Décembre 2008 Visualiser/Télécharger
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ISSN 0299 - 0342 STUDIO - 7 salles associatives, indépendantes, art & essai, recherche LES ÉDITIONS DU STUDIO DE TOURS \ 2 rue des Ursulines \ 37000 TOURS - Mensuel - Prix du numéro : 1,37€ www.studiocine.com C.T.C. TOURS - Dispensé du timbrage - PRESSE N°263 \ décembre 2008 Comme une e´toile dans la nuit un film de René Féret ÉVENEMENT AUX STUDIO pour l'avant-première de Mia et le Migou : Ciné p'tit déj' le dimanche 7 à 10h30 S O M M A I R E Éditorial . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 CNP . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 « LES FILMS DE A À Z . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 Cinémathèque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15 en bref . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16 bande annonce : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . courts lettrages : à propos de : à propos de : Entre les murs ................ 18 20 Entre les murs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22 Entre les murs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24 rencontre avec : rencontre avec : rencontre avec : Sébastien Ronceray . . . . . . 26 Silvestre Chatenay . . . . . . . . 28 Ursula Meïer . . . . . . . . . . . . . . . . . 30 J’avais un prof de théâtre qui me disait : « Si ton sentiment ne descend pas dans les pieds, c’est qu’il est faux. » Je ne vois pas comment attaquer un rôle autrement : incarner quelqu’un, ça passe forcément par la viande ! Vincent Cassel Les Studio mettent désormais en vente des chèques-cadeau d'un montant de 5 euros. Renseignez-vous à la caisse ou l'accueil pour plus de détails. Et si, par malheur, certains de vos proches ne sont pas encore abonnés, pourquoi ne pas leur offrir tout bonnement une carte d'abonnement ! Courrier des lecteurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33 Jeune public . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34 Le film du mois . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36 GRILLE PROGRAMME . . . . . . . . pages centrales Séances spéciales pour les écoles, collèges et lycées : elles peuvent être organisées pour une ou plusieurs classes, le matin, sur simple demande et sur la base des films de la programmation. Renseignements et tarifs groupes : 02 47 20 27 00 [email protected] Les STUDIO sont membres de ces associations professionnelles : EUROPA AFCAE ACOR GNCR ACC REGROUPEMENT DES SALLES POUR LA PROMOTION DU CINÉMA EUROPÉEN ASSOCIATION FRANÇAISE DES CINÉMAS D’ART ET ESSAI ASSOCIATION DES CINÉMAS DE L’OUEST POUR LA RECHERCHE GROUPEMENT NATIONAL DES CINÉMAS DE RECHERCHE ASSOCIATION DES CINÉMAS DU CENTRE (Membre co-fondateur) (Membre co-fondateur) ÉQUIPE DE RÉDACTION : Janine Carlat, Éric Costeix, Olivier Facquet, Isabelle Godeau, Frédéric Grosclaude, Claire Layan, Blandine Margoux, Jean-François Pelle, Claude du Peyrat, Dominique Plumecocq, Éric Rambeau, Roselyne Savard, Marcelle Schotte, avec la participation de la commission Jeune Public. DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Éric Rambeau – MISE EN PAGES & EN IMAGES : Francis Bordet. ÉQUIPE DE RÉALISATION : Éric Besnier, Roselyne Guérineau – DIRECTEUR : Philippe Lecocq – IMPRIMÉ par PRÉSENCE GRAPHIQUE, Monts (37). Présence graphique contribue à la préservation de l’environnement et atteste être reconnu IMPRIM’VERT. N°263 Murs ? Nous étions sans doute nombreux à être heureux lorsque Laurent Cantet a reçu la Palme d’or au dernier Festival de Cannes, sans doute moins par un patriotisme un peu déplacé (quoique) que parce que nous avions aimé le talent et la probité du réalisateur dans ces trois premiers longs métrages : Ressources humaines en 1999, L’Emploi du temps en 2001 et Vers le sud en 2005. Nous étions sans doute quelques uns à avoir lu et aimé le récit éponyme de François Bégaudeau qui racontait par le menu le quotidien d’un professeur de français dans une classe de 4e d’un collège difficile en évitant le pathos, la démagogie, le commentaire. Des faits. Des mots. Des murs. On pouvait espérer comme le faisait ici Éric le mois passé que le film « suscite la discussion et porte le regard du public là où il n’a normalement pas les moyens d’accéder : entre les murs de l’école, derrière ses portes. » Malheureusement, accueilli dès l’annonce de son prix par un article assassin intitulé Palme d’or pour une syntaxe défaillante (suite du règlement de compte entre Finkielkraut et François Bégaudeau), Entre les murs est pris à son corps défendant dans un débat houleux qui n’a rien à voir avec le cinéma. Qu’il déclenche des discours tout à fait contradictoires n’est pas un problème en soi (chaque spectateur voyant, en fin de compte, le film qu’il veut bien voir) mais ce qui me chagrine, c’est qu’on veut lui faire tenir un discours général sur l’éducation. Comme pour les films venant des petites filmographies qu’on tente toujours d’interpréter sociologiquement ou politiquement avant de les voir comme des films, il semble impossible de montrer l’école, le collège, Éditorial le lycée… sans que ce qui est montré (et, dans Entre les murs, avec une particulière acuité) devienne un argument dans la lutte ouverte opposant les anciens et les modernes, les pédagogistes et les traditionalistes, pièce à conviction pour dire que tout-fout-l’camp, que l’école fabrique des crétins, que les sauvageons sont à nos portes… d’autant que le film a été soutenu par le ministre de l’Éducation nationale qui détruit consciencieusement le système public d’éducation avec son style patelin fait de mensonges distillés sous forme de fausses évidences. Qui aurait l’idée de prendre une scène filmée dans une usine ou une banque pour argent comptant ? Personne. Mais il n’en va pas de même pour l’école. Il ne devrait y avoir de professeur que modèle (ce que ne revendique à aucun moment celui du film) et de classe que reflet d’un discours sur l’enseignement… C’est peut-être la vraie difficulté du film de Laurent Cantet, de n’en tenir aucun, ni sur l’éducation, ni sur la société française en général mais de montrer, avec le réalisme d’un faux documentaire, un microcosme aucunement généralisable. Comme l’écrit Aurélien Ferenczi dans Télérama : « Un film n’a pas forcément vocation à montrer la vie telle qu’elle est, mais à créer, ici avec un immense talent, un récit, une dramaturgie. » Et comme il est à la mode de décrier le cinéma français, il pourrait être bon de se réjouir a contrario de la force et de la pertinence des films de Laurent Cantet, Abelattif Kechiche (La Graine et le mulet) ou Rabah Ameur-Zaïmeche (Dernier maquis). DP Les CARNETS du STUDIO n°263 – décembre 2008 – 3 semaine 4 5 du 31 décembre au 6 janvier 2009 Cinéma sauf jeudi de Julien Duvivier 45ʼ VF 2hʼ 14h15 sauf jeudi 1h31ʼ 1h30ʼ LOUISE MICHEL 17h15 21h15 de Gustave Kervern & Benoît Delepine 14h15 sauf jeudi (dim 14h45) 19h15 14h15 sauf jeudi LE BON, LA BRUTE ET LE CINGLÉ de Kim Jee-Woon 1h15ʼ 14h15 sauf jeudi 19h45 19h00 16h00 sauf jeudi + 14h15 17h30 de Jacques-Rémy Girerd 1h43ʼ THE VISITOR 17h00 21h15 de Thomas McCarthy sauf mercredi 1h50ʼ 1h43ʼ à suivre… 1h32ʼ AIDE-TOI, LE CIEL T’AIDERA de François Dupeyron 19h30 MIA ET LE MIGOU 1h48ʼ CNP Les amoureux au ban public jeudi 20h00 Couples franco-étrangers Cinéma FILM + DÉBAT 1h28ʼ lundi 19h30 14h15 1h40ʼ 21h30 de Craig Gillespie 19h15 sauf mercredi 14h15 HUNGER à suivre… MES PLUS BELLES ANNÉES 17h45 de Reshef Levy sauf mercredi 21h45 14h15 de Stephen Walker BURN AFTER READING Le film imprévu de Joel & Ethan Cohen 08 92 68 37 01 www.studiocine.com 21h45 19h30 sauf mercredi 14h15 (dim 15h00) 19h30 1h30ʼ UNE FAMILLE CHINOISE 17h00 de James Gray 21h15 JOHNNY MAD DOG 1h38ʼ + COURT MÉTRAGE 5ʼ de Ilan Duran Cohen COMME UNE ÉTOILE DANS LA NUIT 17h30 21h30 17h45 21h45 17h45 21h45 2h21ʼ L’ÉCHANGE de René Féret 1h15ʼ 19h30 TWO LOVERS LE PLAISIR DE CHANTER film du mois à partir de 10h30 CINÉ P’TIT DÉJ’ À 10H30 suivi de la projection à 11h de Jean-Stéphane Sauvaire 19h45 17h45 Toutes les salles des Studio sont accessibles aux personnes à mobilité réduite. 1h50ʼ 1h53ʼ LEONERA + dim de Wang Xiaoshuai 1h36ʼ de Josiane Balasko de Pablo Trapero (dim 15h00) ? 1h55ʼ 14h15 16h00 AVANT PREMIÈRE de Jean-Paul Jaud CLIENTE (dim 14h45) 14h15 I FEEL GOOD ! de Lasse Persson 15h00 16h00 NOS ENFANTS NOUS ACCUSERONT 1h44ʼ 19h45 21h30 sauf mercredi LABAN, LE PETIT FANTÔME 1h47ʼ de Steve McQueen (dim 14h45) 17h15 de Jean-Michel Ribes 1 17h30 de Jacques-Rémy Girerd MUSÉE HAUT, MUSÉE BAS semaine sauf mar + mer-sam MIA ET LE MIGOU LAURA 1h35ʼ 19h15 (dim 14h30) 44ʼ VF de Otto Preminger (dim 14h30) 14h15 décembre 2008 1h31ʼ Soirée présentée par les élèves de la section Audiovisuelle du lycée Balzac 17h00 UNE FIANCÉE PAS COMME LES AUTRES IL DIVO 1h35ʼ (dim 14h30) (dim 14h45) 1h42ʼ 1h40ʼ de Paolo Sorrentino sauf jeudi de Agnès Varda de Eric Khoo (dim 15h00) 14h15 sauf jeudi LES PLAGES D’AGNÈS MY MAGIC (dim 15h00) 19h45 à suivre… 2h08ʼ LA NOUNOU de Garri Bardine de Christophe Barratier (dim 14h30) sauf mercredi de Terry Gilliam (Courts métrages) FAUBOURG 36 (dim 14h30) 19h00 LES AVENTURES DU BARON DE MÜNCHAUSEN POT BOUILLE lundi 19h30 14h15 2h04ʼ VF 1h55ʼ du 3 au 9 21h15 de Clint Eastwood JE VEUX VOIR de Joana Hadjithomas & Khalil Joreige www.studiocine.com Le film imprévu 08 92 68 37 01 www.studiocine.com ? Film pouvant intéresser le jeune public, les parents restant juges. semaine 2 du 10 au 16 décembre 2008 CNP jeudi 20h00 Cinéma lundi 19h30 21h30 14h15 (dim 14h30) 17h15 19h15 21h15 14h15 (dim 14h30) 19h00 14h15 (dim 14h45) 17h15 19h30 14h15 45ʼ UNE VOIX LIBERTAIRE 1h40ʼ de Franck Borzage 1h35ʼ BURN AFTER READING de Joel & Ethan Cohen 1h58ʼ Les Légions d’or maudites de Guillermo del Toro CAOS CALMO de Antonello Grimaldi SLEEP DEALER de Alex Rivera 1h40ʼ jeudi 19h45 Cinéma mardi 19h45 lundi 19h30 17h30 21h30 mercredi 19h45 de René Féret de Ilan Duran Cohen 1h15ʼ + COURT MÉTRAGE 7ʼ JE VEUX VOIR de Joana Hadjithomas & Khalil Joreige 17h00 21h15 sauf jeudi 17h30 21h30 sauf lundi 1h35ʼ 14h15 (dim 14h30) 17h00 19h30 14h15 (dim 14h30) 17h15 21h15 14h15 MUSÉE HAUT, MUSÉE BAS 1h36ʼ CNP TRÈS BIEN MERCI 21h45 17h00 19h15 de Jean-Michel Ribes JOHNNY MAD DOG (dim 14h45) 21h45 vendredi 19h45 HUNGER 1h50ʼ TWO LOVERS de James Gray 1h53ʼ LEONERA de Pablo Trapero 19h15 www.studiocine.com de Emmanuelle Cuau CINÉ + DÉBAT 2h15ʼ L’HOMME DE LA RUE de Frank Capra soirée libres courts Le film imprévu 08 92 68 37 01 www.studiocine.com 14h15 21h45 sauf mardi (dim 15h00) 19h45 ? 14h15 (dim 15h00) 19h45 0h40ʼ L’ENFANT AU GRELOT de Jacques-Rémy Girerd 1h31ʼ MIA ET LE MIGOU de Jacques-Rémy Girerd 2h03ʼ Courts métrages présentés au Festival de Vendôme SÉRAPHINE En présence de THIERRY CHARRIER de Martin Provost 2h08ʼ LE BON, LA BRUTE ET LE CINGLÉ 1h35ʼ de Kim Jee-Woon BURN AFTER READING de Joel & Ethan Cohen 1h50ʼ 1h25ʼ mer-sam lun-mar (dim 15h00) (dim 14h45) 17h30 19h00 sauf mercredi de Samuel Collardey 21h30 CAOS CALMO de Antonello Grimaldi de Agnès Varda de Ridley Scott CHORON DERNIÈRE de Pierre Carles et Éric Martin 1h46ʼ LA TERRE DES HOMMES ROUGES 1h30ʼ 1h33ʼ 21h45 sauf mercredi 14h15 sauf jeudi (dim 14h30) 17h15 19h15 sauf mercredi sauf jeudi (dim 14h30) 17h15 19h15 21h15 sauf mer 14h15 MENSONGES D’ÉTAT AVANT PREMIÈRE 17h45 14h15 L’APPRENTI 1h52ʼ 4 du 24 au 30 décembre 2008 semaine 14h15 19h30 LES PLAGES D’AGNÈS 1h45ʼ 17h15 + 14h15 17h30 21h45 sauf jeudi (dim 14h45) LE CHANT DES MARIÉES de Karin Albou Tous les films sont projetés en version originale (sauf indication contraire). de Karin Albou 1h42ʼ 21h15 14h15 sauf jeudi (dim 15h00) UNE FIANCÉE PAS COMME LES AUTRES 1h30ʼ SERBIS Le film imprévu 08 92 68 37 01 www.studiocine.com MIA ET LE MIGOU de Jacques-Rémy Girerd 1h50ʼ LOUISE MICHEL LES PLAGES D’AGNÈS de Gustave Kervern & Benoît Delepine de Agnès Varda 1h46ʼ 1h35ʼ BURN LA TERRE DES AFTER READING HOMMES ROUGES 1h43ʼ MES PLUS BELLES ANNÉES 21h45 14h15 sauf jeudi 1h48ʼ + Court métrage 7ʼ de Marco Bechis 21h45 17h15 ? 