Décembre 2008 Visualiser/Télécharger

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Décembre 2008 Visualiser/Télécharger
ISSN 0299 - 0342
STUDIO - 7 salles associatives, indépendantes, art & essai, recherche
LES ÉDITIONS DU STUDIO DE TOURS \ 2 rue des Ursulines \ 37000 TOURS - Mensuel - Prix du numéro : 1,37€
www.studiocine.com
C.T.C. TOURS - Dispensé du timbrage - PRESSE
N°263 \ décembre 2008
Comme
une e´toile
dans
la nuit
un film de
René Féret
ÉVENEMENT AUX STUDIO pour l'avant-première de Mia et le Migou :
Ciné p'tit déj' le dimanche 7 à 10h30
S
O
M
M
A
I
R
E
Éditorial . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
CNP . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
«
LES FILMS DE A À Z . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
Cinémathèque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
en bref . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
bande annonce : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
courts lettrages :
à propos de :
à propos de :
Entre les murs
................
18
20
Entre les murs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
Entre les murs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
rencontre avec :
rencontre avec :
rencontre avec :
Sébastien Ronceray . . . . . . 26
Silvestre Chatenay . . . . . . . . 28
Ursula Meïer . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
J’avais un prof de théâtre qui me disait :
« Si ton sentiment ne descend pas dans les pieds,
c’est qu’il est faux. »
Je ne vois pas comment attaquer un rôle autrement :
incarner quelqu’un, ça passe forcément
par la viande !
Vincent Cassel
Les Studio mettent désormais en vente
des chèques-cadeau d'un montant de
5 euros. Renseignez-vous à la caisse
ou l'accueil pour plus de détails. Et si,
par malheur, certains de vos proches
ne sont pas encore abonnés, pourquoi
ne pas leur offrir tout bonnement une
carte d'abonnement !
Courrier des lecteurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
Jeune public . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
Le film du mois . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
GRILLE PROGRAMME . . . . . . . . pages centrales
Séances spéciales pour les écoles, collèges et lycées :
elles peuvent être organisées pour une ou plusieurs classes, le matin,
sur simple demande et sur la base des films de la programmation.
Renseignements et tarifs groupes : 02 47 20 27 00
[email protected]
Les STUDIO sont membres de ces associations professionnelles :
EUROPA
AFCAE
ACOR
GNCR
ACC
REGROUPEMENT
DES SALLES POUR
LA PROMOTION
DU CINÉMA EUROPÉEN
ASSOCIATION
FRANÇAISE
DES CINÉMAS
D’ART ET ESSAI
ASSOCIATION
DES CINÉMAS DE L’OUEST
POUR LA RECHERCHE
GROUPEMENT
NATIONAL
DES CINÉMAS
DE RECHERCHE
ASSOCIATION
DES CINÉMAS DU CENTRE
(Membre co-fondateur)
(Membre co-fondateur)
ÉQUIPE DE RÉDACTION : Janine Carlat, Éric Costeix, Olivier Facquet, Isabelle Godeau, Frédéric Grosclaude, Claire Layan,
Blandine Margoux, Jean-François Pelle, Claude du Peyrat, Dominique Plumecocq, Éric Rambeau, Roselyne Savard, Marcelle Schotte,
avec la participation de la commission Jeune Public.
DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Éric Rambeau – MISE EN PAGES & EN IMAGES : Francis Bordet.
ÉQUIPE DE RÉALISATION : Éric Besnier, Roselyne Guérineau – DIRECTEUR : Philippe Lecocq – IMPRIMÉ par PRÉSENCE GRAPHIQUE, Monts (37).
Présence graphique contribue à la préservation de l’environnement et atteste être reconnu IMPRIM’VERT.
N°263
Murs ?
Nous étions sans doute nombreux à être
heureux lorsque Laurent Cantet a reçu la
Palme d’or au dernier Festival de Cannes,
sans doute moins par un patriotisme un
peu déplacé (quoique) que parce que nous
avions aimé le talent et la probité du réalisateur dans ces trois premiers longs
métrages : Ressources humaines en 1999,
L’Emploi du temps en 2001 et Vers le sud en
2005. Nous étions sans doute quelques uns
à avoir lu et aimé le récit éponyme de
François Bégaudeau qui racontait par le
menu le quotidien d’un professeur de français dans une classe de 4e d’un collège difficile en évitant le pathos, la démagogie, le
commentaire. Des faits. Des mots. Des
murs.
On pouvait espérer comme le faisait ici
Éric le mois passé que le film « suscite la discussion et porte le regard du public là où il n’a
normalement pas les moyens d’accéder : entre
les murs de l’école, derrière ses portes. »
Malheureusement, accueilli dès l’annonce
de son prix par un article assassin intitulé
Palme d’or pour une syntaxe défaillante (suite
du règlement de compte entre Finkielkraut
et François Bégaudeau), Entre les murs est
pris à son corps défendant dans un débat
houleux qui n’a rien à voir avec le cinéma.
Qu’il déclenche des discours tout à fait
contradictoires n’est pas un problème en
soi (chaque spectateur voyant, en fin de
compte, le film qu’il veut bien voir) mais ce
qui me chagrine, c’est qu’on veut lui faire
tenir un discours général sur l’éducation.
Comme pour les films venant des petites
filmographies qu’on tente toujours d’interpréter sociologiquement ou politiquement
avant de les voir comme des films, il semble
impossible de montrer l’école, le collège,
Éditorial
le lycée… sans que ce qui est montré (et,
dans Entre les murs, avec une particulière
acuité) devienne un argument dans la lutte
ouverte opposant les anciens et les
modernes, les pédagogistes et les traditionalistes, pièce à conviction pour dire que
tout-fout-l’camp, que l’école fabrique des
crétins, que les sauvageons sont à nos
portes… d’autant que le film a été soutenu
par le ministre de l’Éducation nationale qui
détruit consciencieusement le système
public d’éducation avec son style patelin
fait de mensonges distillés sous forme de
fausses évidences.
Qui aurait l’idée de prendre une scène filmée dans une usine ou une banque pour
argent comptant ? Personne. Mais il n’en
va pas de même pour l’école. Il ne devrait
y avoir de professeur que modèle (ce que
ne revendique à aucun moment celui du
film) et de classe que reflet d’un discours
sur l’enseignement… C’est peut-être la
vraie difficulté du film de Laurent Cantet,
de n’en tenir aucun, ni sur l’éducation, ni
sur la société française en général mais de
montrer, avec le réalisme d’un faux documentaire, un microcosme aucunement
généralisable. Comme l’écrit Aurélien
Ferenczi dans Télérama : « Un film n’a pas
forcément vocation à montrer la vie telle
qu’elle est, mais à créer, ici avec un immense
talent, un récit, une dramaturgie. »
Et comme il est à la mode de décrier le
cinéma français, il pourrait être bon de se
réjouir a contrario de la force et de la pertinence des films de Laurent Cantet,
Abelattif Kechiche (La Graine et le mulet)
ou Rabah Ameur-Zaïmeche (Dernier
maquis). DP
Les CARNETS du STUDIO
n°263
–
décembre 2008 –
3
semaine
4
5 du 31 décembre au 6 janvier 2009
Cinéma
sauf jeudi
de Julien Duvivier
45ʼ VF
2hʼ
14h15
sauf jeudi
1h31ʼ
1h30ʼ
LOUISE MICHEL
17h15
21h15
de Gustave Kervern & Benoît Delepine
14h15
sauf jeudi
(dim
14h45)
19h15
14h15
sauf jeudi
LE BON, LA BRUTE
ET LE CINGLÉ
de Kim Jee-Woon
1h15ʼ
14h15
sauf jeudi
19h45
19h00
16h00
sauf jeudi
+
14h15
17h30
de Jacques-Rémy Girerd
1h43ʼ
THE VISITOR
17h00
21h15
de Thomas McCarthy
sauf mercredi
1h50ʼ
1h43ʼ
à suivre…
1h32ʼ
AIDE-TOI,
LE CIEL T’AIDERA
de François Dupeyron
19h30
MIA
ET LE MIGOU
1h48ʼ
CNP
Les amoureux
au ban public
jeudi
20h00
Couples franco-étrangers
Cinéma
FILM + DÉBAT
1h28ʼ
lundi
19h30
14h15
1h40ʼ
21h30
de Craig Gillespie
19h15
sauf mercredi
14h15
HUNGER
à suivre…
MES PLUS
BELLES ANNÉES
17h45
de Reshef Levy
sauf mercredi
21h45
14h15
de Stephen Walker
BURN
AFTER READING
Le film
imprévu
de Joel & Ethan Cohen
08 92 68 37 01
www.studiocine.com
21h45
19h30
sauf mercredi
14h15
(dim
15h00)
19h30
1h30ʼ
UNE FAMILLE
CHINOISE
17h00
de James Gray
21h15
JOHNNY
MAD DOG
1h38ʼ + COURT MÉTRAGE 5ʼ
de Ilan Duran Cohen
COMME UNE ÉTOILE
DANS LA NUIT
17h30
21h30
17h45
21h45
17h45
21h45
2h21ʼ
L’ÉCHANGE
de René Féret
1h15ʼ
19h30
TWO LOVERS
LE PLAISIR
DE CHANTER
film
du mois
à partir de
10h30
CINÉ P’TIT DÉJ’ À 10H30
suivi de la projection à 11h
de Jean-Stéphane Sauvaire
19h45
17h45
Toutes les salles des Studio sont accessibles aux personnes à mobilité réduite.
1h50ʼ
1h53ʼ
LEONERA
+
dim
de Wang Xiaoshuai
1h36ʼ
de Josiane Balasko
de Pablo Trapero
(dim
15h00)
?
1h55ʼ
14h15
16h00
AVANT PREMIÈRE
de Jean-Paul Jaud
CLIENTE
(dim
14h45)
14h15
I FEEL GOOD !
de Lasse Persson
15h00
16h00
NOS ENFANTS
NOUS ACCUSERONT
1h44ʼ
19h45
21h30
sauf mercredi
LABAN,
LE PETIT FANTÔME
1h47ʼ
de Steve McQueen
(dim
14h45)
17h15
de Jean-Michel Ribes
1
17h30
de Jacques-Rémy Girerd
MUSÉE HAUT,
MUSÉE BAS
semaine
sauf mar
+
mer-sam
MIA ET LE MIGOU
LAURA
1h35ʼ
19h15
(dim
14h30)
44ʼ VF
de Otto Preminger
(dim
14h30)
14h15
décembre 2008
1h31ʼ
Soirée présentée par les élèves de
la section Audiovisuelle du lycée Balzac
17h00
UNE FIANCÉE PAS
COMME LES AUTRES
IL DIVO
1h35ʼ
(dim
14h30)
(dim
14h45)
1h42ʼ
1h40ʼ
de Paolo Sorrentino
sauf jeudi
de Agnès Varda
de Eric Khoo
(dim
15h00)
14h15
sauf jeudi
LES PLAGES D’AGNÈS
MY MAGIC
(dim
15h00)
19h45
à suivre…
2h08ʼ
LA NOUNOU
de Garri Bardine
de Christophe Barratier
(dim
14h30)
sauf mercredi
de Terry Gilliam
(Courts métrages)
FAUBOURG 36
(dim
14h30)
19h00
LES AVENTURES DU
BARON DE MÜNCHAUSEN
POT BOUILLE
lundi
19h30
14h15
2h04ʼ VF
1h55ʼ
du 3 au 9
21h15
de Clint Eastwood
JE VEUX VOIR
de Joana Hadjithomas & Khalil Joreige
www.studiocine.com
Le film
imprévu
08 92 68 37 01
www.studiocine.com
?
Film pouvant intéresser le jeune public, les parents restant juges.
semaine
2 du 10 au 16 décembre 2008
CNP
jeudi
20h00
Cinéma
lundi
19h30
21h30
14h15
(dim
14h30)
17h15
19h15
21h15
14h15
(dim
14h30)
19h00
14h15
(dim
14h45)
17h15
19h30
14h15
45ʼ
UNE VOIX
LIBERTAIRE
1h40ʼ de Franck Borzage
1h35ʼ
BURN
AFTER READING
de Joel & Ethan Cohen
1h58ʼ
Les Légions d’or maudites
de Guillermo del Toro
CAOS
CALMO
de Antonello Grimaldi
SLEEP
DEALER
de Alex Rivera
1h40ʼ
jeudi
19h45
Cinéma
mardi
19h45
lundi
19h30
17h30
21h30
mercredi
19h45
de René Féret
de Ilan Duran Cohen
1h15ʼ + COURT MÉTRAGE 7ʼ
JE VEUX VOIR
de Joana Hadjithomas
& Khalil Joreige
17h00
21h15
sauf jeudi
17h30
21h30
sauf lundi
1h35ʼ
14h15
(dim
14h30)
17h00
19h30
14h15
(dim
14h30)
17h15
21h15
14h15
MUSÉE HAUT,
MUSÉE BAS
1h36ʼ
CNP TRÈS BIEN MERCI
21h45
17h00
19h15
de Jean-Michel Ribes
JOHNNY
MAD DOG
(dim
14h45)
21h45
vendredi
19h45
HUNGER
1h50ʼ
TWO LOVERS
de James Gray
1h53ʼ
LEONERA
de Pablo Trapero
19h15
www.studiocine.com
de Emmanuelle Cuau
CINÉ + DÉBAT
2h15ʼ
L’HOMME
DE LA RUE
de Frank Capra
soirée libres courts
Le film
imprévu
08 92 68 37 01
www.studiocine.com
14h15
21h45
sauf mardi
(dim
15h00)
19h45
?
14h15
(dim
15h00)
19h45
0h40ʼ
L’ENFANT
AU GRELOT
de Jacques-Rémy Girerd
1h31ʼ
MIA
ET LE MIGOU
de Jacques-Rémy Girerd
2h03ʼ
Courts métrages
présentés au Festival de Vendôme
SÉRAPHINE
En présence de
THIERRY CHARRIER
de Martin Provost
2h08ʼ
LE BON,
LA BRUTE
ET LE CINGLÉ
1h35ʼ
de Kim Jee-Woon
BURN
AFTER READING
de Joel & Ethan Cohen
1h50ʼ
1h25ʼ
mer-sam
lun-mar
(dim
15h00)
(dim
14h45)
17h30
19h00
sauf
mercredi
de Samuel Collardey
21h30
CAOS
CALMO
de Antonello Grimaldi
de Agnès Varda
de Ridley Scott
CHORON
DERNIÈRE
de Pierre Carles et Éric Martin
1h46ʼ
LA TERRE DES
HOMMES ROUGES
1h30ʼ
1h33ʼ
21h45
sauf
mercredi
14h15
sauf jeudi
(dim
14h30)
17h15
19h15
sauf
mercredi
sauf jeudi
(dim
14h30)
17h15
19h15
21h15
sauf mer
14h15
MENSONGES
D’ÉTAT
AVANT PREMIÈRE
17h45
14h15
L’APPRENTI
1h52ʼ
4 du 24 au 30 décembre 2008
semaine
14h15
19h30
LES PLAGES
D’AGNÈS
1h45ʼ
17h15
+
14h15
17h30
21h45
sauf jeudi
(dim
14h45)
LE CHANT
DES MARIÉES
de Karin Albou
Tous les films sont projetés en version originale (sauf indication contraire).
de Karin Albou
1h42ʼ
21h15
14h15
sauf jeudi
(dim
15h00)
UNE FIANCÉE
PAS COMME
LES AUTRES
1h30ʼ
SERBIS
Le film
imprévu
08 92 68 37 01
www.studiocine.com
MIA
ET LE MIGOU
de Jacques-Rémy Girerd
1h50ʼ
LOUISE MICHEL
LES PLAGES
D’AGNÈS
de Gustave Kervern & Benoît Delepine
de Agnès Varda
1h46ʼ
1h35ʼ
BURN
LA TERRE DES
AFTER READING HOMMES ROUGES
1h43ʼ
MES PLUS
BELLES ANNÉES
21h45
14h15
sauf jeudi
1h48ʼ + Court métrage 7ʼ
de Marco Bechis
21h45
17h15
?
