n°3138 31 octobre 2008

Transcription

n°3138 31 octobre 2008
FRANCE
FRANCE
Catholique
Catholique
FRANCE
Catholique
84 e année - Hebdomadaire
n° 3138
- 31 octobre 2008
Pourquoi
les chrétiens
www.france-catholique.fr
se sont-ils
ISSN 0015-9506
divisés
sur la nature
du Christ ?
dialogue
avec les
orthodoxes
Le
dans l’ancienne
URSS
(pages 8 à 18)
L’enquête de Brunor
commence vraiment
cette semaine
(pages 27 à 34)
2,90 €
BRÈVES
Monde
lité syrienne proche de la frontière avec
l’Irak le 26 octobre ; il y aurait huit morts.
Europe : Les négociations entamées le
20 octobre à Luxembourg entre les 27
mi­nistres européens de l’Environnement
ont fait apparaître des divisions ; alors que
la France souhaite le vote du plan climat
visant à réduire de 20% les émissions de
gaz à effet de serre d’ici 2020, plusieurs
pays, notamment à l’est, estiment son
coût trop élevé (10 à 25 milliards).
Devant le Parlement de Strasbourg, Nicolas
Sarkozy a souhaité le 21 octobre la création d’un gouvernement économique de la
zone euro, composé des chefs d’État et de
gouvernement.
FMI : Le conseil d’administration du Fonds
monétaire international a reproché le 25
octobre à Dominique Strauss-Kahn une
« grave erreur de jugement », mais aucun
abus de pouvoir ; DSK reste à la tête de
l’organisation.
États-Unis : George W. Bush réunira à
Washington à la mi-novembre les dirigeants du G 20 pour un sommet inédit sur
la crise financière.
Inde : L’Inde a lancé le 22 octobre sa première mission non habitée vers la lune ;
elle transporte des instruments scientifiques indiens, européens et américains.
Afghanistan : Dans la même région que
lors de l’embuscade d’août dernier, des
soldats français attaqués le 18 octobre par
les talibans ont abandonné sur le terrain
deux missiles antichar Milan.
Chine : Le président Sarkozy est arrivé le
24 octobre à Pékin pour participer à un
sommet Asie-Europe consacré à la crise
financière ; 43 chefs d’État et de gouvernement étaient présents.
Italie : Les opposants à Silvio Berlusconi
ont manifesté le 25 octobre à Rome contre
la politique du gouvernement, notamment
en matière d’éducation et de santé ; le
parti démocrate affirme avoir mobilisé
plus de 2 millions de personnes.
Israël : La chef du parti au pouvoir, Tzipi
Livni, a informé le 26 octobre le président
Shimon Peres de son échec à former un
gouvernement de coalition ; elle a préconisé des élections anticipées.
Colombie : Un otage des Farc a été libéré
le 26 octobre au cours d’une opération
militaire après huit ans de captivité.
Ukraine : Le FMI a annoncé le 26 octobre
l’octroi à l’Ukraine d’un prêt de 16,5 milliards de dollars, conditionné par le vote
d’un « plan de sauvetage ».
Syrie : Des soldats américains transportés
par hélicoptère auraient attaqué une loca-
FRANCE
Banques : L’État a accepté le 20 octobre
d’injecter 10,5 milliards d’euros dans le
capital de six grandes
banques françaises.
Entreprises :
En
Haute-Savoie le 23
octobre, Nicolas Sar­
kozy a annoncé une
suppression partielle
de la taxe professionnelle et la création
d’un fonds souverain à
la fran­çaise.
Renault, pour limiter ses stocks, ferme
ses usines françaises
pendant une ou deux
semaines. La Redoute, géant de la vente
par correspondante, a annoncé le 21 octobre la fermeture de 81 points de contact
avec la clientèle et 672 licenciements.
Le groupe de vente à distance Camif, qui
emploie 780 personnes, est en cessation
de paiement depuis le 23 octobre. Une
réduction de la masse salariale et de l’emploi serait à l’étude à Air-France-KLM.
Environnement : Les députés ont adopté
massivement le 21 octobre le premier
volet du projet de loi sur l’environnement ;
ce texte annonce des changements dans
l'agriculture, les énergies renouvelables,
des modifications dans la consommation
et les modes de transport.
Logement : Le Sénat a infligé le 20 oc­tobre
un revers à la ministre du Logement, Ch.
Boutin, en supprimant à une forte majorité l’article de loi qui visait à comptabiliser
l’accession sociale à la propriété dans le
quota de 20% de logements sociaux exigés dans les communes de plus de 3 500
habitants. Les sénateurs ont en revanche
voté la réduction de trois à un an du
dé­lai de sursis qui peut être accordé pour
une expulsion. Par ailleurs, la ministre du
Logement a présenté le 23 octobre le plan
hiver 2008-2009 destiné protéger du froid
les 100 000 sans-abri du pays.
Santé : La ministre Roselyne Bachelot
a présenté le 22 octobre en Conseil
des ministres une réforme qui prévoit
une nou­velle carte hospitalière et le
décloison­nement entre médecine hospitalière et médecine de ville ; plusieurs
mesures sont destinées à enrayer l’alcoolisme des jeunes.
2 FRANCECatholique n°3138 31 octobre 2008
Une bonbonne d’oxygène a explosé le
21 octobre à l’hôpital Laennec de Creil
(Oise) ; un patient a été tué, un médecin
et un infirmier gravement brûlés.
Justice : Les magistrats se sont mobilisés
le 23 octobre dans toute la France pour
dénoncer la politique de la garde des
Sceaux.
A la suite de la libération par erreur par la
cour d’appel de Paris
d’un violeur présumé,
les avocats des victimes ont décidé le
24 octobre d’attaquer l’État pour faute
lourde.
Un collégien de
St-Michel (Aisne) qui
avait accusé de violences un professeur
(qui s’était suicidé fin
septembre à la suite
du scandale), a reconnu avoir menti.
Enseignement : Le ministre de l’Éduca­
tion, Xavier Darcos, a présenté le 21
oc­tobre la nouvelle architecture de la
classe de seconde prévue pour la rentrée 2009 ; l’année sera organisée en
deux semestres et comportera un tronc
commun de 21 heures par semaine d’enseignements généraux obligatoires, deux
options et de l’accompagnement ou du
soutien.
Saisi par le préfet, le tribunal administratif
de Paris a affirmé le 22 octobre l’illégalité
de la décision du maire de ne plus assurer
le service minimum d’accueil en cas de
grève ; la mairie de Paris a fait appel.
Art : La 36e Foire internationale d’art
contemporain (Fiac) a ouvert ses portes
le 23 octobre ; 189 galeries françaises et
étrangères étaient présentes au GrandPalais et dans la Cour carrée du Louvre.
Collectivités : Nicolas Sarkozy a installé
le 22 octobre le comité pour la réforme
des collectivités territoriales présidé par
Edouard Balladur.
Télévision : La publicité sera supprimée
sur France Télévisions après 20 heures dès
le 5 janvier 2009.
Sports : Les contours du 96e tour de
France cycliste qui partira de Monaco en
2009 ont été dévoilés le 22 octobre.
L’Inspection générale de la ville de Paris a
"suggéré", le 24 octobre, que la redevance
payée par la Fédération française de tennis (1,5 million d’euros pour utiliser les 8,5
hectares du stade de Roland-Garros) était
dix fois trop faible.
J.L.
ÉDITORIAL
SOMMAIRE
ACTUALITÉ
4 social
5 finances
6 société
7 économie
dossier
8 œcuménisme
12 14 Grèves aperçues
Alice Tulle
Le FMI pour quoi faire ?
Yves La Marck
Détournement de morts
Tugdual Derville
Le yoyo du pétrole
Destination
Jean-Yves Naudet
Jean-Paul II et les orthodoxes
B
Paradis
ien sûr, nous sommes de la religion de l'incarnation. Bien
sûr, le Verbe a habité parmi nous, et son Royaume est
à construire dès ici-bas. Et Bernanos confiait combien
Patrick de Laubier
il était attaché au « doux royaume de la Terre ». Mais
Au Kazakhstan et en Ouzbékistan
il est écrit aussi que nous n'avons pas, en ce monde,
Marc Fromager
de cité permanente et que nous sommes, d'ores et déjà, citoyens
ESPRIT
du Ciel. C'est une vérité un peu incongrue et un peu oubliée,
19 en mémoire des jours
Toussaint aujourd'hui. Pourtant, c'est la bonne nouvelle du christianisme.
Robert Masson
Les premiers documents, dans l'ordre chronologique, du Nouveau
20 ecclésia
L'appel de Mossoul
Testament, sont les deux lettres de saint Paul
Mgr Marc Stenger
22 lectures
Messe des fidèles défunts aux Thessaloniciens. Or de quoi parle l'apôtre
Bernard et Louis Hurault
en priorité aux tout premiers chrétiens ? « Nous
MAGAZINE
ne voulons pas, frères, que vous soyez ignorants
24 portrait
Les crayons et la guitare au sujet des morts ; il ne faut pas que vous
Brunor / Matthieu Gourrin
vous désoliez comme les autres, qui n'ont pas
27 B.D.
La Question interdite 16 à 23
d'espérance. Puisque, nous le croyons, Jésus est
Brunor
35 cinéma
"Hellboy", "The visitor" mort puis est ressuscité, de même, ceux qui se
"La vie moderne", "W." sont endormis en Jésus, Dieu les amènera avec
par Gérard LECLERC
Marie-Christine Renaud d'André
Lui. »
36 événement
Reportage à Lisieux
C'est une certitude solidaire de la foi qui nous
Hélène Mongin
38 expositions
Le visage qui s'efface habite. Les enfants qui sont nés au monde sont promis à l'éternité.
Ariane Grenon
Et lorsque la mort survient, la vie n'est pas abolie, elle est trans 40 musique
Le genre oratorio
formée, si bien que, pour les mystiques, il n'y a pas de doute ; la
François-Xavier Lacroux
41 B.D.
Saint Benoît, l'âme de l'Europe 8/44 mort est une nouvelle naissance, celle qui introduit à la vraie vie.
Thérèse de l'Enfant Jésus l'a dit : « Je ne meurs pas, j'entre dans la
Noël Gloesner-Monique Amiel
42 théâtre
"Merlin l'enchanteur", Vie ». Sœur Emmanuelle, à ce propos, nous a donné un magnifique
"Les filles de Babayaga"
témoignage : « La mort, disait-elle, est le plus beau jour de la vie.
Pierre François
43 télévision "La marche de Radetzky", La fiancée y rencontre son fiancé. L'enfant y rencontre son Père ! »
"La mort du président" Dans son livre posthume, où elle livre son vrai testament spirituel,
"Disparitions", "Seule" c'est le même ultime message qu'elle adresse à ses interlocuteurs :
Marie-Christine Renaud d’André
« Sois sûr que nous nous retrouverons dans l'éternité, celui qui aime
44 télévision Votre début de soirée
ne meurt pas ! C'est un mystère incommensurable, mais je l'ai vécu
M.-C. d'A.
46 BLOC-NOTES
Vie associative et d’Église et j'en ai vécu. » (1)
Brigitte Pondaven
Qu'est-ce donc que cette grande fête de la Toussaint, sinon
Couverture © Brunor
l'attestation de l'existence de la vie éternelle, avec tous les saints,
dans l'intimité de l'Amour divin ? La béatification de Louis et Zélie
Écoutez la chronique
Martin nous a aussi préparés à cette fête, car ce père et cette mère
de Gérard Leclerc,
« plus dignes du ciel que de la terre » nous font signe pour la grande
chaque semaine sur :
demeure vers la Vraie Vie. n
Denis Lensel / David Heller
L'éternel enjeu ukrainien
(1) Sœur Emmanuelle, Confessions d'une religieuse, Flammarion, 414 pages, 20 €.
FRANCECatholique n°3138 31 octobre 2008
3
ACTUALITÉ
SOCIAL
Grèves aperçues
Il y a beaucoup de mouvements de grève en France.
Mais s’en aperçoit-on ? Cela dépend du métier que l’on
fait, des transports que l’on prend, de l’âge que l’on a...
L
a crise financière est
loin d’être termi­
née et ses consé­
quences sociales se
font déjà sentir dans
de nombreux domaines. Aussi
faut-il envisager sous un
nouveau jour les questions
classiques sans tomber dans
les dramatisations excessives.
Les références impru­dentes
à la grande crise de 1929
peuvent inciter à envisa­
ger l’avenir comme une
répétition des années
trente : troubles sociaux
de grande ampleur, réac­
tions violentes à ceux-ci
et installation de régimes
autoritaires. Ce schéma
est beaucoup trop simple :
l’expérience de la grande
crise a servi de leçon et
les autorités politiques,
aux États-Unis et en
Europe, n’ont pas répété
les erreurs de 1929. Par
ailleurs, le fascisme (bien
antérieur à la crise) et le
nazisme ont des causes
politiques et géopolitiques
(la Grande Guerre, le Traité
de Versailles) qui ont disparu.
Nous ne subirons pas les logi­
ques infernales qui avaient
abouti à la seconde guerre
mondiale.
Dans le domaine social, la
prévision est plus complexe.
Le développement probable du
chômage découragera beau­
coup de mouvements sociaux
dans le secteur privé. Mais
(
la situation dans la fonction
publique restera tendue et il
ne faut pas exclure des révoltes
violentes résultant de déloca­
lisations et de licenciements
soudains.
Il serait donc risqué de
reprendre cet automne la
boutade cruelle lancée en
juillet par Nicolas Sarkozy :
« Désormais, quand il y a une
maîtriser.
Cela ne signifie pas que la
société française vive dans le
calme. Depuis plusieurs années,
le secteur privé a connu une
importante augmentation
du nombre des mouvements
sociaux et l’industrie est
restée au centre de ces conflits
souvent provoqués par les
restructurations et les délo­
grève en France, personne ne
s’en aperçoit ». Il est vrai qu’on
s’aperçoit des grèves quand
il y a un blocage de longue
durée à l’échelon national :
grève des transports ou, de
manière exceptionnelle, grève
générale. Or aucun conflit de
grande envergure n’est en vue
et les confédérations syndi­
cales n’ont manifestement pas
envie d’allumer des incendies
qu’elles ne pourraient pas
calisations d’entreprises. Mais
ces conflits sont dispersés dans
l’espace national et ils sont de
faible durée – si bien que leur
visibilité médiatique est faible
ou nulle. Qui se souviendra, à
la fin de l’année, de la récente
manifestation nationale des
retraités ?
Par ailleurs, les conflits
sociaux qui agitent la fonc­
tion publique nationale ne
faiblissent pas. On pense bien
Le développement probable du chômage
découragera beaucoup de mouvements
4 FRANCECatholique n°3138 31 octobre 2008
par Alice TULLE
sûr aux enseignants. Ils ne sont
pas les seuls. Depuis la fin du
siècle dernier, sous des gouver­
nements de gauche comme
sous des gouvernements de
droite, nous avons vu la colère
gagner successivement tous
les corps qui sont les garants
de l’ordre social : il y eut des
mouvements de protestation
dans la gendarmerie, dans la
police, dans la magistrature...
Ces révoltes ne sont pas simul­
tanées ni de même intensité
mais les gouvernements sont
confrontés à un problème de
fond – et non aux réactions plus
ou moins vives que peuvent
provoquer les maladresses de
tel ou tel ministre.
Sans que la crise financière
y soit pour quelque chose, le
gouvernement est actuel­
lement exposé à un durcis­
sement des protestations de
fonctionnaires. La mobilisation
des enseignants à Paris le 19
octobre a été un succès pour les
syndicats opposés à la réforme
du lycée présentée par Xavier
Darcos. Les magistrats étaient
en grève le 23 octobre et
Rachida Dati avait été boycot­
tée quelques jours auparavant
par deux cents juges et avocats
de Metz qui dénonçaient les
« pressions » du ministère.
Mais ces mouvements sociaux
ne perturbent pas la vie de
notre pays et d’innombrables
citoyens peuvent continuer à
vivre sans s’apercevoir de rien.
Seules les journées de grèves
dans l’Éducation nationale
viennent de temps à autre
troubler nombre d’existences
quotidiennes et les débats sont
vifs sur ce sujet. Mais rien n’an­
nonce une révolte conjointe de
fonctionnaires et de salariés du
privé... n
ACTUALITÉ
FINANCES INTERNATIONALES
Le FMI
pourquoi faire ?
à la faveur de la crise, jusqu'où ira l'entente
franco-américaine pour la reconstruction d'un système
financier international crédible ?
N
s arkozy est
prêt à prendre la
tête de l'Eurogroupe
jusqu'en 2010. Cet
ersatz de gouverne­
ment économique de l'Europe
pourrait bien tenir lieu demain
de traité institutionnel. Le fait
que la France présidait, pour
ce terrible semestre, le Conseil
européen a certes aidé le prési­
dent français, mais celui-ci
n'aurait-il pas pris les mêmes
initiatives si cette prési­
dence avait été exercée par
un autre pays ? Il a saisi
une occasion historique de
rebondir, à l’intérieur comme
à l’extérieur.
Pourtant, au lieu de cher­
cher, dans un premier temps,
à rapprocher les instances
nationales de régulation, à
créer des so­li­darités intraeu­
ropéennes, il a fait le choix de
la cogestion de la crise avec
son homologue américain.
Ce faisant, il mondialise les
ré­ponses pos­sibles. Croit-il
pouvoir profiter de l'affai­
blissement d'un président en
fin de course pour imposer
une discipline supranationale à
l'économie américaine ?
À quoi servira la conférence
du 15 novembre à Washington,
à vingt pays, les huit plus
riches et une douzaine de pays
émergents, laissant comme
d'habitude beaucoup dehors ?
S'agit-il, comme on l'a en­tendu,
de faire un nouveau Bretton
Woods, cette conférence
qui, en 1944, a créé le Fonds
monétaire international et la
Banque Mondiale ? L'analyse,
icolas
par Yves LA MARCK
à l'époque, était que la montée
de Hitler et la guerre mondiale
avaient été favorisées par la
crise des paiements interna­
tionaux consécutive à la crise
de 1929, dans la mesure où les
créanciers americains avaient
voulu se refinancer auprès de
leurs débiteurs européens de la
première guerre mondiale.
En 1971, le rôle de gardien
des grands équilibres moné­
taires internationaux avait été
Russie, convoqués le 15 novem­
bre n'ont pas gardé que de bons
souvenirs des économistes en
chef du Fonds ou de la Banque
mondiale.
Aujourd'hui, le Fonds ne
disposerait que de 200 milliards
de dollars pour venir en aide à
tous les pays tiers, alors que
les États-Unis et l'Europe ont
respectivement débloqué 700
et 1500 milliards pour leurs
propres banques.
Pour avoir
entretenu une
brève liaison
avec une de ses
subordonnées,
D. Strauss-Kahn
a subi une
enquête... qui
l'a finalement
exonéré de tout
soupçon d'abus
de pouvoir.
compromis par la dévaluation
du dollar. Le Fonds a ensuite
retrouvé un rôle auprès des
pays pauvres ou émergents
auxquels il a prétendu impo­
ser une orthodoxie financière
souvent ignorante des contrain­
tes politiques et sociales. Pays
émergents d'Amérique latine
(Brésil, Argentine, Mexique),
d'Asie (Indonésie, Thaïlande) ou
L'affaire Strauss-Kahn, qui
est survenu au plus mauvais
moment (alors que les faits
remontent à janvier), n'est
ni anecdo­t ique ni anodine.
Son homologue de la Banque
Mondiale, nommé par George
Bush, Paul Wolfowitz, un de
ses proches, néo-conservateur,
s'était lui aussi laissé piéger
de la même façon il y a un an.
Représailles ? Ma­­chiavélique
opération politicienne ? Le
blanchiment de "l'erreur de
jugement" du directeur général
du FMI par son Conseil d'admi­
nistration, devrait per­mettre
d'écarter ces hypo­thèses. Ces
in­cidents nuisent cependant
à la cré­d ibilité des institu­
tions chargées de moraliser le
commerce de l'argent.
Les économistes de haut
renom, chargés d'appliquer la
rigueur à des pays comme, par
exemple le Ghana, n'avaient pas
besoin de cela. Il sont déjà trop
connus pour leur arrogance, leur
impersonnalité, leur complexe
de supériorité par rapport
aux hommes politiques
nationaux. On leur repro­
che surtout leur pouvoir
sans limites. Que pèse en
effet un conseil d'adminis­
tration de ces organismes
où siègent d'autres écono­
mistes pour représenter
les États en proportion de
leur richesse ? Les gouver­
nements s'a­­perçoivent
au­jourd'hui qu'ils avaient
laissé trop de pouvoir à ces
or­ganismes. Ils veulent en
re­prendre la direction.
Pourtant, si un super
gou­vernement économique
de la planète pou­vait figurer
parmi les uto­pies de l'aprèsguerre, il est trop tard pour
ressusciter cette idée. L'heure
est en principe à la démocra­
tie mondiale : il faudra tenir
compte des revendications de
tous. Le choix de Washington siège de la Banque mondiale et
du FMI - pour la grande réunion
accueillie par G. Bush ne va pas
forcément dans ce sens. n
S'agit-il, comme on l'a entendu,
de faire un nouveau Bretton Woods ?
)
FRANCECatholique n°3138 31 octobre 2008
5
ACTUALITÉ
société
par Tugdual DERVILLE
Détournement
de morts
L’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité veut
faire du 2 novembre, jour des morts, la « première journée
mondiale pour la légalisation de l’euthanasie ».