21h15 sauf mercredi (dim 14h45) 17h30 19h15 21h30 sauf mercredi 17h45 21h45 sauf mercredi 21h15 –1– L’instinct de mort sauf mercredi de Jean-François Richet 1h52ʼ de Stephen Walker de Antonello Grimaldi LE BON, LA BRUTE ET LE CINGLÉ Le film imprévu de Kim Jee-Woon www.studiocine.com 2h08ʼ sauf jeudi MESRINE CAOS CALMO 19h45 sauf jeudi 2h12ʼ I FEEL GOOD ! (dim 15h00) 16h00 14h15 de Craig Gillespie 19h45 de Ales Rivera de Brillante Mendoza de Vincent Montluc 1h31ʼ de Reshef Levy SLEEP DEALER 14h15 sauf jeudi LE CHANT LA SOURIS DU (dim DES MARIÉES PÈRE NOËL 15h00) de Joel & Ethan Cohen de Marco Bechis 1h40ʼ + Court métrage 3ʼ 30ʼ 1h40ʼ 19h30 2h08ʼ Avant première en présence de PIERRE CARLES vendredi 19 décembre de Jean-Stéphane Sauvaire de Steve McQueen (dim 15h00) (dim 15h00) 1h46ʼ CENTRE IMAGES & LES STUDIO présentent : film d u mo is COMME UNE ÉTOILE DANS LA NUIT 1h38ʼ 14h15 3 du 17 au 23 décembre 2008 de Agnès Varda LE PLAISIR DE CHANTER HELLBOY 2 1h30ʼ 1h30ʼ + mer-sam AVANT PREMIÈRE LES PLAGES D’AGNÈS THE MORTAL STORM 19h30 14h15 1h50ʼ de Franck Borzage 19h45 (dim 15h00) de Jacques-Rémy Girerd LUCKY STAR 1h52ʼ 17h15 MIA ET LE MIGOU de Franck Wolff + DÉBAT 1h46ʼ (dim 14h45) 14h15 1h31ʼ semaine 08 92 68 37 01 21h45 sauf mercredi ? Films pouvant intéresser les 12-17 ans, (les parents restant juges) au même titre que les adultes. CNP j e u d i 4 d é c e m br e - 2 0 h 0 0 Le CNP, la Cimade, Chrétiens-Migrants et le Réseau Éducation sans Frontière présentent : Les Amoureux au ban public – couples franco-étrangers – Des milliers de couples franco-étrangers sont aujourd’hui privés du droit de mener une vie familiale normale en raison du durcissement constant des lois sur l’immigration et des pratiques administratives : refus de visas et titres de séjour, intrusion dans l’intimité des couples par des enquêtes de police abusives, familles déchirées par des mesures d’expulsion. Parce qu’ils refusent d’être systématiquement suspectés et contrôlés, parce qu’ils n’acceptent plus de vivre cachés ou séparés, plusieurs centaines de couples mixtes mobilisés au sein des Amoureux au ban public entrent en campagne pour faire entendre leur voix et exiger une amélioration de leur condition. Après un film de témoignages –2008 – 35’, DÉBAT avec la participation de Nicolas Ferran (Cimade Montpellier). j eu di 1 1 dé c emb re - 20 h0 0 Le,CNP et Les Amis du Grand Soir présentent : UNE VOIX LIBERTAIRE de Franck Wolff – 45’ La vie de Georges Fontenis se confond avec les histoires des luttes ouvrières du XXe siècle et plus particulièrement avec celles du mouvement anarchiste français. La vie d’un homme qui côtoie des personnages illustres comme 4 – Les CARNETS du STUDIO n°263 – décembre 2008 Brassens ou Camus. Un homme engagé qui soutiendra non sans risque les anarchistes espagnols ou les indépendantistes algériens. C’est aussi une vie faite d’isolement, et de diabolisation par son propre camp politique car osant ouvrir les préceptes libertaires à d’autres champs de réflexions. L’engagement de Georges Fontenis est celui d’un homme libre, qui ne renonce pas. Un homme qui porte un regard éclairé sur les engagements actuels. DÉBAT en présence de Éric Sionneau et Édouard Sill, doctorant en histoire à l’École pratique des Hautes Études. j e ud i 18 d éc em bre - 19h 45 Le CNP et la Ligue des Droits de l’Homme proposent un CINÉ-DÉBAT TRÈS BIEN, MERCI De Emmanuelle Cuau – France – 2007 – 1h46, avec Sandrine Kiberlain et Gilbert Melki. Les conséquences des lois, décrets et interdictions de toutes sortes sur notre quotidien peuvent mener très loin et… très bas, comme le montre ce film : à Paris, Béatrice et Alex travaillent tous les deux, lui comme comptable dans une entreprise soumise à la dynamique actuelle : performance économique, dégraissage, individualisme. Un soir, Alex assiste à un contrôle d’identité. Au lieu de circuler, il reste. S’en suivent : outrage à agent et danger sur la voie publique, une nuit en cellule, une journée en hôpital psychiatrique, etc. Le débat animé par Dominique Guibert, secrétatre général de la Ligue des Droits de l’Homme, et Guillaume Bardon, avocat, membre de la LDH, portera sur l’arsenal des lois sécuritaires conduisant aujourd’hui à de multiples dérives inquiétantes. Soirée libres courts Mercredi 17 décembre à 19h45 En partenariat avec Centre Image, Un florilège de courts récemment présentés au Festival de Vendôme. En présence de THIERRY CHARRIER, réalisateur de Qui a tué Jimi Hendrix ? C’est dimanche ! La Copie de Coralie Ibrahim, treize ans, est renvoyé du collège et laisse croire à son père qu’il a décroché un diplôme. Le regard subtil et sensible de l’excellent comédien Samir Guesmi, devenu réalisateur, sur les univers contrastés de l’enfant et de son père. Attention, petit chef d’œuvre d’humour et d’incongru ! Monsieur Conforme, gérant du magasin de reprographie Copie Conforme, vit depuis trente ans dans le souvenir d’une femme disparue. Sa jeune assistante Virginie décide de prendre les choses en main et affiche un avis de recherche sur les murs de la ville… France – 2007– 30’ de Samir Guesmi. Prix du public, Festival international du court métrage de Clermont-Ferrand 2008. Mention spéciale du jury, Festival international du cinéma de Valence 2008. Prix du jury court métrage, Festival international du film francophone de Namur 2008. Ata France – 2007– 26’, de Cagla Zencirci et Guillaume Giovanetti. Ceyda, jeune femme turque francophone d’origine aisée, arrive en France pour rejoindre l’homme qu’elle aime. Très vite, elle doit faire face à des difficultés et une solitude aussi soudaines qu’inattendues. Jusqu’au moment où elle rencontre, sur un chantier, un vieil asiatique qui s’avère parler une langue inconnue mais proche de la sienne. Cet homme du bout du monde semble avoir les mêmes problèmes qu’elle. Prix du meilleur court métrage, Prix du public et Prix de Fresnes, Festival international du film de femmes de Créteil 2008. Prix spécial du jury, Festival international du court métrage de Montpellier 2008. France – 2008 – 22’, de Nicolas Engel. Rail d’or du meilleur court métrage, Festival de Cannes 2008. Résidence d’écriture du Moulin d’Andé-Céci, Festival de Cannes 2008. Prix Fuji, Festival du court métrage en plein air de Grenoble 2008. Sélection en compétition à la Semaine de la critique, Festival de Cannes 2008. Qui c’est qu’a tué Jimi hendrix ? France – 2006 –19’, de Thierry Charrier. Milieu des années 70. Jimi Hendrix est mort. Pascal, dix ans, se demande qui l’a tué. Avec sa petite caméra, il filme un mariage de famille en Vendée et pose la question à Stéphane, son cousin de dixsept ans. Stéphane, héros de Pascal, en rupture avec la noce qui lentement se déglingue. Un regard aigu d’enfant sur cette micro-société rurale. Sélection compétition nationale, Festival international du court métrage de Clermont-Ferrand 2008. Les CARNETS du STUDIO n°263 – décembre 2008 – 5 AVANT LES FILMS, DANS LES SALLES, AU MOIS DE DÉCEMBRE : Triphase de Anne Paceo (studio 1-2-4-5-6) A Aide-toi, le ciel t’aidera Les Aventures du Baron de Münchausen Sonia est une jolie femme noire. Mariée et mère de quatre enfants, elle est aide-familiale dans la cité. Le jour du mariage de sa fille, le ciel lui tombe littéralement sur la tête ! Un seul recours s’offre à elle : Robert, son voisin de palier octogénaire. Plus blanc que lui, difficile de trouver. Et plus serviable non plus, d’ailleurs… Or, dans la vie, rien n’est vraiment gratuit. Sauf le hasard, si on sait en profiter. Alors, Aide-toi, le ciel t’aidera… Le talentueux réalisateur de La Chambre des officiers (2001) et de Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran (2003) nous offre ici une comédie à la fois énergique et tendre, avec Claude Rich dans le personnage du fameux voisin… Dans une ville assiégée par l’assaillant turc, le vrai Baron de Münchausen fait irruption au beau milieu d’un spectacle censé relater ses aventures. Dépité par la couardise des hommes de cette époque peu valeureuse, il va s’échapper de la ville et partir en quête de soldats dignes de ce nom, capables de repousser l’agresseur. Après le succès de Brazil, Gilliam revient à la charge avec ce qui est peut-être son film le plus fou : la richesse visuelle du Baron de Münchausen n’a d’égal que son sens du délire et de la rigueur. À voir, revoir pour en parler après avec ses amis, ses enfants, ses voisins, ses chiens, ses collègues… ER France – 227 – 1h32, de François Dupeyron, avec Félicité Wouassi, Claude Rich, Mata Gabin… Bibliographie : dossier de presse. L’Apprenti France – 2007 – 1h25, de Samuel Colladey, avec Paul Barbier, Mathieu Bulle… Force est de constater qu’en ces périodes économiquement troublées, les valeurs terre, terroir, agriculture… (re)deviennent source d’inspiration pour le cinéma français. Ainsi, après Sylvestre Chatenay pour Yvette, Bon Dieu ! et Raymond Depardon avec La Vie moderne, Samuel Colladey, en s’inspirant de sa propre histoire pour son premier long, suit la trajectoire d’un jeune homme de quinze ans, élève en lycée agricole, parti en apprentissage, dans une ferme isolée du haut Doubs. Au premier abord aride, ce film, récompensé aux festivals de Venise et de Namur, nous conte, non seulement l’apprentissage professionnel d’un adolescent auprès d’un homme pudique et distant, mais aussi, celui de la vie en général. Bibliographie : site officiel ; Critikat.com Les fiches paraphées correspondent à des films vus par le rédacteur. 6 • First album de Nina Simone (studio 3 et 7) – Les CARNETS du STUDIO n°263 – décembre 2008 Grande-Bretagne – 1988 – 2h04, de Terry Gilliam, avec J. Neville, E. Idle, S. Polley… Le Bon, la Brute et le Cinglé Corée du Sud – 2008 – 2h08, de Kim Jee-Woon, avec Jung Woo-Sung, Lee Byung-Hun, Song Khang-Ho… Hommage à Sergio Leone et petite perle du dernier Festival de Cannes, le dernier western de l’année 2008 est coréen et se déroule en Manchourie ! C’est en effet dans les années 30 au beau milieu de cette province du bout du monde convoitée par les Chinois, les Coréens, les Russes et occupée alors par les Japonais, que Kim Jee-Woon plante le décor de son dernier long métrage. Le cinglé, très habile voleur sévissant de préférence dans les trains, arrive à dérober au directeur d’une grande banque japonaise une carte au trésor qui pourrait bien remettre en cause l’avenir de la Corée… La brute, impitoyable tueur à gages est chargé par le banquier de la récupérer. Le bon, mercenaire sans scrupules, décide de les poursuivre tous deux pour récupérer la carte et empocher la prime. Un western, même à l’orientale, ne va B naturellement pas sans attaque de train, traversée du désert, poursuite par des brigands chinois et coréens et lutte sans merci avec les soldats japonais ! Superproduction très efficace, servie par une distribution époustouflante – Jung Woo-Sung, Lee Byung-Hun et Song Khang-Ho, quasi mythes vivants, sont des superstars en Corée – Le Bon, la Brute et le Cinglé est peut être le prochain film culte en France si on en croit les critiques aussi élogieuses qu’enthousiastes de Cannes. Bibliographie : dossier de presse. Burn after reading USA – 2008 – 1h35, de Joel et Ethan Coen, avec G. Clooney, F. McDormand, J. Malkovich, B. Pitt… Après la réussite de No country for old men, les frères Coen changent quelque peu leur fusil d’épaule et nous livrent un film d’espionnage. Evidemment, il ne faudra pas s’attendre à du James Bond… ici nous avons un ex-agent de la CIA, renvoyé pour alcoolisme, dont les mémoires secrètes (sur cd-rom) finissent par atterrir entre les mains de deux individus qui aimeraient bien le faire chanter… si le document avait un intérêt réel. Comme pour tout film d’espionnage qui se respecte, l’histoire est emberlificotée à souhait et c’est probablement tant mieux car cela ne pourra que rajouter au plaisir de retrouver l’équipe des Coen sur un territoire familier, celui de la comédie franchement loufoque, pouvant tirer sur le surréalisme empreint d’un certain mauvais goût. Le tout servi par une distribution plus que prestigieuse ! Bibliographie : villagevoice.com ; sfgate.com ; rogerebert.suntimes.com C Caos calmo Italie et Grande-Bretagne – 2008 – 1h55, d’Antonio Luigi Grimaldi, avec Nanni Moretti, Isabella Ferrari, Valeria Golino… Adapté d’un roman best-seller