Thse de doctorat en pharmacie
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Thse de doctorat en pharmacie
UNIVERSITE TOULOUSE III – Paul SABATIER FACULTE DES SCIENCES PHARMACEUTIQUES Année 2004 THESE 2004 TOU3 2063 THESE POUR LE DIPLOME D’ETAT DE DOCTEUR EN PHARMACIE Présentée et soutenue publiquement Par BRETON Eric 2004 SERA-T-ELLE UNE ANNEE CHARNIERE EN TERME DE LUTTE ET DE PREVENTION ANTIDOPAGE ? 02 juillet 2004 Directeur de thèse : TROUVE Patrice JURY Président : CAMPISTRON Gérard 1er assesseur : MARTINEZ Dorian 2è assesseur : MESPLE Geneviève 3è assesseur : HUC Anne 1 Mr Trouvé, vous m’avez fait l’honneur d’accepter avec beaucoup de gentillesse de diriger mon travail. Je vous prie de trouver ici l’expression de mon profond respect et mes plus sincères remerciements. Mr Campistron, je vous remercie vivement d’avoir accepté la charge de présider cette thèse. Je tiens à vous faire part de ma reconnaissance pour votre totale disponibilité. Veuillez trouver ici l’expression de toute ma gratitude et de mon plus profond respect. Mr Martinez, vous m’avez fait le grand plaisir et l’honneur de participer au jury. Je vous remercie pour votre disponibilité à mon égard. Veuillez trouver ici l’expression de ma plus profonde reconnaissance. Mme Mesplé, vous me faites le grand honneur de participer au jury et de juger mon travail. Je tiens à vous exprimer ici toute ma reconnaissance pour votre soutien et votre sollicitude. Mme Huc, vous me faites également le grand honneur et le grand plaisir de participer au jury. Je tiens très particulièrement à vous remercier pour votre soutien et votre aide précieuse tout au long de ces derniers mois. Veuillez trouver ici l’expression de ma plus profonde rennaissance. 2 Remercier Audran, Mrs Renoult & Kinna, les animateurs du CERS, Jean, Depiesse, Magaloff, Montastruc, B & J Puis Parents, amis, les potes, quoi ! Sommaire Introduction…………………………………………………………….. Première partie : Histoire du dopage et évolutions 1. Historique du dopage………………………………………….. 2. Définition…………………………………………………….…… 2.1. Premières tentatives………………………………… 2.2. Définition actuelle selon l’AMA…………………………………………………….. 2.3. Définitions adoptées par la France………………………………………………….. 3. La politique française……………………………………………….. 3.1. Adoption d’une loi antidopage en 1965 : « Loi Herzog » …………………………….. 3.2. «Loi Bambuck » de 1989……………………………………… 3.3. « Loi Buffet » de 1999………………………………………………………………. 3.4. Loi actuelle………………………………………………………………………………. 4. L’Agence Mondiale Antidopage (AMA) et le Code mondial antidopage……………….……………………………………. 4.1.Présentation générale…………………………………………………………….. 4.2. Ses principaux programmes…………………………………………………… 4.3. Plan stratégique 2004 – 2009…………………………………………………………. 4.4. Dispositions applicables………………………………………………….. 4.5. Sommaire des dernières modifications de la liste applicable dès le début des JO d’Athènes 2004. ……………………………………………………………………….. a. Généralités………………………………………………………. b. Commentaires relatifs à chaque section………………………… 3 - Section I : substances et méthodes interdites en compétition……………….. - Section II : substances et méthodes interdites en et hors compétition………. - Section III : substances interdites dans certains sportifs…………… - Section IV : substances spécifiques ………………………………… Deuxième partie : Lutte antidopage 1. Moyens essentiels employés………………………………………….. 2. Description et analyse ……………………………………… 2.1. Substances interdites………………………………………………………. 2.1.1.Précisions ………………………………………………………………………… 2.1.2.Substances interdites en compétition…………………………………………. S1. Stimulants S2. Narcotiques S3. Cannabinoïdes S4. Agents anabolisants S5. Hormones peptidiques S6. Béta-2 agonistes S7. Agents avec activité anti-œstrogène S8. Agents masquants S9. Glucocorticoïdes 2.1.3. Substances interdites en et hors compétition…………………….. a. Rappel……………………………………………………… b. Produits autorisés hors compétition……………………………. o L’affaire De Villiers…………………………………………… c. Produits autorisés en compétition………………………………… c.1. Les Autorisations d’Utilisation à des fins Thérapeutiques (AUT)…… Procédure abrégée……………………………………………. o Asthme chez les athlètes………………………………………………………… a. Présentation………………………………………………………………….. 4 b. Prévalence en fonction du niveau de pratique…………………………………. c. Prévalence en fonction de la discipline……………………………………… d. Diagnostic et traitement ………………………………………………………. e. Traitement…………………………………………………………………… f. Discussion – salbutamol et corticoïdes – ………………………………….. Procédure standard……………………………………………………… c.2. les anesthésiques locaux………………………………………………………… 2.2. Méthodes………………………………………………………………………………… M1 : Amélioration du transfert d’oxygène M2 : Manipulation pharmacologique, chimique ou physique. M3 : Dopage génétique 2.3. Contrôles antidopage………………………………………… 2.3.1. Difficultés rencontrées……………………………………………………………….. o l’affaire des bleus……………………………………………………………….. 2.3.2. Dernières dispositions nationales………………………………………………………. 2.3.2.1. Note du ministre actuel…………………………………………………………….. 2.3.2.2. Stratégie 2004…………………………………………………………………………. 2.4. Suivi longitudinal…………………………………………………………………… 2.5. Discussion générale……………………………………………………………………. Troisième partie : Prévention et perspectives sociologiques 1. Pourquoi se dope-t-on ?………………………………………… 2. De la prévention chez les jeunes à la prévention secondaire….. 3. Omerta : entre éthique sportive et éthique médicale……………… 3.1. Importance des médias et des sponsors……………………………………………. 3.2. Importance de l’encadrement sportif…………………………………………………. 4. Conduites dopantes……………………………………………….. 4.1. Présentation…………………………………………………………………… 4.2. Définition………………………………………………………………………….. 4.3. Limites du concept………………………………………………………………… 5 4.4. Sont-elles addictives ?……………………………………………………………. 4.5. Risques pour la société…………………………………………………………… 5. Discussion……………………………………………………………… Conclusion…………………………………………….. Bibliographie…………………………………………….. Annexes………………………………………………….. 6 Introduction La prise de produits licites ou illicites qui visent à améliorer les performances physiques et intellectuelles est un phénomène bien ancré dans notre société et au centre de diverses activités. Le sport n’échappe pas à cette donne et ce, depuis l’antiquité. Cette pratique prend alors le nom de dopage dans le seul domaine sportif tandis qu’on lui préfère le terme de « conduite dopante » au sein de toute autre activité comme dans l’exercice de son métier ou pour faire la fête par exemple. Ainsi l’histoire de la lutte et de la prévention antidopage est beaucoup plus récente que celle du dopage en soi et l’étendue des dispositions prises à cet égard rend bien compte du travail accompli ces dernières années. Pourtant des lacunes restent perceptibles si l’on observe quelques difficultés encore rencontrées à l’heure actuelle et souvent rendues publiques au gré des diverses affaires et autres aveux du monde sportif. L’Agence Mondiale Antidopage (AMA), organisation indépendente créée il y a cinq ans, a pour but la mise en place d’une harmonisation des règles antidopage sur le plan international et dans toutes les disciplines sportives. Ces derniers mois ont donc été l’occasion de faire adhérer quasiment toutes les fédérations sportives majeures au Code mondial antidopage élaboré, après concertation internationale, par l’AMA elle-même. Il s’agit bien là d’un grand espoir pour tous les tenants d’un sport propre et d’un esprit du fair-play plutôt mal en point en ce début de troisième millénaire. Ce Code mondial antidopage doit théoriquement être appliqué dès l’ouverture des Jeux Olympiques d’été à Athènes dont le retour au pays de l’Olympe, place des premiers jeux, a forcément valeur symbolique. Voilà pourquoi l’étude de ces nouvelles règles s’est imposé à nos yeux. Pourtant jamais le monde sportif n’aura vécue pareille année en terme d’inquiétudes. D’affaires qui lèvent le voile sur des pratiques insoupsonnables, en sports qui se « découvrent » des tricheurs, de morts subites en direct à la télévision aux mises en examens d’athlètes et de dirigeants avec l’implication de la police ; le sport professionnel, véritable opium du peuple en terme de divertissement, vacille. 7 Et c’est alors très logiquement que le dopage est à l’heure actuelle un sujet qui passionne et intéresse toute la population, les médias lui faisant la part belle au gré de nombreux reportages en tous genres. Comment faire autrement dans une société qui ne jure que par la rentabilité, où le surpassement de soi est admis, les « anti-fatigue » surmédiatisés bref nous vivons bien dans un monde où seuls les meilleurs réussiront. C’est donc sur ce point que la prévention prend tout son sens. Car si l’on ne peut que s’inquiéter des préjudices éventuels causés par le dopage de ces dernières années sur des sportifs faisant office de véritables cobayes humains, il faut dès aujourd’hui prendre les devants pour nos enfants afin qu’eux au moins comprennent ce qu’est vraiment le dopage et surtout comment l’éviter. 8 Première Partie I) Histoire du dopage et évolutions Le mot « dopage » vient sans doute du néerlandais « dop », qui désigne une boisson alcoolisée à base de peaux de raisin que les guerriers zoulous consommaient pour aller au combat. L’utilisation du terme s’est répandue au début du XXème, d’abord pour faire référence au dopage illicite des chevaux de course. Cependant, cette pratique est aussi ancienne que le sport de compétition lui-même. Les athlètes de la Grèce antique usaient de régimes spéciaux et de potions fortifiantes pour se donner des forces.(1) 1. Historique du dopage (2)(3) Les premiers cas avérés de dopage dans le sport dateraient de la deuxième moitié du XIX ème siècle. Dans les courses cyclistes de 6 jours, les coureurs utilisent en effet dès 1880 toute une panoplie de produits miracle. Les bidons tendus par les soigneurs aux athlètes contiennent de mystérieux élixirs destinés à leur donner des ailes lorsque le coup de pédale se fait lourd. Les Français privilégient les mélanges à base de caféine aux effets stimulants, les Belges carburaient aux morceaux de sucre à l’éther ; d’autres n’hésitent pas à recourir à des boissons alcoolisées ni même à absorber de la nitroglycérine, très appréciée des sprinters. A l’époque déjà, certains entraîneurs se transforment volontiers en charlatans et préparent de redoutables cocktails à base d’héroïne, amphétamines et cocaïne, le fameux « pot belge ». La nécessité de réglementer le dopage dans le sport s’est imposée dès les années 1920. 1886 Premier décès dû au dopage dans le sport cycliste ; lors de Paris-Bordeaux, Arthur Linton meurt en raison d’une absorption abusive de triméthyle (probablement de l’alcool triméthylique). 1889 9 Le mot « doping » apparaît pour la première fois dans un dictionnaire anglais ; il désigne un mélange d’opium et de narcotiques utilisé à l’époque dans les courses hippiques, soit pour donner un second souffle à son propre cheval (« dope to win ») soit pour empoisonner les chevaux rivaux (« dope to loose »). Les compétitions ainsi manipulées non seulement violent les règles élémentaires du fair-play mais faussent aussi les paris. On cherche donc assez vite à détecter les produits dopants dans le sport hippique. C’est en 1889 que l’absorption de produits dopants par des chevaux est prouvée pour la première fois scientifiquement dans un concours en Autriche. 1904 Aux jeux olympiques de Saint-Louis, le britannique Tom Hicks remporte le marathon en utilisant de la strychnine pour renforcer ses fibres musculaires et nerveuses et grâce à l’œuf cru mélangé au Brandy qu’on lui a donné pendant la course. 1908 Des équipes de football belges et anglaises testent des méthodes censées améliorer la performance par apport d’oxygène. 1910 Le chimiste russe Bukovski réussit à détecter la présence d’alcaloïdes dans la salive des chevaux. 1913 Le médecin allemand Willner , spécialiste du sport, réclame l’interdiction de l’alcool, de la cola, de la caféine, de la cocaïne, de la strychnine et de l’arsenic aux prochains jeux Olympiques de 1916. Jusqu’aux années 60, on utilise surtout des stimulants et des anti-douleurs pendant la compétition : de la caféine, en grande quantité, de l’éther et du sucre, de l’alcool, de la nitroglycérine, de l’héroïne, de la cocaïne, de la strychnine à petite dose et de l’oxygène pur. 1960 Premier décès enregistré dans le cadre de jeux olympiques : le cycliste danois Knut Enemark Jensen fait une chute mortelle après avoir absorbé une dose excessive d’amphétamines et du tartrate de nicotinyle. 10 1967 Le cycliste professionnel anglais Tom Simpson meurt sur la route du Tour de France au Mont Ventoux des suites de prise de stimulants (amphétamines). Une insolation a contribué au décès. L’union cycliste internationale (UCI) et le comité international Olympique (CIO) interdisent les stimulants et les narcotiques. Création de la commission médicale du CIO. 1968 A la 15ème reprise de son combat contre Carlos Duran, le boxeur allemand Jupp Elze, originaire de Cologne, s’écroule et perd connaissance. Il ne se réveillera jamais. Cause du décès : la pervitine, une amphétamine. Des contrôles antidopage sont effectués aux jeux olympiques de Grenoble et de Mexico. 1972 Le CIO publie une longue liste de produits dopants. Les contrôles permettent de détecter la présence d’amphétamines. Les premiers contrôles utilisant la technique GC/MS (chromatographie en phase gazeuse couplée à la spectrométrie de masse) sont effectués aux JO de Munich. Sur 2079 contrôles, 7 sont positifs. 1976 Les anabolisants synthétiques sont ajoutés à la liste des produits dopants du CIO 1978 La lanceuse de poids de la RDA Ilona Slupianek et la spécialiste soviétique de pentathlon Nadjeschda Tkatchenko sont suspendues « à vie » pour usage de produits dopants. Deux ans plus tard, toutes deux décrochent la médaille l’or olympique à Moscou. 1983 Production synthétique d’érythropoïétine (EPO). 1984 11 La testostérone et la caféine font leur entrée dans la liste des produits dopants. 1985 La synthèse génétique de l’hormone de croissance HGH (Human Growth Hormon) est possible. 1987 La spécialiste de l’heptathlon allemande Birgit Dressel, victime d’un « choc allergique », meurt à l’hôpital. Elle aurait absorbé plus de 100 produits différents pendant plusieurs années, ce que les médecins appelés à la traiter pour un lumbago ignoraient totalement. L’administration d’une dose de 5g de métamizol, un analgésique inoffensif, suffit pour provoquer un état de choc que sera fatal à Birgit. Il ne sera jamais possible de prouver l’absorption de produits dopants malgré l’existence de nombreux symptômes. Aux championnats du monde d’athlétisme de Rome, la coureuse suisse de demi-fond Sandra Grasser remporte le bronze sur 1500m. Convaincue de dopage à la méthyltestostérone, un anabolisant, son nom est supprimé de la liste des résultats quelques jours plus tard. Bien que les échantillons A et B donnent les mêmes résultats, l’analyse et le prélèvement sont entachés d’irrégularités : les profils des hormones stéroïdes endogènes des échantillons A et B ne concordent pas. L’affaire reste aujourd’hui encore entourée de mystère car les quantités d’urine prélevées sont insuffisantes pour procéder à de nouvelles analyses. Les échantillons A et B proviennent-ils bien de la même personne ? 1988 Ben Johnson doit rendre sa médaille d’or olympique pour un contrôle positif au stanozolol. On apprendra plus tard que les sept autres concurrents de la finale avaient tous des traces de produits interdits à l’issue des contrôles mais en quantités toutefois moindres que le canadien. 1990 Les cyclistes italiens dominent les épreuves sans partage : ils pédalent plus vite, plus longtemps et semblent moins fatigués. Cette même année, l’équipe de la Lempre dénombre sept décès dans son équipe. 1994 12 Le secret italien apparaît au grand jour : l’Epo est évoqué dans le cyclisme et on commence à mieux comprendre l’écrasante domination de certaines équipes comme « Gewiss » qui rafle tout sur son passage et classe trois de ces coureurs sur le podium de la classique Flèche Wallonne : une première ! Le préparateur physique de cette équipe, Michele Ferrari reconnaît alors innocemment que ses coureurs utilisent de l’Epo mais que cette substance n’est plus dangereuse que 10 Litres de jus d’orange. 1996 L’utilisation de l’Epo se généralise dans le cyclisme : la suspicion entre les équipes aussi. Bjarne Riis, pourtant « ancien porteur de bidons » écrase le Tour de France en accomplissant des performances surhumaines. Le peloton le surnomme alors « Monsieur 60% » en raison de son taux d’hématocrite. 1998 L’affaire Festina dévoile la banalisation du dopage et de l’utilisation de l’Epo dans le cyclisme. On commence également à parler d’hormone de croissance. 1999 Dernière loi antidopage adoptée en France : la loi Buffet. 2003-2004 - Mort subite - Douze sportifs sont terrassés en quatorze mois dont 2 en direct à la télévision lors de la retransmission de match de football. Janvier 2003. Denis Zanette, 32 ans, coureur cycliste italien, meurt brutalement chez le dentiste. Juin. Marc Vivien Foé, 28 ans, footballeur camerounais de Manchester City, s’écroule lors du match opposant son équipe à la Colombie. Fabrice Salanson, 23 ans, coureur cycliste français chez Brioches-La Boulangère, décède dans son sommeil avant le Tour d’Allemagne. Novembre. Marco Rusconi, 24 ans, coureur cycliste italien, s’effondre sur le parking d’un centre commercial. Décembre. Mort de José Maria Jimenez, 34 ans, coureur cycliste espagnol, dans une clinique psychiatrique. Janvier 2004. décès, après une crise cardiaque, de Michel Zanoli, 35 ans, ex-coureur professionnel néerlandais. Chalva Apkhazava, 25 ans, footballeur géorgien d’Arsenal Kiev, 13 meurt brutalement dans son sommeil, à la veille de partir en stage. Miklos Féher, 24 ans, footballeur hongrois du Benfica Lisbonne, est frappé par la mort subite en plein match de championnat. Février. Décès, dans un match de ligue 1 suédoise, de Raimond Juminikis, 23 ans, basketteur letton d’Akropol Stocktholm. Johan Sermon, 21 ans, coureur cycliste belge, meurt dans son sommeil. Mort dans sa chambre d’hôtel de Marco Pantani, 34 ans, probablement d’une overdose de cocaïne. Mars. Andrei Pavitsky, 17 ans, footballeur ukrainien d’Arsenal Kiev, décède soudain à l’entraînement. 2. Définition du mot « dopage » Toutes les évolutions et autres transformations auxquelles la définition du mot « dopage » a été soumise, sont là pour souligner la complexité réelle de la tâche. Cependant l’essentiel n’est pas d’en donner une définition précise et complète, sauf dans le cadre législatif peut-être, mais surtout de bien comprendre le sens de ce mot. Il est important de noter qu’il s’agit d’un terme bien spécifique attribué au seul sport, et qui prend le nom de « conduite dopante » dans toutes les autres activités, ce thème étant traité en troisième partie. 2.1. Premières tentatives La dimension internationale se fait lors du colloque européen d’Uriage - les - bains, les 26 et 27 janvier 1963 et lui donne sa première définition officielle : « Est considéré comme doping, l’utilisation de substances ou de tous moyens destinés à augmenter artificiellement le rendement, en vue ou à l’occasion d’une compétition, et qui peut porter préjudice à l’éthique sportive et à l’intégrité physique et psychique de l’athlète. » Elle est complétée quelques mois plus tard par le Conseil de l’Europe en séance à Strasbourg et à Madrid (4) : « Le Doping est l’administration à un sujet sain, ou l’utilisation par lui-même, ou par quelque moyen que ce soit, d’une substance étrangère à l’organisme, de substances physiologiques en quantité ou par voies anormales, et ce, dans le seul but 14 d’augmenter artificiellement et de façon déloyale la performance du sujet à l’occasion de sa participation à une compétition. » Cette définition est complétée par une liste non limitative énumérant les substances interdites et ne pouvant être divulguée qu’aux personnes tenues au secret médical. En octobre 1964, à l’occasion du congrès de la fédération internationale de la médecine du sport, un petit comité propose d’ajouter à la définition européenne le paragraphe suivant (4) : « quand la nécessité impose un traitement médical qui, par sa nature, sa posologie ou sa voie d’administration est capable d’améliorer les performances d’un athlète artificiellement et de façon déloyale à l’occasion de sa participation à une compétition, cela doit aussi être considéré comme du doping » Le comité annexe à ce paragraphe une liste de substances et procédés dont l’usage relève, selon lui, du dopage. 2.2. Définition actuelle selon le Code mondial antidopage 2004 (5) Quarante ans plus tard, l’AMA, véritable chef d’orchestre indépendant à l’échelle mondiale de la lutte antidopage, en donne une définition dès le 1er et 2ème article du code mondial antidopage entré en vigueur le 1er janvier 2004 et logiquement applicable dès l’ouverture des JO d’Athènes. Cette définition a donc une valeur mondiale et sa seule édiction rend bien compte des évolutions subies depuis ces quarante années d’affaires et de lutte. Article 1 : Définition du dopage « Le dopage est défini comme une ou plusieurs violations des règles antidopage telles qu’énoncées de l’article 2.1 à l’article 2.8 du Code. » Article 2 : Violation des règles antidopage « sont considérés comme violations des règles antidopage : 2.1 La présence d’une substance interdite, de ses métabolites ou de ses marqueurs. 15 2.1.1 Il incombe à chaque sportif de s’assurer qu’aucune substance interdite ne pénètre dans l’organisme. Les sportifs sont responsables de toute substance interdite, de ses métabolites ou de ses marqueurs, dont la présence est décelée dans leurs prélèvements corporels. Par conséquent, il n’est pas nécessaire de faire preuve de l’intention, de la faute, de la négligence ou de l’usage conscient de la part du sportif pour établir une violation des règles antidopage an vertu de l’article 2.1. 2.1.2 Excepté les substances pour lesquelles un seuil de déclaration est précisé dans la liste des interdictions, la présence de la moindre quantité d’une substance interdite, de ses métabolites ou marqueurs, décelée dans l’échantillon d’un sportif, constitue une violation des règles antidopage. 2.1.3 A titre d’exception à la règle générale de l’article 2.1, la liste des interdictions pourra prévoir des critères d’appréciation spécifiques dans le cas de substances interdites pouvant également être produites de façon endogène. 2.2 L’usage ou la tentative d’usage d’une substance ou méthode interdite. 2.2.1 Le succès ou l’échec de l’usage d’une substance ou d’une méthode interdite n’est pas déterminant. L’usage ou la tentative d’usage de la substance interdite ou de la méthode interdite suffisent pour qu’il y ait violation des règles antidopage. 2.3 Le refus ou le fait de se soustraire sans justification valable à un prélèvement d’échantillons après notification, en conformité avec les règlements antidopage en vigueur, ou encore le fait d’éviter un prélèvement d’échantillons. 2.4 La violation des exigences de disponibilité des sportifs pour les contrôles hors compétition, y compris le non-respect par les sportifs de l’obligation de fournir des renseignements sur leur localisation, ainsi que les contrôles établis comme manqués sur la base des règles acceptables. 2.5 La falsification ou la tentative de falsification de tout élément du processus de prélèvement ou d’analyse des échantillons. 2.6 Possession de substances ou méthodes interdites. 2.6.1 La possession par un sportif, en tout temps et en tout lieu, d’une substance ou d’une méthode interdite dans le cadre de contrôles hors compétition, à moins que le 16 sportif établisse que cette possession découle d’une autorisation d’usage à des fins thérapeutiques accordées conformément à l’article 4.4 (usages à des fins thérapeutiques) ou à une autre justification acceptable. 2.6.2 La possession d’une substance ou d’une méthode interdite dans le cadre de contrôles hors compétition, par un membre du personnel d’encadrement, en relation avec un sportif en compétition ou à l’entraînement, à moins que la personne en question puisse établir que cette possession découle d’une autorisation d’usage à des fins thérapeutiques accordée conformément à l’article 4.4 (usage à des fins thérapeutiques) ou à une autre justification acceptable. 2.7 Le trafic de toute substance ou méthode interdite. 2.8 L’administration ou la tentative d’administration d’une substance ou d’une méthode interdite à un sportif, ou l’assistance, l’incitation, la contribution, l’instigation, la dissimulation ou toute autre forme de complicité entraînant la violation d’un règlement antidopage, ou toute autre tentative de violation.» 2.3. Définitions adoptées par la France : La loi Herzog de 1965 en donne la définition suivante (6) : Art.1er- Sera puni d’une amende de 500 à 1000 francs quiconque aura, en vue ou au cours d’une compétition sportive utilisé sciemment l’une des substances déterminées par le règlement d’administration publique, qui sont destinées à accroître artificiellement et passagèrement ses possibilités physiques et sont susceptibles de nuire à sa santé.(4) La loi Bambuck de 1989 la redéfinit ainsi (7) : « Il est interdit à toute personne d’utiliser, au cours des compétitions et manifestations sportives organisées ou agrées par des fédérations sportives ou en vue d’y participer, les substances et les procédés qui, de nature à modifier artificiellement les capacités ou à 17 masquer l’emploi de substances ou de procédés ayant cette propriété, sont déterminés par arrêt conjoint des ministres chargés des sports et de la santé(…). » (4) Enfin la loi Buffet de 1999 qui en donne la définition actuelle (8): L’article L.3631-1 du code de la santé publique (ancien article 17 de la loi n° 99-223 du 23 mars 1999 relative à la protection de la santé des sportifs et à la lutte contre le dopage) : « Il est interdit à toute personne, au cours des compétitions et manifestations sportives organisées ou agréées par les fédérations sportives ou en vue d’y participer : d’utiliser des substances et procédés de nature à modifier artificiellement les capacités, ou à masquer l’emploi de substances ou procédés, de recourir à ceux de ces substances ou procédés dont l’utilisation est soumise à des conditions restrictives lorsque ces conditions ne sont pas remplies. Les substances et procédés visés au présent article sont déterminés par un arrêté conjoint du ministre chargé des sports et du ministre chargé de la santé » L’article L.3631-2 du code de la santé publique (ancien article 18 de la loi n° 99-223 du 23 mars 1999 relative à la protection de la santé des sportifs et à la lutte contre le dopage) dispose : « La liste des substances et procédés dopants établie par l’arrêté prévu à l’article L.3631-1 est la même pour toutes les disciplines sportives ». 3. La politique française La France a été le premier Etat avec la Belgique à élaborer une législation sur le dopage. Les lois antidopage françaises se sont adaptées et elles demeurent parmi les plus redoutées des sportifs ayant recours au dopage à l’heure actuelle. 18 3.1. Adoption d’une loi antidopage en France : Loi française du 1er juin 1965 (loi n°65.412) dite « loi Herzog » : Cette loi, la première en la matière en France, reconnaît implicitement la liberté fondamentale de la prescription médicale et ne condamnerait que le sportif qui s’est dopé sciemment. Elle vise à réprimer pénalement le dopage, sans pour autant substituer totalement l’action pénale à l’action fédérale. Art.1er - Sera puni d’une amende de 500 à 1000 francs quiconque aura, en vue ou au cours d’une compétition sportive utilisé sciemment l’une des substances déterminées par le règlement d’administration publique, qui sont destinées à accroître artificiellement et passagèrement ses possibilités physiques et sont susceptibles de nuire à sa santé. Art.2 – Sera puni d’un emprisonnement d’un mois à un an et d’une amende de 500 à 1000 francs ou de l’une de ces deux peines seulement quiconque aura, par quelque moyen que soit, facilité sciemment l’accomplissement des actes visés à l’article 1er ci-dessus ou aura incité à les accomplir. Lorsqu’il y aura lieu à l’application des articles 319 et 320 du Code pénal, les peines prévues par ces articles seront portées au double. Art.3 – Les officiers de police judiciaire ou les agents de police judiciaire mentionnés à l’article 20 du code de procédure pénale peuvent, à la demande d’un médecin agréé par le ministère de la Jeunesse et des Sports, faire procéder, sous contrôle médical, sur un concurrent auteur présumé de l’infraction définie à l’article 1er de la présente loi, aux prélèvements et examens médicaux, cliniques et biologiques, destinés à établir la preuve de l’utilisation d’une substance visée au dit article. Sera puni des peines prévues à l’article 2 (1er alinéa) de la présente loi, quiconque aura refusé de se soumettre à ces prélèvements ou examens. Art.4 – Les condamnations prononcées par application des articles 1er, 2 et 3 peuvent être assorties, à titre complémentaire, de l’interdiction pendant une durée de trois mois à cinq ans 19 de participer à toute compétition sportive, d’en être l’organisateur et d’y assumer une fonction quelconque officielle ou non. Cette loi ne fut appliquée que deux fois. A la suite d’une de ces deux affaires, la chambre correctionnelle de Bordeaux a rendu un verdict édifiant et d’une sérénité exemplaire (10) : 1. « Le dopage prévu et réprimé par la loi du 1er juin 1965 (art.1), ne peut être légalement reconnu que dans l’éventualité ou l’absorption des substances prohibées, quel qu’en soit la représentation même au cas où elles seraient incorporées dans une spécialité pharmaceutique, a eu lieu sciemment, dans le but d’accroître artificiellement et passagèrement les possibilités physiques de celui qui participe à une compétition sportive, ces substances étant de nature à nuire à la santé. 2. Les conditions ne sont pas remplies lorsque ces produits ont été absorbés sur prescription médicale, dans un but simplement curatif, le médecin ayant en effet le pouvoir d’apprécier selon les données de la science, les remèdes destinés au traitement d’une affection, lesquels remèdes loin d’être dangereux pour le sujet comme l’interdit la loi, sont au contraire nécessaires à son rétablissement sans pour autant accroître ses possibilités physiques de façon artificielle. 3. La liberté de la prescription médicale est fondamentale et on ne saurait y mettre obstacle par une interprétation extensive sinon abusive d’une loi pénale qui n’y porte nulle atteinte. 4. Il serait par ailleurs déraisonnable que les sportifs sujets, comme c’est souvent le cas pour les cyclistes, à des refroidissements bénins, soient empêchés de faire soigner de telles affections le plus souvent bénignes par des remèdes appropriés qui pourraient être d’ailleurs les seuls indiqués même s’ils contiennent des substances prohibées dans le cadre de la « loi antidopage », dès lors que ces remèdes leur ont été prescrits à titre de simples soins médicaux pour les rétablir sans pour autant les stimuler de façon nocive ou dangereuse dans le but prohibé par la loi. 5. Il doit donc être admis que l’absorption sur prescription médicale, dans un but seulement curatif de remèdes quels qu’ils soient même s’ils contiennent des substances énumérées par le décret du 10 juin 1966 pris pour l’application de la loi du 1er juin 1965 n’entre pas dans les prévisions de cette loi, et ne constitue pas l’infraction qu’elle réprime. 20 6. Spécialement lorsqu’il est vrai qu’un coureur n’a pas, au départ de l’étape à l’arrivée de laquelle a eu lieu le prélèvement de ses urines, pris sur ordonnance médicale, les comprimés de Corydrane® qu’il affirme avoir absorbés, qu’il dit que ce remède, dont il aurait conservé les comprimés restants, lui avait été prescrit par son médecin un certain temps auparavant, pour le guérir d’une précédente atteinte grippale, il n’en demeure pas moins pour que la loi du 1er juin 1965 puisse trouver application et que l’infraction soit reconnue, qu’il est nécessaire que soit tenu pour certain l’élément intentionnel de l’infraction comme le fait d’avoir absorbé l’un des stimulants dangereux visés par les textes, sciemment, dans le but interdit par la loi. Lorsque cet élément intentionnel est douteux, il convient de relaxer le prévenu à des fins de la prévention. D’autres pays suivront en instaurant leurs propres lois, tels l’Irlande en 1966, l’Italie et la Turquie en 71, la Grèce en 76, le Portugal en 79….etc. 3.2. La loi du 28 juin 1989, n° 89.432 dite « loi Bambuck » Elle donne une nouvelle définition du dopage et introduit quelques nouveautés notamment : - elle dépénalise l’utilisation de substances dopantes pour les sportifs en les soumettant à un régime disciplinaire ; - elle introduit la notion de prévention conformément aux recommandations de la Charte européenne ;(4) « Il est interdit à toute personne d’utiliser, au cours des compétitions et manifestations sportives organisées ou agrées par des fédérations sportives ou en vue d’y participer, les substances et les procédés qui, de nature à modifier artificiellement les capacités ou à masquer l’emploi de substances ou de procédés ayant cette propriété, sont déterminés par arrêt conjoint des ministres chargés des sports et de la santé(…). 