Panneau Sicile - Musée d`art et d`histoire
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Panneau Sicile - Musée d`art et d`histoire
Voyage pittoresque en Sicile (1822-1826) F ils cadet du conseiller d’Etat Ferdinand d’Ostervald (1724-1781), Jean-Frédéric (1773-1750), éditeur du recueil, se distingue très tôt par ses travaux topographiques et cartographiques. Il est ainsi l’auteur de la première carte de la Principauté (1806) fondée sur des mesures exactes. Mais il s’illustre aussi dans un autre domaine: l’édition de recueils de vue. Il y est amené par son frère Ferdinand (1763-1843) qui avait fondé une maison d’édition à Paris au début du siècle. Dans les années 1806-1811, il participe à l’édition du Voyage pittoresque de Genève à Milan par le Simplon (Paris, 1811) lancé par son frère pour faire connaître la célèbre voie des Alpes construite par Napoléon. En 1820, Ostervald reprend la direction de l’établissement parisien alors en difficulté. Il maintient la ligne éditoriale de la maison spécialisée dans les recueils de vues pittoresques. Il fait illustrer ses ouvrages par des petits maîtres neuchâtelois, suisses et étrangers. Dessinateur de talent, il signe lui-même un certain nombre de planches. Malgré ses efforts, il ne réussit pas à rétablir la situation financière de l’établissement. Découragé, il renonce à l’édition vers 1836 et revient à Neuchâtel où ses travaux de cartographe l’occuperont jusqu’à sa mort. L’édition du Voyage Ostervald investit beaucoup d’argent dans cette entreprise dans l’espoir de redresser sa maison. Le choix de la Sicile était judicieux. Les paysages méditerranéens baignés de lumière étaient alors à la mode de même que les vestiges de l’Antiquité. Ils correspondaient au goût romantique de l’époque. Certes, la Sicile n’avait plus l’attrait de la nouveauté depuis la publication du Voyage pittoresque des isles de Sicile, de Malte et de Lipari de Jean-Pierre-Louis Laurent Hoüel (1782-1787) et du Voyage pittoresque et description des royaumes de Naples et de Sicile de l’abbé Jean-Claude Richard de Saint-Non (1781-1786). Mais ces auteurs n’avaient fait que défricher le sujet sur lequel l’illustration était encore rare et approximative. Trente ans plus tard, Ostervald pouvait compter sur une documentation nouvelle car la Sicile était devenue une terre d’élection pour les artistes. Ostervald se procure la plupart des dessins nécessaires à l’établissement des gravures chez le comte Auguste de Forbin, directeur général des Musées royaux, qui lui ouvre généreusement ses portefeuilles remplis de «croquis pleins de feu et d’esprit». Le comte Alexandre de la Borde lui communique les dessins faits en Sicile par Louis-François Cassas qui fut un des illustrateurs du Voyage de l’abbé de Saint-Non. Le comte de Pourtalès-Gorgier lui confie ses esquisses. Ostervald a également recours à des copies de tableaux de peintres de talent tels Richard Parkes Bonington, Copley Fielding, Charles Robert Cockerell, Peter Birmann ou Maximilien de Meuron. Pour graver à l’aquatinte ces matériaux très divers, l’éditeur fait venir à Paris une douzaine d’artistes anglais et suisses dont Thales Fielding, Salathé et les Suisses Franz Hegi et Sigismond Himely. Achille-Etienne Gigault de La Salle, correspondant des Beaux-Arts de l’Institut, signe les notices historiques et descriptives accompagnant les planches. Ostervald vise une clientèle fortunée, celle des cours, mais aussi l’aristocratie de la bibliophilie où le livre joue un rôle de représentation et de distinction. Aussi applique-t-il toutes les recettes alors en usage dans l’édition de luxe. Pour faciliter la souscription, il s’emploie tout d’abord à placer son ouvrage sous le haut patronage de la duchesse de Berry. Dans la nécessité d’obtenir de bonnes reproductions, il choisit de faire graver les planches à l’aquatinte, une technique moins coûteuse que le burin mais d’une élaboration complexe qui permet de rendre les valeurs par les demi-tons. Afin de garantir la qualité des épreuves, il limite le tirage à 350 exemplaires environ. La gravure à l’aquatinte ne donne en effet qu’un nombre restreint de bonnes épreuves: avec l’usure de la plaque, l’image devient plus pâle, perdant peu à peu son aspect de lavis. Comme la plupart des ouvrages de grand luxe qui doivent satisfaire les goûts et les manies des bibliophiles, le recueil est proposé en plusieurs versions avec des papiers et des états de gravure différents. Ostervald n’économise pas non plus sur le prix du papier: il traite avec F. M. Montgolfier, le célèbre fabricant de Vidalon-les-Annonay, qui lui procure «les plus beaux papiers vélins d’impression». Il soigne aussi l’impression qu’il confie à la fine fleur de la typographie parisienne: Pierre Didot puis à son fils Jules. Malgré tous ses efforts, Ostervald n’obtient pas le résultat escompté. Seule la moitié du tirage était placée lors de la sortie de presse de la vingt-quatrième et dernière livraison (mars 1826). En revanche, l’ouvrage fut «honoré de la souscription la plus auguste», comme l’écrit Raoul-Rochette: Charles X, l’impératrice de Russie, l’empereur d’Autriche, le roi de Prusse, le roi de Naples, la reine de Naples, le roi des Pays-Bas figurent ainsi parmi les premiers souscripteurs. Deux exemplaires de l’ouvrage figurent aujourd’hui dans les collections de la Bibliothèque. Un avec les planches coloriées, qui porte le nom de Louis Coulon imprimé à l’or sur les deux grands portefeuilles protégeant l’ouvrage conservé en feuilles. L’autre, acquis par l’institution, avec les épreuves en noir «avant la lettre», ce qui signifie sans aucune inscription. Et pourtant, les noms des artistes et les sujets des planches figurent bel et bien dans cet exemplaire, mais composés en anglaise. La qualité des planches des ouvrages coloriés est souvent inégale: elle dépend du talent des artistes qui sont parfois plusieurs à intervenir dans l’exécution d’un ouvrage. Dans l’exemplaire de Louis Coulon, le coloris est remarquable: sous le pinceau des artistes restés anonymes – les noms des coloristes ne figurent hélas jamais sur les planches –, chaque aquatinte est devenue un véritable paysage à l’aquarelle aux teintes chaudes et lumineuses. Gigault de La Salle, Achille-Etienne – Voyage pittoresque en Sicile / [texte: M. de La Salle]; [ill.: M. le comte de Forbin ... et al.]; [éd.: Jean-Frédéric Ostervald]. – Paris: [J. F. d’Ostervald], 1822-1826 (Paris: de l’impr. de P. Didot l’aîné). – 2 vol.; in-plano (73 x55 cm). Provenance: 2 exemplaires: dons de Louis Coulon (date du don inconnue, sans numéro d’entrée) et de Sophie-Frédérique Meuron d’Ostervald et Pauline Leuba d’Ostervald, 1864. Ce dernier exemplaire ne se trouve plus dans nos collections: apparemment on a gardé l’exemplaire noir et blanc auquel la Bibliothèque avait souscrit en 1822 (no d’entrée 4707). ◊ ZY 2 (colorié) ◊ ZY 2+1 (noir et blanc)