en Italie, Caos calmo est un film sur le deuil et le sens de la vie. Pietro est un homme heureux, dans son travail comme dans sa vie conjugale. Mais sa femme meurt subitement, et il reste seul avec sa fille Claudia, dix ans. Sa vie s’arrête, ou plutôt le personnage s’arrête : en lui s’installe un chaos calme. Il accompagne sa fille tous les jours à l’école, puis il passe ses journées assis dans sa voiture ou sur un banc à observer les gens, le monde, attendant de comprendre. Interprété par Nanni Moretti (La Chambre du fils), le personnage est fascinant et se transforme en une sorte de vieux sage avant l’heure. Autour de lui virevoltent des personnages truculents, attachants et drôles, sorte de concentré de l’humanité au quotidien. Bibliographie : sites internet d’Arte, Avoir Alire, dossier de presse. Le Chant des mariées France et Tunisie – 2007 – 1h40, de Karin Albou, avec Lizzie Brocheré, Olympe Borval, Najib Oudghiri… 1942, Tunis. Nour est arabe, Myriam est juive, mais entre elles existe une amitié indéfectible. Les deux jeunes filles rêvent d’amour, jusqu’au moment où la mère de Myriam, pour payer la taxe à l’occupant allemand, fiance sa fille à un riche médecin. Pour Myriam, les rêves d’amour s’écroulent, la présence nazie devient insupportable. Celles que l’amitié unit si fort se retrouvent séparées et doivent lutter pour ne pas se perdre. Après le beau film La Petite Jérusalem, nominé aux Césars en 2005, la réalisatrice nous livre une œuvre forte, sur la féminité, la sensualité féminine, les rapports entre Juifs et Arabes. Une œuvre habitée par des personnages féminins déterminés, au désir de vivre intense, et magnifiquement filmé. À découvrir. Bibliographie : dossier de presse, sites Internet. + COURT MÉTRAGE semaine du 17 au 23 décembre 10 films pour en parler Film de Laurence Ferreira Barbosa France – 2007 – 3’33, de Laurence Ferreira Barbosa avec Laurence Estival, Sophie Medina, Dominik Bernard… Dans une salle d’autopsie, sur la paillasse, repose le corps d’une femme battue à mort par l’homme avec qui elle vivait. Laurence Ferreira Barbosa a choisi pour illustrer les violences conjugales de mettre en exergue la dialectique entre amour et brutalité. Ainsi, à l’austérité du milieu médical, aux couleurs froides de la salle de l’autopsie et à l’automatisme de la prise de notes viennent se heurter, l’espace d’un instant, le sentiment humain, la pudeur et la sensibilité. Un constat aussi simple et touchant que la chaleur d’une larme.s Choron dernière Vie et mort du Professeur Choron et de Charlie Hebdo France – 2008 – 1h45 de Pierre Carles et Éric Martin, avec Georges Choron Bernier, Cabu, Siné, François Cavanna… Les CARNETS du STUDIO n°263 – décembre 2008 – 7 Années 60… la presse française est tristounette, le pouvoir gaullien et la bienséance à tout prix font peser une chape de plomb sur une France qui dort. Toute la France ? Non, car dans une rue parisienne un fou furieux a décidé de taper fort dans la fourmilière. Il s’appelle Georges Bernier, l’un de ses amis s’appelle François Cavanna. Le premier sera bientôt connu sous le titre de Professeur Choron et le bébé de papier qu’il concevra avec son ami s’appelle Hara-Kiri, vite auto-proclamé « journal bête et méchant ». Ces gens-là en effet (rejoints par des génies comme Topor, Cabu, Gébé ou Reiser) ne sont pas des gens bien élevés et la justice le leur fera payer à plusieurs reprises de lourdes sanctions, allant jusqu’à l’interdiction de paraître. Aujourd’hui, un cinéaste lui aussi assez mal élevé et bien connu de nos services a décidé de tourner les projecteurs vers cet homme de l’ombre, ce « gentleman déguisé en salaud ». Après avoir porté sa caméra vers le monde du (non) travail (Attention, danger, travail ; Volem rien foutre al pais…) Pierre Carles brosse ici le portrait d’un artiste et d’un homme de presse mort voici trois ans et dont les enfants n’en finissent pas de bouger. Bibliographie : dossier de presse. AVANT PREMIÈRE du film Choron dernière vendredi 19 décembre à 19h45 en présence du réalisateur PIERRE CARLES Cliente France – 2008 – 1h44 – de et avec Josiane Balasko, Nathalie Baye, Eric Caravaca, Isabelle Carré… Judith a la cinquantaine séduisante et dirige une émission de téléachat. Divorcée, elle vit seule, avec pour confidente sa sœur Irène, qui est la seule à connaître son secret : elle s’offre les services sexuels de jeunes hommes choisis sur Internet. Elle rencontre ainsi Patrick, qu’elle trouve gentil et simple. Or Patrick (en réalité Marco) est marié et profondément amoureux de sa femme Fanny, laquelle pense que son mari fait des chantiers. Malgré le succès populaire de la réalisatrice (Gazon maudit en 95, L’Ex-femme de ma vie en 05) et de l’actrice (notamment avec Les Bronzés), Josiane Balasko a mis plusieurs années à faire ce septième film. Le sujet était considéré comme trop… immoral. Il aura fallu le succès du livre (100 000 exemplaires) pour qu’elle puisse le mettre en scène avec un casting alléchant. « Je me suis accrochée parce que je trouvais 8 – Les CARNETS du STUDIO n°263 – décembre 2008 curieux que l’on m’empêche de raconter une histoire. » Bibliographie : www.telerama.fr - www.laprovence.com Comme une étoile dans la nuit film du moi s FILM DU MOIS, VOIS AU DOS DU CARNET. L’Échange USA – 2008 – 2h21, de Clint Eastwood, avec Angelina Jolie, John Malkovich, Jeffrey Donovan… E 1928 : Christine Collins vit seule à Los Angeles, avec un petit garçon de neuf ans, Walter. Celuici est enlevé. Cinq mois plus tard la police lui ramène un enfant qui serait Walter, mais qu’elle ne reconnaît pas. Christine veut connaître la vérité, et devant son obstination, la police l’arrête et la fait enfermer comme folle. Inspiré d’un fait-divers de l’époque, le film d’Eastwood est une dénonciation vigoureuse d’une société gangrenée par la corruption, machine à broyer les êtres, dont les instruments sont la police, la prison, et l’hôpital. Un film très remarqué à Cannes, à la facture classique revendiquée, avec une Angelina Jolie transcendée. Un magnifique film politique. Bibliographie : Le Nouvel observateur (21/05/2008), Le Monde (21/05/2008), sites Internet. L’Enfant au grelot VF, VOIR PAGES JEUNE PUBLIC, EN FIN DE CARNET. Faubourg 36 France – 2008 – 2h, de Christophe Barratier, avec Gérard Jugnot, Clovis Cornillac, Kad Merad… Dans un faubourg populaire du nord de Paris en 1936, l’élection printanière du gouvernement du Front Populaire excite les plus folles espérances et la montée des extrêmes. C’est là que trois ouvriers du spectacle au chômage décident d’occuper de force le music-hall qui les employait il y a quelques mois encore, pour y monter un spectacle à succès.Il le savait, on l’attendait au tournant. Quatre ans après avoir connu le succès pour Les Choristes, il lui était interdit de refaire un film avec de la musique, des chansons et Gérard Jugnot. Mais voilà, Christophe Barratier reprend les mêmes et récidive. Et, contre toute attente il semble avoir bien fait, en mieux. Entre la comédie musicale et la comédie dramatique, il dépeint un Paris, pas tout à fait réel, pas tout à fait imaginaire avec pour références Carné, Duvivier, René F Clair, Prévert, Clouzot… Espérons qu’il en soit digne. Bibliographie H : dossier de presse, commeaucinema.com Hellboy 2, les légions d’or maudites USA – 2008 – 1h59, de Guillermo del Toro, avec Ron Perlman, Selma Blair… Une terrible menace plane sur la planète depuis que Nuada, le Prince de l’Invisible, a décidé de réveiller ses armées de créatures fantastiques. Mais n’ayez crainte, braves gens car, Dieu (?) merci, au bureau de Défense et Recherches paranormales, on a un atout bien particulier en la personne de Hellboy, un agent très… spécial qui sera le seul à être capable de sauver la Terre de la destruction. Évidemment, lorsque votre patrimoine génétique vous emmène quelque peu vers les odeurs de soufre, il est des choix difficiles à faire… Guillermo Del Toro n’a plus guère de preuves à faire : après Le Labyrinthe de Pan, Hellboy et L’Échine du Diable on le sait parfaitement à l’aise dans le domaine du fantastique, capable de distiller de la poésie dans les moments les plus difficiles comme de se laisser aller à une franche loufoquerie… Bibliographie : imdb.com Hunger Grande-Bretagne – 2008 – 1h40, de Steve McQueen, avec Michael Fassbender, Liam Cunningham… 1981, Irlande du nord. Raymond Lohan est surveillant à la prison de Maze, au quartier H. C’est là que les prisonniers politiques de l’IRA manifestent leur colère en débutant le Blanket and No-Wash Protest. Pour gardiens et détenus, la vie devient un enfer. Arrive un nouveau détenu, Davey Gillen, qui intègre le Blanket Protest. Il partage sa cellule avec Gerry Campbell, qui va lui montrer comment communiquer avec le monde extérieur. Cela n’est possible que grâce à Bobby Sands, leader du mouvement. La tension monte et la rébellion éclate, vite matée dans le sang. B. Sands s’apprête alors à entamer une grève de la faim pour que les détenus de l’ira obtiennent un statut à part… Prix de la Caméra d’or, Cannes 2008. I Bibliographie : dossier de presse. I feel good Grande-Bretagne – 2008 – 1h48, de Stephen Walker, avec la chorale du groupe Young@Heart et Bob Cilman… Pour le 2 008e anniversaire de l’enfant Jésus, un reportage sur la chorale des enfants à la croix de bois eût été bienséant. Mauvaise pioche ! Stephen Walker a choisi de filmer des choristes du Massachusetts dont la moyenne d’âge est à peu près égale à 80 ans. Qui plus est, leur répertoire frise celui de James Brown et nous fait grâce de l’Ave Maria. Avec la mort à portée de la main mais à cœur joie, ils entonnent : « I feel good […] I feel nice, like sugar and spice ». Ce faisant, les chanteurs n’oublient pas de se montrer acteurs de la société. Ils dégomment les idées reçues et fustigent la morosité. Inutile de leur demander de se mettre au diapason ! Doublement primé au festival Paris Cinéma, ce documentaire inondera de lumière, de vérité et de drôlerie les salles obscures, tout autant que les veillées de Noël. Le documentariste anglais, Stephen Walker, mérite d’être connu en France. Bibliographie : www.abusdecine.com + COURT MÉTRAGE semaine du 24 au 30 décembre Paul France – 2004 – 7’20, de Cécile Rousset, Animation. « Paul a été mon voisin pendant 15 ans. Il est comédien, il a aujourd’hui 83 ans. Je l’ai enregistré me racontant sa vie, puis j’ai ajusté prises de sons réels et images animées vers un portrait proche de ce qu’est pour moi cet homme. » L’image, mêlant dessins sur papier et images d’archives, embrasse, à travers le récit d’un homme de 83 ans, rien moins que l’histoire du xxe siècle. Il divo Italie – 2008 – 1h40, de Paolo Sorrentino, avec Toni Servillo, Anna Bonaiuto, Giulo Bossetti… Le film présente l’histoire du premier ministre italien, Giulio Andreotti qui, depuis 1946, a été élu et réélu sept fois de suite. Impénétrable, cynique, Andréotti est la figure même du pouvoir, qui est sa raison d’être et dont il connaît tous les ressorts ; nommé « L’inoxydable » ou « Il Divo », jusqu’au moment où la Mafia décide de lui déclarer la guerre… Loin du biopic traditionnel, Paolo Sorrentino présente un film rythmé, brillant, servi par l’étonnante prestation de son acteur Toni Servillo. Il Divo a obtenu le Prix du Jury au Festival de Cannes 2008. Bibliographie : blog du CNC ; Avènecinéma ; Première.fr. Je veux voir France/Liban – 2008 – 1h15 de Joana Hadjithomas, Khalil Joreige, avec Catherine Deneuve, Rabih Mroué… J Les réalisateurs (déjà auteurs du très beau A Les CARNETS du STUDIO n°263 – décembre 2008 – 9 perfect day) racontent leur film ainsi : « Juillet 2006. Une guerre éclate au Liban. Une nouvelle guerre mais pas une de plus, une guerre qui vient briser les espoirs de paix et l’élan de notre génération. Nous ne savons plus quoi écrire, quelles histoires raconter, quelles images montrer. Nous nous demandons : “Que peut le cinéma ?”