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47e Assemblée générale de Gaznat SA, 12 juin 2015 Extrait du discours du Président, Philippe Petitpierre Les enjeux de la recherche de gaz A la lumière des récentes informations que l’on trouve sur les projets de recherche de gaz en Suisse, nous avons le sentiment que les positions marquées de certains opposants à ce type d’exploitation sont l’expression de craintes que nous comprenons en partie, mais qui proviennent certainement d’une méconnaissance des méthodes de forages utilisées sur notre territoire. Dès lors, il nous revient de démontrer que, face à une appréciation amplifiée des risques potentiels, jugés par les opposants comme non maîtrisés et non maîtrisables, il existe un certain nombre de réponses techniques et des procédures de travail visant à réduire ces risques à des niveaux acceptables, au même titre que nous le faisons pour de grands ouvrages comme des barrage hydroélectriques par exemple. Si nous devons nous employer à effectuer cette démonstration concernant la maîtrise des risques liés à nos activités de forage, c'est qu'il existe - et c'est bien là le centre de la discussion - un certain nombre d'enjeux énergétiques et géopolitiques, ci-après présentés à l'échelle du temps de nos activités, c'est-à-dire à 10 ans et plus, sachant que les sociétés de production et de transport d''énergie travaillent uniquement sur du très long terme pour le développement de leurs projets. Les ressources gazières en Europe En matière de ressources gazières, le continent européen dispose de gisements dont la production couvre aujourd'hui une part importante de la consommation, mais dont les quantités ne sont pas comparables à celles de la Russie, du Moyen-Orient, ou des Etats-Unis. A long terme, l'Europe doit donc trouver des solutions, ou élargir la base de ses fournisseurs si elle entend s'affranchir au moins partiellement de sa dépendance. La stratégie énergétique de la Suisse Les objectifs de la stratégie énergétique de la Suisse, définis par les autorités fédérales après la catastrophe de Fukushima en 2011, comprennent l'abandon du nucléaire et la diminution des énergies fossiles. Pour ne pas amoindrir la performance économique du pays, ces objectifs doivent être atteints par l'abaissement de la consommation et par une forte augmentation des énergies renouvelables. En ce qui concerne la substitution au nucléaire par le renouvelable, il est honnête de dire que cette transition fera toutefois face, par la nature des choses, à des limites à la fois physiques et économiques. Limites physiques parce que les quantités d'énergies renouvelables pourront difficilement égaler celles nécessaires à opérer la substitution aux agents que l'on souhaite voir remplacés. A titre d’exemple, la totalité de la production électrique à base de renouvelable dans notre pays, en dehors de l'hydraulique, atteignait à fin 2013 3,4% de la production totale de courant. Il faudrait en théorie porter ce chiffre à 40%, ce qui, malgré tous les efforts, paraît un défi inatteignable dans les 30 prochaines années. Les contraintes économiques sont également à prendre en considération, ceci en raison du fait que le renouvelable ne dispose pas encore de la taille critique pour être concurrentiel avec les énergies traditionnelles, et surtout parce que l'intermittence de la production de deux des énergies prioritairement concernées, le solaire et l'éolien, nécessite une capacité de production "traditionnelle" équivalente en puissance à la capacité des énergies renouvelables considérées. En conséquence, pour obtenir le même résultat énergétique, l'appareil de production doit être réalisé quasiment à double si l'on veut maintenir les performances actuelles, sans parler de la couverture supplémentaire liée à l'accroissement de la population. Pour limiter les coûts, il convient donc d'assurer une production au plus bas prix, et nous assistons depuis quelques années à un phénomène paradoxal chez certains de nos voisins, lesquels, après avoir investi à coup de subventions massives dans l'électricité éolienne, couvrent la fluctuation de leur production de courant par des centrales au charbon, dont les prix d'achat sont plus bas, mais dont les rejets de CO2 sont très importants. Le Congrès mondial du gaz qui s'est tenu la semaine dernière à Paris a d'ailleurs été l'occasion de relever la nécessité qu'il y a de trouver des moyens de substituer rapidement le gaz au charbon, puisque ce dernier est utilisé dans 50% de la production d'électricité sur la planète, et que de ce fait, l'importance de cette utilisation entrave les efforts entrepris pour diminuer les émissions de dioxyde de carbone. En ce qui concerne la Suisse, il est à parier que la question du choix de l'énergie de substitution se posera également avec l'abandon du nucléaire, non seulement pour doubler la production intermittente du solaire et de l'éolien, mais aussi pour compenser le manque inéluctable de courant issu de l'atome. Comme notre pays ne produit pas ou très peu d'électricité à base de centrales thermiques, il pourra certes avoir recours à des importations, mais celle-ci proviendront très probablement, ce serait un paradoxe, de centrales au charbon….. ou de centrales nucléaires implantées chez nos voisins de l'autre