n°3138 31 octobre 2008
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FRANCE FRANCE Catholique Catholique FRANCE Catholique 84 e année - Hebdomadaire n° 3138 - 31 octobre 2008 Pourquoi les chrétiens www.france-catholique.fr se sont-ils ISSN 0015-9506 divisés sur la nature du Christ ? dialogue avec les orthodoxes Le dans l’ancienne URSS (pages 8 à 18) L’enquête de Brunor commence vraiment cette semaine (pages 27 à 34) 2,90 € BRÈVES Monde lité syrienne proche de la frontière avec l’Irak le 26 octobre ; il y aurait huit morts. Europe : Les négociations entamées le 20 octobre à Luxembourg entre les 27 ministres européens de l’Environnement ont fait apparaître des divisions ; alors que la France souhaite le vote du plan climat visant à réduire de 20% les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2020, plusieurs pays, notamment à l’est, estiment son coût trop élevé (10 à 25 milliards). Devant le Parlement de Strasbourg, Nicolas Sarkozy a souhaité le 21 octobre la création d’un gouvernement économique de la zone euro, composé des chefs d’État et de gouvernement. FMI : Le conseil d’administration du Fonds monétaire international a reproché le 25 octobre à Dominique Strauss-Kahn une « grave erreur de jugement », mais aucun abus de pouvoir ; DSK reste à la tête de l’organisation. États-Unis : George W. Bush réunira à Washington à la mi-novembre les dirigeants du G 20 pour un sommet inédit sur la crise financière. Inde : L’Inde a lancé le 22 octobre sa première mission non habitée vers la lune ; elle transporte des instruments scientifiques indiens, européens et américains. Afghanistan : Dans la même région que lors de l’embuscade d’août dernier, des soldats français attaqués le 18 octobre par les talibans ont abandonné sur le terrain deux missiles antichar Milan. Chine : Le président Sarkozy est arrivé le 24 octobre à Pékin pour participer à un sommet Asie-Europe consacré à la crise financière ; 43 chefs d’État et de gouvernement étaient présents. Italie : Les opposants à Silvio Berlusconi ont manifesté le 25 octobre à Rome contre la politique du gouvernement, notamment en matière d’éducation et de santé ; le parti démocrate affirme avoir mobilisé plus de 2 millions de personnes. Israël : La chef du parti au pouvoir, Tzipi Livni, a informé le 26 octobre le président Shimon Peres de son échec à former un gouvernement de coalition ; elle a préconisé des élections anticipées. Colombie : Un otage des Farc a été libéré le 26 octobre au cours d’une opération militaire après huit ans de captivité. Ukraine : Le FMI a annoncé le 26 octobre l’octroi à l’Ukraine d’un prêt de 16,5 milliards de dollars, conditionné par le vote d’un « plan de sauvetage ». Syrie : Des soldats américains transportés par hélicoptère auraient attaqué une loca- FRANCE Banques : L’État a accepté le 20 octobre d’injecter 10,5 milliards d’euros dans le capital de six grandes banques françaises. Entreprises : En Haute-Savoie le 23 octobre, Nicolas Sar kozy a annoncé une suppression partielle de la taxe professionnelle et la création d’un fonds souverain à la française. Renault, pour limiter ses stocks, ferme ses usines françaises pendant une ou deux semaines. La Redoute, géant de la vente par correspondante, a annoncé le 21 octobre la fermeture de 81 points de contact avec la clientèle et 672 licenciements. Le groupe de vente à distance Camif, qui emploie 780 personnes, est en cessation de paiement depuis le 23 octobre. Une réduction de la masse salariale et de l’emploi serait à l’étude à Air-France-KLM. Environnement : Les députés ont adopté massivement le 21 octobre le premier volet du projet de loi sur l’environnement ; ce texte annonce des changements dans l'agriculture, les énergies renouvelables, des modifications dans la consommation et les modes de transport. Logement : Le Sénat a infligé le 20 octobre un revers à la ministre du Logement, Ch. Boutin, en supprimant à une forte majorité l’article de loi qui visait à comptabiliser l’accession sociale à la propriété dans le quota de 20% de logements sociaux exigés dans les communes de plus de 3 500 habitants. Les sénateurs ont en revanche voté la réduction de trois à un an du délai de sursis qui peut être accordé pour une expulsion. Par ailleurs, la ministre du Logement a présenté le 23 octobre le plan hiver 2008-2009 destiné protéger du froid les 100 000 sans-abri du pays. Santé : La ministre Roselyne Bachelot a présenté le 22 octobre en Conseil des ministres une réforme qui prévoit une nouvelle carte hospitalière et le décloisonnement entre médecine hospitalière et médecine de ville ; plusieurs mesures sont destinées à enrayer l’alcoolisme des jeunes. 2 FRANCECatholique n°3138 31 octobre 2008 Une bonbonne d’oxygène a explosé le 21 octobre à l’hôpital Laennec de Creil (Oise) ; un patient a été tué, un médecin et un infirmier gravement brûlés. Justice : Les magistrats se sont mobilisés le 23 octobre dans toute la France pour dénoncer la politique de la garde des Sceaux. A la suite de la libération par erreur par la cour d’appel de Paris d’un violeur présumé, les avocats des victimes ont décidé le 24 octobre d’attaquer l’État pour faute lourde. Un collégien de St-Michel (Aisne) qui avait accusé de violences un professeur (qui s’était suicidé fin septembre à la suite du scandale), a reconnu avoir menti. Enseignement : Le ministre de l’Éduca tion, Xavier Darcos, a présenté le 21 octobre la nouvelle architecture de la classe de seconde prévue pour la rentrée 2009 ; l’année sera organisée en deux semestres et comportera un tronc commun de 21 heures par semaine d’enseignements généraux obligatoires, deux options et de l’accompagnement ou du soutien. Saisi par le préfet, le tribunal administratif de Paris a affirmé le 22 octobre l’illégalité de la décision du maire de ne plus assurer le service minimum d’accueil en cas de grève ; la mairie de Paris a fait appel. Art : La 36e Foire internationale d’art contemporain (Fiac) a ouvert ses portes le 23 octobre ; 189 galeries françaises et étrangères étaient présentes au GrandPalais et dans la Cour carrée du Louvre. Collectivités : Nicolas Sarkozy a installé le 22 octobre le comité pour la réforme des collectivités territoriales présidé par Edouard Balladur. Télévision : La publicité sera supprimée sur France Télévisions après 20 heures dès le 5 janvier 2009. Sports : Les contours du 96e tour de France cycliste qui partira de Monaco en 2009 ont été dévoilés le 22 octobre. L’Inspection générale de la ville de Paris a "suggéré", le 24 octobre, que la redevance payée par la Fédération française de tennis (1,5 million d’euros pour utiliser les 8,5 hectares du stade de Roland-Garros) était dix fois trop faible. J.L. ÉDITORIAL SOMMAIRE ACTUALITÉ 4 social 5 finances 6 société 7 économie dossier 8 œcuménisme 12 14 Grèves aperçues Alice Tulle Le FMI pour quoi faire ? Yves La Marck Détournement de morts Tugdual Derville Le yoyo du pétrole Destination Jean-Yves Naudet Jean-Paul II et les orthodoxes B Paradis ien sûr, nous sommes de la religion de l'incarnation. Bien sûr, le Verbe a habité parmi nous, et son Royaume est à construire dès ici-bas. Et Bernanos confiait combien Patrick de Laubier il était attaché au « doux royaume de la Terre ». Mais Au Kazakhstan et en Ouzbékistan il est écrit aussi que nous n'avons pas, en ce monde, Marc Fromager de cité permanente et que nous sommes, d'ores et déjà, citoyens ESPRIT du Ciel. C'est une vérité un peu incongrue et un peu oubliée, 19 en mémoire des jours Toussaint aujourd'hui. Pourtant, c'est la bonne nouvelle du christianisme. Robert Masson Les premiers documents, dans l'ordre chronologique, du Nouveau 20 ecclésia L'appel de Mossoul Testament, sont les deux lettres de saint Paul Mgr Marc Stenger 22 lectures Messe des fidèles défunts aux Thessaloniciens. Or de quoi parle l'apôtre Bernard et Louis Hurault en priorité aux tout premiers chrétiens ? « Nous MAGAZINE ne voulons pas, frères, que vous soyez ignorants 24 portrait Les crayons et la guitare au sujet des morts ; il ne faut pas que vous Brunor / Matthieu Gourrin vous désoliez comme les autres, qui n'ont pas 27 B.D. La Question interdite 16 à 23 d'espérance. Puisque, nous le croyons, Jésus est Brunor 35 cinéma "Hellboy", "The visitor" mort puis est ressuscité, de même, ceux qui se "La vie moderne", "W." sont endormis en Jésus, Dieu les amènera avec par Gérard LECLERC Marie-Christine Renaud d'André Lui. » 36 événement Reportage à Lisieux C'est une certitude solidaire de la foi qui nous Hélène Mongin 38 expositions Le visage qui s'efface habite. Les enfants qui sont nés au monde sont promis à l'éternité. Ariane Grenon Et lorsque la mort survient, la vie n'est pas abolie, elle est trans 40 musique Le genre oratorio formée, si bien que, pour les mystiques, il n'y a pas de doute ; la François-Xavier Lacroux 41 B.D. Saint Benoît, l'âme de l'Europe 8/44 mort est une nouvelle naissance, celle qui introduit à la vraie vie. Thérèse de l'Enfant Jésus l'a dit : « Je ne meurs pas, j'entre dans la Noël Gloesner-Monique Amiel 42 théâtre "Merlin l'enchanteur", Vie ». Sœur Emmanuelle, à ce propos, nous a donné un magnifique "Les filles de Babayaga" témoignage : « La mort, disait-elle, est le plus beau jour de la vie. Pierre François 43 télévision "La marche de Radetzky", La fiancée y rencontre son fiancé. L'enfant y rencontre son Père ! » "La mort du président" Dans son livre posthume, où elle livre son vrai testament spirituel, "Disparitions", "Seule" c'est le même ultime message qu'elle adresse à ses interlocuteurs : Marie-Christine Renaud d’André « Sois sûr que nous nous retrouverons dans l'éternité, celui qui aime 44 télévision Votre début de soirée ne meurt pas ! C'est un mystère incommensurable, mais je l'ai vécu M.-C. d'A. 46 BLOC-NOTES Vie associative et d’Église et j'en ai vécu. » (1) Brigitte Pondaven Qu'est-ce donc que cette grande fête de la Toussaint, sinon Couverture © Brunor l'attestation de l'existence de la vie éternelle, avec tous les saints, dans l'intimité de l'Amour divin ? La béatification de Louis et Zélie Écoutez la chronique Martin nous a aussi préparés à cette fête, car ce père et cette mère de Gérard Leclerc, « plus dignes du ciel que de la terre » nous font signe pour la grande chaque semaine sur : demeure vers la Vraie Vie. n Denis Lensel / David Heller L'éternel enjeu ukrainien (1) Sœur Emmanuelle, Confessions d'une religieuse, Flammarion, 414 pages, 20 €. FRANCECatholique n°3138 31 octobre 2008 3 ACTUALITÉ SOCIAL Grèves aperçues Il y a beaucoup de mouvements de grève en France. Mais s’en aperçoit-on ? Cela dépend du métier que l’on fait, des transports que l’on prend, de l’âge que l’on a... L a crise financière est loin d’être termi née et ses consé quences sociales se font déjà sentir dans de nombreux domaines. Aussi faut-il envisager sous un nouveau jour les questions classiques sans tomber dans les dramatisations excessives. Les références imprudentes à la grande crise de 1929 peuvent inciter à envisa ger l’avenir comme une répétition des années trente : troubles sociaux de grande ampleur, réac tions violentes à ceux-ci et installation de régimes autoritaires. Ce schéma est beaucoup trop simple : l’expérience de la grande crise a servi de leçon et les autorités politiques, aux États-Unis et en Europe, n’ont pas répété les erreurs de 1929. Par ailleurs, le fascisme (bien antérieur à la crise) et le nazisme ont des causes politiques et géopolitiques (la Grande Guerre, le Traité de Versailles) qui ont disparu. Nous ne subirons pas les logi ques infernales qui avaient abouti à la seconde guerre mondiale. Dans le domaine social, la prévision est plus complexe. Le développement probable du chômage découragera beau coup de mouvements sociaux dans le secteur privé. Mais ( la situation dans la fonction publique restera tendue et il ne faut pas exclure des révoltes violentes résultant de déloca lisations et de licenciements soudains. Il serait donc risqué de reprendre cet automne la boutade cruelle lancée en juillet par Nicolas Sarkozy : « Désormais, quand il y a une maîtriser. Cela ne signifie pas que la société française vive dans le calme. Depuis plusieurs années, le secteur privé a connu une importante augmentation du nombre des mouvements sociaux et l’industrie est restée au centre de ces conflits souvent provoqués par les restructurations et les délo grève en France, personne ne s’en aperçoit ». Il est vrai qu’on s’aperçoit des grèves quand il y a un blocage de longue durée à l’échelon national : grève des transports ou, de manière exceptionnelle, grève générale. Or aucun conflit de grande envergure n’est en vue et les confédérations syndi cales n’ont manifestement pas envie d’allumer des incendies qu’elles ne pourraient pas calisations d’entreprises. Mais ces conflits sont dispersés dans l’espace national et ils sont de faible durée – si bien que leur visibilité médiatique est faible ou nulle. Qui se souviendra, à la fin de l’année, de la récente manifestation nationale des retraités ? Par ailleurs, les conflits sociaux qui agitent la fonc tion publique nationale ne faiblissent pas. On pense bien Le développement probable du chômage découragera beaucoup de mouvements 4 FRANCECatholique n°3138 31 octobre 2008 par Alice TULLE sûr aux enseignants. Ils ne sont pas les seuls. Depuis la fin du siècle dernier, sous des gouver nements de gauche comme sous des gouvernements de droite, nous avons vu la colère gagner successivement tous les corps qui sont les garants de l’ordre social : il y eut des mouvements de protestation dans la gendarmerie, dans la police, dans la magistrature... Ces révoltes ne sont pas simul tanées ni de même intensité mais les gouvernements sont confrontés à un problème de fond – et non aux réactions plus ou moins vives que peuvent provoquer les maladresses de tel ou tel ministre. Sans que la crise financière y soit pour quelque chose, le gouvernement est actuel lement exposé à un durcis sement des protestations de fonctionnaires. La mobilisation des enseignants à Paris le 19 octobre a été un succès pour les syndicats opposés à la réforme du lycée présentée par Xavier Darcos. Les magistrats étaient en grève le 23 octobre et Rachida Dati avait été boycot tée quelques jours auparavant par deux cents juges et avocats de Metz qui dénonçaient les « pressions » du ministère. Mais ces mouvements sociaux ne perturbent pas la vie de notre pays et d’innombrables citoyens peuvent continuer à vivre sans s’apercevoir de rien. Seules les journées de grèves dans l’Éducation nationale viennent de temps à autre troubler nombre d’existences quotidiennes et les débats sont vifs sur ce sujet. Mais rien n’an nonce une révolte conjointe de fonctionnaires et de salariés du privé... n ACTUALITÉ FINANCES INTERNATIONALES Le FMI pourquoi faire ? à la faveur de la crise, jusqu'où ira l'entente franco-américaine pour la reconstruction d'un système financier international crédible ? N s arkozy est prêt à prendre la tête de l'Eurogroupe jusqu'en 2010. Cet ersatz de gouverne ment économique de l'Europe pourrait bien tenir lieu demain de traité institutionnel. Le fait que la France présidait, pour ce terrible semestre, le Conseil européen a certes aidé le prési dent français, mais celui-ci n'aurait-il pas pris les mêmes initiatives si cette prési dence avait été exercée par un autre pays ? Il a saisi une occasion historique de rebondir, à l’intérieur comme à l’extérieur. Pourtant, au lieu de cher cher, dans un premier temps, à rapprocher les instances nationales de régulation, à créer des solidarités intraeu ropéennes, il a fait le choix de la cogestion de la crise avec son homologue américain. Ce faisant, il mondialise les réponses possibles. Croit-il pouvoir profiter de l'affai blissement d'un président en fin de course pour imposer une discipline supranationale à l'économie américaine ? À quoi servira la conférence du 15 novembre à Washington, à vingt pays, les huit plus riches et une douzaine de pays émergents, laissant comme d'habitude beaucoup dehors ? S'agit-il, comme on l'a entendu, de faire un nouveau Bretton Woods, cette conférence qui, en 1944, a créé le Fonds monétaire international et la Banque Mondiale ? L'analyse, icolas par Yves LA MARCK à l'époque, était que la montée de Hitler et la guerre mondiale avaient été favorisées par la crise des paiements interna tionaux consécutive à la crise de 1929, dans la mesure où les créanciers americains avaient voulu se refinancer auprès de leurs débiteurs européens de la première guerre mondiale. En 1971, le rôle de gardien des grands équilibres moné taires internationaux avait été Russie, convoqués le 15 novem bre n'ont pas gardé que de bons souvenirs des économistes en chef du Fonds ou de la Banque mondiale. Aujourd'hui, le Fonds ne disposerait que de 200 milliards de dollars pour venir en aide à tous les pays tiers, alors que les États-Unis et l'Europe ont respectivement débloqué 700 et 1500 milliards pour leurs propres banques. Pour avoir entretenu une brève liaison avec une de ses subordonnées, D. Strauss-Kahn a subi une enquête... qui l'a finalement exonéré de tout soupçon d'abus de pouvoir. compromis par la dévaluation du dollar. Le Fonds a ensuite retrouvé un rôle auprès des pays pauvres ou émergents auxquels il a prétendu impo ser une orthodoxie financière souvent ignorante des contrain tes politiques et sociales. Pays émergents d'Amérique latine (Brésil, Argentine, Mexique), d'Asie (Indonésie, Thaïlande) ou L'affaire Strauss-Kahn, qui est survenu au plus mauvais moment (alors que les faits remontent à janvier), n'est ni anecdot ique ni anodine. Son homologue de la Banque Mondiale, nommé par George Bush, Paul Wolfowitz, un de ses proches, néo-conservateur, s'était lui aussi laissé piéger de la même façon il y a un an. Représailles ? Machiavélique opération politicienne ? Le blanchiment de "l'erreur de jugement" du directeur général du FMI par son Conseil d'admi nistration, devrait permettre d'écarter ces hypothèses. Ces incidents nuisent cependant à la créd ibilité des institu tions chargées de moraliser le commerce de l'argent. Les économistes de haut renom, chargés d'appliquer la rigueur à des pays comme, par exemple le Ghana, n'avaient pas besoin de cela. Il sont déjà trop connus pour leur arrogance, leur impersonnalité, leur complexe de supériorité par rapport aux hommes politiques nationaux. On leur repro che surtout leur pouvoir sans limites. Que pèse en effet un conseil d'adminis tration de ces organismes où siègent d'autres écono mistes pour représenter les États en proportion de leur richesse ? Les gouver nements s'aperçoivent aujourd'hui qu'ils avaient laissé trop de pouvoir à ces organismes. Ils veulent en reprendre la direction. Pourtant, si un super gouvernement économique de la planète pouvait figurer parmi les utopies de l'aprèsguerre, il est trop tard pour ressusciter cette idée. L'heure est en principe à la démocra