. Cette question, nous décidons de la poser vraiment. Nous partons à Beyrouth avec une icône, une comédienne qui représente pour nous le cinéma, Catherine Deneuve. Elle va rencontrer notre acteur fétiche, Rabih Mroué. Ensemble, ils parcourent les régions touchées par le conflit. À travers leurs présences, leur rencontre, nous espérons retrouver une beauté que nos yeux ne parviennent plus à voir. Une aventure imprévisible, inattendue commence alors…» Qu’ajouter de plus ? Le programme donne envie d’aller y voir de plus près. Ajoutons juste que cette aventure hors du commun a été présentée et très bien reçue au dernier festival de Cannes. Bibliographie : dossier de presse. + COURT MÉTRAGE semaine du 10 au 16 décembre Le Jour de gloire France – 2007 – 7’, de Bruno Collet. La nuit précédant l’offensive, un soldat s’est retranché au fond d’un souterrain. Dehors, la guerre gronde à faire trembler la terre, et l’homme se prépare à l’inéluctable. Demain, il s’arrachera avec ses camarades à la boue de la tranchée pour s’élancer sous la terrible pluie d’acier du champ de bataille… Johny Mad Dog France – 2008 – 1h33, de Jean-Stéphane Sauvaire, avec Christopher Minie, Daisie Victoria Vandy… Pour traiter la question des enfants-soldats en Afrique, Jean-Stéphane Sauvaire s’est rendu au Libéria et a proposé à des garçons d’interpréter leur propre rôle, espérant que cette expérience permettrait de rebondir sur le pire. Avec leurs prénoms de bande dessinée et leur allure de rappeurs, ces héros sordides sont aux prises avec la bestialité, la violence et la drogue. Il ne s’agit pas d’un mauvais jeu vidéo, mais de la réalité de ces enfants qui s’attachent à devenir des « chiens méchants ». Aux images choquantes, succède la réflexion distancée d’un jeune homme sur la guerre, sur la vie et sur l’amour, à peine un souffle. Auteur du documentaire (Carlitos Medellin), 10 – Les CARNETS du STUDIO n°263 – décembre 2008 Jean-Stéphane Sauvaire se distingue à nouveau avec ce film présenté à Cannes en sélection officielle. Il a obtenu le Prix de l’espoir. Bibliographie : www.jmdfoundation.org, http://cannes2008.canalplus.fr/film-johnny-mad-dog-20-mai-2008.aspx Laban, le petit fantôme VF, voir pages jeune public, en fin de carnet. Leonora Argentine – 200 – 1h53, de Pablo Trapero, avec Martina Gusman, Elli Medeiros… Julia, 26 ans, enceinte, découvre chez elle le corps de deux hommes dont celui du père de son enfant. Incapable de se souvenir du meurtre, elle est incarcérée dans une prison spéciale pour jeunes mères. Elle y donne naissance à un fils. Lorsqu’elle est condamnée, Julia sait qu’elle ne pourra le garder que quatre ans. Malgré l’enfermement, elle y vit de véritables moments de bonheur. Un jour, la mère de Julia, exilée en France depuis plusieurs années, vient prendre le garçon… On avait découvert Pablo Trapero avec la nouvelle vague argentine dans des films minimalistes : Mundo grua (99) et El bonaerense (02). Grâce à une observation quasi documentaire et une remarquable mise en scène, il tire des moments d’une rare intensité de cette communauté de femmes et d’enfants, aussi bien dans la cruauté et la violence que dans la joie et l’amour. Mais Leonora est avant tout le portrait d’une seule femme, Julia, la lionne du titre et tient sur la performance de l’actrice Martina Gusman : une révélation. Bibliographie : www.arte.com, www.lemonde.fr Louise Michel France – 2008 – 1h30, de et avec Benoît Délepine, Gustave Kervern et Yolande Moreau, Philippe Katerine, Benoît Poelvoorde, Albert Dupontel, Bouli Lanners… Quelque part en Picardie, le patron d’une entreprise de cintres vide ses locaux dans la nuit pour la délocaliser. Le lendemain, quelques ouvrières se réunissent et décident de mettre le peu d’argent de leurs indemnités dans un projet commun : faire buter le patron voyou par Film pouvant intéresser les adolescents, les parents restant juges. L un professionnel. Mais elles choisissent le plus minable de sa génération… Après les ovnis : Aaltra (04), road-movie en chaises roulantes et Avida (06), magnifique recréation surréaliste, les deux Grolandais ont écrit le scénario (primé au Festival de San Sebastian) d’une aventure mi-anarchiste, miburlesque qui mènera le spectateur via Bruxelles jusqu’à un lointain paradis fiscal. « Nous voulons une comédie noire, vraiment drôle et vraiment noire, avec deux personnages principaux à la fois radicaux et attachants. Un western social d’aujourd’hui où les gentils peuvent devenir méchants et où les méchants sont des voyous d’un nouveau genre, rarement dépeints au cinéma. » Produit par Mathieu Kassovitz, Louise Michel a reçu l’Amphore d’or du dernier Festival Grolandais de Quent ! Bibliographie : www.cineuropa.org - www.festival-quend-filmgrolandais.blogspot.com M Mensonges d’état USA – 2008 – 2h08, de Ridley Scott, avec Leonardo Di Caprio, Russell Crowe, Mark Strong… Pour aller à la recherche d’un terroriste qui prévoit une attaque sans commune mesure aux USA, la CIA recrute Roger Ferris. Ce dernier doit s’assurer du soutien du très rusé vétéran de la CIA Ed Hoffman et du chef des renseignements jordaniens. Mais sont-ils fiables ? Dangereux pour son opération ? Di Caprio, Crowe et Strong sont les pivots de ce film d’action. Ridley Scott nous entraîne dans un haletant suspense d’espionnage mis en scène de main de maître. Il a adapté Une vie de mensonges, le palpitant roman de David Ignatius, journaliste d’investigation spécialiste de la CIA. On sent que le réalisateur connaît parfaitement son sujet et le monde arabe. Il a bien restitué les parfums, les ambiances, les caractères, et les scènes d’action sont réglées au cordeau ! Bibliographie : internet. Mes plus belles années Israël – 2008 – 1h40, de Reshef Levy, avec Oshri Cohen, Michael Moshonov, Shmil Ben Ari… Nous sommes en Israël, au début des années 80. Au cœur de la famille Lévy, unie comme les doigts de la main, le jeune Eretz a tout pour être heureux. L’arrivée en ville de la belle et exotique Neta va bouleverser sa vie partagée jusque là entre le lycée, les copains et les fêtes… Comment réaliser son rêve, sans faire voler sa famille en éclat, et que vaut la vie de celui qui ne réalise pas son rêve ? Mes plus belles années est le premier long métrage de Reshef Lévy. Il est applaudi par la critique et le public : 14 nominations au Israeli Film Academy Awards. Record du box office israélien : plus de 200 000 entrées à l’été 2008… Allons vite découvrir ce qui fait le succès de ce premier film ! Bibliographie : internet. Mesrine : l’instinct de mort –1– France – 2007 – 1h53, de Jean-François Richet, avec Vincent Cassel, Gérard Depardieu, Cécile de France, Olivier Gourmet, Samuel Le Bihan… Avant de devenir l’Ennemi public numéro un (titre du deuxième volet de cette série consacrée au plus célèbre des bandits français de la fin du XXe siècle) Mesrine était passé par l’Algérie, des petits braquages, une carrière de truand avec cavale au Canada alors qu’il n’était pas encore l’icône qu’il deviendrait lorsque la brigade anti-gang allait le tuer. Face à un tel sujet, la question du regard est centrale et l’on sait que J-F Richet (État des lieux, Ma 6T va crack-er…) n’est guère enclin à la clémence envers les institutions. Or, il semble ici se refuser à glorifier tout comme à condamner. Néanmoins, le simple fait que le film soit présenté comme une sorte de polar français mais à l’américaine (entendez par là : très efficace) pourrait donner à penser que l’on est peut-être un tout petit plus du côté du héros que de celui de ses ennemis. Bibliographie : dvdrama.com ; dossier de presse. Mia et le Migou VF, voir pages jeune public, en fin de carnet. Musée haut, musée bas France – 2007 – 1h35, de Jean-Michel Ribes, avec Michel Blanc, Pierre Arditi, Josiane Balasko, Muriel Robin, Isabelle Carré, Yolande Moreau, André Dussolier, François Morel, Valérie Lemercier, Tonie Marshall, Daniel Prévost… Chaque jour au musée, les salles se peuplent de multiples personnalités et personnages. Certains y travaillent, d’autres le visitent… C’est Les CARNETS du STUDIO n°263 – décembre 2008 – 11 ainsi qu’on peut y croiser des provinciaux amoureux des Impressionnistes, un haut représentant de l’État bien en peine lors d’une exposition de sexes… Dialoguiste, scénariste, acteur, metteur en scènes (Brèves de comptoir), adaptateur (Cœurs, de A. Resnais), créateur de la série Palace, JeanMichel Ribes réalise une fiction s’inspirant de sa pièce éponyme. Avec son sens de l’absurde et une telle distribution, Musée haut, musée bas se révèle telle une véritable comédie humaine flirtant avec le burlesque. Bibliographie : dossier de presse. My Magic Singapour – 2008 – 1h15, de Éric Khoo, avec Francis Bosco, Jathishweran Naidu, Grace Kalaiselvi… Depuis que sa femme l’a quitté, Francis est au bout du rouleau. Il travaille comme serveur dans une boîte de nuit, et noie son chagrin dans l’alcool. Son fils de dix ans se débrouille seul, mais reproche à son père de se laisser aller. Par amour pour son enfant, Francis décide de renouer avec son ancien métier : magicien… Après le remarqué Be with me (05), l’unique cinéaste singapourien connu en Occident, Éric Khoo, réalise ce film de fakir au talent polyvalent. Autant Be with me était composite comme une mosaïque, autant ce film-ci repose sur un scénario très simple. Par des gros plans du visage replet de Francis qui exprime la plus profonde déréliction, le réalisateur singapourien évite toute obscénité. Il dévoile les sévices inouïs que son personnage accepte de subir, lorsque la rédemption s’est muée en sacrifice. Tours de passe-passe et mélodrame, résultats d’un tournage de neuf jours. Ce record de concision, qui en remontrerait à beaucoup, se révèle surtout un miracle de cinéma. Bibliographie N : Télérama du 08/11/2008, Le Monde du 04/11/08. Nos enfants nous accuseront France – 2008 – 1h47, documentaire de Jean-Paul Jaud. La courageuse initiative d’une municipalité du Gard, Barjac, qui décide d’introduire le bio dans la cantine scolaire du village. Le réalisateur brosse un portrait sans concession sur la traFilm pouvant intéresser le jeune public, les parents restant juges. 12 – Les CARNETS du STUDIO n°263 – décembre 2008 gédie environnementale qui guette la jeune génération : l’empoisonnement de nos campagnes par la chimie agricole (76 000 tonnes de pesticides déversées chaque année sur notre pays) et les dégâts occasionnés sur la santé publique. Un seul mot d’ordre : ne pas seulement constater les ravages, mais trouver tout de suite les moyens d’agir, pour que, demain, nos enfants ne nous accusent pas. Ce documentaire sur les ravages de l’agriculture intensive et ses conséquences sur la santé des consommateurs a déjà fait le tour des blogs écolos. Ex-réalisateur de grands directs sur Canal+, son auteur, Jean-Paul Jaud, a souffert d’un cancer du côlon dû à la présence de résidus toxiques dans l’alimentation. Sentencieux et alarmiste, le film navigue entre discours officiels, rapports d’experts et reportage alarmant. Bibliographie : Télérama du 08/11/08. La Nounou VF, voir pages jeune public, en fin de carnet. Le Plaisir de chanter France – 2008 – 1h38, de Ilan Duran Cohen, avec Marina Foïs, Lorànt Deutsch, Jeanne Balibar… Muriel aimerait bien un enfant mais ça n’est pas facile quand on est haut placée dans les services secrets et quand le seul homme qui semblerait disponible est placé sous vos ordres. Et ça l’est encore moins quand ledit homme ne veut pas d’enfant… Il n’y a aucune raison pour que les choses s’arrangent lorsque votre prochaine mission vous emmène dans un cours de chant lyrique sur les traces de la richissime veuve d’un trafiquant d’uranium. Alors, quand le cours de chant en question s’avère être infesté d’espions qui tous courent après des documents que la veuve pourrait bien avoir… on comprend que la confusion des genres évoquée par le titre du premier film d’Ilan Duran Cohen concerne aussi un mélange de genres cinématographiques : de l’espionnage à la loufoquerie en passant par le bizarre, voici un film qui lorgne sur tous les genres et tire dans tous les coins. Biblio : evene.fr ; mulderville.net P + COURT MÉTRAGE semaine du 3au 9 décembre La Leçon de danse3 France – 2006 – 5’, de Philippe Prouff, avec Maxime Dorian. Ce film est destiné à tous ceux qui veulent épater la galerie avec un apprentissage simple et révolutionnaire de différents mouvements de