21h15
sauf
mercredi
(dim
14h45)
17h30
19h15
21h30
sauf
mercredi
17h45
21h45
sauf
mercredi
21h15
–1–
L’instinct de mort sauf
mercredi
de Jean-François Richet
1h52ʼ
de Stephen Walker
de Antonello Grimaldi
LE BON,
LA BRUTE
ET LE CINGLÉ
Le film
imprévu
de Kim Jee-Woon
www.studiocine.com
2h08ʼ
sauf
jeudi
MESRINE
CAOS
CALMO
19h45
sauf jeudi
2h12ʼ
I FEEL
GOOD !
(dim
15h00)
16h00
14h15
de Craig Gillespie
19h45
de Ales Rivera
de Brillante Mendoza
de Vincent Montluc
1h31ʼ
de Reshef Levy
SLEEP
DEALER
14h15
sauf jeudi
LE CHANT
LA
SOURIS
DU
(dim
DES MARIÉES
PÈRE NOËL 15h00)
de Joel & Ethan Cohen
de Marco Bechis
1h40ʼ + Court métrage 3ʼ
30ʼ
1h40ʼ
19h30
2h08ʼ
Avant première en présence de PIERRE CARLES
vendredi 19 décembre
de Jean-Stéphane Sauvaire
de Steve McQueen
(dim
15h00)
(dim
15h00)
1h46ʼ
CENTRE IMAGES & LES STUDIO présentent :
film
d u mo is
COMME UNE ÉTOILE
DANS LA NUIT
1h38ʼ
14h15
3
du 17 au 23 décembre 2008
de Agnès Varda
LE PLAISIR
DE CHANTER
HELLBOY 2
1h30ʼ
1h30ʼ
+
mer-sam
AVANT PREMIÈRE
LES PLAGES
D’AGNÈS
THE MORTAL STORM
19h30
14h15
1h50ʼ
de Franck Borzage
19h45
(dim
15h00)
de Jacques-Rémy Girerd
LUCKY STAR
1h52ʼ
17h15
MIA
ET LE MIGOU
de Franck Wolff
+ DÉBAT
1h46ʼ
(dim
14h45)
14h15
1h31ʼ
semaine
08 92 68 37 01
21h45
sauf
mercredi
?
Films pouvant intéresser les 12-17 ans, (les parents restant juges) au même titre que les adultes.
CNP
j e u d i 4 d é c e m br e - 2 0 h 0 0
Le CNP, la Cimade, Chrétiens-Migrants et le
Réseau Éducation sans Frontière
présentent :
Les Amoureux au ban public
– couples franco-étrangers –
Des milliers de couples franco-étrangers
sont aujourd’hui privés du droit de mener
une vie familiale normale en raison du durcissement constant des lois sur l’immigration et des pratiques administratives : refus
de visas et titres de séjour, intrusion dans
l’intimité des couples par des enquêtes de
police abusives, familles déchirées par des
mesures d’expulsion.
Parce qu’ils refusent d’être systématiquement suspectés et contrôlés, parce qu’ils
n’acceptent plus de vivre cachés ou séparés, plusieurs centaines de couples mixtes
mobilisés au sein des Amoureux au ban
public entrent en campagne pour faire
entendre leur voix et exiger une amélioration de leur condition.
Après un film de témoignages –2008 – 35’,
DÉBAT avec la participation de Nicolas Ferran (Cimade Montpellier).
j eu di 1 1 dé c emb re - 20 h0 0
Le,CNP et Les Amis du Grand Soir
présentent :
UNE VOIX LIBERTAIRE
de Franck Wolff – 45’
La vie de Georges Fontenis se
confond avec les histoires des luttes
ouvrières du XXe siècle et plus particulièrement avec celles du mouvement anarchiste français. La vie d’un homme qui
côtoie des personnages illustres comme
4
– Les CARNETS du STUDIO
n°263
–
décembre 2008
Brassens ou Camus. Un homme engagé qui
soutiendra non sans risque les anarchistes
espagnols ou les indépendantistes algériens. C’est aussi une vie faite d’isolement,
et de diabolisation par son propre camp
politique car osant ouvrir les préceptes
libertaires à d’autres champs de réflexions.
L’engagement de Georges Fontenis est
celui d’un homme libre, qui ne renonce
pas. Un homme qui porte un regard éclairé
sur les engagements actuels.
DÉBAT en présence de Éric Sionneau et
Édouard Sill, doctorant en histoire à l’École pratique des Hautes Études.
j e ud i 18 d éc em bre - 19h 45
Le CNP et la Ligue des Droits de l’Homme
proposent un CINÉ-DÉBAT
TRÈS BIEN, MERCI
De Emmanuelle Cuau – France – 2007 – 1h46,
avec Sandrine Kiberlain et Gilbert Melki.
Les conséquences des lois, décrets et
interdictions de toutes sortes sur notre
quotidien peuvent mener très loin et…
très bas, comme le montre ce film : à Paris,
Béatrice et Alex travaillent tous les deux,
lui comme comptable dans une entreprise
soumise à la dynamique actuelle : performance économique, dégraissage, individualisme. Un soir, Alex assiste à un
contrôle d’identité. Au lieu de circuler, il
reste. S’en suivent : outrage à agent et danger sur la voie publique, une nuit en cellule, une journée en hôpital psychiatrique,
etc.
Le débat animé par Dominique Guibert,
secrétatre général de la Ligue des Droits
de l’Homme, et Guillaume Bardon, avocat,
membre de la LDH, portera sur l’arsenal
des lois sécuritaires conduisant aujourd’hui à de multiples dérives inquiétantes.
Soirée libres courts
Mercredi 17 décembre à 19h45
En partenariat avec Centre Image,
Un florilège de courts récemment présentés au Festival de Vendôme.
En présence de THIERRY CHARRIER, réalisateur de
Qui a tué Jimi Hendrix ?
C’est dimanche !
La Copie de Coralie
Ibrahim, treize ans, est renvoyé du collège
et laisse croire à son père qu’il a décroché
un diplôme.
Le regard subtil et sensible de l’excellent
comédien Samir Guesmi, devenu réalisateur, sur les univers contrastés de l’enfant
et de son père.
Attention, petit chef d’œuvre d’humour et
d’incongru ! Monsieur Conforme, gérant
du magasin de reprographie Copie
Conforme, vit depuis trente ans dans le souvenir d’une femme disparue. Sa jeune assistante Virginie décide de prendre les choses
en main et affiche un avis de recherche sur
les murs de la ville…
France – 2007– 30’ de Samir Guesmi.
Prix du public, Festival international du court métrage
de Clermont-Ferrand 2008.
Mention spéciale du jury, Festival international du
cinéma de Valence 2008.
Prix du jury court métrage, Festival international du film
francophone de Namur 2008.
Ata
France – 2007– 26’, de Cagla Zencirci et
Guillaume Giovanetti.
Ceyda, jeune femme turque francophone
d’origine aisée, arrive en France pour
rejoindre l’homme qu’elle aime. Très vite,
elle doit faire face à des difficultés et une
solitude aussi soudaines qu’inattendues.
Jusqu’au moment où elle rencontre, sur un
chantier, un vieil asiatique qui s’avère parler une langue inconnue mais proche de la
sienne. Cet homme du bout du monde
semble avoir les mêmes problèmes qu’elle.
Prix du meilleur court métrage, Prix du public et Prix de
Fresnes, Festival international du film de femmes de
Créteil 2008.
Prix spécial du jury, Festival international du court
métrage de Montpellier 2008.
France – 2008 – 22’, de Nicolas Engel.
Rail d’or du meilleur court métrage, Festival de Cannes
2008.
Résidence d’écriture du Moulin d’Andé-Céci, Festival de Cannes 2008.
Prix Fuji, Festival du court métrage en plein air de Grenoble 2008.
Sélection en compétition à la Semaine de la critique,
Festival de Cannes 2008.
Qui c’est qu’a tué Jimi hendrix ?
France – 2006 –19’, de Thierry Charrier.
Milieu des années 70. Jimi Hendrix est
mort. Pascal, dix ans, se demande qui l’a
tué. Avec sa petite caméra, il filme un
mariage de famille en Vendée et pose la
question à Stéphane, son cousin de dixsept ans. Stéphane, héros de Pascal, en
rupture avec la noce qui lentement se
déglingue. Un regard aigu d’enfant sur
cette micro-société rurale.
Sélection compétition nationale, Festival international du court métrage de Clermont-Ferrand 2008.
Les CARNETS du STUDIO
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5
AVANT LES FILMS, DANS LES SALLES, AU MOIS DE DÉCEMBRE :
Triphase de Anne Paceo (studio 1-2-4-5-6)
A
Aide-toi, le ciel t’aidera
Les Aventures du Baron de Münchausen
Sonia est une jolie femme noire. Mariée et
mère de quatre enfants, elle est aide-familiale
dans la cité. Le jour du mariage de sa fille, le ciel
lui tombe littéralement sur la tête ! Un seul
recours s’offre à elle : Robert, son voisin de
palier octogénaire. Plus blanc que lui, difficile de
trouver. Et plus serviable non plus, d’ailleurs…
Or, dans la vie, rien n’est vraiment gratuit. Sauf
le hasard, si on sait en profiter. Alors, Aide-toi,
le ciel t’aidera…
Le talentueux réalisateur de La Chambre des officiers (2001) et de Monsieur Ibrahim et les fleurs
du Coran (2003) nous offre ici une comédie à la
fois énergique et tendre, avec Claude Rich dans
le personnage du fameux voisin…
Dans une ville assiégée par l’assaillant turc, le
vrai Baron de Münchausen fait irruption au
beau milieu d’un spectacle censé relater ses
aventures. Dépité par la couardise des hommes
de cette époque peu valeureuse, il va s’échapper de la ville et partir en quête de soldats
dignes de ce nom, capables de repousser
l’agresseur.
Après le succès de Brazil, Gilliam revient à la
charge avec ce qui est peut-être son film le plus
fou : la richesse visuelle du Baron de Münchausen n’a d’égal que son sens du délire et de
la rigueur.
À voir, revoir pour en parler après avec ses
amis, ses enfants, ses voisins, ses chiens, ses collègues… ER
France – 227 – 1h32, de François Dupeyron,
avec Félicité Wouassi, Claude Rich, Mata Gabin…
Bibliographie
: dossier de presse.
L’Apprenti
France – 2007 – 1h25, de Samuel Colladey,
avec Paul Barbier, Mathieu Bulle…
Force est de constater qu’en ces périodes économiquement troublées, les valeurs terre, terroir, agriculture… (re)deviennent source d’inspiration pour le cinéma français. Ainsi, après
Sylvestre Chatenay pour Yvette, Bon Dieu ! et
Raymond Depardon avec La Vie moderne,
Samuel Colladey, en s’inspirant de sa propre
histoire pour son premier long, suit la trajectoire d’un jeune homme de quinze ans, élève
en lycée agricole, parti en apprentissage, dans
une ferme isolée du haut Doubs. Au premier
abord aride, ce film, récompensé aux festivals
de Venise et de Namur, nous conte, non seulement l’apprentissage professionnel d’un adolescent auprès d’un homme pudique et distant,
mais aussi, celui de la vie en général.
Bibliographie
: site officiel
; Critikat.com
Les fiches paraphées correspondent à
des films vus par le rédacteur.
6
• First album de Nina Simone (studio 3 et 7)
– Les CARNETS du STUDIO
n°263
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décembre 2008
Grande-Bretagne – 1988 – 2h04, de Terry Gilliam,
avec J. Neville, E. Idle, S. Polley…
Le Bon, la Brute et le Cinglé
Corée du Sud – 2008 – 2h08, de Kim Jee-Woon,
avec Jung Woo-Sung, Lee Byung-Hun, Song Khang-Ho…
Hommage à Sergio Leone et petite perle du
dernier Festival de Cannes, le dernier western
de l’année 2008 est coréen et se déroule en
Manchourie ! C’est en effet dans les années 30
au beau milieu de cette province du bout du
monde convoitée par les Chinois, les Coréens,
les Russes et occupée alors par les Japonais, que
Kim Jee-Woon plante le décor de son dernier
long métrage. Le cinglé, très habile voleur sévissant de préférence dans les trains, arrive à
dérober au directeur d’une grande banque
japonaise une carte au trésor qui pourrait bien
remettre en cause l’avenir de la Corée… La
brute, impitoyable tueur à gages est chargé par
le banquier de la récupérer. Le bon, mercenaire
sans scrupules, décide de les poursuivre tous
deux pour récupérer la carte et empocher la
prime. Un western, même à l’orientale, ne va
B
naturellement pas sans attaque de train, traversée du désert, poursuite par des brigands
chinois et coréens et lutte sans merci avec les
soldats japonais ! Superproduction très efficace, servie par une distribution époustouflante – Jung Woo-Sung, Lee Byung-Hun et
Song Khang-Ho, quasi mythes vivants, sont des
superstars en Corée – Le Bon, la Brute et le
Cinglé est peut être le prochain film culte en
France si on en croit les critiques aussi élogieuses qu’enthousiastes de Cannes.
Bibliographie
: dossier de presse.
Burn after reading
USA – 2008 – 1h35, de Joel et Ethan Coen,
avec G. Clooney, F. McDormand, J. Malkovich, B. Pitt…
Après la réussite de No country for old men, les
frères Coen changent quelque peu leur fusil
d’épaule et nous livrent un film d’espionnage.
Evidemment, il ne faudra pas s’attendre à du
James Bond… ici nous avons un ex-agent de la
CIA, renvoyé pour alcoolisme, dont les
mémoires secrètes (sur cd-rom) finissent par
atterrir entre les mains de deux individus qui
aimeraient bien le faire chanter… si le document avait un intérêt réel. Comme pour tout
film d’espionnage qui se respecte, l’histoire est
emberlificotée à souhait et c’est probablement
tant mieux car cela ne pourra que rajouter au
plaisir de retrouver l’équipe des Coen sur un
territoire familier, celui de la comédie franchement loufoque, pouvant tirer sur le surréalisme
empreint d’un certain mauvais goût. Le tout
servi par une distribution plus que prestigieuse !
Bibliographie : villagevoice.com ; sfgate.com ;
rogerebert.suntimes.com
C
Caos calmo
Italie et Grande-Bretagne – 2008 – 1h55, d’Antonio Luigi Grimaldi,
avec Nanni Moretti, Isabella Ferrari, Valeria Golino…
Adapté d’un roman best-seller en Italie, Caos
calmo est un film sur le deuil et le sens de la
vie. Pietro est un homme heureux, dans son
travail comme dans sa vie conjugale. Mais sa
femme meurt subitement, et il reste seul avec
sa fille Claudia, dix ans. Sa vie s’arrête, ou plutôt le personnage s’arrête : en lui s’installe un
chaos calme. Il accompagne sa fille tous les jours
à l’école, puis il passe ses journées assis dans sa
voiture ou sur un banc à observer les gens, le
monde, attendant de comprendre.
Interprété par Nanni Moretti (La Chambre du
fils), le personnage est fascinant et se transforme en une sorte de vieux sage avant l’heure.
Autour de lui virevoltent des personnages truculents, attachants et drôles, sorte de concentré de l’humanité au quotidien.
Bibliographie
: sites internet d’Arte, Avoir Alire, dossier de presse.