21 Le médecin qui, à des fins thérapeutiques, prescrit un traitement à une personne est tenu, à la demande de celle-ci, de lui indiquer si ce traitement fait appel à des substances ou à des procédés interdits en vertu du premier alinéa du présent article. » La prévention et l’éducation Elles reposent sur quatre points fondamentaux. L’information : Par une campagne d’information auprès des jeunes, y compris dans le cadre du sport scolaire ; des renseignements figurant sur les médicaments qui doivent porter sur la notice d’utilisation des précisions sur la classe des substances qu’ils comportent en regard de la loi ; L’obligation pour le médecin d’informer, à la demande de l’athlète, s’il prescrit des substances ou procédés prohibés à l’appui d’un traitement médical. La formation : Par l’intégration dans les programmes de formation dispensés aux éducateurs, enseignants et entraîneurs ainsi qu’aux médecins, d’éléments sur les dispositifs de lutte contre le dopage. La recherche : Par la mise en place de programmes de recherche sur les effets des substances dopantes sur l’être humain à moyen terme, ainsi que sur la préparation des athlètes de haut niveau. La surveillance médicale spécifique : Par l’institution d’un suivi médical en faveur des athlètes de haut niveau, surveillance médicale systématique et création de structures médicales adaptées. La répression Elle est assurée par trois types de mesure : -Des sanctions disciplinaires (dont les durées extrêmes sont fixées par les décrets du 1er avril 1992 et du 27 août 1992) 22 -Des mesures (sanctions) administratives (fixées par la loi du 28 juin 1989) -Des sanctions pénales (fixées par la même loi) o Les mesures disciplinaires sont prononcées selon la compétition au cours de laquelle a été constatée l’infraction par le CIO et/ou la fédération internationale et/ou la fédération française concernée. Les sanctions peuvent aller de l’exclusion de la compétition (entraînant le retrait éventuel de la médaille et/ou du titre obtenu), à la suspension (maximum de trois ans pour un premier cas, jusqu’à cinq ans en cas de récidive et dix ans pour les pourvoyeurs ou incitateurs) et à la radiation à vie selon la nature de l’infraction. o Des mesures administratives renforcées peuvent être prononcées par le ministre, à titre temporaire ou définitif, en cas de sanctions disciplinaires inexistantes ou insuffisantes de la part de la fédération, contre : -les utilisateurs (sportifs) -les « pourvoyeurs » (médecins, entraîneurs, soigneurs…) -les « facilitateurs » (idem). Ces mesures consistent en une interdiction relative à la participation directe ou indirecte, à l’organisation et au déroulement de compétitions ou manifestations agréées par les fédérations sportives. Cette interdiction est prononcée par le ministre. Elle peut être infligée à titre provisoire (trois mois) par le ministre ou à titre définitif (temporaire ou non) par le ministre dur proposition de la commission nationale de lutte contre le dopage, créée par la loi du 28 juin 1989, qui joue un rôle fondamental dans ce domaine (se reporter à l’article concerné) o Les sanctions pénales visent à réprimer à la fois : -l’utilisation des substances ou procédés prohibés -leur incitation à les utiliser -leur administration La loi, dans ce cadre, fixe également les obligations des professionnels (médecins, pharmaciens, soigneurs, managers, entraîneurs) en interdisant sous réserve de nécessité thérapeutique, l’administration des substances prohibées ou l’application des procédés interdits. De plus, comme vu précédemment et sur demande du patient, le médecin qui 23 prescrit un traitement aux seules fins thérapeutiques est tenu de révéler la présence de substances interdites 3.3. La loi du 23 mars 1999 n° 99.223 dite « loi Buffet » relative à la protection de la santé des sportifs et de la lutte antidopage : Elle introduit deux nouveautés importantes : 2. un volet « santé des sportifs / prévention / éducation » constitue l’architecture principale de la loi ; 3. une instance de régulation indépendante est créée qui est chargée de la prévention, de la coordination de la recherche et de la lutte antidopage : Il s’agit du Conseil de prévention et de lutte contre le dopage ou CPLD. mesures générales résumées (3) Article 1 Afin de garantir les conditions de pratique, le ministère de la jeunesse et des sports s’assure que des actions de prévention, de surveillance et d’éducation sont mises en œuvre par les fédérations agréées. Une formation à la prévention du dopage est dispensée aux médecins du sport et aux enseignants. Article 2 Des antennes médicales de lutte contre le dopage ( devenues AMPLD, antennes médicales de prévention et de lutte contre le dopage) sont mises en place dans les régions - consultations ouvertes aux personnes ayant eu recours à des pratiques de dopage - suivi médical, certificat nominatif de suivi Article 3 Les sociétés nationales de programme prévoient des dispositions pour la promotion de la protection de la santé des sportifs et de la lutte antidopage. 24 Article 4 Les partenaires officiels des évènements sportifs s’engagent à respecter une charte de bonne conduite définie par décret. La surveillance médicale des sportifs Article 5 Première délivrance d’une licence et production d’un certificat de non contre indication mentionné sur le carnet de santé. Article 6 La participation aux compétitions organisées ou agréées par les fédérations est subordonnée à la présentation d’une licence sportive et d’un certificat médical pour les non-licenciés et attestation de non contre indication de moins de un an. Article 7 Tout médecin qui décèle des signes de pratique de dopage doit : -Refuser la délivrance du certificat médical -Informer son patient des risques encourus -Transmettre au médecin de l’antenne médicale (sous peine de sanctions disciplinaires prévues par l’article 8) Article 9 Les fédérations veillent à la santé de leurs licenciés : - programmes d’entraînements - calendrier des compétitions - information et prévention - formation des cadres professionnels et bénévoles Article 10 Tout sportif doit faire état de sa qualité en vue d’une prescription médicale. Si le médecin doit prescrire des produits ou procédés interdits, il doit en informer l’intéressé par écrit et le mentionner sur l’ordonnance. 25 Article 11 Les médecins qui traitent des cas de dopage, doivent transmettre sous forme anonyme le dossier à la cellule scientifique du CPLD. Article 12 Les fédérations sportives délégataires assurent la surveillance médicale des sportifs de haut niveau. Article 13 La nature et la périodicité de ces examens sont mentionnés sur un livret individuel. La prévention et la lutte contre le dopage Article 14 Le conseil de Prévention et de lutte contre le dopage (CPLD) : - A une autorité administrative indépendante. - Participe à la définition de la politique de prévention et de lutte antidopage - Comprend 9 membres pour 6 ans renouvelable par 1/3 tous les 2 ans. Article 15 Le CPLD est informé : - Des contrôles - Des cas positifs - Des sanctions Le CPLD dispose d’une cellule scientifique : recherche fondamentale appliquée à la médecine du sport et au dopage. Article 16 Les crédits accordés au CPLD sont inscrits dans le budget général de l’Etat. 26 Les agissements interdits Article 17 Il est interdit à toute personne, au cours des compétitions et manifestations sportives organisées ou agréées par les fédérations sportives ou en vue d’y participer d’utiliser des substances et procédés de nature à modifier artificiellement les capacités, ou à masquer l’emploi de substances ou procédés. Article 18 La liste des substances et procédés dopants est la même pour toutes les disciplines sportives. Article 19 Il est interdit à toute personne de céder, d’offrir, d’administrer ou d’appliquer aux sportifs ces produits ou procédés ; de faciliter ou d’inciter leur utilisation ; de se soustraire ou de s’opposer aux contrôles. Les contrôles Articles 20 / 21 Sont habilités à procéder aux contrôles : Les officiers et agents de police judiciaire Les fonctionnaires du Ministère de la jeunesse et des sports. Les médecins agréés et assermentés. Les médecins peuvent procéder à des examens médicaux cliniques, à des prélèvements biologiques Les procès verbaux sont transmis au ministère de la Jeunesse et des sports, à la fédération concernée, au CPLD. Toute personne qui participe aux compétitions ou manifestations sportives ou aux entraînements y préparant, est tenue de se soumettre aux prélèvements et examens prévus. 27 Article 22 A l’exclusion des domiciles, les médecins et fonctionnaires ont accès aux lieux, enceintes, installations ou établissements (ainsi qu’aux annexes) où se déroule une compétition, une manifestation, un entraînement, entre 6h du matin et 21h, ou à tout moment dès qu’ils sont ouverts au public ou qu’une compétition, un entraînement est organisé. Article 23 Les agents et médecins ne peuvent saisir des objets et documents que sur autorisation judiciaire. Article 24 Les agents des douanes, de la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes, de la jeunesse et des sports, sont habilités à se communiquer tous renseignements concernant l’emploi et la circulation de produits interdits. Les sanctions administratives Article 25 Les fédérations sportives agréées adoptent dans leur règlement, des dispositions disciplinaires afin de sanctionner les contrevenants. L’organe disciplinaire de 1ère instance de ces fédérations se prononce dans un délai de trois mois après avoir entendu l’intéressé. Faute de statuer dans ces délais, le dossier est transmis à l’instance disciplinaire d’appel qui rend sa décision dans les 4 mois au maximum à compter de la même date. Article 26 Le conseil de prévention et de lutte contre le dopage exerce le pouvoir de sanction pour les personnes non licenciées participant à des compétitions ou entraînements. Au titre de l’instance disciplinaire d’appel il peut réformer les sanctions prises par les fédérations, étendre ces sanctions à la pratique d’autres activités. La saisie du conseil est suspensive. Le CPLD peut prononcer à l’encontre de sportifs ou licenciés, dirigeants, entraîneurs des interdictions temporaires ou définitives. 28 Les sanctions pénales Article 27 Sanctions définies par la loi : Délit amende prison S’opposer aux contrôles antidopage 50.000 frcs 6 mois Prescrire, céder, offrir, administrer ou appliquer, faciliter ou 500.000 frcs 5 ans inciter l’utilisation d’une substance ou procédé interdits Circonstance aggravante si bande organisée ou délit effectué à 1.000.000 frcs 7 ans l’égard d’un mineur Plus confiscation des produits Affichage des sanctions prononcées Fermeture d’un an ou plus de l’établissement mis en cause Interdiction d’exercer l’activité professionnelle mise en cause La tentative des délits prévus au présent article est punie des même peines. Article 28 Peuvent se porter partie civile : - le CNOSF - les fédérations dispositions diverses : 29 Article 30 Il est interdit d’administrer ou d’appliquer aux animaux des substances ou procédés qui modifient artificiellement leurs capacités…. 3.4. Loi actuelle : La grande majorité des articles figurant anciennement dans la loi Buffet sont abrogés par l’ordonnance n° 2000.548 du 15 juin 2000 (JO, 22 juin, p.9337), qui édicte le nouveau Code de la Santé Publique. Ils sont ainsi remplacés par le livre VI de la troisième partie du Code de la Santé Publique. La lutte contre le dopage est donc désormais régie par les articles L.3611-1 à L.3634-5 Code de la Santé Publique, qui reprennent, sous un autre ordre, les anciens articles de la loi Buffet, et ont intégré depuis de légères modifications. Le dernier arrêté date du 31 juillet 2003 sous l’égide du Ministre des Sports, Monsieur JeanFrançois Lamour et remet notamment la liste à jour. Ce texte est téléchargeable sur le site www.dopage.com 4. L’Agence Mondiale Antidopage (AMA) et le Code mondial antidopage 4.1. Présentation générale (1) L’Agence mondiale antidopage (AMA), est la première structure indépendante qui cherche à encourager une culture du sport sans dopage à travers le monde entier. Elle combine les ressources des milieux sportifs et gouvernementaux pour renforcer, compléter et coordonner les efforts existants visant à sensibiliser les athlètes aux dangers du dopage, à renforcer l’idéal du fair-play et à sanctionner les tricheurs. Le Code mondial antidopage est le premier document visant à harmoniser les règles régissant le dopage dans les divers pays du monde et les diverses disciplines sportives. L’existence d’un Code unique, applicable et acceptable pour toutes les parties prenantes à la lutte contre le dopage à l’échelle mondiale, contribuera à atteindre cet objectif. Le Code 30 mondial est le document fondamental qui constituera un cadre pour les politiques, les règles et les règlements en matière de lutte contre le dopage au sein des organisations sportives et dans les pouvoirs publics. Le Code mondial antidopage constitue le document de base du programme mondial antidopage. Le programme (annexe 1) comprend trois niveaux et inclut le Code mondial (niveau 1), les Standards internationaux (niveau 2) et les Modèles des meilleures pratiques (niveau 3). Tous ces textes sont téléchargeables sur le site français de l’AMA : www.wadaama.org et ne sont volontairement pas en annexe vue leur taille exceptée la liste des interdictions (annexe ?) ainsi que le Standard pour l’autorisation d’usage à des fins thérapeutiques (annexe ?) sur lesquels nous nous appuieront. Le scandale du procès Festina s’étant soldé par une sérieuse remise en question du rôle des pouvoirs publics, la nécessité d’avoir un organisme international indépendant s’était alors imposée. Jusque là, la coopération internationale en la matière a longtemps été du ressort du Conseil de l’Europe (CE). Dans les années 1980, on a assisté à une collaboration nettement accrue entre les autorités sportives internationales et divers organismes gouvernementaux. Avant 1998, la question était encore discrètement débattue dans certaines tribunes ( CIO, fédérations sportives, gouvernements), donnant ainsi lieu à des définitions, des politiques, des listes d’interdictions et des sanctions différentes. Du fait de cette confusion, les sanctions contre le dopage étaient souvent contestées et parfois annulées par des tribunaux civils. Le CIO a donc pris l’initiative en convoquant la Conférence mondiale sur le dopage dans le sport, qui s’est tenue à Lausanne en février 1999. L’Agence mondiale antidopage (AMA), dont la création a été proposée à l’occasion de cette Conférence, a été mise sur pied à Lausanne le 10 novembre 1999. La structure de l’AMA est basée sur une représentation équitable du Mouvement olympique et des pouvoirs publics dans un souci de meilleure coordination des efforts. En 2001, l’AMA a décidé de changer de siège pour Montréal, le Canada étant à ce propos un pays « phare » en matière de lutte contre le dopage depuis l’affaire en 1988 de Ben Johnson. Toutes les plus grandes fédérations sportives, excepté l’UCI (Union Cycliste Internationale), et près de 80 gouvernements du monde entier ont approuvé le Code mondial antidopage, le 5 mars 2003 à Copenhague (Danemark), en adoptant une résolution désignant le Code comme la base de la lutte contre le dopage dans le sport. 31 L’objectif est que le Code mondial soit opérationnel et entre en vigueur d’ici au début des JO d’été à Athènes en août 2004. D’ici là, le Code antidopage du Mouvement Olympique restera en vigueur et continuera d’être la base des règles antidopage internationales. Concernant la France, nous sommes dans l’attente d’un arrêté imminent concernant l’application de ce nouveau Code mondial d’ici quelques semaines. 4.2. Ses principaux programmes Il s’agit biensûr des programmes en cours depuis la création très récente de l’AMA. Contrôles hors compétition inopinés Ces contrôles constituent la méthode la plus efficace de dissuasion et de détection du dopage, à ce titre ils contribuent largement à renforcer la confiance des athlètes et du public dans un sport sans dopage. Recherche scientifique L’AMA est attachée à augmenter le volume de recherche consacrée à l’élaboration de méthodes de détection nouvelles et améliorées pour un nombre croissant de substances améliorant les performances. Elle débloque des fonds pour encourager ces recherches dans cinq domaines prioritaires : • Composés oxygénants dans le sang (EPO…) • Agents anabolisants endogènes (testostérone) • Facteurs régulant et stimulant la croissance (HGH) • Génie génétique…etc. En 2001 et 2002, l’AMA a attribué environ 9 millions US$ à 30 projets de recherche travaillant dans ces domaines. Le programme des observateurs indépendants (OI) 32 L’AMA a mis au point ce programme des OI afin de contribuer à renforcer la confiance des athlètes et du public dans les programmes de contrôle du dopage et de gestion des résultats lors de grandes manifestations sportives. Les observateurs indépendants de l’AMA surveillent au hasard et font rapport de toutes les phases du processus de contrôle du dopage et de la gestion des résultats, d’une manière neutre et sans parti pris. Le code mondial antidopage L’AMA a pour but de mettre en place un Code mondial antidopage. Ce code tentera de renforcer l’harmonisation des politiques antidopage des fédérations internationales et, pour la première fois, d’harmoniser les normes nationales disparates en matière de lutte contre le dopage. Le but est d’obtenir la mise en place du code mondial antidopage par tous les principaux mandants des milieux sportifs et gouvernementaux avant les JO d’Athènes en 2004. Si nécessaire, les gouvernements pourront bénéficier d’un délai jusqu’aux jeux d’hiver de Turin, en 2006, pour adopter le Code et le mettre en vigueur. Le Code a été approuvé à la conférence mondiale sur le dopage dans le sport, organisée du 3 au 5 mars 2003 à Copenhague. 4.3. Plan stratégique de l’AMA pour 2004 – 2009 Le plan stratégique 2004 – 2009 de l’AMA a été développé après consultation et commentaires du mouvement olympique, des autorités publiques et des autres partenaires. Ce plan oriente les activités de l’AMA et doit permettre à l’Agence de réaliser au mieux sa vision d’un monde qui encourage et met en valeur un sport sans dopage. L’AMA reconnaît que le dopage dans le sport résulte d’une combinaison de facteurs individuels, culturels, sociaux et physiologiques. La prévention du dopage dans le sport doit être élaborée à partir d’une compréhension claire de la nature complexe du problème et en fonction de l’ensemble des diverses stratégies nécessaires pour y parvenir. Dans ses efforts, et tel que souligné dans le plan stratégique, l’Agence se concentre sur quatre activités essentielles : 33 • Code mondial antidopage – surveiller, soutenir, mettre en œuvre et contrôler l’observance du Code. • Education – éduquer et informer les signataires du Code, les gouvernements et les sportifs / le personnel d’encadrement des sportifs des dangers et des conséquences du dopage. • Recherche – Mener, coordonner et soutenir des programmes de recherche antidopage efficaces de classe mondiale. • Accroissement des capacités – accroître la capacité des organisations antidopage de mettre en place des règlements et des programmes antidopage afin d’assurer l’observance du Code. En plus des domaines clés mentionnés ci-dessus, l’Agence effectue également des contrôles du dopage hors compétition pour les fédérations internationales et s’emploie à parvenir à une viabilité financière et à réunir les ressources financières nécessaires à la mise en œuvre de ce Plan stratégique. 4.4. Dispositions applicables Quatre standards techniques (niveau 2) entrent en vigueur en même temps que le code mondial antidopage (niveau 1) de l’AMA : la liste des interdictions, (annexe 2) le Standard international pour l’autorisation d’usage à des fins thérapeutiques (annexe 3), le Standard pour l’accréditation du laboratoire d’analyse et le Standard pour le déroulement des contrôles. Outre la liste des interdictions – liste des moyens pharmaco médicaux défendus employés pour influencer les performances – (annexe 2), le Standard international pour l’autorisation d’usage à des fins thérapeutiques (AUT) (annexe 3)est particulièrement important pour l’encadrement des athlètes. Le but de ce Standard est d’harmoniser la 34 procédure d’octroi d’une autorisation exceptionnelle d’utiliser des médicaments interdits à des fins thérapeutiques dans tous les sports et dans tous les pays. Dans des cas exceptionnels, où aucune thérapie alternative n’est envisageable, il est possible de formuler une demande pour l’utilisation d’une substance ou méthode interdite. Cette demande doit être adressée, sur formule officielle, au bureau de la commission de prévention et de lutte contre le dopage (CPLD). Le sportif doit soumettre une demande d’AUT au moins 21 jours avant de participer à une compétition. Les formulaires sont les suivants : Formulaire de demande abrégé (pour béta-2 agonistes par inhalation et glucocorticoïdes par des voies non systémiques) L’autorisation d’usage entre en vigueur dès la réception d’une notification complète par le CAUT de l’AMA, qui est comité de 3 personnes (en général) chargé d’étudier ces demandes. Formulaire de demande standard Le CAUT formé par 3 médecins va décider sur la demande. Noter que ce CAUT diffère selon le niveau du sportif, un CAUT aura un groupe cible attribué. La décision sera transmise par écrit au sportif. A noter enfin la présence au sein du comité directeur de l’AMA d’un français, le Docteur Alain Garnier. Le Docteur A. Garnier possède une vaste expérience de la lutte contre le dopage et de ses divers aspects. Au bénéfice d’une formation scientifique comme docteur en médecine, il possède également une maîtrise en sciences pharmacologiques et un DEA en nutrition. Il a exercé plusieurs années comme médecin universitaire dans des hôpitaux français. Médecin du sport auprès de plusieurs équipes nationales et professionnelles, il assurait la responsabilité de médecin-chef des polycliniques olympiques pendant les jeux olympiques d’hiver d’Albertville en 1992. ancien chef du bureau médical au Ministère français de la Jeunesse et des Sports (1994-2000), il était chargé à ce titre du programme national antidopage, et il a dans le cadre de cette fonction également présidé le groupe de suivi de la convention antidopage du Conseil de l’Europe (1998-2000). Le Dr Alain Garnier a rejoint l’Agence mondiale antidopage dès le printemps 2000 comme consultant médical. En tant que directeur des relations de l’AMA avec les gouvernements, il était membre du groupe de projet du Code mondial antidopage et a 35 beaucoup œuvré pour l’adhésion des gouvernements au principe du Code. Il a également participé à plusieurs missions d’observateurs indépendants de l’AMA. Aujoud’hui, le Dr Garnier est directeur médical de l’AMA. Il est à ce titre chargé de la supervision des procédures d’autorisation d’usage à des fins thérapeutiques, qui font l’objet d’un standard international lié au Code mondial antidopage. Il est basé au bureau régional européen de lausanne. 4.5. Sommaire des modifications de la liste en vigueur depuis le 1er janvier 2004 a. Généralités : Un certain nombre de changements ont été effectués dans le style et l’organisation de la liste proposée. La liste porte un nouveau titre et le terme « classes » n’est plus utilisé. Le titre des sections apparaît maintenant tel qu’indiqué ci-dessous : I. Substances et méthodes interdites en compétiton. II. Substances et méthodes interdites en et hors compétition. III. Substances interdites dans certains sports. IV. Substances spécifiques. La liste identifie maintenant, en un même endroit, toutes les substances dont l’usage est interdit ; il n’y a plus de regroupements séparés d’ « exemples » à la fin du document comme par le passé. Il est attendu que cette modification clarifiera le texte et éliminera les risques de confusion. Le terme « … et les substances apparentées » a été remplacé, le cas échéant, par « et autres substances possédant une structure chimique similaire ou des effets pharmacologiques similaires ». Les Béta-2 agonistes sont maintenant énumérés dans une catégorie séparée ; les cannabinoïdes et les glucocorticoïdes sont maintenant identifiés comme substances interdites en compétition sous la section I. les diurétiques sont traités de façon plus adéquate en tant qu’agents masquants et substances interdites dans certains sports. Une nouvelle section (« IV.substances spécifiques) a été introduite en vertu de l’article 10.3 du Code de l’AMA. Cette section permet à l’AMA d’ « identifier les substances spécifiques 36 qui sont particulièrement susceptibles d’entrainer une violation non intentionnelle des règlements antidopage compte tenu de leur présence fréquente dans des médicaments, ou parce qu’elles sont moins susceptibles d’être utilisées avec succès comme agents dopants. » Les références aux seuils urinaires ou aux « seuils de positivité » sont traitées dans les sections appropriées, et certaines ont maintenant été transférées dans le Standard international des Laboratoires. b. Commentaires relatifs à chaque section I. Substances et méthodes interdites en compétition Substances interdites S1 : Stimulants La liste des stimulants interdits précise que les isomères optiques (D- et L-) des stimulants sont interdits. La caféine, phényléphrine, phénylpropanolamine, pseudoéphédrine et synéphrine ont été retirés de la liste et transférés au programme de surveillance (section III du Standard). Les substances suivantes :adrafinil, amphétaminil, benzphétamine, diméthylamphétamine, furfénorex, méthylamphétamine, modafinil, ont été ajoutées à la liste. Le texte concernant les procédures à utiliser au cours des Jeux Olympiques de 2004 pour valider le diagnostic de l’asthme, a été retiré de ce document. S2 :narcotiques L’hydromorphone, oxycodone, oxymorphone, ont été ajoutés à la liste définitive des narcotiques, et le terme « et substance apparentées » a été retiré. S3 : cannabinoïdes Les cannabinoïdes sont interdits en compétition dans tous les sports et forment maintenant une nouvelle catégorie. Il importe de noter qu’ils font également partie de la liste en tant que « substances spécifiques » dans la section IV….donc objet de sanctions réduites ! 37 S4 :Agents anabolisants Les stéroïdes anabolisants androgènes ont été identifiés comme « a.Exogènes… » ou « b.Endogènes…. » et la phrase « et leurs analogues » complète chaque liste. Les termes « exogène », « endogène » et « analogue » sont définis dans le texte. Les « Béta-2 agonistes avec propriétés anabolisantes » sont énumérés sous un paragraphe distinct. (il s’agit du zéranol et clenbutérol…) Les stéroïdes anabolisants suivants ont été ajoutés à la liste des interdictions : boldione, delta1-androstène-3, 17-dione, 4-hydroxy-19-nortestostérone, mestérolone, oxabolone, quinbolone, stenbolone, 1-testostérone. La section 1.b traitant des substances anabolisantes androgènes endogènes a été entièrement reformulée de façon à permettre une approche plus flexible que la simple utilisation d’un rapport T/E supérieur à 6 lorsque des variations ou résultats anormaux sont décelés dans les échantillons des sportifs. S5 : Hormones peptidiques L’ordre des substances de cette liste a été changé, et les termes « mimétique » et « analogue » ont été définis. S6 :Béta-2 agonistes La teneur de cette catégorie a été changée. Tous les béta-2 agonistes incluant leurs isomères D- et L- sont interdits à l’exception des substances suivantes : « formétérol, salbutamol, salmétérol, et terbutaline qui sont permises par inhalation pour prévenir et/ou traiter l’asthme et l’asthme / bronchoconstriction d’effort ». Une autorisation médicale conformément aux Standards internationaux pour l’AUT est requise. Lorsqu’une concentration de salbutamol supérieure à 1000 ng/ml est détectée, le sportif doit faire la preuve que ce résultat est conséquent à un usage thérapeutique de salbutamol sous forme d’inhalation. S7 : Agents avec activité anti-œstrogène Pas de changements S8 : Agents masquants Le texte de cette section a été modifié. Le dextran a été ajouté à la liste des exemples de succédanés de plasma. La liste des exemples de diurétiques est maintenant incluse dans cette section. 38 S9 : Cette section sur les glucocorticoides a été déplacée de la section « substances interdites dans certains sports » dans la liste 2003 à la section « substances interdites en compétition » pour tous les sports dans la liste 2004. La référence à l’AUT standard ou celle abrégée s’effectue selon les voies d’administration des glucocorticoides. Méthodes interdites M1 : Amélioration du transfert d’oxygène Le texte de cette section a été modifié pour inclure les « érythropoïétines » et les « substituts à base d’hémoglobine ». « Efaproxiral » a été ajouté. M2 : Manipulation pharmacologique, chimique et physique Pas de changement. M3 : Dopage génétique Pas de changement. II. Substances et méthodes interdites en et hors compétition Substances interdites Cette section identifie les substances interdites en tout temps en référant aux sections appropriées des substances interdites et des méthodes interdites, auparavant indiquées comme interdites en compétition. S4 : agents anabolisants S5 :hormones peptidiques S6 :Béta-2 agonistes Dans la section S6, seuls le clenbutérol et le salbutamol (>1000ng/ml) sont interdits en compétition. S7 : Agents avec activité anti-œstrogène S8 : Agents masquants 39 Méthodes interdites M1 :Amélioration du transfert d’oxygène M2 :Manipulation pharmacologique, chimique et physique M3 :dopage génétique III. Substances interdites dans certains sports Substances interdites P1 :alcool Un nouveau texte est suivi d’une liste des fédérations internationales ayant demandé que l’alcool soit interdit en compétition dans leur sport. Les seuils de rapport sont indiqués entre parenthèses. La responsabilité de la mise en application et de la réalisation de tels contrôles repose sur les fédérations appropriées. Anesthésiques locaux Cette catégorie de médicaments a été retiré de la liste et seront donc désormais autorisés. P2 : Béta-bloquants Un nouveau texte est suivi d’une liste des fédérations internationales ayant demandé que les béta-bloquants soient interdits dans leurs compétitions sportives. Deux fédérations seulement désirent étendre l’interdiction hors compétition. La liste des béta-bloqants est inchangée mais elle est présentée sous une nouvelle formule (« les béta-bloquants comprennent, sans s’y limiter ») IV. Substances spécifiques Il s’agit d’une nouvelle catégorie, tel qu’indiqué ci-dessus. La détection d’une substance qui fait partie de cette catégorie peut impliquer l’application d’une sanction modifiée. Les substances ou la classe de substances à inclure dans cette catégorie sont énumérées dans cette section. Il s’agit pour les stimulants de l’éphédrine, la L-méthylamphétamine, la méthyléphédrine 40 les cannabinoïdes les béta-2 agonistes en inhalation sauf le clenbutérol, strictement interdit. les diurétiques : sauf pour les fédérations qui n’autorisent même pas les AUT. un agent masquant : le probénécide, modifie l’excrétion rénale, donc fait partie des procédés interdits les GC alcool sauf les qlques fédés les béta-bloquants sauf les fédérations qui veulent que ce soit strictement interdit, sans PM. Programme de surveillance 2004 Les substances ci-dessous sont incluses dans le programme de surveillance 2004 qui a pour but de pouvoir en déterminer les indices de mésussage dans le sport. Stimulants : en compétition seulement : caféine, phényléphrine, phénylpropanolamine, pipradol, pseudoéphédrine, synéphrine. Narcotiques :en compétition seulement : ratio morphine / codéine A noter que la ritaline fait l’objet d’un paragraphe spécial et doit être stoppée 48h avant. Chaque section sera plus largement analysée dans le cadre de la 2ème partie qui fera l’objet de diverses critiques à l’égard de cette liste. 41 2ième partie : Lutte antidopage 1. Moyens essentiels employés Les autorités compétentes disposent de plusieurs outils afin de dissuader les tricheurs ou de les repérer. Ceux énoncés ici sont mis en place depuis longtemps déjà et sont au centre de constantes mises à jour y compris le suivi médical qui est relativement récent et donc encore perfectible. Il s’agit essentiellement de : - La liste des interdictions (substances & méthodes interdites ) - Les contrôles antidopage - Le suivi longitudinal 2. Description et analyse 2.1. Sustances interdites Elles sont énumérées, donc de manière non exhaustive dans la liste des moyens pharmaco-médicaux défendus employés pour influencer les performances (liste des substances dopantes interdites) valable dès le 1er janvier 2004 (annexe 2) Cette liste regroupe les substances et méthodes interdites ( I et II ) ainsi que deux rubriques portant sur les substances interdites dans certains sports ( III ) et celles « spécifiques » ( IV ). 