tie mondiale : il faudra tenir compte des revendications de tous. Le choix de Washington siège de la Banque mondiale et du FMI - pour la grande réunion accueillie par G. Bush ne va pas forcément dans ce sens. n S'agit-il, comme on l'a entendu, de faire un nouveau Bretton Woods ? ) FRANCECatholique n°3138 31 octobre 2008 5 ACTUALITÉ société par Tugdual DERVILLE Détournement de morts L’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité veut faire du 2 novembre, jour des morts, la « première journée mondiale pour la légalisation de l’euthanasie ». J ean-luc romero ass ume : « La date e s t s y m b o l i q u e » . Dans sa présentation à la presse de son nouveau concept, le président de l’ADMD ne cache pas qu’il s’agit de récupérer le 2 novembre pour en faire la journée emblématique de ce qu’il nomme « l’ultime liberté ». Le projet de l’ADMD s’inscrit dans le cadre du 17e congrès de la Fédération mondiale des sociétés pour le droit de mourir qui se déroule à Paris du 30 octobre au 2 novembre. L’invitation pub lique de l’ADMD n’hésite pas à entretenir la confusion : « Venez nombreux rappeler la mémoire d’un être aimé, disparu dans d’inutiles souffrances. Venez déposer, sur un billet, son nom et/ou une pensée que nous collecterons. Un geste d’amour, un acte de solidarité pour magnifier notre ultime liberté. Un signe partagé par des hommes et des femmes de 24 nations. Un rassemblement paisible pour justifier publiquement notre action. » C’est au parvis des droits de l’homme du Trocadéro que se déroulera la cérémonie annoncée. Parasitage – d’aucuns diront profanation – d’une journée qu’on imagi- nerait plutôt celle de la trêve et du recueillement. Mais c’est dans la mémoire des fins de vie difficiles, source de peur pour de nombreux Français, que l’ADMD puise son énergie militante. Et entretient sa colère. Jean-Luc Romero ne cache pas la sienne à l’approche des conclusions de la mission Leonetti qu’il suspecte d’ores et déjà « d’accoucher d’une souris ». Lorsque Rachida Dati a exprimé devant la mission son opposition à la modification de la loi, l’ADMD a accusé le Garde des Sceaux de proposer « d’observer les patients souffrir… sans rien faire pour les soulager ! » Tout porte à croire que l’ADMD ne verra pas cette année la reconnaissance d’un droit de se faire administrer la mort. La radicalité de sa revendication a même provoqué, l’été dernier, sa fracture. Son vice-président Gilles Ant o nowicz, qui fut également avocat de Chantal Sébire, en a claqué la porte, reprochant à son président de promouvoir sans limite le suicide assisté. Comment expliquer que l’ADMD peine à se faire entendre des décideurs alors qu’elle clame avoir gagné la bataille des sondages, 8 Français sur 10 s’affirmant désormais favorables à l’euthanasie ? Comme pour la peine de mort, un écart d’information et de réflexion semble persister entre les citoyens et leurs élus. Les seconds sont conscients du risque de disloquer le fragile équilibre du système de santé, à partir du moment où il entrerait dans la mission du médecin d’administrer la mort. Quoi que prétende Jean-Luc Romero, on sait que la légalisation ne signifie en rien l’extinction des pratiques illégales. Quand tuer n’est plus tabou, elles tendent à se développer à la marge. Même la gauche n’épouse pas unanimement la cause de l’euthanasie. Certes, Bertrand Delanoë est annoncé à la réunion publique que prépare Jean-Luc Romero le 31 octobre à l’Hôtel de ville de Paris, et de nombreuses personnalités médiatiques s’affichent à ses côtés. Mais les plus écoutées maintiennent leur prévention, à l’image de l’ancien Garde des Sceaux Robert Badinter ou du professeur Axel Kahn, également proche du maire de Paris. Dans son dernier livre L’ultime liberté ? (Plon, octobre 2008), l’emblématique généticien, tel Raminagrobis, prend soins de croquer tout autant les militants de l’euthanasie la gauche n'épouse pas ( Même unanimement la cause de l'euthanasie 6 FRANCECatholique n°3138 31 octobre 2008 que leurs adversaires, taxés de jusqu’auboutisme. Selon lui, « la présence fréquente » à ses conférences de « catholiques fervents pour lesquels poser la question du droit à mourir est un blasphème au bon Dieu et une atteinte aux Dix commandements complique l’analyse sereine. » Cette façon de caricaturer le discours des croyants est typique du débat français où les convictions religieuses sont vite assimilées à de l’obscurantisme désincarné. Comme si l’Église n’avait pas une expertise millénaire en matière d’accompagnement des personnes en fin de vie ou en deuil, et de lutte contre la douleur, qu’elle soit physique, morale ou spirituelle. Comme si elle était pour l’acharnement thérapeutique alors que le mouvement des hospices qui inventa les soins palliatifs modernes fut fondé par des chrétiens. Axel Kahn se décerne donc un brevet d’objectivité en récusant résolument tout « doute métaphysique [ou] religieux » et en croyant devoir professer une « non-croyance […] dépourvue de toute hésitation et de tout remords ». Au moins, son opposition à l’ADMD n’en sera que plus crédible. Paradoxalement, les partisans de l’euthanasie n’hésitent pas à utiliser le vocabulaire chrétien : Jean-Luc Romero vient encore de dire de Marie Humbert qu’elle était « une vraie martyre ». n ACTUALITÉ ÉCONOMIE par Jean-Yves NAUDET Le yoyo du pétrole Les marchés sont-ils devenus fous ? On pourrait le croire quand on voit le pétrole jouer au yoyo. Mais il y a à cela des explications, du côté de l’offre comme de la demande. L e s o p é r a t e u r s , ne savent plus où donner de la tête. Le 3 juillet, le baril de pétrole (Brent) atteignait 146 dollars ; quelques mois plus tard, il a perdu plus de la moitié de cette valeur et son prix change tous les jours. Avant les chocs pétroliers, en 1973, le baril ne valait que 3 dollars. L’OPEP a constitué un cartel, regroupant la majorité des pays exportateurs : cette absence de concurrence leur a permis d’augmenter les prix, provoquant les deux chocs pétroliers de 1973 et 1979. Mais les opérateurs ne restent jamais inactifs : le prix élevé a stimulé la recherche de pétrole hors OPEP, ce qui a fait progresser l’offre et jouer la concurrence. Le prix devait donc baisser. Pour éviter cette chute des cours, l’OPEP a pratiqué la politique des quotas, en limitant sa production, la rareté artificielle faisant remonter les cours. Les mêmes causes ayant les mêmes effets, cette nouvelle hausse allait encore encourager de nouv elles recherches pétrolières aussi bien que d’autres sources d’énergie. D’où la baisse du prix du pétrole (surtout en termes réels, compte tenu de l’inflation) à partir du milieu des années 80 : contre-choc pétrolier. D’autres facteurs ont joué, depuis les années 2000. L’un des plus significatifs est la forte progression de la demande, à cause de la croissance mondiale rapide et surtout de celle des pays émergents, comme la Chine et l’Inde, avec 10 et 8% de croissance. Résultat, le prix a à nouveau fortement progressé, décollent enfin, sortant des peuples de la misère ? Il y a eu d’autres facteurs de hausse du prix, comme la baisse du dollar, car, comme le prix est fixé en dollars, ce prix a monté pour compenser la baisse de atteignant des sommets milieu 2008 : ce n’est pas une bonne nouvelle pour nos économies, mais qui se oserait se plaindre que des pays du tiers-monde valeur de la devise américaine. Des facteurs spéculatifs ont aussi joué, puisque, dans une situation mondiale incertaine (avec le retour de l’inflation) matières premières et énergie apparaissent comme des valeurs refuges. Notons aussi que pour nous, Européens, la hausse de l’euro, qui présente par ailleurs des inconvénients, sert ici de bouclier, puisque le prix en euro a moins monté que le prix en dollar. Que s’est-il passé depuis ? Le marché s’est inversé. La crise financière s’est accompagnée d’un ralentissement économique. Les pays riches sont pratiquement en récession et les pays émergents ralentissent leur croissance du PIB. Chacun consomme moins de pétrole. Moins de demande signifie un prix en baisse, d’où la chute actuelle. Que va-t-il se passer ensuite ? Les marchés sont toujours imprévisibles. Mais le jour où les économies redémarreront, la demande augmentant, le prix progressera. Chacun le trouve excessif et il est vrai que pour les familles comme les entreprises, l’essence est bien chère. Mais il faut rappeler deux choses. La première, c’est que l’essentiel du prix (les deux tiers) est constitué de taxes. La seconde, c’est que le pétrole va un jour disparaître. La hausse de son prix, que l’on peut regretter à titre individuel, sera utile pour assurer la transition vers l’après-pétrole, puisque le prix élevé va favoriser la recherche d’énergies alternatives. Même si cela ne nous plaît pas, d’une certaine façon, c’est la hausse du prix qui prépare l’avenir et les énergies nouvelles. n Qui oserait se plaindre que des pays du tiers-monde décollent enfin ? ) FRANCECatholique n°3138 31 octobre 2008 7 DOSSIER DOSSIER DIALOGUE AVEC L'ORTHODOXIE Jean-Paul II et les orthodoxes par David HELLER Du 26 au 30 octobre dernier, le cardinal André Vingt-Trois, accompagné de plusieurs évêques français, se rendait en Russie à l'invitation du patriarche Alexis II. On se souvient que celui-ci avait été reçu avec le plus grand faste à Paris en octobre 2007. En plus des rencontres avec le Patriarche, le voyage de l'archevêque de Paris comporte un pèlerinage au monastère de la Trinité et de saint Serge et sur la tombe du Père Alexandre Men, une visite d’une œuvre caritative et une conférence à Moscou, un déplacement aux Îles Solovki, lieu de martyr de nombreux prêtres et évêques après la révolution de 1917 et bien-sûr une rencontre avec la communauté catholique présente à Moscou. Nous en saurons un peu plus la semaine prochaine. D'ici-là, il nous a Denis Lensel, Nous semblé que le moment était bien lui devons la liberté ! choisi pour présenter le livre de La main tendue de II à l’Est, notre ami Denis Lensel, spécialiste Jean-Paul éditions Salvator, 214 pages, 19,90 e. des pays de l'ex-bloc soviétique. Il vient en effet de publier un livre qui montre comment Jean-Paul II a fortement tracé une voie de réconciliation entre catholiques et orthodoxes, sous le titre « Nous lui devons la liberté » qui rappelle le rôle joué par le pape polonais dans l'effondrement du rideau de fer. 8 FRANCECatholique n°3138 31 octobre 2008 A près son encyclique programme de 1995 Ut Unum sint (un titre reprenant la demande pressante du Christ, « Qu’ils soient Un, afin que le monde croie »), Jean-Paul II a accompli, de 1999 à 2002, des voyages épuisants mais fructueux en Roumanie, en Grèce, après une brève halte en Géorgie, puis, encore en ex-URSS, en Ukraine et au Kazakhstan, et enfin en Bulgarie. Dès son premier voyage, en Roumanie au printemps 1999, il annonce son engagement total pour la cause de la réconciliation des chrétiens : « J’ai cherché l’unité de toutes mes forces, et je continuerai à me dépenser jusqu’à la fin pour qu’elle soit parmi les préoccupations prioritaires des Églises ». Il la conçoit comme un rapprochement Jean-Paul II fraternel respectueux devant la foule des diversités cultu- dans la capitale roumaine relles. À Bucarest, à la fin de la messe célébrée en présence du Patriarche orthodoxe roumain Teoctist, devant l’ancien palais du dictateur Ceausescu, 500 000 personnes, catholiques et orthodoxes fraternellement mêlés, se mettent à scander le mot « Unité » : « Unitade ! Unitade ! ». Le Pape et le Patriarche ont béni la foule d’un seul et même geste. « Nous lui devons la liberté ». Ces mots de reconnaissance étaient dûs au Pape qui a fait tomber les murailles de Jéricho de l’athéisme marxiste avec le Mur de Berlin dès 1989. Dans tous les pays libérés du communisme où JeanPaul II s’est rendu, de tels mots ont été pronon- cés, soit par des hommes d’Église de tradition orthodoxe, soit par des dirigeants politiques, soit par des intellectuels, journalistes ou artistes. C’est surtout l’intelligentsia des pays postcommunistes qui a exprimé sa reconnaissance au Pape Wojtyla, plus que le clergé des Églises orthodoxes d’abord laminées par un martyre collectif, puis infiltrées par des agents politiques. En 1999 en Roumanie, une presse enthousiaste et unanime salue le rôle, direct ou indi- La messe de rect, de Jean-Paul II Jean-Paul II dans le cheminement devant vers la liberté : le 10 l'ancien mai, le quotidien po- palais de pulaire Ziua (Le Jour) Ceausescu célèbre en énormes caractères à la Une « Trois miracles, la chute du communisme, la visite du Pape en Roumanie, l’accolade avec le Patriarche Teoctist ». Un éditorialiste de « Romania libera » salue en Jean-Paul II un homme qui s’est montré « apte à porter une contribution décisive à l’écroulement du communisme », mais aussi « à la renaissance de la foi et à la réunification du monde chrétien ». L’écrivain Ana Blandiana, interdite d’études pendant des années, proclame que Jean-Paul II « fait partie du petit nombre de ceux qui ont pu modifier de manière irréversible les destinées du monde ». Cette ancienne dissidente définit elle aussi « la défaite du communisme et la fin de la rupture datant d’il y a presque mille ans » entre catholiques et orthodoxes comme « des miracles », que « le Saint-Père a accomplis ». Un journaliste orthodoxe rescapé de quatorze ans de travaux forcés, Paul Lazarescu, parle d’un « évènement extraordinaire ». Un artisan de la liberté de tout le bloc de l'Est En l’an 2000 en Géorgie, aux portes de la Russie encore à peine délivrée de son passé, c’est le Patriarche de l’Église orthodoxe de Tbilissi, Ilia II, qui dit publiquement à Jean-Paul II : « Je ne peux pas ne pas mentionner votre contribution personnelle dans le processus qui a fait tomber le système qui rejetait Dieu dans l’ancienne Union soviétique ». Cet hommage a d’autant plus de valeur que ce prélat renonce à tout pas en avant en matière de rapprochement interconfessionnel… En juin 2001 en Ukraine, malgré une situation religieuse de division, même entre orthodoxes, les journaux Zerkalo Nedeli, hebdoma daire de l’intelligentsia, Stolitchnie Novosti, Dien (Le Jour), grand quotidien national, et l’édition ukrainienne de la Komsomolskaïa Pravda saluent Jean-Paul II comme un artisan de la liberté de tout le bloc de l’Est. Dien le présente comme « un avocat de la liberté individuelle, de la liberté de conscience et de la liberté confessionnelle », qui « a joué un grand rôle dans l’effondrement du mur de Berlin ». Il rappelle que ses premiers mots ont été « N’ayez pas peur, ouvrez les portes et laissez entrer Dieu ». Il ajoute que « l’Église de Rome a pris le chemin de l’œcuménisme en rejetant la haine sempiternelle parmi les gens de confessions différentes ». Évoquant la période glauque des années 90 « post-communistes », ce quotidien ukrainien rappelle qu’ « après l’écroulement de l’Union soviétique, quand les politiciens occidentaux criaient victoire, c’est Jean-Paul II qui a rappelé les dangers de l’économie de l’ombre ». FRANCECatholique n°3138 31 octobre 2008 9 DOSSIER D’autres journalistes ukrainiens sont réticents : ils répètent les accusations de « prosélytisme » des tenants du Patriarcat de Moscou. Mais Jean-Paul II se félicite que le préambule de la Constitution de l’Ukraine d’après 1991 rappelle aux citoyens leur « responsabilité devant Dieu ». Il considère que « le rejet de Dieu n’a pas rendu l’homme plus libre », et qu’au contraire, « il l’a même exposé à des formes variées d’esclavage et a dévoyé la mission du pouvoir politique jusqu’au niveau de la force brutale et oppres sive ». Le journal Dien du 26 juin publie ce titre éloquent : « Un mur est encore tombé ». Au Kazakhstan, occupé encore dix ans auparavant par un vaste Goulag, où Soljénitsyne fut enfermé parmi des millions de détenus, la visite du Pape apparaît comme un fort symbole de paix et de liberté. Elle a lieu onze jours après les attentats sanglants du 11 septembre 2001 aux ÉtatsUnis… Ici comme en Roumanie, la presse se montre globalement favorable, souvent très élogieuse. Un des quotidiens populaires de ce pays de La messe tradition musulmane de Jean-Paul II modérée, Info-Tses, le en 2001 définit comme « un en- à Astana voyé du ciel ». Et on y écrit ces mots insolites dans ce pays : « En cette occasion, les Kazakhs doivent remercier le Pape pour… leur souveraineté ! Beaucoup d’experts occidentaux pensent que le Vatican a notamment provoqué la désagrégation de l’Union soviétique ! Sa Sainteté elle-même est célèbre comme un défenseur du droit, et n’a pas peu fait pour l’effondrement du système communiste. » On ajoute cependant avec prudence : « Nous pouvons seulement deviner à quel point l’action du Pape a joué en faveur de l’indépendance des pays post-soviétiques ». Jean-Paul II s’est recueilli devant un monument aux victimes des déportations staliniennes, qui porte les noms de tous les camps de ce Goulag d’Asie centrale, où ont été enfermés Russes, Ukrainiens, Allemands de la Volga déportés en masse en 1941, Polonais, Kazakhs rebelles à la sédentarisation forcée du collectivisme, et… 130 minorités ethniques. « Quand le Pape a quitté les lieux après s’y être longuement recueilli », des jeunes chrétiens « de souche orientale ou européenne ont entonné le chant slavon traditionnel de la liturgie byzantine Christos Voskresie, le Christ est ressuscité, en dansant avec allégresse sous l’œil 10 FRANCECatholique n°3138 31 octobre 2008 DOSSIER De Bucarest à Sofia, en passant par l'ex-Goulag du Kazakhstan... ...l'unité des chrétiens s'est déjà réalisée par le martyre ébahi des policiers décontenancés », témoigne Denis Lensel. Jean-Paul II lance un appel mondial à la paix, à la fin de la messe au cœur de la nouvelle capitale, Astana, devant 35 000 personnes, dont 5 000 catholiques, 600 orthodoxes venus en toute fraternité, des protestants et des milliers de musulmans… Lors d’une rencontre avec le monde de la culture et de l’économie du Kazakhstan, le Pape est ovationné quand il dénonce la haine, le fanatisme et le terrorisme qui, dit-il, « profanent le nom de Dieu et défigurent l’authentique image de l’homme ». Devant une foule d’étudiants, il déclare qu’après « la violence mortelle de l’idéologie », il faut éviter « la violence non moins destructrice du vide », car « le rien est la négation de l’infini ». Et il met en garde ses auditeurs contre « l’acceptation passive de la culture occidentale », dont les modèles « apparaissent fascinants et séduisants », mais « révèlent un appauvrissement progressif dans les domaines humaniste, spirituel et moral », parce que « la culture qui les engendre est marquée par la prétention dramatique de vouloir réaliser le bien de l’homme en se passant de Dieu ». Nouvelle ovation. En Bulgarie, la visite de Jean-Paul II a été demandée par 80 intellectuels, qui ont recueilli ensuite… 22 222 signatures pour relayer leur démarche. Parmi ces intellectuels, le