aux niveaux national et
international. Les éléments principaux sont les suivants :le code (niveau 1), les standards
internationaux (niveau 2) et les modèles de bonnes pratiques (niveau 3).
Dans l’introduction du code, le but et la mise en place des standards internationaux sont
présentés comme suit :
« Les standards internationaux pour les différents volets techniques et opérationnels du
programme mondial antidopage seront élaborés en consultation avec les signataires et les
gouvernements et approuvés par l’AMA. Ces standards visent à assurer une harmonisation
entre les organisations antidopage responsables de parties techniques et opérationnelles
spécifiques des programmes antidopage. Le respect des standards est obligatoire pour
l’observance du code. Le comité exécutif de l’AMA pourra réviser en temps opportun les
standards à l’issue de consultations suffisantes avec les signataires et les gouvernements. A
moins de dispositions contraires dans le code, les standardsinternationaux et toute mise à jour
entrent en vigueur à la date précisée dans les standards internationaux ou la mise à jour. »
136
L’observance des standards internationaux (par oppsition à toute autre norme, pratique ou
procédure) devra suffire pour conclure que les procédures couvertes par les standards
internationaux ont été correctement éxécutées.
Les définitions spécifiées dans le code sont écrites en italique.
2.0 dispositions du code
les articles du code ci-dessous se rapportent directement aux standards internationaux pour
l’autorisation d’usage à des fins thérapeutiques.
Article 4.4 du code - usage à des fins thérapeutiques
L’AMA adoptera un standard international sur la procédure à suivre en vue des autorisations
accordées pour usage à des fins thérapeutiques.
Chaque fédération internationale devra s’assurer qu’une procédure d’autorisation d’usage à
des fins thérapeutiques est mise en place pour les sportifs de niveau international, ou les
autres sportifs inscrits dans une manifestation internationale, devant avoir recours à une
substance ou m éthode interdite sur la base d’un dossier médical documenté. Chaque
organisation nationale devra s’assurer qu’une procédure d’autorisation d’usage à des fins
thérapeutiques est mise en place pour les sportifs de niveau non international et relevant de
son autorité, devant avoir recours à une substance ou méthode interdite sur la base d’un
dossier médical documenté. De telles demandes seront évaluées en accord avec les standards
internationaux pour l’autorisation d’usage à des fins thérapeutiques. Les fédérations
internationales et les organisations nationales antidopage devront rapporter promptement à
l’AMA les autorisations accordées pour usage à des fins thérapeutiques à tout sportif de
niveau international ou tout sportif de niveau national onclus dans son groupe cible de sportifs
soumis aux contrôles.
L’AMA pourra de sa propre intiative revoir une autorisation d’usage à des fins thérapeutiques
accordée à tout sportif de niveau international ou de niveau national inclus dans le groupe
cible de sportifs soumis par son organisation nationale antidopage aux contrôles. De plus, à la
demande d’un sportif qui s’est vu refuser une autorisation d’usage à des fins thérapeutiques,
l’AMA pourra reconsidérer ce refus. L’AMA pourra renverser une décision lorsqu’elle
137
considère que l’accord ou le refus d’une autorisation à des fins thérapeutiques n’est pas
conforme aux standards internationaux pour l’autorisation d’usage à des fins thérapeutiques.
Article 13.3 du code - appels de décisions portant sur l’autorisation ou le refus d’usage à des
fins thérapeutiques.
Seul le sportif ou l’organisation nationale antidopage peut faire appel devant le TAS des
décisions de l’AMA renversant une autorisation ou un refus d’usage à des fins thérapeutiques.
Les décisions de refus d’usage à des fins thérapeutiques prises par des organisations
nationales antidopage autres que l’AMA et qui ne sont pas renversées par l’AMA peuvent
faire l’objet d’un appel devant le TAS par les sportifs de niveau international et devant
l’instance nationale d’appel décrite à l’article 13.2.2 dans le cas de sportifs de niveau national.
Lorsqu’une instance nationale d’appel renverse la décision de refus d’usage à des fins
thérapeutiques, l’AMA pourra faire appel de cette décision devant le TAS.