2.1.1. Précisions Malgré les modifications les plus récentes apportées à cette liste (Cf 1ère partie. 4.5.), quelques points peuvent encore susciter l’étonnement d’un lecteur averti et méritent un certain décryptage. 42 Certaines sections de substances portent la mention « et autres substances possédant une structure chimique similaire ou des propriétés pharmacologiques similaires » afin de faire face à l’apparition de nouvelles molécules par de simples modifications structurales sur des molécules déjà reconnues comme dopantes. Cela a encore été le cas suite à l’affaire sur la THG qui a éclatée cet été après les mondiaux d’athlétisme à Paris, et qui est un dérivé hydrogéné de la gestrinone déjà inscrite sur la liste (S4.1.a). Notons au passage que la gestrinone est indiqué dans le traitement des endométrioses et que la THG ne possède pas de garanties scientifiques quant aux propriétes anabolisantes qui lui sont attribuées comme cela a beaucoup été dit, après tout la gestrinone ne serait pas si anabolisante que ça. C’est en tout cas la seule parade qui a été trouvée pour prévenir ce genre d’émergence, dont d’ailleurs les seuls bénéficiaires sont souvent des charlatans, citons Victor Conte largement médiatisé ces derniers temps. Il s’est lancé dans la nutrition au milieu des années 80 sans la moindre qualification médicale en poche. Fondé en 1989, son laboratoire Balco lui a d’abord apporté la fortune puis de très gros ennuis, accusé d’arnaque à la sécurité soiale, de blanchiment d’argent et de fraudes aux impôts (13); on lui reproche d’avoir mis au point la THG et d’ailleurs depuis qu’il est aux prises avec la justice, il ne cesse de « balancer » des noms d’athlètes très connus. Cependant pourquoi alors ne pas au moins retranscrire de nombreuses substances englobées dans cette mention et pourtant déjà connues comme stimulantes ? Par exemple la section S1 portant sur les stimulants ne compte que 40 principes actifs (PA) dans le texte officiel édicté par l’AMA, tandis qu’une liste plus détaillée en compterait au moins une centaine. Peu importe à la limite de savoir si tel ou tel dérivé est plus ou moins dopant et c’est d’ailleurs ce qu’il s’est passé avec la THG, de toutes façons le sportif n’a pas a chercher à prendre un médicament avant une compétition, et si c’est effectivement pour se soigner nous verrons qu’une solution existe toujours, la pharmacopée mise à notre disposition étant suffisamment complète pour trouver des alternatives thérapeutiques. Pourquoi laisser des dérivés dont les effets sont peu connus à la portée de sportifs devenus de véritables « cobayes ». Un autre argument est la disparité au niveau mondial concernant la délivrance des médicaments ; les pharmacopées peuvent également différer d’un pays à l’autre, des spécialités de l’étranger sont introuvables en France car retirées depuis. Tous les pays n’ont pas forcément la rigueur française sur ce plan là, pourtant cette liste a valeur mondiale. Autre exemple quelque peu déroutant, la section S2 ne compte que 10 substances interdites et la mention « et substance apparentée » a été retirée. Pourtant on en recense en 43 fait au moins 100 entrant dans cette classe et non des moindres ; ainsi des substances comme le fentanyl (Durogesic®) ou encore la nalbuphine ne sont pas interdites alors que leur puissance n’est plus à démontrer! Certes, ce sont des molécules délicates à manipuler et à doser (patch pour le fentanyl), seulement quand on voit ce que certains encadrements médicaux laissent passer dans des chambres d’hôtel, il paraît légitime de se poser quelques questions quant à la rigueur de cette mesure. Voilà donc la liste rapportant, de manière certainement pas exhaustive mais bien plus détaillée, les noms de substances appartenant aux classes désignées avec le rappel des risques sanitaires encourus par l’usage des substances les plus « en vue » du moment puisque la santé des athlètes doit être un des aspects essentiels de la lutte antidopage en dehors du souci d’équité lors des compétitions. 2.1.2. Substances interdites en compétition Nom de la classe de substance : S1. stimulants Catégorie associée : Classes de substances interdites Cette classe regroupe près de 140 substances (principes actifs) Caractéristiques de la classe Effets recherchés : Augmentation de la concentration et de l’agressivité, diminution de la sensation de fatigue. Effets indésirables : Hypertension, troubles cardiaques, tremblements, dépendance, perte d’appétit, insomnie, épuisement, excitation, euphorie, hallucination. Indications thérapeutiques : Variable selon la substance, se reporter directement à la substance. Contrôles antidopage : 44 Uniquement en compétition Note spéciale : Sont également interdites les substances apparentées par leurs effets pharmacologiques ou leur structure chimique : - les sels, éthers, esters, isomères de ces substances et les sels de ces esters, éthers et isomères. - Toute substance qui donne après métabolisation dans l’organisme, une des substances reprises dans cette liste et les dérivés ayant des effets pharmacologiques similaires. - Toutes les préparations d’imidazol sont acceptables en application locale. Des vasoconstricteurs pourront être administrés avec des agents anesthésiques locaux. Les préparations à usage local (par exemple par voie nasale, ophtalmologique, rectale) d’adrénaline sont autorisées. Substances associées : Il existe près de 140 substances entrant dans cette classe, avec une majorité qui n’est pas ou plus commercialisée en France. 4-méthyl-2,5-diméthoxyamphétamine heptaminol hexoprénaline adrafinil homocamfine adrénaline hydroxindazol alfétamine hydroxyamphétamine almitrine ibogaïne amézinium imidazol amfécloral isoétarine amfépentorex isoprénaline amfépramone isoxsuprine amfétaminil lobéline amineptine mabutérol aminorex mapentérol amiphénazole méclofénoxate ammonium phtalamate méfénorex amphétamine méphentermine 45 bambutérol mésocarbe baméthan métamfépramone bémégride métaraminol méthamphétamine benzphétamine méthoxamine bitoltérol méthoxyphédrine bromantan méthoxyphénamine buphénine méthylènedioxyamphétamin bupropion méthylènedioxyméthamphétamine cafédrine méthyléphédrine * méthylphénidate camphamédrine midodrine camphotamide modafinil carbutérol nicéthamide carphédone noradrénaline cathine = nor-pseudoéphédrine * noréphédrine cathinone norépinéphrine chlorphentermine norfénéfrine choline théophyllinateclenbutérol norfenfluramine cimatérol norpseudoéphédrine clenbutérol octopamine clobenzorex orciprénaline cloforex ox- / hydroxy- amphétamine clominorex oxédrine clorprénaline oxyéphédrine clortermine oxyfédrine cocaïne parahydroxyamphétamine cropropamide pémoline crotétamide pentétrazol cyclopentamine pentorex cypénamine phacétopérane dexamphétamine phendimétrazine dexfenfluramine phénelzine difémétorex phenmétrazine 46 diméfline phentermine diméthylamphétamine dimétofrine dioxadrol pholédrine diphémétoxidine picrotoxine dobutamine dopamine pirbutérol dopéxamine prethcamide doxapram prolintane ecstasy propylhexédrine éphédrine * protokylol épinéphrine etamivan pyrovalérone etaphédrine racéfémine ethylamphétamine racéphédrine ethylnoradrénaline ractopamine etiléfrine reprotérol fenbutrazate rimitérol fencamfamine ritodrine fénétylline salbutamol fenfluramine salmétérol fénotérol sélégiline fénozolon sibutramine fenproporex strychnine fenspiride synéphrine formotérol terbutaline furfénorex tranylcypromine furfurylamphétamine tolubutérol gépéfrine yohimbine Les blancs laissés dans cette liste concernent les substances qui sont désormais analysées mais pas interdites en compétition. Il s’agit du programme de surveillance 2004. 47 L’AMA recherchera ainsi à en détecter les indices de mésusage ; c’est donc un assouplissement vis-à-vis de ces substances qui sont la caféine, phényléphrine, phénylpropanolamine, pipradol, pseudoéphédrine et synéphrine et qui étaient des substances entraînant de vives polémiques chez les athlètes s’insurgeant de ne pas pouvoir soigner des patholgies bégnines et courantes, comme des affections rhino-pharyngées, des douleurs, maux de tête et autres rhumes. Caféine : présente dans de nombreuses spécialités telles que : Asproaccel®, Guronsan®, Migwell®, Propofan® …etc. sont donc désormais autorisés mais surveillées tandis que par exemple le Céphyl® qui contient de la strychnine reste pour cette raison interdite. Phényléphrine : Hexapneumine® en comprimés est désomais autorisé. Phénylpropanolamine : (ou noréphédrine ?) le Rinutan®, suspension buvable n’est donc plus interdit Pipradol : aucune spécialité vendue en France n’en contient. Pseudoéphédrine : concerne une douzaine de spécialités, Actifed® (jour/nuit et rhume), Doli Rhume®, Humex Rhume®, Rhinadvil® vont donc être autorisées. Synéphrine : Antalyre®, Dacryne® et Dacryoboraline® : ces collyres ne posent plus de problèmes non plus puisque leur utilisation pouvait entraîner un CAD (contrôle antidopage) positif. Il faut bien noter que certaines ont également été retirées de cette liste car ne sont plus commercialisées nulle part et donc introuvables, voire trop peu connues et d’un faible apport mais certaines apparaissent encore à titre indicatif comme furfénorex, pentorex …et tous leurs dérivés (sauf l’acidorex qui n’est pas stimulant). Les substances marquées d’une étoile * sont celles interdites au-delà d’une valeur seuil dans les urines à savoir : l’éphédrine et la méthyléphédrine dont la 48 concentration urinaire ne doit pas dépasser 10 µg / mL et la cathine (ou norpseudoéphédrine) qui ne doit pas dépasser 5 µg / mL Ephédrine : []<10 µg/ml Spécialités : Ephédrine Renaudin® (utilisé en chirurgie contre l’hypotension), Osmotol® (otites), Rhinamide®, Rhino-sulfuryl® (décongestionnants lors de rhinites et sinusites c’est-àdire vasoconstricteurs nasaux)). Les effets recherchés sont psychostimulant et bronchodilatateur. Les effets indésirables : HTA, hémorragies cérébrales, infarctus du myocarde, troubles du rythme, psychose. Méthyléphédrine : []<10 µg / mL, pas de spécialités en France. Cathine : []<5 µg / mL, pas de spécialités en France. Il convient aussi de parler des substances spécifiques, dont la méthyléphédrine et l’éphédrine font partie (voir ci-dessus), ainsi que la L-méthylamphétamine et qui se traduisent par une sanction réduite en cas de violation des règles, c’est-à-dire soit de concentrations supérieures à celles autorisées, soit par leur seule présence dans les urines. L-méthylamphétamine : (pas de spécialités en France) Effets recherchés : psychostimulant, augmentation de la ventilation, perte de poids, lutte contre la fatigue musculaire et psychique Effets indésirables : psychoses aigües, AVC, infarctus du myocarde, troubles du rythme, maladies pulmonaires sévères, toxicomanie, mort subite Risques sanitaires des stimulants : 49 La liste est très longue et hétérogène, incluant des dérivés amphétaminiques, des antiépileptiques, des anti-asthmatiques (dont le salbutamol, substance interdite deux fois en tant que stimulant jusqu’à une concentration urinaire de 100 ng / mL et en tant qu’agent anabolisant pour une concentration dépassant 1000 ng / mL), des substances traitant le syndrome d’hyperactivité chez l’enfant (le méthylphénidate, Ritaline®, faisant partie de la famille des pipéridines avec le Lidépran®, Mératran® plus connus sous le nom de « Riri, Lili et Mémé » jusqu’en 1974 par les coureurs cyclistes) (14), des poisons tels que la strychnine. Leur point commun est d’augmenter les aptitudes à l’action (concentration, fatigue) en agissant au niveau central ou périphérique. La strychnine facilite donc l’effort mais son danger vient des crampes qui surviennent à hautes doses, potentiellement mortelles si elles atteignent les muscles respiratoires. Les psychostimulants, dont la principale famille est celle des amphétamines, provoquent une excitation mentale en même temps qu’une déshinibition et une sensation d’euphorie. Ils sont souvent associés aux anesthésiques locaux, voire à la morphine, qui font disparaître biochimiquement la transmission nociceptive aliénée à l’effort considérable exigé de l’appareil locomoteur, c’est le fameux « pot belge » qui mélange cocaïne, amphétamines, morphine et caféïne La cocaïne a une action voisine mais son utilisation ne conviendrait pas aux sports d’endurance de par l’apparition rapide de lactates peu enclin à ce type d’effort. Les amphétaminiques appartiennent essentiellement à la catégorie des médicaments destinés à réduire la prise alimentaire (coupe-faim). De nombreux médicaments ont été retirés de la vente à cause des risques cardiovasculaires, mais pour la plupart d’entre eux, la synthèse est aisée, l’essai clinique s’effectuant alors directement sur le consommateur ! ce sont les « drogues de synthèse ». Les principales sont l’amphétamine, la metamphétamine (MA), la méthylènedioxy-méthyl-amphétamine (MDMA ou ecstasy) et beaucoup d’autres dont la toxicité à long terme n’est pas vraiment connue. On évoque une importante neurotoxicité par épuisement des réserves en neurotransmetteurs (dopamine et sérotonine), des phénomènes de neurodégénérescence avec risques de maladies d’Alzheimer ou de Parkinson chez les consommateurs répétitifs, des troubles psychotiques avec tendances paranoïdes, des hallucinations, des attaques de panique…etc. ur un plan plus général, les amphétaminiques entraînent une augmentation de la pression artérielle associée ou non à une bradycardie réactionnelle. D’autres effets cardiovasculaires à type d’hypertension, de palpitations, de tachycardie ou d’angor voire même des Accidents vasculaires cérébraux ou cardiaques sont observés. Il existe également un renforcement du tonus du sphincter vésical, ce qui peut conduire à un allongement de la période de contrôle antidopage ! Un traitement prolongé 50 risque d’entraîner une tolérance et une dépendance, ceci étant valable pour la cocaïne qui est un psychotrope à risque majeur d’abus.(15) nom de la classe de substance : S2. Narcotiques catégorie associée : Classe de substances interdites Cette classe regroupe 10 substances (ou Principes Actifs). Caractéristiques de la classe Effets recherchés : Diminution de la sensation de douleur Effets indésirables : Accoutumance, dépendance, dépression respiratoire, diminution du rythme cardiaque et de la capacité de concentration, nausée, vomissements, constipation. Indications thérapeutiques : Douleurs intenses Contrôles antidopage : Uniquement en compétition Substances associées : Il existait près de 100 substances et dérivés entrant dans cette classe pourtant la liste officielle ne reconnaît désormais que les dix substances soulignées ! c’est donc volontairement que ces « anciens dopants » sont retranscrits ici, afin de mieux rendre compte de cette mesure prise par l’AMA. Acéthylméthadol lévophénacylmorphane Alfaprodine lévorphanol Alfentanyl métazocine 51 Allylprodine méthadone Alphacéthylméthadol méthadone intermédiaire Alphaméprodine méthyldésorphine Alphaméthadol méthyldihydromorphine Alphaméthylfentanyl méthylfentanyl Aniléridine métopon Bensylmorphine moramide intermédiaire Benzéthidine morphéridine Bétacétylméthadol morphine Bétaméprodine myrophine Bétaméthadol n-oxycodéine Bétaprodine n-oxymorphine Bézitramide nalbuphine Buprénorphine nicocodine Butyrate de dioxaphétyle nicomorphine Carfentanil noracyméthadol Cétobémidone norcodéine Clonitazène norlévorphanol Coca (feuilles) norméthadone Concentratus pallae papaveris normorphine Désomorphine norpipanone Dextromoramide opium Diamorphine (héroïne) oxycodone Diampromide oxymorphone Diéthylthiambutène pentazocine Difénoxine péthidine Dihydromorphine péthidine – intermédiaire a Diménoxadol péthidine – intermed. b/c Diméphépatanol phénadoxone Diméthylthiambutène phénampromide Dipipanone phénazocine Ecgonine phénomorphane Ethoheptazine phénopéridine Ethylméthylthiambutène piminodine 52 Etonitazène piritramide Etoxéridine proheptazine Fentanyl propéridine Furéthidine racémétorphane Héroïne (diamorphine) racémoramide Hydrocodone racémorphane Hydromorphinol rémifentanil Hydromorphone sufentanil Hydroxyphétidine thébacone Isométhadone thébaïne Kétamine tilidine Lévométhorphane trimepéridine Lévomoramide Risques sanitaires : Il s’agit essentiellement des opioïdes : morphine, héroïne, opioïdes de synthèse. Ils sont consommés par le sportif, souvent en association, à des fins analgésiques pour supporter la douleur extrême qui accompagne un effort intense, et dont l’ampleur dépasse les capacités naturelles de son organisme, même très bien entraîné. L’héroïne comporte des risques de dépendance forte et une désocialisation sévère associée. Dans la plupart des cas, c’est la morphine qui est associée à faible dose aux psychostimulants et anesthésiques locaux, etc., avant ou durant une compétition sportive et heureusement, dans ces conditions, elle ne donne généralement pas naissance à une addiction.(15) Nom de la classe de substance : S3. Cannabinoïdes Catégorie associée : classe des sbstances interdites Caractéristiques de la classe Une substance : le THC, tétrahydrocannabinol 53 contrôles antidopage : en compétition seulement Effets recherchés (3) : On peut recenser plusieurs motifs d’utilisation du cannabis à des fins dopantes : - Action analgésique, diminution des réactions à la douleur, relaxant musculaire - Action euphorisante, libération de la libido - Action sédative et anxiolitique, lutte contre le stress et l’anxiété avant, pendant et après la compétition - Action psychostimulante, modification de diverses facultés de perceptions sensorielles, capacité de faire abstraction de l’environnement élargi. Effets indésirables (3) : - Perte d’attention et de motivation, - Toxicité et action cancérigène au niveau de la sphère bucco-pharyngée et des poumons associée au tabagisme, - Affaiblissement du système immunitaire - Schizophrénie chez les sujets prédisposés - Toxicité cardiovasculaire et risques d’arthériopathie chez les sujets prédisposés Utilisation thérapeutique (3): Elle a été abandonnée dans la pharmacopée moderne et il n’existe à l’heure actuelle aucun traitement à base de cannabis en France. Toutefois, les propriétés actives du delta 9-THC et de leurs dérivés font l’objet de nouvelles recherches pour les indications qui suivent : - effets myorelaxants, dans la réduction des spasmes musculaires et de la douleur chronique liée à la sclérose en plaques. - Propriétés analgésiques, soulagement de la douleur - Stimulation de l’appétit (Sida, Alzheimer) - Effets anti-émétiques, en préventif lors de chimiothérapies - Baisse de la pression oculaire liée au glaucome (aiguë ou chronique) - Amélioration de l’humeur et du comportement chez les malades atteints d’Alzheimer Discussion : 54 Dans le monde du sport, de la lutte antidopage, et plus généralement dans la société, le cannabis est un sujet qui soulève beaucoup de questions. Sans rentrer dans un débat de société quant à son éventuelle dépénalisation, il semble que sa présence dans la liste puisse se justifier par le fait que c’est un produit qui « pourrait » améliorer les performances, et des sportifs l’utilisent en tant que tel. Le cannabis est un exemple des ambiguïtés de la lutte antidopage. En effet, il paraît quand même délicat d’imaginer un sportif fumer un « joint » quelques heures avant une épreuve, ne serait-ce qu’en sport collectif, en sport de vitesse. En plus, tous les sports nécessitant en général un maximum de concentration, de réactivité, ou d’explosivité, la somnolence et le manque de concentration induits par le cannabis semblent à priori en désaccord total avec cette hypothèse. Il serait donc plus judicieux de cibler les sports concernés, comme le tir peut-être ou le curling où le fait de pouvoir faire abstraction de l’environnement peut en effet servir, en tous cas des sports sûrement plus concernés par les béta-bloquants que les stimulants. Il serait illusoire de croire que le cannabis est la substance dopante numéro un, comme souvent affiché dans les statistiques, cette substance étant facilement et très longtemps détectable alors beaucoup d’autres produits sont plus largement utilisés par les sportifs, et ne sont, eux, pas du tout recherchés ou non détectables. Cependant, ce produit étant interdit dans la société, il est légitime que le sport qui se veut être un outil d’éducation et d’intégration en proscrive l’usage. Alors, à ceux qui clament au droit à son usage « récréatif » ou « festif », il convient de rappeler que le sport a ses règles et celle de ne pas fumer de cannabis en fait partie ! Nom de la classe de substance : S4. agents anabolisants :stéroïdes 1. Anabolisants androgènes Catégorie associée : classes des substances interdites Cette classe regroupe 67 substances (PA) Caractéristiques de la classe Effets recherchés : Augmentation de la masse musculaire et de la puissance. 55 Effets indésirables : Stérilité, hypertension, agréssivité, anomalies du foie et des reins, impuissance et cancer de la prostate (chez les hommes), virilisation chez les femmes. Contrôles antidopage : En et hors compétition Note spéciale : Sont également interdites les substances apparentées par leurs effets pharmacologiques ou leur structure chimique : - les sels, éthers, esters, isomères de ces substances et les sels de ces esters, éthers et isomères. - Toute substance qui donne après métabolisation dans l’organisme, une des substances reprises dans cette liste et les dérivés ayant des effets pharmacologiques similaires. Dans le cas d’un rapport testostérone / épitestostérone supérieur à 6, il est obligatoire d’effectuer un examen sous la direction de l’autorité médicale compétente avant que l’échantillon ne soit déclaré positif. Un rapport complet sera rédigé ;il comprendra une étude des contrôles précèdents et ultérieurs ainsi que les résultats des tests endocriniens. Si les contrôles précédents ne sont pas disponibles, l’athlète devra subir un contrôle sans annonce préalable au moins une fois par mois durant trois mois. Les résultats de ces examens devront être inclus dans le rapport. A défaut de collaboration de la part de l’athlète, il en résultera une déclaration d’échantillon positif. Les preuves obtenues à partir des profils métaboliques et/ou de l’étude des rapports isotopiques pourront être utilisées afin de tirer des conclusions définitives. Substances associées Il existe 67 substances entrant dans cette classe : 19-norandrostènediol mébolazine 19-norandrostènedione mésabolone 19-norandrostérone mestanolone androgénol mestérolone androisoxasol métandiénone 56 androstanolone méténolone androstènediol méthandriol androstènedione méthyldrostandiol androstérone méthyltestostérone bolandiol métribolone bolastérone mibolérone boldénone nandrolone bolmantalate norboléthone calustérone norclostébol chlordrolone noréthandrolone chloro-4-déhydro-1 méthyltestostérone oxabolone chlorotestostérone oxandrolone clostébol oxymestérone cloxotestostérone oxymétholone danazol penmestérol déhydroandrostérone (DHEA) prastérone déhydrochlorméthyltestostérone propétandrol diéthylstilbestrol quinbolone dihydrotestostérone silandrone drostanolone stanozolol epitestostérone stenbolone ethylestrénol testolactone extrait testiculaire testostérone fluoxymestérone tétrahydrogestrinone formébolone tibolone furazabol tiomestérone gestrinone trenbolone hydroxysténozole trestolone Statut des anabolisants (3) Les anabolisants ne peuvent être délivrés par une pharmacie que sous ordonnance d’un médecin. 57 La vente illégale (sans ordonnance ou avec une ordonnace « de complaisance ») constitue une violation de la loi. Dans le sport, lorsqu’il a été établi qu’un athlète a utilisé des anabolisants, il est sanctionné en fonction des règlements auxquels il est soumis (loi française, CIO, fédérations). Cependant, la consommation par le non-sportif n’est pas punissable. Utilisation thérapeutique : En médecine, ils sont utilisés pour traiter des problèmes de contraception, d’insuffisance testiculaire, certains cas de dénutrition sévère et d’anémie et après de graves opérations pour favoriser l’assimilation des protides. Rappel sur les fonctions biologiques des anabolisants : Les anabolisants appartiennent au groupe des hormones du développement et du fonctionnement des organes sexuels. Ces hormones sont naturellement présentes dans le corps. La principale hormone sexuelle de l’homme est la testostérone. Sécrétée par les testicules sous l’effet de la gonadotrophine (qui est une autre hormone), la testostérone (avec d’autres hormones) contrôle la croissance, le développement et le fonctionnement des organes génitaux mâles. La testostérone ainsi que les hormones qui lui sont apparentées sont également appelées « hormones androgènes » car elles provoquent l’apparition des caractères sexuels masculins (mue de la voix, apparition des poils sur le corps, développement des organes génitaux, etc.) mais influencent aussi la maturation des os, la croissance longitudinale, la musculature, la peau, le métabolisme et en particulier l’assimilation des protides. Les androgènes ont un effet anabolisant (stimulation des phénomènes d’assimilation) qui varie selon les hormones. Pour la testostérone naturelle, par exemple, l’effet virilisant (androgène) est prédominant. Depuis la fin des années 30, les anabolisants sont aussi fabriqués synthétiquement. Ils ont pour fonction de développer l’effet stimulant qu’ils exercent sur la formation des muscles au détriment de leur effet virilisant. Malgré cela, tous les anabolisants synthétiques ont également un effet androgène. Risques sanitaires 58 Les androgènes et les stréroïdes anabolisants sont les produits dopants les plus souvent évoqués. L’androgène de base est la testostérone. Celle ci provoque l’augmentation de synthèse protéique mais également une rétention hydro-sodée, d’où la nécessité de boire beaucoup d’eau ou l’utilisation de diurétiques. Un inconvénient est la diminution de la spermatogénèse chez l’homme, c’est pourquoi on lui associe l’HCG (gonadotrophine chorionique) qui la stimule. Chez la femme, les risques de virilisation sont importants, et, chez l’homme, l’augmentation de la libido peut révéler des comportements agressifs, qui sont atténués par une association d’anti-oestrogènes exogènes. Les modifications comportementales dûes à une consommation excessive d’anabolisants se traduisent par des troubles de l’humeur et une agressivité pouvant être accompagnée de perte de contrôle et de violence. Par ailleurs, on note des diminutions de la mémoire et l’apparition d’états dépressifs, en particulier lors de l’arrêt de la consommation. La possibilité d’une addiction provoquée par la consommation chronique d’anabolisants est encore très discutée mais elle serait largement inférieure à celle produite par les substances addictives.(15) Nom de la classe de substance : S4. agents anabolisants : 2. bêta-2 agonistes Catégorie associée : classes de substances interdites Cette classe regroupe 10 substances (PA) Caractéristiques de la classe Effets recherchés : Augmentation de la masse musculaire, effet stimulant (voir S1.) et amélioration de la respiration. Effets indésirables : Arythmie, excitation, tremblement, anxiété 59 Indications thérapeutiques Asthme Contrôles antidopage En et hors compétition Substances associées : Il existe 10 substances bêta-2 agonistes mais deux seulement sont inscrites dans la liste selon l’AMA (soulignés) pour leur propriété anabolisante. Les autres n’ayant pas cette propriété anabolisante sont tous interdits, à l’exception de celles marquées d’une étoile * qui sont permises par inhalation pour prévenir et/ou traiter l’asthme et l’asthme / bronchoconstriction d’effort (AUT abrégée) Il y a quand même infraction pour le salbutamol au dessus de 1000 ng / mL et le sportif doit fournir la preuve que c’est suite à un usage thérapeutique sous forme d’inhalation. Bambutérol reprotérol Clenbutérol salbutamol * Fénotérol salmétérol * Formotérol * terbutaline * Pirbutérol zéranol Nom de la classe de substance : S5. Hormones peptidiques Catégorie associée :classes de substances interdites Il existe 34 substances s’y rapportant Caractéristiques de la classe Effets recherchés : Variables selon la substance, se reporter directement à quelques exemples (EPO, somatropine). Effets indésirables : 60 Idem Indications thérapeutiques : Idem Contrôles antidopage : En et hors compétition Note spéciale : Les facteurs de libération respectifs sont également interdits. La présence dans l’urine d’une concentration anormale d’une hormone endogène constitue une infraction à moins qu’il ne soit prouvé qu’elle est due à une condition physiologique ou pathologique. Substances associées : Il en existe 34. Buséréline insuline glargine Choriogonadotropine alfa insuline lispro Corticotropines leuproréline Cyclofénil lh Darbapoetin alfa lutrophine Epoétine alfa lutropine alfa Epoiétin bêta mélanotropine Erythropoïétine (EPO) ménotropine Follitropine nafaréline Gonadoréline prolactine Gonadotrophine chorionique humaine (HCG) protiréline Gonadotrophines hypophysaires et synthétiques somatoréline Goséréline somatropine (GH) Igf-1 tétracosactide Inhibiteurs de l’aromatase thyrotropine Insuline triptoréline Insuline aspart urofollitropine 61 Aspects sanitaires liés à la prise d’EPO La principale propriété de l’EPO qui consiste à augmenter le nombre de globules rouges a comme inconvénient de rendre le sang plus visqueux. Cette viscosité sanguine est en relation avec le taux d’hématocrite. Cet épaississement du sang augmente donc les risques de boucher de petites artères comme les artérioles cérébrales ou encore les coronaires (la transpiration excessive augmente encore le danger de formation de caillots sanguins). On sait que pour fluidifier le sang, certains cyclistes devaient se relever la nuit et produire un effort (vélo, pompes…) et associaient au traitement de l’EPO des substances aux propriétés fluidifiantes. Aussi, l’usage abusif de cette hormone de synthèse peut avoir, à court terme, des effets très nocifs pour la santé : - infarctus cérébraux - hypertension artérielle - infarctus myocardiques - embolies pulmonaires - thrombose - mort subite (depuis la mise sur le marché de l’EPO, 17 cas de décès suspects ont été recensés chez les sportifs pratiquant des sports d’endurance entre 1989 et 1990). Sur le long terme, il est difficile de pronostiquer les dangers d’une prise d’EPO répétée car on n’a pas assez de recul pour le faire. Toutefois, on peut redouter : - un dérèglement des mécanismes naturels de régulation de la production des globules rouges, - la contraction de maladies auto-immunes (sécrétion par l’organisme d’anticorps anti-EPO), - le développement de certains types de cancers rénaux (une aplasie médullaire reste à craindre même si aucune étude scientifique n’a, à ce jour, démontré ce risque). Si les aiguilles sont partagées, il peut également y avoir risque de contracter des maladies infectieuses comme des hépatites ou le sida. Risques sanitaires concernant l’hormone de croissance : 62 Son utilisation s’explique par l’augmentation de la masse musculaire et de la diminution du tissu adipeux, voire de la potentialisation de l’effet des anabolisants, justifiant son interêt thérapeutique en cas de retard de croissance. Les effets néfastes sont nombreux : risque de cancer par sur-stimulation des récepteurs aux facteurs de croissance, risques d’acromégalie, troubles cardiaques, rénaux, diminution de la diurèse et une croissance osseuse anormale. Sur le plan neurobiologique, les effets ont été peu étudiés ; des sensations de bien-être peuvent apparaître ; ceci ne signifie pas néanmoins qu’elles soient génératrices d’éventuels processus addictifs. Nom de la classe de substance : S7. bêta-2 agonistes Voir S4.2. Nom de la classe de substance : S7. Agents ayant une activité antioestrogène Catégorie associée : classes de substances interdites On en dénombre actuellement 9 Caractéristiques de la classe Effets recherchés : Modification du profil hormonal Effets indésirables : Se reporter directement aux substances associées Indications thérapeutiques : Idem Contrôles antidopage : En et hors compétition Note spéciale : Interdits uniquement chez les hommes 63 Substances associées Il en existe 9 mais trois seulement sont interdites, il s’agit d’inhibiteurs de l’aromatase, elles sont soulignées. Aminoglutéthimide létrozole Anastrozole raloxifène Clomifène tamoxifène cyclofénil torémifène Exemestane Formestane A noter que certaines de ces molécules sont parfois associées à des traitements à la testostérone (voir S4.) et que par exemple le tamoxifène est utilisé pour traiter certains types de cancers du sein ! Nom de la classe de substance : S8. Agents masquants Catégorie associée :classe de substances interdites Caratéristiques de la classe Effets recherchés : Entraver l’excrétion des produits ou dissimuler leur présence dans les échantillons (ex :diurétiques, épitestostérone, succédanés de plasma, probénécide) Effets indésirables : Voir au cas par cas Indications thérapeutiques : Idem Contrôles antidopage : En et hors compétition Substances associées : 64 Diurétiques (classe D.) Albumine Dextran Epitestostérone Gélatine fluide modifiée Hydroxyéthylamidon (HES) Polygéline Probénécide Le probénécide : un exemple de détournement total d’usage de médicament. Commercialisé sous la spécialité Bénémide® dans le cadre de traitement de la goutte en général, ou adjuvant de la pénicillinothérapie (Protapen®), certains « détourneurs » l’ont utilisé pour camoufler l’absorption de produits dopants, notamment de type anabolisant en retardant leur élimination ou pour perturber le dosage de la testostérone (rapport Testostérone sur Epitestostérone, son métabolite : T / E). C’est notamment « grâce » à ce procédé que les règlements ont élaboré un paragraphe spécial sur ce rapport T / E. Les risques liés à sa prise sont de simples céphalées, nausées et vomissements, ainsi que anorexie, mictions fréquentes, prurit. Nom de la classe de substance : diurétiques (font partie la section S8 : agents masquants) Catégorie associée : classe de substances interdites Cette classe regroupe 46 substances (PA). Caractéristiques de la classe Effets recherchés : Perte de poids, diminution de la concentration de substances interdites dans l’urine (par augmentation de la diurèse) 65 Effets indésirables : Déshydratation, insuffisance rénale, arythmie, hypotension orthostatique Indications thérapeutiques : Hypertension artérielle, oedèmes, insuffisance cardiaque congestive Contrôles antidopage : En et Hors compétition Substances associées : Il existe 46 substances associées dans cette classe des diurétiques Acétazolamide disulfamide Acide étacrynique dorzolamide Altizide drospirénone Ambuside épitizide Amiloride étozoline Aminométradine furosémide Bémétizide hydrochlorothiazide Bendrofluméthiazide hydrofluméthiazide Benzthiazide indapamide Brinzolamide mannitol Bumétanide mébutizide Butizide méfruzide Canrénoate de potassium mersalyl Canrénone méthyclothiazide Chlorazanil métolazone Chlormérodrine pirétanide Chlortalidone polythiazide Ciclétanine spironolactone Clofénamide téclothiazide Clopamide torasémide Cyclopenthiazide triamtérène 66 Cyclothiazide trichlorméthiazide Diclofénamide xipamide Nom de la classe de substance : S9. Glucocorticoïdes Catégorie associée : classe de substances interdites Cette classe regroupe 42 substances Caractéristiques de la classe Effets recherchés : Anti-asthénique, anti-douleur, anti-inflammatoire, euphorisant. Effets indésirables : Hypertension, diabète, ostéoporose, ulcères, infections, insomnie Indications thérapeutiques : Douleur, inflammation, allergies, asthme Contrôles antidopage : En compétition uniquement Note spéciale : Les glucocorticoïdes sont interdits lorsqu’ils sont administrés par voie orale, rectale, intraveineuse ou intramusculaire. Toute autre voie d’administration (locale, topique, intraarticulaire) nécessite une notification médicale conformément aux règles pour l’autorisation d’usage à des fins thérapeutiques. La référence à l’AUT standard ou celle abrégée s’effectue selon les modalités d’administration Substances associées Il en existe 42 recensées. 