ministre des Affaires étrangères de Sofia, Solomon Passi, issu d’une famille de philosophes juifs. À l’issue de ce voyage dont le Pape va sortir à bout de forces, ce ministre va déclarer : « Cet homme nous a donné une leçon de courage et un témoignage de force d’âme. Sa présence a apporté un message libérateur et purificateur pour toute une génération ». Alors que le vieux Patriarche Maxime, longtemps prisonnier du système politique précédent, demeure très réservé, le jeune président ex-communiste de la République bulgare Georgui Parvanov présente son pays comme « un des plus anciens États chrétiens » : il considère que « cette foi a sauvé la Bulgarie des coups du sort et des vicissitudes », et déclare tout de go que « l’idée fondamentale » de la mission des saints évangélisateurs des Slaves Cyrille et Méthode est « le droit de chaque nation de témoigner de Dieu dans sa langue ». À Sofia, une ombre demeurait : la hantise d’une implication supposée dans l’attentat contre le Pape en mai 1981, la fameuse « piste bulgare ». Dès son arrivée, Jean-Paul II déclare que « cette hypothèse n’a jamais compté » à ses yeux. Soulagement général, et immense reconnaissance traduite dans la presse : une éditorialiste de Demokratsia précise sans peur qu’il s’agissait « non pas de la Bulgarie, mais uniquement d’un colosse totalitaire et de son KGB ». Le quotidien laïque « Standart » déclare que Jean-Paul II « accomplit et poursuit jusqu’à son dernier souffle son action pour les droits de l’humanité et du christianisme ». à l’issue d’un grand concert spirituel où les liturgies byzantine et latine sont toutes deux chantées, 4000 intellectuels bulgares se lèvent comme un seul homme pour chanter pour le Pape l’acclamation solennelle « Mnogaïa Leta », « Qu’il vive de longues années ». Beaucoup ont les larmes aux yeux. Jean-Paul II est « très sensible à l’efficacité spirituelle de la persécution commune subie par toutes les Églises », constate Denis Lensel : selon lui, JeanPaul II « a exprimé avec une solennité Une de la prophétique cet idéal de paix interconfessionnelle "Komsomlskaïa Pracomme une chance de conversion à la lumière du vda" d'Ukraine : témoignage suprême de la foi qu’est le martyre », "Salut à toi, Pape !" un témoignage commun, fait d’un sang versé par des frères en Jésus-Christ sous les coups des mêmes bourreaux. De Bucarest à Sofia en passant par l’ex-Goulag du Kazakhstan et l’Ukraine, Caméraman kazakh véritable pays-cimetière d’un peu- en 2001 à Astana ple martyr qui a compté 20 millions de morts entre 1917 et 1953, sous le double fléau du communisme et du nazisme, l’unité des chrétiens s’est déjà réalisée par le martyre. « Le martyre de chrétiens d’autres confessions en Ukraine est un fort appel à la réconciliation et à l’unité », souligne le Pape en 2001 à Lviv, devant les gréco-catholiques, aux relations encore tendues avec les orthodoxes. En 1993, Jean-Paul II avait rencontré à Rome un autre géant de l’Histoire, Alexandre Soljénitsyne, le prophète orthodoxe russe qui s’était exclamé en octobre 1978 : « Ce Pape est un don de Dieu ». Aujourd’hui, à l’heure du Pape Be noît XVI, le dialogue entre l’Église catholique et le monde orthodoxe connaît à la fois « des difficultés persistantes et des avancées prometteuses », constate Denis Lensel. Actuellement, la hiérarchie du Patriarcat de Moscou demeure sur la réserve, comme le montre son refus de signer l’accord œcuménique de Ravenne en octobre 2007 sur le principe – théorique – de la primauté de l’évêque de Rome, « Primus inter pares », premier parmi ses égaux. En visite protocolaire à Paris, le Patriarche orthodoxe russe Alexis II reste vague au sujet d’une rencontre avec le nouveau Pape, et réitère le reproche du « prosélytisme » catholique sur le sol russe. Cependant, Benoît XVI fait un geste d’apaisement en nommant un archevêque italien à Moscou, Mgr Pezzi, grand connaisseur de la Russie à la place de Mgr Kondrusiewicz, contesté, et suspecté pour ses origines polo naises. La « querelle du prosélytisme » s’explique par « deux conceptions différentes de l’appartenance ecclésiale », explique Denis Lensel : à Rome, on adhère « au principe de la liberté religieuse personnelle », et à Moscou, on reste attaché à une conception exclusive du territoire canonique, tout bon citoyen russe se devant d’être orthodoxe… Mais l’œuvre de réconciliation « continue à progresser, du fait de l’action à la fois discrète et efficace de Benoît XVI du côté catholique, et de la poursuite de l’évolution du monde orthodoxe » conclut ce livre, sur une note d’espoir. n FRANCECatholique n°3138 31 octobre 2008 11 DOSSIER DOSSIER AUX CONFINS DE DEUX MONDES L'éternel La question des catholiques de rite byzantin, en Ukraine notamment, est présente dans les esprits, dès lors qu'on discute avec le patriarcat orthodoxe de Moscou. Est-elle un frein à l'unité ? P ar comparaison avec l’histoire passée, les relations entre Rome et Moscou donnent une impression plutôt réconfortante de bon voisinage. Mais contrairement aux rapports entre Rome et Constantinople, on ne peut parler de rapprochement et une des raisons de cette distance est l’existence des gréco-catholiques qui, après deux siècles de persécution, ont retrouvé leur liberté dans une Ukraine devenue indépendante. Tant que cette question ne sera pas réglée, le dialogue œcuménique restera superficiel et sera tributaire de facteurs d'abord politiques. En 1990, un an avant l’indépendance de l’Ukraine (1991), le métropolite Cyrille de Smo lensk s’exprimait ainsi : Pour l’Église orthodoxe, l’Union de Brest fut une erreur. Mais elle est un fait historique et de cette union est née une Église, qui a duré jusqu’à aujourd’hui à travers les épreuves et qui est vivante. Nous faisons une différence entre l’uniatisme et les uniates. L’uniatisme est une situation que nous souhaitons voir corrigée et disparaître par le moyen du dialogue œcuménique. Les uniates, eux, ont le droit d’exister au nom de la liberté de conscience qui doit être reconnue à tout chrétien. Cette position, a-t-il ajouté, n’est cependant pas admise par tous les évêques de notre Patriarcat. (1) On note la réserve finale qui laisse penser que les gréco-catholiques qui venaient de recouvrer leur liberté devaient, selon certains évêques du patriarcat de Moscou, la perdre à nouveau et comme l’URSS existait encore on imagine avec quels moyens ce retour aurait été effectué. Dix ans plus tard, en 2000, lors de la huitième session de la commission mixte qui s’est tenue près de Baltimore et dont le thème por- 12 FRANCECatholique n°3138 31 octobre 2008 La grande crainte du Patriarcat de Moscou, partagée, pour d'autres raisons, par les autorités politiques russes enjeu ukrainien tait sur les implications ecclésiologiques et canoniques de l’uniatisme, un représentant du Patriarcat de Moscou, le Père Hilarion, qui est aujourd’hui évêque, parla de l’uniatisme comme d’une blessure toujours sanglante, tandis que le délégué de l’Église grecque traitait les catho liques orientaux d’hérétiques et réclamait leur retour à l’Orthodoxie. Finalement on ne put s’accorder sur un texte commun. Enfin, au lendemain de la neuvième session qui s’est tenue à Ravenne en 2007, le même évêque Hilarion déclara : Une fois de plus, nous est proposée la possibilité d’accepter une vision uniate de la primauté de l’évêque de Rome. Or, ajoute-t-il, les orthodoxes regardent l’uniatisme comme une contradiction de leur interprétation de l’ecclésiologie et une trahison de l’orthodoxie. [...] Nous n’avons pas besoin d’une nouvelle « Unia ». Nous avons besoin d’un partenariat stratégique qui exclut toute forme de prosélytisme. Nous avons aussi besoin de continuer le dialogue théologique, non pas pour transformer les orthodoxes en uniates, mais pour clarifier les points de désaccord ecclésiologiques entre catholiques et orthodoxes.(2) Il n’était nullement question à Ravenne de revenir sur l’accord de Balamand selon lequel l’uniatisme n’était plus dorénavant une voie pour l’unité, mais les gréco-catholiques n’étaient pas condamnés à disparaître pour autant. Tout au contraire, ils peuvent contribuer à montrer que la tradition latine, grandement majoritaire dans l’Église catholique (3) est parfaitement compatible avec le rite byzantin. En Ukraine, il y a maintenant trois Églises orthodoxes rivales : celle qui est rattachée à Moscou avec environ 9 000 paroisses, celle du patriarche auto- proclamé Philaret de Kiev avec 2700 paroisses et une Église autocéphale avec un millier de paroisses. Cette pluralité a pour conséquence une évidente liberté interconfessionnelle, d’autant plus que le Président actuel est proche de Philaret de Kiev et de son Église, très minoritaire par rapport à celle qui est rattachée au Patriarcat de Moscou. Les gréco-catholiques avec 3200 paroisses représentent environ 10% de la population mais le taux de pratique est trois fois supérieur à celui de la population totale estimé à 3%. La grande crainte du Patriarcat de Moscou, partagée pour d’autres raisons par les autorités politiques russes, est de voir se réaliser l’unification des Église orthodoxes et la constitution d’un patriarcat ukrainien commun Affiche pour indépendant de Moscou et reconnu le voyage de Jean-Paul II par Constantinople. À plus long terme, les gréco-ca- à Kiev en 2001 tholiques qui n’ont pas de patriarche pourraient devenir un pont, voire même s’unir, avec l’accord de Rome, à ce patriarcat commun d’Ukraine dans la mesure où les conditions posées par Jean-Paul II dans l’encyclique Ut unum sint (1995) seraient réalisées, non pas sous la forme historique de l’uniatisme, mais selon des formes nouvelles de l’exercice du ministère de Pierre : Je prie l’Esprit Saint de nous donner la lumière et d’éclairer tous les pasteurs et théologiens de nos Églises, afin que nous puissions chercher, évidemment ensemble, les formes dans lesquelles ce ministère pourrait réaliser un service d’amour reconnu par les uns et par les autres. (4) Le Métropolite de Lviv, André Szeptycki (1865-1944) avait évoqué cette possibilité et y voyait même un moyen privilégié pour réaliser l’unité religieuse entre Rome et Moscou à un moment où l’Ukraine était partagée entre la Russie et l’Autriche-Hongrie. On peut citer ici le discours qu’il prononça à Lviv, en 1940, lors du Sobor diocésain : Nous devons considérer que travailler à l’Union des Églises nous a été particulièrement recommandé par la divine Providence. En premier lieu parce qu’un nombre important de nos compatriotes appartient à l’Église orthodoxe et porte toutes les conséquences de la séparation qui a éloigné les Églises de l’Est de l’Église universelle. Parce qu’à l’Ouest de l’Ukraine nous sommes les seuls Ukrainiens à avoir préservé la foi Cette tragique séparation dont aucune nation dans le monde n'a autant souffert par Patrick de LAUBIER universelle et le rite slavo-byzantin, nous – plus que tout autre, slave ou catholique – sommes en mesure d’œuvrer pour cette cause. Si nous pouvons le faire, ce devoir nous est imposé par la charité fraternelle. Ainsi obligés, nous sommes appelés, et pouvons à ce titre compter sur l’aide du Seigneur si nécessaire pour cette tâche très importante et difficile. Cette tragique séparation, dont aucune autre nation dans le monde n’a autant souffert que nous, indique quels sont notre vocation et notre devoir. (5) Ces perspectives constituent malheureusement une sorte de cauchemar pour les autorités religieuses de Moscou, voire aussi pour le pouvoir politique russe, mais faut-il souhaiter que Rome, qui a refusé jusqu’ici, pour de bonnes raisons, de nommer un patriarche gréco-catholique en Ukraine, continue dans ce sens ? On a vu à ce propos quelles étaient les positions prises par le Patriarcat de Moscou dans le cadre de la commission mixte catholique-orthodoxe. Il ne s’agit donc pas d’imaginer de manière inconsidérée telle ou telle initiative qui ne ferait qu’aggraver la situation, mais les bonnes relations avec le Patriarcat de Moscou ne doivent pas faire oublier aux catholiques les liens si étroits qui existent entre eux et les gréco-catholiques d’Ukraine qui, comme l’a rappelé le cardinal Bertone lors de son dernier voyage en Ukraine en mai 2008, constituent un pont entre les occidentaux et les orientaux. n (1) L’interview du Métropolite est parue dans la revue Trente jours dans le monde, janvier 1990. (2) Service Orthodoxe de Presse, Paris, avril 2008. (3) Sur plus d’un milliard de fidèles, 10 millions sont de rite oriental dont 5 millions en Ukraine. (4) Citation que l’encyclique emprunte à une homélie de Jean-Paul II prononcée le 6 décembre 1987 en présence de Dimitrios Ier, Patriarche de Constantinople. (5) In A. Arjakovsky Entretiens avec le Cardinal Husar, Parole et Silence, 2005 p. 124. FRANCECatholique n°3138 31 octobre 2008 13 DOSSIER DOSSIER VISITE AU KAZAKHSTAN ET EN OUZBEKISTAN Catholiques en Asie centrale par Marc FROMAGER La semaine dernière, avait lieu à Astana, capitale du Kazakhstan, le troisième « Congrès des leaders des religions mondiales et traditionnelles ». Il s'agit d'une belle vitrine pour le régime du président Nazarbayev, qui ne remplit certes pas tous les critères de l'ouverture démocratique, mais fait preuve d'un intérêt, au moins théorique, pour la liberté de religion. Quelque temps auparavant, Marc Fromager, directeur de l'Aide à l'Église en Détresse avait visité ce pays. Ses notes de voyage témoignent de la difficile mission de l'Eglise dans ces pays. L 'escale à l’aéroport de Moscou dure 4 h : pas grand chose à faire mais le billet d’avion est beaucoup moins cher avec cette escale que le vol direct. Et puis le passage par la Russie est une bonne introduction à la suite du voyage : après tout, l’Asie centrale, récemment indépendante, reste encore dans l’orbite russe, comme les récents événements géorgiens nous l’ont rappelé. Arrivée à Astana, la nouvelle (depuis 10 ans) capitale du pays. L’impression d’être à Légoland : des constructions partout avec des fantaisies architecturales étonnantes. Le Vicaire général, le père Jean-Marc Stoop (un Suisse) qui est venu me chercher me montre que la plupart des immeubles et bureaux du centre-ville sont vides pour le moment. Beaucoup se demandent ici combien de temps ces constructions, réalisées à la va-vite, tiendront ! Au Kazakhstan, il y a 130 nationalités. Zone naturelle de passage, le pays a aussi servi de terrain de déportation pour les Russes depuis l’époque des tsars, ce qui fait que la population est 14 FRANCECatholique n°3138 31 octobre 2008 La population va être de moins en moins européenne à peu près divisée en deux grandes parties : les autochtones kazakhs, asiatiques et qui ressemblent aux tribus mongoles d’où ils viennent, et les Européens, russes pour la plupart mais également ukrainiens, polonais et allemands. D’ailleurs, l’Église a commencé ici avec des gens qui avaient des racines catholiques, la plupart d’extraction allemande. Maintenant, elle doit se tourner vers les autres, c’est-à dire les Kazakhs. En réalité, le pays a déjà connu l’Église au premier millénaire mais les communautés, nestoriennes pour la plupart, ont ensuite disparu avec l’islam. Cette identité allemande de l’Église, on la retrouve partout y compris dans les chiffres : on estime à un million le nombre de « Kazakhs tanais » qui sont partis pour l’Allemagne en réussissant à prouver des racines allemandes, dont 30% de catholiques. Ce sont là 300 000 catholiques en moins pour le pays qui en comptait 500 000 il y a 18 ans et qui n’en compte plus que 150.000 ! La population totale du pays a également diminué de 17 à 15 millions durant cette même période (depuis 1989). Des Kazakhstanais continuent à quitter le pays, ceux d’extraction européenne s’entend. Ils ont la possibilité de partir et estiment qu’ils ont plus d’avenir ailleurs, malgré les richesses potentielles d'un pays qui dispose de gisements de pétrole énormes et de mines d'uranium, entre autres. Mais, aujourd’hui, il faudrait, connaître la langue kazazkhe, ce qui n’est pas le cas des Russes qui pré fèrent donc rejoindre la Russie où la situation économique s'est améliorée. L’évêque catholique d’Astana, Mgr Tomash Peta, n’a pas peur que le nombre des pratiquants baisse. Ce qui compte pour lui, c’est le témoignage individuel des catholiques et les fruits que cela portera. Devant nous, il ouvre un courrier qui vient du Vatican : il apprend qu’il vient d’être nommé consulteur de la congrégation pour le clergé ! Toujours est-il que la population va être de moins en moins européenne (Allemands et Russes s’en vont – aujourd’hui les Kazakhs sont 60 %) et le Président fait venir les Kazakhs de Mongolie et de Chine (10.000 $ de prime d’installation). Des Christ kazakh Kazakhs avaient en effet quitté le Kazakhstan dès la famine des années 30 et d'autres avaient réussi à fuir l’Union soviétique à divers moments. Maintenant, on invite leurs descendants à revenir. L’Église ctholique doit donc faire face dans un premier temps à un rétrécissement, ce qui n’est pas toujours facile au quotidien. Tel curé nous dit que l’année dernière, dix piliers de la paroisse sont partis. À Koktchetav, 18 paroissiens sont partis (3 familles), d’où deux bancs en moins… Quelques nouveaux aujourd’hui... mais qui ne compenseront pas les 350 000 départs… Au Kazakhstan, il y a un avant et un après « visite Jean-Paul II », qui a touché tous les habitants, même les musulmans. C’était en 2001, Les Kazakhs ne sont pas forcément les bienvenus dans l'Église onze jours après le 11 septembre et la chute des tours jumelles à New York. Tout le monde respectait le vieux Pape malade. Après 70 ans de propagande, ils n’attendaient pas un prédicateur mais un témoin ! Il semblerait qu’il n’ait jamais été aussi bien accueilli. Mais, malgré les ouvertures et les bonnes paroles du régime à l'égard des religions, un projet de loi actuel inquiète les catholiques. La mise en œuvre de ce projet tel qu'on le connaît, ferait qu’il n’y aurait plus de prêtres étrangers, ni de financement étranger pour la mission au Kazakhstan (il ne resterait donc que les orthodoxes et les musulmans). Qui est derrière de telles idées, censées viser le prosélytisme agressif des sectes FRANCECatholique n°3138 31 octobre 2008 15 DOSSIER DOSSIER anglo-saxonnes ? Même si, sur place, les relations avec le clergé orthodoxe sont sympathiques, on est tenté de soupçonner une mauvaise influence russe, car c’est également ce qui se trame dans les autres ex-satellites soviétiques et même en Russie, où la vie devient parfois difficile pour les catholiques. Une difficulté supplémentaire pour l’Église, c’est l’extrême éparpillement des communautés. Avec très peu de ressources, matérielles et humaines, quelle priorité l’Église doit-elle se donner ? Investir là où il y a un peu de monde au détriment des fidèles isolés ? La parabole de la brebis égarée dit autre chose mais ce n’est qu’une parabole… Très concrètement, une paroisse en ville compte 2 000 fidèles et une autre, dans un village, en compte 20. L’AED a de l’argent pour une église : que fait-on ? L’idée, c’est d’aider la grande qui à son tour, aidera la petite. Le problème des langues : jusqu’à présent, la langue de l’Église est le Mgr Thomas Petach, russe, même si la plupart des prêtres évêque d'Astana sont polonais. Mais il faut maintenant apprendre le kazakh, ce qui est une autre paire de manches ! (En Ouzbékistan, les prêtres ne parlent pas ouzbek, c’est délibéré. Ils ne veulent pas apparaître prosélytes). Apprendre le kazakh est difficile : personne ne peut l’expliquer pour le moment (pas l’expérience) et pourtant, la langue est assez simple par rapport au russe (grammaire, mots qui se déclinent par familles de même sens). Mais, une fois la langue apprise, les pro blèmes demeureraient nombreux : 1 – dans le Nord, personne ne parle kazakh (même les Kazakhs parlent russe !), 2 – les autorités ne verraient pas d’un si bon œil que les catholiques se mettent au kazakh et accroissent ainsi leur influence... 