Article 14.5 du code - centre d’information en matière de contrôle……….
article 15.4 du code - reconnaissance mutuelle
sous réserve du droit d’appel prévu à l’article 13, les contrôles, les autorisations pour usage à
des fins thérapeutiques, les décisions des auditions et toute autre décision finale rendue par un
signataire seront reconnus et respectés par tous les autres signataires, dans la mesure où ils
sont conformes au code et relèvent du champ de compétences dudit signataire. Les signataires
auront la possibilité de reconnaître les mesures prises par d’autres organismes qui n’ont pas
accepté le code, si les règles de ces organismes sont compatibles avec le code.
3.0 termes et définitions
3.1 termes définis dans le code
AMA : agence mondiale antidopage.
Code : code mondial antidopage
Contrôle du dopage : processus englobant la planifacation des contrôles, la collecte des
échantillons et leur manipulation, l’analyse en laboratoire, la gestion des résultats, les
auditions et les appels.
138
Contrôle : partie du processus de contrôle du dopage comprenant la planification des
contrôles, la collecte des échantillons, la manipulation des échantillons et leur transport au
laboratoire.
En compétition : dans le but de différencier en compétition et hors compétition, et à moins
d’une disposition contraire à cet effet dans les règlements de la fédération internationale ou de
l’organisation antidopage concernée, un contrôle en compétition est un contrôle où le sportif
est sélectionné dans le cadre de la dite compétition.
Groupe cible de sportifs soumis à des contrôles : groupe de sportifs de haut niveau
identifiés par chaque fédération internationale ou organisation nationale antidopage qui sont
assujettis à la fois à des contrôles en compétition et hors compétition dans le cadre de la
planification des contrôles de la fédération internationale ou de l’organisation en question.
Hors compétition : tout contrôle du dopage qui n’a pas lieu en compétition.
Liste des interdictions : liste identifiant les substances et méthodes interdites.
Manifestation : série de compétitions individuelles se déroulant sous l’égide d’un organisme
responsable (par exemple les JO, les championnats du monde de la FINA, ou les Jeux
Panaméricains).
Méthode interdite : toute méthode décrite dans la liste des interdictions.
Organisation antidopage :signataire responsable de l’adoption de règles relatives au
processus de contrôle du dopage, de son initiation, de sa mise en œuvre ou de l’application de
tout volet de ce processus. Cela comprend par exemple le Comité International Olympique, le
Comité International paralympique, d’autres organisations responsables de grands évènements
sportifs qui effectuent des contrôles lors de manifestations sous leur reponsabilité, l’AMA, les
fédérations internaionales et les organisations nationales antidopage.
Organisation nationale antidopage :la ou les entités désignées par chaque pays comme
autorité principale responsable de l’adoption et de la mise en œuvre des règlements
antidopage, du prélèvement des échantillons, de la gestion des résultats, et de la tenue des
auditions, au plan national. Si la désignation n’a pas été faite par l’autorité par l’autorité
139
publique compétente, cette entité sera le comité national alympique du pays ou son
représentant.
Signataires :les entités qui ont signé le code et s’engagent à le respecter, comprenant le CIO,
les fédérations internationales, le Comité International paralympique, les comités nationaux
olympiques, les comités nationaux paralypiques, les organisations responsables de grands
évènements sportifs, les organisations nationales antidopage, et l’AMA.
Sportif : aux fins du contrôle antidopage, toute personne qui participe à un sport au niveau
international (au sens où l’entend chacune des fédérations internationales) ou au niveau
national (au sens où l’entend une organisation nationale antidopage) et toute autre personne
qui participe à un sport à un niveau inférieur et désignée par l’organisation nationale
antidopage compétente. Aux fins d’information et d’éducation, toute personne qui participe à
un sport et qui relève d’un signataire, d’un gouvernement ou d’une autre organisation sportive
qui respecte le code.
Sportif de niveau international : sprotifs désignés par une ou plusieurs fédérations
internationales comme faisant partie du groupe cible soumis aux contrôles.
Standards internationaux : standards adoptés par l’AMA en lien avec le code. Le respect
des standards internationaux (par opposition à d’autres standards, pratiques ou procédures)
suffira pour conclure que les procédures envisagées dans les standards internationaux sont
correctement exécutées.
Substance interdite : toute substance décrite dans la liste des interdictions.
3.2 termes définis dans les standards internationaux AUT
thérapeutique : faisant partie du, ou en relation avec le traitement d’un état pathologique au
moyen d’agents ou méthodes curatifs ;ou offrant ou assistant un traitement.
AUT : autorisation d’utilisation à des fins thérapeutiques.