J
ean-luc
romero
as­s ume : « La date
e s t s y m b o l­ i q u e » .
Dans sa présentation
à la presse de son
nouveau concept, le président de l’ADMD ne cache pas
qu’il s’agit de récupérer le 2
no­vembre pour en faire la journée emblématique de ce qu’il
nomme « l’ultime liberté ».
Le projet de l’ADMD s’inscrit
dans le cadre du 17e congrès
de la Fédération mondiale
des sociétés pour le droit de
mourir qui se déroule à Paris
du 30 octobre au 2 no­vembre.
L’invitation pu­b lique de
l’ADMD n’hésite pas à entretenir la confusion : « Venez
nombreux rappeler la mémoire
d’un être aimé, disparu dans
d’inutiles souffrances. Venez
déposer, sur un billet, son
nom et/ou une pensée que
nous collecterons. Un geste
d’amour, un acte de solidarité
pour magnifier notre ultime
liberté. Un signe partagé par
des hommes et des femmes de
24 nations. Un rassemblement
paisible pour justifier publiquement notre action. »
C’est au parvis des droits
de l’homme du Trocadéro
que se déroulera la cérémonie annoncée. Parasitage –
d’aucuns diront profanation
– d’une journée qu’on imagi-
nerait plutôt celle de la trêve
et du recueillement. Mais c’est
dans la mémoire des fins de
vie difficiles, source de peur
pour de nombreux Français,
que l’ADMD puise son énergie militante. Et entretient
sa colère. Jean-Luc Romero
ne cache pas la sienne à l’approche des conclusions de la
mission Leonetti qu’il suspecte
d’ores et déjà « d’accoucher d’une souris ». Lorsque
Rachida Dati a exprimé devant
la mission son opposition à la
modification de la loi, l’ADMD
a accusé le Garde des Sceaux
de proposer « d’observer les
patients souffrir… sans rien
faire pour les soulager ! »
Tout porte à croire que
l’ADMD ne verra pas cette
an­née la reconnaissance d’un
droit de se faire administrer la
mort. La radicalité de sa revendication a même provoqué,
l’été dernier, sa fracture. Son
vice-président Gilles An­t o­
nowicz, qui fut également
avocat de Chantal Sébire, en
a claqué la porte, reprochant
à son président de promouvoir
sans limite le suicide assisté.
Comment expliquer que
l’ADMD peine à se faire entendre des décideurs alors qu’elle
clame avoir gagné la bataille
des sondages, 8 Français sur
10 s’affirmant désormais
favorables à l’euthanasie ?
Comme pour la peine de mort,
un écart d’information et de
réflexion semble persister
entre les ci­toyens et leurs élus.
Les se­conds sont conscients
du risque de disloquer le
fragile équilibre du système
de santé, à partir du moment
où il entrerait dans la mission
du médecin d’administrer
la mort. Quoi que prétende
Jean-Luc Romero, on sait que
la légalisation ne signifie en
rien l’extinction des pratiques
illégales. Quand tuer n’est plus
tabou, elles tendent à se développer à la marge.
Même la gauche n’épouse
pas unanimement la cause de
l’euthanasie. Certes, Bertrand
Delanoë est annoncé à la
réunion publique que prépare
Jean-Luc Romero le 31 octobre à l’Hôtel de ville de Paris, et
de nombreuses personnalités
médiatiques s’affichent à ses
côtés. Mais les plus écoutées
maintiennent leur prévention,
à l’image de l’ancien Garde
des Sceaux Robert Badinter
ou du professeur Axel Kahn,
également proche du maire
de Paris. Dans son dernier livre
L’ultime liberté ? (Plon, octobre
2008), l’emblématique généticien, tel Raminagrobis, prend
soins de croquer tout autant
les militants de l’euthanasie
la gauche n'épouse pas
( Même
unanimement la cause de l'euthanasie
6 FRANCECatholique n°3138 31 octobre 2008
que leurs adversaires, taxés de
jusqu’auboutisme. Selon lui,
« la présence fréquente » à ses
conférences de « catholiques
fervents pour lesquels poser la
question du droit à mourir est
un blasphème au bon Dieu et
une atteinte aux Dix commandements complique l’analyse
sereine. »
Cette façon de caricaturer le discours des croyants
est typique du débat français
où les convictions religieuses sont vite assimilées à de
l’obscurantisme désincarné.
Comme si l’Église n’avait pas
une expertise millénaire en
matière d’accompagnement
des personnes en fin de vie ou
en deuil, et de lutte contre la
douleur, qu’elle soit physique,
morale ou spirituelle. Comme
si elle était pour l’acharnement thérapeutique alors que
le mouvement des hospices
qui inventa les soins palliatifs
modernes fut fondé par des
chrétiens.
Axel Kahn se décerne
donc un brevet d’objectivité
en récusant résolument tout «
doute métaphysique [ou] religieux » et en croyant devoir
professer une « non-croyance
[…] dépourvue de toute hésitation et de tout remords ».
Au moins, son opposition à
l’ADMD n’en sera que plus
crédible.
Paradoxalement, les partisans de l’euthanasie n’hésitent
pas à utiliser le vocabulaire
chrétien : Jean-Luc Romero
vient encore de dire de Marie
Humbert qu’elle était « une
vraie martyre ». n
ACTUALITÉ
ÉCONOMIE
par Jean-Yves NAUDET
Le yoyo du pétrole
Les marchés sont-ils devenus fous ? On pourrait le croire
quand on voit le pétrole jouer au yoyo. Mais il y a à cela des
explications, du côté de l’offre comme de la demande.
L
e s o p é r a t e u r s , ne
savent plus où
donner de la tête. Le
3 juillet, le baril de
pétrole (Brent) atteignait 146 dollars ; quelques
mois plus tard, il a perdu plus
de la moitié de cette valeur et
son prix change tous les jours.
Avant les chocs pétroliers, en
1973, le baril ne valait que 3
dollars. L’OPEP a constitué un
cartel, regroupant la majorité
des pays exportateurs : cette
absence de concurrence leur
a permis d’augmenter les prix,
provoquant les deux chocs
pétroliers de 1973 et 1979.
Mais les opérateurs ne
restent jamais inactifs : le
prix élevé a stimulé la recherche de pétrole hors OPEP, ce
qui a fait progresser l’offre
et jouer la concurrence. Le
prix devait donc baisser. Pour
éviter cette chute des cours,
l’OPEP a pratiqué la politique des quotas, en limitant
sa production, la rareté artificielle faisant remonter les
cours. Les mêmes causes
ayant les mêmes effets, cette
nouvelle hausse allait encore
encourager de nou­v elles
re­cherches pétrolières aussi
bien que d’autres sources
d’énergie. D’où la baisse du
prix du pétrole (surtout en
termes réels, compte tenu de
l’inflation) à partir du milieu
des années 80 : contre-choc
pétrolier.
D’autres facteurs ont
joué, depuis les années 2000.
L’un des plus significatifs
est la forte progression de
la demande, à cause de la
croissance mondiale rapide
et surtout de celle des pays
émergents, comme la Chine
et l’Inde, avec 10 et 8% de
croissance. Résultat, le prix a à
nouveau fortement progressé,
décollent enfin, sortant des
peuples de la misère ? Il y a
eu d’autres facteurs de hausse
du prix, comme la baisse du
dollar, car, comme le prix est
fixé en dollars, ce prix a monté
pour compenser la baisse de
atteignant des sommets milieu
2008 : ce n’est pas une bonne
nouvelle pour nos économies,
mais qui se oserait se plaindre
que des pays du tiers-monde
valeur de la devise américaine.
Des facteurs spéculatifs ont
aussi joué, puisque, dans une
situation mondiale incertaine
(avec le retour de l’inflation)
matières premières et énergie apparaissent comme des
valeurs refuges. Notons aussi
que pour nous, Européens, la
hausse de l’euro, qui présente
par ailleurs des inconvénients,
sert ici de bouclier, puisque le
prix en euro a moins monté
que le prix en dollar.
Que s’est-il passé depuis ?
Le marché s’est inversé. La
crise financière s’est accompagnée d’un ralentissement
économique. Les pays riches
sont pratiquement en récession et les pays émergents
ralentissent leur croissance du
PIB. Chacun consomme moins
de pétrole. Moins de demande
signifie un prix en baisse, d’où
la chute actuelle.
Que va-t-il se passer
en­suite ? Les marchés sont
toujours imprévisibles. Mais
le jour où les économies
redémarreront, la demande
augmentant, le prix progressera. Chacun le trouve excessif et il est vrai que pour les
familles comme les entreprises,
l’essence est bien chère. Mais
il faut rappeler deux choses.
La première, c’est que l’essentiel du prix (les deux tiers) est
constitué de taxes. La seconde,
c’est que le pétrole va un jour
disparaître. La hausse de son
prix, que l’on peut regretter
à titre individuel, sera utile
pour assurer la transition vers
l’après-pétrole, puisque le prix
élevé va favoriser la recherche
d’énergies alternatives. Même
si cela ne nous plaît pas, d’une
certaine façon, c’est la hausse
du prix qui prépare l’avenir et
les énergies nouvelles. n
Qui oserait se plaindre que des pays
du tiers-monde décollent enfin ?
)
FRANCECatholique n°3138 31 octobre 2008
7
DOSSIER
DOSSIER
DIALOGUE AVEC L'ORTHODOXIE
Jean-Paul II et les orthodoxes
par David HELLER
Du 26 au 30 octobre dernier, le cardinal
André Vingt-Trois, accompagné de plusieurs
évêques français, se rendait en Russie à
l'invitation du patriarche Alexis II. On se
souvient que celui-ci avait été reçu avec le
plus grand faste à Paris en octobre 2007. En
plus des rencontres avec le Patriarche, le
voyage de l'archevêque de Paris comporte un
pèlerinage au monastère de la Trinité et de
saint Serge et sur la tombe du Père Alexandre
Men, une visite d’une œuvre caritative et
une conférence à Moscou, un
déplacement aux Îles Solovki, lieu
de martyr de nombreux prêtres
et évêques après la révolution de
1917 et bien-sûr une rencontre
avec la communauté catholique
présente à Moscou. Nous en
saurons un peu plus la semaine
prochaine. D'ici-là, il nous a
Denis Lensel, Nous
semblé que le moment était bien
lui devons la liberté !
choisi pour présenter le livre de
La main tendue de
II à l’Est,
notre ami Denis Lensel, spécialiste Jean-Paul
éditions Salvator,
214 pages, 19,90 e.
des pays de l'ex-bloc soviétique.
Il vient en effet de publier un
livre qui montre comment Jean-Paul II a
fortement tracé une voie de réconciliation
entre catholiques et orthodoxes, sous le titre
« Nous lui devons la liberté » qui rappelle
le rôle joué par le pape polonais dans
l'effondrement du rideau de fer.
8 FRANCECatholique n°3138 31 octobre 2008
A
près son encyclique programme
de 1995 Ut Unum sint (un titre reprenant la demande pressante du
Christ, « Qu’ils soient Un, afin que
le monde croie »), Jean-Paul II a
accompli, de 1999 à 2002, des
voyages épuisants mais fructueux
en Roumanie, en Grèce, après une brève halte en
Géorgie, puis, encore en ex-URSS, en Ukraine et
au Kazakhstan, et enfin en Bulgarie.
Dès son premier
voyage, en Roumanie
au prin­temps 1999, il
annonce son engagement total pour la
cause de la réconciliation des chrétiens :
« J’ai cherché l’unité
de toutes mes forces,
et je continuerai à
me dépenser jusqu’à
la fin pour qu’elle
soit parmi les préoccupations prioritaires des Églises ».
Il la conçoit comme
un rapprochement Jean-Paul II
fra­ternel respectueux devant la foule
des diver­sités cultu- dans la capitale roumaine
relles.
À Bucarest, à la fin de la messe célébrée
en présence du Patriarche orthodoxe roumain
Teoctist, devant l’ancien palais du dictateur
Ceau­sescu, 500 000 personnes, catholiques et
orthodoxes fraternellement mêlés, se mettent à
scander le mot « Unité » : « Unitade ! Unitade ! ».
Le Pape et le Patriarche ont béni la foule d’un
seul et même geste.
« Nous lui devons la liberté ». Ces mots de
reconnaissance étaient dûs au Pape qui a fait
tomber les murailles de Jéricho de l’athéisme
marxiste avec le Mur de Berlin dès 1989. Dans
tous les pays libérés du communisme où JeanPaul II s’est rendu, de tels mots ont été pronon-
cés, soit par des hommes d’Église de tradition
orthodoxe, soit par des dirigeants politiques, soit
par des intellectuels, journalistes ou ar­tistes.
C’est surtout l’intelligentsia des pays postcommunistes qui a exprimé sa reconnaissance
au Pape Wojtyla, plus que le clergé des Églises
orthodoxes d’abord laminées par un martyre collectif, puis infiltrées par des agents politiques.
En 1999 en Roumanie, une presse enthousiaste et unanime salue
le rôle, direct ou indi- La messe de
rect, de Jean-Paul II Jean-Paul II
dans le cheminement devant
vers la liberté : le 10 l'ancien
mai, le quotidien po- palais de
pulaire Ziua (Le Jour) Ceausescu
célèbre en énormes caractères à la Une « Trois
miracles, la chute du
communisme, la visite
du Pape en Roumanie,
l’accolade avec le Patriarche Teoctist ». Un
éditorialiste de « Romania libera » salue en
Jean-Paul II un homme
qui s’est montré « apte
à porter une contribution décisive à l’écroulement du communisme », mais aussi « à la renaissance de la foi et à la réunification du monde
chrétien ».
L’écrivain Ana Blan­­dia­na, interdite d’études
pendant des années, proclame que Jean-Paul II
« fait partie du petit nombre de ceux qui ont pu
modifier de manière irréversible les destinées du
monde ». Cette ancienne dissidente définit elle
aussi « la défaite du communisme et la fin de la
rupture datant d’il y a presque mille ans » entre catholiques et orthodoxes comme « des miracles », que « le Saint-Père a accomplis ». Un
journaliste orthodoxe rescapé de quatorze ans de
travaux forcés, Paul Lazarescu, parle d’un « évènement extraordinaire ».
Un artisan
de la liberté
de tout
le bloc
de l'Est
En l’an 2000 en Géorgie, aux portes de la Russie encore à peine délivrée de son passé, c’est le
Patriarche de l’Église orthodoxe de Tbilissi, Ilia II,
qui dit publiquement à Jean-Paul II : « Je ne peux
pas ne pas mentionner votre contribution personnelle dans le processus qui a fait tomber le
système qui rejetait Dieu dans l’ancienne Union
soviétique ».
Cet hommage a d’autant plus de valeur que
ce prélat renonce à tout
pas en avant en matière
de rapprochement interconfessionnel…
En juin 2001 en
Ukraine, malgré une situation religieuse de
division, même entre
ortho­doxes, les journaux
Zerkalo Nedeli, hebdoma­
daire de l’intelligentsia,
Stolitchnie Novosti, Dien
(Le Jour), grand quotidien national, et l’édition
ukrainienne de la Komsomolskaïa Pravda saluent
Jean-Paul II comme un
artisan de la liberté de
tout le bloc de l’Est. Dien
le présente comme « un
avocat de la liberté individuelle, de la liberté de
conscience et de la liberté confessionnelle », qui
« a joué un grand rôle dans l’effondrement du mur
de Berlin ». Il rappelle que ses premiers mots ont
été « N’ayez pas peur, ouvrez les portes et laissez entrer Dieu ». Il ajoute que « l’Église de Rome
a pris le chemin de l’œcuménisme en rejetant la
haine sempiternelle parmi les gens de confessions
différentes ».
Évoquant la période glauque des années 90
« post-communistes », ce quotidien ukrainien rappelle qu’ « après l’écroulement de l’Union soviétique, quand les politiciens occidentaux criaient
victoire, c’est Jean-Paul II qui a rappelé les dangers de l’économie de l’ombre ».
FRANCECatholique n°3138 31 octobre 2008
9
DOSSIER
D’autres journalistes ukrainiens sont réticents :
ils répètent les accusations de « prosélytisme » des
tenants du Patriarcat de Moscou.
Mais Jean-Paul II se félicite que le préambule
de la Constitution de l’Ukraine d’après 1991 rappelle aux citoyens leur « responsabilité devant
Dieu ». Il considère que « le rejet de Dieu n’a pas
rendu l’homme plus libre », et qu’au contraire, « il
l’a même exposé à des formes variées d’esclavage et a dévoyé la mission du pouvoir politique
jusqu’au niveau de la force brutale et oppres­
sive ».
Le journal Dien du 26 juin publie ce titre éloquent : « Un mur est encore tombé ».
Au Kazakhstan, occupé encore dix ans auparavant par un vaste Goulag, où Soljénitsyne fut
enfermé parmi des millions de détenus, la visite
du Pape apparaît comme un fort symbole de paix
et de liberté. Elle a lieu onze jours après les attentats sanglants du 11 septembre 2001 aux ÉtatsUnis… Ici comme en Roumanie, la presse se montre globalement favorable, souvent très élogieuse.
Un des quotidiens populaires de ce pays de La messe
tradition musulmane de Jean-Paul II
modérée, Info-Tses, le en 2001
définit comme « un en- à Astana
voyé du ciel ». Et on y
écrit ces mots insolites
dans ce pays : « En cette
occasion, les Kazakhs
doivent remercier le
Pape pour… leur souveraineté ! Beaucoup
d’experts occidentaux
pensent que le Vatican
a notamment provoqué la désagrégation
de l’Union soviétique !
Sa Sainteté elle-même
est célèbre comme un
défenseur du droit, et n’a pas peu fait pour l’effondrement du système communiste. » On ajoute
cependant avec prudence : « Nous pouvons seulement deviner à quel point l’action du Pape a joué
en faveur de l’indépendance des pays post-soviétiques ».
Jean-Paul II s’est recueilli devant un monument aux victimes des déportations stali­niennes,
qui porte les noms de tous les camps de ce Goulag d’Asie centrale, où ont été enfermés Russes,
Ukrainiens, Allemands de la Volga déportés en
masse en 1941, Polonais, Kazakhs rebelles à la
sédentarisation forcée du collectivisme, et… 130
minorités ethniques. « Quand le Pape a quitté les
lieux après s’y être longuement recueilli », des jeunes chrétiens « de souche orientale ou européenne
ont entonné le chant slavon traditionnel de la liturgie byzantine Christos Voskresie, le Christ est
ressuscité, en dansant avec allégresse sous l’œil
10 FRANCECatholique n°3138 31 octobre 2008
DOSSIER
De Bucarest
à Sofia,
en passant
par
l'ex-Goulag
du
Kazakhstan...
...l'unité
des chrétiens
s'est déjà
réalisée
par le
martyre
ébahi des policiers décontenancés », témoigne Denis Lensel.
Jean-Paul II lance un appel mondial à la paix,
à la fin de la messe au cœur de la nouvelle capitale, Astana, devant 35 000 personnes, dont 5 000
catholiques, 600 orthodoxes venus en toute fraternité, des protestants et des milliers de musulmans…
Lors d’une rencontre avec le monde de la
culture et de l’économie du Kazakhstan, le Pape
est ovationné quand il dénonce la haine, le fanatisme et le terrorisme qui, dit-il, « profanent le
nom de Dieu et défigurent l’authentique image de
l’homme ». Devant une foule d’étudiants, il déclare
qu’après « la violence mortelle de l’idéologie », il
faut éviter « la violence non moins destructrice du
vide », car « le rien est la négation de l’infini ».
Et il met en garde ses auditeurs contre « l’acceptation passive de la culture occidentale », dont
les modèles « apparaissent fascinants et séduisants », mais « révèlent un appauvrissement progressif dans les domaines humaniste, spirituel et
moral », parce que « la
culture qui les engendre
est marquée par la prétention dramatique de
vouloir réaliser le bien
de l’homme en se passant de Dieu ». Nouvelle
ovation.
En Bulgarie, la visite
de Jean-Paul II a été demandée par 80 intellectuels, qui ont recueilli
ensuite… 22 222 signatures pour relayer leur
démarche. Parmi ces
intellectuels, le mi­nistre
des Affaires étrangères
de Sofia, Solomon Passi,
issu d’une famille de philosophes juifs. À l’issue
de ce voyage dont le Pape va sortir à bout de forces, ce ministre va déclarer : « Cet homme nous a
donné une leçon de courage et un témoignage de
force d’âme. Sa présence a apporté un message
libérateur et purificateur pour toute une génération ».
Alors que le vieux Patriarche Maxime, longtemps prisonnier du système politique précédent,
demeure très réservé, le jeune président ex-communiste de la République bulgare Georgui Parvanov présente son pays comme « un des plus
anciens États chrétiens » : il considère que « cette
foi a sauvé la Bulgarie des coups du sort et des
vicissitudes », et déclare tout de go que « l’idée
fondamentale » de la mission des saints évangélisateurs des Slaves Cyrille et Méthode est « le droit
de chaque nation de témoigner de Dieu dans sa
langue ».
À Sofia, une ombre demeurait : la hantise
d’une implication supposée dans l’attentat contre
le Pape en mai 1981, la fameuse « piste bulgare ».