3 – enfin, les Kazakhs, contrairement à ce qu'on pourrait espérer, ne sont pas forcément les bienvenus dans l’Église (c’est inédit et en gros, les « Russes » reprochent aux Kazakhs la politique actuelle de « kazakhtanisation », principe de remplacer les Européens par des Kazakhs à tous les niveaux). Depuis 1995, l’apprentissage du kazakh est obligatoire dans les écoles. En 2008, les documents officiels sont uniquement en kazakh (quelques-uns). Ceci donne l’impression que les Russes ne sont plus les bienvenus (on pense aux enfants). On ne veut pas être les derniers à partir… Une vieille dame dit : « J’ai déjà été déportée deux fois ! ». Au Kazakhstan, les prêtres proviennent de 17 pays et les religieuses de 18. Sur 80 prêtres, six ou sept sont de nationalité kazakhe, mais Toute expression religieuse est très strictement confinée 16 FRANCECatholique n°3138 31 octobre 2008 pas d’origine kazakhe, même si l’ordination du premier Kazakh est pour bientôt. L’évêque d’Astana est au Kazakhstan depuis 18 ans et citoyen kazakh depuis cinq ans (c’était le 13 mai, NotreDame de Fatima). Le diocèse d’Astana a cinq ans. Faut-il de grandes églises (comme à Kara ganda) ? « Oui, c’est important pour les gens, mais il y a le problème du coût. Tout coûte plus cher. On ne va pas pouvoir construire des églises partout » nous répond l’évêque. La cathédrale (gigantesque) de Karaganda, c’est un peu le centre de l’Église catholique au Kazakhstan, et aussi le lieu des camps ! Les camps de déportation soviétique représentaient une superficie égale à celle de la France… « Cette cathédrale pourra devenir un lieu de pèlerinage dans l’avenir ». Les sœurs de la Charité que nous visitons préparent une distribution de repas (deux fois par semaine) et vont visiter les familles pauvres. Elles sont indiennes et dénotent un peu entre les Russes et les Kazakhs mais après tout, on est en Asie ! Les religieuses, d’une manière générale sont, comme partout, le pilier de la mission. Sœur Bernadeta nous confie : « Sans votre support spirituel et matériel, on n’aurait pas la force de remplir notre mission ici. Vous êtes les premiers missionnaires ! Par votre prière, vous faites plus chez vous que ce que nos bras font ici ». Ces mots sont bien sûr adressés avant tout à nos bienfaiteurs ! Croissant et Nicolas Buttet, pour ne citer qu’eux, sont déjà venus. Le lendemain, la piste a séché, mais la pluie tombe juste après notre retour. On est vraiment passé entre les gouttes ! Visite à la communauté des Béatitudes. Sœur Anna Kazakhova est née au Turkménistan de parents russes, partis au moment de la Révolution, en Crimée puis au Turkménistan. Une partie de la famille est ensuite partie en Yougoslavie puis en Australie. Ses parents sont eux venus au Kazakhstan. D’origine orthodoxe, elle a été convertie par des protestants avec lesquels elle est restée cinq ans avant de découvrir la plénitude de la foi catholique. OUZBEKISTAN Le vol Astana – Tachkent passe par Alma-Ata, l’ancienne capitale kazakh au pied des contreforts de l’Himalaya. On passe d’un pays de 15 millions d’habitants avec 150.000 catholiques à un pays de 25 millions avec 650 catholiques. Autant dire qu’avec notre arrivée, nous augmentons presque la population catholique de 1 % à nous 4 ! Il y en avait plus avant mais, comme au Kazakhstan, ils sont tous partis. Dans la capitale, on compte 300 catholiques (4 messes le Oui, il faut beaucoup d'espérance et de charité ! dimanche, une dans chaque langue (polonais, russe (150), anglais (50), coréen (70). Samarcande compte 50 catholiques dont 20 à la messe. En tout, il y a cinq paroisses dans le pays, ce qui est toujours mieux que le Kirghizistan (3 paroisses), le Tadjikistan (2) et le Turkménistan où l’unique lieu de culte se trouve à la Nonciature ! L’Église essaie de faire enregistrer officiellement deux nouvelles paroisses depuis deux ans mais ça piétine. Les autorités ont conservé des réflexes soviétiques de contrôle religieux et il faut dire que l’activisme musulman est tout particulièrement surveillé. Toute expression religieuse est donc très strictement confinée. Le pays est à 90 % musulman, mais pas pratiquant. Y a-t-il vraiment une menace islamique pour justifier l’absence de liberté religieuse ? Mgr Jerzy Maculewicz, évêque de Tachkent, est un franciscain polonais, comme les huit autres prêtres du pays. Il est le dernier évêque nommé par Jean-Paul II (1er avril 2005), à la veille de sa mort. Sa mission : garder la présence de l’Église dans le pays, même si elle est symbolique, pour l’avenir. Dans vingt ans, il espère que les deux paroisses auront été enregistrées et qu’il y aura 3 000 catholiques dans le pays. Il faut beaucoup d’espérance dans ce pays… Ozernoye, le village du miracle des poissons La piste est détrempée : y va-t-on malgré le risque d’être coincés, sachant que notre avion pour Tachkent est le lendemain ? Finalement, on y va mais avec le 4x4 de la paroisse, ce qui nous oblige à nous serrer beaucoup (six dans la Lada) ! La route est très mauvaise, mais il fait beau et cela a déjà séché un peu. Nous arrivons en fin de journée, la lumière est très belle. Ce village est au milieu de nulle part ! En 1936, des déportés polonais et ukrainiens ont été abandonnés là. Ils ont fait ce qu’ils ont pu mais en 1940, avec la réquisition des récoltes pour l’armée, les gens mouraient de faim. C’est alors qu’au printemps 1941, lors de la fonte des neiges, un lac se forme au bord du village et les poissons pullulent ! Le village est sauvé et plus tard exportera même du poisson dans les républiques soviétiques avoisinantes. La paroisse est dédiée à la Vierge Marie sous le vocable : Notre-Dame de la pêche miraculeuse ! Chaque été dans ce petit village (600 pers onnes), il y a un rassemblement de jeunes catholiques qui viennent de tout le pays, avec des intervenants illustres : Daniel-Ange, Jo FRANCECatholique n°3138 31 octobre 2008 17 DOSSIER Le lendemain, départ pour Samarcande, une merveille architecturale avec de vieux minarets turquoise. Les touristes commencent à débarquer en masse, surtout des Italiens et des Français. On est au pied des montagnes, l’irrigation fonctionne bien, les champs sont verts et les arbres fruitiers partout. Le frère Stanislas a le droit de sortir en habit, les musulmans non ! « Ils contrôlent plus l’islam que les chrétiens », nous dit-il. Selon lui, « il faudra 50 ans avant qu’on puisse vraiment faire quelque chose ici ». De l’espérance, je vous dis ! L’Église catholique est ultra-minoritaire mais de dimension internationale. Le gouvernement ne regarde pas trop les campsretraites organisés discrètement par les franciscains. Des Églises protestantes ont Mgr Jerzy Maculewicz, été expulsées pour moins que ça. En même évêque de Tachkent temps, ils surveillent quand même de très près, et surtout le nombre d’Ouzbeks à la messe. Si le nombre d’Ouzbeks s’intéressant à l’Église augmentait fortement, il y aurait sans doute plus de soucis. Les orthodoxes sont là aussi particulièrement « accueillants » vis-à-vis des catholiques. L’évêque métropolite orthodoxe, à qui on demandait ce qu’était la Caritas, répondit que c’était 18 FRANCECatholique n°3138 31 octobre 2008 une organisation catholique franc-maçonne qui payait les gens pour devenir catholiques ! Il regrette ouvertement que le gouvernement autorise la présence de l’Église catholique en Ouzbékistan. Selon lui, il n’y a que deux religions traditionnelles en Ouzbékistan, l’islam et l’orthodoxie, et la religion la plus proche de l’orthodoxie, c’est l’islam ! Oui, il faut beaucoup d’espérance, et de charité ! Dimanche à la messe dominicale : il y a vingt personnes. Quel est l’avenir de l’Église catholique dans ce pays ? Je crois que Dieu va devoir intervenir lui-même… Nous rentrerons à Tachkent par le train. Lundi : lever 4 heures. Une longue journée de retour, via Moscou et Düsseldorf... Mot de la fin Dans Isaïe au chapitre 35, il est dit : « Que la steppe exulte et fleurisse ». Dans ces pays, Mgr Peta, évêque d’Astana, nous confie avec un peu d’humour que l’Église doit avancer « step by step in the steppe » (pas à pas dans la steppe, en anglais). N’oublions pas ces Églises dans nos prières, elles comptent sur nous ! n ESPRIT En mémoire des jours Une clarté d'éternité Par Robert Masson É trange méprise. C’est aux morts que l’on songe quand c’est des vivants qu’il s’agit, et en foules si nombreuses qu’on ne peut les compter. Sinon à l’unité pour ce que chacun de nous peut en connaître. C ’est la Toussaint autrement dit moment où jamais de réaliser ce qu’il en est du royaume de Dieu qui est la vraie mes ure de notre espérance quoi qu’en sache l’Histoire qui n’est guère attentive aux quotidiens des hommes dont il y aurait bien plus à dire si l’on savait ce qu’il en est du salut du monde. Les Saints, ce qu’on oublie précisément en ce jour, n’ont rien fait il est vrai pour attirer l’attention sur eux. Ils en avaient bien assez de s’en tenir à l’Évangile et à son étrange charte de la sainteté qui n’est autre que le sermon sur la montagne. Ce langage des béatitudes qui est compris dans toutes les langues et dans les mêmes termes, qui ne sont pas ceux de la puissance. Et au contraire même : heureux les pauvres, les malades, les petits, les simples, ceux qui pleurent... ils seront consolés. Tout ceux qui n’ont pas vraiment d’importance et ne cherchent pas à s’en donner. Il leur suffit de savoir qu’ils sont les enfants de Quelqu’Un, Celui que le Christ appelle son Père et qui est aussi le nôtre comme nous fait dire la prière même que le Christ nous a appris : « Notre Père ». On ne peut mieux dire que ce que le Christ nous a répété et demandé de reprendre à sa suite : « Notre Père qui es aux cieux, que ton nom soit sanctifié ». Ce Dieu qui s’est fait l’un de nous, le plus humble, que pouvait-il faire de plus que de prendre sur lui notre condition humaine qui ne savait plus trop où aller et se trompait souvent d’itinéraire, quand les hommes ne se fourvoyaient pas dans des chemins sans issues. Jusqu’au jour où dans un village, dont on attendait si peu qu’on disait de lui: « que peut il sortir de bon de Nazareth ? ». Nathanaël, qui fit cette réponse, était en effet un israélite sans détours, l’un de ceux qui était, autrement dit, tout indiqué pour prendre la route bénie de Dieu. La sainteté ne nous inscrit pas dans l’ordre des notoriétés de ce monde. D’une manière ou d’une autre, tous les saints sont des obscurs. Il y a à cela au moins une raison et qui tient à la foi. Mieux que personne les saints savent ce qu’il en est de croire et ce qu’il manque pour être à la hauteur du don de Dieu dont il fut parlé à la Samaritaine . Il ne se prennent pas pour des justes mais pour des justifiés disait Madeleine Delbrel qui avait quelque expérience des réalités de la foi. Les disciples de Jésus quand ils prennent conscience de ce que croire veut dire dev iennent dans l’élan de leur démarche ce qu’on appelle des fols en Christ. C’est ainsi que l’Orient les dénomme et c’est pareillement vrai en Occident où il en est pour se lever à la suite de celui qui était la parole même de ce Dieu en personne et aussi souvent de toutes ces foules qui redisent à leur tour : « Jamais homme n’a parlé comme cet homme ». La foi est décidément une grande Histoire qu’on ne peut vivre à temps perdu. Les pauvres ne s’y trompent pas. Ils sont moins portés que quiconque à se prendre pour des gens importants. De leur vivant, ils étaient le plus souvent les derniers à se prendre pour des saints. La pauvreté est une grâce qui nous rend libres et un peu tout de même à l’abri de ces méprises qui ramènent les choses à nousmême quand c’est à Dieu que tout nous renvoie : non pas à nous, nous dit la louanges mais à ton Nom, tout honneur et toute gloire. Ce temps de la Toussaint qui nous mène un jour trop tôt vers les cimetières n’est pas vraiment en conformité avec ce que le Christ nous apprend de lui-même et de nous dans la gloire du ressuscité. Et la nôtre si nous reprenons ce que les apôtres nous ont transmis de la parole du Christ : « Ne cherchez pas parmi les morts celui qui est vivant et qui nous avait dit à l’avance par où il devait passer ». Les Chrétiens ne sauraient garder pour eux cette nouvelle qui traverse les temps et sèche nos larmes quand la mort cruelle nous atteint à travers des proches. Ce n’est pas de pleurer ses morts qui fait question mais de le faire comme si les horizons se fermaient à jamais. « Toussaint » le mot a son importance. C’est tout ce qui se trouve appelé par l’immense labeur de Dieu qui fait les Saints. Ils n’ont pas manqué, contrairement à ce que pouvaient nous donner à croire les informations qui ont le verbe insuffisant. Que faitelle ordinairement, dans notre univers, de ce signe éclatant qu’est le martyre ? De ces hommes, de ces femmes, de ces jeunes, de ces enfants même, qui ont eu à souffrir pour le nom du Christ ? Ce que l’on en sait porte à croire les dires d'Olivier Clément, fidèle observateur des réalités chrétiennes, qui précise qu’il y a eu, en notre XXe siècle, plus de martyrs que dans tous les siècles qui avaient précédé, y compris les premiers. Avec la Toussaint, ce sont notamment ces martyrs innombrables qu’il faut prier pour que la mission soit toujours vécue à sa vraie dimension. Le bras de Dieu ne s’est pas raccourci. Il continue à nous rejoindre, à nous appeler inlassablement. Ce n’est pas au goutte-à-goutte que la foi nous est donnée mais comme un torrent de ces eaux vives dont le Christ parlait. La gloire de Pâques est à nos portes et nous demande de nous lever et de répondre, d’entrer en un mot dans cette grande cohorte des Saints qui font de ce jour qui leur est consacré un des moments essentiels dans la vie de l’Église et de chacun des nous. C’est vraiment notre fête à tous pour peu que nous réalisions ce qui nous est donné. Léon Bloy, qui fut à sa manière un prophète en son temps, disait (dans La femme Pauvre) qu’« il n’y a qu’une tristesse au monde, c’est de n'être pas des saints ». Il ne dépend que de nous de la surmonter cette tristesse. n FRANCECatholique n°3138 31 octobre 2008 19 L'appel de Mossoul SYNODE Le texte intégral du Message du synode sur la Parole de Dieu dans la vie et dans la mission de l’Église, a été approuvé et publié le 24 octobre par les pères synodaux, au terme de la XIIe Assemblée générale ordinaire du synode des évêques. (Nous le com menterons la semaine prochaine.) VIETNAM 14 c at holique s vie t namiens, qui avaient manifesté, l'été dernier, contre les spol iations des biens immobiliers d'une paroisse tenue par les pères rédemptoristes à Thai Ha, dans l'arrondissement de Dong Da à Hanoi, ont été inculpés fin octobre de « troubles à l'ordre public » et pourraient être jugés prochainement. Deux, Mmes Nguyên Thi Nhi et Ngô Thi Dung, sont encore en prison préventive, les autres sont en résidence surveillée. On note que l'accusation de « dégradation de biens appartenant à l'État », qui avait été employée dans une vaste campagne officielle de dénigrement des catholiques, semble avoir été abandonnée. INDE Dans la nuit du 22 octobre, l'église « Little Flower » dédiée à Ste Thérèse de Lisieux dans le diocèse de Satna dans l'État du Madhya Pradesh, a subi une tentative d'incendie criminel. La porte et le sol du bâtiment ont été détruits mais les pompiers ont pu maîtriser les flammes. 