140
CAUT : le comité pour l’AUT est le groupe d’experts nommés par l’organisation antidopage
compétente.
CAUT de l’AMA : le comité de l’AMA pour l’AUT est le groupe d’experts désignés par
l’AMA.
Deuxième partie : standards pour l’autorisation d’usage à des fins thérapeutiques
4.0 Critères d’autorisation d’usage à des fins thérapeutiques.
Une autorisation d’usage à des fins thérapeutiques (AUT) peut être accordée à un sportif pour
qu’il puisse utiliser une substance ou méthode interdite telle que définie dans la liste des
interdictions. Une demande d’AUT sera étudiée par un comité pour l’autorisation d’usage à
des fins thérapeutiques (CAUT). Le CAUT sera nommé par une organisation antidopage. Une
autorisation sera accordée uniquement en accord rigoureux avec critères suivants :
Commentaires :ce standard s’applique à tous les sportifs tels que définis par le code et
assujetttis à celui-ci, y compris les sportifs handicapés. Le présent standard sera appliqué
selon les conditions individuelles. Par exemple, une autorisation justifiée pour sportif
handicapé peut ne pas l’être pour d’autres sportifs.
4.1 Le sportif devrait soumettre une demande d’AUT au moins 21 jours avant de
participer à une manifestation.
4.2 Le sportif subirait un préjudice de santé significatif si la substance ou méthode
interdite n’était pas administrée dans le cadre de la prise en charge d’un état
pathologique aigu ou chronique.
4.3 L’usage thérapeutique de la substance ou de la méthode ne devra produire aucune
amélioration de la performance autre que celle attribuable au retour à un état de
santé normal après le traitement d’un état pathologique avéré. L’usage de toute
substance ou méthode interdite pour augmenter les niveaux naturellement bas
d’hormones endogènes n’est pas considéré comme une intervention thérapeutique
acceptable.
4.4 Il ne doit pas exister d’alternative thérapeutique autorisée pouvant se substituer à la
substance ou à la méthode normalement interdite.
141
4.5 La nécessité d’utiliser la substance ou méthode normalement interdite ne doit pas
être une conséquence partielle ou totale de l’utilisation antérieure non
thérapeutique de substances de la liste des interdictions.
4.6 L’AUT sera annulée par l’organisation l’ayant accordée si :
a. Le sportif ne se conforme pas promptement à toute demande ou condition
imposée par l’organisation antidopage ayant accordé l’autorisation.
b. La période d’autorisation d’usage à des fins thérapeutiques a expiré.
c. Le sportif est informé que l’AUT
a été annulée par l’organisation
antidopage.
Commentaire :Chaque AUT aura une durée précise définie par le CAUT. Il est possible
qu’une AUT ait expiré ou ait été annulée et que la substance interdite couverte par l’AUT soit
toujours présente dans l’organisme du sportif. Dans de tels cas, l’organisation antidopage qui
procède à une enquète sur le résultat anormal tentera de déterminer si le résultat est
compatible avec la date d’expiration ou d’annulation de l’AUT.
4.7 Une demande d’AUT ne saurait être autorisée rétropectivement, à l’exception des
cas suiivants :
- Urgence médicale ou traitement d’une condition pathologique aiguë, ou
- Si en raison de circonstances exceptionnelles, il n’y a pas eu suffisamment de temps
ou de possibilités pour le demandeur de soumettre, ou pour le CAUT d’étudier, une demande
avant le contrôle du dopage.
Commentaires : les urgences médicales ou les conditions pathologiques aiguës exigeant
l’administration d’une substance normalement interdite avant qu’une demande d’AUT puisse
être faite sont rares. De même, les circonstances exigeant une étude rapide d’une demande
d’AUT à cause de compétitions immnentes sont peu fréquentes. Les organisations antidopage
qui délivrent les AUT devraient disposer de procédures internes qui permettent de faire face à
de telles situations.
5.0 Confidentialité de l’information
142
5.1 Le demandeur doit donner sa permission écrite de transmettre tous les
renseignements se rapportant à la demande aux membres du CAUT et, s’il y a lieu,
à d’autres experts médicaux et scientifiques indépendants, ou au personnel
impliqué dans la gestion, la révision ou les procédures d’appel des AUT.