Dès son arrivée, Jean-Paul II déclare que « cette
hypothèse n’a jamais compté » à ses yeux. Soulagement général, et immense reconnaissance
traduite dans la presse : une éditorialiste
de Demokratsia précise sans peur qu’il
s’agissait « non pas de la Bulgarie, mais
uniquement d’un colosse totalitaire et
de son KGB ».
Le quotidien laïque « Standart » déclare que Jean-Paul II « accomplit et
poursuit jusqu’à son dernier souffle son
action pour les droits de l’humanité et
du christianisme ».
à l’issue d’un grand concert spirituel
où les liturgies byzantine et latine sont
toutes deux chantées, 4000 intellectuels
bulgares se lèvent comme un seul homme pour chanter pour le Pape l’acclamation solennelle « Mnogaïa Leta », « Qu’il
vive de longues années ». Beaucoup ont
les larmes aux yeux.
Jean-Paul II est « très sensible à
l’efficacité spirituelle de la persécution
commune subie par toutes les Églises »,
constate Denis Lensel : selon lui, JeanPaul II « a exprimé avec une solennité
Une de la
prophétique cet idéal de paix interconfessionnelle "Komsomlskaïa Pracomme une chance de conversion à la lumière du
vda" d'Ukraine :
témoignage suprême de la foi qu’est le martyre », "Salut à toi, Pape !"
un témoignage commun, fait d’un sang versé par
des frères en Jésus-Christ sous les coups des mêmes bourreaux.
De Bucarest à Sofia en passant par
l’ex-Goulag du Kazakhstan et l’Ukraine, Caméraman kazakh
véritable pays-cimetière d’un peu- en 2001 à Astana
ple martyr qui a compté 20 millions
de morts entre 1917 et 1953, sous le
double fléau du communisme et du nazisme, l’unité des chrétiens s’est déjà
réalisée par le martyre.
« Le martyre de chrétiens d’autres
confessions en Ukraine est un fort appel
à la réconciliation et à l’unité », souligne le Pape en 2001 à Lviv, devant les
gréco-catholiques, aux relations encore
tendues avec les orthodoxes.
En 1993, Jean-Paul II avait rencontré à Rome un autre géant de l’Histoire,
Alexandre Soljénitsyne, le prophète orthodoxe russe qui s’était exclamé en
octobre 1978 : « Ce Pape est un don de
Dieu ».
Aujourd’hui, à l’heure du Pape Be­
noît XVI, le dialogue entre l’Église catholique et le monde orthodoxe connaît
à la fois « des difficultés persistantes et
des avancées prometteuses », constate
Denis Lensel. Actuellement, la hiérarchie du Patriarcat de Moscou demeure sur la réserve, comme
le montre son refus de signer l’accord œcuménique de Ravenne en octobre 2007 sur le principe
– théorique – de la pri­mauté de l’évêque de Rome,
« Primus inter pares », premier parmi ses égaux.
En visite protocolaire à Paris, le
Patriarche orthodoxe russe Alexis II
reste vague au sujet d’une ren­contre
avec le nouveau Pape, et réitère le
reproche du « prosélytisme » catholique sur le sol russe. Cependant,
Benoît XVI fait un geste d’apaisement en nommant un archevêque
italien à Moscou, Mgr Pezzi, grand
connaisseur de la Russie à la place
de Mgr Kondrusiewicz, contesté,
et suspecté pour ses origines polo­
naises.
La « querelle du prosélytisme »
s’explique par « deux conceptions
différentes de l’appartenance ecclésiale », explique Denis Lensel : à
Rome, on adhère « au principe de
la liberté religieuse personnelle »,
et à Moscou, on reste attaché à une
conception exclusive du territoire
canonique, tout bon citoyen russe se
devant d’être orthodoxe…
Mais l’œuvre de réconciliation « continue à
progresser, du fait de l’action à la fois discrète et
efficace de Benoît XVI du côté catholique, et de
la poursuite de l’évolution du monde orthodoxe »
conclut ce livre, sur une note d’espoir. n
FRANCECatholique n°3138 31 octobre 2008
11
DOSSIER
DOSSIER
AUX CONFINS DE DEUX MONDES
L'éternel
La question des catholiques de rite
byzantin, en Ukraine notamment, est
présente dans les esprits, dès lors qu'on
discute avec le patriarcat orthodoxe de
Moscou. Est-elle un frein à l'unité ?
P
ar comparaison avec l’histoire passée,
les relations entre Rome et Moscou
donnent une impression plutôt réconfortante de bon voisinage. Mais
contrairement aux rapports entre Rome
et Constantinople, on ne peut parler de rapprochement et une des raisons de cette distance est
l’existence des gréco-catholiques qui, après deux
siècles de persécution, ont retrouvé leur liberté
dans une Ukraine devenue indépendante. Tant
que cette question ne sera pas réglée, le dialogue
œcuménique restera superficiel et sera tributaire
de facteurs d'abord politiques.
En 1990, un an avant l’indépendance de
l’Ukraine (1991), le métropolite Cyrille de Smo­
lensk s’exprimait ainsi : Pour l’Église orthodoxe,
l’Union de Brest fut une erreur. Mais elle est
un fait historique et de cette union est née une
Église, qui a duré jusqu’à aujourd’hui à travers
les épreuves et qui est vivante. Nous faisons
une différence entre l’uniatisme et les uniates.
L’uniatisme est une situation que nous souhaitons voir corrigée et disparaître par le moyen du
dialogue œcuménique. Les uniates, eux, ont le
droit d’exis­ter au nom de la liberté de conscience
qui doit être reconnue à tout chrétien. Cette position, a-t-il ajouté, n’est cependant pas admise
par tous les évêques de notre Patriarcat. (1)
On note la réserve finale qui laisse penser
que les gréco-catholiques qui venaient de recouvrer leur liberté devaient, selon certains évêques
du patriarcat de Moscou, la perdre à nouveau et
comme l’URSS existait encore on imagine avec
quels moyens ce retour aurait été effectué.
Dix ans plus tard, en 2000, lors de la huitième session de la commission mixte qui s’est
tenue près de Baltimore et dont le thème por-
12 FRANCECatholique n°3138 31 octobre 2008
La grande
crainte du
Patriarcat de
Moscou,
partagée,
pour d'autres
raisons,
par les
autorités
politiques
russes
enjeu ukrainien
tait sur les implications ecclésiologiques et
cano­niques de l’uniatisme, un représentant du
Patriarcat de Moscou, le Père Hilarion, qui est
aujourd’hui évêque, parla de l’uniatisme comme
d’une blessure toujours sanglante, tandis que le
délégué de l’Église grecque traitait les catho­
liques orientaux d’hérétiques et réclamait leur
retour à l’Orthodoxie. Fina­lement on ne put s’accorder sur un texte commun.
Enfin, au lendemain de la neuvième session
qui s’est tenue à Ravenne en 2007, le même
évêque Hilarion déclara : Une fois de plus, nous
est proposée la possibilité d’accepter une vision
uniate de la primauté de l’évêque de Rome. Or,
ajoute-t-il, les orthodoxes regardent l’uniatisme
comme une contra­diction de leur interprétation
de l’ecclésiologie et une trahison de l’orthodoxie. [...] Nous n’avons pas besoin d’une nouvelle
« Unia ». Nous avons besoin d’un partenariat stratégique qui exclut toute forme de prosélytisme.
Nous avons aussi besoin de continuer le dialo­gue
théologique, non pas pour transformer les orthodoxes en uniates, mais pour clarifier les points de
désaccord ecclésiologiques entre catho­liques et
orthodoxes.(2)
Il n’était nullement question à Ravenne de
revenir sur l’accord de Balamand selon lequel
l’uniatisme n’était plus dorénavant une voie
pour l’unité, mais les gréco-catholiques n’étaient
pas condamnés à disparaître pour autant.
Tout au contraire, ils peuvent contribuer
à montrer que la tradition latine, grandement
majoritaire dans l’Église catholique (3) est parfaitement compatible avec le rite byzantin.
En Ukraine, il y a maintenant trois Églises
or­thodoxes rivales : celle qui est rattachée à
Moscou avec environ 9 000 paroisses, celle du
patriarche auto- proclamé Philaret de Kiev avec
2700 paroisses et une Église autocéphale avec
un millier de paroisses. Cette pluralité a pour
conséquence une évidente liberté interconfessionnelle, d’autant plus que le Président actuel
est proche de Philaret de Kiev et de son Église,
très minoritaire par rapport à celle qui est rattachée au Patriarcat de Moscou.
Les gréco-catholiques avec 3200 paroisses
représentent environ 10% de la population mais
le taux de pratique est trois fois supérieur à celui
de la population totale estimé à 3%.
La grande crainte du Patriarcat de Moscou,
partagée pour d’autres raisons par les autorités
politiques russes, est de voir se réaliser l’unification des Église orthodoxes et la constitution
d’un patriarcat ukrainien commun Affiche pour
indépendant de Moscou et reconnu le voyage de
Jean-Paul II
par Constantinople.
À plus long terme, les gréco-ca- à Kiev
en 2001
tholiques qui n’ont pas de patriarche pourraient devenir un pont,
voire même s’unir, avec l’accord
de Rome, à ce patriarcat commun
d’Ukraine dans la mesure où les
conditions posées par Jean-Paul
II dans l’encyclique Ut unum sint
(1995) seraient réalisées, non pas
sous la forme historique de l’uniatisme, mais
selon des formes nouvelles de l’exercice du
ministère de Pierre : Je prie l’Esprit Saint de nous
donner la lumière et d’éclairer tous les pasteurs
et théologiens de nos Églises, afin que nous puissions chercher, évidemment ensemble, les formes
dans lesquelles ce ministère pourrait réaliser un
service d’amour reconnu par les uns et par les
autres. (4)
Le Métropolite de Lviv, André Szeptycki
(1865-1944) avait évoqué cette possibilité et y
voyait même un moyen privilégié pour réaliser
l’unité religieuse entre Rome et Moscou à un
moment où l’Ukraine était partagée entre la
Russie et l’Autriche-Hongrie. On peut citer ici
le discours qu’il prononça à Lviv, en 1940, lors
du Sobor diocésain : Nous devons considérer que
travailler à l’Union des Églises nous a été particulièrement recommandé par la divine Providence.
En premier lieu parce qu’un nombre important de
nos compatriotes appartient à l’Église orthodoxe
et porte toutes les conséquences de la séparation
qui a éloigné les Églises de l’Est de l’Église universelle. Parce qu’à l’Ouest de l’Ukraine nous sommes les seuls Ukrainiens à avoir préservé la foi
Cette
tragique
séparation
dont aucune
nation dans
le monde
n'a autant
souffert
par Patrick de LAUBIER
universelle et le rite slavo-byzantin, nous – plus
que tout autre, slave ou catholique – sommes
en mesure d’œuvrer pour cette cause. Si nous
pouvons le faire, ce devoir nous est imposé par
la charité fraternelle. Ainsi obligés, nous sommes appelés, et pouvons à ce titre compter sur
l’aide du Seigneur si nécessaire pour cette tâche
très importante et difficile. Cette tragique séparation, dont aucune autre nation dans
le monde n’a autant souffert que nous,
indique quels sont notre vocation et notre
devoir. (5)
Ces perspectives constituent malheureusement une sorte de cauchemar pour
les autorités religieuses de Moscou, voire
aussi pour le pouvoir politique russe, mais
faut-il souhaiter que Rome, qui a refusé jusqu’ici, pour de bonnes raisons, de
nommer un patriarche gréco-catholique
en Ukraine, continue dans ce sens ? On a
vu à ce propos quelles étaient les positions prises par le Patriarcat de Moscou dans le cadre de
la commission mixte catholique-orthodoxe.
Il ne s’agit donc pas d’imaginer de ma­nière
inconsidérée telle ou telle initiative qui ne ferait
qu’aggraver la situation, mais les bonnes relations avec le Patriarcat de Moscou ne doivent
pas faire oublier aux catholiques les liens si
étroits qui existent entre eux et les gréco-catholiques d’Ukraine qui, comme l’a rappelé le cardinal Bertone lors de son dernier voyage en
Ukraine en mai 2008, constituent un pont entre
les occidentaux et les orientaux. n
(1) L’interview du Métropolite est parue dans la
revue Trente jours dans le monde, janvier 1990.
(2) Service Orthodoxe de Presse, Paris, avril 2008.
(3) Sur plus d’un milliard de fidèles, 10 millions
sont de rite oriental dont 5 millions en Ukraine.
(4) Citation que l’encyclique emprunte à une
homélie de Jean-Paul II prononcée le 6 décembre
1987 en présence de Dimitrios Ier, Patriarche de
Constantinople.
(5) In A. Arjakovsky Entretiens avec le Cardinal
Husar, Parole et Silence, 2005 p. 124.
FRANCECatholique n°3138 31 octobre 2008
13
DOSSIER
DOSSIER
VISITE AU KAZAKHSTAN ET EN OUZBEKISTAN
Catholiques en Asie centrale
par Marc FROMAGER
La semaine dernière, avait lieu à Astana,
capitale du Kazakhstan, le troisième
« Congrès des leaders des religions
mondiales et traditionnelles ». Il s'agit
d'une belle vitrine pour le régime du
président Nazarbayev, qui ne remplit
certes pas tous les critères de l'ouverture
démocratique, mais fait preuve d'un
intérêt, au moins théorique, pour la liberté
de religion. Quelque temps auparavant,
Marc Fromager, directeur de l'Aide à
l'Église en Détresse avait visité ce pays.
Ses notes de voyage témoignent de la
difficile mission de l'Eglise dans ces pays.
L
'escale à l’aéroport de Moscou dure 4 h :
pas grand chose à faire mais le billet
d’avion est beaucoup moins cher avec
cette escale que le vol direct. Et puis
le passage par la Russie est une bonne
introduction à la suite du voyage : après tout,
l’Asie centrale, récemment indépendante, reste
encore dans l’orbite russe, comme les récents
événements géorgiens nous l’ont rappelé.
Arrivée à Astana, la nouvelle (depuis 10 ans)
capitale du pays. L’impression d’être à Légoland :
des constructions partout avec des fantaisies
architecturales étonnantes. Le Vicaire général, le
père Jean-Marc Stoop (un Suisse) qui est venu me
chercher me montre que la plupart des immeubles et bureaux du centre-ville sont vides pour
le moment. Beaucoup se demandent ici combien
de temps ces constructions, réalisées à la va-vite,
tiendront !
Au Kazakhstan, il y a 130 nationalités. Zone
naturelle de passage, le pays a aussi servi de terrain de déportation pour les Russes depuis l’époque des tsars, ce qui fait que la population est
14 FRANCECatholique n°3138 31 octobre 2008
La
population
va être
de moins
en moins
européenne
à peu près divisée en deux grandes parties : les
autochtones kazakhs, asiatiques et qui ressemblent aux tribus mongoles d’où ils viennent, et les
Européens, russes pour la plupart mais également
ukrainiens, polonais et allemands.
D’ailleurs, l’Église a commencé ici avec des
gens qui avaient des racines catholiques, la plupart d’extraction allemande. Maintenant, elle doit
se tourner vers les autres, c’est-à dire les Kazakhs.
En réalité, le pays a déjà connu l’Église au premier
millénaire mais les communautés, nestoriennes
pour la plupart, ont ensuite disparu avec l’islam.
Cette identité allemande de l’Église, on la
retrouve partout y compris dans les chiffres : on
estime à un million le nombre de « Kazakhs­
tanais » qui sont partis pour l’Allemagne en réussissant à prouver des racines allemandes, dont
30% de catholiques. Ce sont là 300 000 catholiques en moins pour le pays qui en comptait
500 000 il y a 18 ans et qui n’en compte plus que
150.000 ! La population totale du pays a également diminué de 17 à 15 millions durant cette
même période (depuis 1989).
Des Kazakhs­tanais continuent à quitter le pays,
ceux d’extraction européenne s’entend. Ils ont
la possibilité de partir et estiment qu’ils ont plus
d’avenir ailleurs, malgré les richesses potentielles
d'un pays qui dispose de gisements de pétrole
énormes et de mines d'uranium, entre autres. Mais,
aujourd’hui, il faudrait, connaître la langue kazazkhe, ce qui n’est pas le cas des Russes qui pré­
fèrent donc rejoindre la Russie où la situation économique s'est améliorée. L’évêque catho­lique d’Astana, Mgr Tomash Peta, n’a pas peur que le nombre des pratiquants baisse. Ce qui compte pour lui,
c’est le témoignage individuel des catholiques et
les fruits que cela portera. Devant nous, il ouvre
un courrier qui vient du Vatican : il apprend qu’il
vient d’être nommé consulteur de la congrégation
pour le clergé !
Toujours est-il que la population va être de
moins en moins européenne (Allemands et Russes
s’en vont – aujourd’hui les Kazakhs sont 60 %) et
le Président fait venir les Kazakhs de Mongolie et
de Chine (10.000 $ de prime d’installation). Des
Christ kazakh
Kazakhs avaient en effet quitté le Kazakhstan
dès la famine des années 30 et d'autres avaient
réussi à fuir l’Union soviétique à divers moments.
Maintenant, on invite leurs descendants à revenir.
L’Église ctholique doit donc faire face dans un
premier temps à un rétrécissement, ce qui n’est
pas toujours facile au quotidien. Tel curé nous
dit que l’année dernière, dix piliers de la paroisse
sont partis. À Koktchetav, 18 paroissiens sont
partis (3 familles), d’où deux bancs en moins…
Quelques nouveaux aujourd’hui... mais qui ne
compenseront pas les 350 000 départs…
Au Kazakhstan, il y a un avant et un après
« visite Jean-Paul II », qui a touché tous les habitants, même les musulmans. C’était en 2001,
Les Kazakhs
ne sont pas
forcément
les bienvenus
dans l'Église
onze jours après le 11 septembre et la chute
des tours jumelles à New York. Tout le monde
respectait le vieux Pape malade. Après 70 ans de
propagande, ils n’attendaient pas un prédicateur
mais un témoin ! Il semblerait qu’il n’ait jamais
été aussi bien accueilli.
Mais, malgré les ouvertures et les bonnes
pa­roles du régime à l'égard des religions, un projet
de loi actuel inquiète les catholiques. La mise en
œuvre de ce projet tel qu'on le connaît, ferait qu’il
n’y aurait plus de prêtres étrangers, ni de financement étranger pour la mission au Kazakhstan
(il ne resterait donc que les orthodoxes et les
musulmans). Qui est derrière de telles idées, censées viser le prosélytisme agressif des sectes
FRANCECatholique n°3138 31 octobre 2008
15
DOSSIER
DOSSIER
anglo-saxonnes ? Même si, sur place, les relations
avec le clergé orthodoxe sont sympa­thiques, on
est tenté de soupçonner une mau­vaise influence
russe, car c’est également ce qui se trame dans
les autres ex-satellites soviétiques et même en
Russie, où la vie devient parfois difficile pour les
catholiques.
Une difficulté supplémentaire pour
l’Église, c’est l’extrême éparpillement
des communautés. Avec très peu de
ressources, matérielles et humaines,
quelle priorité l’Église doit-elle se donner ? Investir là où il y a un peu de
monde au détriment des fidèles isolés ?
La para­bole de la brebis égarée dit autre
chose mais ce n’est qu’une parabole…
Très concrètement, une paroisse en ville
compte 2 000 fidèles et une autre, dans
un village, en compte 20. L’AED a de
l’argent pour une église : que fait-on ?
L’idée, c’est d’aider la grande qui à son
tour, aidera la petite.
Le problème des langues : jusqu’à
présent, la langue de l’Église est le Mgr Thomas Petach,
russe, même si la plupart des prêtres
évêque d'Astana
sont polonais. Mais il faut maintenant
apprendre le kazakh, ce qui est une autre paire
de manches ! (En Ouzbékistan, les prêtres ne parlent pas ouzbek, c’est délibéré. Ils ne veulent pas
apparaître prosélytes).
Apprendre le kazakh est difficile : personne
ne peut l’expliquer pour le moment (pas l’expérience) et pourtant, la langue est assez simple par
rapport au russe (grammaire, mots qui se déclinent par familles de même sens).
Mais, une fois la langue apprise, les pro­
blèmes demeureraient nombreux :
1 – dans le Nord, personne ne parle kazakh
(même les Kazakhs parlent russe !),
2 – les autorités ne verraient pas d’un si bon
œil que les catholiques se mettent au kazakh et
accroissent ainsi leur influence...
3 – enfin, les Kazakhs, contrairement à ce qu'on
pourrait espérer, ne sont pas forcément les bienvenus dans l’Église (c’est inédit et en gros, les
« Russes » reprochent aux Kazakhs la poli­tique
actuelle de « kazakhtanisation », principe de remplacer les Européens par des Kazakhs à tous les
niveaux).
Depuis 1995, l’apprentissage du kazakh est
obligatoire dans les écoles. En 2008, les documents officiels sont uniquement en kazakh (quelques-uns). Ceci donne l’impression que les Russes
ne sont plus les bienvenus (on pense aux enfants).
On ne veut pas être les derniers à partir… Une
vieille dame dit : « J’ai déjà été déportée deux
fois ! ».
Au Kazakhstan, les prêtres proviennent de
17 pays et les religieuses de 18. Sur 80 prêtres,
six ou sept sont de nationalité kazakhe, mais
Toute
expression
religieuse
est très
strictement
confinée
16 FRANCECatholique n°3138 31 octobre 2008
pas d’origine kazakhe, même si l’ordination du
premier Kazakh est pour bientôt. L’évêque d’Astana est au Kazakhstan depuis 18 ans et citoyen
kazakh depuis cinq ans (c’était le 13 mai, NotreDame de Fatima). Le diocèse d’Astana a cinq ans.