67 Acétonide de fluocinolone Fluocinonide Alclométasone Fluocortinate Amcinonide Fluocortolone Béclométhasone Fluorométholone Bétaméthasone Fluprednidène Budésonide Fluprednisolone Clobétasol Flucatisone Clobétasone Hydrocortisone Cortisone Isofluprédone Cortivazol Médrysone Désonide Méprednisone Désoximétasone Méthylprednisolone Désoxycortone Mométasone Déxaméthasone Paraméthasone Diflucortonole Prednazoline Difluprednate Prednisolone Extrait de surrénale Prednisone Fludrocortisone Prednylidène Flumétasone Rimexolone Flunisolide Tixocortol Fluocinolone Triamcinolone Faire un point style index utile en fin de thèse… Liste des tricheurs sur www.cyclisme.dopage.free.fr 2.1.3. Substances non interdites en et hors compétition a. Rappel 68 La liste des interdictions établie par l’AMA en vue des prochains JO d’Athènes, comme vue précedemment, distingue les substances interdites « en » compétition ( I ) de celles interdites « en et hors » compétition( II ). Et en y regardant bien, on s’aperçoit que les sections 1 à 3 ne figurent plus dans cette deuxième partie Autrement dit, les sections S1, S2, et S3 à savoir respectivement tous les stimulants, tous les narcotiques et le cannabis, ne sont pas interdits hors compétition c’est-à-dire à l’entraînement, soit 90% du temps que l’athlète consacre à sa discipline. C’est la raison pour laquelle les différents points abordés ci-dessous sont « sous entendu » après analyse des titres énoncés officiellement dans les textes. b. Produits autorisés hors compétition Il s’agit donc des substances se rapportant aux sections : S1. Stimulants S2. Narcotiques S3. Cannabinoïdes S4. béta-2 agonistes, sauf le salbutamol dont la concentration est supérieure à 1000 ng / mL Ces dispositions restreignent considérablement le champ de détection des produits dopants pour les contrôles diligentés hors compétition puisqu’elles excluent à priori toute recherche sur ces substances. Pourtant dans son avis n° 2001-4 du 11 juin 2001, le conseil de prévention et de lutte contre le dopage (CPLD) avait attiré l’attention des ministres chargés des sports et de la santé sur les problèmes posés par la distinction entre les contrôles en compétition et les contrôles hors compétition. Le CPLD avait précisé à cette occasion qu’ «il est d’autant plus difficile de tolérer l’usage de substances dopantes à l’entraînement qu’après la cessation de leur usage, beaucoup d’entre elles sont encore présentes dans l’organisme et continuent d’avoir des effets sur la performance sportive. En outre, les conséquences négatives sur la santé des sportifs sont identiques dans les deux situations. Le dopage à l’entraînement, forme la plus élaborée du dopage, a d’ailleurs incité les autorités françaises à multiplier les contrôles hors compétition. Ainsi, la démarche conduisant à restreindre la liste des substances recherchées à la suite des 69 contrôles hors compétition apparaît en contradiction avec la politique de lutte contre le dopage engagée par la France ». L’arrêté du 27 mars 2002 relatif aux substances et procédés dopants avait introduit néanmoins une importante réserve : en effet, « l’autorité compétente » pouvait demander expressément que tout ou partie des substances dopantes interdites, exclues à priori de la détection lors de contrôles hors compétition, soit quand même recherchée. o L’affaire De Villiers Ce cas a été soulevé par l’affaire du rugbyman international Pieter De Villiers, contrôlé positif à la cocaïne et à l’ectasy (MDMA) après avoir fêté la victoire du Stade Français en match de coupe d’Europe. Il ne fut sanctionné que par une non-participation au tournoi des six nations 2003 par sa fédération et d’un match par son club, à titre d’exemple ; le joueur tentera d’expliquer son « after » du mois de décembre : « je ne me dope pas, je ne me drogue pas. Je ne sais pas comment ses produits sont arrivés dans mon corps (…) On a fait une grosse fête. J’ai bu beaucoup de bières, je ne me sentais pas bien, j’ai vomi, des vomissements intenses, j’ai eu mal à la tête. Mais consciemment, je n’ai jamais pris de drogue » refrain connu pour certains :la cocaïne et l’ectasy avaient donc pénétré dans son organisme à l’insu de son plein gré. Et dans un endroit pas spécialement réputé pour son service brasserie.[] Le débat sur le dopage dit « festif » pouvait être lancé. Notion ambiguë s’il en est puisqu’un sportif qui userait de stimulants pour « doper » sa vie privée pourrait se doper sportivement en toute impunité. Cela reste quand même criticable ici, puisque la cocaïne n’agit que quelques minutes à quelques heures et car l’ectasy ne mets pas un individu dans les meilleures dispositions physiques et morales les jours suivant une prise, surtout pour aller jouer au rugby. Cependant il ne faut pas perdre de vue que les produits incriminés sont de toute façon illégaux et des stépufiants reconnus pénalement et que le sportif est un professionnel donc soumis à des règles strictes se devant d’avoir un comportement exemplaire, à moins que la « starisation » des sportifs ne les rapproche trop des dérives du showbiz. De plus, l’hypothèse de la cocaïne dans un verre de bière étant mise à mal par les toxicologues, consciemment ou pas, il y a donc eu à un moment ou à un autre de l’ « after », une prise active par inhalation en « sniffant ». Finalement le joueur sera « sauvé » par une erreur de procédure puisque aucune « demande expresse » d’analyse de stimulants n’a été requise par le ministère pour ce contrôle. (17) 70 c. Produits autorisés en compétition Les sportifs sont susceptibles d’avoir recours à des produits thérapeutiques et ce même en temps de compétition. En effet, ils ne sont pas à l’abri d’un mauvais virus par exemple. De même, certains sportifs continuent de pratiquer tout en étant asthmatiques voire diabétiques. Ainsi il est de mise de gérer ce type de cas et ce sont les Autorisations d’Utilisation à des fins Thérapeutiques qui permettent à ces sportifs de se soigner. c.1. Les Autorisations d’Utilisation à des fins Thérapeutiques (AUT) « on ne soulignera jamais assez le rôle joué par les certificats médicaux pour apaiser les maux de notre société. (…) Un peu comme si la société se réfugiait derrière la sacro-sainte caution médicale avant de prendre une quelconque décision. C’est ainsi que certains réclament des certificats pour (…) justifier l’emploi de produits dopants. Car bien des substances interdites peuvent être utilisées par les sportifs avec l’accord d’un médecin. Sous réserve, bien entendu, d’en avoir réellement besoin pour protéger leur santé et de respecter certaines voies d’administration» [passe-droit des certif]. Ce commentaire du sociologue Patrick Laure résume assez bien la réalité du problème posé par ces prescriptions médicales appelées précisemment dans le cadre du sport des AUT, afin de bien souligner le caractère « curatif » de ces ordonnances qui autorisent donc l’utilisation de produits présents dans la liste mais dans un but thérapeutique. L’annexe 3 est le standard internationnal pour ces AUT mises en place par l’AMA se distinguent donc ainsi : Procédure Abrégée : Celle-ci concerne essentiellement les béta-2 agonistes par inhalation (formotérol, salbutamol, salmétérol, terbutaline) et les glucocorticoïdes par des voies non systémiques. Le premier paragraphe concernant ce processus abrégé reconnaît que certaines substances de la liste sont utilisées pour traiter des états pathologiques courants rencontrés fréquemment au sein de la population sportive. 71 Il faut en fait décrypter que la pathologie reconnue est l’asthme, le traitement s’effectuant effectivement à base de β-2 mimétiques et de glucocorticoïdes, c’est pourquoi il convient impérativement de se pencher sur cet état de fait reconnu par les autorités afin de pouvoir dire si oui ou non, il y a abus de ces ordonnances dites « de complaisance » par certains détracteurs. o Asthme chez les athlètes (biblio) a. Présentation De nombreux travaux récents font état d’une forte prévalence de l’asthme et, notamment de l’asthme induit par l’exercice (AIE), dans le milieu sportif de haut niveau. Ceci pourrait s’expliquer, à la fois par les hauts débits ventilatoires développés par l’athlète lors de l’exercice, et par l’exposition répétée du système respiratoire à des agents irritants lors de la pratique de certains sports (ex. air froid et sec pour le ski, air pollué pour la course à pied, chlore pour la natation). Cet asthme semble néanmoins se distinguer de l’asthme classiquement décrit dans la littérature. Nous verrons alors quelle est l’incidence de cette pathologie en compétition après avoir rappelé brièvement les modalités de traitement b. Prévalence de l’asthme en fonction du niveau de pratique Prévalence de l’asthme chez les athlètes de haut niveau Depuis une vingtaine d’années, l’ensemble des études menées sur les athlètes de haut niveau ont mis en évidence une forte prévalence de l’asthme et de l’AIE(…). En 1996, lors des JO d’été d’Atlanta, 16,7% des athlètes américains présentaient des antécédents d’asthme et/ou étaient sous médication pour des problèmes respiratoires [2]. Enfin, plus récemment, Rundell et al. ont noté la présence d’un AIE chez près d’un quart des athlètes de haut niveau américains [3]. Dans certaines études, ces chiffres étaient comparés à ceux obtenus dans la population générale. Une différence significative était alors systématiquement observée (la prévalence de l’asthme étant plus forte chez les athlètes). Pour exemples : 72 - en 1998, alors que 4% de la population générale finlandaise était asthmatique, 23% des athlètes de haut niveau semblaient concernés par le problème [4] ; - plus récemment, Nystad et al. [5] ont estimé à 10% la proportion d’athlètes norvégiens de haut niveau asthmatiques, contre 6,9% de la population générale. Prévalence de l’asthme chez les sportifs amateurs Si la proportion d’athlètes de haut niveau touchée par des problèmes respiratoires est à l’heure actuelle préoccupante, en revanche, les sportifs amateurs semblent relativement épargnés. Dans une étude récente menée à Montpellier sur une population de 95 sportifs amateurs, la prévalence de l’asthme a été estimée à 4,2% et celle de l’AIE à 5,3% (données personnelles). Or, la population générale montpelliéraine compte environ 3,5¨% d’asthmatiques [6]. Ainsi, la pratique sportive à un niveau amateur ne semble pas constituer un facteur de risque dans le développement de l’asthme ou de l’AIE. Ce résultat est en accord avec une étude norvégienne dans laquelle il a été montré que les athlètes qui s’entraînent plus de 20h par semaine présentent un risque d’asthme 1,9 fois supérieur aux athlètes qui s’entraînent moins de 10h par semaine. c. Prévalence de l’asthme et de l’AIE en fonction de la discipline sportive Si la fréquence de l’asthme et de l’AIE est globalement plus élévée dans la population sportive de haut niveau, il est cependant important de noter que de grandes disparités existent entre les différentes disciplines sportives. Les athlètes endurants paraissent ainsi particulièrement sujets à ce type de troubles, alors que les athlètes à dominante force-vitesse semblent relativement épargnés. Les athlètes soumis à des conditions environnementales agressives pour le système respiratoire (air froid et sec, air pollué et/ou air chargé en allergènes) pourraient, de la même manière que les athlètes endurants, présenter une sensibilité bronchique exagérée. Les sports d’endurance Toutes disciplines confondues, les athlètes endurants sont ceux qui développent les plus hauts débits ventilatoires à l’exercice. Or, lorsque de hauts débits ventilatoires sont atteints, les voies aériennes périphériques sont mises à contribution dans le processus de conditionnement (réchauffement et humidification) de l’air. Ceci peut alors induire des pertes thermiques et 73 hydriques au sein des zones distales du poumon et favoriser l’apparition de désordres inflammatoires pulmonaires [7]. (…) La course à pied et le cyclisme En cyclisme, jusqu’à 50% des athlètes pourraient présenter des problèmes d’asthme [2]. De même, en course à pied (pour les courses de moyenne et longue distance), un athlète sur deux pourrait être concerné par ce type de trouble [9]. La question est donc de savoir pourquoi, spécifiquement dans ces deux disciplines, la prévalence de l’asthme est si forte. Plusieurs explications peuvent être proposées : - d’une part, dans ces deux disciplines sportives d’endurance, les athlètes développent de hauts débits ventilatoires à l’exercice. (…) - d’autre part, du fait du brassage important d’air à l’exercice, les voies aériennes de ces athlètes pourraient être exposées de manière récurrente à de nombreux allergènes.(…) - un autre paramètre, la pollution pourrait favoriser l’apparition de ces troubles. (…) - enfin, une surévaluation de la prévalence de l’asthme est possible. En effet, les résultats obtenus par Weiler et al. [2] étaient fondés sur la seule analyse de questionnaires anonymes. Il est possible que de nombreux athlètes aient voulu indiquer prendre un traitement contre l’asthme, sans que le diagnostic d’asthme ait été formellement confirmé. Les sports d’hiver sont également sujets à des problèmes d’asthme et d’AIE certainement à cause de températures et/ou hygrométrie basses qui favorisent la dessication des bronches ; Les sports aquatiques mettraient surtout en cause l’usage de chlore et de ses dérivés pour désinfecter les piscines. Une étude [26] a évalué que « durant une séance d’entraînement de deux heures, les nageurs inhalaient jusqu’à 6 g de chlore, ce qui dépasse largement les maxima tolérés en une journée aux Etats-Unis dans les entreprises. Dans la mesure où différents travaux ont montré que l’exposition au chlore et à ses dérivés peut favoriser le développement d’inflammations et d’oedèmes au niveau de la muqueuse bronchique [27] (…) » (…) 74 d. Diagnostic et traitement de l’asthme : la position officielle de la SPLF et de la SFMS (index avec toutes abréviations) Des règles strictes de diagnostic et de traitement des troubles de l’asthme et de l’AIE doivent être édictées car : - l’asthme des athlètes pourrait différer de « l’asthme classique » ; - si la physiopathologie de l’asthme s’avère spécifique chez l’athlète, le traitement devra, lui aussi, être particulier ; - il est important d’éviter la prise de médicaments inutiles et/ou inefficaces ; - la prise de béta-2 mimétiques peut s’accompagner parfois d’un phénomène d’accoutumance (tachyphylaxie) ; - les anti-asthmatiques par voie inhalée à doses thérapeutiques n’ont aucune incidence sur la performance sportive ; - en revanche, par voie systémique ou inhalée à très fortes doses, certains béta-2 mimétiques pourraient avoir des effets anabolisants. e. Le traitement des problèmes respiratoires chez l’athlète L’athlète de haut niveau peut recourir à différents types de traitement afin de soigner son asthme. Il s’agit, à la fois de méthodes non pharmacologiques et de traitements médicamenteux. Afin de ne pas être contrôlé positif lors de tests antidopage, il lui revient personnellement de se réferer systématiquement à la liste des produits interdits du code selon l’AMA. Traitement préventif non pharmacologique Les méthodes non pharmacologiques visent à réduire l’amplitude de l’obstruction bronchique. L’échauffement Du fait de l’existence d’une période réfractaire de 2 à 4 h après la réalisation d’un premier exercice, la réalisation d’un échauffement semble prévenir efficacement l’apparition d’AIE. Pour bénéficier de ce rôle protecteur de l’échauffement, il semble indispensable d’effectuer un exercice continu (d’une quinzaine de minutes) à intensité modérée. En effet, ce type 75 d’exercice semble plus efficace dans la prévention de l’AIE qu’un exercice intermittent réalisé à haute intensité [50]. Les masques faciaux L’usage de masques faciaux pourrait limiter, de manière significative, l’amplitude de l’AIE chez l’athlète. En effet, le réchauffement et l’humidification – même minimes – de l’air inspiré induits par le port du masque pourraient avoir une influence positive sur la réponse bronchique post effort [51]. (…) Traitement pharmacologique Les β2-mimétiques pour soulager le patient et provoquer une dilatation bronchique Les β2-mimétiques autorisés, à ce jour, sont : - β2-mimétiques de courte durée d’action : salbutamol, terbutaline ; - β2-mimétiques de longue durée d’action : formotérol, salmétérol. Ces produits seront permis : - uniquement en spray ; - et uniquement sous couvert d’AUT (formulaire abrégé) avant une compétiton - hors compétion, sauf le salbutamol au delà d’une concentration urinaire de 1000 ng / mL. Tous les autres β2-mimétiques sont strictement interdits en compétition. Posologie : - Salbutamol ( Ventoline® ) :1 à 2 bouffées 15 à 20 min avant l’effort (dose maximale :15 bouffées par jour) ; - Terbutaline ( Bricanyl® ) :1 bouffée avant l’effort (dose max :8 bouffées par jour) - Formotérol ( Foradil® ) :12 µg 2 fois par jour, soit une gélule à inhaler matin et soir, (dose max :24 µg 2 fois par jour, 2 gélules matin et soir) ; - Salmétérol ( Serevent® ) :50 µg matin et soir, soit 2 inhalations de 25 µg matin et soir (dose maximale :100 µg matin et soir, soit 2 inhalations de 50 µg matin et soir) Le traitement de fond visera essentiellement à limiter l’inflammation bronchique persistante à base de corticoïdes inhalés également soumis à une AUT (formulaire abrégé) - Béclométhasone ( becotide® ) et ses génériques (dose max :2000 mg / j) 76 - Budésonide ( Pulmicort® ) - Fluticasone ( Flixotide® ) A noter qu’il existe des spécialités associant ces 2 classes : - Symbicort® - Sérétide® f. Discussion Dans un premier temps, il convient de se poser la question, légitime, de savoir si asthme et sport de haut niveau sont compatibles ! Après tout l’asthme est une pathologie physiologique relativement génante si l’on tient compte des témoignages des patients concernés bref c’est une maladie handicapante. Cela dit, aux vues des palmarès de nombreux athlètes asthmatiques, on serait tenté de répondre que oui. La natation connaît bon nombre d’asthmatiques parmi ses grands champions avec notamment l’américain Mark Spitz (9 médailles d’or olympique), l’australienne Daw Fraser, triple championne olympique, l’américaine Amy Van Dyken (4 médailles d’or), le français Franck Esposito, l’américain Tom Dolan…etc. En athlétisme, notons la très célèbre heptathlète américaine – Jackie Joyner-Kersee, qui terminait ses épreuves lors des mondiaux de 95 avec un masque buccal pour limiter l’inhalation de pollen et ainsi éviter de se retrouver à l’hôpital comme deux ans auparavant. En cyclisme le cas est extrème, en effet 10 des 12 derniers tours de France ont été gagnés par des asthmatiques. De plus, si on déclassait Bjarne Riis (vainqueur en 96) et Marco Pantani (98) pour avoir été contrôlés positifs dans leur carrière (voir liste des positifs), ce sont 100% des vainqueurs qui sont asthmatiques, à savoir Indurain, Ullrich et Armstrong. Poutant ils n’étaient que 2 au départ du tour en 1980 et déjà 60 en 1995. L’apparente proportion élevée d’asthmatiques chez les sportifs contrôlés suscite l’étonnement, même si le pourcentage d’asthmatiques diagnostiqués chez les sportifs de haut niveau (environ 15-20%) reste supérieur à celui de la population globale ( 6-7%). En 2000, comme le suggère Patrick Laure, (les champions asthmatiques)« une nouvelle fois, le salbutamol a été découvert lors d’une série d’analyses antidopage.(…). Très vite, certains ont tenu le raisonnement suivant : si le salbutamol améliore en quelques minutes la respiration 77 d’un sujet asthmatique, cet effet sera d’autant plus marqué chez un non-asthmatique. Par exemple, un sportif. (….). Pourquoi le salbutamol ? Ce béta-2 mimétique a pour propriétés de relâcher les muscles des bronches et de l’utérus. D’où ses principales indications en médecine : le traitement de la crise d’asthme et la diminution des contractions utérines en cours de grossesse. En France, le salbutamol est disponible depuis 1971 et on le trouve en officine sous différentes formes : sirop, comprimés, ampoules injectables et suspension pour inhalation, dont la plus connue est le tube bleu commercialisé sous la spécialité ventoline®. Rapidement, certains sportifs sont passés aux comprimés pour augmenter les doses. Par ailleurs, ressentant moins la fatigue, ils lui ont attribué des vertus stimulantes. Et ceux qui en prenaient de fortes doses (plus de 120 fois celle utilisée pour une crise d’asthme), observant un développement de leur musculature, en ont déduit qu’il avait aussi des effets anabolisants. Ainsi, au lieu d’utiliser des hormones pour faire engraisser les veaux plus vite et de façon illicite, certains éleveurs recourent à cette gamme de produits [le passe-droit des certificats médicaux, 15/07/99 – libération – Patrick Laure (médecin, sociologue, spécialiste des drogues de la performance au CHU de Nancy)] Enfin, des chercheurs français ont démontré, au cours d’un exercice sous effort maximal intense sur bicyclette, que cette molécule pouvait améliorer significativement la performance. Toutefois, outre des considérations éthiques, cet usage non thérapeutique engendre des effets indésirables : palpitations, maux de tête, tremblements des doigts, tachycardie, vomissements, etc. Pour ces raisons, le salbutamol et ses analogues ont été inscrits sur la liste des substances dopantes. Quoi qu’il en soit, depuis avril 2000, le code antidopage du mouvement olympique a fixé des concentrations urinaires limites pour le salbutamol : plus de 100 ng / ml signerait un usage stimulant et plus de 1000 ng / ml un usage anabolisant. Reste à différencier, pour des taux inférieurs, l’usage par inhalation, autorisé de celui par voie orale, interdit. Une récente étude espagnole y est parvenue, mais avec un taux de faux négatifs de 12%. Quant à l’analyse de cheveux, elle n’apporte que peu de renseignements supplémentaires dans ce contexte. Les corticoïdes n’échappent pas à la règle. Ils sont très appréciés des sportifs pour leurs propriétés anti-inflammatoires. 78 Selon le monde (24/07/2001 – AFP – dopage – nouvelle polémique autour de la justification thérapeutique) citant Michel Boyon, président du conseil de prévention et de lutte contre le dopage (CPLD), 8 des 16 échantillons d’urine prélevés à l’issue des étapes pyrénéennes des 21 et 22 juillet ont révélé des traces de corticoïdes, une « substance interdite soumise à certaines restrictions », selon le règlement de l’UCI ainsi que selon les textes en vigueur actuellement en France. Les coureurs contrôlés positifs n’ont pas été déclarés dopés, dans la mesure où des prescriptions médicales ont été produites, justifiant la prise de « substances interdites soumises à certaines restrictions », en majorité des corticoïdes. « les contrôles pratiqués lors de ces deux étapes révèlent les faits suivants : un positif sur huit sur une des étapes et 7 sur 8 sur l’autre », a indiqué Michel Boyon au quotidien. « Au CPLD, nous avons la conviction que dans 95% des cas de justifications thérapeutiques de corticoïdes, il existe une alternative médicamenteuse », a ajouté M. Boyon. La parade : Selon Philippe Gaumont, récemment licencié de l’équipe cycliste COFIDIS, il suffirait de s’octroyer « une « bonne » justification thérapeutique pour que les contrôles positifs deviennent négatifs. Voilà comment ça se passe : le médecin de l’équipe t’envoie voir un allergologue, c’est obligatoire. Celui-ci constate que tu es sensible aux acariens et te prescrit un spray. On avait la consigne à chaque fois de demander à tout prix du Nasacort. Pourquoi ? car c’est un spray qui permet de masquer la cortisone. Quand on va au contrôle, on déclare qu’on est allergique aux acariens, qu’on a une prescription de Nasacort® (triamcinolone) et qu’on en a pris le matin par voie nasale. Et à côté, on a pu se faire tranquillement une injection de Kenacort® (produit interdit), car au contrôle, on ne sait pas faire la différence entre le spray et l’injection. Ensuite, le médecin t’envoie vers un dermatologue. Tu te grattes un peu les testicules avec du sel pour lui montrer que tu as des rougeurs et il te prescrit 6 mois de Diprosole® en pommade. Comme ça, derrière, tu peux te faire du Diprostène® (interdit) en injectable sans risquer non plus d’être positif ». Il s’agit donc de l’illustration des problèmes rencontrés par les instances de lutte antidopage. Ces corticoïdes sont une telle source de problèmes et de complications que l’on peut peut-être penser qu’à terme, cette classe disparaitra carrément de la liste. C’est en tous cas un courant nouveau, propablement d’origine nord-américaine et qui pourquoi pas, pourrait plaire à l’AMA, basée à Montréal : libéraliser les corticoïdes. Après tout, ne vient-elle pas de supprimer les anesthésiques locaux de la liste ? 79 Procédure Standard Toutes les autres substances interdites par le code de l’AMA peuvent en effet faire également l’objet d’une prescription médicale mais le formulaire de demande est plus complet et détaillé que pour les GC et béta-2. (cf annexe ???? à mettre ou pas ?) Cependant, faut-il s’inquiéter de cette disposition qui pourrait une nouvelle fois profiter à des sportifs peu scrupuleux ou doit-on faire confiance aux bonnes pratiques médicales auxquelles tous les médecins sont tenus ? Selon un article paru dans libération le 10/08/2000 (les dopés du tour étaient tous malades), « 45% des 96 contrôles effectués sur 71 coureurs du Tour de France 2000 se sont révélés positifs (…) et la plupart des coureurs, dont l’identité n’a pas été révélée par le Conseil Français de Prévention et de Lutte contre le Dopage, avaient pour la plupart de bonnes raisons d’avoir recours à des produits interdits. (…) L’ancien champion du monde belge Claude Criquelion, aujourd’hui directeur sportif de l’équipe Lotto, s’est déclaré (…) « scandalisé », mais en s’étonnant que l’on puisse douter de la bonne foi des coureurs. Comme si un cycliste ne pouvait pas être malade ni se soigner comme tout le monde ! Luis Garcia del Moral, médecin de Lance Armstrong, est également très remonté : « il n’y a aucun cas de dopage dans le peloton. Les cyclistes ont présenté avant le Tour les documents nécessaires pour pouvoir utiliser ces substances, bien qu’elles figurent sur la liste des produits interdits. Quand leur usage est justifié légalement, elles deviennent des produits thérapeutiques. » CQFD en quelque sorte. Cependant, il faut bien comprendre qu’il n’est en aucun cas question d’interdire aus sportifs de se soigner, mais bien d’éviter qu’ils ne tombent dans le piège d’un dopage justifié par un certificat médical d’une valeur parfois douteuse malgré toutes les précautions prises dans le code antidopage. Après tout, rares sont les personnes qui vont travailler dès qu’elles sont malades, hormis en sport. c.2. Anesthésiques locaux 80 On distingue les amino-esters et les amino-amides. Citons la lidocaïne, bupivacaïne…etc. Ces médicaments suppriment la douleur et existent sous diverses formes. Cette classe était autorisée sous couvert d’une prescription médicale mais a été retirée de la liste établie par l’AMA pour 2004 et sera donc tout simplement autorisée dès son application. Les spécialités contenant ces anesthésiques locaux sont nombreuses et particulièrement appréciées par les sportifs sous forme injectable en intra-articulaire, ces fameuses « infiltrations » qui remettent sur pied des sportifs touchés aux articulations (genou, cheville, coude…) pour le match suivant ou afin de prolonger leur effort le jour même. Le problème est que la douleur est un mécanisme physiologique protecteur dans le sens où elle constitue un signal d’alarme de dysfonctionnement. En étant privé de ce signal d’alerte, le sportif risque alors d’aggraver une lésion sous-jacente qui, justement, avait provoqué la douleur. On n’ose même pas imposer ce traitement aux chevaux de course. Inutile de préciser que cette substance, désormais autorisée en compétition, l’est évidemment en période d’entraînement. 2.2. Méthodes M1 : Amélioration du transfert d’oxygène 1. Introduction Le facteur primordial de la performance physique dans les sports d’endurance (courses de fond, ski de fond, cyclisme…) est le rendement énergétique aérobie. Il est exprimé par la consommation maximale en oxygène ou VO2max. Les facteurs physiologiques susceptibles de limiter cette VO2max sont : le système pulmonaire, le débit cardiaque maximal, la capacité de transport de l’O2 dans le sang et certaines caractéristiques des muscles squelettiques telles que la densité des capillaires, la concentration en enzymes, la masse musculaire. Dans le domaine de la physiologie de l’effort physique (sujets sans maladie métabolique effectuant des efforts physiques maximaux sollicitant l’ensemble du corps), la VO2max est limitée par la capacité du système cardiovasculaire (cœur, poumons, sang) à transporter de l’O2 au muscle et non par la capacité des mitochondries des muscles à consommer l’O2 [1]. D’où l’idée qu’une 81 augmentation « artificielle » du transport de l’O2 devrait améliorer la performance dans les sports d’endurance. Elle peut être réalisée de différentes manières. 2 Augmentation du transport d’O2 par action directe sur l’hémoglobine Par diffusion au travers de la membrane pulmonaire, l’O2 « gazeux » provenant de l’air inspiré devient de l’O2 dissous dans le plasma. La solubilité de l’O2 étant très faible, sa presque totalité transportée par le sang est combinée à l’Hb sous forme d’oxyhémoglobine. 