Le Chant des mariées
France et Tunisie – 2007 – 1h40, de Karin Albou,
avec Lizzie Brocheré, Olympe Borval, Najib Oudghiri…
1942, Tunis. Nour est arabe, Myriam est juive,
mais entre elles existe une amitié indéfectible.
Les deux jeunes filles rêvent d’amour, jusqu’au
moment où la mère de Myriam, pour payer la
taxe à l’occupant allemand, fiance sa fille à un
riche médecin. Pour Myriam, les rêves d’amour
s’écroulent, la présence nazie devient insupportable. Celles que l’amitié unit si fort se
retrouvent séparées et doivent lutter pour ne
pas se perdre.
Après le beau film La Petite Jérusalem, nominé
aux Césars en 2005, la réalisatrice nous livre une
œuvre forte, sur la féminité, la sensualité féminine, les rapports entre Juifs et Arabes. Une
œuvre habitée par des personnages féminins
déterminés, au désir de vivre intense, et magnifiquement filmé. À découvrir.
Bibliographie
: dossier de presse, sites Internet.
+ COURT MÉTRAGE
semaine du 17 au 23 décembre
10 films pour en parler
Film de Laurence Ferreira Barbosa
France – 2007 – 3’33, de Laurence Ferreira Barbosa avec Laurence Estival,
Sophie Medina, Dominik Bernard…
Dans une salle d’autopsie, sur la paillasse,
repose le corps d’une femme battue à mort par
l’homme avec qui elle vivait. Laurence Ferreira
Barbosa a choisi pour illustrer les violences
conjugales de mettre en exergue la dialectique
entre amour et brutalité. Ainsi, à l’austérité du
milieu médical, aux couleurs froides de la salle
de l’autopsie et à l’automatisme de la prise de
notes viennent se heurter, l’espace d’un instant,
le sentiment humain, la pudeur et la sensibilité.
Un constat aussi simple et touchant que la chaleur d’une larme.s
Choron dernière
Vie et mort du Professeur Choron
et de Charlie Hebdo
France – 2008 – 1h45 de Pierre Carles et Éric Martin,
avec Georges Choron Bernier, Cabu, Siné, François Cavanna…
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Années 60… la presse française est tristounette, le pouvoir gaullien et la bienséance à tout
prix font peser une chape de plomb sur une
France qui dort. Toute la France ? Non, car
dans une rue parisienne un fou furieux a décidé
de taper fort dans la fourmilière. Il s’appelle
Georges Bernier, l’un de ses amis s’appelle
François Cavanna. Le premier sera bientôt
connu sous le titre de Professeur Choron et le
bébé de papier qu’il concevra avec son ami s’appelle Hara-Kiri, vite auto-proclamé « journal
bête et méchant ». Ces gens-là en effet (rejoints
par des génies comme Topor, Cabu, Gébé ou
Reiser) ne sont pas des gens bien élevés et la
justice le leur fera payer à plusieurs reprises de
lourdes sanctions, allant jusqu’à l’interdiction
de paraître.
Aujourd’hui, un cinéaste lui aussi assez mal
élevé et bien connu de nos services a décidé de
tourner les projecteurs vers cet homme de
l’ombre, ce « gentleman déguisé en salaud ».
Après avoir porté sa caméra vers le monde du
(non) travail (Attention, danger, travail ; Volem rien
foutre al pais…) Pierre Carles brosse ici le portrait d’un artiste et d’un homme de presse mort
voici trois ans et dont les enfants n’en finissent
pas de bouger.
Bibliographie : dossier de presse.
AVANT PREMIÈRE du film Choron dernière
vendredi 19 décembre à 19h45
en présence du réalisateur PIERRE CARLES
Cliente
France – 2008 – 1h44 – de et avec Josiane Balasko,
Nathalie Baye, Eric Caravaca, Isabelle Carré…
Judith a la cinquantaine séduisante et dirige une
émission de téléachat. Divorcée, elle vit seule,
avec pour confidente sa sœur Irène, qui est la
seule à connaître son secret : elle s’offre les services sexuels de jeunes hommes choisis sur
Internet. Elle rencontre ainsi Patrick, qu’elle
trouve gentil et simple. Or Patrick (en réalité
Marco) est marié et profondément amoureux
de sa femme Fanny, laquelle pense que son mari
fait des chantiers.
Malgré le succès populaire de la réalisatrice
(Gazon maudit en 95, L’Ex-femme de ma vie en
05) et de l’actrice (notamment avec Les Bronzés), Josiane Balasko a mis plusieurs années à
faire ce septième film. Le sujet était considéré
comme trop… immoral. Il aura fallu le succès
du livre (100 000 exemplaires) pour qu’elle
puisse le mettre en scène avec un casting alléchant. « Je me suis accrochée parce que je trouvais
8
– Les CARNETS du STUDIO
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curieux que l’on m’empêche de raconter une histoire. »
Bibliographie : www.telerama.fr - www.laprovence.com
Comme une étoile dans la nuit
film
du
moi s
FILM DU MOIS, VOIS AU DOS DU CARNET.
L’Échange
USA – 2008 – 2h21, de Clint Eastwood,
avec Angelina Jolie, John Malkovich, Jeffrey Donovan…
E
1928 : Christine Collins vit seule à Los Angeles,
avec un petit garçon de neuf ans, Walter. Celuici est enlevé. Cinq mois plus tard la police lui
ramène un enfant qui serait Walter, mais qu’elle
ne reconnaît pas. Christine veut connaître la
vérité, et devant son obstination, la police l’arrête et la fait enfermer comme folle. Inspiré
d’un fait-divers de l’époque, le film d’Eastwood
est une dénonciation vigoureuse d’une société
gangrenée par la corruption, machine à broyer
les êtres, dont les instruments sont la police, la
prison, et l’hôpital. Un film très remarqué à
Cannes, à la facture classique revendiquée, avec
une Angelina Jolie transcendée. Un magnifique
film politique.
Bibliographie : Le Nouvel observateur (21/05/2008), Le Monde (21/05/2008), sites Internet.
L’Enfant au grelot
VF, VOIR PAGES JEUNE PUBLIC, EN FIN DE CARNET.
Faubourg 36
France – 2008 – 2h, de Christophe Barratier,
avec Gérard Jugnot, Clovis Cornillac, Kad Merad…
Dans un faubourg populaire du nord de Paris
en 1936, l’élection printanière du gouvernement du Front Populaire excite les plus folles
espérances et la montée des extrêmes. C’est
là que trois ouvriers du spectacle au chômage
décident d’occuper de force le music-hall qui
les employait il y a quelques mois encore, pour
y monter un spectacle à succès.Il le savait, on
l’attendait au tournant. Quatre ans après avoir
connu le succès pour Les Choristes, il lui était
interdit de refaire un film avec de la musique,
des chansons et Gérard Jugnot. Mais voilà,
Christophe Barratier reprend les mêmes et
récidive. Et, contre toute attente il semble avoir
bien fait, en mieux. Entre la comédie musicale
et la comédie dramatique, il dépeint un Paris,
pas tout à fait réel, pas tout à fait imaginaire
avec pour références Carné, Duvivier, René
F
Clair, Prévert, Clouzot… Espérons qu’il en soit
digne.
Bibliographie
H
: dossier de presse, commeaucinema.com
Hellboy 2, les légions d’or maudites
USA – 2008 – 1h59, de Guillermo del Toro,
avec Ron Perlman, Selma Blair…
Une terrible menace plane sur la planète depuis
que Nuada, le Prince de l’Invisible, a décidé de
réveiller ses armées de créatures fantastiques.
Mais n’ayez crainte, braves gens car, Dieu (?)
merci, au bureau de Défense et Recherches paranormales, on a un atout bien particulier en la
personne de Hellboy, un agent très… spécial
qui sera le seul à être capable de sauver la Terre
de la destruction. Évidemment, lorsque votre
patrimoine génétique vous emmène quelque
peu vers les odeurs de soufre, il est des choix
difficiles à faire…
Guillermo Del Toro n’a plus guère de preuves
à faire : après Le Labyrinthe de Pan, Hellboy et
L’Échine du Diable on le sait parfaitement à l’aise
dans le domaine du fantastique, capable de distiller de la poésie dans les moments les plus difficiles comme de se laisser aller à une franche
loufoquerie…
Bibliographie
: imdb.com
Hunger
Grande-Bretagne – 2008 – 1h40, de Steve McQueen,
avec Michael Fassbender, Liam Cunningham…
1981, Irlande du nord. Raymond Lohan est
surveillant à la prison de Maze, au quartier H.
C’est là que les prisonniers politiques de l’IRA
manifestent leur colère en débutant le Blanket
and No-Wash Protest. Pour gardiens et détenus,
la vie devient un enfer. Arrive un nouveau
détenu, Davey Gillen, qui intègre le Blanket
Protest. Il partage sa cellule avec Gerry Campbell, qui va lui montrer comment communiquer
avec le monde extérieur. Cela n’est possible
que grâce à Bobby Sands, leader du mouvement. La tension monte et la rébellion éclate,
vite matée dans le sang. B. Sands s’apprête alors
à entamer une grève de la faim pour que les
détenus de l’ira obtiennent un statut à part…
Prix de la Caméra d’or, Cannes 2008.
I
Bibliographie
: dossier de presse.
I feel good
Grande-Bretagne – 2008 – 1h48, de Stephen Walker,
avec la chorale du groupe Young@Heart et Bob Cilman…
Pour le 2 008e anniversaire de l’enfant Jésus,
un reportage sur la chorale des enfants à la
croix de bois eût été bienséant. Mauvaise
pioche ! Stephen Walker a choisi de filmer des
choristes du Massachusetts dont la moyenne
d’âge est à peu près égale à 80 ans. Qui plus est,
leur répertoire frise celui de James Brown et
nous fait grâce de l’Ave Maria. Avec la mort à
portée de la main mais à cœur joie, ils entonnent : « I feel good […] I feel nice, like sugar and
spice ». Ce faisant, les chanteurs n’oublient pas
de se montrer acteurs de la société. Ils dégomment les idées reçues et fustigent la morosité.
Inutile de leur demander de se mettre au diapason !
Doublement primé au festival Paris Cinéma, ce
documentaire inondera de lumière, de vérité
et de drôlerie les salles obscures, tout autant
que les veillées de Noël. Le documentariste
anglais, Stephen Walker, mérite d’être connu
en France.
Bibliographie
: www.abusdecine.com
+ COURT MÉTRAGE
semaine du 24 au 30 décembre
Paul
France – 2004 – 7’20, de Cécile Rousset, Animation.
« Paul a été mon voisin pendant 15 ans. Il est comédien,
il a aujourd’hui 83 ans. Je l’ai enregistré me racontant sa
vie, puis j’ai ajusté prises de sons réels et images animées
vers un portrait proche de ce qu’est pour moi cet
homme. » L’image, mêlant dessins sur papier et images
d’archives, embrasse, à travers le récit d’un homme
de 83 ans, rien moins que l’histoire du xxe siècle.
Il divo
Italie – 2008 – 1h40, de Paolo Sorrentino,
avec Toni Servillo, Anna Bonaiuto, Giulo Bossetti…
Le film présente l’histoire du premier ministre
italien, Giulio Andreotti qui, depuis 1946, a été
élu et réélu sept fois de suite. Impénétrable,
cynique, Andréotti est la figure même du pouvoir, qui est sa raison d’être et dont il connaît
tous les ressorts ; nommé « L’inoxydable » ou
« Il Divo », jusqu’au moment où la Mafia décide
de lui déclarer la guerre…
Loin du biopic traditionnel, Paolo Sorrentino
présente un film rythmé, brillant, servi par
l’étonnante prestation de son acteur Toni Servillo. Il Divo a obtenu le Prix du Jury au Festival
de Cannes 2008.
Bibliographie
: blog du CNC ; Avènecinéma ; Première.fr.
Je veux voir
France/Liban – 2008 – 1h15 de Joana Hadjithomas, Khalil Joreige,
avec Catherine Deneuve, Rabih Mroué…
J
Les réalisateurs (déjà auteurs du très beau A
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9
perfect day) racontent leur film ainsi : « Juillet
2006. Une guerre éclate au Liban. Une nouvelle
guerre mais pas une de plus, une guerre qui vient
briser les espoirs de paix et l’élan de notre génération. Nous ne savons plus quoi écrire, quelles histoires raconter, quelles images montrer. Nous nous
demandons : “Que peut le cinéma ?”. Cette question, nous décidons de la poser vraiment. Nous partons à Beyrouth avec une icône, une comédienne
qui représente pour nous le cinéma, Catherine
Deneuve. Elle va rencontrer notre acteur fétiche,
Rabih Mroué. Ensemble, ils parcourent les régions
touchées par le conflit. À travers leurs présences,
leur rencontre, nous espérons retrouver une beauté
que nos yeux ne parviennent plus à voir. Une aventure imprévisible, inattendue commence alors…»
Qu’ajouter de plus ? Le programme donne
envie d’aller y voir de plus près. Ajoutons juste
que cette aventure hors du commun a été présentée et très bien reçue au dernier festival de
Cannes.
Bibliographie
: dossier de presse.
+ COURT MÉTRAGE
semaine du 10 au 16 décembre
Le Jour de gloire
France – 2007 – 7’, de Bruno Collet.
La nuit précédant l’offensive, un soldat s’est retranché au fond d’un souterrain. Dehors, la guerre gronde
à faire trembler la terre, et l’homme se prépare à
l’inéluctable. Demain, il s’arrachera avec ses camarades à la boue de la tranchée pour s’élancer sous la
terrible pluie d’acier du champ de bataille…
Johny Mad Dog
France – 2008 – 1h33, de Jean-Stéphane Sauvaire,
avec Christopher Minie, Daisie Victoria Vandy…
Pour traiter la question des enfants-soldats en
Afrique, Jean-Stéphane Sauvaire s’est rendu au
Libéria et a proposé à des garçons d’interpréter leur propre rôle, espérant que cette expérience permettrait de rebondir sur le pire.
Avec leurs prénoms de bande dessinée et leur
allure de rappeurs, ces héros sordides sont aux
prises avec la bestialité, la violence et la drogue.
Il ne s’agit pas d’un mauvais jeu vidéo, mais de
la réalité de ces enfants qui s’attachent à devenir des « chiens méchants ». Aux images choquantes, succède la réflexion distancée d’un
jeune homme sur la guerre, sur la vie et sur
l’amour, à peine un souffle.
Auteur du documentaire (Carlitos Medellin),
10
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Jean-Stéphane Sauvaire se distingue à nouveau
avec ce film présenté à Cannes en sélection officielle. Il a obtenu le Prix de l’espoir.
Bibliographie : www.jmdfoundation.org,
http://cannes2008.canalplus.fr/film-johnny-mad-dog-20-mai-2008.aspx
Laban, le petit fantôme
VF, voir pages jeune public, en fin de carnet.
Leonora
Argentine – 200 – 1h53, de Pablo Trapero,
avec Martina Gusman, Elli Medeiros…
Julia, 26 ans, enceinte, découvre chez elle le
corps de deux hommes dont celui du père de
son enfant. Incapable de se souvenir du
meurtre, elle est incarcérée dans une prison
spéciale pour jeunes mères. Elle y donne naissance à un fils. Lorsqu’elle est condamnée, Julia
sait qu’elle ne pourra le garder que quatre ans.
Malgré l’enfermement, elle y vit de véritables
moments de bonheur. Un jour, la mère de Julia,
exilée en France depuis plusieurs années, vient
prendre le garçon…
On avait découvert Pablo Trapero avec la nouvelle vague argentine dans des films minimalistes : Mundo grua (99) et El bonaerense (02).
