cité de la musique - Philharmonie de Paris

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cité de la musique - Philharmonie de Paris
cité de la musique
François Gautier, président
Brigitte Marger, directeur général
dimanche 26 octobre - 16h30 / salle des concerts
Wolfgang Amadeus Mozart
Symphonie n° 35 « Haffner », en ré majeur K 385
allegro con spirito, andante, menuetto, presto
(durée : 22 minutes)
Symphonie concertante pour vents, en mi bémol majeur K 297b
allegro, adagio, andantino con variazioni
(durée : 30 minutes)
entracte
Modeste Moussorgski
Tableaux d’une Exposition (orchestration Maurice Ravel)
Promenade, Gnomus, Promenade, Il vecchio castello, Promenade,Tuileries,
Bydlo, Promenade, Ballet des poussins dans leurs coques, Samuel
Goldenberg et Schmuyle, Promenade, Limoges. Le marché, Catacombae.
Sepulchrum romanum/Cum mortuis in lingua mortua, La cabane sur
pattes de poule, La grande porte de Kiev
(durée : 35 minutes)
Leon Fleisher, direction
Hugues Lachaize, hautbois
Manuel Poultier, clarinette
Lionel Bord, fagott
Virginie Maillard, cor
Orchestre des étudiants du Conservatoire de Paris
répétition ouverte au public le samedi 25 octobre à 15h
Leon Fleisher - Conser vatoire de Paris
Wolfgang-Amadeus Mozart
Symphonie n° 35 « Haffner », en ré majeur K 385
Composée à l’occasion de l’ennoblissement du bourgmestre de
Salzbourg Siegmund Haffner, cette symphonie voit le jour à Vienne
en 1782, achevée trois jours à peine après le mariage de Mozart :
l’allegresse du presto final, avec ses motifs tournoyants, répond à
l’énergie monothématique du premier mouvement dans un tempo
réclamé « aussi rapide que possible ». La belle sérénade de l’andante dont l’orchestration économe souligne le chant, tout autant que
l’indigence savante du menuet, contribuent dans la perfection du
style à cette commande pour un jour de liesse, livraison presque
fonctionnelle où s’impose la prodigieuse fertilité d’un geste simple.
Mais qu’on écoute bien Mozart : la fougue du motif initial lentement ceinturée par l’écriture en imitations, le fugato où passe
l’ombre de Bach que Mozart venait de redécouvrir avec transport,
et dans le finale, ces réminiscences de L’enlèvement au Sérail... Le
public viennois y aura certainement réentendu l’air d’Osmin, le
chef des esclaves, et suspectera peut-être un peu de trouble, un peu
de révolte, derrière une insignifiance sans doute trop somptueuse.
Les modulations sont nombreuses, les ruptures fréquentes, les citations intuitives : il y a un peu plus de Mozart qu’on ne croit dans
ce Mozart-là, la présence diffuse, ici impondérable, de cette épaisseur séductrice dont Kierkegaard disait, en méditant son don-juanisme sombre, que « le plus incompréhensible serait qu’elle devînt
un jour compréhensible ».
Symphonie concertante pour vents,
en mi bémol majeur K 297b
La contribution de Mozart au genre de la symphonie concertante,
qui hésite entre le concerto grosso et le concerto de soliste, se limite,
outre celle que nous entendons ce soir, à la Symphonie concertante
pour violon et alto et au Concerto pour flûte et harpe : moisson relativement modeste pour un genre historiquement limité dans le
temps, lié aux solistes de Mannheim et au style français du Concert
Spirituel. Cette relative marginalité a ses vertus : ces œuvres sont
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par excellence le lieu de l’expérimentation structurelle et compositionnelle, des laboratoires d’audaces qui culminent dans le moment
de grâce absolue qu’est l’entrelacs du violon et de l’alto dans l’andante de la symphonie K 364. Composée en 1778 lors d’un séjour à
Paris, la Symphonie concertante pour vents réserve pareillement de
singuliers trésors. Mozart contourne la commande du Concert
Spirituel pour substituer à la flûte sa chère clarinette, et s’ingénie à
brouiller les repères : un premier mouvement étonnamment long,
aux riches capacités de renouvellement en imitations après un
ample tutti orchestral, un adagio qui conserve, de manière inhabituelle, la tonalité générale de mi bémol majeur et frappe par son
austère gravité, un andante avec variations qui bouscule les lois du
genre : jamais nous n’aurons la variation mineure attendue, alors
que le refrain, non moins espéré à la conclusion, se voit remplacé
par un adagio subit et déconcertant. Mozart déçoit pour séduire,
trompe pour injecter le lyrisme permanent, pathétique ici, populaire là, d’un dialogue permanent entre quatre voix curieuses et complémentaires, dispensées de briller selon les codes ordinaires du
concerto, mais moins que jamais de chanter comme le plus homogène des quatuors vocaux.