2.1 Augmentation de la concentration en hémoglobine La production des GR et la synthèse de l’Hb sont essentiellement sous l’influence d’une hormone, l’érythropoïétine (Epo) produite par le rein (90%) et, pour une part moins importante (10%), par le foie. Cette hormone exerce son effet en se liant sur des récepteurs (EpoR) situés à la surface des progéniteurs et des précurseurs de la lignée érythroïde, essentiellement sur les « Colony-Forming Units-Erythroids » (CFU-E) sur lesquelles on dénombre environ 1100 récepteurs par cellule. Elle agit en diminuant l’apoptose et en accélérant la différenciation des CFU-E. Elle accroît la synthèse de certaines protéines dont l’Hb et favorise la sortie des réticulocytes de la moelle. L’hypoxie tissulaire est le principal stimulus de la production de l’Epo. Il existe un capteur sensible à l’O2 au niveaun rénal [2] : il s’agit vraisemblablement d’une protéine de nature héminique. Cette hypoxie tissulaire conduit, par des mécanismes pas encore totalement élucidés, à l’augmentation de la transcription en ARNm du gène de l’Epo, de la traduction et de la libération de la protéine dans la circulation. Une stimulation continue du gène de l’Epo conduirait à des effets néfastes. Lorsque la production n’est plus nécessaire, des facteurs de transcription négatifs entrent en action [3]. La première idée, pour augmenter le transport de l’O2 par le sang, fut donc d’élever la concentration sanguine en Hb ou, ce qui est équivalent, d’augmenter le nombre de GR. Pour cela différents moyens peuvent être utilisés. 2.1.1. L’altitude La méthode la plus ancienne et la plus naturelle consiste à aller s’entraîner en altitude. En effet, la proportion de l’oxygène dans l’air diminuant avec l’altitude, l’organisme réagit à 82 cette hypoxie en sécrétant de l’Epo.(…) Une exposition à une altitude supérieure à 1500-1800 mètres est nécessaire pour stimuler l’érythropoïèse. Toutefois, les effets des séjours en altitude sur la performance ne font pas l’unanimité. 2.1.2. l’altitude simulée Une autre méthode comparable bien que non naturelle, consiste à utiliser des chambres hypobares ou hypoxiques, simulant la composition de l’air en altitude. Différentes techniques sont utilisées telles que : • « l’entraînement continu en hypoxie », semblable à celui effectué en altitude ; • « dormir haut, s’entraîner bas » c’est-à-dire dormir en altitude simulée alors que l’entraînement physique se fait en normoxie [5] ; • « s’entraîner haut, dormir bas », une autre variante consistant à s’entraîner en altitude simulée et à dormir en normoxie [6] ; • « l’exposition intermittente à l’hypoxie », c’est-à-dire des expositions d’une heure trente à deux heures par jour [4]. L’effet de telles pratiques tant sur la stimulation de l’érythropoïèse que sur la performance est controversé. 2.1.3. La transfusion sanguine Un accroissement immédiat du nombre d’érythrocytes circulants peut être obtenu par re-infusion de 400-500 ml de GR, prélevés quelques mois plus tôt sur le sportif concerné ou sur un donneur compatible. Il s’agit là d’un procédé de dopage, avec effets immédiats, initié par les athlètes scandinaves dans les années 1960. il est évidemment interdit mais cependant toujours indécelable. Cette technique de dopage était devenue obsolète avec la mise sur le marché des érythropoïétines recombinantes humaine (r-HuEpo) mais, ces molécules étant actuellement détectables, elle pourrait réapparaître. L’apparition en préchirurgie de la nouvelle partique de la transfusion autologue assistée par l’utilisation de rHu-Epo (rHu-Epo-enhanced autologous transfusion ou EEAT) pourrait aussi tenter un certain nombre d’athlètes. Elle consiste généralement à l’administration de rHuEpo, par intraveineuse deux fois par semaine pendant trois semaines avec une supplémentation en fer [7]. Elle permet de collecter trois à cinq unités de sang (sur une 83 période de un mois) avec des changements minimes de la concentration sanguine en Hb et de disposer rapidement de sang autologue sans affecter les capacités d’entraînement. Les injections de r-HuEpo peuvent être stoppées quelques jours avant la compétition de façon à éviter un test urinaire positif lors de la compétition. 2.1.4 Les érythropoïétines recombinantes humaines (α, β, ω) Depuis la fin des années 80, et jusqu’à la mise au point d’une méthode de dépistage en 2000 [8], l’arrivée sur le marché des différentes formes de rHu-Epo, par leur facilité d’utilisation (injections sous-cutanées), a permis d’étendre la pratique du « dopage sanguin » dans le milieu sportif. Il existe aujourd’hui différentes rHu-Epo : α, β et ω, cette dernière n’étant pas commercialisée en France. Les rHu-Epo α et β sont prescrites, respectivement depuis 1986 et 1990, dans le traitement de l’anémie consécutive à l’insuffisance rénale chronique ; leurs indications ont ensuite été étendues à d’autres types d’anémies telles celles rencontrées dans les cancers, les maladies inflammatoires chroniques, les anémies des prématurés et à la transfusion sanguine autologue. Ces trois substances pourraient, à court terme, être utilisées dans le traitement de la défaillance cardiaque et de l’attaque cérébrale. Une utilisation mal maîtrisée de la rHu-Epo à des fins de dopage n’est pas sans risque ; on pense qu’elle a été responsable de la mort subite de 17 cyclistes en 1989-1990. L’accroissement du nombre de GR associé à la déshydratation due à l’exercice physique intense prédispose l’athlète à des comlications thrombo-emboliques [9]. Différentes mesures prises par la suite, aussi bien par l’UCI (Union cycliste internationale) avec des limitations de l’hématocrite à 50%, de la concentration en Hb à 17 g/dL, du pourcentage des réticulocytes à 2%, que la fédération internationale de ski (limitation de la concentration en Hb à 17,5 g/dL) ont conduit les tricheurs à utiliser des doses moindres de rHu-Epo. Dès lors ont disparu les hématocrites (Htc) à 60% ou les concentrations en Hb à 20 g/dL, fréquents dans les années 1994 à 1998 (et qui nécessitaient que les sportifs dorment sous monitoring et se lèvent la nuit pour faire de l’exercice afin d’éviter les accidents thrombo-emboliques). Malgré cette diminution des doses utilisées, l’utilisation chez le sujet sain n’est pas sans danger et les effets secondaires à long terme ne sont pas connus. Une étude épidémiologique franco-anglaise réalisée en 2002 a révélé 26 cas d’aplasie des globules rouges, consécutive à une réponse immunitaire anti-érythropoïétine, chez des patients souffrant d’insuffisance rénale chronique 84 après une période de traitement allant de trois à 53 mois [10]. De plus un traitement à la rHuEpo doit, pour être efficace, être accompagné de prise de fer. Il apparaît aujourd’hui qu’une grande proportion de cyclistes professionnels présenterait un degré de surcharge en fer comparable à celui de patients souffrant d’hémochromatose génétique. L’origine de cette surcharge serait due à l’administration de fer par voie intraveineuse associée à la prise de rHuEpo. Ces sujets sont donc susceptibles de développer des troubles hépatiques et notamment un cancer du foie. Ces molécules sont à présent détectables, mais leur courte demi-vie fait qu’elles ne sont plus retrouvées quelques jours à une semaine après la dernière injection. Leur effet ergogénique peut, en revanche, durer d’une à tois semaines. Donc en arrêtant les administrations quelques jours avant la compétition, le sportif tricheur a peu de chances de se faire prendre. 2.1.5 La darbapoïétine (Aranesp) En juillet 2001, une nouvelle molécule, la darbapoïétine (que l’on pourrait considérer comme une forme retard de l’Epo) a fait son apparition. Eliminée du sang moins vite que les formes précédentes, elle permet des administrations moins fréquentes (une fois par semaine ou moins, au lieu de trois fois) pour des effets équivalents aux rHu-Epo α et β. Elle a été utilisée notamment au cours des JO d’hiver de Salt Lake City. Malheureusement pour les tricheurs, sa demi-vie (environ deux fois plus longue que celle des rHu-Epo α et β permet de la détecter plus longtemps après la fin des injections. [11] 2.1.6. L’érythropoïétine δ (Dynepo) Des chercheurs ont réussi à produire de l’érythropoïétine ( Epo δ ou Dynepo) grâce à un procédé appelé « gène activation », dans lequel la production de la protéine résulte de l’activation d’un gène endogène quiescent dans des cellules humaines [12]. Le laboratoire Aventis n’a fourni aucune information quant au degré de similitude avec l’Epo endogène. 2.1.7. L’érythropoïétine encapsulée Il est aujourd’hui possible de faire produire de l’Epo « en continu » par des cellules humaines vivantes, emprisonnées dans de toutes petites capsules en céramique (microbioréacteurs) implantées sous la peau et isolées de l’organisme du sujet [13]. La 85 capsule est conçue de manière à laisser entrer l’O2 et les éléments nutritifs nécessaires à la survie des cellules et laisser sortir les déchets et l’Epo produite ; elle préserve aussi les autres cellules productrices d’Epo de l’attaque des cellules et molécules du sysème immunitaire de l’hôte. Ces cellules possèdent un gène de sécurité, qui assure leur destruction au cas où elles s’échapperaient de la capsule. Une fois la valeur de l’Htc désirée atteinte, il suffit de retirer la capsule. Les isoformes de l’Epo obtenues, bien que produites par des cellules humaines, seraient plus proches des isoformes des rHu-Epo que de celles de l’Epo physiologique. 2.1.8. La thérapie génique Depuis quelques années plusieurs équipes ont démontré la faisabilité du transfert du gène de l’Epo chez les rongeurs et les primates [14,15]. Les deux principales approches sont le transfert de gène in vivo ou le transfert de gène ex vivo dans des cellules isolées qui sont ensuite transplantées dans l’organisme récepteur. Mais les applications humaines nécessitent la mise au point d’un système de régulation de la sécrétion de l’Epo par ces cellules pour assurer l’efficacité biologique et éviter les effets toxiques dus à l’augmentation continue de l’Htc(…). Le laboratoire Oxford Biomedica a mis au point un vecteur viral permettant de délivrer le gène de l’Epo humaine : le Repoxygen™ qui est actuellement en phase d’étude clinique chez l’homme. 2.1.9 Les mimétiques de l’Epo et la modulation de l’activité du récepteur Le coût et le manque de confort occasionnés par les traitements classiques à l’Epo ont conduit à rechercher à délivrer la protéine par voie orale. L’activation de l’EpoR, récepteur transmembranaire, implique le rapprochement (homodimérisation) de deux récepteurs monomères par une seule molécule d’Epo. Ce rapprochement peut être effectué soit par de petits peptides, constitués d’une vingtaine d’acides aminés, soir de petites molécules non peptidiques qui miment l’effet de l’Epo au niveau de son récepteur cellulaire [22]. Ces molécules ne sont pas encore, à notre connaissance, au stade des études cliniques. Une autre possibilité consiste à prolonger la durée d’action de l’Epo. Une enzyme, l’ « Haematopoietic Cell Phosphatase » (HCP) agit comme un régulateur négatif de la cascade de signalisation induite par l’Epo. Des inhibiteurs spécifiques de cette phosphatase permettraient d’augmenter l’action de l’Epo endogène [3]. 86 2.2. les modificateurs allostériques de l’hémoglobine Les modificateurs allostériques de l’Hb pourraient également séduire certains athlètes. Ces composés permettent à la protéine de libérer plus d’O2 au niveau des tissus qu’elle ne le fait naturellement et, de ce fait, sont préconisés pour augmenter l’oxygénation des tumeurs afin de les rendre plus sensibles à la radiothérapie. Le RSR13 (Efaproxiral) est le composé le plus avancé dans ce domaine et est actuellement en phase III d’étude clinique. 3. Augmentation du transport d’O2 par des transporteurs d’oxygène Aujourd’hui, de nouveaux médicaments, des transporteurs d’oxygène improprement appelés sang artificiel, apparaissent en thérapeutique. Il s’agit des émulsions de perfluorocarbures (PFCs) et des solutions d’hémoglobines « Haemoglobin Oxygen Carriers » (HBOCs) [24]. Les PFCs sont des hydrocarbures fluorés synthétiques. Ce sont des substances chimiquement et biologiquement inertes et les meilleurs solvants connus de gaz ; ils dissolvent 20 à 25 fois plus de gaz (O2, CO2, N2,…) que l’eau ou le sérum dans les mêmes conditions. L’extraction de l’O2 des PFCs est facilitée par le fait qu’il n’y a pas de liaison chimique et par la grande surface d’échange des goutelettes du fait de leur petite taille (0,1 à 0,3 µm). il en résulte que 90% de l’O2 dissoute est délivrée aux tissus alors que l’Hb en délivre seulement 25-30%. Dans des conditions normales, le sang (taux d’Htc 45%, concentration en Hb 15 g/dL) fournit 5 ml d’O2 par 100 mL. Dans les mêmes conditions, une émulsion de perflubron (Oxygent®), libère 2 mL d’O2 par 100 mL. Sous une atmosphère renfermant entre 90 et 100% d’O2, le volume délivré est de 10 mL par 100 mL. Les quantités d’émulsion infusées ne pouvant excéder 300 à 500 mL, il paraît peu probable que des athlètes respirant l’air ambiant puissent bénéficier d’un quelconque effet ergogénique. Les préparations d’Hb en cours de développement sont des solutions de protéines libres. Pour cela il est absolument nécessaire d’obtenir des molécules parfaitement pures. Mais cette libération de la protéine a fait apparaître divers problèmes (…), et ces Hb ont donc dû être modifiées de façon à maintenir la protéine tétramérique, mais aussi pour augmenter leur demivie circulatoire et diminuer leur affinité pour l’oxygène afind’assurer une bonne oxygénation des tissus. Trois grands types de modifications chimiques peuvent être utilisées : la création de liaisons intramoléculaires entre différentes sous-unités (α-α, β-β, α-β), la polymérisation, la 87 conjugaison à des macromolécules. Une solution d’Hb polymérisée à base d’Hb bovine, l’Oxyglobine®, est actuellement commercialisée pour un usage vétérinaire ; un produit analogue, l’Hémopure® a reçu l’agrément des autorités médicales en Afrique du Sud, pour le traitement, chez l’homme, de l’anémie aiguë. La capacité d’oxygénation de ces solutions d’Hb serait trois fois supérieure à celle contenue dans le GR [25]. Les deux produits actuellement sur le marché présentent des effets secondaires qui, bien que mineurs (problèmes gastro-intestinaux), devraient dissuader les athlètes de leur utilisation. Les produits à venir semblent dénués de ce type d’inconvénient. M2 : Manipulation pharmacologique, chimique et physique La liste 2004 cite : - la cathétérisation, - la substitution et/ou l’altération de l’urine, - l’inhibition de l’excrétion rénale ; Ceci englobe toutes les techniques mises en œuvre par les cyclistes eux-mêmes lors du contrôle ainsi que les agents masquants (S8). Noter par ailleurs que le livre écrit par Willy Voët, ex-soigneur de Richard Virenque, « massacre à la chaine » paru en 1999 décrit beaucoup de ces astuces. Enfin, la liste termine par - l’altération des concentrations de testostérone et d’épitestostérone - faisant allusion notamment au Bromantan ®, qui est un antidépresseur vendu en Russie (dont il n’existe pas de spécialité en France) à propriétés stimulantes et également utilisé comme agent masquant administré avec de l’épitestostérone, ce qui modifie le rapport T/E qui ne doit pas dépasser 6/1. M3 : Dopage génétique Des experts scientifiques, réunis à Genève (Suisse) le 2 octobre 2003 à l’occasion d’une conférence sur « les gènes et le sport » organisée par l’Académie internationale des 88 sciences et technologies du sport, se sont inquiétés d’une possible menace d’un dopage génétique dans un futur proche. « Le risque de voir un jour des athlètes manipulés génétiquement est pris très au sérieux, même si les techniques en sont encore à leurs premiers balbutiements », rapporte Swissinfo. Les thérapies géniques sont aujourd’hui un des domaines dont on parle le plus en médecine. Elles devraient en effet permettre un jour de recourir à des gènes reprogrammés pour guérir des maladies jusqu’ici incurables. Mais même au stade embryonnaire où en sont pour l’instant ces technologies, certains savants craignent que l’on s’en serve dans des buts non thérapeutiques. Par exemple pour faire courir les athlètes plus vite. « On a d’abord cru que l’on pourrait isoler un gène de la performance ou de la résistance physique, rappelle Sandro Rusconi, de l’université de Fribourg. Mais l’hypothèse était trop simpliste. Par contre, l’étude de combinaisons entre plusieurs gènes pourrait aider à comprendre comment développer les attributs propres aux sportifs. » L’identification et la manipulation de ces séquences de gènes reste une menace « lointaine » mais « hautement » probable. « Nous sommes encore loin de pouvoir identifier ces séquences de manière claire et en toute sécurité, mais l’histoire du dopage dans le sport nous fournit de nombreux exemples de gens assez avides pour s’emparer de techniques qui ne sont pas encore au point. » Pour des sportifs désireux d’améliorer leurs performances, l’attrait de la technique de transfert de gènes réside dans l’apparente difficulté à déceler la manipulation. Au lieu de s’injecter constamment des hormones qui améliorent la performance comme l’Epo, les athlètes pourraient subir un transfert de gène responsable de la production naturelle de cette hormone, directement dans leurs cellules. Selon les experts, ces traitements seraient pratiquement irréversibles et s’accompagneraient de sérieux effets secondaires, comme la crise cardiaque dans le cas de l’EPO. « Je ne pense pas que nous ayons un risque de voir le dopage génétique devenir une réalité dans les dix prochaines années », estime pour sa part le docteur Bernd Wolfarth, de l’université de Fribourg en Brisgau, pour qui la thérapie génique est tellement peu avancée que personne n’est capable de dire concrètement à un athlète quel gène pourrait améliorer ses performances. La plupart des grandes fédérations sportives mondiales ont d’ores et déjà exprimé leur souci quant au rôle potentiel de la génétique dans les futures techniques de dopage. Pour Dick Pound, président de l’AMA, l’arrivée de dopants génétiques impossibles à déceler signifierait même carrément « la disparition du sport tel que nous le connaissons aujourd’hui ». [le dopage génétique inquiète la communauté scientifique, Sport et Santé, n° 678 / la lettre de l’économie du sport / vendredi 10 octobre 2003] 89 Discussion générale à propos des méthodes : Même si la toute récente détection de l’Epo a mis un frein dans la consommation des sportifs et notamment ceux qui pratiquent des sports d’endurance, il faut noter que la mesure de taux d’hématocrite n’est pas un indicateur suffisamment fiable pour déceler les tricheurs qui continuent de passer au travers des contrôles. L’Epo n’est effectivement détectable que pendant trois à sept jours après son utilisation ou sa dernière injection alors que ses effets peuvent durer plusieurs jours mais, finalement pas suffisamment pour être efficace un Tour de France entier. D’où l’intêret de l’établissement par certaines fédérations de « valeur seuil » (Htc et/ou Hb) qui, si elles n’empêchent pas le dopage en limitent son utilisation et ses effets néfastes sur la santé. Pourtant les limites de ce seuil sont confirmées par les propos de Willy Voët qui explique : « quand le seuil a été fixé à 50%, nos coureurs n’ont jamais été inquiétés car leurs taux tournaient aux alentours de 53% et nous savions faire baisser ces chiffres de quatre points en vingt minutes. C’est presque comme légaliser l’Epo car finalement cela incite ceux dont le taux d’Htc est bien en dessous de la moyenne à flirter avec les limites .»(3) Un nouvel arrêté datant du 11 février 2004 prévoit également un examen biologique comprenant la formule sanguine, les réticulocytes et le dosage de la ferritine, ce qui permet un bien meilleur indice sur la santé de nos sportifs ; espérons que sa mise en place sera effective rapidement et utilisée à bon escient puisque ces données ne laissent que très peu de place au doute quant à l’utilisation d’Epo. En ce qui concerne toujours l’Epo (audran), de nouvelles générations appelées Epo « retard » sont encore au stade des évaluations cliniques comme l’Aranesp® mais ne sont pas, pour le moment, disponibles sur le marché. Les produits qui peuvent être encore suspectés sont les PFCs, les solutions d’hémoglobines réticulées (Hemassist® qui n’est plus fabriquée), les solutions d’hémoglobine polymérisées (Hémopure®) et les solutions d’hémoglobines conjuguées. Toutefois, avant les decouvertes sur le Giro 2001 avec des perquisitions dans les chambres d’hôtel des coureurs, il semblerait que suite à des conséquences dramatiques chez deux coureurs, ces produits n’étaient plus préconisés au sein du peloton. En tous cas, ceux qui 90 utilisent ces produits ne peuvent le faire que par perfusion intraveineuse et à fortes doses juste avant l’épreuve. Il en va de même pour le RSR13 pourtant non commercialisé et déjà découvert dans les valises de plusieurs coureurs participant au Giro 2001. (Encore faut-il rappeler que l’Epo a fait son apparition dans le peloton vers 1988, soit un an avant sa commercialisation en France en 1989) Ces produits n’existant pas à l’état naturel dans l’organisme, ils sont donc très faciles à détecter. Le dépistage peut alors être effectué par les techniques habituelles du contrôle antidopage mais dans le milieu biologique adéquat. Les PFCs ne sont pas métabolisés et pas éliminés dans l’urine ; ce milieu n’est pas non plus approprié pour détecter la prise d’HBOCs polymérisées ou conjuguées. La prise illicite de ces deux produits doit donc être détectée sur un prélèvement sanguin, ou dans l’air expiré pour les PFCs. Ce qui n’est pas fait, les contrôles étant toujours urinaires. La création d’un « passeport de santé », suivant l’athlète du début à la fin de sa carrière, et fondé sur le suivi d’un nombre minimal de paramètres biologiques mesurés au cours de prélèvements programmés et inopinés, pourrait être un complément du contrôle antidopage et gêner le recours aux produits ou méthodes de dopage. A noter enfin le retour en grâce des transfusions sanguines, révélées encore très récemment lors des affaires Kelme et Cofidis. Qu’il s’agisse d’auto-transfusions ou d’hétérotransfusions, elles sont revenues au premier plan, abandonnées pendant les « années Epo » pour le côté plus pratique de cette dernière. Michel Audran, grand spécialiste du dopage sanguin à l’université de Pharmacie de Montpellier, n’est pas surpris : « Un donneur compatible, un frère ou un ami payé pour ce faire, se fait prélever 450 ml de sang. Dans une centrifugeuse, on isole les GR du plasma du donneur. Le coureur s’injecte ces seuls GR, augmentant ainsi son hématocrite de 10% environ, tandis que le donneur se réinjecte son plasma pour conserver le même volume sanguin. Les transfusions peuvent être modulées selon les besoins pendant trois semaines de course, car ces poches de sang doivent simplement être maintenues à la température de 4°C. » Le procédé est encore à ce jour indécelable car les transfusions portent sur les seuls GR et non sur le plasma où est lue la présence de l’Epo exogène sur les profils iso-électriques (même si une équipe néo-zélandaise de chercheurs serait en bonne voie et que certains avancent que le test serait prêt pour le début des JO d’Athènes). Et cette technique pourrait même se sophistiquer en dopant le donneur universel désigné à l’Epo, son temps de récupération de GR étant ainsi plus rapide, il « alimenterait » plusieurs coureurs. 91 Au-delà, il faut bien comprendre qu’outre le fait de faire passer pour banal un acte chirurgical qui n’a pas sa place dans une chambre d’hôtel, elles sont également la porte ouverte à l’administration de n’importe quelle substance, de leur plein gré ou à leur insu. Et ce, malgré toute la confiance accordée au médecin par les athlètes en général. A quelques exceptions près, les moyens de dopage cités ci-dessus restent réservés aux athlètes de haut niveau. Ce dopage « high-tech » ne doit pas faire oublier le dopage plus classique à base de stimulants, corticoïdes et autres anabolisants qui sont plus aisément accessibles aux jeunes sportifs n’ayant pas forcément les moyens financiers pour se fournir des ampoules d’Epo par exemple, dont le prix au marché noir est démultiplié. 2.3. Contrôles antidopage 2.3.1. difficultés rencontrées Un standard international est prévu pour le déroulement des contrôles, notamment afin d’éviter toute manipulation physique ou chimique qui fausserait l’analyse de l’échantillon comme ce fut souvent le cas. Les exemples ne manquent pas : sondage de la vessie, poche d’urine cachée sous les testicules, traces de produits masquants sur les doigts du contrôlé rendant impossible l’analyse ultérieure. Il aura finalement fallu attendre des années afin de faire déjouer toutes ces manipulations. Willy Voët raconte : « il fallait se munir d’un tuyau en caoutchouc, flexible et rigide à la fois. A une extrémité, on fixait un bouchon en liège le plus souvent. A l’autre, on accrochait un préservatif, enfilé sur un tiers du tuyau. Enfin, pour plus de précaution, on collait des poils de moquette, voire des poils tout court, sur la partie qui sortait du préservatif. Dans le car de l’équipe où le coureur venait se changer avant de passer au contrôle, il ne restait plus qu’à passer à la deuxième étape :se glisser dans l’anus le bout du tuyau muni du préservatif, injecter avec une grosse seringue de l’urine « ordinaire », boucher le tuyau et le coller à la peau, en épousant la forme du périnée, jusqu’au bord des parties génitales. D’où les poils, pour masquer le tuyau si le médecin contrôleur décidait de se baisser jusqu’au plancher. Le 92 préservatif chargé d’urine se déployait dans l’anus, ce qui présentait aussi l’avantage de tenir le liquide au chaud. Impa-ra-ble. Les médecins n’y ont jamais vu que du feu. J’ai usé de ce stratagème pendant trois ans en toute tranquilité. (…) Cela dit, il s’adressait à des hommes intrépides. Car il ne faut pas avoir froid aux yeux pour s’avancer vers le médecin contrôleur avec un tel appareillage dans les fesses ! Si les coureurs sont des guerriers, ce sont aussi des comédiens. Depuis la catastrophe Pollentier, les coureurs devaient en principe se présenter pratiquement nus dans la caravane antidopage. Rien sous les bras, rien dans les poches. Il fallait bien trouver une autre cachette… » [massacre à la chaine , 1999] Heureusement le protocole actuel limite toutes ces manipulations et donc les tentatives de fraude. De plus le caractère « inopiné » des contrôles semble être actuellement un des principaux axes vers lequel les instances, tant internationale (AMA), que nationale (CPLD) sont tournées comme le prouvent les pages suivantes. Les textes de loi en vigueur ne prévoyaient en effet ces contrôles inopinés que sur les lieux de stage ou sur des compétitions, ce qui est loin de représenter la majeure partie du temps consacré tout au long de l’année à la discipline, d’autant plus que ces stages sont planifiés des semaines à l’avance. Voici enfin l’illustration du type de problèmes que peuvent rencontrer les médecins préleveurs sur « le terrain ». o L’affaire des bleus à Noël 97 Le 26 Décembre 1997, six mois anvant la Coupe du Monde 98, le ministère envoie un de ses contrôleurs sur le lieu de stage de l’équipe de France de Football à Tignes, ce qui met le sélectionneur national d’alors Aimé Jacquet, dans tous ses états, colère, mépris, écoeurement, tout y passe et le monde du football suivra. Poutant, la Ministre « Marie-Georges Buffet choisit de dédramatiser. Elle déclare comprendre la réaction du sélectionneur national mais rappelle tout de même que la date du stage de Tignes lui a été proposée par le président Simonet lui-même. En effet, le stage de la fin décembre 1997 figure en tête d’une liste fournie à la demande expresse du ministère par la fédération le 10 décembre 1997 et intitulée « Evènements susceptibles de faire l’objet d’un contrôle inopiné » (…) et n’oublie pas d’indiquer que les contrôles sont décidés par la direction des Sports.(…) 93 Pour le Docteur Garnier, à six mois de la grande fête de la Coupe du Monde en France, le message délivré avait été très clair. L’écoeurement et la colère du monde du foot avaient atteints leur but. Intensification de la lutte antidopage ou pas, l’union nationale était proclamée. Il n’était plus question dès lors de mettre des bâtons dans les roues des hommes d’Aimé Jacquet. » Aucun contrôle antidopage « inopiné » n’aura lieu jusqu’au début de la Coupe du Monde (voir les scandales du sport contaminé, les bleus) On peut donc s’interroger sur la validité du mot « inopiné » quand on sait que c’est donc en fait la FFF qui avait proposé des dates de contrôles inopinés. En tout cas, en proposant cette date du 26 décembre, la FFF ne pariait-elle pas trop sur la clémence des instances ministérielles qui auraient peut-être pû éviter de diligenter un contrôle à ce moment là ? Une autre question se pose : que doit-on penser des contrôles dits « inopinés » sur les lieux de stage dont les dates sont parfois connues des semaines à l’avance par les fédérations concernées ? Lorsqu’on sait qu’un sportif averti suffisamment tôt d’un contrôle sait très facilement déjouer ce contrôle, on se rend bien compte de l’importance de ce type de contrôle. Comme l’avoue Ph. Gaumont « ils [les contrôles] se font sur les lieux de stages et de courses : on peut donc facilement s’y préparer pour être sûr de ne pas être positif. Tous les coureurs savent que quand ils prennent des produits dopants, ils doivent se baser sur leur jour d’arrivée sur le lieu de stage ou de course pour calculer quand ils doivent arrêter. Pour l’EPO, par exemple, on sait tous qu’en intraveineuse elle reste seulement trois jours dans les urines. Il suffit donc d’arrêter le traitement avant l’arrivée sur le lieu de course ou de stage pour passer à travers, alors que l’effet d’oxygénation du sang se fait sentir plus de dix jours après la prise. Un coureur qui aura sept jours de coupure entre deux courses pourra ainsi se recharger en EPO tout de suite après la course et arrêtera trois jours avant sa date d’arrivée sur la suivante. Quant à ceux qui se sont fixé le Tour pour objectif, en général ils arrêtent toute compétition deux semaines avant le Tour et disparaissent pour se recharger en EPO afin d’arriver au départ avec un taux d’hématocrite qui avoisine les 50% ». 2.3.2. Dernières dispositions nationales 2.3.2.1 Note du ministre actuel 94 Monsieur Jean-François Lamour a proposé de nouvelles mesures adressé aux médecins chargés des contrôles antidopage dont voici un aperçu : « Objet : Mise en place de contrôles antidopage inopinés sur certains sportifs Le ministre des sports a décidé de renforcer le caractère inopiné des contrôles antidopage effectués en 2004. aucun préavis ou information sur ces contrôles n’est donné préalablement à la fédération, à l’organisateur, à l’entraîneur ou au sportif. Seul le ministère des sports (administration centrale et services déconcentrés, c’est-à-dire direction des sports et directions régionales et départementales de la jeunesse et des sprots – DRDJS) et vous-mêmes, médecins préleveurs, en sont informés. Ainsi un contrôle antidopage inopiné peut être conduit à l’entraînement ou en compétition. Bien évidemment la réalisation de contrôles non opinés, par exemple en compétition, lorsque ceux-ci sont obligatoires, n’est pas remise en question ». Ces dispositions portent notamment sur la convocation, le délai, le lieu de réalisation du prélèvement et le déroulement du prélèvement Un courrier adressé aux sportifs a également été rédigé par le ministre pour les informer et expliquer le sens de sa démarche : « …ces heures passées à l’entraînement ou en compétition nécessitent, vous le savez, un suivi médical longitudinal, et une procédure de contrôles antidopage permettant d’une part de préserver votre santé et, d’autre part, de veiller à éliminer les tricheurs et leurs pourvoyeurs. C’est pourquoi j’ai demandé que les textes qui organisent ce suivi médical permettent de mieux cibler les examens médicaux en fonction des disciplines sportives et j’ai moi-même veillé à ce que ce suivi médical soit enrichi d’un volet psychologique qui me paraît aujourd’hui indispensable. Je me suis, par ailleurs, engagé dans une action déterminée pour rendre plus efficace la lutte contre le dopage. Les contrôles antidopage, malgré leurs imperfections, restent absolument nécessaires et je ne partage pas le défaitisme de certains qui prennent prétexte de ces insuffisances pour abandonner la partie. Les contrôles antidopage restent un garde-fou essentiel. Il faut bien sûr en augmenter le nombre mais surtout améliorer leur efficacité. J’ai donc demandé la mise en place de contrôles inopinés qui se dérouleront sur les lieux mêmes de vos entraînements quotidiens et non pas seulement lors de vos différents stages programmés… » 95 2.3.2.2. Stratégie 2004 1° Renforcer le nombre de contrôles annuels : la capacité d’analyse du LNDD a été augmentée et portée à 9000 échantillons en 2004, dont 8500 pour les contrôles diligentés par les pouvoirs publics français et 500 pour les analyses demandées par des organismes étrangers 2° Renforcer le caractère inopiné des contrôles : l’objectif du Ministère des Sports est de réaliser 60% des contrôles dans des conditions inopinées. Actuellement les contrôles sont obligatoires lorsque le cahier des charges de la compétition l’impose pour valider les résultats. Tous les autres contrôles sont dits « inopinés ». Pour 2004, les modalités de contrôle inopiné retenues sont les suivantes - en priorité au cours des entraînements non organisés, dans les clubs ou sur les lieux d’entraînement individuels - et de façon marginale : o pendant les compétitions o pendant les entraînements organisés par les fédérations préparant à ces compétitions o dans les CREPS et les pôles La Direction des Sports continuera à transmettre mensuellement aux DRDJS la liste des compétitions et des stages d’entraînement communiquée par chaque fédération, ainsi que les quotas mensuels alloués à chaque région. 