danse. Vous n’aurez désormais plus aucune excuse pour ne pas remuer votre corps au son des rythmes digitaux. Les Plages d’Agnès France – 2007 – 1h50, de et avec Agnès Varda. Agnès Varda revient sur les plages qui ont marqué sa vie. Elle se met en scène au milieu d’extraits de ses films, d’images et de reportages, inventant une forme d’auto-documentaire. Avec humour, générosité et émotion, elle nous fait partager ses débuts de photographe de théâtre puis de cinéaste novatrice dans les années cinquante, sa vie avec le réalisateur Jacques Demy, la Nouvelle Vague, son engagement féministe, ses voyages à Cuba, en Chine et aux USA, son parcours de productrice indépendante, sa famille et son amour des plages. C’est un voyage à la poésie surréaliste qui a enchanté « par sa simplicité et sa fantaisie » (J. Morice) lors du Festival de Venise que signe cette femme créatrice d’exception, réalisatrice notamment du savoureux Les Glaneurs et la glaneuse (99). Également actrice, scénariste, dialoguiste, monteuse, plasticienne ! Bibliographie : dossier de presse ; Site de Télérama.fr AVANT PREMIÈRE du film : Les Plages D’agnès : mardi 16 décembre à 19h45 S Séraphine France – 2007 – 2h05, de Martin Provost, avec Yolande Moreau, Ulrich Tukur, Anne Bennent, Françoise Lebrun… 1912. Le collectionneur allemand Wilhelm Uhde, l’un des premiers acheteurs de Picasso et découvreur du Douanier Rousseau, s’installe à Senlis et prend à son service Séraphine, une femme de ménage de nature secrète, que l’on dit un peu dérangée. Plus tard, il remarque chez des notables locaux une peinture sur bois… et apprend avec étonnement que Séraphine en est l’auteur. S’amorce alors une relation pour le moins inattendue entre le mécène – premier collectionneur des peintres dits naïfs – et l’ar- tiste originale. Après Le Ventre de Juliette (03), Martin Provost signe ici une fiction inspirée de la vie bien réelle de la peintre autodidacte Séraphine Louis Maillard. En pleine page de l’Art moderne, une rencontre humaine, artistique et véritablement poignante à découvrir ! Bibliographie : dossier de presse. Serbis Philippines – 2008 – 1h33, de Brillante Mendoza, avec Gina Pareno, Jaclyn Jose, Julio Diaz… Nous sommes à Angeles, aux Philippines, au cœur d’un vieil immeuble dans lequel se trouve un cinéma qui projette des films érotiques. C’est là que vit la famille Pineda qui exploite les lieux. Dans ce monde en miniature, qui regorge de bruits et qui grouille en permanence, se mêlent toutes les générations. Un endroit proche de la ruine qui est aussi un lieu de rencontres et de commerce (restaurant au rez-dechaussée, prostitution à quasiment tous les étages). Sans presque en sortir, nous allons y rencontrer les divers membres de la famille et découvrir leurs histoires… Serbis donne l’impression d’être constamment pris sur le vif (comme le précédent film de Brillante Mendoza, le beau John John) et fait ressentir le mouvement perpétuel qui agite ce lieumonde. Film physique, concret, Serbis est une œuvre étonnante qui mêle plusieurs thèmes, de la prostitution des jeunes à la désagrégation d’une famille, entre autres. Bref, une œuvre passionnante qui confirme le talent de Brillante Mendoza. JF Sleep Dealer Mexique – 2008 – 1h30, de Alex Rivera, avec Léonor Varela, Jacob Vargas, Luis Fernando Peña… Mexique, dans un futur proche. Memo Cruz vit pauvrement dans son village, avec son père. La nuit, il écoute un poste de radio qu’il a bricolé, et où des hommes parlent de la vie dans les grandes villes. Memo rêve de faire comme eux. Les militaires qui ont repéré sa radio et l’ont prise pour un émetteur de terroriste bombardent sa maison et tuent son père. Désespéré, Memo part pour la ville. Il doit se faire greffer clandestinement des cel- Les CARNETS du STUDIO n°263 – décembre 2008 – 13 lules nerveuses pour intégrer l’usine dont il rêvait. Et il découvre un monde virtuel, cruel, où le Mexique sert de réserve bon marché aux USA. Film mexicain sur le Mexique des pauvres, film d’anticipation aussi, Sleep Dealer nous parle du monde qui se prépare, de l’exploitation de la pauvreté, servi par des acteurs excellents. Après Guillermo del Toro et Alfonso Cuaron, le cinéma mexicain a trouvé un autre réalisateur talentueux, dont Sleep Dealer est le premier opus. Bibliographie : dossier de presse, sites Internet. La Souris du Père Noël VF, voir pages jeune public, en fin de carnet. T La Terre des hommes rouges Brésil – 2008 – 1h46, de Marco Bechis, avec Claudio Santamaria, Chiarta Caseli… Après le suicide de l’un des siens, Nadio, le chef d’une tribu Guarani du Mato Grosso décide de récupérer les terres dont ils ont été spoliés autrefois et où des fazendeiros cultivent du soja transgénique. Deux mondes se font face. Quand une idylle se noue entre la fille d’un grand propriétaire terrien et le fils du chaman, l’affrontement semble inévitable… Après plusieurs films sur la dictature militaire, la torture : Garage Olimpo (99) et les disparitions d’enfants : Figli/Hijos (01), qui ont reçu une dizaine de prix internationaux, le réalisateur italo-argentin a voulu filmer le combat des Indiens du Brésil. Mais contrairement à Mission où les Indiens Waunana avaient des rôles de figurants derrière De Niro et Irons, il a voulu que les Indiens Kaiowa aient le premier rôle. « Tout le film est envisagé du point de vue des Indiens : mon propre point de vue de cinéaste n’a été forgé qu’après avoir parlé avec eux. » Sur un rythme de western à l’ancienne, et la musique baroque du jésuite Domenico Zipoli, son film tente de conserver leur humour et leur goût pour le fantastique. Bibliographie : dossier de presse. The Visitor USA – 2008 – 1h45, de Thomas Mc Carthy, avec Richard Jenkins, Marian Seldes, Hiam Abbass… 14 – Les CARNETS du STUDIO n°263 – décembre 2008 Professeur d’université, la soixantaine, Walter Vale survit : il enseigne comme il apprend le piano, sans conviction. Une conférence à Manhattan le ramène dans l’appartement qu’il possède, où il va découvrir un couple de clandestins, Tarek et Zainab, victimes d’une escroquerie. Au départ peu enclin à la mansuétude, cet « a priori revenu de tout » va finalement partager bien plus que son toit avec le jeune couple : en s’initiant au djembé avec Tarek, il va revenir à la vie, s’ouvrir au monde, renouer avec ses émotions, l’amitié, la curiosité… Révolté par l’arrestation du jeune homme dans le métro et par les conditions de son incarcération, Walter va tout faire pour soutenir son ami et dénoncer l’injustice du système… Avec ce film (son second après The Station Agent) salué par la critique internationale et récompensé par Le grand Prix du Festival de Deauville 2008, le réalisateur signe une œuvre politique et émouvante, sans pathos ni clichés ; un film qui nous parle de nous, un beau film sans aucun doute ! Bibliographie : sites Agora vox, Sur la route du cinéma Two Lovers USA – 2008 – 1h50, de James Gray, avec Joaquin Phoenix, Gwyneth Paltrow, Vinessa Shaw, Isabella Rossellini… New York. Suite à un échec amoureux, Leonard Kraditor vient s’installer à Brooklyn près de ses parents et fait la connaissance de Sandra… la femme que ses parents lui ont choisie. Mais il rencontre également Michelle, par hasard, dans les couloirs de son immeuble. Et tombe éperdument amoureux. Leonard est alors déchiré entre ces deux femmes, très différentes l’une de l’autre… Après plusieurs thrillers, le réalisateur newyorkais a eu envie d’écrire une histoire d’amour. Two lovers s’inspire notamment d’une nouvelle de Dostoïevski – Les Nuits blanches – dont le héros développe une véritable obsession pour une femme croisée dans la rue. Outre la question du rapport à l’amour, on retrouve ici le regard de J. Gray « sur la façon dont les origines sociales et la nature intrinsèque de ses personnages déterminent leur destin ». Bibliographie : dossier de presse. U Une famille chinoise Chine – 2007 – 1h55, de Wang Xiaoshuai, avec Liu Weiwei, Jiayi Zhang… Mei Zhu et Xiao Lu sont divorcés et ont refait leur vie. Le jour où ils apprennent que leur petite fille est atteinte de leucémie, et que sa meilleure chance de guérison réside dans la conception d’un petit frère ou d’une petite sœur qui pourrait faire office de donneur de moelle osseuse, on comprend aisément le dilemme qui s’offre à eux. Ce qui pourrait passer pour le pire des mélos a en fait été remarquablement reçu par la critique qui salue tout autant le travail de présentation d’une société chinoise modernisée (mais encore empreinte de tradition) que la sobriété de la mise en scène ou le talent des acteurs. Un film d’autant plus vivement attendu que le réalisateur n’a manifestement pas hésité à dévier de ce que l’on pourrait imaginer (le désarroi individuel) pour viser des perspectives bien plus larges mettant notamment en cause la place de la femme de la société, le statut du couple ou la politique familiale chinoise. Bibliographie USA – 2007 – 1h46, de Craig Gillespie, avec Ryan Gosling, Emily Mortimer, Patricia Clarkson… Un petit village du Middlewest. Dans le garage aménagé de son frère Gus et de sa femme Karin, vit Lars. C’est un homme timide et plutôt introverti. Alors, quand il leur annonce qu’il a fait la rencontre de Bianca via Internet et que celle-ci ne va pas tarder à lui rendre visite, Gus et Karin, soulagés, s’impatientent de la connaître. Or, leur surprise est grande lorsqu’ils rencontrent l’étrange jeune fille. Cependant, sur les conseils de leur médecin, ils décident de ne pas blesser Lars en l’acceptant. Aussi Bianca va-t-elle accompagner Lars à ses activités – à l’église, au supermarché, à table – suscitant la stupéfaction générale du village… Autour du personnage de Lars, joué superbement par R. Gosling, cette histoire a priori décalée, se révèle particulièrement riche en émotions. Bibliographie : dossier de presse. : dvdrama.com, dossier de presse. Cinéma TOURS Une fiancée pas comme les autres Henri LANGLOIS lundi 8 décembre – 19h30 Soirée proposée et présentée par les élèves en section Audiovisuel du Lycée Balzac. Sergent York de Otto Preminger (1944) USA NB 88’ lundi 15 décembre – 19h30 / 21h15 HOMMAGE À FRANK BORZAGE Lucky Star (L’Isolé) lundi 22 décembre – 19h30 L’Homme de la rue de Franck Capra (1941) USA NB 135’ lundi 5 janvier – 19h30 HOMMAGE À GÉRARD PHILIPE Pot-Bouille de Julien Duvivier (1957) Fr NB 115’ de Frank Borzage (1929) USA NB muet 106’ The Moral Storm de Franck Borzage (1940) USA NB 100’ Les CARNETS du STUDIO n°263 – décembre 2008 – 15 en bref ici. . . ` ENFIN SOBRE ! Si nul n’est indispensable, tous les comédiens sontils interchangeables ? Ah le rôle de composition : valeur sûre pour le comique notamment, en termes de nombre d’entrées certes, mais également en tant que tremplin, pour obtenir ses lettres de noblesse, auprès de ses pairs mais surtout auprès de la critique, pas toujours tendre avec les clowns. Mais est-ce que tous peuvent réussir le grand écart opéré par un Bourvil, un Coluche (Tchao Pantin), par une Valérie Lemercier (Vendredi soir) entre autres ? Enfin tout cela pour dire, qu’après Daniel Auteuil, capable lui de passer de la panoplie du séducteur potache à celle du mythomane infanticide, puis Dany Boon (un peu jeune encore dans le métier), ce sera finalement Christian Clavier qui devrait interpréter le rôle d’Hervé Chabalier dans l’adaptation de l’autobiographie évoquant son addiction à l’alcool : Un dernier pour la route. Une leçon de sobriété et d’humilité pour le comédien préféré de notre président ? ` À L’OUEST, DU PRESQUE NOUVEAU ! James Huth réalisateur du très oubliable Brice de Nice retrouve son interprète, le très couru Jean Dujardin, pour une nouvelle adaptation des aventures du « pauvre cow-boy solitaire » Lucky Luke. En fait ce qui est intéressant dans ce projet, c’est la présence de comédiens qui ont en général tendance à miser sur la qualité : Sylvie Testud incarnera la maîtresse femme de légende, Calamity Jane, tandis que Melvil Poupaud sera Jesse James ; plutôt rassurant non ? Aïe, on annonce aussi Michael Youn, mais pas dans la peau de Rantanplan, ni de Jolly Jumper. ` DE LA BONNE GRAINE Hafsia Herzi l’héroïne de La Graine et le mulet et de Française