Grâce à une observation quasi documentaire
et une remarquable mise en scène, il tire des
moments d’une rare intensité de cette communauté de femmes et d’enfants, aussi bien
dans la cruauté et la violence que dans la joie
et l’amour. Mais Leonora est avant tout le portrait d’une seule femme, Julia, la lionne du titre
et tient sur la performance de l’actrice Martina
Gusman : une révélation.
Bibliographie : www.arte.com, www.lemonde.fr
Louise Michel
France – 2008 – 1h30, de et avec Benoît Délepine, Gustave Kervern
et Yolande Moreau, Philippe Katerine, Benoît Poelvoorde,
Albert Dupontel, Bouli Lanners…
Quelque part en Picardie, le patron d’une
entreprise de cintres vide ses locaux dans la
nuit pour la délocaliser. Le lendemain, quelques
ouvrières se réunissent et décident de mettre
le peu d’argent de leurs indemnités dans un
projet commun : faire buter le patron voyou par
Film pouvant intéresser les adolescents,
les parents restant juges.
L
un professionnel. Mais elles choisissent le plus
minable de sa génération…
Après les ovnis : Aaltra (04), road-movie en
chaises roulantes et Avida (06), magnifique recréation surréaliste, les deux Grolandais ont
écrit le scénario (primé au Festival de San
Sebastian) d’une aventure mi-anarchiste, miburlesque qui mènera le spectateur via
Bruxelles jusqu’à un lointain paradis fiscal.
« Nous voulons une comédie noire, vraiment drôle
et vraiment noire, avec deux personnages principaux à la fois radicaux et attachants. Un western
social d’aujourd’hui où les gentils peuvent devenir
méchants et où les méchants sont des voyous d’un
nouveau genre, rarement dépeints au cinéma. »
Produit par Mathieu Kassovitz, Louise Michel a
reçu l’Amphore d’or du dernier Festival Grolandais de Quent !
Bibliographie : www.cineuropa.org - www.festival-quend-filmgrolandais.blogspot.com
M
Mensonges d’état
USA – 2008 – 2h08, de Ridley Scott,
avec Leonardo Di Caprio, Russell Crowe, Mark Strong…
Pour aller à la recherche d’un terroriste qui
prévoit une attaque sans commune mesure aux
USA, la CIA recrute Roger Ferris. Ce dernier
doit s’assurer du soutien du très rusé vétéran
de la CIA Ed Hoffman et du chef des renseignements jordaniens.
Mais sont-ils fiables ? Dangereux pour son opération ?
Di Caprio, Crowe et Strong sont les pivots de
ce film d’action. Ridley Scott nous entraîne dans
un haletant suspense d’espionnage mis en scène
de main de maître. Il a adapté Une vie de mensonges, le palpitant roman de David Ignatius,
journaliste d’investigation spécialiste de la CIA.
On sent que le réalisateur connaît parfaitement
son sujet et le monde arabe. Il a bien restitué
les parfums, les ambiances, les caractères, et les
scènes d’action sont réglées au cordeau !
Bibliographie : internet.
Mes plus belles années
Israël – 2008 – 1h40, de Reshef Levy,
avec Oshri Cohen, Michael Moshonov, Shmil Ben Ari…
Nous sommes en Israël, au début des années
80. Au cœur de la famille Lévy, unie comme les
doigts de la main, le jeune Eretz a tout pour
être heureux. L’arrivée en ville de la belle et
exotique Neta va bouleverser sa vie partagée
jusque là entre le lycée, les copains et les
fêtes… Comment réaliser son rêve, sans faire
voler sa famille en éclat, et que vaut la vie de
celui qui ne réalise pas son rêve ?
Mes plus belles années est le premier long
métrage de Reshef Lévy. Il est applaudi par la
critique et le public : 14 nominations au Israeli
Film Academy Awards. Record du box office
israélien : plus de 200 000 entrées à l’été
2008… Allons vite découvrir ce qui fait le succès de ce premier film !
Bibliographie : internet.
Mesrine : l’instinct de mort –1–
France – 2007 – 1h53, de Jean-François Richet, avec Vincent Cassel,
Gérard Depardieu, Cécile de France, Olivier Gourmet, Samuel Le Bihan…
Avant de devenir l’Ennemi public numéro un
(titre du deuxième volet de cette série consacrée au plus célèbre des bandits français de la
fin du XXe siècle) Mesrine était passé par l’Algérie, des petits braquages, une carrière de
truand avec cavale au Canada alors qu’il n’était
pas encore l’icône qu’il deviendrait lorsque la
brigade anti-gang allait le tuer.
Face à un tel sujet, la question du regard est
centrale et l’on sait que J-F Richet (État des lieux,
Ma 6T va crack-er…) n’est guère enclin à la clémence envers les institutions. Or, il semble ici
se refuser à glorifier tout comme à condamner.
Néanmoins, le simple fait que le film soit présenté comme une sorte de polar français mais
à l’américaine (entendez par là : très efficace)
pourrait donner à penser que l’on est peut-être
un tout petit plus du côté du héros que de celui
de ses ennemis.
Bibliographie
: dvdrama.com
; dossier de presse.
Mia et le Migou
VF, voir pages jeune public, en fin de carnet.
Musée haut, musée bas
France – 2007 – 1h35, de Jean-Michel Ribes, avec Michel Blanc,
Pierre Arditi, Josiane Balasko, Muriel Robin, Isabelle Carré,
Yolande Moreau, André Dussolier, François Morel, Valérie Lemercier,
Tonie Marshall, Daniel Prévost…
Chaque jour au musée, les salles se peuplent
de multiples personnalités et personnages. Certains y travaillent, d’autres le visitent… C’est
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ainsi qu’on peut y croiser des provinciaux
amoureux des Impressionnistes, un haut représentant de l’État bien en peine lors d’une exposition de sexes…
Dialoguiste, scénariste, acteur, metteur en
scènes (Brèves de comptoir), adaptateur (Cœurs,
de A. Resnais), créateur de la série Palace, JeanMichel Ribes réalise une fiction s’inspirant de
sa pièce éponyme. Avec son sens de l’absurde
et une telle distribution, Musée haut, musée bas
se révèle telle une véritable comédie humaine
flirtant avec le burlesque.
Bibliographie : dossier de presse.
My Magic
Singapour – 2008 – 1h15, de Éric Khoo,
avec Francis Bosco, Jathishweran Naidu, Grace Kalaiselvi…
Depuis que sa femme l’a quitté, Francis est au
bout du rouleau. Il travaille comme serveur
dans une boîte de nuit, et noie son chagrin dans
l’alcool. Son fils de dix ans se débrouille seul,
mais reproche à son père de se laisser aller. Par
amour pour son enfant, Francis décide de
renouer avec son ancien métier : magicien…
Après le remarqué Be with me (05), l’unique
cinéaste singapourien connu en Occident, Éric
Khoo, réalise ce film de fakir au talent polyvalent. Autant Be with me était composite comme
une mosaïque, autant ce film-ci repose sur un
scénario très simple. Par des gros plans du
visage replet de Francis qui exprime la plus profonde déréliction, le réalisateur singapourien
évite toute obscénité. Il dévoile les sévices
inouïs que son personnage accepte de subir,
lorsque la rédemption s’est muée en sacrifice.
Tours de passe-passe et mélodrame, résultats
d’un tournage de neuf jours. Ce record de
concision, qui en remontrerait à beaucoup, se
révèle surtout un miracle de cinéma.
Bibliographie
N
: Télérama du 08/11/2008, Le Monde du 04/11/08.
Nos enfants nous accuseront
France – 2008 – 1h47, documentaire de Jean-Paul Jaud.
La courageuse initiative d’une municipalité du
Gard, Barjac, qui décide d’introduire le bio dans
la cantine scolaire du village. Le réalisateur
brosse un portrait sans concession sur la traFilm pouvant intéresser le jeune public,
les parents restant juges.
12
– Les CARNETS du STUDIO
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–
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gédie environnementale qui guette la jeune
génération : l’empoisonnement de nos campagnes par la chimie agricole (76 000 tonnes de
pesticides déversées chaque année sur notre
pays) et les dégâts occasionnés sur la santé
publique. Un seul mot d’ordre : ne pas seulement constater les ravages, mais trouver tout
de suite les moyens d’agir, pour que, demain,
nos enfants ne nous accusent pas.
Ce documentaire sur les ravages de l’agriculture intensive et ses conséquences sur la santé
des consommateurs a déjà fait le tour des blogs
écolos. Ex-réalisateur de grands directs sur
Canal+, son auteur, Jean-Paul Jaud, a souffert
d’un cancer du côlon dû à la présence de résidus toxiques dans l’alimentation. Sentencieux
et alarmiste, le film navigue entre discours officiels, rapports d’experts et reportage alarmant.
Bibliographie : Télérama du 08/11/08.
La Nounou
VF, voir pages jeune public, en fin de carnet.
Le Plaisir de chanter
France – 2008 – 1h38, de Ilan Duran Cohen,
avec Marina Foïs, Lorànt Deutsch, Jeanne Balibar…
Muriel aimerait bien un enfant mais ça n’est pas
facile quand on est haut placée dans les services
secrets et quand le seul homme qui semblerait
disponible est placé sous vos ordres. Et ça l’est
encore moins quand ledit homme ne veut pas
d’enfant…
Il n’y a aucune raison pour que les choses s’arrangent lorsque votre prochaine mission vous
emmène dans un cours de chant lyrique sur les
traces de la richissime veuve d’un trafiquant
d’uranium. Alors, quand le cours de chant en
question s’avère être infesté d’espions qui tous
courent après des documents que la veuve
pourrait bien avoir… on comprend que la
confusion des genres évoquée par le titre du
premier film d’Ilan Duran Cohen concerne
aussi un mélange de genres cinématographiques : de l’espionnage à la loufoquerie en
passant par le bizarre, voici un film qui lorgne
sur tous les genres et tire dans tous les coins.
Biblio
: evene.fr
; mulderville.net
P
+ COURT MÉTRAGE
semaine du 3au 9 décembre
La Leçon de danse3
France – 2006 – 5’, de Philippe Prouff, avec Maxime Dorian.
Ce film est destiné à tous ceux qui veulent épater la
galerie avec un apprentissage simple et révolutionnaire de différents mouvements de danse. Vous n’aurez désormais plus aucune excuse pour ne pas
remuer votre corps au son des rythmes digitaux.
Les Plages d’Agnès
France – 2007 – 1h50, de et avec Agnès Varda.
Agnès Varda revient sur les plages qui ont marqué sa vie. Elle se met en scène au milieu d’extraits de ses films, d’images et de reportages,
inventant une forme d’auto-documentaire.
Avec humour, générosité et émotion, elle nous
fait partager ses débuts de photographe de
théâtre puis de cinéaste novatrice dans les
années cinquante, sa vie avec le réalisateur
Jacques Demy, la Nouvelle Vague, son engagement féministe, ses voyages à Cuba, en Chine
et aux USA, son parcours de productrice indépendante, sa famille et son amour des plages.
C’est un voyage à la poésie surréaliste qui a
enchanté « par sa simplicité et sa fantaisie » (J.
Morice) lors du Festival de Venise que signe
cette femme créatrice d’exception, réalisatrice
notamment du savoureux Les Glaneurs et la glaneuse (99). Également actrice, scénariste, dialoguiste, monteuse, plasticienne !
Bibliographie
: dossier de presse
; Site de Télérama.fr
AVANT PREMIÈRE du film :
Les Plages D’agnès :
mardi 16 décembre à 19h45
S
Séraphine
France – 2007 – 2h05, de Martin Provost,
avec Yolande Moreau, Ulrich Tukur, Anne Bennent, Françoise Lebrun…
1912. Le collectionneur allemand Wilhelm
Uhde, l’un des premiers acheteurs de Picasso
et découvreur du Douanier Rousseau, s’installe
à Senlis et prend à son service Séraphine, une
femme de ménage de nature secrète, que l’on
dit un peu dérangée. Plus tard, il remarque chez
des notables locaux une peinture sur bois… et
apprend avec étonnement que Séraphine en est
l’auteur. S’amorce alors une relation pour le
moins inattendue entre le mécène – premier
collectionneur des peintres dits naïfs – et l’ar-
tiste originale.
Après Le Ventre de Juliette (03), Martin Provost
signe ici une fiction inspirée de la vie bien réelle
de la peintre autodidacte Séraphine Louis
Maillard. En pleine page de l’Art moderne, une
rencontre humaine, artistique et véritablement
poignante à découvrir !
Bibliographie : dossier de presse.
Serbis
Philippines – 2008 – 1h33, de Brillante Mendoza,
avec Gina Pareno, Jaclyn Jose, Julio Diaz…
Nous sommes à Angeles, aux Philippines, au
cœur d’un vieil immeuble dans lequel se trouve
un cinéma qui projette des films érotiques.
C’est là que vit la famille Pineda qui exploite les
lieux. Dans ce monde en miniature, qui regorge
de bruits et qui grouille en permanence, se
mêlent toutes les générations. Un endroit
proche de la ruine qui est aussi un lieu de rencontres et de commerce (restaurant au rez-dechaussée, prostitution à quasiment tous les
étages). Sans presque en sortir, nous allons y
rencontrer les divers membres de la famille et
découvrir leurs histoires…
Serbis donne l’impression d’être constamment
pris sur le vif (comme le précédent film de
Brillante Mendoza, le beau John John) et fait ressentir le mouvement perpétuel qui agite ce lieumonde. Film physique, concret, Serbis est une
œuvre étonnante qui mêle plusieurs thèmes, de
la prostitution des jeunes à la désagrégation
d’une famille, entre autres. Bref, une œuvre passionnante qui confirme le talent de Brillante
Mendoza. JF
Sleep Dealer
Mexique – 2008 – 1h30, de Alex Rivera,
avec Léonor Varela, Jacob Vargas, Luis Fernando Peña…
Mexique, dans un futur proche. Memo Cruz
vit pauvrement dans son village, avec son père.
La nuit, il écoute un poste de radio qu’il a bricolé, et où des hommes parlent de la vie dans
les grandes villes. Memo rêve de faire comme
eux. Les militaires qui ont repéré sa radio et
l’ont prise pour un émetteur de terroriste
bombardent sa maison et tuent son père.
Désespéré, Memo part pour la ville.
Il doit se faire greffer clandestinement des cel-
Les CARNETS du STUDIO
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13
lules nerveuses pour intégrer l’usine dont il
rêvait. Et il découvre un monde virtuel, cruel,
où le Mexique sert de réserve bon marché aux
USA. Film mexicain sur le Mexique des pauvres,
film d’anticipation aussi, Sleep Dealer nous parle
du monde qui se prépare, de l’exploitation de
la pauvreté, servi par des acteurs excellents.
Après Guillermo del Toro et Alfonso Cuaron, le
cinéma mexicain a trouvé un autre réalisateur
talentueux, dont Sleep Dealer est le premier
opus.
Bibliographie
: dossier de presse, sites Internet.
La Souris du Père Noël
VF, voir pages jeune public, en fin de carnet.
T La Terre des hommes rouges
Brésil – 2008 – 1h46, de Marco Bechis,
avec Claudio Santamaria, Chiarta Caseli…
Après le suicide de l’un des siens, Nadio, le
chef d’une tribu Guarani du Mato Grosso
décide de récupérer les terres dont ils ont été
spoliés autrefois et où des fazendeiros cultivent
du soja transgénique. Deux mondes se font
face. Quand une idylle se noue entre la fille d’un
grand propriétaire terrien et le fils du chaman,
l’affrontement semble inévitable…
Après plusieurs films sur la dictature militaire,
la torture : Garage Olimpo (99) et les disparitions d’enfants : Figli/Hijos (01), qui ont reçu une
dizaine de prix internationaux, le réalisateur
italo-argentin a voulu filmer le combat des
Indiens du Brésil. Mais contrairement à Mission
où les Indiens Waunana avaient des rôles de
figurants derrière De Niro et Irons, il a voulu
que les Indiens Kaiowa aient le premier rôle.