S’il est nécessaire de faire appel à des experts indépendants, tous les détails de la
demande leur seront transmis, sans identifier le sportif concerné. Le sportif
demandeur doit aussi donner son consentement par écrit pour permettre aux
memebres du CAUT de communiquer leurs conclusions aux autres organisations
antidopage concernées, en vertu du code.
5.2 les membres des CAUT et l’administration de l’organisation antidopage concernée
mèneront toutes leurs activités en toute confidentialuté. Tous les membres d’un
CAUT et tout le personnel impliqué signeront une clause de confidentialité. En
particulier, les renseignements suivants seront strictement confidentiels :
- Tous les renseignements ou données médicales fournis par le sportif et par son médecin
traitant.
- Tous les détails de la demande, y compris le nom du médecin impliqué dans le
processus.
Si un sportif s’oppse aux demandes du CAUT ou du CAUT de l’AMA d’obtenir tout
renseignement de santé en son nom, le sportif doit en aviser son médecin traitant par écrit. En
conséquence d’une telle décision, le sportif n’obtiendra pas d’approbation ou de
renouvellement d’une AUT.
6.0 Comités pour l’autorisation d’usage à des fins thérapeutiques (CAUT)
Les CAUT seront constitués et agiront en conformité avec les directives suivantes :
6.1 les CAUT doivent comprendre aumoins trois médecins possédant une expérience
dans les soins et le traitement des sportifs, ainsi qu’une solide connaissance et une
pratique de la médecine clinique et sportive. Afin d’assurer l’indépendance des
décisions, une majorité des membres ne devrait pas avoir de resposabilités
officielles dans l’organisation antidopage du CAUT. Tous les membres d’un
143
CAUT devront signer une déclaration de non-conflit d’intérêt. Dans les demandes
d’AUT impliquant des sportifs handicapés, au moins un des membres du CAUT
devra avoir une expérience spécifique dans les soins aux sportifs handicapés.
6.2 Les membres d’un CAUT peuvent demander l’avis d’experts médicaux ou
scientifiques qu’ils jugent appropriés dans l’analyse de l’argumentaire de toute
demande d’AUT
6.3 Le CAUT de l’AMA sera formé selon les critères prévus à l’article 6.1. Le CAUT
de l’AMA est établi afin de réexaminer, de sa propre initiative, les décisions des
organisations antidopage. Sur demande de tout sportif à qui une AUT a été refusée,
le CAUT de l’AMA réexaminera cette décision, avec l’autorité de la renverser en
vertu de l’article 4.4 du code.
7.0 Processus de demande d’autorisation d’usage à des fins thérapeutiques
7.1 Une AUT ne sera considérée qu’après réception d’un formulaire de demande
dûment complété qui doit inclur tous les documents connexes (voir l’annexe ??? –
formulaire d’AUT). Le processus de demande doit être traité en respectant
strictement les principes de la confidentialité médicale.
7.2 Le ou les formulaires de demande d’AUT de l’annexe ??? peuvent être modifiées
par les organisations antidopage de façon à inclure des exigences additionnelles à
des fins de renssignement, mais aucune section ou article ne doit être retiré de
l’annexe
7.3 Le ou les formulaires d’AUT peuvent être traduits dans d’autres langues par les
organisations antidopage, mais l’anglais ou le français doit demeurer sur le ou les
formulaires.
7.4 Un sportif ne peut soumettre une demande d’AUT à plus d’une organisation
antidopage. La demande doit identifier le sport du sportif et, le cas échéant, sa
dicipline et sa position ou son rôle particulier.
7.5 La demande doit inclure toute demande en cours et/ou antérieure d’autorisation
d’utiliser une substance ou une méthode normalement interdite, l’organisme auprès
duquel la dite demande a été faite, et la décision de cet organisme.
7.6 La demande doit inclure un historique médical clair et détaillé comprenant les
résultats de tout examen, analyse de laboratoire ou études par imagerie, liés à la
demande.
144
7.7 Tous les examens complémentaires et pertinents, recherches supplémentaires ou
études par imagerie, demandés par l’organisation antidopage seront effectués aux
frais du demandeur ou de son organisme national responsable.
7.8 La demande doit inclure une attestation d’un médecin traitant qualifié confirmant
la nécessité de la substance ou méthode interdite dans le traitement d’un sportif et
décrivant pourquoi une alternative autorisée ne peut pas ou ne pourrait pas être
utilisée dans le traitement de son état.
7.9 La posologie, la fréquence, la voie et la durée d’administration de la substance
normalement interdite devront être spécifiées.