ne semble pas faire partie de celles, qui en raison de leur jeunesse et/ou de leur naïveté, se retrouvent associées à des projets qui tout en les exploitant ne leur permettent pas de poursuivre une carrière à long terme, comme par exemple, ce fut le cas dans les années 80, pour Valérie Kaprisky! C’est donc avec Alain Guiraudie (Ce vieux rêve qui bouge, Pas de repos pour les braves…) et son Roi de l’Évasion que la jeune comédienne poursuit son destin cinématographique. ` NOUS SOMMES (DÉCIDÉMENT) BIEN PEU DE CHOSES… Il semblerait qu’il nous faille encore attendre pour faire l’expérience du Clavier 16 – Les CARNETS du STUDIO n°263 – décembre 2008 en bref dépouillé, puisque c’est désormais François Cluzet qui est annoncé dans le rôle d’Hervé Chabalier. Le dernier pour la route cette fois ? et ailleurs ` CHARLOTTE FOR HORROR Charlotte Gainsbourg est une des rares actrices françaises à être engagée par des réalisateurs étrangers pour représenter un peu plus que la Frenchie de service. Ainsi après avoir travaillé avec Franco Zeffirelli, Alejandro González Iñárritu, Todd Haynes et Emanuele Crialese, elle tourne en Allemagne avec le pape du Dogme, Lars Von Trier (qui retrouvera à cette occasion, Willem Dafoe, un de ses interprètes de Manderlay). Antichrist contera l’histoire d’un couple qui, après avoir choisi de vivre au milieu de la forêt, suite à la mort de son enfant, et va vivre des expériences plus qu’angoissantes : frissons garantis ! ` MALADIE HONTEUSE Guillermo Del Toro, réalisateur des fascinants L’Échine du diable, Hellboy et autre Labyrinthe de Pan, redevient le producteur de Juan Antonio Bayona (L’Orphelinat) pour son premier long métrage en langue anglaise : Hater ou comment une épidémie de violence pourrait gagner le monde entier sans raison apparente et sans que qui ce soit puisse échapper à ce climat de terreur. ` RÉSISTE ! PROUVE QUE TU EXISTES… On avait pu déjà s’en rendre compte par les propos qu’il pouvait tenir dans les interviews et par le choix de ses films Carnets de voyage de Walter Salles, La Mauvaise éducation d’Almodovar ou La Science des rêves de Michel Gondry : Gael García Bernal fait partie des comédiens qui réfléchissent et qui s’engagent. Associé à Marc Silver, il va réaliser un documentaire sur l’acte de résistance et ses différentes mises en œuvre à travers le monde. ` HÉROS (INTER)PLANÉTAIRE Il faut croire que Brad Pitt apprécie les films en costumes : Entretien avec un vampire ou L’Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford ; et particulièrement revêtir la si seyante tunique des éphèbes. Ainsi après avoir incarné Achille, il devrait interpréter un autre héros légendaire : Ulysse. Enfin tunique, c’est peut-être vite dit, puisqu’il s’agirait d’une version intergalactique de L’Odyssée ! IG Les CARNETS du STUDIO n°263 – décembre 2008 – 17 bande annonce Que fait l’armée française en Afghanistan ? La mort, en août dernier, de dix soldats français en Afghanistan a révélé brutalement à l’opinion qu’une guerre se poursuit dans ce pays, et que la guerre tue. La guerre d’Afghanistan a été éclipsée par celle d’Irak, à laquelle la France n’a pas participé, l’estimant, à juste titre, infondée. Mais celle d’Afghanistan ne l’est-elle pas tout autant ? Elle visait, dit-on, Al Qaida, mais, sept ans après, on ne parle plus que de lutte contre les talibans, alors que ceuxci, durant des années, n’ont guère gêné les Américains et que cette guerre n’a empêché ni les attentats de Madrid ni ceux de Londres. Cette guerre était censée améliorer les droits humains, et singulièrement ceux des femmes mais, en dehors de Kaboul, les seigneurs de la guerre, qui se partagent le pays, ne respectent guère ces droits… A-t-elle servi à l’éradication de la drogue ? Même pas ! La culture du pavot, qui avait décliné sous les talibans, est repartie de plus belle. Cette guerre est-elle menée efficacement ? On peut en douter compte tenu de l’usage intensif de l’aviation, à la fois cause et conséquence de l’aggravation de la situation sur le terrain. Craignant de se risquer sur le terrain, les Occidentaux font appel à l’aviation, qui commet des bavures, ce qui les rend plus odieux encore à la population. Et, comme au Cambodge en 1970, les Etats-Unis croient pouvoir étouffer le soulèvement en portant la guerre dans le Pakistan voisin, ce qui ne contribue qu’à envenimer la situation. Quels buts le pouvoir français poursuit-il dans ce conflit ? Le suivisme actuel de notre politique étrangère à l’égard des ÉtatsUnis est bien connu. Comment la France peut-elle se sortir de cette guerre, qui n’est pas la sienne et apparaît déjà comme perdue ? Les Amis du Monde diplomatique pour le CNP Comme à l’accoutumée, une soirée du CNP sera l’occasion de poser le débat tous ensemble. 18 – Les CARNETS du STUDIO n°263 – décembre 2008 à propos de à propos de : Entre les murs Entre les murs de l’école, plus précisément entre les murs de la classe, que se passe-t-il ? Nous découvrons un professeur de français quelconque et une mini société métissée d’élèves au croisement de langues, de sexes, de profils, de pays singuliers, mélange à l’image du dehors, hors les murs de la classe, hors les murs de l’école. C’est la vie. C’est la vie dans la classe, individus contraints de venir à l’école selon la loi, de vivre ensemble, d’apprendre, d’échanger, de partager, de s’écouter… Pendant deux heures, nous vivons une fiction, (oui ! c’est bien une fiction et non un documentaire) un monde en mouvement permanent où rien n’est jamais fixé durablement. Le doute est là, la controverse, la contestation piquée d’insolence sous toutes ses formes. Pourquoi ? Le trouble s’installe et les interrogations sont multiples : Le prof est-il gentil ? Pas gentil ? Trop gentil ? « M’sieur, Vous charriez trop ! » La sanction tombe, incompréhension « M’sieur, tout est calculé… M’sieur, c’est de la vengeance ! » La langue dérape sur le mot pétasses : « M’sieur, vous nous traitez de prostituées ! » Bataille de mots qui ne recouvrent pas la même signification entre les murs et hors les murs. Le mal être des élèves-ados transpire quand ils évoquent la honte, le doute sur leurs propres capacités « Ça ne sert à rien ! », « Ma vie n’est pas intéressante ! », « Je comprends pas ce qu’on fait, partout... ». Leur échec ou leur renoncement sont parfois dissimulés derrière une attitude insolente ou un refus. Il y a malaise, difficulté à gérer la classe dans ce climat difficile, épuisant. Nous vivons là un condensé fictif de situations explosives qui heureusement ne font pas le quotidien des collèges. À la mise à nu, la fragilité de l’être enseignant que bon nombre de profs-spectateurs ont retenues, il faut opposer l’incroyable capacité du prof-acteur à respecter chaque élève, l’encourager, le valoriser, essayer de le comprendre en l’écoutant, en se débattant pour donner des réponses adaptées au mieux… Quelques scènes viennent en bousculer d’autres et nous interpellent sur l’intelligence de ces ados. Il suffit de revenir sur l’aveu d’Esmeralda non intéressée par les livres à lire dans la classe mais passionnée par La République de Platon, chipé à sa grande sœur ! Enfin, méditons sur la signification du tatouage de Souleymane : « Si ce que tu as à dire n’est pas plus important que le silence, alors tais-toi ». MS Les CARNETS du STUDIO n°263 – décembre 2008 – 19 courts lettrages Entre les murs « Gentil... Gentil... Pas gentil. Ah là ! Pas du tout du tout gentille ! ». Si l’on s’en tient à ces premiers échanges dans la salle des profs, on peut imaginer que les adultes divisent de manière manichéenne le monde entre pas gentils (méchants ?) et gentils. Dans le collège, une mini-société se dessine, où la mise à mal des rôles des enseignants atteint ces derniers de manière affective. L’étymologie latine du terme gentil – gentilis, de la race, de la famille, du peuple – a fini par traduire l’idée d’une nonappartenance, à celle du peuple juif puis chrétien. Le gentil devient alors l’étranger, le païen. L’Autre pourrait-on dire. Historiquement, le vocable de gentil se révèle ainsi ambivalent, en désignant tantôt l’étranger, voire l’infidèle, tantôt une personne de « bonne race », aimable, bienveillante, voire noble par ses qualités morales. Ce petit aparté invite à re-penser les mots et ce qu’ils véhiculent parfois à notre insu, au-delà du jugement professoral apparemment simpliste, caricatural et réduit aux affects. Ainsi, la chaîne des glissements sémantiques aide à prendre conscience de représentations qui nous gouvernent parfois. Alors, gentil, pasgentil pourraient résonner bien autrement ! RS 20 – Les CARNETS du STUDIO n°263 – décembre 2008 Après les films de Kechiche L’Esquive et La Graine et le Mulet, voici encore un film éminemment linguistique qui explore, avec brio, les français tels qu’on les parle, tels qu’ils se « cherchent », ici, entre les murs d’un collège, microcosme si particulier d’une classe particulière. On y ressent avec une grande pertinence les difficultés, les joies et la solitude d’un métier finalement peu connu, prof (de collège). DP Chez les profs, pas de super mecs ni de super nanas... Mais des hommes, des femmes, professionnels courageux qui soufrent parfois, impuissants devant l’inégalité criante dans notre société. MS Entre les murs du collège, la vie est difficile : pour les adolescents qui se cherchent en s’opposant ou ne comprennent pas ; pour l’enseignant qui vaillamment maintient le dialogue, en un équilibre précaire, que le dérapage menace, qu’éclairent les moments de réussite. JC Il est toujours amusant de voir combien un film que l’on ne perçoit pas du tout comme polémique peut d’un seul coup soulever des vagues et lancer des débats… L’enseignement est peut-être au cœur des préoccupations politiques, au cœur des soucis de chacun… peut-être… Mais le partipris de ne jamais sortir du collège nous interroge en fait sur son hors-champ immédiat : les parents et la famille. Pratiquement jamais vus, ces éternels absents demeurent hors les murs. Et c’est peut-être ce qui fait mal dans le film : le sentiment que, seul, le collège ne peut pas grand-chose. ER Il y a de beaux partis-pris de cinéma : l’absence de profondeur de champ, les gros plans abondants, l’image finale de la salle vide. Et puis il y a le personnage de Marin : sympathique, intéressant, mais agaçant dans sa façon d’avoir toujours raison ! Et d’en arriver à quelques belles gaffes finalement. Entre les murs est un film dérangeant, positivement et … négativement. CdP Je suis touchée par l’humilité et l’humanité qui transparaissent à travers le rôle de l’enseignant. Les professeurs ne sont pas des héros, qui pourrait l’ignorer aujourd’hui ? Pourtant, un peu plus de gloriole et un peu moins de proximité, même pour faire semblant, agrémentées d’un sacré coup de brosse à reluire, permettraient peut-être aux élèves de croire, ou faire semblant de croire, juste quelques heures par jour, qu’ils sont à leur place d’élèves. « Être attentif au collégien » ne signifie pas « être pote ». Du reste, l’attention à l’autre peut se traduire par l’attitude : le ton, le geste et le vêtement qui donnent de la tenue au rôle. Pourquoi ceux qui enseignent s’assoient-ils effrontément sur les tables ? Que dit cette posture communément admise ? BM Le problème avec les films qui se déroulent dans des établissements scolaires, c’est que les profs vont les voir. Du coup les films ne sont plus vus en tant que tels mais comme des leçons, comme des vérités. Entre les murs n’échappe pas à la règle et c’est François Bégaudeau qui en fait les frais (« Il ne sait pas s’y prendre », « Il cherche bien ce qui lui arrive »…) La rançon du succès, peut-être, mais les spectateurs du corps enseignant sont parfois bien prétentieux. Il faudrait se rappeler tout d’abord que le film est une fiction mise en scène par un réalisateur. Et pas n’importe lequel, rendons à Laurent Cantet ce qui lui est dû. JF Les CARNETS du STUDIO n°263 – décembre 2008 – 21 à propos de à propos de : Entre les murs L’emploi du temps Le samedi 4 octobre 2008, le quotidien Libération nous apprend que le responsable d’une section d’enseignement adapté a été frappé