« Tout le film est envisagé du point de vue des
Indiens : mon propre point de vue de cinéaste n’a
été forgé qu’après avoir parlé avec eux. » Sur un
rythme de western à l’ancienne, et la musique
baroque du jésuite Domenico Zipoli, son film
tente de conserver leur humour et leur goût
pour le fantastique.
Bibliographie : dossier de presse.
The Visitor
USA – 2008 – 1h45, de Thomas Mc Carthy,
avec Richard Jenkins, Marian Seldes, Hiam Abbass…
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Professeur d’université, la soixantaine, Walter
Vale survit : il enseigne comme il apprend le
piano, sans conviction. Une conférence à Manhattan le ramène dans l’appartement qu’il possède, où il va découvrir un couple de clandestins, Tarek et Zainab, victimes d’une
escroquerie. Au départ peu enclin à la mansuétude, cet « a priori revenu de tout » va finalement partager bien plus que son toit avec le
jeune couple : en s’initiant au djembé avec
Tarek, il va revenir à la vie, s’ouvrir au monde,
renouer avec ses émotions, l’amitié, la curiosité… Révolté par l’arrestation du jeune
homme dans le métro et par les conditions de
son incarcération, Walter va tout faire pour
soutenir son ami et dénoncer l’injustice du système… Avec ce film (son second après The Station Agent) salué par la critique internationale
et récompensé par Le grand Prix du Festival de
Deauville 2008, le réalisateur signe une œuvre
politique et émouvante, sans pathos ni clichés ;
un film qui nous parle de nous, un beau film sans
aucun doute !
Bibliographie
: sites Agora vox, Sur la route du cinéma
Two Lovers
USA – 2008 – 1h50, de James Gray, avec Joaquin Phoenix,
Gwyneth Paltrow, Vinessa Shaw, Isabella Rossellini…
New York. Suite à un échec amoureux, Leonard Kraditor vient s’installer à Brooklyn près
de ses parents et fait la connaissance de Sandra… la femme que ses parents lui ont choisie.
Mais il rencontre également Michelle, par
hasard, dans les couloirs de son immeuble. Et
tombe éperdument amoureux. Leonard est
alors déchiré entre ces deux femmes, très différentes l’une de l’autre…
Après plusieurs thrillers, le réalisateur newyorkais a eu envie d’écrire une histoire
d’amour. Two lovers s’inspire notamment d’une
nouvelle de Dostoïevski – Les Nuits blanches –
dont le héros développe une véritable obsession pour une femme croisée dans la rue.
Outre la question du rapport à l’amour, on
retrouve ici le regard de J. Gray « sur la façon
dont les origines sociales et la nature intrinsèque
de ses personnages déterminent leur destin ».
Bibliographie : dossier de presse.
U
Une famille chinoise
Chine – 2007 – 1h55, de Wang Xiaoshuai, avec Liu Weiwei, Jiayi Zhang…
Mei Zhu et Xiao Lu sont divorcés et ont refait
leur vie. Le jour où ils apprennent que leur
petite fille est atteinte de leucémie, et que sa
meilleure chance de guérison réside dans la
conception d’un petit frère ou d’une petite
sœur qui pourrait faire office de donneur de
moelle osseuse, on comprend aisément le
dilemme qui s’offre à eux.
Ce qui pourrait passer pour le pire des mélos
a en fait été remarquablement reçu par la critique qui salue tout autant le travail de présentation d’une société chinoise modernisée (mais
encore empreinte de tradition) que la sobriété
de la mise en scène ou le talent des acteurs. Un
film d’autant plus vivement attendu que le réalisateur n’a manifestement pas hésité à dévier
de ce que l’on pourrait imaginer (le désarroi
individuel) pour viser des perspectives bien plus
larges mettant notamment en cause la place de
la femme de la société, le statut du couple ou
la politique familiale chinoise.
Bibliographie
USA – 2007 – 1h46, de Craig Gillespie,
avec Ryan Gosling, Emily Mortimer, Patricia Clarkson…
Un petit village du Middlewest. Dans le garage
aménagé de son frère Gus et de sa femme
Karin, vit Lars. C’est un homme timide et plutôt introverti. Alors, quand il leur annonce qu’il
a fait la rencontre de Bianca via Internet et que
celle-ci ne va pas tarder à lui rendre visite, Gus
et Karin, soulagés, s’impatientent de la
connaître. Or, leur surprise est grande lorsqu’ils rencontrent l’étrange jeune fille. Cependant, sur les conseils de leur médecin, ils décident de ne pas blesser Lars en l’acceptant. Aussi
Bianca va-t-elle accompagner Lars à ses activités – à l’église, au supermarché, à table – suscitant la stupéfaction générale du village…
Autour du personnage de Lars, joué superbement par R. Gosling, cette histoire a priori
décalée, se révèle particulièrement riche en
émotions.
Bibliographie
: dossier de presse.
: dvdrama.com, dossier de presse.
Cinéma
TOURS
Une fiancée pas comme les autres
Henri LANGLOIS
lundi 8 décembre – 19h30
Soirée proposée et présentée par
les élèves en section Audiovisuel
du Lycée Balzac.
Sergent York
de Otto Preminger (1944) USA NB 88’
lundi 15 décembre – 19h30 / 21h15
HOMMAGE À FRANK BORZAGE
Lucky Star (L’Isolé)
lundi 22 décembre – 19h30
L’Homme de la rue
de Franck Capra (1941) USA NB 135’
lundi 5 janvier – 19h30
HOMMAGE À GÉRARD PHILIPE
Pot-Bouille
de Julien Duvivier (1957) Fr NB 115’
de Frank Borzage (1929) USA NB muet 106’
The Moral Storm
de Franck Borzage (1940) USA NB 100’
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15
en bref
ici. . .
` ENFIN SOBRE !
Si nul n’est indispensable, tous les comédiens sontils interchangeables ? Ah le rôle de composition : valeur
sûre pour le comique notamment, en termes de nombre d’entrées certes, mais également en tant que tremplin, pour obtenir
ses lettres de noblesse, auprès de ses pairs mais surtout auprès de
la critique, pas toujours tendre avec les clowns. Mais est-ce que tous
peuvent réussir le grand écart opéré par un Bourvil, un Coluche (Tchao
Pantin), par une Valérie Lemercier (Vendredi soir) entre autres ? Enfin tout
cela pour dire, qu’après Daniel Auteuil, capable lui de passer de la panoplie du
séducteur potache à celle du mythomane infanticide, puis Dany Boon (un peu
jeune encore dans le métier), ce sera finalement Christian Clavier qui devrait interpréter le rôle d’Hervé Chabalier dans l’adaptation de l’autobiographie évoquant son
addiction à l’alcool : Un dernier pour la route. Une leçon de sobriété et d’humilité
pour le comédien préféré de notre président ?
` À L’OUEST, DU PRESQUE NOUVEAU !
James Huth réalisateur du très oubliable Brice de Nice retrouve son interprète, le très
couru Jean Dujardin, pour une nouvelle adaptation des aventures du « pauvre cow-boy
solitaire » Lucky Luke. En fait ce qui est intéressant dans ce projet, c’est la présence de
comédiens qui ont en général tendance à miser sur la qualité : Sylvie Testud incarnera la maîtresse femme de légende, Calamity Jane, tandis que Melvil Poupaud sera
Jesse James ; plutôt rassurant non ? Aïe, on annonce aussi Michael Youn, mais pas
dans la peau de Rantanplan, ni de Jolly Jumper.
` DE LA BONNE GRAINE
Hafsia Herzi l’héroïne de La Graine et le mulet et de Française ne semble pas faire
partie de celles, qui en raison de leur jeunesse et/ou de leur naïveté, se retrouvent associées à des projets qui tout en les exploitant ne leur permettent pas
de poursuivre une carrière à long terme, comme par exemple, ce fut le cas
dans les années 80, pour Valérie Kaprisky! C’est donc avec Alain Guiraudie (Ce vieux rêve qui bouge, Pas de repos pour les braves…) et son
Roi de l’Évasion que la jeune comédienne poursuit son destin cinématographique.
` NOUS SOMMES (DÉCIDÉMENT) BIEN
PEU DE CHOSES…
Il semblerait qu’il nous faille encore
attendre pour faire l’expérience du Clavier
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en bref
dépouillé,
puisque c’est désormais
François Cluzet qui est annoncé
dans le rôle d’Hervé Chabalier. Le dernier
pour la route cette fois ?
et ailleurs
` CHARLOTTE FOR HORROR
Charlotte Gainsbourg est une des rares actrices françaises à être engagée
par des réalisateurs étrangers pour représenter un peu plus que la Frenchie
de service. Ainsi après avoir travaillé avec Franco Zeffirelli, Alejandro González Iñárritu, Todd Haynes et Emanuele Crialese, elle tourne en Allemagne avec le
pape du Dogme, Lars Von Trier (qui retrouvera à cette occasion, Willem Dafoe,
un de ses interprètes de Manderlay). Antichrist contera l’histoire d’un couple qui, après
avoir choisi de vivre au milieu de la forêt, suite à la mort de son enfant, et va vivre des
expériences plus qu’angoissantes : frissons garantis !
` MALADIE HONTEUSE
Guillermo Del Toro, réalisateur des fascinants L’Échine du diable, Hellboy et autre Labyrinthe de Pan, redevient le producteur de Juan Antonio Bayona (L’Orphelinat) pour son
premier long métrage en langue anglaise : Hater ou comment une épidémie de violence pourrait gagner le monde entier sans raison apparente et sans que qui ce soit puisse
échapper à ce climat de terreur.
` RÉSISTE ! PROUVE QUE TU EXISTES…
On avait pu déjà s’en rendre compte par les propos qu’il pouvait tenir dans les interviews et par le choix de ses films Carnets de voyage de Walter Salles, La Mauvaise éducation d’Almodovar ou La Science des rêves de Michel Gondry : Gael García Bernal
fait partie des comédiens qui réfléchissent et qui s’engagent. Associé à Marc Silver, il va réaliser un documentaire sur l’acte de résistance et ses différentes mises
en œuvre à travers le monde.
` HÉROS (INTER)PLANÉTAIRE
Il faut croire que Brad Pitt apprécie les films en costumes : Entretien avec un vampire ou L’Assassinat de Jesse James par le lâche Robert
Ford ; et particulièrement revêtir la si seyante tunique des
éphèbes. Ainsi après avoir incarné Achille, il devrait interpréter un autre héros légendaire : Ulysse. Enfin
tunique, c’est peut-être vite dit, puisqu’il s’agirait d’une version intergalactique de
L’Odyssée ! IG
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17
bande annonce
Que fait l’armée française
en Afghanistan ?
La mort, en août dernier, de dix soldats
français en Afghanistan a révélé brutalement à l’opinion qu’une guerre se poursuit
dans ce pays, et que la guerre tue. La
guerre d’Afghanistan a été éclipsée par
celle d’Irak, à laquelle la France n’a pas participé, l’estimant, à juste titre, infondée.
Mais celle d’Afghanistan ne l’est-elle pas
tout autant ? Elle visait, dit-on, Al Qaida,
mais, sept ans après, on ne parle plus que
de lutte contre les talibans, alors que ceuxci, durant des années, n’ont guère gêné les
Américains et que cette guerre n’a empêché ni les attentats de Madrid ni ceux de
Londres. Cette guerre était censée améliorer les droits humains, et singulièrement
ceux des femmes mais, en dehors de
Kaboul, les seigneurs de la guerre, qui se
partagent le pays, ne respectent guère ces
droits… A-t-elle servi à l’éradication de la
drogue ? Même pas ! La culture du pavot,
qui avait décliné sous les talibans, est
repartie de plus belle.
Cette guerre est-elle menée efficacement ?
On peut en douter compte tenu de l’usage
intensif de l’aviation, à la fois cause et
conséquence de l’aggravation de la situation sur le terrain. Craignant de se risquer
sur le terrain, les Occidentaux font appel
à l’aviation, qui commet des bavures, ce qui
les rend plus odieux encore à la population. Et, comme au Cambodge en 1970, les
Etats-Unis croient pouvoir étouffer le soulèvement en portant la guerre dans le
Pakistan voisin, ce qui ne contribue qu’à
envenimer la situation.
Quels buts le pouvoir français poursuit-il dans ce
conflit ? Le suivisme actuel
de notre politique étrangère à l’égard des ÉtatsUnis est bien connu. Comment la France peut-elle se
sortir de cette guerre, qui
n’est pas la sienne et apparaît déjà comme perdue ?
Les Amis du Monde
diplomatique pour le CNP
Comme à l’accoutumée,
une soirée du CNP sera
l’occasion de poser le
débat tous ensemble.
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à propos de
à propos de : Entre les murs
Entre les murs de l’école, plus précisément entre les murs de la classe, que se
passe-t-il ?
Nous découvrons un professeur de français quelconque et une mini société métissée d’élèves au croisement de langues, de
sexes, de profils, de pays singuliers,
mélange à l’image du dehors, hors les murs
de la classe, hors les murs de l’école.
C’est la vie. C’est la vie dans la classe, individus contraints de venir à l’école selon la
loi, de vivre ensemble, d’apprendre,
d’échanger, de partager, de s’écouter…
Pendant deux heures, nous vivons une fiction, (oui ! c’est bien une fiction et non un
documentaire) un monde en mouvement
permanent où rien n’est jamais fixé durablement.
Le doute est là, la controverse, la contestation piquée d’insolence sous toutes ses
formes. Pourquoi ?
Le trouble s’installe et les interrogations
sont multiples :
Le prof est-il gentil ? Pas gentil ? Trop gentil ? « M’sieur, Vous charriez trop ! »
La sanction tombe, incompréhension
« M’sieur, tout est calculé… M’sieur, c’est de
la vengeance ! »
La langue dérape sur le mot pétasses :
« M’sieur, vous nous traitez de prostituées ! »
Bataille de mots qui ne recouvrent pas la
même signification entre les murs et hors
les murs.
Le mal être des élèves-ados transpire
quand ils évoquent la honte, le doute sur
leurs propres capacités « Ça ne sert à
rien ! », « Ma vie n’est pas intéressante ! »,
« Je comprends pas ce qu’on fait, partout... ».
Leur échec ou leur renoncement sont parfois dissimulés derrière une attitude insolente ou un refus.
Il y a malaise, difficulté à gérer la classe dans
ce climat difficile, épuisant. Nous vivons là
un condensé fictif de situations explosives
qui heureusement ne font pas le quotidien
des collèges.
À la mise à nu, la fragilité de l’être enseignant que bon nombre de profs-spectateurs ont retenues, il faut opposer l’incroyable capacité du prof-acteur à
respecter chaque élève, l’encourager, le
valoriser, essayer de le comprendre en
l’écoutant, en se débattant pour donner
des réponses adaptées au mieux…
Quelques scènes viennent en bousculer
d’autres et nous interpellent sur l’intelligence de ces ados.
Il suffit de revenir sur l’aveu d’Esmeralda
non intéressée par les livres à lire dans la
classe mais passionnée par La République
de Platon, chipé à sa grande sœur !
Enfin, méditons sur la signification du
tatouage de Souleymane : « Si ce que tu as
à dire n’est pas plus important que le silence,
alors tais-toi ».
MS
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courts lettrages
Entre les murs
« Gentil... Gentil... Pas gentil. Ah là !