côté de la frontière. A moins que, mais les stratèges politiques ne le disent pas franchement, on n'en vienne à privilégier officiellement le gaz pour une production indigène. Le rôle du gaz naturel en Suisse demain… Sur la base de ces constats, et du rôle que peut jouer le gaz pour la production de courant et d'autres usages, ainsi que sur l'utilité de mener à bien l'inventaire des ressources gazières qui se trouvent dans notre sous-sol, les conclusions suivantes peuvent être tirées. Conclusion 1: Au cours des années à venir, l'économie gazière entend soutenir le développement du renouvelable. Plusieurs des partenaires de Gaznat ont d'ailleurs mis en activité des unités de production de biogaz ces dernières années, ou ont investi dans la pose de panneaux solaires, quand bien même, les chiffres le prouvent, la rentabilité de ces opérations est faible, voire nulle. L'industrie gazière transporte et fournit en Suisse depuis plus de 40 ans des quantités d'énergie qui sont et resteront un multiple du potentiel des renouvelables pendant longtemps, essentiellement en raison de l'inertie propre à tout changement de système. Le gaz naturel est dans ce contexte nécessairement appelé à jouer un rôle important dans tous les domaines d'utilisation où il trouve sa place, ceci en raison de : - - son bilan qui est le plus favorable parmi les combustibles fossiles en matière d'émissions agressives pour l'environnement, notamment en matière de rejets de CO 2. Le gaz naturel émet 25% de moins de dioxyde de carbone dans l’atmosphère que d’autres sources d’énergie fossiles ; son prix de vente qui est raisonnable pour l'économie ; ses importantes ressources, surtout si elles se situent à proximité immédiate des points de consommation. En résumé, c'est par réalisme que nous avons la volonté de poursuivre en direction de la production d'énergies alternatives, mais par réalisme aussi que nous devons tout mettre en œuvre pour maintenir et accroître la filière gaz pour une phase de transition énergétique dont nous pensons qu'elle durera encore plusieurs dizaines d'années. Conclusion 2: Chercher une forme d'indépendance énergétique apparaît de plus en plus comme une nécessité, en raison de l'environnement politique qui évolue constamment à l'international. En effet, même si les accords de fourniture passés entre les grandes entreprises gazières européennes et leurs fournisseurs situés hors du continent sont solides et à long terme, il faut se rappeler que certaines situations géopolitiques sont instables, par exemple au Moyen-Orient ou dans la zone Ukraine-Russie. Sur ce dernier thème, nous avons assisté depuis quelques années à une fragilisation des importations de gaz russe à travers l'Ukraine, et si l'hiver dernier a été relativement calme grâce à des accords temporaires arrivant à échéance prochainement, rien ne dit que la situation restera sereine. Par ailleurs, la volonté des grandes puissances de maintenir leur rang est également un fait vérifiable au quotidien. Appliqué au secteur de l'énergie, nous assistons ainsi à des manœuvres à enjeux commerciaux et stratégiques majeurs des grands Etats pour maintenir leur suprématie. Comme nous l'avons déjà démontré, et ainsi que plusieurs analystes l'ont relevé, les Etats-Unis cherchent à utiliser leurs atouts que sont le gaz de schistes et le charbon bon marché pour au final accroître leur influence au détriment de l'Europe. Conclusion 3: Gaznat et ses partenaires ont la chance d'avoir pu mettre en évidence, par l'intermédiaire de leur filiale Petrosvibri, un gisement potentiel important financé par la communauté de Suisse romande et appartenant à cette même communauté. Le sous-sol appartient certes formellement aux cantons concernés. Ces derniers sont donc souverains pour décider de l'attribution des permis de recherche, mais aussi des permis d'exploiter. Les gaziers, « responsables » et citoyens Gaznat demande dès lors aux autorités cantonales de mesurer cette analyse, et aux cantons, comme aux opposants, de se rappeler que Gaznat est aussi entre les mains et sous le contrôle de pouvoirs publics cantonaux et communaux, lesquels délèguent dans son Conseil d'administration des personnes ayant des responsabilités dans des exécutifs ou dans des sociétés ayant de solides liens avec les pouvoirs publics. Toutes ces personnes ont à cœur de gérer la mission d'approvisionnement en gaz de Suisse romande en mesurant lors de chaque décision importante les risques et opportunités des différentes solutions qui s'offrent à leur choix. De ce point de vue, la voie de la recherche de nouvelles ressources proches des points de consommation leur est apparue comme à la fois raisonnable et indispensable. Nous n'avons jamais été aussi près de savoir de manière fiable quelles quantités de gaz se trouvent sous nos pieds. Des experts ont été mandatés pour donner un point de vue le plus objectif possible sur la question, et leurs conclusions sont sur le point d'être communiquées. Pour l'instant, nous ne demandons qu'une chose: pouvoir faire l'inventaire de notre patrimoine énergétique, et léguer le cas échéant aux générations qui nous succéderont les connaissances nécessaires à assurer leur bien-être. Cela fait à nos yeux très clairement partie de la mission de Gaznat. Montreux, le 12 juin 2015