171 attaques d'églises par des groupes hindouistes ont eu lieu depuis cinq ans et les violences ont pris une nouvelle ampleur à l'approche des élections législatives de novembre. Œuvres complÈtes Le 22 octobre, Mgr Gerhard Lud wig Müller, évêque de Ratisbonne (Allemagne), a présenté, à la salle de presse du Vatican, le premier volume de l'Opera Omnia de Joseph Ratzinger, édité en allemand par Her der Verlag. La publication aura seize volumes et a nécessité la fondation Grâce à une large alerte médiatique et à une prise de parole forte des responsables des Églises irakiennes, nous sommes informés des nouveaux développements du drame que continuent à vivre les chrétiens d'Irak, en particulier à Mossoul. Le pays se vide de ses chrétiens et sur place la menace du basculement des chrétiens du côté du cercle infernal des violences se fait jour. à travers l'opération « Pâques avec les chrétiens d'Irak », Pax Christi associé à l'Œuvre d'Orient, à Justice et paix, à la Fédération Protestante de France, à l'Aide à l’Église en Détresse, avait voulu dire à ces hommes et à ces femmes qu'ils n'étaient pas seuls dans l'adversité. Ils ont besoin de l'entendre à nouveau pour tenir bon dans l'espérance. Nous voulons le leur redire dans un moment où l'épreuve qu'ils vivent est insoutenable. Dès maintenant nous pouvons nous mettre résolument à leurs côtés, en accueillant dans nos communautés les réfugiés qui sont reçus sur le territoire français et en créant des liens avec ceux qui vivent là-bas. Une fois de plus nous voulons aussi dénoncer la violence qui est faite à des innocents, l'atteinte aux droits fondamentaux des personnes, empêchées de pratiquer leur religion, l'instrumentalisation de la détresse des minorités dans de sordides conflits de pouvoir. Malgré la difficulté à le mettre en œuvre, Pax Christi continuera à s'engager dans ce travail de mise en lien et de solidarité. Nous voudrions aussi en appeler de nouveau aux responsables politiques. Une parole ferme de leur part concernant la situation vécue en Irak serait pour ces communautés en souffrance un ballon d'oxygène et une source d'espérance. Pax Christi invite tous les hommes de bonne volonté à s'associer à une dénonciation forte de la situation des minorités chrétiennes à Mossoul et à la lente élaboration de nouvelles raisons de croire en l'avenir.Le 25 octobre 2008 Marc Stenger, évêque de Troyes, Président de Pax Christi France P.S. : Le 24 octobre, le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés a publié un communiqué selon lequel plus de 2 200 familles chrétiennes, soit environ 13 000 personnes, ont fui récemment la ville de Mossoul (Il n'y aurait plus que 500 chrétiens à Mossoul). Elles avaient reçu des coups de téléphone, des lettres ou des messages de menaces de mort. La plupart ont trouvé abri dans des villages situés dans la province de Ninawa, elles y reçoivent, autant que possible, une aide des ONG catholiques notamment françaises. Mais quatre cents de ces familles sont venues grossir, ces 15 derniers jours, les 1,2 million d'Irakiens déjà réfugiés en Syrie. Le HCR déclare avoir effectué une distribution de nourriture à plus de 190 000 réfugiés irakiens à travers toute la Syrie, et que 38 000 réfugiés irakiens bénéficient de son aide financière. d'un institut Benoît XVI, chargé de conserver les archives relatives à la vie, à l'œuvre et à la pensée de Joseph Ratzinger. La collection s'ouvre par la thèse de licence consacrée à la doctrine ecclésiale d'Augustin, et celle de doctorat sur la doctrine de la révélation chez saint Bonaventure. Le tome 3 reproduira la conférence inaugurale de sa chaire par le profes seur Ratzinger, intitulée : Le Dieu de la foi et celui des philosophes (Bonn 1959), accompagné de ses réflexions sur les fondements historiques et intellectuels de l'Europe. Le volume suivant correspondra au livre intitulé Introduction au christianisme (1968), et le tome 6 à son Jésus de Nazareth (2007), complétés par les écrits sur la christologie. Le tome 13 recueillera les 20 FRANCECatholique n°3138 31 octobre 2008 interview de Joseph Ratzinger, et le 14 une sélection de ses homélies. Le tome 15 proposera l'autobiographie de l'actuel pape (1997) et ses nombreuses déclarations sur Jean-Paul II ou sur son frère Georg Ratzinger, ainsi que de multiples discours variés. Enfin, le tome 16 contiendra une bibliographie complète et index d'ensemble. UKRAINE Le 21 octobre, le cardinal Marian Jaworski (82 ans) évêque de Lviv des Latins (Ukraine), a cédé sa charge à l'archevêque coadjuteur, Mgr Miec zyslaw Mokrzycki (47 ans), ancien secrétaire personnel des Papes JeanPaul II et Benoît XVI et surnommé Don Mietek... ESPRIT Les Fidèles Défunts (année a) Bienheureux ! © La Bible des Peuples, éd. Jubilé-Le Sarment par les Pères Bernard et Louis HURAULT 5.1 Quand Jésus vit tout ce peuple, il gravit la montagne. Là il s'assit et ses disciples s'approchèrent de lui, 2 il ouvrit la bouche et commença à les enseigner : 3 « Heureux ceux qui ont un cœur de pauvre, le Royaume des Cieux est à eux. 4 Heureux les doux, ils auront la terre en héritage. 5 Heureux ceux qui sont dans le deuil, ils seront réconfortés. 6 Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, ils seront rassasiés. 7 Heureux les miséricordieux, ils auront droit à la miséricorde. 8 Heureux ceux qui ont le cœur pur, ils verront Dieu. 9 Heureux ceux qui sèment la paix, ils seront appelés enfants de Dieu. 10 Heureux ceux qui sont persécutés quand ils agissent en toute droiture, le Royaume des Cieux est à eux. Oui, heureux serez-vous quand on vous insultera à cause de moi, et qu'on vous poursuivra, et qu'on dira sur vous toute sorte de calomnies. 12 Soyez heureux, sautez de joie, car vous avez dans les cieux une belle récompense. On poursuivait tout pareillement les prophètes qui étaient avant vous. » 11 M atthieu place ce discours en quelque hauteur bordant le lac de Tibériade. Il parle d'une montagne pour rap peler le Mont Sinaï où Moïse avait reçu la Loi (Ex 19). C'est que, dans ce premier "Discours de Jésus", Matthieu le présente comme le Maître qui donne à Israël et à tous les hommes la Loi nouvelle et définitive. Jésus s'est formé en méditant la Bible, mais dès le début il sait que sa vocation est de reprendre et de retourner les certitudes acquises comme Dieu seul sait le faire. La formule : mais moi je vous dis… reviendra six fois pour souligner l'opposition entre la Loi de Moïse et la nouvelle loi. Mais, il ne faut pas nous tromper sur le sens de ce mot : la Loi, ce ne sont pas d'abord des commandements : c'est l'enseignement de Dieu. Ce sont en premier lieu les déclarations de Dieu qui ont fait d'Israël son peuple particulier, appelé à une mission dans le monde, et c'est cela même que Jésus renouvelle. Heureux ! Ce premier paragraphe nous présente le nouveau peuple de Dieu à qui est donnée la Loi. La Loi avait été donnée aux "enfants d'Abraham et d'Israël" que Moïse avait fait sortir d'Égypte. Bien des textes disaient : heureux es-tu Israël car c'est à toi que Dieu a confié ses paroles (Dt 33.29 ; Ps 144.15 ; Ba 4.4). Et voici que d'emblée l'Évangile nous parle d'un autre peuple de Dieu. Non plus le peuple des douze tribus, avec ses frontières et ses ambitions nationales, mais le peuple qui va naître d'Israël à l'appel de Dieu, un rejeton de l'arbre ancien que les prophètes appelaient le Reste d'Israël, auquel vont se joindre ceux que Dieu appellera de toutes les nations. Et qui sont-ils, ces élus qui doivent se considérer bien heureux d'un tel appel ? Ce sont les pauvres, ce sont ceux qui pleurent, ce sont ceux qui bien des fois ont été tentés de maudire leur sort, leurs fautes et leurs propres contradictions. Matthieu nous présente huit Béatitudes, alors que Luc 6.20-26 n'en a que trois (les pauvres, ceux qui ont faim, ceux qui pleurent). Mais là n'est pas l'important, car elles ne développent, en fait, qu'un seul et même thème. Matthieu se tourne déjà vers son auditoire chrétien. L'Église s'était déjà étendue, et ses communautés réunissaient les milieux les plus divers : esclaves, gens simples et riches. Et Matthieu, d'une cer taine façon, contemple les merveilles que Dieu a réalisées en eux lorsqu'il met dans la bouche de Jésus ces paroles de félicitation : Heureux ceux qui ont reçu mon esprit, car ils verront Dieu. Et il ajoute à sa liste les artisans de paix et les cœurs purs. Ceux qui sont dits heureux ne le sont pas parce qu'ils souffrent : l'expression sonnerait mal. Ils le sont parce qu'on leur ouvre le Royaume. Le Royaume des Cieux est à eux (3), et aussitôt après : ils posséderont la terre. La contradiction n'est qu'apparente. D'abord, il faut comprendre le terme Cieux selon son usage à l'époque de Jésus. Par suite de leur extrême respect de Dieu, les Juifs ne prononçaient pas son nom : ils le désignaient par d'autres mots comme les Cieux, la Gloire, la Puissance. Le Royaume des Cieux veut dire littéralement le Royaume de Dieu, tout comme le Père des Cieux veut dire : Dieu le Père. Dans 22 FRANCECatholique n°3138 31 octobre 2008 la bouche de Jésus, le Royaume des Cieux ne désigne pas, habituellement, la récompense qui nous est promise après la mort (c'est alors le Royaume du Père), mais le Royaume de Dieu qui vient à nous sur terre avec Jésus. Il faut de même donner à la terre son vrai sens. Cette terre, pour la Bible, c'était celle de Palestine, car c'est là que Dieu ve nait sauver son peuple. Et l'Évangile, à son tour, n'oppose pas le matériel au spirituel : en fait, le terme "spirituel" ne paraît nulle part dans tout l'évangile. Quand Dieu parlait par les prophètes, il promettait à son peuple un monde où tous leurs besoins seraient satisfaits : des banquets bien ar rosés (Is 25.6), une vie longue, de l'eau pour arroser la terre, la libération de toutes les oppressions, un royaume de justice. Mais plus que tout cela, Dieu vivrait parmi les hommes et il leur communiquerait son Esprit : Ils seront mon peuple et je serai leur Dieu (Ez 37.24). De même, dans les Béatitudes, le Ro yaume de Dieu est en même temps la terre de Palestine promise aux enfants d'Abraham et la terre où règne la paix car Dieu y est présent. Ceux qui ont faim de justice recevront en même temps le pain et la sainteté de Dieu, parce que dans la Bible justice signifie aussi : être tels que Dieu voudrait nous voir. Et c'est ainsi que Jésus nous dit que nous serons rassasiés ou consolés. Notre consolation sur terre est de savoir et de voir que Dieu nous aime et s'occupe de nous et comment, en dépit de tout, il renverse la situation des opprimés. C'est aussi de savoir que, même quand il semble ne pas entendre nos prières, notre croix a un sens et un but. Enfin, ce n'est pas rien de savoir que dans l'autre vie Dieu nous donnera plus que tout ce que nous pouvons espérer ou mériter. Jusqu'à la venue de Jésus on avait attendu. Jésus nous dit qu'un nouvel âge a commencé : Dieu est parmi nous et son Royaume est déjà là pour ceux qui ont le cœur pur, c'est-à-dire que leurs désirs ont été purifiés : ils verront Dieu. Heureux… les persécutés. Comme Luc, Matthieu développe cette dernière béatitude, car, où que nous soyons, nous ne pouvons pas vivre l'Évangile sans souffrir persécution. n Lectures du dimanche 2 novembre. Il est recommandé de prendre les lectures dans la messe des fidèles défunts, mais on peut aussi les prendre dans le temps ordinaire : Première Lecture : Sagesse (3.1-6, 9) Psaume (42.2, 3, 5 ; 43.3-5) Deuxième Lecture : Actes (10.34-43) ou Romains (5.5-11) ou Romains (6.3-9) Évangile : Matthieu (5.1-12). PORTRAIT RENCONTRE AVEC BRUNOR Les crayons et la guitare propos recueillis par Matthieu GOURRIN Oui, je vais à la rencontre de cen taines de jeunes, chaque année, grâce à mes crayons et à ma guitare. Mais d’abord dans mon quartier parisien, ma femme et moi accompagnons des jeunes de 16 ans pour les préparer à la confirmation. C’est une question de l’un d’eux qui m’a invité à creuser la ques tion de la Bible /sciences qui renvoie à la question création/ évolution, qui conduit à quantité d’autres aspects philosophiques. For t des informations que j’avais trouvées pour éclairer la question de ce jeune Nicolas, j’ai décidé de les partager avec le plus grand nombre et de consacrer du temps à réaliser un livre accessible à tous, car ces questions sont très actuelles. C’est ainsi qu’est né mon album L’Univers imprévisible. ( n C’est justement l’objet de votre nouvelle enquête : « La question interdite »… n Et votre précédent ouvrage, « www.Jésus qui ? » Il est né de la même démarche ; mais cette fois, c’est à la suite d’un concert, où je chantais mes chansons devant plusieurs milliers de jeunes, que la discussion s’est Oui, il s’agit d’aider le lecteur à comprendre comment l’Église a précisé sa pensée pour mieux exprimer qui est le Christ… Mais avant d’y venir, il fallait prendre en compte l’interpellation suivante : « D’accord, Jésus a existé, mais comme son histoire n’est relatée que par des "comparses", quel crédit peut-on accorder aux Évangiles ? Les auteurs auraient pu tout inventer ! » C’est toute la question de www.Jésus qui ? n C’est un peu exagéré : à ce moment-là, on peut tout remettre en cause ! poursuivie à propos de Dieu, du Christ… Au bout d’un moment, il y a toujours l’un ou l’autre pour partager un doute de fond : « Mais Jésus, on n’est même pas sûr qu’il a existé ! » Je pense que toute question est bonne à prendre au sérieux 24 FRANCECatholique n°3138 31 octobre 2008 Pour ma part, je pense que toute question est bonne à prendre au sérieux, et si nos contemporains sont de plus en plus exigeants avec l’authenticité, c’est plutôt une qualité à encourager. Donc, rejoignons-les dans cette intention scientifique et voyons jusqu’où on peut aller ensemble. Faisons une enquête la plus précise possible dans les domaines de l’ar chéologie, l’étude des textes anciens, les datations, et commençons par chercher ensemble des indices. Il y en a énor mément, et ils plaident pour une authenti cité de ces textes. Alors, quand on admettra que cette histoire n’est pas un conte de fées, ni une pieuse fiction, on cessera de croire au Père Noël, pour envisager le Christ avec un peu plus d’étonnement. Si la réponse existe quelque part, quel dommage de tourner en rond sans y avoir accès. D.R. n Est-ce encore une question de jeune qui vous a lancé dans cette nouvelle enquête ? Les informations à ce propos n’ar rivent pas jusqu’aux jeunes. Pourtant, à peu près tous les historiens savent qu’un certain Jésus a existé. Son existence historique n’est plus mise en doute. La question est de savoir qui il est. D.R. Durant plusieurs mois, nous devrions retrouver, chaque semaine, les personnages de Brunor, à la recherche du visage du Christ à travers les Conciles. Découvrons un peu plus cet artiste chrétien qui met son art au service de sa foi. n Vous semblez dire que même des jeunes chrétiens sont dans le doute à propos du Christ… Oui, sur cette question ou sur d’autres. D’ailleurs leurs animateurs chrétiens le savent : ils me disent qu’ils n’ont pas toujours été formés pour fournir des infor mations en relation avec ces exigences nouvelles, à propos d’évolution/création par exemple. Pourtant, bon nombre d’in dices sont là, présents, souvent enfouis dans des ouvrages érudits, qui n’arrivent pas jusqu’au public. Je suis passionné par ces enquêtes qui me conduisent à déterrer des infos étonnantes et à les raconter de façon adaptée à l'esprit actuel de la jeunesse. Car la BD et la chanson sont des langages qui parlent aux jeunes, et j’ai la chance de les pratiquer comme des langues maternelles. Mes livres me permettent de rejoindre les jeunes en allant les rencontrer là où ils sont, dans les écoles, les aumôneries, les festivals de rock chrétien et même les prisons. n Comment se passent vos animations ? Ce n’est jamais pareil, car j’essaye d’être à l’écoute du groupe qui m’ac cueille. Certains ont déjà lu le livre, d’autres auront vu l’une ou l’autre de mes expositions. D’autres se demandent qui est ce type qui arrive avec une guitare et des dessins sur Cd… Dans presque tous les cas, je jongle avec trois modes d’intervention dans la même rencontre : Projection de dessins humoristiques sur des questions sérieuses, tirés de mes livres ; dialogue autour de questions soulevées par ces montages de dessins ; quelques chansons pour apporter un peu de poésie, mais aussi une dimension plus spirituelle qui peut conduire à un temps plus priant. Tout cela suscite des questions et certains poursuivent le dialogue à l’issue du « temps réglementaire »… n Quelques exemples ? La semaine dernière, une rencontre très sympathique avec des étudiants et lycéens au Mans… Une tournée de trois jours en Suisse avec plusieurs groupes de jeunes et une intervention au cours d’un culte protestant… Un après midi à Tours avec 200 collégiens de 4° et 3° d’un seul coup ! Puis une soirée avec des paroissiens de toutes générations. Une soirée orga nisée par un groupe de 25-30 ans. Une journée à St-Gilles Croix de Vie avec différents niveaux et les parents le soir… Des étudiants à la cathédrale d’Évry avec le père Riton. Une intervention au miniFrat des Yvelines, différents Frats de Jambville… Il y a un projet pour Londres, et j’aime rais bien aller en Corée où un éditeur fait traduire tous mes livres en ce moment ! n Toujours avec ce rythme à trois temps (dessins, questions, guitare) ? Oui, c’est une valse qui permet d’aller loin et dont j’ai souvent des échos par la suite, via les courriels… Et puis il y a aussi les concerts comme cette nuit du passage à l’an 2008 où j’ai été sollicité par les responsables de Lourdes pour un concert devant mille personnes. J’ai chanté mes morceaux pendant 1 h 30 avant de passer le relais au groupe Ararat. Une autre fois, j’ai eu le bonheur de chanter sur la grande scène de l’Unesco, ou devant FRANCECatholique n°3138 31 octobre 2008 25 PORTRAIT 5 000 jeunes à Paray-le-Monial. Mais, s’il n’y a pas toujours autant de monde, loin de là : j’aime aussi beaucoup chanter et dialoguer avec des petits groupes comme à la prison de Bois d’Arcy dont un des 25 détenus présents « fêtait » ses 18 ans. n Vous parliez de « déterrer des informations »… C’est le mot ! J’ai parfois l’impression d’être un archéologue qui découvre un bout de terre cuite, qui s’avère être la promesse d’un trésor. Par exemple, dans le scénario de la BD Bernadette, affaire non classée, j’ai déterré un trésor enfoui depuis 150 ans dans les archives de Lourdes : au cours de l’apparition du 24 février Bernadette a éclaté de rire ! Elle a ri avec Marie pendant un bon moment, plusieurs témoins en ont été frappés et l’ont relaté dans les interrogatoires administratifs. Qui, aujourd’hui, sait cela ? Personne, car parmi les centaines de livres ou films sur Lourdes, aucun n’a évoqué cet événement. Pourtant ce rire si rafraîchissant était là, il aurait pu faire du bien aux lecteurs depuis 150 ans, mais on l’avait oublié, enterré. C’est un trésor, une source cachée. Pour la BD Jehanne d’Arc, c’est le même problème, mais aussi la même solution, car nous disposons également des archives des procès. n Et votre bande dessinée sur Jeanne d’Arc paraît en ce mois d’octobre... Oui, et je suis allé chercher les paroles authentiques consignées dans les minutes des procès. D’ailleurs elle ne s’appelait pas Jeanne, mais Jehanne. J’espère que les lecteurs la découvriront dans sa belle simplicité et surtout, son intention très moderne de gagner la paix. Elle a compris qu’aucune paix durable ne se bâtissait sur une oppression et une occupation. n « La question interdite » semble suivre la même démarche ? Pour La question interdite, je suis vrai ment heureux d’avoir pu exercer cette même dynamique qui consiste à extraire des informations pour les amener au grand jour. On va découvrir comment un concile inconnu du grand public a posé les bases de l’unité possible pour les chrétiens. On va comprendre que le Christ nous parle d’une union à Dieu dont on a trop oublié qu’elle respecte l’homme à ce point. On va retrouver les racines oubliées, plon gées dans le prophétisme hébreu et tout l’oxygène que cela apporte à notre chris tianisme… Le prophète Osée osait dire : « Mon peuple se meurt faute de connaissance ! » En ce qui concerne le problème de la transmission de la foi, j’ai l’impression de traverser un désert, au volant d’un camionciterne rempli d’eau potable. Il y a des quantités d’informations à transmettre, qui sont en mesure d'enthousiasmer des jeunes et ceux qui leur ressemblent, mais elles n’arrivent pas jusqu’à nous ! Beaucoup d’animateurs, tellement généreux de leur temps et de leur énergie, vivent des temps forts avec leurs jeunes, mais sont désolés de ne pas pouvoir aller plus loin. Ils se sentent démunis et trou vent que la lutte est par trop inégale avec l’univers offert aux jeunes. Mais lors de mes rencontres/anima tions je vois bien le pétillement dans les yeux de beaucoup quand on partage les trésors déterrés. Chaque information solide permet de mieux comprendre et d’avancer. n Brunor : La question interdite, éd. Viltis, à paraître début décembre 2008, 22 e - Jehanne d'Arc, gagner la paix, scénario Brunor, dessins Dominique Bar, Edifa-Mame, 11 e www.Jésus qui ? l'enquête historique, Le Cerf, 16 e, L'univers imprévisible, Le Cerf, 15 e. www.brunor.fr BULLETIN DE COMMANDE à RETOURNER à FRANCE CATHOLIQUE 60, RUE DE FONTENAY 92350 LE PLESSIS-ROBINSON Nom/Prénom : adresse complète : Souscrit à o 1 exemplaire du livre LA QUESTION INTERDITE - Prix = 22 euros * o 2 exemplaires = 42 euros o 3 exemplaires = 60 euros o 4 exemplaires = 76 euros o 5 exemplaires = 92 euros o 6 exemplaires et plus, multiplier le nombre de livres par 18 euros x . . . . . . = . . . . . . . . . . euros Ajoute les frais de port du livre = 7 euros * quel que soit le nombre de livres en tout. (Indique les adresses d’expédition sur un papier séparé si ce n’est pas celle inscrite sur le chèque.) Après le 8 décembre, plus aucune réduction ne pourra être faite sur le prix du livre qui sera alors disponible dans toutes les bonnes librairies religieuses - diffusion Serdif. * 1 exemplaire de «La Question Interdite» = 22 euros + 7 euros de port = 29 26 FRANCECatholique n°3138 31 octobre 2008 euros franco de port. FRANCECatholique n°3138 31 octobre 2008 27 28 FRANCECatholique n°3138 31 octobre 2008 FRANCECatholique n°3138 31 octobre 2008 29 30 FRANCECatholique n°3138 31 octobre 2008 FRANCECatholique n°3138 31 octobre 2008 31 32 FRANCECatholique n°3138 31 octobre 2008 FRANCECatholique n°3138 31 octobre 2008 33 34 FRANCECatholique n°3138 31 octobre 2008 CINéMA Hellboy II «Les légions d’or maudites» Après plusieurs siècles de soumission à l’homme, Nuada, le prince de l’invisible, s’ap prête à réveiller ses armées redoutables ainsi que toutes sortes de créatures fantastiques. C’est la seconde fois que Guillermo del Toro porte à l’écran les aventures de Hellboy. Il le fait avec un style visuel étonnant, met tant en scène, avec beaucoup de virtuosité, tout un monde d’êtres fantastiques. Les décors sont d’une grande beauté (le réalisa teur a bénéficié de moyens importants), et les images de synthèse sont mises au service d’une imagination débordante. Mais il ne faut pas trop attendre du côté de la vraisemblance, surtout psychologique. Dans ce monde de pure fantaisie, les valeurs les plus classiques sont respectées. M.