Pas du tout du tout gentille ! ». Si l’on
s’en tient à ces premiers échanges dans la
salle des profs, on peut imaginer que les
adultes divisent de manière manichéenne le
monde entre pas gentils (méchants ?) et gentils. Dans le collège, une mini-société se dessine, où la mise à mal des rôles des enseignants atteint ces derniers de manière
affective. L’étymologie latine du terme gentil – gentilis, de la race, de la famille, du
peuple – a fini par traduire l’idée d’une nonappartenance, à celle du peuple juif puis
chrétien. Le gentil devient alors l’étranger,
le païen. L’Autre pourrait-on dire. Historiquement, le vocable de gentil se révèle ainsi
ambivalent, en désignant tantôt l’étranger,
voire l’infidèle, tantôt une personne de
« bonne race », aimable, bienveillante, voire
noble par ses qualités morales. Ce petit
aparté invite à re-penser les mots et ce qu’ils
véhiculent parfois à notre insu, au-delà du
jugement professoral apparemment simpliste, caricatural et réduit aux affects. Ainsi,
la chaîne des glissements sémantiques aide
à prendre conscience de représentations qui
nous gouvernent parfois. Alors, gentil, pasgentil pourraient résonner bien autrement !
RS
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Après les films de Kechiche L’Esquive
et La Graine et le Mulet, voici encore
un film éminemment linguistique qui
explore, avec brio, les français tels qu’on les
parle, tels qu’ils se « cherchent », ici, entre
les murs d’un collège, microcosme si particulier d’une classe particulière. On y ressent
avec une grande pertinence les difficultés,
les joies et la solitude d’un métier finalement
peu connu, prof (de collège). DP
Chez les profs, pas de super mecs ni
de super nanas... Mais des hommes,
des femmes, professionnels courageux qui
soufrent parfois, impuissants devant l’inégalité criante dans notre société. MS
Entre les murs du collège, la vie est difficile : pour les adolescents qui se cherchent en s’opposant ou ne comprennent
pas ; pour l’enseignant qui vaillamment
maintient le dialogue, en un équilibre précaire, que le dérapage menace, qu’éclairent
les moments de réussite. JC
Il est toujours amusant de voir combien un film que l’on ne perçoit pas du
tout comme polémique peut d’un seul coup
soulever des vagues et lancer des débats…
L’enseignement est peut-être au cœur des
préoccupations politiques, au cœur des soucis de chacun… peut-être… Mais le partipris de ne jamais sortir du collège nous interroge en fait sur son hors-champ immédiat :
les parents et la famille. Pratiquement jamais
vus, ces éternels absents demeurent hors les
murs. Et c’est peut-être ce qui fait mal dans
le film : le sentiment que, seul, le collège ne
peut pas grand-chose. ER
Il y a de beaux partis-pris de cinéma :
l’absence de profondeur de champ, les
gros plans abondants, l’image finale de la
salle vide.
Et puis il y a le personnage de Marin : sympathique, intéressant, mais agaçant dans sa
façon d’avoir toujours raison ! Et d’en arriver à quelques belles gaffes finalement.
Entre les murs est un film dérangeant, positivement et … négativement. CdP
Je suis touchée par l’humilité et l’humanité qui transparaissent à travers le
rôle de l’enseignant. Les professeurs ne sont
pas des héros, qui pourrait l’ignorer aujourd’hui ? Pourtant, un peu plus de gloriole et
un peu moins de proximité, même pour faire
semblant, agrémentées d’un sacré coup de
brosse à reluire, permettraient peut-être aux
élèves de croire, ou faire semblant de croire,
juste quelques heures par jour, qu’ils sont à
leur place d’élèves. « Être attentif au collégien » ne signifie pas « être pote ». Du reste,
l’attention à l’autre peut se traduire par l’attitude : le ton, le geste et le vêtement qui
donnent de la tenue au rôle. Pourquoi ceux
qui enseignent s’assoient-ils effrontément
sur les tables ? Que dit cette posture communément admise ? BM
Le problème avec les films qui se
déroulent dans des établissements scolaires, c’est que les profs vont les voir. Du
coup les films ne sont plus vus en tant que
tels mais comme des leçons, comme des
vérités. Entre les murs n’échappe pas à la
règle et c’est François Bégaudeau qui en fait
les frais (« Il ne sait pas s’y prendre », « Il
cherche bien ce qui lui arrive »…) La rançon
du succès, peut-être, mais les spectateurs du
corps enseignant sont parfois bien prétentieux. Il faudrait se rappeler tout d’abord
que le film est une fiction mise en scène par
un réalisateur. Et pas n’importe lequel, rendons à Laurent Cantet ce qui lui est dû. JF
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à propos de
à propos de : Entre les murs
L’emploi du temps
Le samedi 4 octobre 2008, le quotidien
Libération nous apprend que le responsable
d’une section d’enseignement adapté a été
frappé très violemment par une élève de
15 ans, et que le même mois, le 26 septembre, une professeure des écoles du
Val-d’Oise a été à son tour frappée par un
élève de 10 ans. Les deux rectorats
concernés disent avoir assuré les fonctionnaires agressés de leur soutien. Sans
conteste, la fonction sociale du maître s’est
récemment dévalorisée (le prêtre ne va
pas mieux, le psy s’inquiète, le politique
tremble, quant aux banquiers…) Se garder
toutefois à ce sujet de tout emballement
réac ou angélique. Pas facile (TF1 n’a pas
inventé la banalisation de la délinquance
– elle lui arrive de l’exploiter –, par
exemple, n’en déplaise aux conspirationnistes de tous poils).
Le mercredi 25 septembre est sorti sur les
écrans Entre les murs de Laurent Cantet,
Palme d’or à Cannes cette année (merci
Sean Penn). Le cinéaste suit, toute une
année scolaire, la vie d’un collège parisien
difficile, plus particulièrement une classe
de quatrième et son prof principal, François, qui enseigne le français (enfin, il
essaie…) François Bégaudeau joue son
propre rôle (il a été prof). Il est en outre
l’auteur du roman éponyme (très bon)
dont s’inspire le film.
Lorsqu’on parle d’éducation et/ou d’école,
à l’image du professeur Rollin : tout le
monde a quelque chose à dire ; ça fait causer. Souvent le débat prend la forme d’une
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querelle des anciens (la tradition humaniste canonisée) et des modernes (le rapport au temps et à la distance a changé,
disent-ils, il faut prendre en compte l’effacement de la société disciplinaire-autoritaire insistent-ils). Entre les murs est anxiogène en ce qu’il ne prend jamais parti,
diffracte au contraire tous azimuts la narration. Plus de deux heures d’incertitude.
Un découpage astucieux d’une grande
habilité brouille les repères narratifs traditionnels. La caméra (elle laisse vivre les
personnages) capte les soubresauts de ce
duel hypnotique à huis clos. À tout
moment ça peut déraper, partir en vrille.
Violence verbale et physique. Intimidations. On chambre à tout va, on se traite
continûment. Quelques dérapages homériques (l’affaire des pétasses) Rien n’est
occulté. Rien à quoi surtout se raccrocher.
Faut-il imposer à des collégiens la lecture
d’une œuvre de Voltaire ? Quelle sanction
infliger quand tout est désormais individualisé et contractualisé, lorsque l’argument d’autorité n’en impose plus ? Comment penser la culture à l’heure de
l’hypercapitalisme culturel ? Quel monde
va naître de la culture-monde des marques
internationales, des distractions médiatiques, des réseaux numériques et de la
civilisation de l’écran ? Allez savoir. Le prof
fait ce qu’il peut, ni plus ni moins. Chacun
bricole dans son coin, à preuve du
contraire. Bien vu. Laurent Cantet et François Bégaudeau refusent la tentation d’une
forme sûre, fermée et protégée. Ils affron-
lègues interdits, effondré face à des problèmes insurmontables d’irrespect, d’inattention, de discipline, de violence même ;
ou cette gamine, vulnérable et bouleversante, tout à la fois, qui confie ne rien comprendre aux cours dispensés chaque jour
– témoignage accablant. Enfin, le langage,
comme souvent dans le cinéma français
(cf. le dernier ouvrage de l’iconologue
Michel Chion), est un personnage à part
entière. Pour Thomas Clerc (prof à Paris
X-Nanterre, dans le Libé du 27 octobre) :
« Le collège est en proie à une maladie endé-
et dépressive (le « c’était mieux avant »).
Une errance généralisée (on arrêtera là,
rappelons que le malaise dans la civilisation
n’est pas nouveau). Voyez cette longue et
étonnante galerie de personnages, à la fois
instables et superbes, parfois ridicules
(comme tout un chacun) et contradictoires (qui ne l’est pas…), toujours
uniques, voire exceptionnels, qui défilent
sous nos yeux : les visages (celui de François, lisse et figé, qu’animent de menues
variations) reflètent tantôt de l’agitation,
tantôt de l’égarement, à commencer par
cet enseignant de techno qui donne des
signes de détresse en présence de ses col-
mique du langage, le bavardage. Le professeur
Bégaudeau ne transmet rien à ses élèves : il
parle avec eux sans cesse, dans un univers
saturé de ce qu’en rhétorique aussi on appelle
le bruit, qui perturbe toute communication
normale ». Eh bien… Le débat est lancé.
Le reflet fidèle et honnête d’une société
désemparée. Sans borne fixe. Pour quelles
raisons, de ce point de vue, les jeunes s’y
retrouveraient-ils mieux que leurs aînés ?
Le fond et la forme avancent à cet égard
de concert. À chacun d’insuffler un sens à
ce lieu vidé. En tout cas, faire le mur. Un
film fort réussi, donc.
OF
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à propos de
tent les choses à l’état informe. Une sorte
de perpetuum mobile assumée. Au risque
de se mettre pas mal de monde à dos (hi !
hi !) ou presque (ce qui est déjà le cas, de
Chevènement à Meirieu, qui ne manque
pas de culot, celui-là). N’importe ! Le rejet
de toute espèce de formatage cohérent du
récit fait la force et l’originalité du film. Un
écho cinématographique à l’évaporation
d’une partie des repères collectifs, au
désarroi d’une société désorienté (string
ou pas string, foulard ou pas foulard, Siné
ou Val, gauche ou droite, stop ou encore)
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à propos de
à propos de : La Belle personne
Fidélité
Si le titre n’avait déjà été utilisé par Andrzej Zulawski pour sa propre adaptation de
La Princesse de Clèves (avec Sophie Marceau),
La Belle personne, le film de Christophe
Honoré aurait pu s’appeler La Fidélité.
Car cette notion, essentielle au livre de
Madame de La Fayette, et à l’adaptation
qu’en fait Christophe Honoré, irrigue également le reste de son œuvre.
Fidèle, il l’est, et en premier lieu à ses
acteurs. Louis Garrel tout d’abord puisque
c’est leur quatrième film ensemble. Grégoire Leprince-Ringuet ensuite, déjà l’un des
rôles importants du précédent film, Les
Chansons d’amour. On retrouve aussi Clotilde Hesme (dans le petit rôle de la documentaliste), Alice Butaud (en professeur de
russe), Julien Honoré le propre frère du réalisateur (en compagnon de la documentaliste), sans oublier Esteban Carvajal-Alegria
qui de silhouette est devenu personnage
important (Matthias, le cousin de Junie).
Mais la plus belle de ces apparitions est sans
conteste celle de Chiara Mastroianni qui,
dans un café, croise le regard de Junie (la
princesse), un sourire mystérieux aux
lèvres. Outre la présence magique de l’actrice, c’est d’un passage, d’une transmission
qu’il s’agit là car Chiara Mastroianni a elle
aussi incarné La Princesse de Clèves dans La
Lettre de Manoel de Oliveira.
Fidélité aux lieux : après Dans Paris et Les
Chansons d’amour, Christophe Honoré nous
montre pour la troisième fois qu’il aime et
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qu’il sait superbement filmer Paris en hiver.
Et la longue scène de la course dans la neige
est là pour nous le prouver. Autre lieu, la
Bretagne, celui des racines. Son premier
long-métrage réalisé pour la télévision : Tout
contre Léo, s’y déroulait. Dans Les Chansons
d’amour c’était Erwann (Grégoire LeprinceRinguet) qui en venait et qui chantait, « Je
suis beau, jeune et breton, je sens la pluie,
l’océan et les crêpes au citron » ; dans La Belle
personne c’est là où, à la fin, Junie (Léa Seydoux) s’enfuit.
Fidélité musicale : depuis toujours, Christophe Honoré travaille avec Alex Beaupain
et intègre ses chansons à ses scénarios.
C’était, Avant la haine, chanté au téléphone
par Romain Duris et Joanna Preiss pour
Dans Paris, tout le répertoire des Chansons
d’amour, bien sûr, et ici encore Comme la
pluie que chante Otto (Grégoire LeprinceRinguet) juste avant de se suicider. Notons
que cette fidélité est réciproque, puisque
sur 33 tours le nouvel album d’Alex Beaupain on retrouve Comme la pluie, cette fois
chantée par Ludivine Sagnier, Clotilde
Hesme, Chiara Mastroianni et lui-même.
Rappelons-nous aussi qu’Alex Beaupain était
déjà présent pour le premier long-métrage
de cinéma de Christophe Honoré : 17 fois
Cécile Cassard, dans lequel il y avait une belle
scène de danse au son de Pretty killer, une
de ses compositions et déjà un moment
chanté : Romain Duris y reprenait la chanson de Lola le film de Jacques Demy.
la chanson de Lola déjà citée, les marins
croisés dans Les Chansons d’amour, entre
autres) avec lequel il partage comme un air
« de ne pas y toucher ». Tous deux ont l’habileté de faire croire au spectateur qu’il a vu
un film léger, enjoué, alors que les histoires
y sont souvent tragiques. Tous deux
cachent sous une apparente frivolité une
gravité élégante, ce que traduit habilement
Alex Beaupain dans ses paroles :
à propos de
Fidélité littéraire, Christophe Honoré s’est
d’abord fait connaître par ses livres pour la
littérature dite de jeunesse (mais Tout contre
Léo ou Mon cœur bouleversé, entre autres, ne
sont pas que de beaux livres de littérature
pour la jeunesse mais de très beaux livres
tout court). Puis par ses romans comme La
Douceur ou Scarborough. Son amour pour la
littérature se retrouve partout. Il adapte
Madame de La Fayette, bien sûr, mais aussi
Georges Bataille (Ma mère) et les livres sont
omniprésents (dans Les Chansons d’amour
par exemple : Alice Butaud y a toujours un
livre à la main, à trois dans un lit on lit trois
livres différents et la caméra s’attarde sur
tous ceux qui trainent dans l’appartement
du personnage de Grégoire Leprince-Ringuet). Les albums de littérature pour la jeunesse y ont aussi une grande importance.
C’est Loulou de Grégoire Solotareff, une histoire d’amitié et d’enfance qui réunit les
frères de Dans Paris, et dans La Belle personne
c’est Otto de Tomi Ungerer, offert au personnage homonyme qui pense qu’aucun
héros ne peut porter son nom, et dans
lequel un ours en peluche ayant
connu la seconde guerre
mondiale et l’antisémitisme, raconte sa vie.
Fidélité aux œuvres
cinématographiques
aimées (les emprunts à Godard
ou Truffaut pour
Dans Paris) et les
clins d’œil à
Jacques Demy
(Cécile Cassard,
« Comme la pluie nous manque parfois
Un orage aurait plus d’allure
Pour se crier ces choses-là
Se jeter ces mots à la figure
Comme la pluie nous manque parfois
Comme le soleil nous tue
Comme ses rayons nous semblent froids
Quand on ne s’aime plus ».
Mais toutes ces permanences n’auraient
aucun intérêt si elles n’étaient que références et si elles faisaient stagner le cinéma
d’Honoré, or il n’en est rien. Dans Paris, Les
Chansons d’amour et La Belle personne forment un trio magnifique particulièrement cohérent aux variations subtiles et à l’équilibre impeccable.