très violemment par une élève de 15 ans, et que le même mois, le 26 septembre, une professeure des écoles du Val-d’Oise a été à son tour frappée par un élève de 10 ans. Les deux rectorats concernés disent avoir assuré les fonctionnaires agressés de leur soutien. Sans conteste, la fonction sociale du maître s’est récemment dévalorisée (le prêtre ne va pas mieux, le psy s’inquiète, le politique tremble, quant aux banquiers…) Se garder toutefois à ce sujet de tout emballement réac ou angélique. Pas facile (TF1 n’a pas inventé la banalisation de la délinquance – elle lui arrive de l’exploiter –, par exemple, n’en déplaise aux conspirationnistes de tous poils). Le mercredi 25 septembre est sorti sur les écrans Entre les murs de Laurent Cantet, Palme d’or à Cannes cette année (merci Sean Penn). Le cinéaste suit, toute une année scolaire, la vie d’un collège parisien difficile, plus particulièrement une classe de quatrième et son prof principal, François, qui enseigne le français (enfin, il essaie…) François Bégaudeau joue son propre rôle (il a été prof). Il est en outre l’auteur du roman éponyme (très bon) dont s’inspire le film. Lorsqu’on parle d’éducation et/ou d’école, à l’image du professeur Rollin : tout le monde a quelque chose à dire ; ça fait causer. Souvent le débat prend la forme d’une 22 – Les CARNETS du STUDIO n°263 – décembre 2008 querelle des anciens (la tradition humaniste canonisée) et des modernes (le rapport au temps et à la distance a changé, disent-ils, il faut prendre en compte l’effacement de la société disciplinaire-autoritaire insistent-ils). Entre les murs est anxiogène en ce qu’il ne prend jamais parti, diffracte au contraire tous azimuts la narration. Plus de deux heures d’incertitude. Un découpage astucieux d’une grande habilité brouille les repères narratifs traditionnels. La caméra (elle laisse vivre les personnages) capte les soubresauts de ce duel hypnotique à huis clos. À tout moment ça peut déraper, partir en vrille. Violence verbale et physique. Intimidations. On chambre à tout va, on se traite continûment. Quelques dérapages homériques (l’affaire des pétasses) Rien n’est occulté. Rien à quoi surtout se raccrocher. Faut-il imposer à des collégiens la lecture d’une œuvre de Voltaire ? Quelle sanction infliger quand tout est désormais individualisé et contractualisé, lorsque l’argument d’autorité n’en impose plus ? Comment penser la culture à l’heure de l’hypercapitalisme culturel ? Quel monde va naître de la culture-monde des marques internationales, des distractions médiatiques, des réseaux numériques et de la civilisation de l’écran ? Allez savoir. Le prof fait ce qu’il peut, ni plus ni moins. Chacun bricole dans son coin, à preuve du contraire. Bien vu. Laurent Cantet et François Bégaudeau refusent la tentation d’une forme sûre, fermée et protégée. Ils affron- lègues interdits, effondré face à des problèmes insurmontables d’irrespect, d’inattention, de discipline, de violence même ; ou cette gamine, vulnérable et bouleversante, tout à la fois, qui confie ne rien comprendre aux cours dispensés chaque jour – témoignage accablant. Enfin, le langage, comme souvent dans le cinéma français (cf. le dernier ouvrage de l’iconologue Michel Chion), est un personnage à part entière. Pour Thomas Clerc (prof à Paris X-Nanterre, dans le Libé du 27 octobre) : « Le collège est en proie à une maladie endé- et dépressive (le « c’était mieux avant »). Une errance généralisée (on arrêtera là, rappelons que le malaise dans la civilisation n’est pas nouveau). Voyez cette longue et étonnante galerie de personnages, à la fois instables et superbes, parfois ridicules (comme tout un chacun) et contradictoires (qui ne l’est pas…), toujours uniques, voire exceptionnels, qui défilent sous nos yeux : les visages (celui de François, lisse et figé, qu’animent de menues variations) reflètent tantôt de l’agitation, tantôt de l’égarement, à commencer par cet enseignant de techno qui donne des signes de détresse en présence de ses col- mique du langage, le bavardage. Le professeur Bégaudeau ne transmet rien à ses élèves : il parle avec eux sans cesse, dans un univers saturé de ce qu’en rhétorique aussi on appelle le bruit, qui perturbe toute communication normale ». Eh bien… Le débat est lancé. Le reflet fidèle et honnête d’une société désemparée. Sans borne fixe. Pour quelles raisons, de ce point de vue, les jeunes s’y retrouveraient-ils mieux que leurs aînés ? Le fond et la forme avancent à cet égard de concert. À chacun d’insuffler un sens à ce lieu vidé. En tout cas, faire le mur. Un film fort réussi, donc. OF Les CARNETS du STUDIO n°263 – décembre 2008 – à propos de tent les choses à l’état informe. Une sorte de perpetuum mobile assumée. Au risque de se mettre pas mal de monde à dos (hi ! hi !) ou presque (ce qui est déjà le cas, de Chevènement à Meirieu, qui ne manque pas de culot, celui-là). N’importe ! Le rejet de toute espèce de formatage cohérent du récit fait la force et l’originalité du film. Un écho cinématographique à l’évaporation d’une partie des repères collectifs, au désarroi d’une société désorienté (string ou pas string, foulard ou pas foulard, Siné ou Val, gauche ou droite, stop ou encore) 23 à propos de à propos de : La Belle personne Fidélité Si le titre n’avait déjà été utilisé par Andrzej Zulawski pour sa propre adaptation de La Princesse de Clèves (avec Sophie Marceau), La Belle personne, le film de Christophe Honoré aurait pu s’appeler La Fidélité. Car cette notion, essentielle au livre de Madame de La Fayette, et à l’adaptation qu’en fait Christophe Honoré, irrigue également le reste de son œuvre. Fidèle, il l’est, et en premier lieu à ses acteurs. Louis Garrel tout d’abord puisque c’est leur quatrième film ensemble. Grégoire Leprince-Ringuet ensuite, déjà l’un des rôles importants du précédent film, Les Chansons d’amour. On retrouve aussi Clotilde Hesme (dans le petit rôle de la documentaliste), Alice Butaud (en professeur de russe), Julien Honoré le propre frère du réalisateur (en compagnon de la documentaliste), sans oublier Esteban Carvajal-Alegria qui de silhouette est devenu personnage important (Matthias, le cousin de Junie). Mais la plus belle de ces apparitions est sans conteste celle de Chiara Mastroianni qui, dans un café, croise le regard de Junie (la princesse), un sourire mystérieux aux lèvres. Outre la présence magique de l’actrice, c’est d’un passage, d’une transmission qu’il s’agit là car Chiara Mastroianni a elle aussi incarné La Princesse de Clèves dans La Lettre de Manoel de Oliveira. Fidélité aux lieux : après Dans Paris et Les Chansons d’amour, Christophe Honoré nous montre pour la troisième fois qu’il aime et 24 – Les CARNETS du STUDIO n°263 – décembre 2008 qu’il sait superbement filmer Paris en hiver. Et la longue scène de la course dans la neige est là pour nous le prouver. Autre lieu, la Bretagne, celui des racines. Son premier long-métrage réalisé pour la télévision : Tout contre Léo, s’y déroulait. Dans Les Chansons d’amour c’était Erwann (Grégoire LeprinceRinguet) qui en venait et qui chantait, « Je suis beau, jeune et breton, je sens la pluie, l’océan et les crêpes au citron » ; dans La Belle personne c’est là où, à la fin, Junie (Léa Seydoux) s’enfuit. Fidélité musicale : depuis toujours, Christophe Honoré travaille avec Alex Beaupain et intègre ses chansons à ses scénarios. C’était, Avant la haine, chanté au téléphone par Romain Duris et Joanna Preiss pour Dans Paris, tout le répertoire des Chansons d’amour, bien sûr, et ici encore Comme la pluie que chante Otto (Grégoire LeprinceRinguet) juste avant de se suicider. Notons que cette fidélité est réciproque, puisque sur 33 tours le nouvel album d’Alex Beaupain on retrouve Comme la pluie, cette fois chantée par Ludivine Sagnier, Clotilde Hesme, Chiara Mastroianni et lui-même. Rappelons-nous aussi qu’Alex Beaupain était déjà présent pour le premier long-métrage de cinéma de Christophe Honoré : 17 fois Cécile Cassard, dans lequel il y avait une belle scène de danse au son de Pretty killer, une de ses compositions et déjà un moment chanté : Romain Duris y reprenait la chanson de Lola le film de Jacques Demy. la chanson de Lola déjà citée, les marins croisés dans Les Chansons d’amour, entre autres) avec lequel il partage comme un air « de ne pas y toucher ». Tous deux ont l’habileté de faire croire au spectateur qu’il a vu un film léger, enjoué, alors que les histoires y sont souvent tragiques. Tous deux cachent sous une apparente frivolité une gravité élégante, ce que traduit habilement Alex Beaupain dans ses paroles : à propos de Fidélité littéraire, Christophe Honoré s’est d’abord fait connaître par ses livres pour la littérature dite de jeunesse (mais Tout contre Léo ou Mon cœur bouleversé, entre autres, ne sont pas que de beaux livres de littérature pour la jeunesse mais de très beaux livres tout court). Puis par ses romans comme La Douceur ou Scarborough. Son amour pour la littérature se retrouve partout. Il adapte Madame de La Fayette, bien sûr, mais aussi Georges Bataille (Ma mère) et les livres sont omniprésents (dans Les Chansons d’amour par exemple : Alice Butaud y a toujours un livre à la main, à trois dans un lit on lit trois livres différents et la caméra s’attarde sur tous ceux qui trainent dans l’appartement du personnage de Grégoire Leprince-Ringuet). Les albums de littérature pour la jeunesse y ont aussi une grande importance. C’est Loulou de Grégoire Solotareff, une histoire d’amitié et d’enfance qui réunit les frères de Dans Paris, et dans La Belle personne c’est Otto de Tomi Ungerer, offert au personnage homonyme qui pense qu’aucun héros ne peut porter son nom, et dans lequel un ours en peluche ayant connu la seconde guerre mondiale et l’antisémitisme, raconte sa vie. Fidélité aux œuvres cinématographiques aimées (les emprunts à Godard ou Truffaut pour Dans Paris) et les clins d’œil à Jacques Demy (Cécile Cassard, « Comme la pluie nous manque parfois Un orage aurait plus d’allure Pour se crier ces choses-là Se jeter ces mots à la figure Comme la pluie nous manque parfois Comme le soleil nous tue Comme ses rayons nous semblent froids Quand on ne s’aime plus ». Mais toutes ces permanences n’auraient aucun intérêt si elles n’étaient que références et si elles faisaient stagner le cinéma d’Honoré, or il n’en est rien. Dans Paris, Les Chansons d’amour et La Belle personne forment un trio magnifique particulièrement cohérent aux variations subtiles et à l’équilibre impeccable. On est bien face à un univers particulier et personnel dont on retrouve des échos d’œuvre en œuvre mais qui n’étouffent pas celles-ci. Et son prochain film : Non, ma fille, tu n’iras pas danser va certainement en apporter une nouvelle preuve puisqu’il a été tourné en… Bretagne, avec… Chiara Mastroianni dans le rôle principal et… Louis Garrel dans celui de son amant. JF Les CARNETS du STUDIO n°263 – décembre 2008 – 25 rencontre rencontre : Sébastien Ronceray Rencontre avec Le 14 octobre Sébastien Ronceray, conférencier à la Cinémathèque française, est venu rencontrer le public des Studio à la suite de la projection de La Captive aux yeux clairs, film qui clôturait l’hommage à Howard Hawks organisé en partenariat avec la Cinémathèque de Tours. Howard Hawks : une carrière riche et 5 westerns Après nous avoir fait un bref panorama de l’œuvre de Hawks (près de 50 films en près de 50 ans d’une carrière jalonnée de réussites dans tous les genres, de la comédie au policier en passant par le film de guerre), S. Ronceray évoque les cinq westerns hawksiens, que l’on pourrait ranger en deux catégories : ceux qui vont traiter de la découverte d’un pays, et ceux qui se tourneront plus vers l’organisation sociale naissante de l’Ouest américain. La Captive aux yeux clairs (The Big sky en anglais, titre peut-être plus énigmatique mais certainement moins racoleur…) qui retrace le voyage d’un groupe d’aventuriers qui vont s’enfoncer en territoire indien pour, en échange de conditions très favorables d’accès aux fourrures chassées par lesdits Indiens, y rendre à sa tribu une indienne kidnappée quelques années plus tôt, tombe très