3° Apporter une attention particulière au sport professionnel : Au niveau régional, une attention particulière sera portée dans ce cadre au football et au rugby. Au niveau national, une attention particulière sera portée au cyclisme professionnel. 96 2.4. Suivi médical au long cours Sur fond d’affaire Cofidis, qui a permis des interpellations effectuées par la brigade des stupéfiants et des mises en examens à rebondissement, un certain malaise s’est installé du côté du mouvement sportif face à l’efficacité de la police et de la justice, là même où les procédures de contrôle antidopage n’ont rien révélé. De plus, certains médecins avaient déjà clairement exprimé leur ras-le-bol sur le manque de moyens consacrés à ce suivi, dont l’efficacité est certaine puisqu’elle permet de suivre médicalement et tout au long de l’année chaque athlète de haut niveau. C’est grâce à lui que les services médicaux de la FFC ont mis en évidence des problèmes sur la santé des cyclistes qu’ils suivent, dans un rapport rendu public en octobre sur la santé de 750 cyclistes d’élite. Ainsi l’Epo reste un spectre sur le peloton. Si en 1999, 60% de ces sportifs présentaient des taux aberrants de ferritine (que l’on assimile à la prise d’Epo), on compte encore 30% de profils anormaux. Autre indication, 35% des cyclistes sont sujets à l’asthme d’effort, pour une moyenne nationale de 7 à 8% dans la population normale. 30% des femmes et 10% des hommes souffrent de troubles du comportement alimentaire. De plus, 6% à 7% des athlètes suivis présentent un taux de cortisol anormalement bas, ce qui implique, pour 90% d’entre eux, la prise de corticoïdes de façon licite ou non. Enfin, l’emploi d’hormones de croissance a été détecté.[] Le ministère s’est rendu compte que les outils de répression n’étaient peut-être plus en adéquation avec la continuelle sophistication des pratiques dopantes. Elle a donc revu sa position sur le suivi longitudinal pour répondre à l’impression d’inutilité des résultats de ce suivi, pourtant ô combien précieux puisque la mise en place d’un examen biologique annuel comprenant : - numération – formule sanguine ; - réticulocytes ; - ferritine permet de cibler qui prend de l’Epo sur une période très longue. Ainsi le ministère vient de faire passer une réforme concernant le suivi longitudinal. 97 Il s’agit du Décret n° 2004-120 du 6 février 2004 relatif aux examens médicaux obligatoires pour les licenciés inscrits sur la liste des sportifs de haut niveau ou dans les filières d’accès au sport de haut niveau ou pour les candidats à cette inscription. Il comporte 5 articles reprécisant toutes les modalités d’application de ce suivi, sa justification son élaboration et les responsabilités.[] Ce décret sera suivi d’un arrêté du 11 février 2004 fixant la nature et la périodicité des examens médicaux prévus aux articles L.3621-2 et R. 3621-3 du code de la santé publique. Il est présenté sous forme de 5 titres : - TITRE Ier : nature des examens médicaux préalables à l’inscription sur la liste des sportifs de haut niveau ou sur la liste des sportifs espoirs - TITRE II : nature et périodicité des examens de la surveillance médicale, communs à toutes les disciplines, pour les sportifs inscrits sur la liste des sportifs de haut niveau ou dans les filières d’accès au sport de haut niveau. - TITRE III : nature et périodicité des examens complémentaires spécifiques à certaines discipline ssportives - TITRE IV : dispositions finales [ JO de la république française….] Ces nouvelles mesures, qui ont également valeur préventive, devraient permettre une bonne appréciation de la santé de nos sportifs de haut niveau. Cette nouvelle volonté affichée se mesurera en partie en termes budgétaires. Alors que les crédits affectés à la lutte antidopage ont progressé de 200% entre 1998 et 2002, le gouvernement Raffarin ne les a augmentés que de 2% en 2003. « Le suivi médical est inapplicable et son coût est exorbitant pour les fédérations » (JDD du 8 décembre 2002) », avait expliqué alors monsieur Lamour, peu après sa prise de fonction. 2004 nous dira si la situation s’est inversée…. 2.5. Discussion générale : La lutte antidopage a donc besoin de tous ces moyens de lutte pour être efficace. Le travail accompli ces quarante dernières années se résume finalement à toutes ces mesures 98 prises dans chaque domaine. Or les progrès scientifiques en matière de dopage restent encore sujet à controverse et certains défaitistes diront que les tricheurs ont toujours un pas d’avance puisque c’est eux qui inovent en premier alors que la lutte antidopage ne s’appliquerait qu’à chercher des produits déjà connus et passerait son temps à « courir » après les dopés. Pourtant, en France, l’essentiel est là et nous sommes sur la bonne voie. Si on prend dans sa globalité l’ensemble de ces mesures, c’est-à-dire la liste des produits interdits, les contrôles et le suivi longitudinal, nous avons tout pour savoir qui prend quoi. Encore faudrait-il donner tout son sens au mot « inopiné » et faire accepter aux sportifs des conditions certainement plus astreignantes, tels que des prises de sang pluriannuelles et autres batteries de tests. Cela donnerait des résultats certainement très encoureageants et très fiables s’appuyant sur un suivi annuel de tous les paramètres nécessaires sur le plan urinaire et sanguin, des règles bien établies, des contrôles de plus en plus sûrs. La santé de nos athlètes serait sous haute surveillance et tout le bénéfice serait pour eux finalement. Seulement il semblerait que son coût global ainsi que la logistique à mettre en ouvre ne permettent pas d’envisager de profonds changements dans les années proches à venir en France. C’est d’ailleurs aussi un peu le talon d’Achille de l’AMA qui ne dispose pas finalement d’un budget colossal pour agir sur un plan international, quelques dizaines de millions de dollars maximum, bien moins que le seul CIO. Cette harmonisation mondiale ne se fera donc que quand des crédits très importants seront débloqués ou rassemblés. Alors il sera possible de suivre un maximum d’athlètes avec tous ces moyens réunis. 99 Troisième partie : Prévention et perspectives sociologiques. Problématique, Prévention prim, secon, tert ?, affaires, morts subites, méritent une analyse. Pbs a tous les niveaux (jeunes, pdt - encadrement – réquilibrage, après –simon, pantani, journalistes), tous les sports, toutes les professions, 4 volets : Pourquoi se dope-t-on ? Prévention ( intérêt….) Omerta (des médias à l’encadrement médical) Conduites dopantes . 1. Pourquoi se dope-t’on ? Analyse des facteurs de risques Présenter le dopage comme une simple tricherie ne suffit pas à rendre compte de la réalité complexe du phénomène. De nombreux facteurs de risques interviennent dans les motivations des utilisateurs. Le milieu sportif et sa logique L’obligation de résultats A cause de l’accroissement des enjeux médiatiques, financiers et politiques, le sportif, quel que soit son niveau de compétition, subit des pressions de la part du monde sportif. Ce sont : - les sponsors et l’impact publicitaire qu’ils attendent des sprotifs qu’ils soutiennent ; - l’investissement financier réalisé par les clubs pour l’acquisition d’un joueur, avec en retour l’exigence d’une efficacité immédiate ; - les dirigeants de clubs qui entretiennent des liens directs ou indirects avec la sponsorisation ; 100 - l’encadrement technique et médical dont la situation de salariés peut dépendre des résultats du sportif ; - les médias qui profitent des grands évènements sportifs pour augmenter leur audience, d’autant plus qu’un sportif ou une équipe nationale y participe ; - le public qui est friand d’exploits sportifs et demande toujours plus ; - l’importance de la reconnaissance par le monde politique, notamment dans les grands championnats internationaux ; - les primes à la performance et au résultat ; - les critères individuels de participation aux grands évènements sportifs de plus en plus exigeants ; - le sportif lui-même qui sollicite l’aide médicale à la performance. Les exigences du sport de haut niveau Elles sont des facteurs déterminants. Ce sont : - la surcharge du calendrier sportif et la multiplication des compétitions qui laissent peu de place à la récupération et à l’entraînement ; - l’intensification des charges d’entraînement, avec travail pluri-quotidien, rsponsable de blessures ; - la baisse des performances découlant du surentraînement ou du nombre trop important de compétitions ; - l’escalade des performances, le niveau des records – de moins en moins accessibles – placent le sportif devant un défi toujours plus difficile ; - la performance de haut niveau conduit à aborder le record de manière supra-naturelle ; - les effets psychologiques d strss induits par l’obligation de performance. L’isolement social La désocialisation du sportif liée à l’isolement, dans des centres d’entraînement ou de formation (CREPS, INSEP, clubs professionnels), l’éloignement de ses amis ou sa famille créent un risque supplémentaire. Le système de carrière 101 - le sport de haut niveau, et la reconnaissance qui l’ accompagne, est un rêve pour les jeunes, mais il y a beaucoup d’appelés et peu d’élus. On trouve parfois des sportifs désorientés par une expérience négative, ayant perdu confiance en eux et ayant la sensation d’avoir gâché un temps précieux de leur vie. - La brièveté des carrières sportives et l’absence de solution de reconversion exigent l’obtention de résultats rapides et favorisent le recours au dopage. - L’absence de préparation à l’échec sportif. Le sportif de haut niveau, après avoir tout misé sur sa carrière sportive, peut se retrouver confronté à l’alternative du tout ou rien. La médicalisation des structures sportives professionnelles : De plus en plus d’équipes sportives professionnelles emploient sous contrat du personnel médical ou para-médical. Cet encadrement se trouve confronté aux mêmes pressions que le sportif, ce qui ne garantit plus l’indépendance, la confidentialité et le respect des règles de déontologie dans l’exercice de la médecine du dport. L’utilisation des médecins à seule fin d’amélioration de la performance peut être considérée comme un détournement d’usage de la médecine. Le médecin n’est pas un entraîneur et il faut le renforcer dans sa position de protecteur de la santé. Il est nécessaire de garantir les conditions d’indépendance de l’exercice médical autant que d’assurer l’autonomie du sportif : c’est un des objectifs de la loi Buffet contre le dopage. Le milieu extra-sportif Le manque d’investissement diversifié : « le sport et rien d’autre. » Le sportif investit une quantité croissante de son temps et de son énergie dans sa pratique sportive, au détriment des loisirs, de la vie familiale, du réseau relationnel, des études ou de la préparation d’un avenir professionnel. Ces conditions peuvent créer un état d’anxiété et de dépression pouvant favoriser l’absorption de substances psychoactives. Le milieu familial 102 De nombreuses enquêtes sociologiques ont souligné des éléments favorisants tels que : - le comportement des aînés vis-à-vis des substances psychoactives, - la pression ou, au contraire le désintéressement de l’entourage vis-à-vis des résultats scloraires ou sportifs, - l’absence d’interdits ou de règles familiales établies, - la catégorie socio-professionnelle des parents. Les amis Le besoin de s’intégrer dans une communauté et d’obtenir un statut peut induire un comportement de consommation anormale chez certains adolescents. La recherche de notoriété La promotion de l’image des produits dopants Les « croyances » qui entretiennent l’idée que les records actuels sont obtenus grâce au dopage. L’organisation de réseaux de trafic permet de se procurer facilement des produits dopants. La facilité d’accès aux informations scientifiques, notamment à des études sur les produits ayant des effets potentiels sur la performance (anabolisants, facteurs de croissance) La remise en cause de l’efficacité du système répressif accroît le sentiment d’impunité. Par exemple la difficulté, voire l’impossibilité de détecter certaines substances (hormone de croissance). La demande par certains d’une légalisation du dopage. L’incitation par certains médecins à un dopage médicalement assisté qui diminuerait les risques encourus. 2. De la Prévention chez les jeunes à la prévention secondaire. 103 Les jeunes enfants, dans leur grande majorité, ne trouvent pas anormal qu’un sportif se dope pour améliorer ses performances. C’est le constat alarmant qui ressort d’une étude effectuée par des chercheurs du CNRS. Les enfants de six ans trouvent aussi légitime de prendre des médicaments pour améliorer la performance que pour soigner une maladie. Et cette idée fait apparemment son chemin, puisque les adolescents prennent également des produits, beaucoup d’études le montrent. Cette période de la vie est probablement la plus importante à analyser pour trouver comment protéger les sportifs des risques de conduites dopantes, surtout dans les centres d’entraînement de haut niveau. C’est la période où l’on est en quête d’identité, du sens à donner à sa vie. C’est également celle où l’on recherche le groupe et où l’on accepte ses règles et ses rites nécessaires à l’intégration. Or, étant donné qu’il existe des arguments sanitaires et/ou sociaux pour prévenir cette consommation, on ne peut probablement pas engager un progamme d’actions efficace en l’absence d’un minimum de connaissances la concernant. En particulier dans le cadre de la prévention de l’usage de substances. Par exemple, de nombreuses études soulignent que la seule information n’est pas efficace dans la réduction de la prévalence des consommations de cannabis, de tabac ou d’alcool chez les jeunes. Il apparaît donc inutile de reprendre cet outil, en l’état, pour prévenir le dopage des adolescents sportifs. Une enquête menée par le laboratoire stress et société de l’université de Reims, en collaboration avec la Direction régionale de la jeunesse et des sports, montre par exemple que cinq pour cent des lycéens lorrains déclarent avoir recours au moins une fois au dopage. Elle porte sur 1459 aodlescents (dont 42% de filles) faisant du sport à raison d’une moyenne de sept heures par semaine, soit un niveau de pratique élevé pour cette catégorie d’âge. La fausse piste de l’usage festif du cannabis peut être refermée d’emblée. La question posée à ces adolescents (16 ans et demi en moyenne) était bien de savoir s’ils avaient pris des produits interdits afin d’améliorer leurs performances sportives. Les produits incriminés sont variés : stimulants, nandrolone, corticoïdes, diurétiques, créatine. Ces chiffres attestent que le dopage ne concerne pas qu’une élite sportive professionnelle et confortent les comptes rendus d’Ecoute dopage, le numéro vert mis à disposition depuis 1999. Il faudrait donc se donner les moyens de cette prévention chez les plus jeunes ; à l’école pourquoi pas ? L’importance des métiers de la santé y est indéniable. Les médecins et les pharmaciens doivent avoir une connaissance plus poussée sur le sujet. Ils pourront ainsi mieux apréhender la confrontation dans leur travail à des sportifs et des enfants 104 « demandeurs », ne devenant pas complice actif ou passif de la prise de produits dopants mais les orientant plus vers une alternative thérapeutique plus saine. Or nous n’avons pas eu à ce jour connaissance d’un cours sur le dopage lors des six années d’étude de Pharmacie. Il faudrait diffuser aussi plus largement les listes de spécialités interdites ou autorisées qui existent à savoir : - Liste des spécialités contenant une ou plusieurs substances pouvant induire un CAD + sur le vidal (donc chez son pharmacien) - Liste des spécialités interdites sur www.chronosports.fr - Liste des spécialités autorisées pour les maladies courantes sur www.dopinginfo.ch Les prises en charge de la consommation de produits psychoactifs et de molécules et méthodes ergogéniques doivent être mises en place dans le monde du sport. La problématique, comparable à celle que connaissent les spécialistes qui s’intéressent à la toxicomanie depuis de nombreuses années, est, comme le rappelle le rapport Henrion, la difficulté à cerner la prévention et l’importance de la prise en charge sanitaire, avec tous les problèmes de gestion, de création de centres d’accueil et de soins pour dopés sportifs que cela comporte.[Depiesse en tout petit] La France possède déjà quelques centres de ce type avec les AMPLD (Antennes Médicales de Prévention et de Lutte contre le Dopage) au niveau régional qui peut recevoir anonymement tous les sportifs, ces centres pour les sportifs ayant des problèmes à l’arrêt de leur carrière (CAPS à Bordeaux) donc à titre de prévention secondaire. Mais leur succès n’est pas à la hauteur espérée tant il reste délicat pour un sportif d’en parler sans peur. 3. Omerta : entre éthique sportive et éthique médicale 3.1. Importance des médias et des sponsors : 105 Lorsque le quotidien l’Equipe publie sur quatre jours, du 29 janvier au 1er février 1999, son dossier « les enjeux du dopage » il consacre le premier volet à l’éthique, la santé n’étant traitée que le deuxième jour. Mais la page réservée à l’éthique ressemble à un avis de décès. Elle se compose de quatre articles respectivement intitulés : « le sport va devoir apprendre à vivre avec le dopage », « le combat perdu d’avance », « définition casse-tête » (celle du dopage) et « un paradis artificiel » (dopage comme toxicomanie). Lorsque l’Italie lance sa campagne publicitaire contre le dopage durant l’été 1998, ses concepteurs choisissent comme slogan « je ne risque pas ma santé ». Lorsqu’il s’agit d’intituler le projet de loi Buffet, on opte pour « loi relative à la protection de la santé des sportifs et à la lutte contre le dopage ». Lorsque Juan Antonio Samaranch, président du CIO déclare au quotidien espagnol El Mundo : « la liste actuelle des produits (dopants) doit être réduite drastiquement. Tout ce qui ne porte pas atteinte à la santé de l’athlète, pour moi ce n’est pas du dopage », il se situe dans le droit fil de cette évolution. George Vigarello, qui a analysé et théorisé cette évolution, estime que la définition du dopage doit définitivement renoncer à deux critères (sur trois) qu’elle utilisait depuis la loi Herzog de 1965 : le caractère artificiel de l’amélioration de la performance et son incompatibilité avec l’éthique sportive, pour ne retenir que la seule nocivité pour la santé de l’athlète [Vigarello G., « le sport dopé », Esprit, 1999 : 75-91.] On peut suivre George Vigarello lorsqu’il souligne la vanité d’une délimitation entre naturel et artificiel et admettre « que l’artifice est partout dans l’univers sportif, comme d’ailleurs dans l’univers tout court ». La référence à une éthique sportive semble plus difficile à abandonner. Il est vrai que l’escalade des enjeux financiers se concilie mal avec les règles chevaleresques du fair-play. Lorsque le sport devient moyen d’existence et/ou de promotion sociale, le principe de désintéressement perd de son sens [ Waser A. M., « de la règle du jeu au jeu avec la règle : le dopage dans le sport de haut niveau » in :dopage et pratiques sportives – expertise collective réalisée à la demande du Ministère de la Jeunesse et des Sports, Paris, CNRS, 1998.] De même lorsque la qualification pour le tour suivant d’une coupe d’Europe de Football est en jeu, les conséquences économiques sont telles que seule l’efficacité compte pour les clubs concernés. Si l’éthique sportive a perdu aujourd’hui l’essentiel de sa crédibilité, c’est aussi parce qu’elle a trop servi à couvrir des réalités inavouables, qu’il s’agisse du paternalisme abusivement autoritaire de certains responsables sportifs, de combinaisons financières quelquefois douteuses ou du silence établi autour du dopage. Ainsi pourrait-on préciser que le journal l’Equipe, qui appartient au groupe Amaury (ASO), est intimement lié aux courses cyclistes telles que le Tour de France au travers de la société du Tour de France, qui fait également 106 partie du groupe ASO. Ceci peut placer le quotidien dans une situation fort embarrassante. Comment parler de vélo sans évoquer le dopage ? Evidemment, cette évocation, si elle se fait trop insistante, va à l’encontre des interêts de sa société sœur, voire de perdre de son attrait au Tour de France et aussi perdre des lecteurs potentiels. Exemple révélateur : en juin 2003, pour fêter le centenaire du Tour, le journal publie son « hit-parade » des coureurs ayant, selon lui, marqué l’hitoire du Tour. Cette liste regorge de coureurs ayant été reconnus comme dopés d’après des révélations ou des contrôles positifs ; citons Merckx, Anquetil, Coppi, Indurain…sur 100 coureurs, 46 au moins ont déjà subi un contrôle positif. Là où le journal souhaitait glorifier le passé de son épreuve fétiche, il ne réussit qu’à révéler plus encore l’ampleur du mal en se portant gardien du mythe ! Les témoignages en ce sens ne manquent pas. Alain Vernon, journaliste pour France 2, raconte : « c’était en 1988. je suivais le Tour de France depuis quatre ans pour Antenne 2 et je commençais à avoir des doutes sur pas mal de choses : la régularité de certaines victoires, la qualité de certaines performances, etc. Des coureurs et des directeurs sportifs m’avaient dit des choses off. (…) Et puis j’assiste à la remise d’un prix à un confrère qui suivait le vélo depuis trente ans. Je regarde la scène et je me dis : Bon sang, trente ans à ne rien révéler, à rester le témoin silencieux de tricheries en tout genre ! « une famille », au sens le plus triste, fêtait un des siens, entre mensnges et non-dits. » (…) Dans le courant de l’année 1989, après des mois d’enquête, un reportage sera diffusé à la télévision : danger dopage. Les réactions n’ont pas tardé : menaces de procès, protestations. « j’ai fait le Tour de France 1989. Je voulais y aller pour montrer que je ne ma cachais pas, que je ne me dégonflais pas. Le peloton m’a boycotté.(…) Il ne m’étais plus possible d’exercer mon métier correctement. Le public, lui, suivait l’affaire avec beaucoup de circonspection. Il aura fallu que la justice se mêle du dopage à grande échelle, à partir de 1998 avec l’affaire Festina, pour qu’on se rende compte que ce milieu est un milieu de menteurs. Pour appartenir à cette « famille », un journaliste devait renoncer à faire son métier, il devait partager les mœurs du milieu. » [] Un parfait trust qui peut manipuler à sa guise et minimaliser à son gré tous les problèmes, même les plus graves et diffuser des masquants médiatiques. De même, parce que le journaliste et écrivain Pierre Ballester a voulu tout dire sur le dopage sur le Tour de France, son journal l’Equipe a fini par le licencier. Joint la veille de cette interview parue dans France Soir du 31 octobre 2003, l’actuel directeur de la rédaction de 107 l’Equipe déclare : « Pierre Ballester sait très bien les vraies raisons qui ont conduit à son licenciement… » La crise morale est telle en tous cas, que même les membres du CIO, gardiens de l’idéal olympique, ont dû se doter d’une commission d’éthique pour se surveiller eux-mêmes. Curieusement, il semblerait que les derniers défenseurs de l’éthique sportive soient les sponsors. En cyclisme, avant le début de la saison 1999, ils ont élaboré et signé une « charte d’éthique contre le dopage », leurs directeurs sportifs ont fait la presse des déclarations résolues telles que « si un coureur est reconnu positif, il sait la sanction qu’il encourt : il sera immédiatement renvoyé ». Notons qu’il n’est pas question de renvoyer tout coureur qui se doperait, mais bien celui qui serait contrôlé positif. De toute évidence, il s’agit d’une stratégie d’image du sponsor bien plus que d’une défense de l’éthique sportive. D’ailleurs les significations qui lui sont attribuées varient selon la position et les intérêts de ceux qui en font la promotion. Pour les uns elle tend à se limiter à des préocupations sanitaires et à se superposer à l’éthique médicale, ce qui est quand même assez réducteur. Pour d’autres, elle paraît se confondre avec la loi du silence, comme Marco Pantani qui déclarait : « dans les autres sports, ils (les journalistes) ne savent rien, parce qu’il y a une éthique : personne ne parle inconsidéremment ». il arrive aussi que l’existence même d’une éthique sportive soit purement et simplement niée. Pour Axel Kahn, membre du Comité Consultatif National d’Ethique, « rien n’est moins éthique que le sport de compétition », il y voit surtout « une exploitation des inégalités biologiques à des fins de domination ». L’image du sport demeure tellement valorisée dans notre société, et tellement valorisante pour ceux qui la défendent, qu’aucun parti ne veut se mettre en retrait ou en contradiction avec le consensus populaire favorable au sport et à ses valeurs. Il semble bien que l’idéologie sportive et l’adhésion à une éthique sportive soient aujourd’hui davantage le fait du public que des milieux du sport de haut niveau. 3.2. Importance de l’encadrement médical et des dirigeants d’équipe : Le temps d’une saison cycliste de janvier à octobre 1999, Claire Condemine-Piron a exercé son métier de médecin du sport auprès de l’équipe Festina. Recrutée par les dirigeants de la firme espagnole après le scandale qui révéla des pratiques de dopage institutionnalisées au sein de cette formation, sa mission était précise : assurer la direction médicale du groupe. « je 108 Suis arrivée là, en ne connaissant rien au monde cycliste, raconte-t-elle aujourd’hui. Je croyais avoir affaire à des sportifs confrontés au dopage. Ma situation était délicate, se souvient-elle. J’étais imposée par le sponsor. Je ne sortais pas du « milieu », et en plus j’étais une femme. L’un des adjoints s’en est d’ailleurs uffusqué. Mais pire que tout, pour les trois directeurs sportifs, j’étais une rivale. (…) Et je ne savais rien des particularités du sport cycliste, de ses habitudes, de ses exigences. Sans le savoir, le sponsor avait violé un tabou, analyse-t-elle. Le directeur sportif n’avait pas été consulté pour le choix du médecin. Dans le cyclisme, le principal problème est là : le rôle omnipotent des directeurs sportifs. Les coureurs ne sont que les victimes consentantes mais victimes tout de même d’un système qui place le directeur sportif au centre de toutes les décisions, dans tous les domaines. (…) Tant qu’on ne s’attaquera pas à cette logique de toute-puissance, rien ne bougera. » En effet comment interpréter les différents témoignages de ces directeurs sportifs ? Comme celui de Marco Pantani qui assure encore aujourd’hui ne jamais avoir eu connaissance d’un dopage de son poulain, ou encore des soi-disant nouvelles dispositions de Cofidis prises par le staff suite aux affaires de cette année et qui ne permettront aucun dopage au sein de cette équipe, une des trois meilleures du monde ! Autant de contradictions qui en disent long sur l’omerta qui règne encore.( ) Un élément de réponse tient peut-être dans un article du sociologue Christophe Brissonneau qui a constaté avec le docteur Depiesse que « les médecins avaient leur propre définition du dopage et qu’elle reposait sur certains concepts. En effectuant et en analysant les entretiens, nous sommes venus à définir deux groupes de médecins, les « légalistes », respectueux de la liste du ministère et les « atypiques », pro-rééquilibrage hormonal. Ces derniers, (…) pensent que le sport de haut niveau actuel est loin de contenir les vertus qui lui sont attribuées. Le sport intensif n’est plus la santé, n’est plus l’équité mais contient les vices inhérents à notre société. Ces « atypiques » se considèrent d’abord comme médecins et revendiquent une seule et unique éthique, l’éthique médicale. Leur priorité est la santé du patient, quel qu’il soit. Le sport n’est pas leur préocupation. Le sportif de haut niveau étant en déficits hormonal et métabolique, il est donc préférable de la complémenter afin qu’il retrouve sa santé. Si ils regrettent la perte des valeurs du sport, ils réclament une certaine prise en compte de la réalité. Parallèlement à cela, on s’aperçoit qu’une majorité de ces médecins ont ou ont eu des opinions politiques plus ou moins marquées à gauche (travaillistes). Ils tiennent un discours 109 de lutte des classes où seul le pauvre se fait prendre et subit les ravages du dopage car il utilise les produist de façon non scientifique. Leur discours pose les questions de savoir ce qu’est la santé, ce qu’est un « produit naturel », concept largement utilisé par les légalistes et posant question quant à l’électromyostimulation. Les médecins « légalistes », eux, tiennent un discours avec des valeurs qu’ils reconnaissent parfois comme utopistes (fair-play, refus du professionnalisme…) mais qu’ils veulent malgré tout sauvegarder. Parmi eux, des sous-groupes apparaissent. Si les généralistes ont un discours essentiellement orienté vers l’éthique médicale, sur les problèmes de santé liés au dopage, les spécialistes du sport et de la lutte antidopage ont essentiellement une argumentation en direction de l’éthique sportive où le dopage est une tricherie. Nous nous sommes également étonnés de constater que certains « légalistes » prennent dans leurs définitions personnelles une partie de la théorie du rééquilibrage hormonal. Pour conclure, nous avons pu constater, dans le cadre médical, que toute définition du dopage est corrélée aux croyances que l’on a face à la conception de naturel, vis à vis de l’éthique dans le sport et sa place dans la société.a travers l’opposition « légalistes-atypiques », nous retrouvons à nouveau la distinction des années 60-80 entre tenants de l’amateurisme et du professionnalisme. » [] 4. Conduites dopantes 4.1. Introduction Exception faite des indications qui relèvent du seul domaine de la thérapeutique, on peut décrire deux modes initiaux de consommation de produits, par ailleurs potentiellement complémentaires : - la recherche de sensations physiques et/ou intellectuelles ; - la recherche de la performance physique et/ou intellectuelle. La recherche de sensations, telles que peuvent en procurer l’alcool, la nicotine, le cannabis, l’ecstasy, la cocaïne, l’héroïne et autres produits, est le mode de consommation le 110 mieux identifié, tant par ce qu’il est convenu d’appeler le « grand public » que par les professionnels de la santé et autres intervenants de santé publique. En revanche, la seconde modalité ne fait l’objet, jusqu’à présent, que d’un nombre limité de descriptions, et encore, dans le seul monde du sport et à la condition expresse que les produits utilisés figurent sur un tableau particulier, à savoir la liste des produits interdits. On la désigne alors sous le nom de dopage. En dehors de la communauté sportive, la consommation de produits aux fins de performance est peu, ou pas, identifiée. Ce qui pourrait sembler curieux tant les produist utilisés dans ce contexte, hors indications thérapeutiques, sont légions et largement rendus publics par les médias : sildénafil ( Viagra ), fluoxétine ( Prozac ), orlistat ( Xenical ), mélatonine et autre DHEA. 4.2. définition Une conduite dopante se définit par la consommation d’un produit pour affronter ou pour surmonter un obstacle réel ou ressenti par l’usager ou par son entourage dans un but de performance. Les concepts utilisés dans cette définition méritent d’être définis à leur tour. A. Consommation : La consommation d’un produit se décline habituellement en trois niveaux que sont l’usage, l’abus (ou usage nocif) et la dépendance. L’usage se caractérise par l’utilisation de substances n’entraînant ni complication ni dommage pour l’individu. L’abus est le mode d’utilisation d’une substance conduisant à une altération du fonctionnement ou à une souffrance cliniquement significative (mais sans atteindre les critères de la dépendance), caractérisée par la présence d’au moins une des manifestations suivantes au cours d’une période de 12 mois : - utilisation répétée d’une substance conduisant à l’incapacité de remplir des obligations majeures, au travail, à l’école ou à la maison ; - utilisation répétée d’une substance dans des situations où cela peut être physiquement dangereux ; - problèmes judiciaires répétés liés à l’utilisation d’une substance ; 111 - utilisation de la substance malgré des problèmes interpersonnels ou sociaux, persistants ou récurrents, causés ou exacerbés par les effets de la substance. La dépendance est un mode d’utilisation inadapté d’une substance conduisant à une altération du fonctionnement ou une souffrance, cliniquement significative, caractérisé par la présence de trois (ou plus) des manifestations suivantes, à un moment quelconque d’une période continue de 12 mois : - tolérance, définie par l’un des symptômes suivants : a – besoin de quantités notablement plus fortes de la substance pour obtenir une intoxication ou l’effet désiré ; b – effet notablement diminué en cas d’utilisation continue d’une même quantité de substance ; - sevrage, caractérisé par l’une ou l’autre des manifestations suivantes : a – syndrôme de sevrage caractéristique de la substance ; b – la même substance (ou une substance très proche) est prise pour soulager ou éviter les symptômes de sevrage ; - la substance est souvent prise en quantité plus importante ou pendant une période plus prolongée que prévu ; - il y a un désir persistant, ou des efforts infructueux, pour diminuer ou contrôler l’utilisation de la sustance ; - des activités sociales, professionnelles ou de loisirs sont abandonnées ou réduites à cause de l’utilisation de la substance ; - l’utilisation de la substance est poursuivie bien que la survenue d’un problème psychologique ou physique persistant est susceptible d’avoir été causé ou exacerbé par la substance ; - avec dépendance physique : si présence d’une tolérance (items) - sans dépendance physique : absence de tolérance ou de sevrage. B. Produit La nature du produit consommé n’intervient pas dans la définition, pas plus que sa voie d’administration. Toutefois, en pratique, il s’agit de médicaments, de stupéfiants ou de compléments alimentaires. 