Modeste Moussorgski
Tableaux d’une Exposition
Les deux juifs Samuel Goldenberg et Schmuyle, entre caricature et
expression singulièrement émouvante de compassion humaine,
avancent à petits pas sur une route de Pologne : emblèmes d’une
œuvre placée sous le signe de l’errance et de la métamorphose. Les
Tableaux d’une exposition, c’est le génie visionnaire de Moussorgski
mis au service de la belle utopie d’une musique absolument narrative et imaginante : on sait que ce qui fut d’abord un cycle pour
piano évoque les toiles du peintre Victor Hartmann, avec qui
Moussorgski s’était lié d’amitié en 1868. Il vecchio castello, Les
Tuileries, La grande porte de Kiev : des lieux, intimes, romanesques
ou imposants, alternent avec la fantasmagorie légère, un brin
inquiétante, de Gnomus ou de Baba-Yaga, la sorcière redoutée des
enfants. Le cadre du tableau, le morcellement de l’exposition trou-
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vent un tempo, un style, jouent avec les limites du fantasque et du
grotesque, de pattes de poules en coquilles de poussins, hallucinant
ballet dont l’élément structurant, la fameuse Promenade qui prend
aussi bien des allures de cantilène nostalgique que de marche militaire, n’est qu’un élément mobile de plus, un faux-ami changeant
et séducteur. Dès lors, qu’importe le scénario ou les apories inévitables de la musique à programme : la poésie naturelle, la hauteur
d’inspiration ne se réduisent pas au projet illustratif, le transcendent dans un festival de trouvailles mélodiques et sonores.
Moussorgski, de son propre aveu, connut avec les Tableaux un
bouillonnement, une frénésie de musique qu’il n’avait pas éprouvée depuis Boris Godounov, immédiatement sensible dans ces pages
admirablement servies par l’adaptation lumineuse de Ravel - autre
métamorphose - en laquelle Toscanini, révérence gardée à Berlioz,
prétendait trouver « le plus parfait traité d’orchestration ».
Frédéric Sounac
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Leon Fleisher - Conser vatoire de Paris
biographies
Leon Fleisher
aussi connu comme
pianiste que comme
chef d’orchestre, est
né à San Francisco, où
il commence ses
études de piano à l’âge
de 4 ans, et donne son
premier récital public
à 6 ans.Trois ans plus
tard, Arthur Schnabel,
dans un geste sans
précédant, accepte la
responsabilité de
prendre cet enfant
comme élève, et
devient son mentor
pendant plus de dix
années. Arthur
Schnabel, héritier des
traditions pianistiques
de Beethoven à
Czerny et de Czerny à
Leschetizsky (son
propre maître) transmet cet héritage au
jeune américain. En
1944, âgé de 16 ans,
Leon Fleisher fait ses
débuts avec le New
York Philharmonic,
avec lequel il interprète le Concerto en ré
mineur de Brahms
sous la direction de
Pierre Monteux. A
cette occasion, le New
York Times le présente
comme l’un des plus
doués de la jeune
génération américaine.
Leon Fleisher est aussi
le premier américain à
gagner le concours
Reine Élisabeth
(Belgique), et reçoit
en 1959 une bourse de
la Fondation Ford le
consacrant « l’un des
premiers artistes
concertistes américains ». Pendant les six
mois qui suivent, Leon
Fleisher atteint le statut de « superstar » sur
les scènes internationales. Il est choisi par
George Szell (chef de
l’Orchestre de
Cleveland) pour collaborer à une série d’enregistrements de
concertos (notamment
les cinq de
Beethoven), qui sont
considérés comme des
versions définitives et
sont toujours sur la
liste des best-sellers en
disques compact.
Parallèlement à sa carrière de pianiste, il se
forge une excellente
réputation en tant que
chef d’orchestre, aussi
bien pour le répertoire
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Leon Fleisher - Conser vatoire de Paris
symphonique que
pour l’opéra. En 1967
il fonde le Theatre
Chamber Players du
Centre Kennedy et
devient chef et directeur musical de
l’Orchestre
Symphonique
d’Annapolis. Il fait ses
débuts en tant que
chef à New York à l’occasion du Festival
« Autour de Mozart »
en 1970, et devient en
1973 chef associé de
l’Orchestre
Symphonique de
Baltimore. Depuis, il
s’est produit en tant
que chef invité avec les
orchestres symphoniques de Boston,
Chicago et San
Francisco, avec
l’Orchestre de
Cleveland et avec les
orchestres de
Montréal, St Paul,
Detroit, Dallas,
Bruxelles... Pendant la
saison 1988/1989, il
dirige pour la première fois un opéra à
Baltimore. Il a dirigé
cinq tournées du New
Japan Philharmonic
(avec lequel il vient de
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signer un contrat pour
cinq ans en tant que
premier chef invité) et
en février 1990, il
effectue une tournée
d’un mois avec
l’Orchestre de
Chambre de Stuttgart,
parcourant les principales villes américaines. Leon Fleisher
est titulaire depuis
1959 de la chaire
Andrew W. Mellon au
Peabody Conservatory
of Music, et enseigne
également à la Juilliard
School et au
Manhattan College of
Music à New York,
ainsi qu’au Royal
Conservatory of
Music de Toronto. Ses
master-classes ont
beaucoup de succès, et
il est invité, notamment, par le Salzburg
Mozarteum, le
Chicago’s Ravina
Festival, le Lucerne
Festival, le
Conservatoire de
Paris, l’Académie
Ravel à Saint-Jean-deLuz, le Mishkenot à
Jérusalem et le New
York’s Metropolitan
Museum of Art.