7.10
Les décisions du CAUT seront transmises par écrit au sportif par l’organisation
antidopage concernée. Lorsqu’une AUT a été accordée à un sportif et l’AMA
recevront promptement un certificat d’approbation incluant les renseignements
concernant la durée de l’autorisation et touts les conditions associées à cette AUT.
7.11
a. A réception d’une demande de réexamen de la part d’un sportif, le CAUT de
l’AMA aura l’autorité, tel que spécifié dans l’article 4.4 du code, de renverser une
décision concernant une AUT accordée par une organisation antidopage. Le sportif
fournira au CAUT de l’AMA tous les renseignements présentés lors de la demande
d’AUT soumise initialement à l’organisation antidopage, et s’affranchira auprès de
l’AMA de la somme forfaitaire requise. Tant que le processus de révision n’est pas
achevé, la décision initiale reste en vigueur. Le processus ne devrait pas prendre
plus de 30 jours suivant le réception des renseignements par l’AMA.
l’AMA peut initier un réexamen en tout temps. Le CAUT de l’AMA devra
finaliser sa révision dans les 30 jours.
7.12
Si la décision concernant l’octroi d’une AUT est renversée suite au réexamen,
ce changement n’aura pas d’effet rétroactif et n’annulera pas les résultats du sportif
au cours de la période durant laquelle l’AUT était accordée, et cette décision
entrera en vigueur au plus tard 14 jours après que le sportif aura été notifié de
celle-ci.
8.0 Processus abrégé de demande d’autorisation d’usage à des fins thérapeutiques :
8.1 Il est reconnu que certaines substances faisant partie de la liste des substances
interdites sont utilisées pour traiter des états pathologiques courants rencontrés
fréquemment au sein de la population sportive. Dans de tels cas, une demande
145
détaillée telle que décrite à la section 4 et à la section 7 n’est pas requise. Par
conséquent, un processus abrégé de demande d’AUT est établi.
8.2 Les substances et méthodes interdites pouvant faire l’objet du processus abrégé
sont strictement limitées aux béta-2 agonistes (formotérol, salbutamol, salmétérol
et terbutaline) par inhalation, et aux glucocorticoïdes par des voies non
systémiques.
8.3 Pour obtenir l’autorisation d’usage de l’une des substances ci-dessus, le sportif doit
fournir à l’organisation antidopage une notification médicale justifiant la nécessité
thérapeutique. Cette notification médicale, telle que décrite à l’annexe 2 ???, doit
indiquer le nom du médicament , la posologie, la voie d’administration et la durée
du traitement.
Le diagnostic et, le cas échéant, les examens pratiqués pour établir le diagnostic
doivent être inclus (sans indiquer les résultats ni les détails).
8.4 Le processus abrégé implique ce qui suit :
- L’autorisation d’usage de substances interdites soumise au processus abrégé entre en
vigueur dès la réception d’une notification complète par l’organisation antidopage. Les
notifications incomplètes seront retournées au demandeur.
- L’organisation antidopage informera rapidement les fédérations internationale et
nationale du sportif, ainsi que l’organisation nationale antidopage (si nécessaire) et
l’AMA, à réception de la notification.
- Une notification d’AUT ne saurait être autorisée rétrospectivement, à l’exception des cas
suivants :
-
urgence médicale ou traitement d’une condition pathologique aiguë, ou
-
si en raison de circonstances exceptionnelles, il n’y a pas eu suffisamment de temps ou
de possibilités pour le demandeur de soumettre, ou pour le CAUT d’étudier, une
demande avant le contrôle du dopage.
8.5 a. Un réexamen par le CAUT ou par celui de l’AMA peut être initié à tout moment
durant la validité d’une AUT
b. Si le sportif demande un réexamen du refus d’une AUT, le CAUT de l’AMA
pourra demander au sportif de fournir des rensignements médicaux additionnels au
besoin, aux frais du sportif.
146
8.6 Une AUT peut être annulée par le CAUT ou celui de l’AMA en tout temps. Le
sportif, sa fédération internationale et toute organisation antidopage concernée en
seront avisée immédiatement.
8.7 L’annulation prendra effet dès que le sportif aura été informé de la décision.
Toutefois, le sportif pourra soumettre une demande d’AUT selon les modalités de
la section 7.
Abréviations : ama, cnpld…en index
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