112 C. L’obstacle L’obstacle est une difficulé placée sur le parcours d’un individu. Il peut s’agir d’un examen scolaire, un entretien d’embauche, la soustenance d’une thèse, une compétition sportive, des conditions de travail éprouvantes. Cet obstacle peut être réel, comme le numérus clausus imposé lors de la première année de pharmacie, ou simplement ressenti, éprové comme tel. Par exemple, la prise de parole en public, ou le permis de conduire, jugés anodins par certains, peuvent être largement redoutés par d’autres. 4.3. Limites du concept Parler d’un comportement de consommation, donc d’une entité observable, soulève le problème de son identification. Dans le cadre d’une conduite dopante, la variabilité des représentations de la performance rend parfois cette tâche délicate. En effet, pour certains affronter une situation donnée rlève de la performance, pour d’autres non. Par exemple, une demande d’augmentation de salaire. Cette difficulté surgit, notamment, dans les études épidémiologiques quand il s’agit d’identifier avec précision la finalité pour laquelle une substance est consommée. Par exemple, un traitement à base de corticoïdes par voie générale prescrit à des fins thérapeutiques ne relève pas d’une conduite dopante. Par contre, ce sera le cas si le patient, une fois guéri, poursuit la consommation de son propre chef (en terminant la boite de médicament) parce qu’il se sent moins fatigué et légèrement euphorique pour aller travailler. Une seconde difficulté consiste à devoir parfois distinguer conduite dopante et toxicomanie, pouvant être définie comme un trouble comportemental caractérisé par le désir ou le besoin compulsif de se procurer un toxique, en partie pour ses effets bénéfiques, en patie pour supprimer les effets désagréables physiques du sevrage. Car certains produits en rapport avec ces conduites dopantes sont susceptibles d’entraîner une dépendance, comme la cocaïne, les benzodiazépines, la nicotine, les amphétamines, les stéroïdes anabolisants, etc. dans ce cas, l’appel à la performance ne permet pas toujours d’éclairer la nature de la consommation. Aussi est-on parfois contraint de recourir à la notion de dose utilisée. Enfin, il est des produits d’usage courant dans certains pays, comme le café ou les anxiolitiques, qui posent le problème de la finalité de leur consommation : habitude, rituel, convivialité, etc. il n’existe pas de règle générale permettant de trancher la question autrement 113 que par une étude au cas par cas, en fonction du produit et de la situation. Ainsi la consommation d’une tasse de café filtre quotidien, à l’issue du repas principal, ne s’inscrit pas dans une démarche de recherche de performance. Par contre, son usage par un individu qui n’en boit jamais et qui en absorbe deux tasses avant de faire un long trajet routier de nuit pourrait relever d’une conduite dopante. 4.4. Sont-elles addictives ? Il s’agit d’un débat qui mérite d’être ouvert mais où la plus grande confusion règne car très souvent on rapproche inévitablement dopage sportif et toxicomanie au sens de dépendance à un ou plusieurs produits, ce qui est rarement justifié. La notion de conduite addictive ou d’addiction est très récente ; elle a, depuis quelques années, une inscription institutionnelle, en France, dans des structures du Ministère de la Santé, des structures de soins, des strucutres d’enseignement et des revues. Elle fait l’objet d’une définition médicale au sens où elle est caractérisée par des critères diagnostiques largement acceptés et utilisés au plan international, et que l’on retrouve dans le Manuel Diagnostique et Statistique des Troubles Mentaux (DSM). A strictement parler, le DSM IV définit l’abus et la dépendance, mais n’emploie pas actuellemnt le terme d’ « addiction ». On peut considérer les points communs entre usages de dopants et usage de drogues : certains produits peuvent être utilisés pour atténuer la sensation douloureuse, pour leur fonction contraphobique, pour permettre un accomplissement personnel ou encore pour un plaisir d’ordre narcissique. Mais les produits dopants peuvent aussi servir simplement à « tenir » dans le calendrier actuel des compétitions et dans ce contexte-là, si dopage il y a, il en est surtout la conséquence. Alors coment comparer plus précisemment les comportements ? autrement dit, si l’on veut examiner la toxicomanie éventuelle du dopage, sur quels critères établir la comparaison ? les critères de dépendance du DSM IV sont très difficiles à transposer à l’usage sportif de produits. Seule la première partie de l’item 5 du DSM IV se transpose telle quelle à un seul contexte sportif, qui est celui du haut niveau : « beaucoup de temps est passé a des activités nécessaires pour obtenir la substance (par exemple consultation de divers spécialistes, déplacement sur de longues distances, à l’étranger…) ». Or, même cet item est contestable car 114 il s’applique aussi à la consommation de substances comme l’Epo qui en l’état actuel des connaissances, n’est pas considérée comme addictive, et à des médicaments autorisés. L’applicabilité d’autres critères du DSM IV est faible dans le cas d’un fort engagement dans la pratique compétitive. Car les motivations ou les enjeux sont liées à l’activité à travers de laquelle le sportif cherche à s’élever socialement, là où un toxico-dépendant plus classique prend un produit sans rapport avec une activité. Ce ne serait finalement que dans le cas où le sportif a arrêté sa pratique compétitive, mais continue l’usage des substances dopantes, qu’on pourrait diagnostiquer facilement une dépendance. De même, ce n’est qu’à l’arrêt de cette pratique que les risques de marginalisation sociale (autre critère de dépendance) peuvent apparaître. On ne parlerait plus alors de dopage, puisque l’horizon de la compétition a disparu, mais d’addiction. Enfin, il existe différents types de dépendances. Holden H.* recense dans un article récent de nombreux comportements qui répondent à certains critères de dépendance du DSM-IV. C’est le cas de la kleptomanie, la boulimie, l’anorexie, le jeu pathologique, l’activité sexuelle ou le « shopping ». Le dénominateur commun, c’est toujours le plaisir que l’on ressent à la mise en œuvre de ces activités et le désir de les reproduire. L’activité physique n’est pas absente de l’analyse puisque des chercheurs suédois ont réussi à montrer que des lignées de rats possédant une appétence à la consommation de drogues passaient plus de temps à courir dans une roue en mouvement et qu’inversement les meilleurs « rats coureurs » étaient plus attirés par les substances à risques d’abus. Est-ce la libération d’enképhalines démontrée chez les marathoniens mais aussi lors de l’acupuncture qui produit ces attirances ? Peut-être. Encore faut-il noter que la libération, même exacerbée, des opioïdes endogènes reste très faible par rapport à la stimulation exogène des récepteurs opioïdes par l’héroïne, par exemple. C’est bien cela qui différencie les addictions avec et sans produit. Le pace-maker dopaminergique que représente l’axe mésolimbique et cortical est sous le contrôle de divers neurotransmetteurs et neuropeptides endogènes, les plus importants étant les peptides opioïdes internes, véritables chef d’orchestre du concert hédonique. Il est donc difficile de comparer la dépendance « chimique exogène » et la dépendance comportementale, d’origine endogène. Ceci ne signifie pas que les troubles comportementaux avec conduite compulsive – boulimie, jeu pathologique, etc. – soient à négliger. Leur lot de souffrance est important, comme l’est celui du sportif accroché à ses anabolisants. Tous ces individus expriment par leur attitude une sertaine détresse psychologique à prendre en compte, y compris médicalement. 115 On peut alors se poser la question de savoir où en est le sport, et ses vertus de santé stigmatisées notamment par l’hygiénisme nordique du début du siècle dernier. Le sport a toujours les attributs qu’on lui prête s’il n’est pas détourné par les produits et s’il reste une activité ludique. Il n’en est plus de même s’il dépasse les possibilités naturelles de l’individu et que, de ce fait, il nécessite la « béquille » chimique. Le sport, en particulier de haute compétition, n’est pas sans danger, surtout lorsqu’il s’adresse à des personnalités attirées par le risque car ce sont celles-là qui hésiteront également le moins à utiliser des substances purement dans le cadre sportif d’abord, puis hors de ce cadre (alcool et drogues par exemple ), pour éventuellement terminer par des toxicomanies graves aux stupéfiants. Il s’agit néanmoins d’une minorité et l’important serait dans cette population de rechercher une éventuelle hypersensibilité du système enképhalinergique transposé ensuite à la composante dopaminergique hédonique et à sa mise ne mémoire. Cela a été discuté par de nombreux auteurs. De nombreuses études doivent être faites. Les méthodes de neuroimagerie par IRMF et PET-Scan seront dans ce sens d’un intérêt considérable.[] Bernard Roques. Professeur, UFR des sciences pharmaceutiques et biologiques, Faculté de pharmacie de Paris *Holden H. « Behavioral Addictions :do they exist ? », Science 2001;994:980-982. En résumé, il faut retenir que la majorité des produits dopants comportent des risques importants de toxicité générale, mais ils sont peu addictogènes et ont une faible neurotoxicité. De plus les motivations du dopage ne sont pas de nature à induire en elles-même des risques de dérives addictives. De ce point de vue, associer le dopage aux conduites addictives est excessif, sauf quand il s’agit de la zone d’intersection des produits communs : les drogues licites et illicites utilisées comme dopantes. Autrement dit, la plupart des usages de produits dopants ne sont pas des usages à risques de dépendance, même s’il en existe. 4.5. Risques pour la société Si l’usage de produits aux fins de performance présente des risques potentiels pour la santé des consommateurs, il s’avère également risqué pour les individus dans la société. Car les bénéfices, potentiellement réels, des conduites doapntes ne vont pas toujours au consommateur. 116 Par exemple, depuis environ 4500 ans, les Indiens des Andes font une consommation notable de feuilles de coca, pour leurs effets stimulants. Cet usage leur permet de diminuer la sensation de fatigue et d’affronter les effets de la dénutrition et de l’altitude. Or, après la conquète espagnole débutée en 1532 par les conquistadores, nombreux sont les exploitants miniers qui « rémunèrent » leurs ouvriers avec quelques feuilles de coca par jour. S’agit-il de respecter un usage traditionnel, voire rituel ? sans doute, mais la consommation de coca stimule aussi l’ardeur au travail, permet aux employeurs de réaliser des économies sur l’alimentation des ouvriers, dont elle limite, en outre, les velléités de révolte. L’avantage principal lié à l’usage de produits à des fins dopantes n’est donc pas pour le consommateur. D’ailleurs, pour différentes raisons, le Concile de Lima interdit cette pratique en 1551. Mais, afin d’augmenter la productivité dans les mines d’argent de Potosi, le vice-roi du Pérou en autorise à nouveau la consommation en 1573. En plus, il lève un impôt sur les cultures de coca, gardées par des soldats, qui s’ajoute à la dîme déjà perçue par l’Eglise sur le même produit. Opération rentable, puisque l’évèque et le chanoine de la cathédrale de Cusco en tirent tous leurs revenus.[Dechambre.A, dictionnaire encyclopédique des sciences médicales, vol 18, Paris, année ?] De nos jours, on s’aperçoit, au nom du culte de la performance, de la productivité et autres bénéfices à tout prix et si possible immédiats, que la société continue d’encourager, ouvertement ou pas, les conduites dopantes. Les indicateurs sont innombrables : remboursement des produits par les organismes sociaux, promotion de certaines substances comme les anti-asthéniques (il est naturel d’être fatigué après une journée de travail, mais estce pour autant une raison de recourir à une substance quelconque ?), publication d’ouvrages décrivant les procédés stimulants, larges diffusions d’allégations démunies de preuve scientifiquement validée sur les effets de certains produits (contre le vieillissement, pour maigrir plus vite, pour avoir meilleure mémoire, etc.) ou de l’innocuité d’autres, aucune mesure de régulation des consommations dans le monde non sportif et en particulier auprès des enfants et adolescents, absence totale de formation des professions de santé sur ces aspects, etc. De plus, cet encouragement ne s’effectue pas nécessairement au profit du consommateur, faisant volontiers office de simple pion sur l’échiquier d’une mondialisation qui a bon dos, mais celui de la société. A propos d’une autre consommation de masse, celle des psychotropes, Claude Got [] parlait d’une culture du « rat tranquilisé qui va au fil de l’eau ». S’agissant de celle de produits de la performance, il conviendrait d’ajouter : « du rat tranquilisé mais productif qui va au fil de 117 l’eau » comme l’illustre parfaitement ce témoignage : [Moi, Marc M., 42 ans, drogué et banquier] « Cadre financier dans une grande banque française, Marc M. (son prénom a été changé), 42 ans, l’allure d’un manager ambitieux, témoigne sans ambages de sa consommation régulière de drogues en tous genres. « c’est la concurrence sur un poste de sous-directeur qui m’a poussé à en prendre, raconte-t-il. Elles m’ont permis d’avoir une grande concentration et d’être plus efficace pour boucler mes dossiers. » Son avenir professionnel devait être prometteur. Il ne pouvait pas en aller autrement. Du coup, Marc a mis les bouchées doubles pour parvenir à la hauteur de ses espérances. Et il y a quelques années, il s’est laissé tenter par des produits illicites : drogues dures, mais aussi Temesta pour calmer ses angoisses ou Prozac, la star des antidépressuers, pour contrer les effets du stress. Marc fait ainsi partie des 2,4 millions de Français « accros » aux tranquilisants, somnifères et antidépresseurs. Avec plus de 80 millions de boites vendues en 2001, la France est tout simplement le champion mondial de la prise de psychotropes. Un trader qui prend de la coke ? L’image est tenace. Pourtant c’est normalement le licenciement dans les plus brefs délais si la chose est connue de la hiérarchie. Cependant, le sujet est encore totalement tabou. « Le salarié peut prendre n’importe quoi tant que tout fonctionne, s’insurge Michel Hautefeuille, psychiatre à l’hôpital Marmottan, à Paris, spécialisé dans les dépendances. Au moindre problème, on le jette, c’est le comble de l’hypocrisie ». Egarés, ces cadres déchus atterrissent alors le plus souvent au Centre Marmottan, à quelques pas de l’étoile. Devant l’afflux récent de cette clientèle, l’hôpital a même pris des dispositions pour recevoir ces drogués en cravate à des horaires particuliers. Il fallait éviter que les costumes Hugo Boss ne tombent nez à nez avec des héroïnomanes en manque… Pour Michel Hautefeuille, si le nombre de drogués dans le monde du travail augmente, c’est justement parce que la prise de drogues se démocratise. « J’ai reçu récemment un guichetier de La Poste indique-t-il. Il se droguait pour lutter contre le trac. Désormais, la nécessité d’être performant se retrouve à tous les niveaux. » Selon lui, tout est cependant question de rythme de consommation. « si les patients prennent des psychotropes uniquement lorsqu’ils en ont besoin, ils peuvent tenir le coup plusieurs années. S’ils en abusent, ils explosent en plein vol ». « Ma prise de drogues dures a été bénéfique pendant 2 ans avant que je ne craque », confirme un financier. 118 Conclusion La lutte antidopage doit continuer d’évoluer pour recrédibiliser le sport aux yeux du public et des sportifs. Les mentalités changent en ce sens que jamais le dopage n’a été aussi omniprésent tant sur un plan sportif que sociologique. D’ailleurs les efforts consentis au sein de l’AMA sont la preuve de cette volonté renforcée de lutter contre le dopage ainsi que les récentes contributions des services de police et de la justice mises en place par le gouvernement. Il faut continuer de véhiculer cette image du sport comme vecteur d’intégration sociale et de bien-être en terme de santé physique et mentale, en mettant l’accent sur la prévention de manière à ce que personne de concerné par le sport ne puisse nier avoir eu connaissance du problème. Si la lutte s’inscrit dans un cadre international, la prévention reste individuelle. Sur le plan pharmaceutique, il reste encore quelques secteurs à améliorer. Les pratiques dopantes ne sont finalement que le fruit d’un détournement de l’usage initial du médicament mais qui ne peut se passer qu’avec l’aval d’un médecin ou d’un pharmacien. C’est pourquoi la formation de ces deux acteurs majeurs de santé publique doit être largement plus poussée afin mieux prévenir ou diagnostiquer le dopage. De même, il n’appartient qu’aux laboratoires d’entreprendre des tests d’effort concernant « leurs » produits malgré des coûts certainements exorbitants et d’un faible apport en vue de l’obtention des AMM, mais qui pourraient se révéler importants pour la santé des athlètes. D’autres études pourraient encore être menées, comme les conséquences de la polyconsommation de certains produits souvent pris ensemble sur la santé. Tout semble réuni cependant pour que 2004 soit une année « clé » pour le sport. Les règles seront les mêmes dans tous les pays et dans tous les sports afin de contrer les tricheurs. Cette harmonisation internationale aura au moins le mérite d’insufler un nouvel élan aux défenseurs d’un sport « propre ». Comment ne pas en avoir besoin en ces temps de confidences en tous genres de la part de sportifs de plus en plus nombreux parfois désabusés, à défaut d’être abusés et très inquiets pour leur santé ? 119 Espérons simplement que le sport de haut niveau face à l’emploi de la recherche médicale ne soit pas le reflet d’autres dérives bio-éthiques dont les conséquences pourraient être beaucoup plus fâcheuses pour l’homme. Bibliographie 2. Weiler JM, Layton T and Hunt M. Asthma in United States Olympic athletes who participated in the 1996 Summer Games. J Allergy Clin Immunol 1998;102:722-6. www.dopage.com 3. Rundell KW, Im J, Mayers LB, Wilber RL, Szmedra L and Schmitz HR. 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Annexes : Annexe 1 : code mondial antidopage de l’AMA , tableau avec niveaux 1 … les deux formulaires de demande standard (à imprimer c parfait, serony 4 et 5) 7-8 pages + la réponse envoyée par l’AMA, la feuille à conserver (1 page qui fera annexe 6)! Annexe 2 : Liste des moyens pharmaco-médicaux défendus employés pour influencer les performances (liste des substances dopantes interdites) Valable dès 1.1.2004 Le programme mondial antidopage de l’Agence mondiale antidopage (AMA) a été accepté le 3 mars 2003 à Copenhague par tous les délégués des fédérations sportives et des gouvernements. Le comité international olympique (CIO) et swiss olympique ont eux aussi approuvé ce projet qui englobe le code antidopage, les quatre standards et les règles modèles de bonnes pratiques. Le code et les quatre standards doivent obligatoirement être appliqués. L’un de ces standards est la liste des substances et des méthodes dopantes interdites. Elaborée pour la première fois par la comisssion ad hoc de l’AMA, elle entrera en vigueur le 1er janvier 122 2004. Son principal objectif est de définir les substances et les méthodes interdites dans le sport dans le cadre des règles du code. Attention : Les athlètes doivent s’assurer que tout médicament, supplément, préparation en vente libre ou toute autre substance qu’ils utilisent ne contienne aucune substance interdite. Ils doivent aussi s’assurer que cette liste est bien la liste mise à jour ( la liste actuelle est publiée sous www.dopinginfo.ch et www.swissolympic.ch ). Dans quelques-unes des classes de substances interdites, la liste n’est pas exhaustive. Le texte le signale ainsi : « et autres substances possédant une structure chimique ou des effets pharmacologiques similaires » ou « leurs analogues ». De telles substances sont donc aussi interdites même si elles ne sont pas explicitement mentionnées. Les athlètes doivent vérifier si les fédérations internationales responsables prévoient des restrictions, des interdictions et/ou dispositions additionnelles concernant des substances spécifiques. Substances et méthodes interdites en compétition : Substances interdites S1. Stimulants Les stimulants suivants sont interdits, y compris leurs isomères optiques D et L. Adrafinil Fencamfamine Méthyléphédrine** Amfépramone Fénétylline Méthylphénidate Amiphénazol Fenfluramine Modafinil Amphétamine Fenproporex Nicéthamide Amphétaminil Furfénorex Norfenfluramine Benzphétamine Cocaïne Parahydroxyamphétamine Bromantan Méfénorex Pémoline 123 Carphédone Méphentermine Phendimétrazine Cathine* Mésocarbe Phenmétrazine Clobenzorex Méthamphétamine Phentermine Diméthylamphétamine Méthylamphétamine Prolintane Ephédrine** Méthylènedioxyamphétamine Sélégiline Ethylamphétamine Méthylènedioxyméthamphétamine Strychnine Etiléfrine Et autres substances possédant une structure chimique similaire ou des effets pharmacologiques similaires***. * La cathine est interdite quand sa concentration dans l’urine dépasse 5 µg/ml. ** L’éphédrine ou la méthyléphédrine est interdite quand sa concentration dans l’urine dépasse 10 µg/ml. *** Les substances figurant dans le programme de surveillance 2004 ne sont pas considérées comme des substances interdites. S2. Narcotiques Les narcotiques qui suivent sont interdits : Buprénorphine Hydromorphone Oxycodon Pentazocine Dextromoramide Méthadone Oxymorphone Phétidine Diamorphine = héroïne Morphine S3. Cannabinoïdes Les cannabinoïdes (par ex. le haschich, la marijuana) sont interdits. S4. Agents anabolisants 1. stéroïdes anabolisants androgènes a. SAA exogènes*, incluant sans s’y limiter : Androstadiénone gestrinone 19-Norandrostènedione Bolastérone 4-hydroxytestostérone Norboléthone Boldénone 4-hydroxy-19-nortestostérone Noréthandrolone Boldion mestanolone oxabolone Clostébol mestérolone oxandrolone 124 Danazol métandiénone oxymestérone Déhyrochlorméthyltestostérone méténolone oxymétholone Delta1-androstèn-3,17-dione méthandriol quinbolone Drostanolone méthyltestostérone stanozolol Drostandiol mibolérone stenbolone Fluoxymestérone nandrolone testostérone Formébolone 19-norandrostènediol trenbolone Et leurs analogues #. b. SAA endogènes**, incluant sans s’y limiter : Androstènediol déhydroépiandrostérone (DHEA) testostérone Androstènedione dihydrotestostérone Et leurs analogues #. * « Exogène » : désigne une substance qui ne peut pas être produite naturellement par l’organisme humain. ** « Endogène » : désigne une substance qui peut être produite naturellement par l’organisme humain. # Un « analogue » se définit comme une substance issue de la modification ou de l’altération de la structure chimique d’une autre substance tout en conservant un effet pharmacologique similaire. Dans le cas d’une substance interdite (selon la liste ci-dessus) pouvant être produite naturellement par le corps, un échantillon sera considéré comme contenant cette substance interdite si la concentration de la substance interdite ou de ses métabolites ou de ses marqueurs diagnostiques et/ou tout autre rapport pertinent dans l’échantillon du sportif s’écarte suffisament des valeurs normales trouvées chez l’homme pour ne pas correspondre à une production endogène normale. Un échantillon ne sera pas considéré comme contenant une substance interdite si le sportif prouve que la concentration de la substance interdite ou de ses métabolites ou de ses marqueurs diagnostiques et/ou tout autre rapport pertinant dans l’échantillon du sportif est attribuable à un état pathologique ou physiologique. 125 Dans tous les cas, et quelle que soit la concentration, le laboratoire rendra un résultat d’analyse anormal si, en se basant sur une méthode d’analyse fiable, il peut démontrer que la substance interdite est d’origine exogène. Si le résultat de laboratoire n’est pas concluant et qu’aucune concentration décrite au paragraphe ci-dessus n’est mesurée, l’organisation antidopage responsable effectura une investigation plus approfondie, comme la comparaison avec des profils stéroïdiens de référence, s’il existe de sérieuses indications d’un possible usage d’une substance interdite. Si le laboratoire a rendu un rapport testostérone (T) sur épitestostérone (E) supérieur à six (6) pour un (1) dans l’urine, une telle investigation complémentaire est obligatoire afin de déterminer si le rapport est dû à un état physiologique ou pathologique. Dans les deux cas, cette investigation comprendra un examen de tous les contrôles antérieurs, des contrôles subséquents et/ou des résultats d’études endocriniennes. Si les contrôles antérieurs ne sont pas disponibles, le sportif devra se soumettre à une étude endocrinienne ou à un contrôle inopiné au moins trois fois pendant une période de trois mois. Le refus du dportif de collaborer aux examens complémentaires impliquera de considérer son échantillon comme contenant une substance interdite. 2. autres agents anabolisants clenbutérol zéranol S5. hormones peptidiques. Les substances qui suivent sont interdites, y compris leurs mimétiques*, analogues #,et facteurs de libération : Erythropoïétine (EPO) Hormone de croissance (GH) et facteur de croissance analogue à l’insuline (IGF-1) Hormone gonadotrophine chorionique (HCG)** Gonadotrophines hypophysaires et synthétiques** Insuline Corticotrophines ** interdite chez le sportif de sexe masculin seulement * un « mimétique » désigne une substance qui a un effet pharmacologique similaire à celui d’une autre substance, sans égard au fait qu’elle a une structure chimique différente. 126 # un « analogue » désigne une substance issue de la modification ou de l’altération de la structure chimique d’une autre substance tout en conservant un effet pharmacologique similaire. A moins que le sportif puisse démontrer que la concentration d’une substance interdite (selon la liste ci-dessus) était dûe à un état physiologique ou pathologique, un échantillon sera considéré comme contenant cette substance interdite si la concentration de la substance interdite ou de ses métabolites ou de ses marqueurs diagnostiques et/ou tout autre rapport pertinent dans l’échantillon du sportif s’écarte suffisamment des valeurs normales trouvées chez l’homme pour ne pas correspondre à une production endogène normale. En outre, la présence d’analogues, mimétiques, marqueur(s) diagnostique(s) ou facteurs de libération d’une hormone apparaissant dans la liste ci-dessus, ou de tout autre résultat indiquant que la substance détectée n’est pas une hormone présente de façon naturelle, sera rapprochée comme un résultat d’analyse anormal. S6. Béta-2 agonistes Les béta-2 agonistes, y compris leurs isomères D- et L-, sont interdits. Cependant, le formotérol, le salbutamol, le salmétérol et la terbutaline sont permis par inhalation seulement pour traiter l’asthme, l’asthme d’effort ou l’hyperréactivité bronchique. Une notification médicale, conformément aux règles pour l’autorisation d’usage à des fins thérapeutiques, est requise. Même si une autorisation d’usage à des fins thérapeutiques est accordée, si le laboratoire a rapporté une concentration de salbutamol (libre plus glucuronide) supérieure à 1000 ng/ml, ce résultat sera considéré comme un résultat d’analyse anormal jusqu’à ce que le sportif prouve que ce résultat anormal est consécutif à l’usage thérapeutique de salbutamol par voie inhalée. S7. Agents avec activité anti-œstrogène Les inhibiteurs d’aromatase sont interdits chez les sportifs de sexe masculin seulement. Cyclofénil Tamoxifène Clomifène S8. agents masquants Les agents masquants sont interdits. Ces produits ont le potentiel d’interférer avec l’excrétion des substances interdites, de dissimuler leur présence dans l’urine ou les autres échantillons 127 utilisés pour contrôler le dopage, ou encore de modifier les paramètres hématologiques. Les agents masquants incluent, saans s’y limiter : - diurétiques * - épitestostérone - probénécide - succédanés de plasma comme par exemple le dextran, hydroxyéthylamidon (HES) • une autorisation médicale, conformément aux règles pour l’AUT est invalide si l’échantillon d’urine du sportif contient un diurétique détecté en association avec des substances interdites à leurs niveaux seuils ou en dessus de leurs niveaux seuils. Les diurétiques incluent : Acétazolamide canrénone furosémide mersalyl Amiloride chlorothiazide hydrochlorthiazide spironolactone Bendrofluméthiazide chlortalidone indapamide triamtérène Bumétanide acide étacrynique Et autre substances possédant une structure chimique similaire ou des effets pharmacologiques similaires. S9. glucocorticoïdes Les glucocorticoïdes sont interdits lorsqu’ils sont administrés par voie orale, rectale, intraveineuse ou intramusculaire. Toute autre voie d’administration nécessite une notification médicale, conformément aux règles pour l’autorisation d’usage à des fins thérapeutiques. Méthodes interdites M1. amélioration du transfert d’oxygène. Ce qui est interdit : a. dopage sanguin. C’est l’utilisation de produits sanguins autologues, homologues ou hétérologues ou de globules rouges de toute origine, dans un autre but que pour un traitement médical justifié. 