-C. R. d'A. Film d’aventures américain (2008) de Guillermo del Toro, avec Rom Perlman (Hellboy), Selma Blair (Liz Sherman), Doug Jones (Abe Sapien), Jeffrey Tambor (Tom Manning), Luke Goss (le prince Nua da) (1h59). (Adolescents.) Sortie le 29 octobre 2008. La vie moderne Dans les Cévennes, Raymond Depardon retrouve des paysans qu’il a déjà visités dix ans auparavant. Fils de paysan, le documentariste Ray mond Depardon a dû parcourir le monde avant de revenir sur la terre de ses parents. À travers les saisons, il parcourt des fermes de moyenne montagne, tout en montrant la splendeur de la nature. Car les images sont de toute beauté, et le décor est grandiose. Mais ce qui intéresse le plus le documentariste, ce sont les hommes, qu’il filme avec respect, tendresse et admiration. Il y a ici une belle galerie de portraits, qui respirent la vie et qui nous font oublier tous les artifices specta culaires du cinéma moderne. Magnifique ! Ce très beau film est un hommage à la terre et à ceux qui y travaillent. M.-C. R. d'A. Documentaire français (2007) de Raymond Depardon. (Adolescents.) Sortie le 29 octobre 2008. the visitor par Marie-Christine RENAUD d’André Cohabitation forcée Le thème de l’immigration est particulièrement sensible aux USA, en raison du terrorisme. Thomas McCarthy l’aborde avec beaucoup de finesse en s’attachant à décrire les hommes qui y sont confrontés. En filmant la vie quotidienne de personnages ordinair es, il confère à son œuvre une belle épaisseur humaine, tout en montrant que tout est toujours possible chez l’homme, à condition de lui en donner les moyens. Ce héros aigri et replié sur lui-même saura s’ouvrir aux autres, au contact de ses Sans jamais parler de politique, le réalisateur raconte une histoire d’immigrants profondément humaine. L es problèmes liés à l’immigration sont des problèmes politiques qui déchaînent les passions. Au point que l’on en oublie, le plus souvent, les hommes, au profit des idéologies. Le grand mérite de Thomas McCarthy est d’avoir su braquer sa caméra sur eux, sans jamais s’en laisser détourner. Depuis la mort de sa femme, Walter Vale, un professeur d’université, n’a plus goût à rien et n’attend rien de l’avenir. Un jour, il se rend à New York, où il possède un appartement, pour un congrès. Quelle n’est pas sa surprise de découvrir un jeune couple de squatters installés dans son appartement. Lui est Syrien, elle Sénégalaise. Alors qu’il s’apprête à les chasser, il est touché par leur détresse et consent à leur offrir une hospitalité provisoire. ( Un homme replié sur lui-même retrouve le goût de vivre au contact des autres cohabitants forcés. Le résultat est une œuvre pleine de charme et d’humanité qui réchauffe le cœur. Teinté de tristesse et de mélan colie, ce film est un chant à l’entente entre les hommes, une belle leçon de solidarité. Certes, le problème traité est d’une grande complexité, mais, pour cette raison, il faut appliquer des solutions qui tiennent compte, avant tout, des réalités humaines. C’est ce que fait ce film de façon magistrale. ■ The visitor. Comédie dramatique américaine (2007), de Thomas McCarthy, avec Richard Jenkins (Walter Vale), Haaz Sleiman (Tarek), Danaï Jekesai Gurira (Zainab), Hiam Abbass (Mouna), Marian Seldes (Barbara), Maggie Moore (1h45). (Grands adolescents.) Sortie le 29 octobre 2008. W. Dans la famille Bush, nul n’aurait pu imaginer que cet alcoolique et bon à rien de George W. allait devenir le 42e président des États-Unis. La grande surprise de ce film réside dans le fait que ce n’est pas une charge contre le président le plus détesté de toute l’histoire des USA, mais une tentative, à moitié réussie, de comprendre le personnage. Assez bavard, dans sa première partie, le film raconte les premières années de la présidence de Bush, avant sa réélection. Si l’on sent que la théorie d’Oliver Stone est d’expliquer Bush par sa relation avec son père, les intentions profondes du réalisateur restent confuses. L’interprétation est sensationnelle. L’histoire jugera celui que la plupart des gens (surtout les journalistes et les intellectuels) ont déjà jugé. Il reste que cette œuvre tend à le réhabiliter quelque peu. Un comble pour Oliver Stone ! Comédie dramatique américaine (2008) de Oliver Stone, avec Josh Brolin (George W. Bush), James Cromwell (George Bush Sr.), Ellen Burstyn (Barbara Bush), Elizabeth Banks (Laura Bush), Toby Jones, Thandie Newton, Scott Glenn (2h). (Grands adolescents.) Sortie le 29 octobre 2008. FRANCECatholique n°3138 31 octobre 2008 35 événement événement Bienheureux Louis et Zélie Martin Reliquaire de Louis et Zélie Martin. C 19 octobre à 6h30, la basilique de Lisieux, encore dans la nuit, était une étrange fourmilière : s'agitaient dans tous les sens 350 bénévoles et des membres du Pèlerinage Sainte Thérèse mal réveillés et fébriles. Quand deux heures plus tard apparut un radieux soleil matinal (commandé spécialement à Thérèse pour l'occasion, elle ne pouvait pas faire moins ; nous craignions même qu'elle ne nous mette son temps préféré : la neige !!!) une foule immense et joyeuse s'installait partout ! Il y a eu au moins 12 000 personnes, quand on en attendait entre 5 000 et 10 000. La basilique était comble, la crypte aussi, les sièges dehors étaient bien sûr tous occupés et on pouvait à peine circuler entre les groupes de personnes à genoux en prière, assises par terre ou debout et devisant gaiement en attendant le départ des festivités… Le monde entier était là : beaucoup d'Américains, d'Irlandais, d'Italiens, mais aussi des Libanais, Polonais, etc. Pour l'occasion la basilique arborait ses plus beaux atours, e Il y avait aussi le petit miraculé, Pietro * auteur du livre "Louis et Zélie Martin, les saints de l'ordinaire", éd. de l'Emmanuel, 186 pages, 16 e. on avait sorti le grand tapis rouge à l'entrée et un immense portrait de Louis et Zélie accueillait les pèlerins au-dessus de la porte. A 8 h 30 la chorale, a commencé à faire chanter dans la basilique comble, entonnant de tout cœur : « le bon Dieu m'a donné un père et une mère plus dignes du Ciel que de la terre ». Devant l'autel se trouvait le reliquaire de Louis et Zélie, encore recouvert d'une riche étoffe, et on les imaginait facilement accueillant dans un grand sourire ému ces milliers de personnes... Et puis la cérémonie a commencé, avec des centaines de prêtres arborant l'étole représentant le dessin de Thérèse de deux roses d'où jaillissent neuf lys (leurs neuf enfants), bon nombre d'évêques et cinq cardinaux. Il y avait aussi le petit miraculé Pietro, un petit garçon qui a été guéri bébé par l'intercession de Louis et Zélie et qui a maintenant six ans. C'était à la fois solennel, magnifique et festif, et quand le décret de béatification a été lu ce fut une explosion de joie : la chorale chantait un alléluia délirant en frappant dans les mains, la foule applaudissait à tout rompre et agitait des foulards de toutes les couleurs, un feu d'artifice était déclenché à l'extérieur, une photo géante de Louis et Zélie était déroulée dans le chœur, le beffroi carillonnait de toutes ses cloches... Quand Pietro a découvert de ses petites mains le magnifique reliquaire, l'émotion était à son comble, un vrai moment de Ciel ! Et puis la messe a continué dans une grande joie qui n'empêchait pas un profond recueillement. Toute l'après-midi qui suivit ne fut qu'une grande fête : temps magnifique, enfants courant partout (il y avait plein de belles familles !), bénévoles faisant de même, grand spectacle sur Louis et Zélie dont la magnifique musique transportait tout le parvis, groupe costumé dansant, etc. Et puis juste devant la basilique, un peu en hauteur, le si beau reliquaire entouré de... quatre gardes du corps ! Car il n’en fallait pas moins pour faire tourner les centaines de personnes qui venaient vénérer Louis et Zélie, tendant à bout de bras fleurs, intentions de prière, photos et médailles que les quatre gorilles souriants prenaient précieusement. Nous n'avons pas vu les heures passer, tous témoignaient d’une profonde joie, et à la fin de la journée, les bénévoles et membres du pèlerinage ressemblaient à des gens ivres : démarche mal assurée, propos à demi-cohérents, et sourire béat sur les lèvres. Nous avons rangé les chaises tant bien que mal avec une énergie proprement inhumaine, sous la musique étourdissante du feu d'artifice en préparation. Et auquel, à 20 h 30, une grande foule vint encore assister. Le bouquet final ! Avec Mozart, Tchaïkovski, Vivaldi et Thérèse à plein tube, le ciel lexovien et la basilique ornée des portraits de Louis et Zélie sont passés par toutes les couleurs, et la soirée s'est finie sur un grand cri "pour Louis et Zélie hip hip hip... HOURRA !" En deux mots : Deo gratias ! ■ Cardinal José Saraiva Martins Arrivée du reliquaire sur le parvis. © PASCAL LAMBOT A Lisieux, la béatification de Louis et Zélie Martin a eu lieu le 19 octobre, sous la présidence du cardinal Saraiva Martins. Bref compte-rendu pour ceux qui n'ont pas pu s'y rendre... © PASCAL LAMBOT par Hélène Mongin* Spectacle de Louis et Zélie Martin, avec une pluie de pétales de roses. 36 FRANCECatholique n°3138 31 octobre 2008 Christine Boutin entre dans la basilique. © PASCAL LAMBOT Dans la basilique, le Cardinal José Saraiva Martins célébrant devant le reliquaire. © PASCAL LAMBOT © PASCAL LAMBOT © PASCAL LAMBOT Pietro Schiliro FRANCECatholique n°3138 31 octobre 2008 37 expositions Le expositions Hôtel des Arts, à Toulon Rosemarie Trockel, Sans titre, 1996 Peinture acrylique, encre de Chine sur papier. visage qui s’efface Jean Hélion, Autoportrait, 1980 Fusain, pastel, encre sur papier gris. Pour aboutir à la sculpture aérienne et colorée que construit Jean Hélion ou ce magma indistinct, quoique vivement tracé, un grand panneau dû à Erik Dietman. Le visage parfois s’efface au profit d’une empreinte digitale, Liz Ridéal qui trace son autoportrait au moyen de son seul pouce, mais gros comme un nid d’abeilles. 0u disparaît sous le recouvrement joyeux d’un buste, recouvert de rouge vif, « Autoportrait », une grande peinture de Ant Trattner. Ou encore ces trois impressions numériques, nommées « Biface » par l’auteur, Michel Salsmann, une sourde démultiplication. Monochrome, ou abondamment coloré, le portrait disparaît. Il n’y a plus que la tache laissée ; comme le haricot blanc d’Henri Michaux, un guerrier de papier froissé - Antony Clavé - ou le magma coloré, presque illisible, de Gérard Gasiorowski : « Les femmes ! ah oui, les femmes ». Ou cet échiquier multicolore qu’imprime Chuck Close, un « self portrait » comme un puzzle aux 203 couleurs. Collection Centre Georges Pompidou © ADAGP, Photo CNAC/MNAM Dist RMN - © photographe Philippe Migeat 38 FRANCECatholique n°3138 31 octobre 2008 Denis Monfleur, L’autoportrait, 2007 Granit et acier sur socle. Collection de l’artiste - © photographe Isabelle Cornaro Des croquis que le temps fait s'envoler L’effacement progressif du visage se répand, à la suite de ceux qui furent des précurseurs, comme Giacometti (trois huiles sur toile) ; les figures empâtées ne sont plus que des taches sombres et croûteuses… De Jean Fautrier, un bronze austère. Et le grand Dubuffet qui nous offre ses « Chairs feuilletées ». Impressionnantes. L’image se perd sur le fond. Voyez les artistes chinois d’aujourd’hui, avec leurs vastes huiles noires, traversées de grands gestes ; ou encore les frottis pensifs - l’encre de Chine affleure à peine le papier - de Zoran Music et le brouillard intenable de Michel Hass… Ou bien le torchis lumineux du breton Tal Coat. Mais aussi un masque pour évoquer la vie (Gérald Thupinier) ; ou ce « Pieds » (pour remplacer la tête ?) coupé en trois morceaux, une photographie impressionnante de John Coplans… Et puis la mort en face ! « Au fond des yeux » évoque une représentation du Christ ; trois morts, une huile repoussante sur toile de Lydie Arickx ; des photographies de fantômes ; enfin, les irréalistes jumeaux chinois, une œuvre terrifiante de Zhang Xia Go Gang. Mais aussi l’espérance, voiles de lumière abstraite à la Rothko de Arnulf Rainer ; l’autoportrait de grande taille, arraché au granit par Denis Montfleur et ce voile de madone, appliqué sur un visage, comme celui de Marie Madeleine qui parle de paix et d’éternité. Au terme d’un long panorama, l’image radieuse de Music nous parle d’un nid ; nid d’oiseaux, nid de clarté qui vogue sur un léger nuage bleu, vie de lumière… ■ Collection particulière © photographe Francis Hammond C e ne sont pas des portraits, ce sont des têtes. Et pas des figures avenantes ou de caractère. Ni bourgeois ni gens du peuple… Mais des physionomies variées, de toute sorte, même. Des hommes plutôt, dans la force de l’âge ou la maturité, des jeunes gens parfois, des vieux... Et quelques femmes. Une humanité très quelconque, sombre même, tracée à la plume… ou au crayon, à la gouache, à l’huile enfin ! Mais toujours à la hâte. Des croquis que le temps fait s’envoler. « Le visage qui s’efface », un beau titre ! Qui implique l’action et notamment, celle du visiteur. De «…Giacometti à Bazelitz » (sous-titre), le visiteur aborde la transformation radicale, durant la seconde moitié du XXe siècle, de l’art de la figuration et de la personne humaine. Adieu la quête d’une ressemblance, finie la recherche d’une expression ou l’aspiration à la représentation fidèle, dans le souci de l’apparence. Préoccupation que l’on constate déjà avec la naissance de l’abstraction, puis dans le pari du symbolisme, la fougue enfin des surréalistes. Les traits signant une figure - tête ou corps – s’allègent. Les tracés tendent à se décomposer, à se dépersonnaliser, signant la perte de l’identité humaine. Voyez ces personnages vus de dos, cet embrouillamini de couleurs et de traits - yeux, nez, bouche – comme des taches… Une figuration abstraite ! si l’on peut dire, de Gabi Klasmer, avec flou oblique de la « Composition » d’Henri Michaux ou le visage multicolore vu en arrière peint par Eduardo Arroyo. Georg Baselitz, Ralph III, 1965 Huile sur toile. Collection Centre Georges Pompidou - © Georg Baselitz, Photo CNAC / MNAM Dist RMN © Droits réservés À Toulon, un hôtel pour les arts… et des « visages qui s’effacent… », de Giacometti à Basekutz, une belle exposition proposée jusqu’au 23 novembre. Collection Centre Georges Pompidou - © ADAGP, Photo CNAC/MNAM Dist RMN - © photographe Adam Rzepka par Ariane Grenon Isabelle Cornaro, Sans souci, 2005 Cheveux et papiers assemblés. « Le visage qui s’efface / De Giacometti à Basekutz », à l'Hôtel des Arts, 236 bd Général Leclerc, 83000 Toulon. Tél. : 04.94.91.69.18, jusqu’au 23 novembre, tous les jours sauf lundi et jours fériés (11h18h), entrée libre / [email protected] FRANCECatholique n°3138 31 octobre 2008 39 MUSIQUE sélection de disques Le genre oratorio par François-Xavier LACROUX Cette forme lyrique proche de l’opéra, destinée à être exécutée dans une église et dont le sujet était initialement biblique, suivit un développement rapide dans l’histoire de la musique. Jusqu’à traiter des sujets mythologiques… Judas Maccabaeus – G.F. Haendel (1685 – 1759) – Barucco Wiener Singakademie – Heinz Ferlesch, direction – ORF – SACD478 – 2 CD Sortie 2ème trimestre 2008 - S i Le Messie reste l’oratorio le plus connu d’Haendel, interprété de façon continue depuis sa création au Royaume-Uni, le compositeur proposa nombre d’œuvres sur des thèmes bibliques, dont ce Judas Maccabée. Composé à la fin de sa carrière (1747), donc après Le Messie, cette œuvre en anglais déploie tous les artifices instrumentaux et vocaux alors à la disposition d’Haendel : grand orchestre quasi symphonique, chœur important, 6 solistes. Pour célébrer Judas Maccabée, héros de l’histoire juive, chef de guerre valeureux contre les forces syriennes, Haendel choisit de raconter cette épopée en trois actes, et la conclut par l’accord de paix signé avec les Romains. Les interprètes du jour, dont l’en registrement a été fait en public, se sortent plus qu'honorablement de l’exercice. Les équilibres sonores sont bien rendus entre chœur, orchestre et solistes. On pourra reprocher une certain manque de dynamisme et trouver que les solistes surjouent légèrement… d’où un décalage avec l’orchestre qui apparaît parfois. Aléas du concert… Les chœurs sont propres. Les cuivres de l’orchestre, quant à eux, n’ont pas 40 FRANCECatholique n°3138 suffisamment de brillant. Cependant, une véritable cohérence d’ensemble en fait un enregistrement à l’intérêt certain. Orfeo ed Euridice – C.W. Gluck (1714 – 1787) – Rundfunckchor & Gewandhausorchester Leipzig – Vaclac Neumann, direction – Berlin Classics – LC 6203 – Réédition - D e façon stricte, Orphée et Eurydice ne constitue pas un oratorio mais plutôt un « théâtre en musique » comme le définira Gluck lui-même. Il garde cependant une forme simple qui peut être rapprochée de l’oratorio. Il est aussi un passage vers l’opéra classique, comme un drame qui se déroule tout le long de l’œuvre, et non plus, tel un opéra séria qui enchaîne des scènes interchangeables, souvent fantaisistes. En cela, il est un oratorio qui ne dit pas son nom… Tout élément musical n’a donc qu’un seul but : exprimer le drame qui se joue devant nos yeux, sans arrêt ni interruption, dans un désir de « retour à la nature », à la Rousseau. Par ailleurs, le chœur joue ici un rôle moteur, celui de l’action. Il n’est donc plus seulement un élément décoratif, mais est tout aussi important que dans l’oratorio, tel qu’on le trouve chez Haendel par exemple. Orphée et Eurydice, c’est l’histoire d’une passion amoureuse, celle d’un homme pleurant la mort de son épouse, qui, pour la retrouver, descent aux Enfers et l’en ramène… morte… Mais le dieu « Amor », allégorie de l’amour d’Orphée, lui rend sa belle. Si le sujet n’est pas original, la façon dont Gluck le traite est saisissante. Et nous rapproche de Mozart et de Verdi. Avec tout le pathos qui peut s’en échapper. La réédition de cet enregistrement de 1967 est intéressante à plus d’un titre. On redécouvrait à cette époque Gluck comme un pivot essentiel dans l’histoire de la musique. Par ailleurs, cette version avait enthousiasmé la critique à sa sortie. 