Faut-il de grandes églises (comme à Kara­
ganda) ? « Oui, c’est important pour les
gens, mais il y a le problème du coût.
Tout coûte plus cher. On ne va pas pouvoir construire des églises partout » nous
répond l’évêque. La cathédrale (gigantesque) de Karaganda, c’est un peu le centre
de l’Église catholique au Kazakhstan, et
aussi le lieu des camps ! Les camps de
déportation soviétique représentaient
une superficie égale à celle de la France…
« Cette cathédrale pourra devenir un lieu
de pèlerinage dans l’avenir ».
Les sœurs de la Charité que nous visitons préparent une distribution de repas
(deux fois par semaine) et vont visiter les
familles pauvres. Elles sont indiennes et
dénotent un peu entre les Russes et les
Kazakhs mais après tout, on est en Asie !
Les religieuses, d’une manière générale
sont, comme partout, le pilier de la mission. Sœur
Bernadeta nous confie : « Sans votre support spirituel et matériel, on n’aurait pas la force de remplir notre mission ici. Vous êtes les premiers missionnaires ! Par votre prière, vous faites plus chez
vous que ce que nos bras font ici ». Ces mots sont
bien sûr adressés avant tout à nos bienfaiteurs !
Croissant et Nicolas Buttet, pour ne citer qu’eux,
sont déjà venus.
Le lendemain, la piste a séché, mais la pluie
tombe juste après notre retour. On est vraiment
passé entre les gouttes ! Visite à la communauté
des Béatitudes. Sœur Anna Kazakhova est née
au Turkménistan de parents russes, partis au
moment de la Révolution, en Crimée puis au
Turkménistan. Une partie de la famille est ensuite partie en Yougoslavie puis en Australie. Ses
parents sont eux venus au Kazakhstan. D’origine
orthodoxe, elle a été convertie par des protestants avec lesquels elle est restée cinq ans avant
de découvrir la plénitude de la foi catholique.
OUZBEKISTAN
Le vol Astana – Tachkent passe par Alma-Ata,
l’ancienne capitale kazakh au pied des contreforts
de l’Himalaya. On passe d’un pays de 15 millions
d’habitants avec 150.000 catholiques à un pays
de 25 millions avec 650 catholiques. Autant dire
qu’avec notre arrivée, nous augmentons presque
la population catholique de 1 % à nous 4 !
Il y en avait plus avant mais, comme au
Kazakhstan, ils sont tous partis. Dans la capitale, on compte 300 catholiques (4 messes le
Oui, il faut
beaucoup
d'espérance
et de
charité !
dimanche, une dans chaque langue (polonais,
russe (150), anglais (50), coréen (70). Samarcande
compte 50 catholiques dont 20 à la messe. En
tout, il y a cinq paroisses dans le pays, ce qui
est toujours mieux que le Kirghizistan (3 paroisses), le Tadjikistan (2) et le Turkménistan où
l’unique lieu de culte se trouve à la Nonciature !
L’Église essaie de faire enregistrer officiellement
deux nouvelles paroisses depuis deux ans mais
ça piétine. Les autorités ont conservé des réflexes
soviétiques de contrôle religieux et il faut dire
que l’activisme musulman est tout particulièrement surveillé. Toute expression religieuse est
donc très strictement confinée. Le pays est à
90 % musulman, mais pas pratiquant. Y a-t-il
vraiment une menace islamique pour justifier
l’absence de liberté religieuse ?
Mgr Jerzy Maculewicz, évêque de Tachkent,
est un franciscain polonais, comme les huit autres
prêtres du pays. Il est le dernier évêque nommé
par Jean-Paul II (1er avril 2005), à la veille de sa
mort. Sa mission : garder la présence de l’Église
dans le pays, même si elle est symbolique, pour
l’avenir. Dans vingt ans, il espère que les deux
paroisses auront été enregistrées et qu’il y aura
3 000 catholiques dans le pays. Il faut beaucoup
d’espérance dans ce pays…
Ozernoye, le village du miracle des poissons
La piste est détrempée : y va-t-on malgré le
risque d’être coincés, sachant que notre avion
pour Tachkent est le lendemain ? Finalement,
on y va mais avec le 4x4 de la paroisse, ce qui
nous oblige à nous serrer beaucoup (six dans la
Lada) ! La route est très mauvaise, mais il fait
beau et cela a déjà séché un peu. Nous arrivons
en fin de journée, la lumière est très belle.
Ce village est au milieu de nulle part ! En
1936, des déportés polonais et ukrainiens ont été
abandonnés là. Ils ont fait ce qu’ils ont pu mais
en 1940, avec la réquisition des récoltes pour
l’armée, les gens mouraient de faim. C’est alors
qu’au printemps 1941, lors de la fonte des neiges,
un lac se forme au bord du village et les poissons pullulent ! Le village est sauvé et plus tard
exportera même du poisson dans les républiques
soviétiques avoisinantes. La paroisse est dédiée à
la Vierge Marie sous le vocable : Notre-Dame de
la pêche miraculeuse !
Chaque été dans ce petit village (600
per­s onnes), il y a un rassemblement de jeunes catholiques qui viennent de tout le pays,
avec des intervenants illustres : Daniel-Ange, Jo
FRANCECatholique n°3138 31 octobre 2008
17
DOSSIER
Le lendemain, départ pour Samarcande, une
merveille architecturale avec de vieux minarets
turquoise. Les touristes commencent à
débarquer en masse, surtout des Italiens
et des Français. On est au pied des montagnes, l’irrigation fonctionne bien, les
champs sont verts et les arbres fruitiers
partout.
Le frère Stanislas a le droit de sortir en
habit, les musulmans non ! « Ils contrôlent
plus l’islam que les chrétiens », nous dit-il.
Selon lui, « il faudra 50 ans avant qu’on
puisse vraiment faire quelque chose ici ».
De l’espérance, je vous dis !
L’Église catholique est ultra-minoritaire
mais de dimension internationale. Le gouvernement ne regarde pas trop les campsre­traites organisés discrètement par les
franciscains. Des Églises protestantes ont Mgr Jerzy Maculewicz,
été expulsées pour moins que ça. En même évêque de Tachkent
temps, ils surveillent quand même de très
près, et surtout le nombre d’Ouzbeks à la messe.
Si le nombre d’Ouzbeks s’intéressant à l’Église
augmentait fortement, il y aurait sans doute plus
de soucis.
Les orthodoxes sont là aussi particulièrement « accueillants » vis-à-vis des catholiques.
L’évêque métropolite orthodoxe, à qui on demandait ce qu’était la Caritas, répondit que c’était
18 FRANCECatholique n°3138 31 octobre 2008
une organisation catholique franc-maçonne
qui payait les gens pour devenir catholiques !
Il regrette ouvertement que le gouvernement autorise la présence de l’Église
catholique en Ouzbékistan. Selon lui, il
n’y a que deux reli­gions traditionnelles
en Ouzbékistan, l’islam et l’orthodoxie, et
la religion la plus proche de l’orthodoxie,
c’est l’islam ! Oui, il faut beaucoup d’espérance, et de charité !
Dimanche à la messe dominicale : il
y a vingt personnes. Quel est l’avenir de
l’Église catholique dans ce pays ? Je crois
que Dieu va devoir intervenir lui-même…
Nous rentrerons à Tachkent par le train.
Lundi : lever 4 heures. Une longue journée de retour, via Moscou et
Düsseldorf...
Mot de la fin
Dans Isaïe au chapitre 35, il est dit : « Que la
steppe exulte et fleurisse ». Dans ces pays,
Mgr Peta, évêque d’Astana, nous confie avec
un peu d’humour que l’Église doit avancer « step
by step in the steppe » (pas à pas dans la steppe,
en anglais). N’oublions pas ces Églises dans nos
prières, elles comptent sur nous ! n
ESPRIT
En
mémoire des jours
Une clarté
d'éternité
Par
Robert Masson
É
trange méprise. C’est aux
morts que l’on songe
quand c’est des vivants
qu’il s’agit, et en foules si
nombreuses qu’on ne peut
les compter. Sinon à l’unité
pour ce que chacun de nous
peut en connaître. C ’est
la Toussaint autrement dit
mo­ment où jamais de réaliser ce qu’il en est du royaume de Dieu qui est la vraie
me­s ure de notre espérance
quoi qu’en sache l’Histoire
qui n’est guère attentive aux
quotidiens des hommes dont
il y aurait bien plus à dire si
l’on savait ce qu’il en est du
salut du monde.
Les Saints, ce qu’on oublie
précisément en ce jour, n’ont
rien fait il est vrai pour attirer l’attention sur eux. Ils en
avaient bien assez de s’en
tenir à l’Évangile et à son
étrange charte de la sainteté
qui n’est autre que le sermon
sur la montagne. Ce langage des béatitudes qui est
compris dans toutes les
langues et dans les mêmes
termes, qui ne sont pas
ceux de la puissance. Et au
contraire même : heureux
les pauvres, les malades, les
petits, les simples, ceux qui
pleurent... ils seront consolés. Tout ceux qui n’ont pas
vraiment d’importance et ne
cherchent pas à s’en donner. Il
leur suffit de savoir qu’ils sont
les enfants de Quelqu’Un,
Celui que le Christ appelle
son Père et qui est aussi le
nôtre comme nous fait dire
la prière même que le Christ
nous a appris : « Notre Père ».
On ne peut mieux dire que ce
que le Christ nous a répété
et demandé de reprendre à
sa suite : « Notre Père qui es
aux cieux, que ton nom soit
sanctifié ».
Ce Dieu qui s’est fait l’un
de nous, le plus humble, que
pouvait-il faire de plus que de
prendre sur lui notre condition
humaine qui ne savait plus
trop où aller et se trompait
souvent d’itinéraire, quand les
hommes ne se fourvoyaient
pas dans des chemins sans
issues. Jusqu’au jour où dans
un village, dont on attendait
si peu qu’on disait de lui: «
que peut il sortir de bon de
Nazareth ? ». Nathanaël,
qui fit cette réponse, était
en effet un israélite sans
détours, l’un de ceux qui était,
autrement dit, tout indiqué
pour prendre la route bénie
de Dieu. La sainteté ne nous
inscrit pas dans l’ordre des
notoriétés de ce monde. D’une
manière ou d’une autre, tous
les saints sont des obscurs. Il
y a à cela au moins une raison
et qui tient à la foi. Mieux
que personne les saints savent
ce qu’il en est de croire et ce
qu’il manque pour être à la
hauteur du don de Dieu dont
il fut parlé à la Samaritaine .
Il ne se prennent pas pour
des justes mais pour des justifiés disait Madeleine Delbrel
qui avait quelque expérience des réalités de la foi. Les
dis­ciples de Jésus quand ils
prennent conscience de ce que
croire veut dire de­v iennent
dans l’élan de leur dé­marche
ce qu’on appelle des fols en
Christ. C’est ainsi que l’Orient
les dénomme et c’est pareillement vrai en Occident où il
en est pour se lever à la suite
de celui qui était la parole
même de ce Dieu en personne et aussi souvent de toutes
ces foules qui redisent à leur
tour : « Jamais homme n’a
parlé comme cet homme ».
La foi est décidément une
grande Histoire qu’on ne peut
vivre à temps perdu. Les pauvres ne s’y trompent pas. Ils
sont moins portés que quiconque à se prendre pour
des gens importants. De leur
vivant, ils étaient le plus souvent les derniers à se prendre
pour des saints. La pauvreté
est une grâce qui nous rend
libres et un peu tout de même
à l’abri de ces méprises qui
ramènent les choses à nousmême quand c’est à Dieu que
tout nous renvoie : non pas
à nous, nous dit la louanges
mais à ton Nom, tout honneur
et toute gloire.
Ce temps de la Toussaint
qui nous mène un jour trop
tôt vers les cimetières n’est
pas vraiment en conformité
avec ce que le Christ nous
apprend de lui-même et de
nous dans la gloire du ressuscité. Et la nôtre si nous
reprenons ce que les apôtres
nous ont transmis de la parole du Christ : « Ne cherchez
pas parmi les morts celui qui
est vivant et qui nous avait
dit à l’avance par où il devait
passer ». Les Chrétiens ne
sauraient garder pour eux
cette nouvelle qui traverse les
temps et sèche nos larmes
quand la mort cruelle nous
atteint à travers des proches.
Ce n’est pas de pleurer ses
morts qui fait question mais
de le faire comme si les horizons se fermaient à jamais. « Toussaint » le mot a
son importance. C’est tout
ce qui se trouve appelé par
l’im­mense labeur de Dieu qui
fait les Saints. Ils n’ont pas
manqué, contrairement à ce
que pouvaient nous donner à
croire les informations qui ont
le verbe insuffisant. Que faitelle ordinairement, dans notre
univers, de ce signe éclatant
qu’est le martyre ? De ces
hommes, de ces femmes, de
ces jeunes, de ces enfants
même, qui ont eu à souffrir
pour le nom du Christ ? Ce
que l’on en sait porte à croire
les dires d'Olivier Clément,
fi­dèle observateur des réalités
chré­tiennes, qui précise qu’il y
a eu, en notre XXe siècle, plus
de martyrs que dans tous les
siècles qui avaient précédé, y
compris les premiers.
Avec la Toussaint, ce
sont notamment ces martyrs
innombrables qu’il faut prier
pour que la mission soit toujours vécue à sa vraie dimension. Le bras de Dieu ne s’est
pas raccourci. Il continue à
nous rejoindre, à nous appeler
inlassablement. Ce n’est pas
au goutte-à-goutte que la foi
nous est donnée mais comme
un torrent de ces eaux vives
dont le Christ parlait. La gloire de Pâques est à nos portes et nous demande de nous
lever et de répondre, d’entrer
en un mot dans cette grande
cohorte des Saints qui font
de ce jour qui leur est consacré un des moments essentiels dans la vie de l’Église
et de chacun des nous. C’est
vraiment notre fête à tous
pour peu que nous réalisions
ce qui nous est donné. Léon
Bloy, qui fut à sa manière un
prophète en son temps, disait
(dans La femme Pauvre) qu’«
il n’y a qu’une tristesse au
monde, c’est de n'être pas des
saints ». Il ne dépend que de
nous de la surmonter cette
tristesse. n
FRANCECatholique n°3138 31 octobre 2008
19
L'appel de Mossoul
SYNODE
Le texte intégral du Message du
synode sur la Parole de Dieu dans la
vie et dans la mission de l’Église, a été
approuvé et publié le 24 octobre par
les pères synodaux, au terme de la
XIIe Assemblée générale ordinaire du
synode des évêques. (Nous le com­
menterons la semaine prochaine.)
VIETNAM
14 c at holique s vie t namiens,
qui avaient manifesté, l'été dernier,
contre les spo­l iations des biens
immobiliers d'une paroisse tenue par
les pères rédemptoristes à Thai Ha,
dans l'arrondissement de Dong Da à
Hanoi, ont été inculpés fin oc­tobre
de « troubles à l'ordre public » et
pourraient être jugés prochainement.
Deux, Mmes Nguyên Thi Nhi et Ngô
Thi Dung, sont encore en prison
préventive, les autres sont en résidence
surveillée. On note que l'accusation
de « dégradation de biens appartenant
à l'État », qui avait été employée dans
une vaste campagne officielle de
dénigrement des catholiques, semble
avoir été abandonnée.
INDE
Dans la nuit du 22 octobre, l'église
« Little Flower » dédiée à Ste Thérèse
de Lisieux dans le diocèse de Satna
dans l'État du Madhya Pradesh, a subi
une tentative d'incendie criminel. La
porte et le sol du bâtiment ont été
détruits mais les pompiers ont pu
maîtriser les flammes. 171 attaques
d'églises par des groupes hindouistes
ont eu lieu depuis cinq ans et les
violences ont pris une nouvelle
ampleur à l'approche des élections
législatives de novembre.
Œuvres complÈtes
Le 22 octobre, Mgr Gerhard Lud­
wig Müller, évêque de Ratisbonne
(Allemagne), a présenté, à la salle
de presse du Vatican, le premier
vo­lume de l'Opera Omnia de Joseph
Ratzinger, édité en allemand par Her­
der Verlag. La publication aura seize
volumes et a nécessité la fondation
Grâce à une large alerte médiatique et à une prise de parole forte des
responsables des Églises irakiennes, nous sommes informés des nouveaux
développements du drame que continuent à vivre les chrétiens d'Irak, en particulier à
Mossoul. Le pays se vide de ses chrétiens et sur place la menace du basculement des
chrétiens du côté du cercle infernal des violences se fait jour.
à travers l'opération « Pâques avec les chrétiens d'Irak », Pax Christi associé à l'Œuvre
d'Orient, à Justice et paix, à la Fédération Protestante de France, à l'Aide à l’Église en
Détresse, avait voulu dire à ces hommes et à ces femmes qu'ils n'étaient pas seuls dans
l'adversité. Ils ont besoin de l'entendre à nouveau pour tenir bon dans l'espérance. Nous
voulons le leur redire dans un moment où l'épreuve qu'ils vivent est insoutenable.
Dès maintenant nous pouvons nous mettre résolument à leurs côtés, en
accueillant dans nos communautés les réfugiés qui sont reçus sur le territoire français
et en créant des liens avec ceux qui vivent là-bas. Une fois de plus nous voulons aussi
dénoncer la violence qui est faite à des innocents, l'atteinte aux droits fondamentaux
des personnes, empêchées de pratiquer leur religion, l'instrumentalisation de la
détresse des minorités dans de sordides conflits de pouvoir.
Malgré la difficulté à le mettre en œuvre, Pax Christi continuera à s'engager dans
ce travail de mise en lien et de solidarité. Nous voudrions aussi en appeler de nouveau
aux responsables politiques. Une parole ferme de leur part concernant la situation
vécue en Irak serait pour ces communautés en souffrance un ballon d'oxygène et une
source d'espérance.
Pax Christi invite tous les hommes de bonne volonté à s'associer à une
dénonciation forte de la situation des minorités chrétiennes à Mossoul et à la lente
élaboration de nouvelles raisons de croire en l'avenir.Le 25 octobre 2008
Marc Stenger, évêque de Troyes, Président de Pax Christi France
P.S. : Le 24 octobre, le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés a publié
un com­mu­niqué selon lequel plus de 2 200 familles chrétiennes, soit environ 13 000
personnes, ont fui récemment la ville de Mossoul (Il n'y aurait plus que 500 chrétiens
à Mossoul). Elles avaient reçu des coups de téléphone, des lettres ou des messages de
menaces de mort. La plupart ont trouvé abri dans des villages situés dans la province
de Ninawa, elles y reçoivent, autant que possible, une aide des ONG catholiques
notamment françaises. Mais quatre cents de ces familles sont venues grossir, ces 15
derniers jours, les 1,2 million d'Irakiens déjà réfugiés en Syrie. Le HCR déclare avoir
effectué une distribution de nourriture à plus de 190 000 réfugiés irakiens à travers
toute la Syrie, et que 38 000 réfugiés irakiens bénéficient de son aide financière.
d'un institut Benoît XVI, chargé de
conserver les archives relatives à
la vie, à l'œuvre et à la pensée de
Joseph Ratzinger. La collection s'ouvre
par la thèse de licence consacrée à
la doctrine ecclésiale d'Augustin, et
celle de doctorat sur la doctrine de
la révélation chez saint Bonaventure.
Le tome 3 reproduira la conférence
inaugurale de sa chaire par le profes­
seur Ratzinger, intitulée : Le Dieu de
la foi et celui des philosophes (Bonn
1959), accompagné de ses réflexions
sur les fondements historiques et
intellectuels de l'Europe. Le volume
suivant correspondra au livre intitulé
Introduction au christia­nisme (1968),
et le tome 6 à son Jésus de Nazareth
(2007), complétés par les écrits sur la
christologie. Le tome 13 recueillera les
20 FRANCECatholique n°3138 31 octobre 2008
interview de Joseph Ratzinger, et le
14 une sélection de ses homélies. Le
tome 15 proposera l'autobiographie de
l'actuel pape (1997) et ses nombreuses
déclarations sur Jean-Paul II ou sur
son frère Georg Ratzinger, ainsi que
de multiples discours variés. Enfin, le
tome 16 contiendra une bibliographie
complète et index d'ensemble.
UKRAINE
Le 21 octobre, le cardinal Marian
Jaworski (82 ans) évêque de Lviv des
Latins (Ukraine), a cédé sa charge à
l'archevêque coadjuteur, Mgr Miec­
zyslaw Mokrzycki (47 ans), ancien
secrétaire personnel des Papes JeanPaul II et Benoît XVI et surnommé
Don Mietek...
ESPRIT
Les Fidèles Défunts
(année a)
Bienheureux !
© La Bible des Peuples, éd. Jubilé-Le Sarment
par les Pères Bernard et Louis HURAULT
5.1 Quand Jésus vit tout ce peuple, il gravit la montagne. Là il s'assit et ses disciples
s'approchèrent de lui, 2 il ouvrit la bouche et commença à les enseigner :
3 « Heureux ceux qui ont un cœur de pauvre, le Royaume des Cieux est à eux.
4 Heureux les doux, ils auront la terre en héritage.
5 Heureux ceux qui sont dans le deuil, ils seront réconfortés.
6 Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, ils seront rassasiés.