Depuis 1986, Leon
Fleisher occupe le
poste prestigieux de
directeur artistique du
Boston Symphony’s
Tanglewood Music
Centre.
Les orchestres
du Conservatoire
de Paris
La participation des
étudiants du
Conservatoire à
diverses manifestations publiques fait
partie intégrante de la
scolarité. Il est en effet
nécessaire qu'un instrumentiste puisse au
cours de ses années
d'apprentissage pratiquer la musique d'ensemble sous toutes ses
formes - de la
musique de chambre
à l'orchestre symphonique en grande formation - et acquérir
l'expérience de la
scène. Les orchestres
du Conservatoire sont
constitués à partir
d'un « pool » de plus
de 500 instrumentistes, qui se réunissent en des formations
variables, par session,
Leon Fleisher - Conser vatoire de Paris
selon le programme et
la démarche pédagogique retenus. Les sessions se déroulent sur
des périodes de deux
à trois semaines, en
fonction de la difficulté et de la longueur
du programme. Le
processus est généralement le suivant : 1
ou 2 services de trois
heures sont consacrés
à une première lecture
avec l'effectif complet
pour donner à chaque
instrumentiste une
idée de l'objectif artistique à atteindre et
permettre un premier
« débroussaillage ».
Dans un deuxième
temps, les étudiants
participent à des répétitions de pupitre ou
de section, au cours
desquelles un travail
technique instrumental de groupe est réalisé, en relation avec
l'apprentissage individuel de l'instrument.
La dernière phase
consiste à rassembler
les morceaux du puzzle par un nombre
déterminé de répétitions en tutti. Nous
essayons systémati-
quement de donner
plusieurs fois les
mêmes œuvres en
public, afin que la
représentation puisse
également permettre
un approfondissement
en situation de réel,
celle du concert. Les
principes de programmation des orchestres
du Conservatoire sont
simples : faire aborder
aux étudiants des
chefs-d'œuvre de
périodes et de styles
variés, avec le meilleur
encadrement possible.
Pendant l’année scolaire 1996/1997, les
étudiants auront ainsi
abordé des œuvres
telles que La Passion
selon Saint Jean de
Bach, Le Concerto pour
la main gauche de
Ravel, des symphonies
de Beethoven,
Schubert, Brahms,
ainsi que des pages
maîtresses du langage
classique sous diverses
approches stylistiques
confiées aux meilleurs
spécialistes actuels tels
que : Leon Fleisher,
Jean-Jacques
Kantorow, Christophe
Coin, Jaap Schröder,
Jos Van Veldhoven, qui
motivent et forment
au plus haut niveau
les instrumentistes
concernés. Le travail
de pupitre est assuré
par des professeurs du
Conservatoire qui
sont également
solistes d'orchestres.
La tradition de la pratique orchestrale au
Conservatoire est
ancienne. D'après
Constant Pierre, dès
1801 les symphonies
de Haydn, puis de
Mozart (1803) et
Beethoven (1819)
étaient jouées par les
élèves. Plus récemment, la Société des
Concerts du
Conservatoire fut à
l'origine de l'Orchestre
de Paris.
Hugues Lachaize,
étudiant au
Conservatoire de
Paris, a obtenu un
deuxième prix de
hautbois dans la classe
de Jean-Louis
Capezzali en 1997,
ainsi qu’un premier
prix de musique de
chambre dans la classe
de Jens McManama.
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Leon Fleisher - Conser vatoire de Paris
Manuel Poultier
est étudiant au
Conservatoire de
Paris. Il a obtenu un
premier prix de clarinette dans la classe de
Pascal Moragues en
1997, ainsi qu’un premier prix de musique
de chambre dans la
classe de Jens
McManama.
Lionel Bord
est actuellement en
troisième année de
fagott au
Conservatoire de
Paris dans la classe de
Pascal Gallois et a
obtenu un premier
prix de musique de
chambre en 1997,
dans la classe de Jens
McManama.
technique
cité de la musique
Nöel Le Riche
régie générale
Jean-Marc Letang
régie plateau
Virginie Maillard,
Marc Gomez
étudiante au
Conservatoire de
Paris, a obtenu un premier prix de cor dans
la classe d’André
Cazalet en 1997, ainsi
qu’un 1er prix de
musique de chambre
dans la classe de Jens
McManama.
régie lumières
Conservatoire de Paris
Catherine
de Boishéraud
Jean Gauthier
régie son
Didier Belkacem
Tony Scheveiler
Bernard Renaudin
régie générale
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