On est bien face à un univers
particulier et personnel dont
on retrouve des échos
d’œuvre en œuvre mais qui
n’étouffent pas celles-ci.
Et son prochain film :
Non, ma fille, tu n’iras pas
danser va certainement
en apporter une nouvelle preuve puisqu’il a
été tourné en… Bretagne, avec… Chiara
Mastroianni dans le rôle
principal et… Louis
Garrel dans celui
de son amant. JF
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rencontre
rencontre : Sébastien Ronceray
Rencontre avec
Le 14 octobre Sébastien Ronceray, conférencier à la Cinémathèque française, est venu rencontrer le public des Studio à la
suite de la projection de La Captive aux yeux clairs, film qui
clôturait l’hommage à Howard Hawks organisé en partenariat
avec la Cinémathèque de Tours.
Howard Hawks :
une carrière riche
et 5 westerns
Après nous avoir fait un bref panorama de
l’œuvre de Hawks (près de 50 films en
près de 50 ans d’une carrière jalonnée de
réussites dans tous les genres, de la comédie au policier en passant par le film de
guerre), S. Ronceray évoque les cinq westerns hawksiens, que l’on pourrait ranger
en deux catégories : ceux qui vont traiter de la découverte d’un pays, et ceux qui
se tourneront plus vers l’organisation
sociale naissante de l’Ouest américain. La
Captive aux yeux clairs (The Big sky en
anglais, titre peut-être plus énigmatique
mais certainement moins racoleur…) qui
retrace le voyage d’un groupe d’aventuriers qui vont s’enfoncer en territoire
indien pour, en échange de conditions très
favorables d’accès aux fourrures chassées
par lesdits Indiens, y rendre à sa tribu une
indienne kidnappée quelques années plus
tôt, tombe très clairement dans la première catégorie. En revanche, on y trouve
l’une des marques de fabrique de Hawks,
à savoir des personnages doubles qui peuvent évoluer au cours du film, accomplis-
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sant ainsi un trajet intérieur, personnel,
tout autant qu’un trajet géographique.
D’ailleurs, cette multiplicité de facettes se
retrouve aussi dans le traitement que
Hawks fait de certaines scènes de ses films
puisqu’il n’hésite pas à filmer certaines
scènes dramatiques comme des comédies
et vice versa. Ainsi, la scène où Kirk Douglas se saoule pour se préparer à l’amputation d’un doigt est-elle tournée comme
une vraie comédie alors que le sujet prête
peu à rire (et ce d’autant plus que le ton
de comédie adopté fait que, presque jusqu’au bout on s’attend à un dénouement
heureux par lequel l’amputation s’avérerait finalement inutile). Il avait déjà eu cette
idée au moment de La Rivière rouge, mais
John Wayne, qui devait tourner la scène
avait refusé de se prêter à ce mélange de
genres. En voyant le résultat, il révisa son
jugement et accepta ainsi de tourner la
scène finale de Rio Bravo.
De Hollywood à Paris :
les succès de Hawks
Lorsque se pose la question de savoir quel
public les films de Hawks rencontraient à
leur sortie, la réponse est très nette :
La Captive aux yeux clairs :
un film polyglotte
L’un des traits frappants de La Captive aux
yeux clairs c’est l’utilisation des langues : on
y entend bien sûr de l’anglais, une langue
indienne mais aussi beaucoup de français
(parlé par les membres de l’expédition,
trappeurs d’origine française) que Hawks
a utilisé à des fins d’exactitude historique
(il y avait encore beaucoup de Français
dans la première moitié du XIXe siècle aux
États-Unis) mais aussi pour des raisons
musicales. Par ailleurs, le fait que les passages dits dans la langue des Indiens Pieds-
Noirs ne soient pas sous-titrés permet de
placer le spectateur dans une position
d’extériorité, avec un désir de comprendre forcément en partie frustré.
rencontre
même si la fin de sa carrière fut un peu
moins glorieuse, ses films ont toujours
rencontré le succès. En France, sans
atteindre la notoriété d’un Hitchcock, il a
même été très farouchement défendu par
certains critiques, notamment aux Cahiers
du Cinéma.
Western, cinéma et société
On peut noter que le cinéma naît peu de
temps après la fin des guerres indiennes,
une fois que l’ensemble du territoire est
conquis et pacifié et que, très vite, le
cinéma s’intéresse à cette histoire de la
création des Etats-Unis, montrant ainsi,
dès ses débuts, sa capacité à digérer l’Histoire, même toute récente et à fabriquer
du mythe. On peut même avancer que les
westerns sont les premiers road-movies
et bien souvent, dans ces deux genres, il
s’agit d’abord de partir en quête d’un autre
mode de vie. L’intérêt de Hawks pour le
western, même s’il en a tourné relativement peu, remonte au temps du muet.
La question des rapports entre le cinéma
et l’histoire américaine soulève aussi celle
du rôle de différents personnages et
notamment celui des femmes et ceux des
Indiens. Le rôle de la femme en particulier
rappelle nettement celui de La Prisonnière
du désert (de Ford) qui est de quatre ans
postérieur à La Captive aux yeux clairs. Dans
les deux films, en effet, la femme joue un
rôle pivot et, à la fin de l’histoire, retourne
vivre dans sa communauté d’origine. Pour
ce qui est de Hawks, il semble possible
d’affirmer que les femmes ont souvent
chez lui des rôles que l’on pourrait dire
masculins, tranchés, alors que les hommes
y sont souvent plus ambivalents et peuvent
changer d’attitude au fil de l’histoire, ce qui,
dans le monde souvent un peu machiste
du cinéma, confère à Howard Hawks une
place vraiment à part.
ER
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rencontre
rencontre : Sylvestre Chatenay
Sylvestre Chatenay
Mais où est Yvette ?
Vous ne verrez pas Yvette ce soir, comme
d’autres soirs d’ailleurs ; elle ne souhaite pas
participer à ce type de rencontre, c’est tout
à fait respectable et peut être mieux pour
elle...
Quelle a été la genèse du film, sur
combien de temps a-t-il été tourné et
reste-t-il encore beaucoup de ces irréductibles ?
Vous devez vous douter que pour ce type de
sujet les financements ne courent pas les
rues : je n’ai trouvé un producteur que
8 mois après le début du tournage ! Et il a
investi sur ses fonds propres ; il faut donc
absolument que nous atteignions le point
d’équilibre…
C’est en effet mon premier long métrage ; je
passais tous les jours devant cette ferme : ce
sont mes voisins que j’ai filmés, leurs habitudes ainsi que le souvenir de la vie de ma
grand-mère m’ont donné l’envie de réaliser
ce film d’immersion : ceci explique sans
doute la connivence, mais aussi la durée du
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SYLVESTRE CHATENAY aux Studio © Roselyne Guérineau
est venu le 8 octobre dernier à la rencontre
du public tourangeau des Studio. C’est une
salle comble et enthousiaste qui l’attendait
pour échanger avec lui sur son premier long
métrage Yvette Bon Dieu. La venue du
réalisateur était aussi prétexte à reprogrammer une semaine ce film dont le succès ne s’était pas démenti tout au long de
l’été.
tournage d’un peu moins d’un an et demi. Je
voulais absolument, pendant qu’il en était
encore temps, témoigner de cette vie de paysans vivant en autarcie et qui très bientôt
n’existera plus. Il y a 60 ans, c’est 7 millions
de Français que comptait ce monde ; en 2015
ils ne devraient plus être que 150 000 tout
au plus. Ils n’ont souvent pas de descendance
et d’ailleurs plus aucun jeune ne veut de ce
genre de vie aujourd’hui. Ce sont les derniers
des Mohicans… dans le Lochois. Ce n’est pas
un film noir, mais il oscille entre le gris clair
et le gris foncé !
Ces derniers des Mohicans ont-ils facilement accepté de se prêter à l’exercice ?
Ils ont accepté avec une grande générosité
doublée d’une évidente simplicité. Ils conservent leur mode de vie, et sont très curieux
Quelle a été leur réaction lors de
l’avant première du film ? Et qu’est-ce
qui a changé pour eux ?
L’avant première a eu lieu à Sainte-Maure ; à
la sortie de la salle des fêtes, Yvette m’a dit :
« Il est bien votre film ». C’était le plus beau
compliment qu’elle pouvait me faire.
Plus globalement, ce sont des gens sur lesquels ce genre d’événements n’a pas beaucoup de prise, bien heureusement pour eux
à mon sens !
Nous avons repris tous les sons qui étaient
mauvais : un bruiteur est venu avec ses
petites valises et a donné du poids, du corps
et de la profondeur aux sons… et en plus
c’est rigolo à faire pour un réalisateur !
rencontre
de l’actualité, de la nouveauté. Ils fonctionnent sur un schéma très simple : ils survivent
parce qu’il y a du travail et reproduisent la
manière qu’ils ont apprise des anciens auparavant.
Les différentes scènes du film m’ont
rappelé plein d’odeurs.
Merci ; c’est sans doute ce qu’il est le plus
difficile de faire passer au cinéma.
Pensez-vous projeter ce film aux scolaires ?
C’est difficile ; il faut obligatoirement passer
par des réseaux et sous les fourches caudines
de commissions… Mais beaucoup d’enseignants souhaiteraient le voir projeter à leurs
classes.
Quel est votre parcours ?
Je suis photographe de formation et j’ai surtout fait de la photo publicitaire à Tours jusqu’en 1995. Puis j’ai monté ma boîte de multimédia à Paris spécialisée dans le film
d’entreprise. En parallèle je faisais des courts
métrages, parfois primés comme Juron et
Charcuterie dans de grands festivals.
Il n’y a pas de dialogue ?
C’est un film bio : plus sérieusement, il était
impossible de leur faire jouer une scène ; cela
aurait perdu toute sincérité. Seul le maire a
rejoué une scène : il s’était trompé pour plusieurs dates concernant la grand-mère !
Quels sont vos projets ?
Je n’en ai qu’un seul, c’est Camille qui m’en
a donné l’idée quand il parle du remembrement, de ces chemins et ces haies qu’on rase,
de ces ruisseaux qu’on bouche… J’aimerais
faire l’analogie avec la façon d’aborder les
OGM.
Pourquoi ce titre d’Yvette Bon Dieu ?
J’ai trouvé ce titre quand je montais le dossier pour le CNC : un soir, j’ai entendu son
frère dire : « Yvette, bon Dieu, t’as pas rentré
les vaches ! » Sur les 50 heures de rush, plus
jamais il ne l’a prononcée ! Peut être un petit
blocage…
Merci beaucoup à vous, public des Studio,
d’avoir contribué au succès de ce film ; continuez à en parler autour, votre action est
aussi motivante que précieuse !
FG
Comment avez-vous filmé ?
J’ai tout tourné avec la même caméra, sans
preneur de son ni chef opérateur, avec une
PD 70 ; c’est une caméra vidéo. Après nous
avons cinéscopé pour passer en 35mm.
Comment avez-vous travaillé les sons
et le bruitage ?
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rencontre
URSULA MEIER aux Studio © Nicole Joulin
rencontres
Le 24 octobre, suite à la projection de Home en avant-première, les Studio accueillaient Ursula Meier – définie par
Fabrice Bassemon de Centre Images comme « Une réalisatrice
ayant le cinéma dans le sang » – et le grand Olivier Gourmet.
Si les spectateurs eurent besoin d’une respiration pour s’extraire de cette expérience cinématographique forte, une fois
leur souffle repris, le flot de questions semblait ne devoir jamais
s’arrêter. Une soirée qui, grâce à :
• un film se tenant tant par le fond que par la forme, interprété
par des comédiens vrais et bouleversants ; des dialogues et des
scènes burlesques, surréalistes, poétiques comme celles des
essais de bouchons d’oreilles, du jet de goûter, du congélateur du poulet congelé…
• Une réalisatrice à l’écoute, à la fois passionnée et passionnante, racontant son expérience avec rigueur et simplicité;
• Un comédien caméléon (qui parvient à ne pas se ressembler d’un film à l’autre), n’hésitant pas à rejouer certaines scènes du film sans jamais être dans la pose et
Ursula Meier
qu’on se plaît à imaginer dans un vrai rôle de comédie.
Une soirée donc, qui pour toutes ces raisons, devrait s’inscrire en bonne place dans la liste de
celles auxquelles on est heureux d’avoir assisté !
LA MAISON DU BONHEUR (?)
Ou comment une famille voit sa vie bouleversée par la remise en chantier puis
l’ouverture du tronçon d’autoroute au
bord duquel leur maison a été construite.
Ursula Meier : On a cherché le lieu idéal
dans 22 pays. C’est entre Sofia et Istanbul
qu’on a trouvé une portion de piste d’aérodrome qu’on a recouverte d’une couche
de goudron. On a inventé tout un monde :
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la maison a été dessinée, maquettée,
construite ; comme ce film est avant tout
une fable, on ne voulait pas d’une maison
qui donne des indications sur un lieu ou
une époque.
Le scénario a été écrit en pensant à Isabelle Huppert ; pour le rôle du père je voulais un acteur avec un poids devant la
caméra, un physique d’acteur américain à
la Harvey Keitel. J’ai pensé à Olivier Gourmet que j’avais envie de montrer autre-
Olivier Gourmet : Cet homme a
conscience qu’il faut de la tendresse pour
cimenter la famille. Il tente de sauvegarder
l’équilibre. Il veut faire en sorte que les
choses restent joyeuses.
QUE SE DIT-ON QUAND ON REÇOIT
?
UN SCÉNARIO COMME ÇA
OG : Très vite j’ai rappelé après avoir lu
le scénario. J’aime au cinéma quand c’est
physique et qu’on invite le spectateur à
ressentir ce que les personnages ressentent. C’est un film qui mêle la légèreté, la
tendresse, la poésie, le drame, l’ironie, le
burlesque. C’était beau dès l’écriture. Ce
rôle m’a permis de rencontrer Ursula et
un univers très différent. Je trouve les
enfants formidables, pleins de fraîcheur,
rayonnants. Ce film, c’est aussi la rencontre avec un pays, la Bulgarie, et une
équipe originaire de ce pays…
rencontre
UM : L’idée du scénario m’est venue en
roulant sur… l’autoroute en revenant de
Bordeaux : il y avait une maison tout au
bord, des gens qui mangeaient dehors et
qui avaient l’air heureux. J’ai vu d’autres
maisons qui, elles, avaient les fenêtres
murées : les habitants avaient peut-être
tenté de lutter mais avaient perdu. 95 %
des gens qui vivent au bord de l’autoroute
ne partent pas : ils s’adaptent tellement que
cela vire à la folie, comme Marthe/Isabelle
Huppert dans le film.
ILS ARRIVENT…
Quand Julien, le jeune garçon, annonce la
venue effective des engins affectés à la
remise en état de l’autoroute, on a l’impression qu’il est question d’extraterrestres ; et lorsque les hommes du chantier font véritablement leur apparition, la
réalisatrice et sa chef opérateur, Agnès
Godard, ont choisi de faire d’abord un
gros plan sur leurs chaussures de sécurité,
puis de remonter progressivement la
caméra pour les faire apparaître comme
des sortes de cosmonautes.
Ces « envahisseurs »,
d’ailleurs ne prononcent pas un mot
quand ils déménagent les biens de
la famille, entreposés sur l’autoroute.