31 octobre 2008 Qu’en reste-t-il aujourd’hui ? Une certaine fraîcheur, comme un enfant émerveillé devant un monument qui s’impose à lui et dont il découvre les contours pour la première fois. On sent les musiciens dans une sorte de stupéfaction. Les traits ne sont pas trop lourds, les tempi retenus… les phrasés datent bien un peu et les chanteurs sont encore bien proches de l’ambiance Wagnérienne, malgré d’évidents efforts, mais de l’ensemble se dégage beaucoup de force et convainc vraiment. A redécouvrir… Hélène & Nuit Persane – Camille Saint-Saens (1835 –1921) – BelleEpoque Chorus – Orchestre Victoria – Guillaume Tourniaire, direction – Melba – MR 301114-2 – 2 CD Nouveauté - L a vision qu’a Saint-Saëns du mythe d’Hélène, toute différente de celle d’Offenbach, offre une composition lyrique proche de l’oratorio, parfois considéré comme opéra. Il veut mettre en avant le drame, en forme de tableaux dans la tradition du théâtre antique. Bien qu’ayant eu un succès fulgurant à sa création, en 1904 à Monte-Carlo, cette œuvre assez courte, ramassée, tomba dans l’oubli pendant plus de 90 ans. Malgré les quelques innovations musicales introduites notamment dans le traitement des chœurs, c’est sans doute surtout le désintérêt pour les œuvres inspirées de la civilisation grecque et romaine qui la précipita dans l’ombre. Il faut donc reconnaître le mérite de ces interprètes australiens de se pencher sur le patrimoine musical français. Alors, certes, la diction n’est pas parfaite, le chœur et l’orchestre ne sont pas de tout premier plan, mais l’enthousiasme qui se dégage des chanteurs et du chef est communicatif. Et suscite à son tour l’engouement. Saint-Saëns est, lui aussi, encore à redécouvrir ! n Noël Gloesner Monique Amiel Saint Benoît L'âme de l'Europe 8/44 © Editions du Triomphe, 7 rue Bayen, 75017 Paris, tél. 01.40.54.06.91, [email protected], www.editionsdutriomphe.fr FRANCE CATHOLIQUE à suivre... théâtre « Merlin l’enchanteur » Vacances enfantines par Pierre François Magie et prestidigitation insérées dans la mise en scène Un texte merveilleux « La Contrebasse » jouée au théâtre Poche Montparnasse reste un texte magnifique interprété par un comédien crédible. Il est dommage que quelques problèmes de rythme gâchent en partie le plaisir qu’on a à l’entendre. En effet, cette pièce fait partie des rares œuvres qui enseignent leur public tout en l’intéressant. Le personnage du contrebassiste est bien campé dans sa déchéance. On sent plein de pertinence dans les propos sur les rapports entre musique et vie quotidienne, amoureuse ou même nazisme. On a par contre plus de mal à croire à l’amour jaloux du personnage pour Sara. Reste une pièce qui demeure un monument de la littérature. ■ (1) « La Contrebasse », de Patrick Süskind. Avec Stéphane Bierry, au Théâtre de PocheMontparnasse, 75 bd du Montparnasse, 75006 Paris. Du mardi au samedi (21h), matinées le samedi (18h) et le dimanche (15h). Places à 32, 26, 20 e, T.R. 10 e ; Tél. 01.45.48.92.97. 42 FRANCECatholique n°3138 31 octobre 2008 La distribution des rôles entre gentils (Arthur, Merlin, puis Gueniaise) et méchants (Morgane, Guenièvre) est si limpide que quand on demande aux enfants d’encourager Morgane, ils la huent. Pourtant, là aussi on sent qu’on s’éloigne de la caricature pure et simple : Merlin est un tantinet vaniteux, GuenièvreGueniaise, qui est au service de Morgane, tombe amoureuse d’Arthur. Bref, on a là une bonne pièce en ce sens qu’elle forme réellement le goût du jeune public, le préparant à voir ensuite des pièces plus structurées encore. Au même endroit et par la même troupe, « les filles de Babayaga » (2) est une comédie musicale au déroulement plus confus. Ce que ce jeune spectateur dit à sa façon : « Au début on croit que c’est l’histoire de Cendrillon et puis on s’aperçoit trop tard que c’en est une autre ». La mise en scène a pourtant un côté efficace et simple, les costumes sont beaux, celui de la sorcière et du miroir en particulier. Les chants sont bien. Pour détromper l’ennui qui finit pourtant par s’installer, dû sans doute à un texte comportant un trop grand nombre de lieux communs, on peut transformer l’assistance à cette pièce en jeu pour détecter les ressemblances et différences entre ce conte russe et celui de Perrault (3). n (1) « Merlin l’enchanteur », au petit théâtre des Variétés, 7 bd Montmartre, 75002 Paris, jusqu’au 4 janvier, le mercredi (16h) et le samedi (15h), tous les jours pendant les vacances scolaires. Tél. 01.42.33.09.92. (2) « Les filles de Babayaga, chef-d’œuvre des contes russes », conte musical de Catherine Thevenau, mise en scène de Patrick Alluin. Le mercredi (14h30) (tous les jours durant les vacances) et le dimanche (15h). (3) Charles Perrault (1628-1703) a effectivement repris un conte existant dans toutes les civilisations en lui ajoutant, comme il le faisait à chaque fois, une moralité. © eric ramahatra tophos «L e théâtre des Variétés est un de ces lieux multiséculaires à rideau rouge, pampilles en cristal… et escalier en colimaçon. Les petites jambes des enfants doivent en effet mériter le plaisir de voir l’histoire de « Merlin l’enchanteur »(1) dans la petite salle de ce grand théâtre. Le magicien arrive par le fond de la soupente à charpente en bois dans laquelle une centaine de spectateurs est installée et commence ses mixtures sans s’inquiéter du public. Ce n’est qu’accidentellement qu’il s’aperçoit de sa présence et lui annonce qu’il va lui raconter la vraie histoire d’Arthur et Excalibur. Le récit est divisé en de multiples tableaux brefs, de sorte que l’attention des jeunes spectateurs est sans cesse relancée. Magie et prestidigitation sont de la partie, non pas plaqués sur l’histoire mais vraiment insérées dans la mise en scène. À l’occasion, un dialogue est noué avec les enfants et des encouragements sollicités : on n’est pas loin de Guignol, même s’il est clair qu’on s’adresse à un âge plus avancé (après 4 ans). En témoigne le choix du vocabulaire, riche, juste et simple à la fois. Ce n’est pas là que nos têtes blondes s’abêtiront, bien au contraire. D.R. Conte et théâtre peuvent faire bon ménage. C’est le cas ici, même si la comédie musicale souffre d’approximations qui ne touchent pas la légende d’Arthur. TéLéVISION La mort du président La marche de Radetzky par Marie-Christine RENAUD d’André DR Georges Conchon, Erik Orsenna et Louis Gardel se sont réunis pour adapter ce chef-d'œuvre de Joseph Roth, retraçant l'effondrement de l'empire austro-hongrois et la montée des nationalismes. C'est la fin d'un monde et le début d'un nouveau qui sont fidèlement reconstitués dans des décors magnifiques. Axel Corti (mort peu de temps après la fin du tournage) en a assuré la mise en scène, et la distribution internationale est bril En octobre 2007, le président George W. Bush fait un discours dans un hôtel à Chicago. Une foule hostile l'a suivi tout le long de son parcours, et les esprit sont échauffés. À sa sortie de l'hôtel, il est abattu par un tireur embusqué. Plusieurs personnes racontent ce qui s'est passé. Cette histoire originale, montée comme un documentaire mêlant images d'archives et reconstitutions, est une œuvre de politique-fiction. La question n'est pas tant de savoir qui a tué le président, mais plutôt ce qui se passe après son assassinat. Passionnant. Le film semble assez objectif envers George W. Bush, ne le caricaturant jamais, soulignant, au passage, son talent rare pour exploiter le mépris de certaines personnes à son égard. Mais la réaction des autorités américaines fait froid dans le dos. Cette superbe adaptation du roman de Joseph Roth décrit bien la fin d’un monde. I l y a quatre-vingt-dix ans, la Pre- mière Guerre mondiale prenait fin, au soulagement de tous. Mais l’armistice marquait également la chute de l’Empire austro-hongrois. C’est en 1932 que Joseph Roth retrace ces événements dans un très grand livre qui suit la famille von Trotta sur trois générations. Il était simple lieutenant d'infanterie, lors de la bataille de Solferino, mais les circonstances ont permis à Joseph Trot ta de sauver la vie de l'empereur Fran çois-Joseph. Reconnaissant, celui-ci l'anoblit et le nomme capitaine. Des années plus tard, déçu par l'empereur, Joseph quitte l'armée et se retire sur ses terres de Bohême. Les producteurs de cette belle œuvre, n'ont pas lésiné sur les moyens. Thriller britannique (2006) de Gabriel Range, avec Hend Ayoub (Zahra Abi Zikri), Becky Ann Baker (Eleanor Drake), Brian Boland (Larry Stafford), Robert Mangiardi (Greg Turner), Jay Patterson (Sam McCarthy), Jay Whittaker (Frank Molini) (1h32). Diffusion le samedi 1er novembre, sur Arte, à 22h45. Disparitions, le retour aux sources (1 et 2/12) Série française (2008) de Bruno Gantillon, avec Jérôme Bertin (Antoine Deslambres), Georges Corraface (Raphaël Sormand), Agathe de la Boulaye (Claire Etxebarra), Cédric Chevalme (Luc Seignolles) (1h44). Diffusion le samedi 1er novembre, sur France 3, à 20h50. lante, ce qui ajoute au plaisir que l'on prend à suivre cette belle fresque. Mais il y a beaucoup de longueurs (surtout dans la première partie). Comme le dit joliment un personnage, en parlant de la ville de Vienne, celle-ci « sent déjà la sueur des démocrates ». Il est dommage que les images ne soient pas toujours très discrètes, car l'ensemble est d'une belle qualité. ■ La marche de Radetzky. Téléfilm franco-germano-autrichien (1994) d’Axel Corti, d'après le roman de Joseph Roth, avec Max von Sydow (Franz von Trotta), Tilman Günther (Carl-Joseph von Trotta), Claude Rich (le docteur Demant), Charlotte Rampling (Madame von Taussig), Elena Sofia Ricci (3h37). Diffusion dimanche 2 novembre, sur Arte, à 20h40. Seule F2 Une jeune fille est retrouvée assassinée dans une grotte, selon un rituel étrange. Elle est attachante, cette sombre histoire, dont on devine qu'elle va verser dans l'ésotérisme. Des personnages bien dessinés, une excellente interprétation et une mise en scène de qualité, tels sont les atouts d'une série intéressante. En prime, la ville de Toulouse est magnifiquement filmée. Quelques longueurs. Les héros semblent liés par un lourd secret, et l'on devine que certains se livrent à des pratiques sectaires. ( Une brillante distribution au service d’une histoire forte Éric et Brigitte travaillent dans la même entreprise. Un jour, Brigitte apprend que son mari vient de se jeter par la fenêtre de son bureau. Pourquoi a-t-il fait cela ? Nul ne le sait, mais la jeune femme constate bientôt que le vide se fait autour d'elle. Dans cette histoire bouleversante, les problèmes du stress au travail et de la terrible pression exercée sur les cadres restent en toile de fond et ne constituent pas l'essentiel du sujet. Celui-ci est surtout centré sur l'héroïne et son chagrin qui éloigne, peu à peu, les meilleures volontés. Barbara Schulz incarne cette héroïne dévastée avec beaucoup de sensibilité et de sobriété. Elle est l'atout majeur d'une histoire poignante qui évite la charge politique. Mais la fin est décevante. C'est terrible de voir à quel point les gens peuvent se montrer lâches devant la douleur d'autrui. Comme si celle-ci était gênante, voire obscène. La sollicitude du début fait, peu à peu, place à l'indifférence puis au rejet. Téléfilm français (2008) de Fabrice Cazeneuve, avec Barbara Schulz (Brigitte Nardier), Jean-Pierre Lorit (Éric Nardier), Emma Lycia Gomez (Léa Nardier), Christèle Tual (Marie-Hélène), Marie Payen (Caroline), Michèle Goddet, Laurent Delbecque (1h30). Diffusion le mercredi 5 novembre, sur France 2, à 20h55. FRANCECatholique n°3138 31 octobre 2008 43 télévision Dimanche 2 novembre Lundi 3 novembre Mardi 4 novembre TF1 TF1 TF1 TF1 20.50 Le grand quiz du cerveau. 20.50 Les experts : «Meurtres à 20.50 Joséphine, ange gardien «Noble cause» GA. Téléfilm avec 20.35 Football «CFR Cluj (Rou manie)/Girondins de Bordeaux». 22.50 Blade II A/Ø. Fantastique (2002) de Guillermo del Toro, avec Wesley Snipes, Kris Kristofferson (1h53) 3. Pas terrible, morbide et très violent. 00.55 Édition spéciale «Élections américaines». Magazine présenté par Bénédicte Le Châtelier et Damien Givelet. France 2 44 FRANCECatholique n°3138 31 octobre 2008 DR F3 - C. Schousboe Divertissement présenté par Carole tous les étages», «L’envers du Mimie Mathy, Hubert BenhamdiRousseau et B. Castaldi, avec Anne décor», «Les poupées russes». Série ne, Christophe Laubion, Jean-MaRoumanoff, Christine Bravo, Valéavec Marg Helgenberger, William rie Winling, Coraly Zahonero, rie Bègue, Laurent Ruquier, Laurent Petersen 3. Marie Mouté, Françoise Bertin, Ournac, Max Boublil. 23.15 Profession profiler A/Ø. Jean-Paul Bonnaire. Char23.15 New York, unité spéciale. Thriller (2004) de Renny Harlin, mant, mais assez prévisible. Série avec Christopher Meloni 3. avec Val Kilmer, Christian Slater 22.35 Esprits criminels. Série (1h42) 3. Pas mal, mais France 2 avec Joe Mantegna 3. confus, violent et sensuel. 20.50 Fanny. Théâtre de Marcel France 2 France 2 Pagnol, avec Catherine Ferran, 20.50 Cold case : «Voleurs d’enAndrzej Seweryn, Sylvia Berfance», «Le bal des débutants», gé, Jean-Baptiste Malartre. Émissions religieuses : «Brebis égarées». Série avec En direct du Théâtre du 08h30 Émissions religieuses : «Sagesses boud Kathryn Morris, Danny Pino 2. Vieux-Colombier. dhistes», «Islam», «Judaïca», «Source de vie» 23.10 Complément d’en 23.35 On n’est pas couché. 10h00 Agapè «Accueillir l’étranger : Pourquoi ? Magazine de Laurent Ruquier. Comment ?» - 11h00 Messe en la basilique Notre- quête «Crise : Et maintenant, Dame de Montligeon, à La Chapelle-Montligeon la facture !». Magazine présenFrance 3 té par Benoît Duquesne. (61). Prédicateur : Mgr J.-C. Boulanger. France 3 20.55 Le monde ne suffit pas 20.55 Vie privée, vie publique GA. Aventures (1999) de Michael «Bas les masques !» avec Françoise Apted, avec Pierce Brosnan, Hardy, Christian Clavier, Pierre Sophie Marceau, Robert Carlyle, Palmade, Sylvain Augier, Mylène Denise Richards, John Cleese Demongeot, Boris Cyrulnik». (2h08). Un James Bond Magazine présenté par Mireille assez décevant. Dumas. 20.50 Disparitions, le retour aux 23.05 Les indépendants mon23.25 Ce soir (ou jamais !). Magasources (1 et 2/12) GA. Téléfilm tent le son. Magazine présenté zine présenté par Frédéric Taddéï. avec Jérôme Bertin, Agathe de la par Guillaume Durand, avec Sté00.40 NYPD blues. Série avec Boulaye (1h44). (voir notre ana phane Blakowski, Laurent Baffie, Dennis Franz. lyse page 43) Jérôme Bonaldi, Philippe 23.20 Affaires classées «L’af Arte Manœuvre, etc. faire du fantôme de Kehl, à StrasFrance 3 bourg». Documentaire 2. 00.15 Louise. Opéra de G. Char 20.55 Inspecteur Barnaby «La pentier, avec l’Orchestre de l’Opéra réunion des anciennes». Téléfilm National de Paris, sous la direction avec John Nettles, Jane Wy- de Sylvain Cambreling, et avec mark 2. Mireille Delunsch, José Van Dam. 23.15 Haute tension «Sans lui, sans elle…». Documentaire. Arte 00.15 Gabriel over the White 21.00 La fureur de vivre GA. 21.00 L’aventure humaine House. Drame en NB (1933) de Drame (1955) de Nicholas Ray, «Torpillé à l’aube : Le naufrage du Gregory La Cava, avec Walter avec James Dean, Natalie Wood, Szent Istvàn» J. Très intéresHuston, Karen Morley (1h25). Sal Mineo (1h46). Ce film sant. Arte mythique fit de James Dean une 21.50 L’aventure humaine «À la star. C’est le constat lucide du poursuite des corsaires du Kaiser La fin de l’Empire austro-hongrois désarroi d’une jeunesse débous(2) : Traque au Cap Horn». 20.40 La marche de Radetzky A. solée. 22.45 La mort du président J. Téléfilm, d’après le roman de Jose22.45 Musica «Solal : Jazz never Téléfilm avec Hend Ayoub, Becky ph Roth, avec Max von Sydow, Tilends». Documentaire. Ann Baker, Brian Boland (1h32). man Günther, Claude Rich (3h37). (voir notre analyse page 43) (voir notre analyse page 43) M6 M6 M6 20.50 X-Men II GA. Science-ficLa trilogie du samedi tion (2003) de Bryan Singer, avec 20.50 Capital «Équiper sa maison : 20.50 Journeyman : «Le soldat Patrick Stewart (2h09) 2. Bons plans et petits prix». Maga inconnu», «L’homme du futur». Aussi étonnant qu'amusant. Mais zine présenté par Guy Lagache. Série avec Kevin McKidd. cette débauche d'effets spéciaux 22.50 Enquête exclusive 22.20 Supernatural. Série avec finit par lasser. «Contrebande de cigarettes : Les Jensen Ackles 3. 23.10 The one GA. Science-fiction étonnantes filières du trafic». 23.55 Hex «La malédiction» 2. (2001) de James Wong, avec Jet Li, Magazine présenté par Bernard Canal + Delroy Lindo (1h19) 2. de La Villardière. La semaine américaine Très décevant et ennuyeux. Canal + 20.50 Swing vote. Comédie Canal + 20.50 Football «Lyon/Le Mans». (2008) de Joshua Michael Stern, La semaine américaine avec Kevin Costner, Dennis HopKTO 20.50 Allez à L. A. Documentaire per, Kelsey Grammer (1h55). 20.40 La foi prise au mot «Purga présenté par Antoine de Caunes. KTO toire». KTO 20.40 VIP «Mikhaïl Rudy». Rencon21.40 Vu de Rome. 20.40 Le cerveau mystique. Une tre avec un célèbre pianiste. 22.00 Vous ne direz plus Mora approche scientifique de l’état de 21.40 Concert «Sir Edward Elgar : Le Mora. méditation. rêve de Géronte». 23.00 L’esprit des lettres. Maga 21.45 L’année saint Paul. 23.30 Mag’assoc «L’Œuvre des zine présenté par Pierre-Luc 22.20 L’esprit des lettres. campagnes». Séguillon. F2 - G. Scarella Samedi 1er novembre 20.45 Nicolas Le Floch «L’énigme des Blancs-Manteaux» GA. Téléfilm avec Jérôme Robart, François Caron, Mathias Mlekuz, Vimala Pons, Vincent Winterhalter, JeanMarie Winling (1h40). Ce second épisode est bien supérieur au premier. Des images pénibles. 22.50 Non élucidé «L’affaire Jonathan». Magazine présenté par Arnaud Poivre d’arvor et JeanMarc Bloch. France 3 20.50 On ne vit que deux fois GA. Aventures (1967) de Lewis Gilbert, avec Sean Connery, Akiko Wakabayashi, Tetsuro Tamba, Mie Harra (2h10). Un excellent James Bond. 22.55 Ce soir (ou jamais !) (et à 23h25). Magazine. 