7 Heureux les miséricordieux, ils auront droit à la miséricorde.
8 Heureux ceux qui ont le cœur pur, ils verront Dieu.
9 Heureux ceux qui sèment la paix, ils seront appelés enfants de Dieu.
10 Heureux ceux qui sont persécutés quand ils agissent en toute droiture, le
Royaume des Cieux est à eux.
Oui, heureux serez-vous quand on vous insultera à cause de moi, et qu'on vous
poursuivra, et qu'on dira sur vous toute sorte de calomnies. 12 Soyez heureux,
sautez de joie, car vous avez dans les cieux une belle récompense. On poursuivait
tout pareillement les prophètes qui étaient avant vous. »
11
M
atthieu place ce discours en
quelque hauteur bordant
le lac de Tibériade. Il parle
d'une montagne pour rap­
peler le Mont Sinaï où Moïse
avait reçu la Loi (Ex 19). C'est que, dans
ce premier "Discours de Jésus", Matthieu
le présente comme le Maître qui donne à
Israël et à tous les hommes la Loi nouvelle
et définitive.
Jésus s'est formé en méditant la Bible,
mais dès le début il sait que sa vocation est
de reprendre et de retourner les certitudes
acquises comme Dieu seul sait le faire. La
formule : mais moi je vous dis… reviendra
six fois pour souligner l'opposition entre la
Loi de Moïse et la nouvelle loi.
Mais, il ne faut pas nous tromper
sur le sens de ce mot : la Loi, ce ne sont
pas d'abord des commandements : c'est
l'enseignement de Dieu. Ce sont en premier
lieu les déclarations de Dieu qui ont fait
d'Israël son peuple particulier, appelé à
une mission dans le monde, et c'est cela
même que Jésus renouvelle.
Heureux ! Ce premier paragraphe nous
présente le nouveau peuple de Dieu à qui
est donnée la Loi. La Loi avait été donnée
aux "enfants d'Abraham et d'Israël" que
Moïse avait fait sortir d'Égypte. Bien des
textes disaient : heureux es-tu Israël car
c'est à toi que Dieu a confié ses paroles (Dt
33.29 ; Ps 144.15 ; Ba 4.4).
Et voici que d'emblée l'Évangile nous
parle d'un autre peuple de Dieu. Non plus le
peuple des douze tribus, avec ses frontières
et ses ambitions nationales, mais le peuple
qui va naître d'Israël à l'appel de Dieu, un
rejeton de l'arbre ancien que les prophètes
appelaient le Reste d'Israël, auquel vont se
joindre ceux que Dieu appellera de toutes
les nations. Et qui sont-ils, ces élus qui
doivent se considérer bien heureux d'un tel
appel ? Ce sont les pauvres, ce sont ceux
qui pleurent, ce sont ceux qui bien des fois
ont été tentés de maudire leur sort, leurs
fautes et leurs propres contradictions.
Matthieu nous présente huit Béatitudes,
alors que Luc 6.20-26 n'en a que trois
(les pauvres, ceux qui ont faim, ceux qui
pleurent). Mais là n'est pas l'important, car
elles ne développent, en fait, qu'un seul et
même thème. Matthieu se tourne déjà vers
son auditoire chrétien. L'Église s'était déjà
étendue, et ses communautés réunissaient
les milieux les plus divers : esclaves, gens
simples et riches. Et Matthieu, d'une cer­
taine façon, contemple les merveilles que
Dieu a réalisées en eux lorsqu'il met dans la
bouche de Jésus ces paroles de félicitation :
Heureux ceux qui ont reçu mon esprit, car
ils verront Dieu. Et il ajoute à sa liste les
artisans de paix et les cœurs purs.
Ceux qui sont dits heureux ne le sont
pas parce qu'ils souffrent : l'expression
sonnerait mal. Ils le sont parce qu'on
leur ouvre le Royaume. Le Royaume des
Cieux est à eux (3), et aussitôt après : ils
posséderont la terre. La contradiction n'est
qu'apparente. D'abord, il faut comprendre
le terme Cieux selon son usage à l'époque
de Jésus. Par suite de leur extrême respect
de Dieu, les Juifs ne prononçaient pas son
nom : ils le désignaient par d'autres mots
comme les Cieux, la Gloire, la Puissance. Le
Royaume des Cieux veut dire littéralement
le Royaume de Dieu, tout comme le Père
des Cieux veut dire : Dieu le Père. Dans
22 FRANCECatholique n°3138 31 octobre 2008
la bouche de Jésus, le Royaume des
Cieux ne désigne pas, habituellement, la
récompense qui nous est promise après
la mort (c'est alors le Royaume du Père),
mais le Royaume de Dieu qui vient à nous
sur terre avec Jésus.
Il faut de même donner à la terre son
vrai sens. Cette terre, pour la Bible, c'était
celle de Palestine, car c'est là que Dieu ve­
nait sauver son peuple. Et l'Évangile, à son
tour, n'oppose pas le matériel au spirituel :
en fait, le terme "spirituel" ne paraît nulle
part dans tout l'évangile. Quand Dieu
parlait par les prophètes, il promettait à
son peuple un monde où tous leurs besoins
seraient satisfaits : des banquets bien ar­
rosés (Is 25.6), une vie longue, de l'eau
pour arroser la terre, la libération de toutes
les oppressions, un royaume de justice.
Mais plus que tout cela, Dieu vivrait parmi
les hommes et il leur communiquerait son
Esprit : Ils seront mon peuple et je serai leur
Dieu (Ez 37.24).
De même, dans les Béatitudes, le Ro­
yaume de Dieu est en même temps la
terre de Palestine promise aux enfants
d'Abraham et la terre où règne la paix car
Dieu y est présent. Ceux qui ont faim de
justice recevront en même temps le pain
et la sainteté de Dieu, parce que dans la
Bible justice signifie aussi : être tels que
Dieu voudrait nous voir.
Et c'est ainsi que Jésus nous dit que
nous serons rassasiés ou consolés. Notre
consolation sur terre est de savoir et de voir
que Dieu nous aime et s'occupe de nous
et comment, en dépit de tout, il renverse
la situation des opprimés. C'est aussi de
savoir que, même quand il semble ne pas
entendre nos prières, notre croix a un sens
et un but. Enfin, ce n'est pas rien de savoir
que dans l'autre vie Dieu nous donnera
plus que tout ce que nous pouvons espérer
ou mériter.
Jusqu'à la venue de Jésus on avait
attendu. Jésus nous dit qu'un nouvel âge
a commencé : Dieu est parmi nous et son
Royaume est déjà là pour ceux qui ont le
cœur pur, c'est-à-dire que leurs désirs ont
été purifiés : ils verront Dieu.
Heureux… les persécutés. Comme
Luc, Matthieu développe cette dernière
béatitude, car, où que nous soyons, nous ne
pouvons pas vivre l'Évangile sans souffrir
persécution. n
Lectures du dimanche 2 novembre.
Il est recommandé de prendre les lectures
dans la messe des fidèles défunts, mais
on peut aussi les prendre dans le temps
ordinaire :
Première Lecture : Sagesse (3.1-6, 9)
Psaume (42.2, 3, 5 ; 43.3-5)
Deuxième Lecture : Actes (10.34-43) ou
Romains (5.5-11) ou Romains (6.3-9)
Évangile : Matthieu (5.1-12).
PORTRAIT
RENCONTRE AVEC BRUNOR
Les crayons et la guitare
propos recueillis par Matthieu GOURRIN
Oui, je vais à la rencontre de cen­­
taines de jeunes, chaque année, grâce
à mes crayons et à ma guitare. Mais
d’abord dans mon quartier
parisien, ma femme et moi
accompagnons des jeunes
de 16 ans pour les préparer
à la confirmation. C’est une
question de l’un d’eux qui
m’a invité à creuser la ques­
tion de la Bible /sciences
qui renvoie à la question
création/ évolution, qui
conduit à quantité d’autres
aspects philosophiques.
For t des informations
que j’avais trouvées pour
éclairer la question de ce
jeune Nicolas, j’ai décidé
de les partager avec le plus
grand nombre et de consacrer du temps à
réaliser un livre accessible à tous, car ces
questions sont très actuelles. C’est ainsi
qu’est né mon album L’Univers imprévisible.
(
n C’est justement l’objet de votre nouvelle
enquête : « La question interdite »…
n Et votre précédent ouvrage, « www.Jésus
qui ? »
Il est né de la même démarche ; mais
cette fois, c’est à la suite d’un concert, où
je chantais mes chansons devant plusieurs
milliers de jeunes, que la discussion s’est
Oui, il s’agit d’aider le lecteur à
comprendre comment l’Église a précisé
sa pensée pour mieux exprimer qui
est le Christ… Mais avant d’y venir, il
fallait prendre en compte l’interpellation
suivante : « D’accord, Jésus a existé, mais
comme son histoire n’est relatée que
par des "comparses", quel crédit peut-on
accorder aux Évangiles ? Les auteurs
auraient pu tout inventer ! » C’est toute
la question de www.Jésus qui ?
n C’est un peu exagéré : à ce
moment-là, on peut tout remettre
en cause !
poursuivie à propos de Dieu, du Christ…
Au bout d’un moment, il y a toujours
l’un ou l’autre pour partager un doute de
fond : « Mais Jésus, on n’est même pas sûr
qu’il a existé ! »
Je pense que toute question est
bonne à prendre au sérieux
24 FRANCECatholique n°3138 31 octobre 2008
Pour ma part, je pense que toute
question est bonne à prendre au
sérieux, et si nos contemporains
sont de plus en plus exigeants
avec l’authenticité, c’est plutôt une
qualité à encourager.
Donc, rejoignons-les dans cette
intention scientifique et voyons
jusqu’où on peut aller ensemble.
Faisons une enquête la plus précise
possible dans les domaines de l’ar­
chéologie, l’étude des textes anciens,
les datations, et commençons par
chercher ensemble des indices. Il y en a énor­
mément, et ils plaident pour une authenti­
cité de ces textes. Alors, quand on admettra
que cette histoire n’est pas un conte de fées,
ni une pieuse fiction, on cessera de croire au
Père Noël, pour envisager le Christ avec un
peu plus d’étonnement. Si la réponse existe
quelque part, quel dommage de tourner en
rond sans y avoir accès.
D.R.
n Est-ce encore une question de jeune
qui vous a lancé dans cette nouvelle
enquête ?
Les informations à ce propos n’ar­
rivent pas jusqu’aux jeunes. Pourtant, à
peu près tous les historiens savent qu’un
certain Jésus a existé. Son existence
historique n’est plus mise en doute. La
question est de savoir qui il est.
D.R.
Durant plusieurs mois,
nous devrions retrouver,
chaque semaine, les
personnages de Brunor,
à la recherche du visage
du Christ à travers les
Conciles. Découvrons
un peu plus cet artiste
chrétien qui met son art
au service de sa foi.
n Vous semblez dire que même des jeunes
chrétiens sont dans le doute à propos du
Christ…
Oui, sur cette question ou sur d’autres.
D’ailleurs leurs animateurs chrétiens
le savent : ils me disent qu’ils n’ont pas
toujours été formés pour fournir des infor­
mations en relation avec ces exigences
nouvelles, à propos d’évolution/création
par exemple. Pourtant, bon nombre d’in­
dices sont là, présents, souvent en­fouis
dans des ouvrages érudits, qui n’arrivent
pas jusqu’au public. Je suis passionné par
ces enquêtes qui me conduisent à déterrer
des infos étonnantes et à les raconter
de façon adaptée à l'esprit ac­tuel de la
jeunesse. Car la BD et la chanson sont
des lan­gages qui parlent aux jeunes, et
j’ai la chance de les pratiquer comme
des langues maternelles. Mes livres me
permettent de rejoindre les jeunes en
allant les rencontrer là où ils sont, dans
les écoles, les aumôneries, les festivals de
rock chrétien et même les prisons.
n Comment se passent vos animations ?
Ce n’est jamais pareil, car j’essaye
d’être à l’écoute du groupe qui m’ac­
cueille. Certains ont déjà lu le livre,
d’autres auront vu l’une ou l’autre de
mes expositions. D’autres se demandent
qui est ce type qui arrive avec une guitare
et des dessins sur Cd…
Dans presque tous les cas,
je jongle avec trois modes
d’intervention dans la même
rencontre :
Projection de dessins
humoristiques sur des
questions sérieuses, tirés de
mes livres ; dialogue autour de questions
soulevées par ces montages de dessins ;
quelques chansons pour apporter un peu
de poésie, mais aussi une dimension plus
spirituelle qui peut conduire à un temps
plus priant.
Tout cela suscite des questions et
certains poursuivent le dialogue à l’issue
du « temps réglementaire »…
n Quelques exemples ?
La semaine dernière, une rencontre
très sympathique avec des étudiants et
lycéens au Mans… Une tournée de trois
jours en Suisse avec plusieurs groupes de
jeunes et une intervention au cours d’un
culte protestant… Un après midi à Tours
avec 200 collégiens de 4° et 3° d’un seul
coup ! Puis une soirée avec des paroissiens
de toutes générations. Une soirée orga­
nisée par un groupe de 25-30 ans. Une
journée à St-Gilles Croix de
Vie avec différents niveaux
et les parents le soir… Des
étudiants à la cathédrale
d’Évry avec le père Riton.
Une intervention au miniFrat des Yvelines, différents
Frats de Jambville…
Il y a un projet pour Londres, et j’aime­
rais bien aller en Corée où un éditeur fait
traduire tous mes livres en ce moment !
n Toujours avec ce rythme à trois temps (dessins, questions, guitare) ?
Oui, c’est une valse qui permet d’aller
loin et dont j’ai souvent des échos par la
suite, via les courriels… Et puis il y a aussi
les concerts comme cette nuit du passage
à l’an 2008 où j’ai été sollicité par les
responsables de Lourdes pour un concert
devant mille personnes. J’ai chanté mes
morceaux pendant 1 h 30 avant de passer
le relais au groupe Ararat. Une autre
fois, j’ai eu le bonheur de chanter sur
la grande scène de l’Unesco, ou devant
FRANCECatholique n°3138 31 octobre 2008
25
PORTRAIT
5 000 jeunes à Paray-le-Monial. Mais, s’il
n’y a pas toujours autant de monde, loin
de là : j’aime aussi beaucoup chanter et
dialoguer avec des petits groupes comme
à la prison de Bois d’Arcy dont un des 25
détenus présents « fêtait » ses 18 ans.
n Vous parliez de « déterrer des informations »…
C’est le mot ! J’ai parfois l’impression
d’être un archéologue qui découvre un
bout de terre cuite, qui s’avère être la
promesse d’un trésor. Par exemple, dans le
scénario de la BD Bernadette, affaire non
classée, j’ai déterré un trésor enfoui depuis
150 ans dans les archives de Lourdes :
au cours de l’apparition du 24 février
Bernadette a éclaté de rire ! Elle a ri avec
Marie pendant un bon moment, plusieurs
témoins en ont été frappés et l’ont relaté
dans les interrogatoires administratifs.
Qui, aujourd’hui, sait cela ? Personne, car
parmi les centaines de livres ou films sur
Lourdes, aucun n’a évoqué cet événement.
Pourtant ce rire si rafraîchissant était là, il
aurait pu faire du bien aux lecteurs depuis
150 ans, mais on l’avait oublié, enterré.
C’est un trésor, une source cachée.
Pour la BD Jehanne d’Arc, c’est le
même problème, mais aussi la même
solution, car nous disposons également
des archives des procès.
n Et votre bande dessinée sur Jeanne d’Arc
paraît en ce mois d’octobre...
Oui, et je suis allé chercher les paroles
authentiques consignées dans les minutes
des procès.
D’ailleurs elle ne s’appelait pas Jeanne,
mais Jehanne. J’espère que les lecteurs la
découvriront dans sa belle simplicité et
surtout, son intention très moderne de
gagner la paix.
Elle a compris qu’aucune paix durable
ne se bâtissait sur une oppression et une
occupation.
n « La question interdite » semble suivre la
même démarche ?
Pour La question interdite, je suis vrai­
ment heureux d’avoir pu exercer cette
même dynamique qui consiste à extraire
des informations pour les amener au
grand jour.
On va découvrir comment un concile
inconnu du grand public a posé les bases
de l’unité possible pour les chrétiens. On
va comprendre que le Christ nous parle
d’une union à Dieu dont on a trop oublié
qu’elle respecte l’homme à ce point. On
va retrouver les racines oubliées, plon­
gées dans le prophétisme hébreu et tout
l’oxygène que cela apporte à notre chris­
tianisme…
Le prophète Osée osait dire : « Mon
peuple se meurt faute de connaissance ! »
En ce qui concerne le problème de la
transmission de la foi, j’ai l’impression de
traverser un désert, au volant d’un camionciterne rempli d’eau potable. Il y a des
quantités d’informations à transmettre,
qui sont en mesure d'enthousiasmer des
jeunes et ceux qui leur ressemblent, mais
elles n’arrivent pas jusqu’à nous !
Beaucoup d’animateurs, tellement
généreux de leur temps et de leur énergie,
vivent des temps forts avec leurs jeunes,
mais sont désolés de ne pas pouvoir aller
plus loin. Ils se sentent démunis et trou­
vent que la lutte est par trop inégale avec
l’univers offert aux jeunes.
Mais lors de mes rencontres/anima­
tions je vois bien le pétillement dans les
yeux de beaucoup quand on partage les
trésors déterrés. Chaque information
solide permet de mieux comprendre et
d’avancer. n
Brunor : La question interdite,
éd. Viltis, à paraître début décembre
2008, 22 e - Jehanne d'Arc, gagner
la paix, scénario Brunor, dessins
Dominique Bar, Edifa-Mame, 11 e www.Jésus qui ? l'enquête historique,
Le Cerf, 16 e, L'univers imprévisible,
Le Cerf, 15 e.
www.brunor.fr
BULLETIN DE COMMANDE à RETOURNER à FRANCE CATHOLIQUE
60, RUE DE FONTENAY 92350 LE PLESSIS-ROBINSON
Nom/Prénom :
adresse complète :
Souscrit à o 1 exemplaire du livre LA QUESTION INTERDITE - Prix = 22 euros *
o 2 exemplaires = 42 euros o 3 exemplaires = 60 euros
o 4 exemplaires = 76 euros o 5 exemplaires = 92 euros
o 6 exemplaires et plus, multiplier le nombre de livres par 18 euros x . . . . . . = . . . . . . . . . . euros
Ajoute les frais de port du livre = 7 euros * quel que soit le nombre de livres en tout.
(Indique les adresses d’expédition sur un papier séparé si ce n’est pas celle inscrite sur le chèque.)
Après le 8 décembre, plus aucune réduction ne pourra être faite sur le prix du livre qui sera alors
disponible dans toutes les bonnes librairies religieuses - diffusion Serdif.
* 1 exemplaire de «La Question Interdite» = 22 euros + 7 euros de port = 29
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euros franco de port.
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CINéMA
Hellboy II
«Les légions d’or maudites»
Après plusieurs siècles de soumission à
l’homme, Nuada, le prince de l’invisible, s’ap­
prête à réveiller ses armées redoutables ainsi
que toutes sortes de créatures fantastiques.
 C’est la seconde fois que Guillermo del
Toro porte à l’écran les aventures de Hellboy.
Il le fait avec un style visuel étonnant, met­
tant en scène, avec beaucoup de virtuosité,
tout un monde d’êtres fantastiques. Les
décors sont d’une grande beauté (le réalisa­
teur a bénéficié de moyens importants), et
les images de synthèse sont mises au service
d’une imagination débordante.
Mais il ne faut pas trop attendre du côté de
la vraisemblance, surtout psychologique.
 Dans ce monde de pure fantaisie, les
valeurs les plus classiques sont respectées.
M.-C. R. d'A.
Film d’aventures américain
(2008) de Guillermo del
Toro, avec Rom Perlman
(Hellboy), Selma Blair (Liz
Sherman), Doug Jones
(Abe Sapien), Jeffrey
Tambor (Tom Manning),
Luke Goss (le prince Nua­
da) (1h59). (Adolescents.)
Sortie le 29 octobre 2008.
La vie moderne
Dans les Cévennes, Raymond Depardon
retrouve des paysans qu’il a déjà visités dix
ans auparavant.
 Fils de paysan, le documentariste Ray­
mond Depardon a dû parcourir le monde
avant de revenir sur la terre de ses parents. À
travers les saisons, il parcourt des fermes de
moyenne montagne, tout en montrant la
splendeur de la nature. Car les images sont de
toute beauté, et le décor est grandiose. Mais
ce qui intéresse le plus le documentariste, ce
sont les hommes, qu’il filme avec respect,
tendresse et admiration. Il y a ici une belle
galerie de portraits, qui respirent la vie et qui
nous font oublier tous les artifices specta­
culaires du cinéma moderne. Magnifique !
 Ce très beau film est un hommage à la
terre et à ceux qui y travaillent.
M.-C. R. d'A.
Documentaire français
(2007) de Raymond
Depardon. (Adolescents.)