UM : Pour un premier long métrage,
ce film était très
lourd. Tout ce
qui est
OLIVIER GOURMET aux Studio © Nicole Joulin
ment que dans les autres films. Huppert/Gourmet, deux corps très différents
et qui pourtant forment un couple qui
fonctionne, c’est déjà du cinéma ! Cette
famille est d’abord sur une presqu’île puis
sur une île. On sent qu’elle s’est adaptée à
la mère et à ses phobies, et que, tant que
le monde n’est pas là, ça va. Il y a bien
quelques étrangetés : Judith, la fille aînée
qui passe son temps à bronzer (tout en
restant blanche) sans que personne ne l’interroge sur son comportement et ne la
pousse à faire quoi que ce soit. Cela en
devient abstrait. L’autoroute va être facteur de déstabilisation, le révélateur, la
loupe des problèmes de cette famille
fusionnelle et va permettre notamment à
Marion (la seconde fille) de mettre des
mots sur ses angoisses… Ces gens portent
presque le désastre en eux : ils s’aiment
trop.
Olivier Gourmet
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rencontre
déconseillé pour un premier long était
réuni : des stars, des enfants, des animaux,
des véhicules (jusqu’à 300 dans certaines
séquences) et des décors à construire. Il
faut savoir se faire accompagner par des
gens compétents… La préparation du film
a été très angoissante. Le travail avec les
enfants a été énorme : il fallait les amener
à un jeu naturaliste. Les différentes tenues
d’Isabelle Huppert ont été pensées pour
se contredire d’une scène à l’autre, pour
que l’on ne sache pas quelle femme elle
est… Finalement le tournage a été plus
reposant.
LA CAMISOLE DE SILENCE :
Le père se résout finalement à murer
toutes les issues de la maison, alors qu’on
le sait claustrophobe, depuis la scène où il
a dû emprunter un tunnel avec ses enfants.
UM : Je voulais faire un film que les spectateurs vivent physiquement : qu’ils partagent la vie de cette famille, qu’ils ressentent cette claustrophobie pas seulement
avec la tête, d’où la nécessité pendant la
projection de reprendre de l’air, quitte à
ce que des spectateurs sortent de la
salle…
Le père, comme Judith, sait qu’il faudrait
partir. C’est un vrai père qui se trompe par
amour, par loyauté. Quand il réagit, il est
trop tard pour partir. Le fait de ne plus
dormir à cause du bruit génère des comportements déraisonnés et déraisonnables, ce qui amène à la scène très violente du père qui craque…
Dans la scène avec l’oreiller, Marthe
devient folle : tout a été calfeutré dans la
maison, mais il reste les vibrations et un
son, la respiration de Michel (le père).
Même l’humain, elle ne le supporte plus,
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d’où la tentative d’étouffement…
OG : Il la pousse au bout avec l’emmurement : si elle ne casse pas le mur, ils y resteront. Lui ne fera rien. En fait comme dans
En attendant Godot, (référence déjà utilisée
pour évoquer le côté absurde de l’attente
concernant l’ouverture de l’autoroute)
c’est un hymne à la vie.
Retour dans le monde des vivants
ou : de l’air, de l’air…
UM : La dernière scène est ambiguë mais
pour moi, elle est réelle. C’est presque une
naissance. Les personnages sont allés au
bout pour pouvoir s’en sortir. C’est la
mère qui après les avoir enfermés, les fait
sortir. Ils vont dans le monde avec son
bruit, sa pollution… Quand j’ai écrit la
scène où Isabelle Huppert casse le mur,
j’avais en tête la scène de La Leçon de piano
où l’héroïne (entraînée dans l’eau par la
corde attachant son piano) choisit d’enlever sa chaussure pour pouvoir remonter
et prendre de l’air. Cette autoroute finalement libère les personnages : si elle
n’était pas passée là, ils y seraient toujours
vingt ans après. C’est la fin de la famille :
ils vont devenir des personnes, des individus.
Pour terminer, Ursula Meier, avant de
remercier le public de sa présence et de la
qualité des échanges, a tenu à saluer le soutien, dès l’écriture de son projet, de Centre
Images, et l’investissement de notre Région
dans le cinéma. Tandis qu’Olivier Gourmet
a proposé que chaque spectateur parle du
film à dix personnes et ainsi de suite, pour
lui permettre de battre le record d’entrées
des Ch’tis ! À bon entendeur…
IG
culier et nous invite subtilement à réfléchir. HH
Ce film est très impressionnant de par
sa vivacité. […] Les échanges ne cessent
jamais, l’humour est omniprésent et,
pour une fois, la mauvaise foi se retrouve
dans les deux parties que ce soit prof ou
élèves. J’ai aimé aussi le côté très réaliste
avec une fin qui ne tire pas vers le «happy
end». Mais comme d’autres, je trouve que
les critiques ont quelque peu exagéré la
performance de François Bégaudeau.
Bon film dans l’ensemble. AD
Une première demi-heure plutôt
tonique, assez drôle et puis après… plus
grand-chose !
Des situations et des dialogues déjà vus
des milliers de fois, quelques scènes un
peu convenues voire ridicules (la scène de
Pénélope Cruz tirant sur tout ce qui
bouge), des propos sur les relations
amoureuses d’une banalité affligeante.
[…] Big Mac
Il n’y a absolument rien à dire sur ce
film tant il est vivant et superbe. Étant
moi-même lycéenne, j’ai pu constater
d’autant plus le réalisme frappant de
Entre les murs. […] La patience du prof
est remarquable, son désir d’enseigner
l’est encore plus. Tout simplement,
Bravo. Mm
[…] Ce docu-fiction traite avec subtilité et un humour décalé une année dans
une classe de ZEP. On est complètement
transporté dans cette classe, tantôt prenant parti pour le professeur, tantôt prenant le parti des élèves. […] LP
VICKY CRISTINA BARCELONA
de Woody Allen
Récurrent ou répétitif ? Monsieur HR
Certes, le scénario est nettement
moins complexe que Match Point mais les
dialogues sont souvent exquis et, sous des
apparences de légèreté évidente, ce film
soulève de nombreuses questions, autour
de la difficulté de l’engagement en parti-
courrier des lecteurs
ENTRE LES MURS
de Laurent Cantet
SÉRAPHINE
de Martin Provost
Le réalisateur parvient avec délicatesse
à ne pas trancher sur tous les sujets, à ne
pas tout illustrer de propos. C’est à la
hauteur du personnage. Séraphine est
totalement respectée, et le spectateur de
même. Thierry
Film précieux retraçant avec délicatesse la vie de Séraphine, incarnée pleinement par Yolande Moreau. Son regard
empli d’extase et de passion créatrice, que
la caméra sait si bien épouser lorsque
celle-ci peint frénétiquement, est à
l’image de la nature voluptueuse qui l’entoure. Cieux bleus de plomb, terre de
labour grasse comme ses pigments bruts
broyés au pilon, vastes champs qui semblent enserrer hommes et bêtes dans leur
condition. […] L’univers de tous les possibles, infini et si étranger à l’homme du
monde, broyé par la morale et les guerres.
De l’univers de Séraphine, une trace : ses
œuvres de fleurs virevoltantes et tempétueuses… ED
Rubrique réalisée par RS
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jeune public
Les Aventures du baron de Münchausen
Grande-Bretagne – 1988 – 2h04, de Terry
Gilliam, avec John Neville, Eric Idle, Sarah
Polley, Uma Thurman, Sting… VF
TOUT PUBLIC
À PARTIR DE
9
ANS.
Dans une ville assiégée par les Turcs,
une troupe de théâtre joue les
extravagantes aventures du Baron de
Münchausen. C’est alors qu’un
spectateur intervient pour commenter
l’histoire : ce vieillard dit être le
véritable Baron de Münchausen ! Pour
le prouver, il propose aux habitants de
délivrer la ville. Il s’évade en
montgolfière et part à la recherche de
ses anciens compagnons pour
combattre les Turcs...
Septième version cinématographique
L’Enfant au grelot
France – 1998 – 28 mn, film d’animation de
Jacques-Rémy Girerd.
À
PARTIR DE
3 ANS.
A lors que le facteur, Grand-Jacques,
termine sa tournée par une froide
journée d’hiver, il aperçoit un
mystérieux panier d’osier qui descend
du ciel. A l’intérieur, le facteur
des Aventures du baron de
Münchausen après, entre autres, les
versions muettes de Méliès, d’Emile
Cohl ou animées de Karel Zeman ou
Jean Image, le récit de Terry Gilliam
(Bandits bandits, Les Frères Grimm),
c’est le film des cent merveilles !
Inspirés de grands maîtres (Gustave
Doré, Boticelli, Boucher) les
personnages et les décors sont d’une
diversité étonnante. Les situations et
les trucages, tous plus abracadabrants
les uns que les autres, offrent à qui veut
bien embarquer, un formidable voyage
au pays du fantastique !
Un petit défi pour les plus
observateurs : guettez un accordéoniste
ivre dans le ventre d’un poisson…
C’est Terry Gilliam lui-même!
découvre un bébé reposant sur un
coussin brodé ; il tient bien serré dans
sa minuscule main, un grelot. Mais
d’où vient cet enfant qui, de plus, sait
parler aux étoiles ?
Produit par le studio Folimage,
L’Enfant au grelot est un trésor de
poésie, de tendresse et d’amitié.
Cartoon d’or du meilleur film d’animation
européen en 1998.
G OÛ TE R DE NOË L : Le mercredi 17, c’es t un su pe r g oût e r qu i s e ra off e rt
a u x e n f a n ts , à l ’ i s s u e d e l a p r o j e c t i o n d e 1 4 h 1 5 : u n a p r è s - mi d i à s e r é g a l e r !
Laban, le petit fantôme
Suède – 2006 – 44mn,
Lasse Persson. VF
À
PARTIR DE
film d’animation de
3 ANS.
Laban est un tout petit fantôme qui vit
dans un très grand château, avec ses
parents et sa petite sœur Labolina.
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décembre 2008 –
En compagnie de son meilleur ami le
petit prince Sottise, il s’exerce au dur
métier de fantôme... mais pas facile,
quand on a peur du noir !
Une adaptation d’un grand classique
de la littérature nordique de Inger et
Lasse Sandberg.
France – 2008 – 1h 31, de Jacques-Rémy
Girerd. Un film d’animation avec les voix de
Pierre Richard, Dany Boon, Yolande Moreau,
Jean-Pierre Coffe, Miou-Miou, Romain
Bouteille et Jean-François Dérec.
TOUT PUBLIC
À PARTIR DE
5 ANS.
M ia, petite orpheline de huit ans,
abandonne son pauvre village natal,
quelque part en Amérique du Sud,
pour partir à la recherche de son père
dans la forêt tropicale. En cours de
route, Mia va rencontrer bien des
obstacles et traverser une forêt
peuplée d’êtres aux pouvoirs
magiques : les Migous. Ensemble,
suivons Mia dans son voyage
extraordinaire…
jeune public
Mia et le Migou
É VÈ NE MEN T AUX S TUD IO : Séanc e exc ept i onne ll e le dimanche 7 décembre :
R etro uv ons -n ou s à p art ir d e 10h30 d ans l e hal l de s S t u di o, p our u n « c in é p ’t i t
dé j ’ » av ec , a pr ès u ne a gr éa bl e c ol l at io n o f fe rt e à to us n o s s pe c t at eu rs , la
p r o j e c t io n e n a v a n t - p r e m i è r e n a t i o n a l e d e M i a e t l e M i g o u … P o u r to us , u n e
m a t i n é e f a n t a s t i qu e e n p e r s p e c t i v e !
Courts métrages de Garri Bardine
Russie – 1984 à 2000 – 45 mn. VF
TOUT PUBLIC
À PARTIR DE
3 ANS.
Voici l’hiver, le froid et le temps des
contes de Noël à se raconter bien au
chaud. C’est le moment de venir
découvrir ces trois petites merveilles
pleines de tendresse, de douceur et de
couleurs…
La Nounou
Russie – 1997 – 25 mn, de Garri Bardine.
Musique de Glenn Miller.
Animation de poupées et pâte à modeler.
I l était une fois un petit garçon qui
s’ennuyait le soir de Noël. Ses parents
avaient invité plein de grandes
personnes, mais aucune n’avait le
temps de s’occuper de lui. Seul et
triste, il se réfugie alors au grenier.
Avec un oreiller, un gant de boxe, des
bretelles et autres petites bricoles, il
La Souris du Père Noël
France – 1997 – 30mn, film d’animation de
Vincent Monluc.
À
PARTIR DE
3 ANS.
Comme chaque année, au moment de
Noël, le petit Hans envoie sa lettre au
Père Noël.
fabrique une fabuleuse « Nounou ».
Cette fée pas comme les autres va
offrir au petit garçon une merveilleuse
soirée : elle console les chagrins, se
bat contre les méchantes chauvessouris, fait des claquettes, mais aussi
des câlins…
Hop là, badigeonneurs !
Russie – 1984 – 10 mn, de Garri Bardine.
Animation de pâte à modeler.
Quand deux peintres un peu stupides
décident de peindre une palissade…
Burlesque et mélange de couleurs…
Adagio
Russie – 2000 – 10 mn, de Garri Bardine.
Musique : Adagio d’Albinoni. Animation
d’origamis.
Tout est gris au pays des cocottes en
papier. Quand arrive une petite
cocotte en papier blanc, les grises la
rejettent…
Hélas, sa lettre va s’égarer et arriver
bien trop tard pour qu’il puisse espérer
voir ses cadeaux sous le sapin. Où va
t-on trouver le cheval à bascule dont
Hans rêve ? Le Père Noël pourra t-il
compter sur l’aide de la petite souris ?
Un bien joli conte de Noël pour notre
jeune et très jeune public…
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COMME UNE ÉTOILE DANS LA NUIT
France – 2008 – 1h30, de René Féret,
avec Salomé Stévenin, Nicolas Giraud, Jean-François Stévenin…
Voilà l’exemple type d’un film pour lequel
il ne faut surtout pas s’arrêter à son histoire.
Anne et Marc sont jeunes, beaux et très
amoureux l’un de l’autre. Ils décident de
faire un enfant, mais Marc découvre qu’il
est atteint de la maladie de Hodgkin…
Pas attirant, à priori, en ces temps de
crise et de froidures ? Un mauvais remake
de Love story ? Pas du tout. La force
incroyable de Comme une étoile dans la nuit
est de n’être ni un fade mélo, ni un film
plombant sur la maladie et la mort.
René Féret est cinéaste depuis plus de
trente ans. On se souvient de beaux films
(Le Mystère Alexina, La Communion solennelle, Les Frères Gravet, entre autres), et
pourtant, on a l’impression de l’avoir un
peu perdu de vue. C’est pourquoi c’est une
excellente nouvelle que de le voir revenir
en très grande forme.
Comme souvent chez lui, le point de
départ du film est autobiographique, « Je
continue à être davantage séduit par l’observation des autres que par l’invention d’un scénario et d’un récit, » dit-il. « Là, il y a six ou
sept ans, ma nièce a vécu cette histoire, celle
de perdre injustement son ami. J’ai d’abord été
frappé par le côté odieux de ce qui lui arrivait,
et en même temps, tout en restant assez loin
d’eux, j’ai perçu à quel point leur attitude était
revêtue de dignité, d’amour et de classe».
La réussite de Comme une étoile dans la nuit
c’est d’avoir réussi à créer un équilibre
juste entre désespoir et espoir, à bouleverser tout en donnant de la force.
Car bouleversant, le film l’est, mais si on
sort tout retourné c’est surtout grâce à la
puissance d’amour qu’il dégage. Un amour
plus fort que la tristesse et la peur, un
amour plus fort que la mort et résolument
du côté de la vie. Bref, un film qui sur un
parcours balisé sort totalement des chemins connus. Soutenu par deux acteurs
exceptionnels, Comme une étoile dans la nuit
va vous marquer pour longtemps. JF
LES CARNETS DU STUDIO n°263 – décembre 2008 – 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - CPPAP n° 0209 G 84305
www.studiocine.com / répondeur : 08 92 68 37 01 (0,34 € /minute)