00.40 NYPD blues. Série. Arte Le duel 2008 21.00 Le duel 2008. Documentaire. 23.00 Presque tout ce que vous avez voulu savoir sur la culture en Amérique. Documentaire. M6 20.50 Desperate housewives : «Seul dans le noir», «Commérages» GA. Série avec Teri Hatcher, Eva Longoria. Très réussi. 22.30 Nip/Tuck. Série avec Julian McMahon, Dylan Walsh 3. Canal + La semaine américaine 20.50 Man of the year J. Comédie (2006) de Barry Levinson, avec Robin Williams, Christopher Walken (1h51). Une satire amusante, mais énorme, des mœurs américaines. Des trivialités. KTO 20.40 Les mardis des Bernar dins «La finalité de la justice : Sécurité ou rédemption ?», avec le cardinal A. Vingt-Trois et Me Charrière-Bournazel. 21.45 Églises du monde «ÉtatsUnis». 22.20 VIP «Mikhaïl Rudy». télévision Mercredi 5 novembre Jeudi 6 novembre Vendredi 7 novembre TF1 TF1 TF1 20.50 Grey’s anatomy : «Lâchez 20.50 Paris enquêtes crimi 20.50 Star Academy. Divertisse- KTO 20.40 Fagin et Olivier, enfants des rues à Jakarta. Un documentaire sur ces enfants qui ont commencé à travailler dès l’âge de six ans. 21.45 La famille en questions. 22.20 La foi prise au mot «Purga toire». 21.00 Marius et Fanny. Opéra de Vladimir Cosma, avec l’Orchestre et le Chœur de l’Opéra de Marseille, sous la direction de Jacques Lacombe, et avec Roberto Alagna, Angela Gheorghiu, Jean-Philippe Lafont, Éric Huchert (2h37). 23.40 Au cœur de la nuit «H. P. Baxxter (Scooter) et Heinz Strunk». M6 20.50 Incroyable talent. Divertissement présenté par Alessandra Sublet, avec Sophie Edelstein, Gilbert Rozon et Patrick Dupond. 22.45 Shark. Série avec James Woods 2. Canal + 20.50 Dirty sexy money (5 et 6/10) : «La fête», «Le jeu» GA. Série avec Donald Sutherland, Peter Krause. Très bien fait. KTO 20.40 L’assemblée plénière des évêques de France à Lourdes. 21.00 Hors les murs «Les évêques et la bioéthique», avec Mgr P. d’Ornellas, Mgr P. Barbarin et E. Montfort. 22.20 Questions ouvertes. 22.45 Concert «Sir Edward Elgar : Le rêve de Géronte». Samedi 1er novembre 12h Face aux chrétiens : André Santini. ment présenté par Nikos Aliagas. 23.20 C’est quoi, l’amour ? Magazine présenté par Carole Rousseau. France 2 20.50 Boulevard du Palais «Trahisons» GA. Téléfilm avec Anne Richard, Jean-François Balmer, Philippe Ambrosini, Michel Robin, Anne Le Ny (1h29) 2. Un épisode très réussi, avec de l'humour et un excellent suspense. Mais certaines méthodes poli cières sont contestables. 22.35 Musique au cœur, 5 étoiles «Natalie Dessay, ParisNew York». Magazine présenté par Ève Ruggiéri. France 3 20.55 Thalassa «Sur le sentier du littoral : De Montpellier à PortVendres». Magazine présenté par Georges Pernoud, en direct de Collioure. 23.20 Comme un vendredi. Magazine présenté par Samuel Étienne. Arte 21.00 Inéluctable GA. Téléfilm avec Jean-Michel Portal, Vanessa Larré, Ary Abittan, Antoine Chappey, Constance Dollé, Delphine Rich, Thibault de Montalembert (1h13). Ce scénario castastrophe sur les risques nucléaires constitue un excellent suspense. Mais ce n’est pas toujours vraisemblable. 22.15 À la recherche des secrets du big bang. Documentaire. 23.05 Tracks. Magazine. M6 20.50 NCIS : «Un homme de foi», «La loi du talion», «La grenouille». Série avec Mark Harmon 2. 23.15 Sex and the City. Série avec Sarah Jessica Parker 2. Canal + RCF Samedi 1er novembre 22h Perspectives "Pourquoi la mort ?" avec Jean-Noël Dumont (philosophe). 23h Halte Spirituelle, l'intégrale "Spécial Toussaint", avec le Père Jean-Luc Ragonneau (jésuite). Dimanche 2 novembre 16h La voix du petit chanteur "Re- quiem de Maurice Duruflé par le Chœur de St John College, Cambridge" 22h Témoin "Rodolphe Berthon, 28 ans, en recherche de vocation" Mardi 4 novembre 21h L'Art et la Foi "Hommage au peintre Georges Rouault" Jeudi 6 novembre 9h En direct, à l'occasion du forum islamo-catholique à rome du 4 au 6 novembre regroupant 24 représentants et personnalités religieuses catholiques et musulmanes. 21h Émission à l'occasion de l'assemblée des évêques à lourdes, du 2 au 9 novembre et à quelques mois de la révision des lois sur la bio éthique "Les enjeux de la bioé thique aujourd'hui", avec Mgr Pierre d’Ornellas (archevêque de Rennes et responsable du groupe de travail des évêques sur la bioéthique), du cardinal Philippe Barbarin (archevêque de Lyon), d’Elizabeth Montfort (ancien député au Parlement européen, conseil lère régionale d’Auvergne). France Culture Samedi 1er novembre 10h "Messe de la Toussaint", depuis l’église St-Jean-Baptiste de La Salle, 9 rue du Dr Roux, 75015 Paris, commentée par Frère Éric Macé, prédicateur : Père Guillaume de Menthière. Dimanche 2 novembre 10h "Messe des Défunts", depuis l'église Saint-Eustache, rue du Jour, 75001 Paris, commentée par Frère Éric Macé. Prédicateur : Père Forestier. Marie Bizien La semaine américaine DR 20.50 À l’école de la cuisine française J. Documentaire de Sébastien Daguerressar et Véronique Préault. Une rencontre intéressante avec des apprentis cuisiniers étrangers. 22.55 Ce soir (ou jamais !) (et à 23h25). Magazine présenté par Frédéric Taddéï. 00.50 NYPD blues. Série avec Dennis Franz. Arte 21.00 Les mercredis de l’histoire «Verdun, aux portes de l’enfer». Documentaire. 22.30 Un nouveau président «Et maintenant ?». Magazine présenté par Daniel Leconte, en direct de Washington. 23.40 The great water. Comédie dramatique en VO (2004) de Ivo Trajkov, avec Saso Kekenovski, Maja Stankovska (1h30). 01.10 Court-circuit. M6 20.50 66 minutes. Magazine présenté par Aïda Touihri. 22.15 66 minutes «L’enquête». Magazine présenté par Aïda Touihri. 22.45 Mon beau-père, ma demisœur et moi. Divertissement. Canal + 20.45 La grande soirée de Champions League «Lyon/ Steaua Bucarest». nelles : «Comme un frère», «Trafic», «Scalpel». Série avec Vincent Perez, Audrey Looten, Laure Killing. 23.35 La méthode Cauet. Divertissement présenté par Cauet. France 2 20.55 Envoyé spécial : «Ma très chère bagnole», «Carnet de route en Albanie». Magazine présenté par Guilaine Chenu et Françoise Joly. 23.05 Infrarouge : «Nos années : Années 60, les mythologiques», «La traversée du désert». Documentaires. 01.40 La Bible «David (1/2)» GA. Téléfilm avec Nathaniel Parker, Sheryl Lee, Jonathan Pryce, Leonard Nimoy (1h25). Émouvant, mais lourd. France 3 20.50 Broken arrow «La flèche brisée» A. Aventures (1996) de John Woo, avec John Travolta, Christian Slater, Delroy Lindo, Samantha Mathis (1h44) 3. Brillant, mais très violent. 22.45 Ce soir (ou jamais !) (et à 23h25). Magazine présenté par Frédéric Taddéï. 00.40 NYPD blues. Série. Arte DR DR les fauves», «Un petit cœur qui bat…», «Relations et déclarations». Série avec Ellen Pompeo, Patrick Dempsey 2. 23.15 Les experts, Manhattan. Série avec Gary Sinise, Melina Kanakaredes 3. France 2 20.55 Seule GA. Téléfilm avec Barbara Schutz, Jean-Pierre Lorit, Emma-Lycia Gomez, Olivier Perrier, Christèle Tual, Marie Payen, Michèle Goddet (1h30). (voir notre analyse page 35) 22.35 Les infiltrés «Ma vie au noir». Magazine présenté par David Pujadas. France 3 Radios Radio Notre Dame et RCF 20.50 Les Simpson, le film J. Animation (2006) de David Silberman, avec les voix de Philippe Peythieu, Véronique Augereau (1h24). (voir notre analyse ci-contre) KTO 20.45 Être diacre en Val-de-Marne. 21.45 La vie des diocèses «Saint- Étienne». 22.20 Les mardis des Bernardins «La finalité de la justice : Sécurité ou rédemption ?». sur Canal + Vendredi 7 novembre à 20h50 Les Simpson, le film J Homer Simpson est à l'origine d'une catastrophe écologique dans la petite ville de Springfield. Cette adaptation de la célèbre série télévisuelle fait preuve d'un réjouissant sens de la dérision, et les gags s'enchaînent sans temps morts. Les travers de l’american way of life sont croqués avec mordant, et les gags désopilants abondent. Une bonne part de l’humour du film repose sur l’insolence des personnages et la cocasserie des situations. Rien n’est pris au sérieux, et cette famille est attachante à sa façon. T : Tout public Repères J : Adolescents GA: Grands adolescents A : Adultes Ø : Œuvre (ou scène) nocive : Élément positif : Élément négatif FRANCECatholique n°3138 31 octobre 2008 45 BLOC-NOTES Paris ✔ La revue Résurrection invite chaque année ses amis à une ou plusieurs soirées de réflexion autour d’un thème théologique. Pour l’année Saint Paul, une unique conférence est prévue "Du scandale de la Croix au scandale de l'Église", une méditation paulinienne du cardinal de Lubac, le 3 décembre (19h30 à 21h), à l'Amphithéâtre Liard à la Sorbonne (entrée : 17 rue de la Sorbonne, 75005 Paris). ✔ Les Franciscaines réparatrices de Jésus-Hostie, 127 av. de Villiers, 75017 Paris, vous invitent à leur vente de charité, du 20 au 24 novembre (à partir de 10h). S'inscrire pour les repas (il n'y a pas de repas le 24). ✆ 01.43.80.38.12, fax 01.42.27. 99.47. ✔ La Galerie du Vert-Galant, 52 quai des Orfèvres, 75001 Paris, vous convie à la présentation des œuvres du peintre "Laurioz", qui se tiendra dans ses murs du 18 novembre au 2 décembre (11h-19h). Rens. : atelier ✆ 01. 39.51.82.65, galerie ✆ 01.44. 07.20.74/[email protected] http://lauriozgraf.free.fr ✔ Pour participer aux débats ou- verts par la publication de l'ouvrage de Sylvain Gouguenheim "Aristote au Mont Saint-Michel les racines grecques de l'Europe chrétienne", Monique Cazeaux (présidente des Rencontres médiévales européennes) propose une table ronde, "L'Europe a-t-elle des racines chrétiennes ?", le 14 novembre (18h30), à la Maison de l'Europe de Paris, 35-37 rue des Francs-Bourgeois, 75004 Paris, qui réunira Françoise Gasparri (directeur de recherche honoraire au CNRS), Alain Erlande-Brandenburg (conservateur général honoraire du Patrimoine) sous la présidence de Rémi Brague (professeur aux universités de Paris 1 et à Münich). Rens. ✆ 01.42.72.69.51. Aisne ✔ La Communauté de la Sainte Trinité propose une session de guérison intérieure du 22 (10h) au 23 novembre (17h) "Quels sont les liens mauvais qui bloquent notre vie en Dieu ? (spiritisme, occultisme, magie, divination...). « Ce jour là,je briserai le joug qui pèse sur leur nuque et je romprai leurs chaînes »" (Jér,30,8), animée par frére Ephrem de la Communauté. Inscriptions et informations : frére Ephrem Yon Prieuré Saint Pierre et Saint Paul, 02210 la Croix sur ✂ france Catholique hebdomadaire Abonnez-vous ! Offrez un abonnement ! Avec un premier abonnement, en cadeau, 1 DVD de "Un modèle pour Matisse" Histoire de la Chapelle du Rosaire à Vence 76 pour un an (au lieu de 110 ) Ourcq, ✆ 03.23.55.26.57, courriel : [email protected] Calvados ✔ Les 8 et 9 novembre, une session spirituelle, pour tous, "Malgré ma petitesse je puis aspirer à la sainteté" avec Thérèse notre vocation à la sainteté, sera animée par le Père Patrick Lemoine. Rens./insc. : Centre spirituel Sainte-Thérèse de lisieux, 23 rue du Carmel, 14100 Lisieux, ✆ 02.31.48.55.10, fax 02.31.48.55.27, [email protected] Côte-d'Or ✔ "Saint Paul, pharisien converti, ouvre la voie aux païens", tel est le titre de la conférence du père Christian Forster (théologien), le 13 novembre (20h30) dans l'amphithéâtre du Centre universitaire catholique de Bourgogne (CUCDB), 69, av. Aristide-Briand, 21000 Dijon, dans le cadre du cycle des conférences de l'Association Renaissance, ✆ 03. 80.66.87.44. Entrée libre. Dordogne ✔ Du 29 nov. au 28 décembre, les Jardins du Manoir d’Eyrignac, 24590 Salignac, vont revêtir les couleurs alsaciennes pour que rayonne l’esprit de Noël. L’avent, les 6 et 7 décembre, Saint Nico las, patron des écoliers viendra lire ses contes aux enfants. Il gâtera tous les enfants sages de douceurs sucrés… Les contes seront proposés le samedi et le dimanche à 11h, 15h et 17h autour du Sapin de Noël et des Ours Polaires animés ! Rens. ✆ 05.53.28.99.71. Saône-et-Loire ✔ Une retraite à la Maison du Sacré-Cœur, 3 ter rue de la Paix, 71600 Paray-le-Monial, ✆ 03.85.81.05.43, aura lieu du 3 au 12 novembre "Exercices spirituels dans la vie de l'Esprit", par le père Gueydan (jésuite). Savoie ✔ Le 6 novembre (20h30), salle Jean Renoir, Rue Nicolas Parent, 73000 Chambéry, une conférence est prévue sur le thème "Fin de vie : quels choix éthiques pour la France ? Euthanasie, acharnement thérapeutique, soins palliatifs", par le docteur Xavier Mirabel (cancérologue et président de l’Alliance pour les Droits de la Vie). Rens. : I. Manceron, ✆ 06.34.55.04.46. Vaucluse ✔ Le Centre Spirituel de NotreDame de Vie, 84210 Venasque, ❒ Je souhaite soutenir France Catholique en distribuant l'hebdomadaire (à la sortie de la messe, lors d'une manifestation près de chez moi…). Pour cela, je reçois environ : ❒ 20 numéros ❒ 50 numéros ❒ 100 numéros ❒ ...... numéros ❒ et je joins un chèque (à l'ordre de France Catholique) de ........ e pour participation aux frais d'envois. À retourner, à "France Catholique", 60 rue de Fontenay, 92350 Le Plessis-Robinson ❒ Je souscris un premier abonnement à FRANCE CATHOLIQUE : 1 an = 76 (au lieu de 110) (*)(**) et je reçois, en cadeau un dvd de "Un modèle pour Matisse", l'histoire de la chapelle du Rosaire à Vence, un film de Barbara F. Freed. ❒ J'abonne un ami, un prêtre, une communauté… 1 an = 76 et je reçois le cadeau(**), qui m'est envoyé(****) Adresse où France Catholique doit être envoyé : ❒ Mme ❒ Mlle ❒ M. ❒ Père ❒ Sœur NOM/prénom : ................................................................................................................. 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BLOC-NOTES propose quatre retraites, pour tous, sur le thème "L’itinéraire de Saint Paul et le nôtre" : du 21 au 23 novembre "Vocation", du 13 au 15 février 2009 "Prière", du 8 au 10 mai "Croissance", du 21 au 24 mai "Témoignage". Ces retraites (du vendredi 18h au dimanche 15h) sont animées par des prêtres et des membres laïcs consacrés de l’Institut Notre Dame de Vie. Rens./insc. ✆ 04.90.66.67.93 www.notredamedevie.org Pèlerinage ✔ Du 26 décembre au 5 janvier, un pèlerinage est prévu en Egypte sur les pas de la Sainte Famille et des Pères du désert, à la rencontre de l'Eglise copte. Le Caire, Louxor, la Moyenne Egypte, temples et sites pharaoniques, Vallée des Rois, itinéraire de la Fuite en Egypte, sanctuaire des apparitions mariales de Zeïtoun, nombreuses rencontres... Animé par le Pr A. Sadek (égyptologue et coptologue), et MarieGabrielle Leblanc (historienne d'art). 1350 e. Rens ✆ 01.48.07.05.84, [email protected] Le Chant de la Création ✔ Du 15 au 30 nov. (tous les jours de 12h30 à 19h), l'église protestante réformée, 81, rue Anatole France, 92300 Levallois, ✆ 01.47.57.76.92, et le pasteur Valérie Mali ont le plaisir d’accueillir une exposition "Le Chant de la Création", avec un sculpteur : Odette Lecerf, deux peintres : Anne Pourny, Hanna Sidorowicz et une plasticienne : Cosabeth Parriaud dans le beau Temple protestant de Levallois, classé monument historique. Evénements autour de l’exposition : le 15 novembre : rencontre avec les artistes (15h) ; le 20 novembre (20h30) : concert de Jacques Bénézech et Jean-Claude Lablée autour de J.S Bach ; les 23 et 30 novembre (10h30) offices "Art et spiritualité" ; le 25 novembre (20h30) conférence de Jérôme Cottin (docteur en théologie) "La Mystique dans l’Art Contemporain". Pour passer un communiqué, contactez : [email protected] fax : 01.46.30.04.64 ou inscrivez-le sur : www.france-catholique.fr abonnementS à France Catholique France, 6 mois : 58 / 1 an (47 numéros) : 110 / Etranger, 1‑an‑ : 122 . Abonnement soutien : 250 . Pour la Belgique, virements à l'ordre de E. Kerkhove, chaussée de Dottignies 50 7730 Estaimpuis, tél. 056.330585, compte bancaire‑ : 275.0512. 029.11. Pour les autres pays, procédez par virements postaux internationaux sur notre compte chèques postal SCE 43 553 55 X La Source, ou bien par mandats internationaux à l'ordre de la SPFC ou par chèques bancaires libellés en euros et payables en France ou par chèques ban caires domiciliés à l'étranger moyennant une surtaxe de 18 , ou par carte bancaire via le site internet www.france-catholique.fr ou par téléphone : 01 46 30 37 38. Le journal ne rembourse pas les abonnements interrompus du fait de l'abonné / Ne paraît pas en août. Martin Damay Sculpteur Petites annonces Tarif : la ligne de 35 lettres : 6 . Domiciliation : 9 . Commu niqué dans le bloc-notes, forfait : 20 ➥ Femme, 30 ans, recherche emploi dans secré- Statues tariat administratif, anglais, allemand, dans la de saints patrons région de Rouen. 3 ans d'expérience en tant et Vierges à l'enfant. qu'assistante export. Tél. 06.78.77.10.54 Réalisations en pierre sur commandes. Pour églises, particuliers, associations... Toutes tailles à partir de 40 cm. Tél. 04.66.29.75.14 333 chemin de la Baracine 30000 Nîmes Atelier de reliure monastique de l'Abbaye Saint Louis du temple en Essonne. Tous travaux de reliures en toile, cuir, restauration, conservation d'archives. Contact : Sr Claire-Elisabeth 01.69.85.21.26 Visite de l'atelier sur rendez-vous. 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Victor Hugo, 07000 Privas - Kiosque, Gare S.n.c.f., 08000 CharlevilleMézieres - Kiosque, 6 pl. Jean Jaurès, 09200 Saint-Girons - Presse, av. Charles de Refuge, C. 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Pour aider à l'implantation du journal, achetez-le dans l'un de ces points de vente, favorisez par vos autres achats les commerçants qui acceptent de proposer régulièrement France Catholique. Faites-le leur savoir. Pour les abonnements par chèque, virement ou prélèvement, pour un changement d'adresse ou pour toute autre question relative à votre abonnement en cours, il vous faut joindre : Téléphone : 01.40.94.22.22 [lundi au jeudi 9h-13h et 14h-18h et vendredi 9h-13h et 14h-17h] Fax : 01.40.94.22.32 - courriel : [email protected] En revanche, pour un abonnement par carte bleue, le téléphone reste : 01.46.30.37.38. FRANCE CATHOLIQUE - hebdomadaire N° Commission Paritaire de la Presse : 1011 C 85771 valable jusqu'au 31 octobre 2011 CNIL : 6778405 60, rue de Fontenay, 92350 Le Plessis-Robinson Téléphone : 09.75.69.14.92 - 01.46.30.37.38 - Fax : 01.46.30.04.64 Courriel : [email protected] - CCP La Source 43 553 55 X édité par la Société de Presse France Catholique, s.a. au capital de 427.392 euros. - 41838214900015 R.C.S. Nanterre - APE 5814Z Président : Hervé Catta - Directeur gl., dir. de la publication : Frédéric Aimard (✆ 06. 08.77.55.08) - Conseiller de la direction : Robert Masson - Editorialiste : Gérard Leclerc - Rédaction : Tugdual Derville - Ludovic Lécuru - Secrétaire de rédaction : Brigitte Pondaven Imprimé par ippac-Imprimerie de Champagne, ZI les Franchises, 52200 Langres Les documents envoyés spontanément ne sont pas retournés. France Catholique est une marque déposée à l'Inpi. http://www.france-catholique.fr FRANCECatholique n°3138 31 octobre 2008 47