Sortie le 29 octo­bre 2008.
the visitor
par Marie-Christine RENAUD d’André
Cohabitation forcée
Le thème de l’immigration est
particulièrement sensible aux USA, en
raison du terrorisme. Thomas McCar­thy
l’aborde avec beaucoup de finesse en
s’attachant à décrire les hommes qui y
sont confrontés. En filmant la vie quotidienne de personnages ordinai­r es, il
confère à son œuvre une belle épaisseur
humaine, tout en montrant que tout est
toujours possible chez l’homme, à condition de lui en donner les moyens. Ce
héros aigri et replié sur lui-même saura
s’ouvrir aux autres, au contact de ses

Sans jamais parler de politique,
le réalisateur raconte
une histoire d’immigrants
profondément humaine.
L
es problèmes liés à l’immigration
sont des problèmes politiques qui
déchaînent les passions. Au point
que l’on en oublie, le plus souvent, les
hommes, au profit des idéologies. Le
grand mérite de Thomas McCarthy est
d’avoir su braquer sa caméra sur eux,
sans jamais s’en laisser détourner.
Depuis la mort de sa femme, Walter
Vale, un professeur d’université, n’a plus
goût à rien et n’attend rien de l’avenir.
Un jour, il se rend à New York, où il possède un appartement, pour un
congrès. Quelle n’est pas sa surprise de
découvrir un jeune couple de squatters
installés dans son appartement. Lui est
Syrien, elle Sénégalaise. Alors qu’il s’apprête à les chasser, il est touché par leur
détresse et consent à leur offrir une hospitalité provisoire.
(
Un homme replié
sur lui-même retrouve
le goût de vivre
au contact des autres
cohabitants forcés. Le résultat est une
œuvre pleine de charme et d’humanité
qui réchauffe le cœur.
 Teinté de tristesse et de mé­lan­
colie, ce film est un chant à l’en­ten­te
entre les hommes, une belle leçon de
solidarité. Certes, le problème traité est
d’une grande complexité, mais, pour
cette raison, il faut appliquer des solutions qui tiennent compte, avant tout,
des réalités humaines. C’est ce que fait
ce film de façon magistrale. ■
The visitor. Comédie dramatique américaine (2007),
de Thomas McCarthy, avec Richard Jenkins (Walter Vale),
Haaz Sleiman (Tarek), Danaï Jekesai Gurira (Zainab), Hiam
Abbass (Mouna), Marian Seldes (Barbara), Maggie Moore
(1h45). (Grands adolescents.) Sortie le 29 octobre 2008.
W.
Dans la famille Bush, nul n’aurait pu imaginer que cet
alcoolique et bon à rien de George W. allait devenir le
42e président des États-Unis.
 La grande surprise de ce film réside dans le fait
que ce n’est pas une charge contre le président le plus
détesté de toute l’histoire des USA, mais une tentative, à
moitié réussie, de com­prendre le personnage. Assez bavard, dans sa première partie, le film
raconte les premières années de la pré­sidence de Bush, avant sa réélection. Si l’on sent que
la théorie d’Oliver Stone est d’expliquer Bush par sa rela­tion avec son père, les intentions
profondes du réalisateur restent confuses. L’interprétation est sensationnelle.
 L’histoire jugera celui que la plupart des gens (surtout les journalistes et les intellectuels) ont
déjà jugé. Il reste que cette œuvre tend à le réhabiliter quelque peu. Un comble pour Oliver Stone !
Comédie dramatique américaine (2008) de Oliver Stone, avec Josh Brolin (George W. Bush), James Cromwell (George Bush Sr.), Ellen Burstyn
(Barbara Bush), Elizabeth Banks (Laura Bush), Toby Jones, Thandie Newton, Scott Glenn (2h). (Grands adolescents.) Sortie le 29 octobre 2008.
FRANCECatholique n°3138 31 octobre 2008 35
événement
événement
Bienheureux
Louis et Zélie Martin
Reliquaire de Louis et Zélie Martin.
C
19 octobre à 6h30, la basilique de
Lisieux, encore dans la nuit, était une
étrange fourmilière : s'agitaient dans
tous les sens 350 bénévoles et des
membres du Pèlerinage Sainte Thérèse
mal réveillés et fébriles. Quand deux heures plus
tard apparut un radieux soleil matinal (commandé spécialement à Thérèse pour l'occasion,
elle ne pouvait pas faire moins ; nous craignions
même qu'elle ne nous mette son temps préféré : la neige !!!) une foule immense et joyeuse
s'installait partout ! Il y a eu au moins 12 000
personnes, quand on en attendait entre 5 000 et
10 000. La basilique était comble, la crypte aussi,
les sièges dehors étaient bien sûr tous occupés et
on pouvait à peine circuler entre les groupes de
personnes à genoux en prière, assises par terre
ou debout et devisant gaiement en attendant le
départ des festivités… Le monde entier était là :
beaucoup d'Américains, d'Irlandais, d'Italiens,
mais aussi des Libanais, Polonais, etc. Pour l'occasion la basilique arborait ses plus beaux atours,
e
Il y avait
aussi le petit
miraculé,
Pietro
* auteur du livre
"Louis et Zélie
Martin, les saints
de l'ordinaire",
éd. de l'Emmanuel,
186 pages, 16 e.
on avait sorti le grand tapis rouge à l'entrée et un
immense portrait de Louis et Zélie accueillait les
pèlerins au-dessus de la porte.
A 8 h 30 la chorale, a commencé à faire chanter dans la basilique comble, entonnant de tout
cœur : « le bon Dieu m'a donné un père et une
mère plus dignes du Ciel que de la terre ». Devant
l'autel se trouvait le reliquaire de Louis et Zélie,
encore recouvert d'une riche étoffe, et on les
imaginait facilement accueillant dans un grand
sourire ému ces milliers de personnes... Et puis la cérémonie a commencé, avec des
centaines de prêtres arborant l'étole représentant
le dessin de Thérèse de deux roses d'où jaillissent
neuf lys (leurs neuf enfants), bon nombre d'évêques et cinq cardinaux. Il y avait aussi le petit
miraculé Pietro, un petit garçon qui a été guéri
bébé par l'intercession de Louis et Zélie et qui
a maintenant six ans. C'était à la fois solennel,
magnifique et festif, et quand le décret de béatification a été lu ce fut une ex­plosion de joie : la
chorale chantait un alléluia délirant en frappant
dans les mains, la foule applaudissait à tout rompre et agitait des foulards de toutes les couleurs,
un feu d'artifice était déclenché à l'extérieur,
une photo géante de Louis et Zélie était déroulée
dans le chœur, le beffroi carillonnait de toutes ses
cloches... Quand Pietro a découvert de ses petites
mains le magnifique reliquaire, l'émotion était à
son comble, un vrai moment de Ciel ! Et puis la
messe a continué dans une grande joie qui n'empêchait pas un profond recueillement.
Toute l'après-midi qui suivit ne fut qu'une
grande fête : temps magnifique, enfants
courant partout (il y avait plein de belles
familles !), bénévoles faisant de même, grand
spectacle sur Louis et Zélie dont la magnifique
musique transportait tout le parvis, groupe
costumé dansant, etc. Et puis juste devant la
basilique, un peu en hauteur, le si beau reliquaire entouré de... quatre gardes du corps !
Car il n’en fallait pas moins pour faire tourner les cen­taines de personnes qui venaient
vénérer Louis et Zélie, tendant à bout de bras
fleurs, intentions de prière, photos et médailles
que les quatre gorilles souriants prenaient précieusement.
Nous n'avons pas vu les heures passer, tous
témoignaient d’une profonde joie, et à la fin de
la journée, les bénévoles et membres du pèlerinage ressemblaient à des gens ivres : dé­marche
mal assurée, propos à demi-cohérents, et sourire béat sur les lèvres. Nous avons rangé les
chaises tant bien que mal avec une énergie
proprement inhumaine, sous la musique étourdissante du feu d'artifice en préparation.
Et auquel, à 20 h 30, une grande foule vint
encore assister. Le bouquet final ! Avec Mozart,
Tchaïkovski, Vivaldi et Thérèse à plein tube, le
ciel lexovien et la basilique ornée des portraits
de Louis et Zélie sont passés par toutes les
couleurs, et la soirée s'est finie sur un grand cri
"pour Louis et Zélie hip hip hip... HOURRA !"
En deux mots : Deo gratias ! ■
Cardinal
José
Saraiva
Martins
Arrivée du reliquaire
sur le parvis.
© PASCAL LAMBOT
A Lisieux, la béatification
de Louis et Zélie Martin a eu lieu
le 19 octobre, sous la présidence
du cardinal Saraiva Martins.
Bref compte-rendu pour ceux
qui n'ont pas pu s'y rendre...
© PASCAL LAMBOT
par Hélène Mongin*
Spectacle de
Louis et Zélie Martin,
avec une pluie de
pétales de roses.
36 FRANCECatholique n°3138 31 octobre 2008
Christine Boutin
entre dans
la basilique.
© PASCAL LAMBOT
Dans la basilique,
le Cardinal José Saraiva Martins
célébrant devant le reliquaire.
© PASCAL LAMBOT
© PASCAL LAMBOT
© PASCAL LAMBOT
Pietro
Schiliro
FRANCECatholique n°3138 31 octobre 2008
37
expositions
Le
expositions
Hôtel des Arts, à Toulon
Rosemarie Trockel,
Sans titre, 1996
Peinture acrylique,
encre de Chine sur papier.
visage
qui s’efface
Jean Hélion,
Autoportrait, 1980
Fusain, pastel,
encre sur papier gris.
Pour aboutir à la sculpture aérienne et colorée que construit Jean Hélion ou ce magma
indistinct, quoique vivement tracé, un grand
panneau dû à Erik Dietman.
Le visage parfois s’efface au profit d’une
empreinte digitale, Liz Ridéal qui trace
son autoportrait au moyen de son
seul pouce, mais gros comme un nid
d’abeilles. 0u disparaît sous le recouvrement joyeux d’un buste, recouvert
de rouge vif, « Autoportrait », une
grande peinture de Ant Trattner. Ou
encore ces trois impressions numériques, nommées « Biface » par
l’auteur, Michel Salsmann, une sourde démultiplication.
Monochrome, ou abondamment
coloré, le portrait disparaît. Il n’y a
plus que la tache laissée ; comme le
haricot blanc d’Henri Michaux, un
guerrier de papier froissé - Antony
Clavé - ou le magma coloré, presque
illisible, de Gérard Gasiorowski : « Les
femmes ! ah oui, les femmes ». Ou
cet échiquier multicolore qu’imprime
Chuck Close, un « self portrait »
comme un puzzle aux 203 couleurs.
Collection Centre Georges Pompidou
© ADAGP, Photo CNAC/MNAM Dist RMN - © photographe Philippe Migeat
38 FRANCECatholique n°3138 31 octobre 2008
Denis Monfleur, L’autoportrait, 2007
Granit et acier sur socle.
Collection de l’artiste - © photographe Isabelle Cornaro
Des croquis
que le temps
fait s'envoler
L’effacement progressif du visage se répand,
à la suite de ceux qui furent des précurseurs,
comme Giacometti (trois huiles sur toile) ; les
figures empâtées ne sont plus que des taches
sombres et croûteuses… De Jean Fautrier, un
bronze austère. Et le grand Dubuffet qui nous
offre ses « Chairs feuilletées ». Impressionnantes.
L’image se perd sur le fond. Voyez les artistes
chinois d’aujourd’hui, avec leurs vastes huiles
noires, traversées de grands gestes ; ou encore les
frottis pensifs - l’encre de Chine affleure à peine
le papier - de Zoran Music et le brouillard intenable de Michel Hass… Ou bien le torchis lumineux du breton Tal Coat. Mais aussi un masque
pour évoquer la vie (Gérald Thupinier) ; ou ce
« Pieds » (pour remplacer la tête ?) coupé en trois
morceaux, une photographie impressionnante de
John Coplans…
Et puis la mort en face ! « Au fond des yeux »
évoque une représentation du Christ ; trois
morts, une huile repoussante sur toile de Lydie
Arickx ; des photographies de fantômes ; enfin,
les irréalistes jumeaux chinois, une œuvre terrifiante de Zhang Xia Go Gang.
Mais aussi l’espérance, voiles de lumière
abstraite à la Rothko de Arnulf Rainer ; l’autoportrait de grande taille,
arraché au granit par Denis
Montfleur et ce voile de
madone, appliqué sur un
visage, comme celui de
Marie Madeleine qui
parle de paix et d’éternité.
Au terme d’un long
panorama, l’image
radieuse de Music
nous parle d’un nid ; nid
d’oiseaux, nid de clarté qui
vogue sur un léger nuage
bleu, vie de lumière… ■
Collection particulière
© photographe Francis Hammond
C
e ne sont pas des portraits, ce sont des
têtes. Et pas des figures avenantes ou
de caractère. Ni bourgeois ni gens du
peuple… Mais des physionomies variées,
de toute sorte, même. Des hommes
plutôt, dans la force de l’âge ou la maturité, des
jeunes gens parfois, des vieux... Et quelques femmes.
Une humanité très quelconque, sombre même,
tracée à la plume… ou au crayon, à la gouache, à
l’huile enfin ! Mais toujours à la hâte. Des croquis
que le temps fait s’envoler.
« Le visage qui s’efface », un beau titre ! Qui
implique l’action et notamment, celle du visiteur.
De «…Giacometti à Bazelitz » (sous-titre), le
visiteur aborde la transformation radicale, durant
la seconde moitié du XXe siècle, de l’art de la
figuration et de la personne humaine.
Adieu la quête d’une ressemblance,
finie la recherche d’une expression ou
l’aspiration à la représentation fidèle,
dans le souci de l’apparence.
Préoccupation que l’on constate
déjà avec la naissance de l’abstraction, puis dans le pari du symbolisme,
la fougue enfin des surréalistes. Les
traits signant une figure - tête ou
corps – s’allègent. Les tracés tendent
à se décomposer, à se dépersonnaliser,
signant la perte de l’identité humaine.
Voyez ces personnages vus de dos,
cet embrouillamini de couleurs et de
traits - yeux, nez, bouche – comme
des taches… Une figuration abstraite !
si l’on peut dire, de Gabi Klasmer, avec
flou oblique de la « Composition »
d’Henri Michaux ou le visage multicolore vu en arrière peint par Eduardo
Arroyo.
Georg Baselitz,
Ralph III, 1965
Huile sur toile.
Collection Centre Georges Pompidou - © Georg Baselitz, Photo CNAC / MNAM Dist
RMN © Droits réservés
À Toulon, un hôtel pour les arts…
et des « visages qui s’effacent… »,
de Giacometti à Basekutz,
une belle exposition proposée
jusqu’au 23 novembre.
Collection Centre Georges Pompidou - © ADAGP, Photo CNAC/MNAM Dist RMN - © photographe Adam Rzepka
par Ariane Grenon
Isabelle Cornaro, Sans souci, 2005
Cheveux et papiers assemblés.
« Le visage qui s’efface / De Giacometti
à Basekutz », à l'Hôtel des Arts, 236
bd Général Leclerc, 83000 Toulon. Tél. :
04.94.91.69.18, jusqu’au 23 novembre,
tous les jours sauf lundi et jours fériés (11h18h), entrée libre / [email protected]
FRANCECatholique n°3138 31 octobre 2008
39
MUSIQUE
sélection de disques
Le genre oratorio
par François-Xavier LACROUX
Cette forme lyrique proche
de l’opéra, destinée à être
exécutée dans une église
et dont le sujet était
initialement biblique,
suivit un développement
rapide dans l’histoire de
la musique. Jusqu’à traiter
des sujets mythologiques…
Judas Maccabaeus
– G.F. Haendel (1685
– 1759) – Barucco
Wiener Singakademie
– Heinz Ferlesch,
direction – ORF
– SACD478 – 2 CD Sortie 2ème trimestre 2008 - 
S
i Le Messie reste l’oratorio le plus
connu d’Haendel, interprété de
façon continue depuis sa création
au Royaume-Uni, le compositeur proposa
nombre d’œuvres sur des thèmes bibliques,
dont ce Judas Maccabée. Composé à la fin
de sa carrière (1747), donc après Le Messie,
cette œuvre en anglais déploie tous les
artifices instrumentaux et vocaux alors à
la disposition d’Haendel : grand orchestre
quasi symphonique, chœur important, 6
solistes. Pour célébrer Judas Maccabée,
héros de l’histoire juive, chef de guerre
valeureux contre les forces syriennes,
Haendel choisit de raconter cette épopée
en trois actes, et la conclut par l’accord
de paix signé avec les Romains.
Les interprètes du jour, dont l’en­
registrement a été fait en public, se
sortent plus qu'honorablement de
l’exercice. Les équilibres sonores sont
bien rendus entre chœur, orchestre et
solistes. On pourra reprocher une certain
manque de dynamisme et trouver que
les solistes surjouent légèrement…
d’où un décalage avec l’orchestre qui
apparaît parfois. Aléas du concert…
Les chœurs sont propres. Les cuivres
de l’orchestre, quant à eux, n’ont pas
40 FRANCECatholique n°3138
suffisamment de brillant. Cependant, une
véritable cohérence d’ensemble en fait un
enregistrement à l’intérêt certain.
Orfeo ed Euridice –
C.W. Gluck
(1714 – 1787) –
Rundfunckchor &
Gewandhausorchester
Leipzig – Vaclac
Neumann, direction –
Berlin Classics – LC 6203 – Réédition - 
D
e façon stricte, Orphée et Eurydice
ne constitue pas un oratorio mais
plutôt un « théâtre en musique »
comme le définira Gluck lui-même. Il garde
cependant une forme simple qui peut être
rapprochée de l’oratorio. Il est aussi un
passage vers l’opéra classique, comme
un drame qui se déroule tout le long de
l’œuvre, et non plus, tel un opéra séria qui
enchaîne des scènes interchangeables,
souvent fantaisistes. En cela, il est un
oratorio qui ne dit pas son nom… Tout
élément musical n’a donc qu’un seul but :
exprimer le drame qui se joue devant
nos yeux, sans arrêt ni interruption, dans
un désir de « retour à la nature », à la
Rousseau. Par ailleurs, le chœur joue ici
un rôle moteur, celui de l’action. Il n’est
donc plus seulement un élément décoratif,
mais est tout aussi important que dans
l’oratorio, tel qu’on le trouve chez Haendel
par exemple.
Orphée et Eurydice, c’est l’histoire
d’une passion amoureuse, celle d’un
homme pleurant la mort de son épouse,
qui, pour la retrouver, descent aux Enfers
et l’en ramène… morte… Mais le dieu
« Amor », allégorie de l’amour d’Orphée, lui
rend sa belle. Si le sujet n’est pas original,
la façon dont Gluck le traite est saisissante.
Et nous rapproche de Mozart et de Verdi.
Avec tout le pathos qui peut s’en échapper.
La réédition de cet enregistrement de
1967 est intéressante à plus d’un titre.
On redécouvrait à cette époque Gluck
comme un pivot essentiel dans l’histoire
de la musique. Par ailleurs, cette version
avait enthousiasmé la critique à sa sortie.
31 octobre 2008
Qu’en reste-t-il aujourd’hui ? Une certaine
fraîcheur, comme un enfant émerveillé
devant un monument qui s’impose à lui
et dont il découvre les contours pour
la première fois. On sent les musiciens
dans une sorte de stupéfaction. Les
traits ne sont pas trop lourds, les tempi
retenus… les phrasés datent bien un peu
et les chanteurs sont encore bien proches
de l’ambiance Wagnérienne, malgré
d’évidents efforts, mais de l’ensemble se
dégage beaucoup de force et convainc
vraiment. A redécouvrir…
Hélène & Nuit
Persane – Camille
Saint-Saens (1835
–1921) – BelleEpoque Chorus –
Orchestre Victoria
– Guillaume Tourniaire, direction – Melba – MR
301114-2 – 2 CD Nouveauté - 
L
a vision qu’a Saint-Saëns du mythe
d’Hélène, toute différente de celle
d’Offenbach, offre une composition
lyrique proche de l’oratorio, parfois
consi­déré comme opéra. Il veut mettre
en avant le drame, en forme de tableaux
dans la tradition du théâtre antique. Bien
qu’ayant eu un succès fulgurant à sa
création, en 1904 à Monte-Carlo, cette
œuvre assez courte, ramassée, tomba
dans l’oubli pendant plus de 90 ans.
Malgré les quelques innovations
musicales introduites notamment dans le
traitement des chœurs, c’est sans doute
surtout le désintérêt pour les œuvres
inspirées de la civilisation grecque et
romaine qui la précipita dans l’ombre. Il
faut donc reconnaître le mérite de ces
interprètes australiens de se pencher sur
le pa­trimoine musical français. Alors,
certes, la diction n’est pas parfaite, le
chœur et l’orchestre ne sont pas de
tout premier plan, mais l’enthousiasme
qui se dégage des chanteurs et du chef
est communicatif. Et suscite à son tour
l’engouement. Saint-Saëns est, lui aussi,
encore à redécouvrir ! n
Noël Gloesner
Monique Amiel
Saint
Benoît
L'âme de l'Europe
8/44
© Editions du Triomphe, 7 rue Bayen, 75017 Paris, tél. 01.40.54.06.91, [email protected], www.editionsdutriomphe.fr
FRANCE CATHOLIQUE
à suivre...
théâtre
« Merlin l’enchanteur »
Vacances
enfantines
par Pierre François
Magie et
prestidigitation
insérées dans
la mise en
scène
Un texte merveilleux
« La Contrebasse » jouée au théâtre Poche Montparnasse reste un texte magnifique
interprété par un comédien crédible. Il est dommage que quelques problèmes de rythme
gâchent en partie le plaisir qu’on a à l’entendre. En effet, cette pièce fait partie des rares
œuvres qui enseignent leur public tout en l’intéressant. Le personnage du contrebassiste
est bien campé dans sa déchéance. On sent plein de pertinence dans les propos sur les
rapports entre musique et vie quotidienne, amoureuse ou même nazisme. On a par contre
plus de mal à croire à l’amour jaloux du personnage pour Sara. Reste une pièce qui
demeure un monument de la littérature. ■
(1) « La Contrebasse », de Patrick Süskind. Avec Stéphane Bierry, au Théâtre de PocheMontparnasse, 75 bd du Montparnasse, 75006 Paris. Du mardi au samedi (21h), matinées le
samedi (18h) et le dimanche (15h). Places à 32, 26, 20 e, T.R. 10 e ; Tél. 01.45.48.92.97.