128 b. L’usage de produits qui améliorent la consommation, le transport ou la libération de l’oxygène, comme les EPO, les produits d’hémoglobine, les produits à base d’hémoglogines réticulées, les produits chimiques perfluorés et l’éfaproxiral (RSR13). M2. Manipulation pharmacologique, chimique et physique. La manipulation pharmacologique, chimique et physique correspond à l’emploi de substances et de méthodes, incluant les agents masquants, qui altèrent, visent à altérer ou sont susceptibles d’altérer l’intégrité et la validité des spécimens recueillis lors des contrôles du dopage. Cette catégorie comprend, sans s’y limiter, la cathétérisation, la substitution et/ou l’altération de l’urine, l’inhibition de l’excrétion rénale et l’altération des concentrations de testostérone et d’épitestostérone. M3. Dopage génétique. Le dopage génétique ou cellulaire se définit comme l’usage non thérapeutique de gènes, d’éléments génétiques et/ou de cellules ayant la capacité d’améliorer la performance sportive. Subtances et méthodes interdites en et hors compétition Substances interdites. Toutes les catégories indiquées ci-dessous font référence à toutes les sunstances et méthodes indiquées dans la section correspondante. S4 agents anabolisants S5 hormones peptidiques S6 béta-2 agonistes* S7 agents avec activité anti-oestrogènes S8 agents masquants * uniquement le salbutamol dont la concentration dans l’urine est supérieure à 1000 ng/ml Méthodes interdites M1. amélioration du transfert d’oxygène M2. manipulation pharmacologique, chimique et physique. M3. dopage génétique 129 Substances interdites dans certains sports. P1. alcool L’alcool (éthanol) est interdit en compétition seulement, dans les sports suivants. La détection sera effectuée par test respiratoire et/ou dosage sanguin. Le seuil de violation (en g/L) est indiqué en face. Si aucune valeur n’est indiquée, la présence de la moindre quantité d’alcool constituera une violation des règles antidopage. Sports aéronautiques (FAI) 0.20 Karaté (WFK) 0.40 Automobilisme (FIA) Pentathlon moderne (UIPM) 0.10 Billard (WCBS) Motocyclisme (FIM) Tir à l’arc (FITA) 0.10 Lutte (FILA) Boules (CMSB) 0.05 Roller sport (FIRS) Football (FIFA) Gymnastique (FIG) 0.02 Ski (FIS) 0.10 triathlon (ITU) 0.40 P2. béta-bloquants A moins d’indication contraire, les bêta-bloquants sont interdits, en compétition seulement, dans les sports suivants :sports aéronautiques (FIA), automobilisme (FIA), billard (WCBS), bobsleigh (FIBT), Boules (CMSB), Bridge (FMB), Curling (WCF), Echecs (FIDE), Football (FIFA), Gymnastique (FIG), Lutte (FILA), Motocyclisme (FIM), Natation (FINA) [plongeon et natation synchronisée], Pentathlon moderne (UIMP) [pour la discipline du pentathlon moderne], Quilles (FIQ), Ski (FIS) [saut à skis et snowboard freestyle], Tir (ISSF) [aussi interdits hors compétition], Tir à l’arc (FITA) [aussi interdits hors compétition], voile (ISAF) [barreurs seulement]. Les bêta-bloquants incluent, sans s’y limiter : Acébutolol Bunolol Labétolol Oxprénolol Alprénolol Cartéolol Lévobunolol Pindolol Aténolol Carvédilol Métipranolol Propanolol Bétaxolol Céliprolol Métoprolol Sotalol Bisoprolol Esmolol Nadolol Timolol P3. diurétiques 130 Les diurétiques sont interdits en et hors compétition comme agents masquants. Cependant, dans les sports ci-dessous catégorisés par le poids et dans les sports où une perte de poids peut améliorer la performance, aucune autorisation médicale, conformément aux règles pour l’AUT ne peut être accordée pour l’utilisation de diurétiques : Aviron (poids léger) (FISA), Boby-building (IFBB), Boxe (AIBA), Haltérophilie (IWF), Judo (IJF), Karaté (WKF), Lutte (FILA), Powerlifting (IPF), Ski (FIS) [saut à ski seulement], Taekwondo (WTF), Wushu (IWUF). Substances spécifiques Les « substances spécifiques » suivantes sont soit particulièrement susceptibles d’entraîner une violation non intentionnelle des règles antidopage compte tenu de leur présence fréquente dans des médicaments, soit moins susceptibles d’être utilisées avec succès comme agents dopants. Une violation des règles antidopage portant sur ces substances peut se traduire par une sanction réduite, s’il est établi qu’une telle substance n’a pas été utilisée dans l’intention d’améliorer la performance sportive. Les « substances spécifiques » sont : - stimulants :éphédrine, L-Méthylamphétamine, Méthyléphédrine - cannabinoïdes - bêta-2 agonistes par inhalation (excepté le clenbutérol) - diurétiques (ne s’applique pas à la section P3) - agents masquants : probénécide - glucocorticoïdes - alcool - bêta-bloquants Programme de surveillance 2004 Les substances ci-dessous ne sont pas interdites, mais elles sont analysées en compétition lors du programme de surveillance 2004 : caféine, phényléphrine, phénylpropanolamine, pipradol, pseudoéphédrine, synéphrine et le rapport morphine / codéine. Précautions lors de prise de médicaments. Refroidissements 131 Les médicaments pris en cas de refroidissement peuvent contenir des stimulants, telles l’éphédrine, la méthyléphédrine ou la cathine. Pour cette raison, ils sont interdits lors de compétitions. Des concentrations urinaires dépassant les valeurs limites établies valent pour une infraction. On se tiendra à la règle suivante : ces médicaments utilisés selon prescription (cf notice d’emballage) doivent être arrêtés au moins 48 heures avant une compétition. Si le traitement doit être poursuivi, on passera à des médicaments ne contenant aucun stimulant. On pourra consulter un spécialiste, ou la liste des médicaments autorisés pour les maladies courantes. Dispositions sur l’autorisation de médicaments à des fins thérapeutiques Le standard international pour l’autorisation d’usage à des fins thérapeutiques AUT prévoit d’harmoniser le processus d’octroi d’une autorisation pour l’utilisation de médicaments interdits à des fins thérapeutiques. Dans les cas exceptionnels où un traitement médical est indispensable et si aucune alternative thérapeutique n’est envisageable, on peut formuler une demande pour l’utilisation d’une substance ou méthode interdite. Le médecin traitant peut adresser au bureau de la comission de lutte contre le dopage cpld en France !! 1. bêta-2 agonistes selon la liste des substances interdites le formotérol, le salmétérol, le salbutamol et la tebutaline sont admis en inhalation. Leur utilisation doit impérativement être annoncée. Cette annonce doit être faite au bureau de la cpld par un médecin autorisé de pratique, sur la formule officielle pour l’autorisation d’usage à des fins thérapeutiques AUT (processus abrégé). Les données spirométriques et pneumologiques qui ont permis de poser le diagnostic ne doivent plus être jointes au certificat mais elles peuvent être exigées au besoin par la cld pour les vérifier. L’athlète doit conserver une copie du certificat d’annonce dûment rempli. Le certificat est valable pour une année, les résultats spirométriques le sont pour trois ans. Un traitement de bêta-2 agonistes qui ne dépasse pas trois mois doit être annoncé sur la formule officielle de certificat, mais elle ne nécessite pas de spirométrie. Attention : l’utilisation excessive de salbutamol avant, pendant et après une compétition peut amener à dépasser la valeur limite de 1 µg/L ! 132 2. Glucocorticoïdes L’utilisation systémique de glucocorticoïdes est interdite en compétion. L’usage locale, topique et intraarticulaire est autorisé mais doit être annoncé au bureau de la cld sur la formule officielle pour l’autorisation d’usage à des fins thérapeutiques AUT (processus abrégé). Directives pour l’utilisation de méthylphénidate (Ritaline®) Le méthylphénidate fait parti de la liste des substances interdites (groupe des stimulants). Ceci implique son interdiction pendant les compétitions, cette disposition étant aussi valable pour les jeunes traités à la ritaline® pour des troubles déficitaires de l’attention ou patients atteints de narcolepsie (en deuxième intention). Pour cette raison, les sportifs traités par ce médicament devront l’arrêter au moins 48h avant toute compétition. Selon l’avis de spécialistes compétents, cette interruption de traitement n’exerce pas d’influence négative sur le succès du traitement. D’autres pays pratiques également de même Outre la liste des substances dopantes, le Standard international pour l’autorisation d’usage à des fins thérapeutiques (AUT) est particulièrement important pour l’encadrement des athlètes. Le but de ce Standard est d’harmoniser la procédure d’octroi d’une autorisation exceptionnelle d’utiliser des médicaments interdits à des fins thérapeutiques dans tous les sports et dans tous les pays. Dans des cas exceptionnels, où aucune thérapie alternative n’est envisageable, il est possible de formuler une demande pour l’utilisation d’une substance ou méthode interdite. Cette demande doit être adressée, sur formule officielle, au bureau de la commission de prévention et de lutte contre le dopage (CPLD). Le sportif doit soumettre une demande d’AUT au moins 21 jours avant de participer à une compétition. Les formulaires sont les suivants : Formulaire de processus abrégé (pour béta-2 agonistes par inhalation et glucocorticoïdes par des voies non systémiques) L’autorisation d’usage entre en vigueur dès la réception d’une notification complète par le CAUT. Formulaire de demande standard 133 Le CAUT formé par les 3 médecins va décider sur la demande. La décision sera transmise par écrit au sportif. Annexe 3 Standard international pour l’autorisation d’usage à des fins thérapeutiques Préambule Les standards internationaux du code mondial antidopage pour l’autorisation d’usage à des fins thérapeutiques (AUT) sont des standards internationaux obligatoires de niveau 2, faisant partie intégrante du programme mondial antidopage. Le développement de ces standards internationaux pour l’autorisation d’usage à des fins thérapeutiques (AUT) est basée sur une analyse des différents protocoles et procédures utilisées par les fédérations internationales, le CIO, les organisations nationales antidopage, et des sections afférentes de la version révisée des standards internationaux de contrôle (SIC). Au sein de l’AMA, un vaste groupe d’experts a analysé, discuté et préparé le document. La première version (1.0) du standard international AUT a été distribué à tous les signataires et gouvernements en novembre 2002 dans le but d’obtenir leur révision et leurs commentaires. La version préliminaire 2.0 a été basée sur les commentaires et propositions reçus des signataires et des gouvernements. La version préliminaire 2.1 a été basée sur les commentaires reçus sur la version 2.0 et intégrait certains principes discutés au cours du processus de rédaction préliminaire des standards internationaux pour la liste des interdictions 2004 134 Tous les signataires et gouvernements ont été consultés et ont eu la possibilité de réviser et commenter la version 2.3. Des révisions ont été effectuées sur la base de ces analyses et commentaires. Le standard international AUT a été soumis à l’approbation du comité éxécutif de l’AMA en septembre 2003. Cette version officielle sera tenue à jour par l’AMA et publiée en français et en anglais. En cas de conflit d’interprétation entre les versions française et anglaise du standard, la version anglaise fera autorité. Le Standard international AUT finalisé entrera en vigueur le 1er janvier 2004. Première partie :introduction, dispositions du code et définitions 1.0 Introduction et portée 2.0 Dispositions du code 3.0 Termes et définitions 3.1 termes définis dans le code 3.2 termes définis dans les standards internationaux pour l’AUT deuxième partie :standard pour l’autorisation d’usage à des fins thérapeutiques 4.0 Critères d’autorisation d’usage à des fins thérapeutiques 5.0 Confidentialité de l’information 6.0 Comités pour l’autorisation d’usage à des fins thérapeutiques (CAUT) 7.0 Processus de demande d’AUT 8.0 Processus abrégé de demande d’AUT Première partie :introduction, dispositions du code et définitions 1.0 Introduction et portée 135 Le but du standard international AUT est de garantir l’harmonisation dans tous les sports et dans tous les pays des procédures suivies pour accorder une autorisation d’utilisation de substances à des fins thérapeutiques. Le code autorise les sportifs et leurs médecins à demander une autorisation d’usage à des fins thérapeutiques, des substances ou méthodes contenues dans la liste des substances et méthodes interdites dont l’usage est normalement interdit. Le standard international AUT comprend des critères d’autorisation, de confidentialité de l’information, des création des comités d’autorisation d’usage à des fins thérapeutiques, et la procédure de demande d’AUT. Ce standard s’applique à tous les sportifs tels que définis par le code et assujettis à celui-ci, y compris les sportifs handicapés. Le programme modial antidopage comprend tous les éléments nécessaires à l’harmonisation optimale des programmes et des bonnes pratiques antidopage aux niveaux national et international. Les éléments principaux sont les suivants :le code (niveau 1), les standards internationaux (niveau 2) et les modèles de bonnes pratiques (niveau 3). Dans l’introduction du code, le but et la mise en place des standards internationaux sont présentés comme suit : « Les standards internationaux pour les différents volets techniques et opérationnels du programme mondial antidopage seront élaborés en consultation avec les signataires et les gouvernements et approuvés par l’AMA. Ces standards visent à assurer une harmonisation entre les organisations antidopage responsables de parties techniques et opérationnelles spécifiques des programmes antidopage. Le respect des standards est obligatoire pour l’observance du code. Le comité exécutif de l’AMA pourra réviser en temps opportun les standards à l’issue de consultations suffisantes avec les signataires et les gouvernements. A moins de dispositions contraires dans le code, les standardsinternationaux et toute mise à jour entrent en vigueur à la date précisée dans les standards internationaux ou la mise à jour. » 136 L’observance des standards internationaux (par oppsition à toute autre norme, pratique ou procédure) devra suffire pour conclure que les procédures couvertes par les standards internationaux ont été correctement éxécutées. Les définitions spécifiées dans le code sont écrites en italique. 2.0 dispositions du code les articles du code ci-dessous se rapportent directement aux standards internationaux pour l’autorisation d’usage à des fins thérapeutiques. Article 4.4 du code - usage à des fins thérapeutiques L’AMA adoptera un standard international sur la procédure à suivre en vue des autorisations accordées pour usage à des fins thérapeutiques. Chaque fédération internationale devra s’assurer qu’une procédure d’autorisation d’usage à des fins thérapeutiques est mise en place pour les sportifs de niveau international, ou les autres sportifs inscrits dans une manifestation internationale, devant avoir recours à une substance ou m éthode interdite sur la base d’un dossier médical documenté. Chaque organisation nationale devra s’assurer qu’une procédure d’autorisation d’usage à des fins thérapeutiques est mise en place pour les sportifs de niveau non international et relevant de son autorité, devant avoir recours à une substance ou méthode interdite sur la base d’un dossier médical documenté. De telles demandes seront évaluées en accord avec les standards internationaux pour l’autorisation d’usage à des fins thérapeutiques. Les fédérations internationales et les organisations nationales antidopage devront rapporter promptement à l’AMA les autorisations accordées pour usage à des fins thérapeutiques à tout sportif de niveau international ou tout sportif de niveau national onclus dans son groupe cible de sportifs soumis aux contrôles. L’AMA pourra de sa propre intiative revoir une autorisation d’usage à des fins thérapeutiques accordée à tout sportif de niveau international ou de niveau national inclus dans le groupe cible de sportifs soumis par son organisation nationale antidopage aux contrôles. De plus, à la demande d’un sportif qui s’est vu refuser une autorisation d’usage à des fins thérapeutiques, l’AMA pourra reconsidérer ce refus. L’AMA pourra renverser une décision lorsqu’elle 137 considère que l’accord ou le refus d’une autorisation à des fins thérapeutiques n’est pas conforme aux standards internationaux pour l’autorisation d’usage à des fins thérapeutiques. Article 13.3 du code - appels de décisions portant sur l’autorisation ou le refus d’usage à des fins thérapeutiques. Seul le sportif ou l’organisation nationale antidopage peut faire appel devant le TAS des décisions de l’AMA renversant une autorisation ou un refus d’usage à des fins thérapeutiques. Les décisions de refus d’usage à des fins thérapeutiques prises par des organisations nationales antidopage autres que l’AMA et qui ne sont pas renversées par l’AMA peuvent faire l’objet d’un appel devant le TAS par les sportifs de niveau international et devant l’instance nationale d’appel décrite à l’article 13.2.2 dans le cas de sportifs de niveau national. Lorsqu’une instance nationale d’appel renverse la décision de refus d’usage à des fins thérapeutiques, l’AMA pourra faire appel de cette décision devant le TAS. Article 14.5 du code - centre d’information en matière de contrôle………. article 15.4 du code - reconnaissance mutuelle sous réserve du droit d’appel prévu à l’article 13, les contrôles, les autorisations pour usage à des fins thérapeutiques, les décisions des auditions et toute autre décision finale rendue par un signataire seront reconnus et respectés par tous les autres signataires, dans la mesure où ils sont conformes au code et relèvent du champ de compétences dudit signataire. Les signataires auront la possibilité de reconnaître les mesures prises par d’autres organismes qui n’ont pas accepté le code, si les règles de ces organismes sont compatibles avec le code. 3.0 termes et définitions 3.1 termes définis dans le code AMA : agence mondiale antidopage. Code : code mondial antidopage Contrôle du dopage : processus englobant la planifacation des contrôles, la collecte des échantillons et leur manipulation, l’analyse en laboratoire, la gestion des résultats, les auditions et les appels. 138 Contrôle : partie du processus de contrôle du dopage comprenant la planification des contrôles, la collecte des échantillons, la manipulation des échantillons et leur transport au laboratoire. En compétition : dans le but de différencier en compétition et hors compétition, et à moins d’une disposition contraire à cet effet dans les règlements de la fédération internationale ou de l’organisation antidopage concernée, un contrôle en compétition est un contrôle où le sportif est sélectionné dans le cadre de la dite compétition. Groupe cible de sportifs soumis à des contrôles : groupe de sportifs de haut niveau identifiés par chaque fédération internationale ou organisation nationale antidopage qui sont assujettis à la fois à des contrôles en compétition et hors compétition dans le cadre de la planification des contrôles de la fédération internationale ou de l’organisation en question. Hors compétition : tout contrôle du dopage qui n’a pas lieu en compétition. Liste des interdictions : liste identifiant les substances et méthodes interdites. Manifestation : série de compétitions individuelles se déroulant sous l’égide d’un organisme responsable (par exemple les JO, les championnats du monde de la FINA, ou les Jeux Panaméricains). Méthode interdite : toute méthode décrite dans la liste des interdictions. Organisation antidopage :signataire responsable de l’adoption de règles relatives au processus de contrôle du dopage, de son initiation, de sa mise en œuvre ou de l’application de tout volet de ce processus. Cela comprend par exemple le Comité International Olympique, le Comité International paralympique, d’autres organisations responsables de grands évènements sportifs qui effectuent des contrôles lors de manifestations sous leur reponsabilité, l’AMA, les fédérations internaionales et les organisations nationales antidopage. Organisation nationale antidopage :la ou les entités désignées par chaque pays comme autorité principale responsable de l’adoption et de la mise en œuvre des règlements antidopage, du prélèvement des échantillons, de la gestion des résultats, et de la tenue des auditions, au plan national. Si la désignation n’a pas été faite par l’autorité par l’autorité 139 publique compétente, cette entité sera le comité national alympique du pays ou son représentant. Signataires :les entités qui ont signé le code et s’engagent à le respecter, comprenant le CIO, les fédérations internationales, le Comité International paralympique, les comités nationaux olympiques, les comités nationaux paralypiques, les organisations responsables de grands évènements sportifs, les organisations nationales antidopage, et l’AMA. Sportif : aux fins du contrôle antidopage, toute personne qui participe à un sport au niveau international (au sens où l’entend chacune des fédérations internationales) ou au niveau national (au sens où l’entend une organisation nationale antidopage) et toute autre personne qui participe à un sport à un niveau inférieur et désignée par l’organisation nationale antidopage compétente. Aux fins d’information et d’éducation, toute personne qui participe à un sport et qui relève d’un signataire, d’un gouvernement ou d’une autre organisation sportive qui respecte le code. Sportif de niveau international : sprotifs désignés par une ou plusieurs fédérations internationales comme faisant partie du groupe cible soumis aux contrôles. Standards internationaux : standards adoptés par l’AMA en lien avec le code. Le respect des standards internationaux (par opposition à d’autres standards, pratiques ou procédures) suffira pour conclure que les procédures envisagées dans les standards internationaux sont correctement exécutées. Substance interdite : toute substance décrite dans la liste des interdictions. 3.2 termes définis dans les standards internationaux AUT thérapeutique : faisant partie du, ou en relation avec le traitement d’un état pathologique au moyen d’agents ou méthodes curatifs ;ou offrant ou assistant un traitement. AUT : autorisation d’utilisation à des fins thérapeutiques. 140 CAUT : le comité pour l’AUT est le groupe d’experts nommés par l’organisation antidopage compétente. CAUT de l’AMA : le comité de l’AMA pour l’AUT est le groupe d’experts désignés par l’AMA. Deuxième partie : standards pour l’autorisation d’usage à des fins thérapeutiques 4.0 Critères d’autorisation d’usage à des fins thérapeutiques. Une autorisation d’usage à des fins thérapeutiques (AUT) peut être accordée à un sportif pour qu’il puisse utiliser une substance ou méthode interdite telle que définie dans la liste des interdictions. Une demande d’AUT sera étudiée par un comité pour l’autorisation d’usage à des fins thérapeutiques (CAUT). Le CAUT sera nommé par une organisation antidopage. Une autorisation sera accordée uniquement en accord rigoureux avec critères suivants : Commentaires :ce standard s’applique à tous les sportifs tels que définis par le code et assujetttis à celui-ci, y compris les sportifs handicapés. Le présent standard sera appliqué selon les conditions individuelles. Par exemple, une autorisation justifiée pour sportif handicapé peut ne pas l’être pour d’autres sportifs. 4.1 Le sportif devrait soumettre une demande d’AUT au moins 21 jours avant de participer à une manifestation. 4.2 Le sportif subirait un préjudice de santé significatif si la substance ou méthode interdite n’était pas administrée dans le cadre de la prise en charge d’un état pathologique aigu ou chronique. 4.3 L’usage thérapeutique de la substance ou de la méthode ne devra produire aucune amélioration de la performance autre que celle attribuable au retour à un état de santé normal après le traitement d’un état pathologique avéré. L’usage de toute substance ou méthode interdite pour augmenter les niveaux naturellement bas d’hormones endogènes n’est pas considéré comme une intervention thérapeutique acceptable. 4.4 Il ne doit pas exister d’alternative thérapeutique autorisée pouvant se substituer à la substance ou à la méthode normalement interdite. 141 4.5 La nécessité d’utiliser la substance ou méthode normalement interdite ne doit pas être une conséquence partielle ou totale de l’utilisation antérieure non thérapeutique de substances de la liste des interdictions. 4.6 L’AUT sera annulée par l’organisation l’ayant accordée si : a. Le sportif ne se conforme pas promptement à toute demande ou condition imposée par l’organisation antidopage ayant accordé l’autorisation. b. La période d’autorisation d’usage à des fins thérapeutiques a expiré. c. Le sportif est informé que l’AUT a été annulée par l’organisation antidopage. Commentaire :Chaque AUT aura une durée précise définie par le CAUT. Il est possible qu’une AUT ait expiré ou ait été annulée et que la substance interdite couverte par l’AUT soit toujours présente dans l’organisme du sportif. Dans de tels cas, l’organisation antidopage qui procède à une enquète sur le résultat anormal tentera de déterminer si le résultat est compatible avec la date d’expiration ou d’annulation de l’AUT. 4.7 Une demande d’AUT ne saurait être autorisée rétropectivement, à l’exception des cas suiivants : - Urgence médicale ou traitement d’une condition pathologique aiguë, ou - Si en raison de circonstances exceptionnelles, il n’y a pas eu suffisamment de temps ou de possibilités pour le demandeur de soumettre, ou pour le CAUT d’étudier, une demande avant le contrôle du dopage. Commentaires : les urgences médicales ou les conditions pathologiques aiguës exigeant l’administration d’une substance normalement interdite avant qu’une demande d’AUT puisse être faite sont rares. De même, les circonstances exigeant une étude rapide d’une demande d’AUT à cause de compétitions immnentes sont peu fréquentes. Les organisations antidopage qui délivrent les AUT devraient disposer de procédures internes qui permettent de faire face à de telles situations. 5.0 Confidentialité de l’information 142 5.1 Le demandeur doit donner sa permission écrite de transmettre tous les renseignements se rapportant à la demande aux membres du CAUT et, s’il y a lieu, à d’autres experts médicaux et scientifiques indépendants, ou au personnel impliqué dans la gestion, la révision ou les procédures d’appel des AUT. S’il est nécessaire de faire appel à des experts indépendants, tous les détails de la demande leur seront transmis, sans identifier le sportif concerné. Le sportif demandeur doit aussi donner son consentement par écrit pour permettre aux memebres du CAUT de communiquer leurs conclusions aux autres organisations antidopage concernées, en vertu du code. 5.2 les membres des CAUT et l’administration de l’organisation antidopage concernée mèneront toutes leurs activités en toute confidentialuté. Tous les membres d’un CAUT et tout le personnel impliqué signeront une clause de confidentialité. En particulier, les renseignements suivants seront strictement confidentiels : - Tous les renseignements ou données médicales fournis par le sportif et par son médecin traitant. - Tous les détails de la demande, y compris le nom du médecin impliqué dans le processus. Si un sportif s’oppse aux demandes du CAUT ou du CAUT de l’AMA d’obtenir tout renseignement de santé en son nom, le sportif doit en aviser son médecin traitant par écrit. En conséquence d’une telle décision, le sportif n’obtiendra pas d’approbation ou de renouvellement d’une AUT. 6.0 Comités pour l’autorisation d’usage à des fins thérapeutiques (CAUT) Les CAUT seront constitués et agiront en conformité avec les directives suivantes : 6.1 les CAUT doivent comprendre aumoins trois médecins possédant une expérience dans les soins et le traitement des sportifs, ainsi qu’une solide connaissance et une pratique de la médecine clinique et sportive. Afin d’assurer l’indépendance des décisions, une majorité des membres ne devrait pas avoir de resposabilités officielles dans l’organisation antidopage du CAUT. Tous les membres d’un 143 CAUT devront signer une déclaration de non-conflit d’intérêt. Dans les demandes d’AUT impliquant des sportifs handicapés, au moins un des membres du CAUT devra avoir une expérience spécifique dans les soins aux sportifs handicapés. 6.2 Les membres d’un CAUT peuvent demander l’avis d’experts médicaux ou scientifiques qu’ils jugent appropriés dans l’analyse de l’argumentaire de toute demande d’AUT 6.3 Le CAUT de l’AMA sera formé selon les critères prévus à l’article 6.1. Le CAUT de l’AMA est établi afin de réexaminer, de sa propre initiative, les décisions des organisations antidopage. Sur demande de tout sportif à qui une AUT a été refusée, le CAUT de l’AMA réexaminera cette décision, avec l’autorité de la renverser en vertu de l’article 4.4 du code. 7.0 Processus de demande d’autorisation d’usage à des fins thérapeutiques 7.1 Une AUT ne sera considérée qu’après réception d’un formulaire de demande dûment complété qui doit inclur tous les documents connexes (voir l’annexe ??? – formulaire d’AUT). Le processus de demande doit être traité en respectant strictement les principes de la confidentialité médicale. 7.2 Le ou les formulaires de demande d’AUT de l’annexe ??? peuvent être modifiées par les organisations antidopage de façon à inclure des exigences additionnelles à des fins de renssignement, mais aucune section ou article ne doit être retiré de l’annexe 7.3 Le ou les formulaires d’AUT peuvent être traduits dans d’autres langues par les organisations antidopage, mais l’anglais ou le français doit demeurer sur le ou les formulaires. 7.4 Un sportif ne peut soumettre une demande d’AUT à plus d’une organisation antidopage. La demande doit identifier le sport du sportif et, le cas échéant, sa dicipline et sa position ou son rôle particulier. 7.5 La demande doit inclure toute demande en cours et/ou antérieure d’autorisation d’utiliser une substance ou une méthode normalement interdite, l’organisme auprès duquel la dite demande a été faite, et la décision de cet organisme. 7.6 La demande doit inclure un historique médical clair et détaillé comprenant les résultats de tout examen, analyse de laboratoire ou études par imagerie, liés à la demande. 144 7.7 Tous les examens complémentaires et pertinents, recherches supplémentaires ou études par imagerie, demandés par l’organisation antidopage seront effectués aux frais du demandeur ou de son organisme national responsable. 7.8 La demande doit inclure une attestation d’un médecin traitant qualifié confirmant la nécessité de la substance ou méthode interdite dans le traitement d’un sportif et décrivant pourquoi une alternative autorisée ne peut pas ou ne pourrait pas être utilisée dans le traitement de son état. 7.9 La posologie, la fréquence, la voie et la durée d’administration de la substance normalement interdite devront être spécifiées. 7.10 Les décisions du CAUT seront transmises par écrit au sportif par l’organisation antidopage concernée. Lorsqu’une AUT a été accordée à un sportif et l’AMA recevront promptement un certificat d’approbation incluant les renseignements concernant la durée de l’autorisation et touts les conditions associées à cette AUT. 7.11 a. A réception d’une demande de réexamen de la part d’un sportif, le CAUT de l’AMA aura l’autorité, tel que spécifié dans l’article 4.4 du code, de renverser une décision concernant une AUT accordée par une organisation antidopage. Le sportif fournira au CAUT de l’AMA tous les renseignements présentés lors de la demande d’AUT soumise initialement à l’organisation antidopage, et s’affranchira auprès de l’AMA de la somme forfaitaire requise. Tant que le processus de révision n’est pas achevé, la décision initiale reste en vigueur. Le processus ne devrait pas prendre plus de 30 jours suivant le réception des renseignements par l’AMA. l’AMA peut initier un réexamen en tout temps. Le CAUT de l’AMA devra finaliser sa révision dans les 30 jours. 7.12 Si la décision concernant l’octroi d’une AUT est renversée suite au réexamen, ce changement n’aura pas d’effet rétroactif et n’annulera pas les résultats du sportif au cours de la période durant laquelle l’AUT était accordée, et cette décision entrera en vigueur au plus tard 14 jours après que le sportif aura été notifié de celle-ci. 8.0 Processus abrégé de demande d’autorisation d’usage à des fins thérapeutiques : 8.1 Il est reconnu que certaines substances faisant partie de la liste des substances interdites sont utilisées pour traiter des états pathologiques courants rencontrés fréquemment au sein de la population sportive. Dans de tels cas, une demande 145 détaillée telle que décrite à la section 4 et à la section 7 n’est pas requise. Par conséquent, un processus abrégé de demande d’AUT est établi. 8.2 Les substances et méthodes interdites pouvant faire l’objet du processus abrégé sont strictement limitées aux béta-2 agonistes (formotérol, salbutamol, salmétérol et terbutaline) par inhalation, et aux glucocorticoïdes par des voies non systémiques. 8.3 Pour obtenir l’autorisation d’usage de l’une des substances ci-dessus, le sportif doit fournir à l’organisation antidopage une notification médicale justifiant la nécessité thérapeutique. Cette notification médicale, telle que décrite à l’annexe 2 ???, doit indiquer le nom du médicament , la posologie, la voie d’administration et la durée du traitement. Le diagnostic et, le cas échéant, les examens pratiqués pour établir le diagnostic doivent être inclus (sans indiquer les résultats ni les détails). 8.4 Le processus abrégé implique ce qui suit : - L’autorisation d’usage de substances interdites soumise au processus abrégé entre en vigueur dès la réception d’une notification complète par l’organisation antidopage. Les notifications incomplètes seront retournées au demandeur. - L’organisation antidopage informera rapidement les fédérations internationale et nationale du sportif, ainsi que l’organisation nationale antidopage (si nécessaire) et l’AMA, à réception de la notification. - Une notification d’AUT ne saurait être autorisée rétrospectivement, à l’exception des cas suivants : - urgence médicale ou traitement d’une condition pathologique aiguë, ou - si en raison de circonstances exceptionnelles, il n’y a pas eu suffisamment de temps ou de possibilités pour le demandeur de soumettre, ou pour le CAUT d’étudier, une demande avant le contrôle du dopage. 8.5 a. Un réexamen par le CAUT ou par celui de l’AMA peut être initié à tout moment durant la validité d’une AUT b. Si le sportif demande un réexamen du refus d’une AUT, le CAUT de l’AMA pourra demander au sportif de fournir des rensignements médicaux additionnels au besoin, aux frais du sportif. 146 8.6 Une AUT peut être annulée par le CAUT ou celui de l’AMA en tout temps. Le sportif, sa fédération internationale et toute organisation antidopage concernée en seront avisée immédiatement. 8.7 L’annulation prendra effet dès que le sportif aura été informé de la décision. Toutefois, le sportif pourra soumettre une demande d’AUT selon les modalités de la section 7. Abréviations : ama, cnpld…en index 147