42 FRANCECatholique n°3138 31 octobre 2008
La distribution des rôles
entre gentils (Arthur, Merlin,
puis Gueniaise) et méchants
(Morgane, Guenièvre) est si limpide que quand on demande aux
enfants d’encourager Morgane,
ils la huent. Pourtant, là aussi on
sent qu’on s’éloigne de la caricature pure et simple : Merlin est
un tantinet vaniteux, GuenièvreGueniaise, qui est au service
de Morgane, tombe amoureuse
d’Arthur.
Bref, on a là une bonne pièce
en ce sens qu’elle forme réellement le goût du jeune public, le préparant à voir
ensuite des pièces plus structurées encore.
Au même endroit et par la même troupe,
« les filles de Babayaga » (2) est une comédie
musicale au déroulement plus confus. Ce que ce
jeune spectateur dit à sa façon : « Au début on
croit que c’est l’histoire de Cendrillon et puis on
s’aperçoit trop tard que c’en est une autre ». La
mise en scène a pourtant un
côté efficace et simple, les
costumes sont beaux, celui
de la sorcière et du miroir en
particulier. Les chants sont
bien. Pour détromper l’ennui qui finit pourtant
par s’installer, dû sans doute à un texte comportant un trop grand nombre de lieux communs, on
peut transformer l’assistance à cette pièce en jeu
pour détecter les ressemblances et différences
entre ce conte russe et celui de Perrault (3). n
(1) « Merlin l’enchanteur », au petit théâtre des Variétés, 7 bd Montmartre, 75002
Paris, jusqu’au 4 janvier, le mercredi (16h) et
le samedi (15h), tous les jours pendant les
vacances scolaires. Tél. 01.42.33.09.92.
(2) « Les filles de Babayaga, chef-d’œuvre des
contes russes », conte musical de Catherine
Thevenau, mise en scène de Patrick Alluin. Le
mercredi (14h30) (tous les jours durant les
vacances) et le dimanche (15h).
(3) Charles Perrault (1628-1703) a effectivement repris un conte existant dans toutes
les civilisations en lui ajoutant, comme il le
faisait à chaque fois, une moralité.
© eric ramahatra
tophos
«L
e théâtre des Variétés est un de ces
lieux multiséculaires à rideau rouge,
pampilles en cristal… et escalier en
colimaçon. Les petites jambes des
enfants doivent en effet mériter le
plaisir de voir l’histoire de « Merlin l’enchanteur »(1) dans la petite salle de ce grand théâtre.
Le magicien arrive par le fond de la soupente à
charpente en bois dans laquelle une centaine de
spectateurs est installée et commence ses mixtures sans s’inquiéter du public. Ce n’est qu’accidentellement qu’il s’aperçoit de sa présence et
lui annonce qu’il va lui raconter la vraie histoire
d’Arthur et Excalibur.
Le récit est divisé en de multiples tableaux
brefs, de sorte que l’attention des jeunes spectateurs est sans cesse relancée. Magie et prestidigitation sont de la partie, non pas plaqués sur
l’histoire mais vraiment insérées dans la mise en
scène. À l’occasion, un dialogue est noué avec
les enfants et des encouragements sollicités :
on n’est pas loin de Guignol, même s’il est clair
qu’on s’adresse à un âge plus avancé (après 4
ans). En témoigne le choix du vocabulaire, riche,
juste et simple à la fois. Ce n’est pas là que nos
têtes blondes s’abêtiront, bien au contraire.
D.R.
Conte et théâtre peuvent faire
bon ménage. C’est le cas ici,
même si la comédie musicale
souffre d’approximations qui ne
touchent pas la légende d’Arthur.
TéLéVISION
La mort du président
La marche de Radetzky
par Marie-Christine RENAUD d’André
DR
Georges Conchon, Erik Orsenna et Louis
Gardel se sont réunis pour adapter ce
chef-d'œuvre de Joseph Roth, retraçant
l'effondrement de l'empire austro-hongrois et la montée des nationalismes.
C'est la fin d'un monde et le début d'un
nouveau qui sont fidèlement reconstitués dans des décors magnifiques. Axel
Corti (mort peu de temps après la fin du
tournage) en a assuré la mise en scène,
et la distribution internationale est bril­
En octobre 2007, le président George W.
Bush fait un discours dans un hôtel à
Chicago. Une foule hostile l'a suivi tout le
long de son parcours, et les esprit sont
échauffés. À sa sortie de l'hôtel, il est
abattu par un tireur embusqué. Plusieurs
personnes racontent ce qui s'est passé.
 Cette histoire originale, montée
comme un documentaire mêlant images
d'archives et reconstitutions, est une
œuvre de politique-fiction. La question
n'est pas tant de savoir qui a tué le président, mais plutôt ce qui se passe après
son assassinat. Passionnant.
 Le film semble assez objectif envers
George W. Bush, ne le caricaturant jamais,
soulignant, au passage, son talent rare
pour exploiter le mépris de certaines personnes à son égard. Mais la réaction des
autorités américaines fait froid dans le dos.
Cette superbe adaptation
du roman de Joseph Roth
décrit bien la fin d’un monde.
I
l y a quatre-vingt-dix ans, la Pre­­-­
miè­re Guerre mondiale prenait fin,
au soulagement de tous. Mais l’armistice marquait également la chute de
l’Empire austro-hongrois. C’est en 1932
que Joseph Roth retrace ces événements
dans un très grand livre qui suit la
famille von Trotta sur trois générations.
Il était simple lieutenant d'infanterie,
lors de la bataille de Solferino, mais les
circonstances ont permis à Joseph Trot­
ta de sauver la vie de l'empereur Fran­
çois-Joseph. Reconnaissant, celui-ci
l'anoblit et le nomme capitaine. Des
années plus tard, déçu par l'empereur,
Joseph quitte l'armée et se retire sur ses
terres de Bohême.
 Les producteurs de cette belle
œuvre, n'ont pas lésiné sur les moyens.
Thriller britannique (2006) de Gabriel Range, avec Hend Ayoub
(Zahra Abi Zikri), Becky Ann Baker (Eleanor Drake), Brian
Boland (Larry Stafford), Robert Mangiardi (Greg Turner), Jay
Patterson (Sam McCarthy), Jay Whittaker (Frank Molini) (1h32).
Diffusion le samedi 1er novembre, sur Arte, à 22h45.
Disparitions, le retour
aux sources (1 et 2/12)
Série française (2008) de Bruno Gantillon, avec Jérôme Bertin
(Antoine Deslambres), Georges Corraface (Raphaël Sormand),
Agathe de la Boulaye (Claire Etxebarra), Cédric Chevalme (Luc
Seignolles) (1h44). Diffusion le samedi 1er novembre, sur France
3, à 20h50.
lante, ce qui ajoute au plaisir que l'on
prend à suivre cette belle fresque. Mais
il y a beaucoup de longueurs (surtout
dans la première partie). Comme le dit
joliment un personnage, en parlant de la
ville de Vienne, celle-ci « sent déjà la
sueur des démocrates ».
 Il est dommage que les images ne
soient pas toujours très discrètes, car
l'ensemble est d'une belle qualité. ■
La marche de Radetzky. Téléfilm franco-germano-autrichien (1994) d’Axel Corti, d'après le roman de Joseph Roth,
avec Max von Sydow (Franz von Trotta), Tilman Günther
(Carl-Joseph von Trotta), Claude Rich (le docteur Demant),
Charlotte Rampling (Madame von Taussig), Elena Sofia Ricci
(3h37). Diffusion dimanche 2 novembre, sur Arte, à 20h40.
Seule
F2
Une jeune fille est retrouvée assassinée
dans une grotte, selon un rituel étrange.
 Elle est attachante, cette
sombre histoire, dont on devine qu'elle va
verser dans l'ésotérisme. Des personnages
bien dessinés, une excellente interprétation
et une mise en scène de qualité, tels sont
les atouts d'une série intéressante. En
prime, la ville de Toulouse est magnifiquement filmée. Quelques longueurs.
 Les héros semblent liés par un
lourd secret, et l'on devine que certains
se livrent à des pratiques sectaires.
(
Une brillante
distribution au service
d’une histoire forte
Éric et Brigitte travaillent dans la même entreprise.
Un jour, Brigitte apprend que son mari vient de se
jeter par la fenêtre de son bureau. Pourquoi a-t-il
fait cela ? Nul ne le sait, mais la jeune femme
constate bientôt que le vide se fait autour d'elle.
 Dans cette histoire bouleversante, les
problèmes du stress au travail et de la terrible
pression exercée sur les cadres restent en toile de fond et ne constituent pas l'essentiel du
sujet. Celui-ci est surtout centré sur l'héroïne et son chagrin qui éloigne, peu à peu, les
meilleures volontés. Barbara Schulz incarne cette héroïne dévastée avec beaucoup de
sensibilité et de sobriété. Elle est l'atout majeur d'une histoire poignante qui évite la charge
politique. Mais la fin est décevante.
 C'est terrible de voir à quel point les gens peuvent se montrer lâches devant la
douleur d'autrui. Comme si celle-ci était gênante, voire obscène. La sollicitude du début
fait, peu à peu, place à l'indifférence puis au rejet.
Téléfilm français (2008) de Fabrice Cazeneuve, avec Barbara Schulz (Brigitte Nardier), Jean-Pierre Lorit (Éric Nardier), Emma Lycia
Gomez (Léa Nardier), Christèle Tual (Marie-Hélène), Marie Payen (Caroline), Michèle Goddet, Laurent Delbecque (1h30). Diffusion le
mercredi 5 novembre, sur France 2, à 20h55.
FRANCECatholique n°3138 31 octobre 2008
43
télévision
Dimanche 2 novembre
Lundi 3 novembre
Mardi 4 novembre
TF1
TF1
TF1
TF1
20.50 Le grand quiz du cerveau.
20.50 Les experts : «Meurtres à
20.50 Joséphine, ange gardien
«Noble cause» GA. Téléfilm avec
20.35 Football «CFR Cluj (Rou­
manie)/Girondins de Bordeaux».
22.50 Blade II A/Ø. Fantastique
(2002) de Guillermo del Toro, avec
Wesley Snipes, Kris Kristofferson
(1h53) 3.  Pas terrible,
morbide et très violent.
00.55 Édition spéciale «Élections
américaines». Magazine présenté
par Bénédicte Le Châtelier et
Damien Givelet.
France 2
44 FRANCECatholique n°3138 31 octobre 2008
DR
F3 - C. Schousboe
Divertissement présenté par Ca­role
tous les étages», «L’envers du
Mimie Mathy, Hubert BenhamdiRousseau et B. Castaldi, avec Anne
décor», «Les poupées russes». Série
ne, Christophe Laubion, Jean-MaRoumanoff, Christine Bravo, Valéavec Marg Helgenberger, William
rie Winling, Coraly Zahonero,
rie Bègue, Laurent Ruquier, Laurent
Petersen 3.
Marie Mouté, Françoise Bertin,
Ournac, Max Boublil.
23.15 Profession profiler A/Ø.
Jean-Paul Bonnaire.  Char23.15 New York, unité spéciale.
Thriller (2004) de Renny Harlin,
mant, mais assez prévisible.
Série avec Christopher Meloni 3.
avec Val Kilmer, Christian Slater
22.35 Esprits criminels. Série
(1h42) 3.  Pas mal, mais
France 2
avec Joe Mantegna 3.
confus, violent et sensuel.
20.50 Fanny. Théâtre de Marcel
France 2
France
2
Pagnol, avec Cathe­rine Ferran,
20.50 Cold case : «Voleurs d’enAndrzej Seweryn, Sylvia Berfance», «Le bal des débutants»,
gé, Jean-Baptiste Malartre.
Émissions religieuses :
«Brebis égarées». Série avec
En direct du Théâtre du
08h30 Émissions religieuses : «Sagesses boud­
Kathryn Morris, Danny Pino 2.
Vieux-Colombier.
dhistes», «Islam», «Judaïca», «Source de vie» 23.10 Complément d’en­
23.35 On n’est pas couché. 10h00 Agapè «Accueillir l’étranger : Pourquoi ?
Ma­gazine de Laurent Ruquier. Comment ?» - 11h00 Messe en la basilique No­tre- quête «Crise : Et maintenant,
Dame de Montligeon, à La Chapelle-Montligeon la facture !». Magazine présenFrance 3
té par Benoît Duquesne.
(61). Prédicateur : Mgr J.-C. Boulanger.
France 3
20.55 Le monde ne suffit pas
20.55 Vie privée, vie publique
GA. Aventures (1999) de Michael
«Bas les masques !» avec Fran­çoise
Apted, avec Pierce Brosnan,
Hardy, Christian Clavier, Pierre
Sophie Marceau, Robert Carlyle,
Palmade, Sylvain Augier, Mylène
Denise Richards, John Cleese
Demongeot, Boris Cyrulnik».
(2h08).  Un James Bond
Magazine présenté par Mireille
assez décevant.
Dumas.
20.50 Disparitions, le retour aux
23.05 Les indépendants mon23.25 Ce soir (ou jamais !). Magasources (1 et 2/12) GA. Téléfilm
tent le son. Magazine présenté
zine présenté par Frédéric Taddéï.
avec Jérôme Bertin, Agathe de la
par Guillaume Durand, avec Sté00.40 NYPD blues. Série avec
Boulaye (1h44). (voir notre ana­
phane Blakowski, Laurent Baffie,
Dennis Franz.
lyse page 43)
Jérôme Bonaldi, Philippe
23.20 Affaires classées «L’af­
Arte
Ma­nœuvre, etc.
faire du fantôme de Kehl, à StrasFrance
3
bourg». Documentaire 2.
00.15 Louise. Opéra de G. Char­
20.55 Inspecteur Barnaby «La
pentier, avec l’Orchestre de l’Opéra
réunion des anciennes». Téléfilm
National de Paris, sous la direction
avec John Nettles, Jane Wy-­
de Sylvain Cambreling, et avec
mark 2.
Mireille Delunsch, José Van Dam.
23.15 Haute tension «Sans lui,
sans elle…». Documentaire.
Arte
00.15 Gabriel over the White
21.00 La fureur de vivre GA.
21.00 L’aventure humaine
House. Drame en NB (1933) de
Dra­me (1955) de Nicholas Ray,
«Torpil­lé à l’aube : Le naufrage du
Gregory La Cava, avec Walter
avec James Dean, Natalie Wood,
Szent Istvàn» J.  Très intéresHuston, Karen Morley (1h25).
Sal Mineo (1h46).  Ce film
sant.
Arte
my­thique fit de James Dean une
21.50 L’aventure humaine «À la
star. C’est le constat lucide du
poursuite des corsaires du Kaiser
La fin de l’Empire austro-hongrois
désarroi d’une jeunesse débous(2) : Traque au Cap Horn».
20.40 La marche de Radetzky A.
solée.
22.45 La mort du président J.
Téléfilm, d’après le roman de Jose22.45 Musica «Solal : Jazz never
Téléfilm avec Hend Ayoub, Becky
ph Roth, avec Max von Sydow, Tilends». Documentaire.
Ann Baker, Brian Boland (1h32).
man Günther, Claude Rich (3h37).
(voir notre analyse page 43)
(voir notre analyse page 43)
M6
M6
M6
20.50 X-Men II GA. Science-ficLa trilogie du samedi
tion (2003) de Bryan Singer, avec
20.50 Capital «Équiper sa maison :
20.50 Journeyman : «Le soldat
Patrick Stewart (2h09) 2. 
Bons plans et petits prix». Maga­
inconnu», «L’homme du futur».
Aussi étonnant qu'amusant. Mais
zine présenté par Guy Lagache.
Série avec Kevin McKidd.
cette débauche d'effets spéciaux
22.50 Enquête exclusive
22.20 Supernatural. Série avec
finit par lasser.
«Contrebande de cigarettes : Les
Jensen Ackles 3.
23.10 The one GA. Science-fiction
étonnantes filières du trafic».
23.55 Hex «La malédiction» 2.
(2001) de James Wong, avec Jet Li,
Magazine présenté par Bernard
Canal +
Delroy Lindo (1h19) 2. 
de La Villardière.
La semaine américaine
Très décevant et ennuyeux.
Canal +
20.50 Swing vote. Comédie
Canal +
20.50 Football «Lyon/Le Mans».
(2008) de Joshua Michael Stern,
La semaine américaine
avec Kevin Costner, Dennis HopKTO
20.50 Allez à L. A. Documentaire
per, Kelsey Grammer (1h55).
20.40 La foi prise au mot «Purga­
présenté par Antoine de Caunes.
KTO
toi­re».
KTO
20.40 VIP «Mikhaïl Rudy». Rencon21.40 Vu de Rome.
20.40 Le cerveau mystique. Une
tre avec un célèbre pianiste.
22.00 Vous ne direz plus Mora
approche scientifique de l’état de
21.40 Concert «Sir Edward Elgar : Le
Mora.
méditation.
rêve de Géronte».
23.00 L’esprit des lettres. Maga­
21.45 L’année saint Paul.
23.30 Mag’assoc «L’Œuvre des
zine présenté par Pierre-Luc
22.20 L’esprit des lettres.
campagnes».
Séguillon.
F2 - G. Scarella
Samedi 1er novembre
20.45 Nicolas Le Floch «L’énigme
des Blancs-Manteaux» GA. Téléfilm avec Jérôme Robart, François
Caron, Mathias Mlekuz, Vimala
Pons, Vincent Winterhalter, JeanMarie Winling (1h40).  Ce
second épisode est bien supérieur
au premier. Des images pénibles.
22.50 Non élucidé «L’affaire
Jonathan». Magazine présenté
par Arnaud Poivre d’arvor et JeanMarc Bloch.
France 3
20.50 On ne vit que deux fois
GA. Aventures (1967) de Lewis
Gilbert, avec Sean Connery, Akiko
Wakabayashi, Tetsuro Tamba, Mie
Harra (2h10).  Un excellent
James Bond.
22.55 Ce soir (ou jamais !) (et à
23h25). Magazine.
00.40 NYPD blues. Série.
Arte
Le duel 2008
21.00 Le duel 2008. Documentaire.
23.00 Presque tout ce que vous
avez voulu savoir sur la culture
en Amérique. Documentaire.
M6
20.50 Desperate housewives :
«Seul dans le noir», «Commérages»
GA. Série avec Teri Hatcher, Eva
Longoria.  Très réussi.
22.30 Nip/Tuck. Série avec Julian
McMahon, Dylan Walsh 3.
Canal +
La semaine américaine
20.50 Man of the year J. Comédie
(2006) de Barry Levinson, avec
Robin Williams, Christopher Walken (1h51).  Une satire amusante, mais énorme, des mœurs
américaines. Des trivialités.
KTO
20.40 Les mardis des Bernar­
dins «La finalité de la justice :
Sécurité ou rédemption ?», avec
le cardinal A. Vingt-Trois et
Me Charrière-Bournazel.
21.45 Églises du monde «ÉtatsUnis».
22.20 VIP «Mikhaïl Rudy».
télévision
Mercredi 5 novembre
Jeudi 6 novembre
Vendredi 7 novembre
TF1
TF1
TF1
20.50 Grey’s anatomy : «Lâchez
20.50 Paris enquêtes crimi­
20.50 Star Academy. Divertisse-
KTO
20.40 Fagin et Olivier, enfants des
rues à Jakarta. Un documentaire
sur ces enfants qui ont commencé à
travailler dès l’âge de six ans.
21.45 La famille en questions.
22.20 La foi prise au mot «Purga­
toire».
21.00 Marius et Fanny. Opéra de
Vladimir Cosma, avec l’Orchestre
et le Chœur de l’Opéra de Marseille, sous la direction de Jacques
Lacombe, et avec Roberto Alagna,
Angela Gheorghiu, Jean-Philippe
Lafont, Éric Huchert (2h37).
23.40 Au cœur de la nuit «H. P.
Baxxter (Scooter) et Heinz Strunk».
M6
20.50 Incroyable talent. Divertissement présenté par Alessandra Sublet, avec Sophie Edelstein,
Gilbert Rozon et Patrick Dupond.
22.45 Shark. Série avec James
Woods 2.
Canal +
20.50 Dirty sexy money (5 et
6/10) : «La fête», «Le jeu» GA. Série
avec Donald Sutherland, Peter
Krause.  Très bien fait.
KTO
20.40 L’assemblée plénière des
évêques de France à Lourdes.
21.00 Hors les murs «Les évêques
et la bioéthique», avec Mgr P. d’Ornellas, Mgr P. Barbarin et E. Montfort.
22.20 Questions ouvertes.
22.45 Concert «Sir Edward Elgar :
Le rêve de Géronte».
Samedi 1er novembre
12h Face aux chrétiens : André Santini.
ment présenté par Nikos Aliagas.
23.20 C’est quoi, l’amour ?
Magazine présenté par Carole
Rousseau.
France 2
20.50 Boulevard du Palais «Trahisons» GA. Téléfilm avec Anne
Richard, Jean-François Balmer,
Philippe Ambrosini, Michel Robin,
Anne Le Ny (1h29) 2.  Un
épisode très réussi, avec de l'humour et un excellent suspense.
Mais certaines méthodes poli­
cières sont contestables.
22.35 Musique au cœur,
5 étoiles «Natalie Dessay, ParisNew York». Magazine présenté
par Ève Ruggiéri.
France 3
20.55 Thalassa «Sur le sentier du
littoral : De Montpellier à PortVendres». Magazine présenté par
Georges Pernoud, en direct de
Collioure.
23.20 Comme un vendredi.
Magazine présenté par Samuel
Étienne.
Arte
21.00 Inéluctable GA. Téléfilm
avec Jean-Michel Portal, Vanessa
Larré, Ary Abittan, Antoine Chappey, Constance Dollé, Delphine
Rich, Thibault de Montalembert
(1h13).  Ce scénario castastrophe sur les risques
nu­cléaires constitue un excellent
suspense. Mais ce n’est pas toujours vraisemblable.
22.15 À la recherche des
secrets du big bang. Documentaire.
23.05 Tracks. Magazine.
M6
20.50 NCIS : «Un homme de foi»,
«La loi du talion», «La grenouille».
Série avec Mark Harmon 2.
23.15 Sex and the City. Série
avec Sarah Jessica Parker 2.
Canal +
RCF
Samedi 1er novembre
22h Perspectives "Pourquoi la mort ?"
avec Jean-Noël Dumont (philosophe).
23h Halte Spirituelle, l'intégrale
"Spécial Toussaint", avec le Père
Jean-Luc Ragonneau (jésuite).
Dimanche 2 novembre
16h La voix du petit chanteur "Re-
quiem de Maurice Duruflé par le
Chœur de St John College, Cambridge"
22h Témoin "Rodolphe Berthon, 28
ans, en recherche de vocation"
Mardi 4 novembre
21h L'Art et la Foi "Hommage au
peintre Georges Rouault"
Jeudi 6 novembre
9h En direct, à l'occasion du forum
islamo-catholique à rome du 4 au 6
novembre regroupant 24 représentants et personnalités religieuses
catholiques et musulmanes.
21h Émission à l'occasion de l'assemblée des évêques à lourdes, du
2 au 9 novembre et à quelques mois
de la révision des lois sur la bio­
éthique "Les enjeux de la bioé­
thique aujourd'hui", avec Mgr Pierre d’Ornellas (archevêque de Rennes
et responsable du groupe de travail des
évêques sur la bioéthique), du cardinal
Philippe Barbarin (archevêque de
Lyon), d’Elizabeth Montfort (ancien
député au Parlement européen, conseil­
lère régionale d’Auvergne).
France Culture
Samedi 1er novembre
10h "Messe de la Toussaint", depuis
l’église St-Jean-Baptiste de La Salle,
9 rue du Dr Roux, 75015 Paris,
commentée par Frère Éric Macé,
prédicateur : Père Guillaume de
Menthière.
Dimanche 2 novembre
10h "Messe des Défunts", depuis
l'église Saint-Eustache, rue du Jour,
75001 Paris, commentée par Frère
Éric Macé. Prédicateur : Père Forestier.
Marie Bizien
La semaine américaine
DR
20.50 À l’école de la cuisine
française J. Documentaire de
Sébastien Daguerressar et Véronique Préault.  Une rencontre
intéressante avec des apprentis
cuisiniers étrangers.
22.55 Ce soir (ou jamais !) (et à
23h25). Magazine présenté par
Frédéric Taddéï.
00.50 NYPD blues. Série avec
Dennis Franz.
Arte
21.00 Les mercredis de l’histoire
«Verdun, aux portes de l’enfer».
Documentaire.
22.30 Un nouveau président «Et
maintenant ?». Magazine présenté
par Daniel Leconte, en direct de
Washington.
23.40 The great water. Comédie
dramatique en VO (2004) de Ivo
Trajkov, avec Saso Kekenovski,
Maja Stankovska (1h30).
01.10 Court-circuit.
M6
20.50 66 minutes. Magazine présenté par Aïda Touihri.
22.15 66 minutes «L’enquête».
Magazine présenté par Aïda Touihri.
22.45 Mon beau-père, ma demisœur et moi. Divertissement.
Canal +
20.45 La grande soirée de
Champions League «Lyon/
Steaua Bucarest».
nelles : «Comme un frère», «Trafic»,
«Scalpel». Série avec Vincent Perez,
Audrey Looten, Laure Killing.
23.35 La méthode Cauet. Divertissement présenté par Cauet.
France 2
20.55 Envoyé spécial : «Ma très
chère bagnole», «Carnet de route
en Albanie». Magazine présenté
par Guilaine Chenu et Françoise
Joly.
23.05 Infrarouge : «Nos années :
Années 60, les mythologiques»,
«La traversée du désert». Documentaires.
01.40 La Bible «David (1/2)» GA.
Téléfilm avec Nathaniel Parker,
Sheryl Lee, Jonathan Pryce,
Leonard Nimoy (1h25). 
Émouvant, mais lourd.
France 3
20.50 Broken arrow «La flèche
brisée» A. Aventures (1996) de
John Woo, avec John Travolta,
Christian Slater, Delroy Lindo,
Samantha Mathis (1h44) 3.
 Brillant, mais très violent.
22.45 Ce soir (ou jamais !) (et à
23h25). Magazine présenté par
Frédéric Taddéï.
00.40 NYPD blues. Série.
Arte
DR
DR
les fauves», «Un petit cœur qui
bat…», «Relations et déclarations». Série avec Ellen Pompeo,
Patrick Dempsey 2.
23.15 Les experts, Manhattan.
Série avec Gary Sinise, Melina
Kanakaredes 3.
France 2
20.55 Seule GA. Téléfilm avec
Barbara Schutz, Jean-Pierre Lorit,
Emma-Lycia Gomez, Olivier Perrier, Christèle Tual, Marie Payen,
Michèle Goddet (1h30). (voir
notre analyse page 35)
22.35 Les infiltrés «Ma vie au
noir». Magazine présenté par
David Pujadas.
France 3
Radios
Radio Notre Dame et RCF
20.50 Les Simpson, le film J.
Animation (2006) de David Silberman, avec les voix de Philippe Peythieu, Véronique Augereau (1h24).
(voir notre analyse ci-contre)
KTO
20.45 Être diacre en Val-de-Marne.
21.45 La vie des diocèses «Saint-
Étienne».
22.20 Les mardis des Bernar­dins
«La finalité de la justice : Sécurité
ou rédemption ?».
sur Canal +
Vendredi 7 novembre à 20h50
Les Simpson, le film J
Homer Simpson est à l'origine
d'une catastrophe écologique
dans la petite ville de Springfield.
 Cette adaptation de la célèbre
série télévisuelle fait preuve d'un
réjouissant sens de la dérision, et les
gags s'enchaînent sans temps morts.
Les travers de l’american way of life
sont croqués avec mordant, et les
gags désopilants abondent.
 Une bonne part de l’humour du film repose sur l’insolence des personnages et la
cocasserie des situations. Rien
n’est pris au sérieux, et cette
famille est attachante à sa façon.
T : Tout public
Repères
J : Adolescents
GA: Grands adolescents
A : Adultes
Ø : Œuvre (ou scène) nocive
: Élément positif
: Élément négatif
FRANCECatholique n°3138 31 octobre 2008 45
BLOC-NOTES
Paris
✔ La revue Résurrection invite
chaque année ses amis à une
ou plusieurs soirées de réflexion
autour d’un thème théologique.
Pour l’année Saint Paul, une unique conférence est prévue "Du
scandale de la Croix au scandale
de l'Église", une méditation paulinienne du cardinal de Lubac, le 3
décembre (19h30 à 21h), à l'Amphithéâtre Liard à la Sorbonne
(entrée : 17 rue de la Sorbonne,
75005 Paris).
✔ Les Franciscaines réparatrices
de Jésus-Hostie, 127 av. de Villiers,
75017 Paris, vous invitent à
leur vente de charité, du 20
au 24 novembre (à partir de
10h). S'inscrire pour les repas
(il n'y a pas de repas le 24).
✆ 01.43.80.38.12, fax 01.42.27.
99.47.
✔ La Galerie du Vert-Galant, 52
quai des Orfèvres, 75001 Paris,
vous convie à la présentation des
œuvres du peintre "Laurioz",
qui se tiendra dans ses murs du
18 novembre au 2 décembre
(11h-19h). Rens. : atelier ✆ 01.
39.51.82.65, galerie ✆ 01.44.
07.20.74/[email protected]
http://lauriozgraf.free.fr
✔ Pour participer aux débats ou-
verts par la publication de l'ouvrage de Sylvain Gouguenheim
"Aristote au Mont Saint-Michel les racines grecques de l'Europe
chrétienne", Monique Cazeaux
(présidente des Rencontres médiévales européennes) propose une table
ronde, "L'Europe a-t-elle des
racines chrétiennes ?", le 14 novembre (18h30), à la Maison de
l'Europe de Paris, 35-37 rue des
Francs-Bourgeois, 75004 Paris, qui
réunira Françoise Gasparri (directeur de recherche honoraire au CNRS),
Alain Erlande-Brandenburg (conservateur général honoraire du Patrimoine)
sous la présidence de Rémi Brague
(professeur aux universités de Paris 1 et
à Münich). Rens. ✆ 01.42.72.69.51.
Aisne
✔ La Communauté de la Sainte
Trinité propose une session de
guérison intérieure du 22 (10h) au
23 novembre (17h) "Quels sont
les liens mauvais qui bloquent
notre vie en Dieu ? (spiritisme,
occultisme, magie, divination...). « Ce
jour là,je briserai le joug qui pèse
sur leur nuque et je romprai leurs
chaînes »" (Jér,30,8), animée par
frére Ephrem de la Communauté.
Inscriptions et informations : frére
Ephrem Yon Prieuré Saint Pierre
et Saint Paul, 02210 la Croix sur
✂
france
Catholique
hebdomadaire
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Avec un premier abonnement, en cadeau,
1 DVD de "Un modèle pour Matisse"
Histoire
de la
Chapelle
du
Rosaire
à
Vence
76 
pour un an
(au lieu
de 110 )
Ourcq, ✆ 03.23.55.26.57, courriel : [email protected]
Calvados
✔ Les 8 et 9 novembre, une
session spirituelle, pour tous,
"Malgré ma petitesse je puis aspirer à la sainteté" avec Thérèse
notre vocation à la sainteté,
sera animée par le Père Patrick
Lemoine. Rens./insc. : Centre
spirituel Sainte-Thérèse de
lisieux, 23 rue du Carmel, 14100
Lisieux, ✆ 02.31.48.55.10,
fax 02.31.48.55.27, [email protected]
Côte-d'Or
✔ "Saint Paul, pharisien converti,
ouvre la voie aux païens", tel est
le titre de la confé­rence du père
Christian Forster (théologien), le
13 novembre (20h30) dans l'amphithéâtre du Centre universitaire catholique de Bour­gogne
(CUCDB), 69, av. Aristide-Briand,
21000 Dijon, dans le cadre
du cycle des conférences de
l'As­so­cia­tion Re­nais­sance, ✆ 03.
80.66.87.44. Entrée libre.
Dordogne
✔ Du 29 nov. au 28 décembre,
les Jardins du Manoir d’Eyrignac,
24590 Salignac, vont revêtir les
couleurs alsaciennes pour que
rayonne l’esprit de Noël. L’avent,
les 6 et 7 décembre, Saint Nico­
las, patron des écoliers viendra lire ses contes aux enfants.
Il gâtera tous les enfants sages
de douceurs sucrés… Les contes
seront proposés le samedi et le
dimanche à 11h, 15h et 17h
autour du Sapin de Noël et des
Ours Polaires animés ! Rens.
✆ 05.53.28.99.71.
Saône-et-Loire
✔ Une retraite à la Maison du
Sacré-Cœur, 3 ter rue de la
Paix, 71600 Paray-le-Monial,
✆ 03.85.81.05.43, aura lieu du
3 au 12 novembre "Exercices
spirituels dans la vie de l'Esprit",
par le père Gueydan (jésuite).
Savoie
✔ Le 6 novembre (20h30), salle
Jean Renoir, Rue Nicolas Parent,
73000 Chambéry, une conférence est prévue sur le thème
"Fin de vie : quels choix éthiques pour la France ? Euthanasie,
acharnement thérapeutique,
soins palliatifs", par le docteur
Xavier Mirabel (cancérologue et
président de l’Alliance pour les Droits
de la Vie). Rens. : I. Manceron,
✆ 06.34.55.04.46.
Vaucluse
✔ Le Centre Spirituel de NotreDame de Vie, 84210 Venasque,
❒ Je souhaite soutenir France Catholique en
distribuant l'hebdomadaire (à la sortie de la messe,
lors d'une manifestation près de chez moi…).
Pour cela,
je reçois environ :
❒ 20 numéros
❒ 50 numéros
❒ 100 numéros
❒ ...... numéros
❒ et je joins un chèque
(à l'ordre de France
Catholique) de ........ e
pour participation
aux frais d'envois.
À retourner, à "France Catholique", 60 rue de Fontenay, 92350 Le Plessis-Robinson
❒ Je souscris un premier abonnement à FRANCE CATHOLIQUE :
1 an = 76  (au lieu de 110) (*)(**) et je reçois, en cadeau un dvd
de "Un modèle pour Matisse", l'histoire de la chapelle
du Rosaire à Vence, un film de Barbara F. Freed.
❒ J'abonne un ami, un prêtre, une communauté…
1 an = 76  et je reçois le cadeau(**), qui m'est envoyé(****)
Adresse où France Catholique doit être envoyé :
❒ Mme ❒ Mlle ❒ M. ❒ Père ❒ Sœur
NOM/prénom : .................................................................................................................
Adresse :
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…...............................................................................................................................................................................................
Code postal :
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Ville :......................................................................................................................
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❒ carte bleue : numéro de carte :
Date d'expiration :
Les 3 derniers chiffres au dos de la carte
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Signature :
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appelez-le
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❒ Je souhaite recevoir 5 numéros de FRANCE CATHOLIQUE gratuitement et sans engagement
(*****)
(*) France métropolitaine et DOM uniquement - (**) Pour les personnes n’ayant jamais été abonnées. (***) Dans la limite des stocks disponibles. (****) Le préciser dans un courrier séparé. (*****) France métropolitaine uniquement. CNIL N° 678405 - Loi informatique & liberté du 6/01/78 : vous disposez d’un droit
d’accès et de rectification aux informations vous concernant. Par notre intermédiaire, vous pouvez être amenés à recevoir des propositions d’autres entreprises. Si vous ne le souhaitez pas, il suffit de nous écrire ou de nous téléphoner et il en sera tenu compte immédiatement.
BLOC-NOTES
propose quatre retraites, pour
tous, sur le thème "L’itinéraire de
Saint Paul et le nôtre" : du 21 au
23 novembre "Vocation", du 13
au 15 février 2009 "Prière", du 8
au 10 mai "Croissance", du 21 au
24 mai "Témoignage". Ces retraites (du vendredi 18h au dimanche
15h) sont animées par des prêtres
et des membres laïcs consacrés
de l’Institut Notre Dame de Vie.
Rens./insc. ✆ 04.90.66.67.93
www.notredamedevie.org
Pèlerinage
✔ Du 26 décembre au 5 janvier, un pèlerinage est prévu en
Egypte sur les pas de la Sainte
Famille et des Pères du désert,
à la rencontre de l'Eglise copte.
Le Caire, Louxor, la Moyenne
Egypte, temples et sites pharaoniques, Vallée des Rois, itinéraire de la Fuite en Egypte, sanctuaire des apparitions mariales
de Zeïtoun, nombreuses rencontres... Animé par le Pr A. Sadek
(égypto­logue et coptologue), et MarieGabrielle Leblanc (historienne d'art).
1350 e. Rens ✆ 01.48.07.05.84,
[email protected]
Le Chant de la Création
✔ Du 15 au 30 nov. (tous les
jours de 12h30 à 19h), l'église
protestante réformée, 81, rue
Anatole France, 92300 Levallois,
✆ 01.47.57.76.92, et le pasteur Valérie Mali ont le plaisir
d’accueillir une exposition "Le
Chant de la Création", avec un
sculpteur : Odette Lecerf, deux
peintres : Anne Pourny, Hanna
Sidorowicz et une plasticienne :
Cosabeth Parriaud dans le beau
Temple protestant de Levallois,
classé monument historique.
Evénements autour de l’exposition : le 15 novembre : rencontre avec les artistes (15h) ; le
20 novembre (20h30) : concert de
Jacques Bénézech et Jean-Claude
Lablée autour de J.S Bach ; les 23
et 30 novembre (10h30) offices
"Art et spiritualité" ; le 25 novembre (20h30) conférence de Jérôme
Cottin (docteur en théologie) "La
Mystique dans l’Art Contemporain".
Pour passer un communiqué, contactez :
[email protected]
fax : 01.46.30.04.64 ou inscrivez-le sur :
www.france-catholique.fr
abonnementS à France Catholique
France, 6 mois : 58 / 1 an (47 numéros) : 110  / Etranger, 1‑an‑ :
122 . Abon­nement sou­tien : 250 . Pour la Bel­gique, virements à
l'ordre de E. Ker­khove, chaus­sée de Dottignies 50 7730 Es­taimpuis,
tél. 056.330585, compte ban­caire‑ : 275.0512. 029.11.
Pour les autres pays, procédez par virements postaux internationaux
sur notre compte chèques postal SCE 43 553 55 X La Source, ou
bien par mandats in­ternationaux à l'ordre de la SPFC ou par chèques
bancaires libellés en euros et pa­yables en France ou par chèques ban­
caires domiciliés à l'étranger mo­yen­nant une surtaxe de 18 , ou par
carte bancaire via le site internet www.france-catholique.fr ou par
téléphone : 01 46 30 37 38. Le journal ne rem­bourse pas les abonnements interrompus du fait de l'abonné / Ne paraît pas en août.
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Bleue", CP 1ère année utilisé dans le N.E. (A. L.).
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➥ SERDIF. PME familiale, créée en 2002 en
réponse à l’appel de «nouvelle évangélisation» de
Jean-Paul II. « Nous diffusons et distribuons livres,
revues, carteries, CD et Icônes, dans les domaines
spécifiques de la religion catholique, de l’histoire
et de la jeunesse, en librairies et GMS. Nous renforçons notre équipe commerciale et recrutons :
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à Serdif, Service recrutement, ZA des Tunières,
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Points de vente de France Catholique
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01440 Viriat - Kiosque, 20 rue de la Chaussée, 02300 Chauny - Kiosque, 13 place
Emile Villemant, 02500 Hirson - Kiosque, 4 pl. de l'Hôtel de Ville, 02100 SaintQuentin - Kiosque, Supermarché, 18 bd de courtais, 03100 Montlucon - Kiosque,
67 bd Gassendi, 04000 Digne-les-Bains - Kiosque, av. Charles de Gaulle, 05120
Argentière-la-Bessee - Kiosque, 13 rue Carnot, 05000 Gap - Relais H, aéroport
international, 06200 Nice - Kiosque, 5 pl. Général de Gaulle, 07200 Aubenas Kiosque, pl. Victor Hugo, 07000 Privas - Kiosque, Gare S.n.c.f., 08000 CharlevilleMézieres - Kiosque, 6 pl. Jean Jaurès, 09200 Saint-Girons - Presse, av. Charles de
Refuge, C. Cial Carrefour-la-Villeneuve, 10120 Saint-Andre-les-Vergers - Librairie,
5 rue de l'Etape au Vin, 10400 Nogent-sur-Seine - Kiosque, 17 cours de la République, 11100 Narbonne - Kiosque, 111 rue Cayrade, 12300 Decazeville - Kiosque,
23 cours Mirabeau, 13100 Aix-en-Provence - Kiosque, 34 bd des Lices, 13200
Arles - Presse, 23 cours Hyacinthe Bellon, 13990 Fontvieille - Kiosque, 18 cours
Victor Hugo, 13370 Mallemort - Presse, route de la Sablière, 13011 Marseille - Librairie, 29 quai des Belges, 13001 Marseille - Relais h, rue st Pierre, c.h.u. la Timone, 13005 Marseille - Kiosque, av. du Général de Gaulle, 13380 Plan-de-Cuques
- Kiosque, 39, av. du Géneral de Gaulle, 13140 Miramas - Kiosque, 268 bd Baille,
13005 Marseille - Relais h, pl. de la Gare, 14000 Caen - Relais H, Hôpital Côte de
Nacre, 14000 Caen - Kiosque, 8 rue de la Pelleterie, 14700 Falaise - Kiosque, 51
rue Pont de Mortain, 14100 Lisieux - Kiosque, 3 rue aux Fèvres, 14500 Vire.
Pour aider à l'implantation du journal, achetez-le dans l'un de ces points
de vente, favorisez par vos autres achats les commerçants qui acceptent
de proposer régulièrement France Catholique. Faites-le leur savoir.
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FRANCECatholique n°3138 31 octobre 2008
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