clairement dans la première catégorie. En revanche, on y trouve l’une des marques de fabrique de Hawks, à savoir des personnages doubles qui peuvent évoluer au cours du film, accomplis- 26 – Les CARNETS du STUDIO n°263 – décembre 2008 sant ainsi un trajet intérieur, personnel, tout autant qu’un trajet géographique. D’ailleurs, cette multiplicité de facettes se retrouve aussi dans le traitement que Hawks fait de certaines scènes de ses films puisqu’il n’hésite pas à filmer certaines scènes dramatiques comme des comédies et vice versa. Ainsi, la scène où Kirk Douglas se saoule pour se préparer à l’amputation d’un doigt est-elle tournée comme une vraie comédie alors que le sujet prête peu à rire (et ce d’autant plus que le ton de comédie adopté fait que, presque jusqu’au bout on s’attend à un dénouement heureux par lequel l’amputation s’avérerait finalement inutile). Il avait déjà eu cette idée au moment de La Rivière rouge, mais John Wayne, qui devait tourner la scène avait refusé de se prêter à ce mélange de genres. En voyant le résultat, il révisa son jugement et accepta ainsi de tourner la scène finale de Rio Bravo. De Hollywood à Paris : les succès de Hawks Lorsque se pose la question de savoir quel public les films de Hawks rencontraient à leur sortie, la réponse est très nette : La Captive aux yeux clairs : un film polyglotte L’un des traits frappants de La Captive aux yeux clairs c’est l’utilisation des langues : on y entend bien sûr de l’anglais, une langue indienne mais aussi beaucoup de français (parlé par les membres de l’expédition, trappeurs d’origine française) que Hawks a utilisé à des fins d’exactitude historique (il y avait encore beaucoup de Français dans la première moitié du XIXe siècle aux États-Unis) mais aussi pour des raisons musicales. Par ailleurs, le fait que les passages dits dans la langue des Indiens Pieds- Noirs ne soient pas sous-titrés permet de placer le spectateur dans une position d’extériorité, avec un désir de comprendre forcément en partie frustré. rencontre même si la fin de sa carrière fut un peu moins glorieuse, ses films ont toujours rencontré le succès. En France, sans atteindre la notoriété d’un Hitchcock, il a même été très farouchement défendu par certains critiques, notamment aux Cahiers du Cinéma. Western, cinéma et société On peut noter que le cinéma naît peu de temps après la fin des guerres indiennes, une fois que l’ensemble du territoire est conquis et pacifié et que, très vite, le cinéma s’intéresse à cette histoire de la création des Etats-Unis, montrant ainsi, dès ses débuts, sa capacité à digérer l’Histoire, même toute récente et à fabriquer du mythe. On peut même avancer que les westerns sont les premiers road-movies et bien souvent, dans ces deux genres, il s’agit d’abord de partir en quête d’un autre mode de vie. L’intérêt de Hawks pour le western, même s’il en a tourné relativement peu, remonte au temps du muet. La question des rapports entre le cinéma et l’histoire américaine soulève aussi celle du rôle de différents personnages et notamment celui des femmes et ceux des Indiens. Le rôle de la femme en particulier rappelle nettement celui de La Prisonnière du désert (de Ford) qui est de quatre ans postérieur à La Captive aux yeux clairs. Dans les deux films, en effet, la femme joue un rôle pivot et, à la fin de l’histoire, retourne vivre dans sa communauté d’origine. Pour ce qui est de Hawks, il semble possible d’affirmer que les femmes ont souvent chez lui des rôles que l’on pourrait dire masculins, tranchés, alors que les hommes y sont souvent plus ambivalents et peuvent changer d’attitude au fil de l’histoire, ce qui, dans le monde souvent un peu machiste du cinéma, confère à Howard Hawks une place vraiment à part. ER Les CARNETS du STUDIO n°263 – décembre 2008 – 27 rencontre rencontre : Sylvestre Chatenay Sylvestre Chatenay Mais où est Yvette ? Vous ne verrez pas Yvette ce soir, comme d’autres soirs d’ailleurs ; elle ne souhaite pas participer à ce type de rencontre, c’est tout à fait respectable et peut être mieux pour elle... Quelle a été la genèse du film, sur combien de temps a-t-il été tourné et reste-t-il encore beaucoup de ces irréductibles ? Vous devez vous douter que pour ce type de sujet les financements ne courent pas les rues : je n’ai trouvé un producteur que 8 mois après le début du tournage ! Et il a investi sur ses fonds propres ; il faut donc absolument que nous atteignions le point d’équilibre… C’est en effet mon premier long métrage ; je passais tous les jours devant cette ferme : ce sont mes voisins que j’ai filmés, leurs habitudes ainsi que le souvenir de la vie de ma grand-mère m’ont donné l’envie de réaliser ce film d’immersion : ceci explique sans doute la connivence, mais aussi la durée du 28 – Les CARNETS du STUDIO n°263 – décembre 2008 SYLVESTRE CHATENAY aux Studio © Roselyne Guérineau est venu le 8 octobre dernier à la rencontre du public tourangeau des Studio. C’est une salle comble et enthousiaste qui l’attendait pour échanger avec lui sur son premier long métrage Yvette Bon Dieu. La venue du réalisateur était aussi prétexte à reprogrammer une semaine ce film dont le succès ne s’était pas démenti tout au long de l’été. tournage d’un peu moins d’un an et demi. Je voulais absolument, pendant qu’il en était encore temps, témoigner de cette vie de paysans vivant en autarcie et qui très bientôt n’existera plus. Il y a 60 ans, c’est 7 millions de Français que comptait ce monde ; en 2015 ils ne devraient plus être que 150 000 tout au plus. Ils n’ont souvent pas de descendance et d’ailleurs plus aucun jeune ne veut de ce genre de vie aujourd’hui. Ce sont les derniers des Mohicans… dans le Lochois. Ce n’est pas un film noir, mais il oscille entre le gris clair et le gris foncé ! Ces derniers des Mohicans ont-ils facilement accepté de se prêter à l’exercice ? Ils ont accepté avec une grande générosité doublée d’une évidente simplicité. Ils conservent leur mode de vie, et sont très curieux Quelle a été leur réaction lors de l’avant première du film ? Et qu’est-ce qui a changé pour eux ? L’avant première a eu lieu à Sainte-Maure ; à la sortie de la salle des fêtes, Yvette m’a dit : « Il est bien votre film ». C’était le plus beau compliment qu’elle pouvait me faire. Plus globalement, ce sont des gens sur lesquels ce genre d’événements n’a pas beaucoup de prise, bien heureusement pour eux à mon sens ! Nous avons repris tous les sons qui étaient mauvais : un bruiteur est venu avec ses petites valises et a donné du poids, du corps et de la profondeur aux sons… et en plus c’est rigolo à faire pour un réalisateur ! rencontre de l’actualité, de la nouveauté. Ils fonctionnent sur un schéma très simple : ils survivent parce qu’il y a du travail et reproduisent la manière qu’ils ont apprise des anciens auparavant. Les différentes scènes du film m’ont rappelé plein d’odeurs. Merci ; c’est sans doute ce qu’il est le plus difficile de faire passer au cinéma. Pensez-vous projeter ce film aux scolaires ? C’est difficile ; il faut obligatoirement passer par des réseaux et sous les fourches caudines de commissions… Mais beaucoup d’enseignants souhaiteraient le voir projeter à leurs classes. Quel est votre parcours ? Je suis photographe de formation et j’ai surtout fait de la photo publicitaire à Tours jusqu’en 1995. Puis j’ai monté ma boîte de multimédia à Paris spécialisée dans le film d’entreprise. En parallèle je faisais des courts métrages, parfois primés comme Juron et Charcuterie dans de grands festivals. Il n’y a pas de dialogue ? C’est un film bio : plus sérieusement, il était impossible de leur faire jouer une scène ; cela aurait perdu toute sincérité. Seul le maire a rejoué une scène : il s’était trompé pour plusieurs dates concernant la grand-mère ! Quels sont vos projets ? Je n’en ai qu’un seul, c’est Camille qui m’en a donné l’idée quand il parle du remembrement, de ces chemins et ces haies qu’on rase, de ces ruisseaux qu’on bouche… J’aimerais faire l’analogie avec la façon d’aborder les OGM. Pourquoi ce titre d’Yvette Bon Dieu ? J’ai trouvé ce titre quand je montais le dossier pour le CNC : un soir, j’ai entendu son frère dire : « Yvette, bon Dieu, t’as pas rentré les vaches ! » Sur les 50 heures de rush, plus jamais il ne l’a prononcée ! Peut être un petit blocage… Merci beaucoup à vous, public des Studio, d’avoir contribué au succès de ce film ; continuez à en parler autour, votre action est aussi motivante que précieuse ! FG Comment avez-vous filmé ? J’ai tout tourné avec la même caméra, sans preneur de son ni chef opérateur, avec une PD 70 ; c’est une caméra vidéo. Après nous avons cinéscopé pour passer en 35mm. Comment avez-vous travaillé les sons et le bruitage ? Les CARNETS du STUDIO n°263 – décembre 2008 – 29 rencontre URSULA MEIER aux Studio © Nicole Joulin rencontres Le 24 octobre, suite à la projection de Home en avant-première, les Studio accueillaient Ursula Meier – définie par Fabrice Bassemon de Centre Images comme « Une réalisatrice ayant le cinéma dans le sang » – et le grand Olivier Gourmet. Si les spectateurs eurent besoin d’une respiration pour s’extraire de cette expérience cinématographique forte, une fois leur souffle repris, le flot de questions semblait ne devoir jamais s’arrêter. Une soirée qui, grâce à : • un film se tenant tant par le fond que par la forme, interprété par des comédiens vrais et bouleversants ; des dialogues et des scènes burlesques, surréalistes, poétiques comme celles des essais de bouchons d’oreilles, du jet de goûter, du congélateur du poulet congelé… • Une réalisatrice à l’écoute, à la fois passionnée et passionnante, racontant son expérience avec rigueur et simplicité; • Un comédien caméléon (qui parvient à ne pas se ressembler d’un film à l’autre), n’hésitant pas à rejouer certaines scènes du film sans jamais être dans la pose et Ursula Meier qu’on se plaît à imaginer dans un vrai rôle de comédie. Une soirée donc, qui pour toutes ces raisons, devrait s’inscrire en bonne place dans la liste de celles auxquelles on est heureux d’avoir assisté ! LA MAISON DU BONHEUR (?) Ou comment une famille voit sa vie bouleversée par la remise en chantier puis l’ouverture du tronçon d’autoroute au bord duquel leur maison a été construite. Ursula Meier : On a cherché le lieu idéal dans 22 pays. C’est entre Sofia et Istanbul qu’on a trouvé une portion de piste d’aérodrome qu’on a recouverte d’une couche de goudron. On a inventé tout un monde : 30 – Les CARNETS du STUDIO n°263 – décembre 2008 la maison a été dessinée, maquettée, construite ; comme ce film est avant tout une fable, on ne voulait pas d’une maison qui donne des indications sur un lieu ou une époque. Le scénario a été écrit en pensant à Isabelle Huppert ; pour le rôle du père je voulais un acteur avec un poids devant la caméra, un physique d’acteur américain à la Harvey Keitel. J’ai pensé à Olivier Gourmet que j’avais envie de montrer autre- Olivier Gourmet : Cet homme a conscience qu’il faut de la tendresse pour cimenter la famille. Il tente de sauvegarder l’équilibre. Il veut faire en sorte que les choses restent joyeuses. QUE SE DIT-ON QUAND ON REÇOIT ? UN SCÉNARIO COMME ÇA OG : Très vite j’ai rappelé après avoir lu le scénario. J’aime au cinéma quand c’est physique et qu’on invite le spectateur à ressentir ce que les personnages ressentent. C’est un film qui mêle la légèreté, la tendresse, la poésie, le drame, l’ironie, le burlesque. C’était beau dès l’écriture. Ce rôle m’a permis de rencontrer Ursula et un univers très différent. Je trouve les enfants formidables, pleins de fraîcheur, rayonnants. Ce film, c’est aussi la rencontre avec un pays, la Bulgarie, et une équipe originaire de ce pays… rencontre UM : L’idée du scénario m’est venue en roulant sur… l’autoroute en revenant de Bordeaux : il y avait une maison tout au bord, des gens qui mangeaient dehors et qui avaient l’air heureux. J’ai vu d’autres maisons qui, elles, avaient les fenêtres murées : les habitants avaient peut-être tenté de lutter mais avaient perdu. 95 % des gens qui vivent au bord de l’autoroute ne partent pas : ils s’adaptent tellement que cela vire à la folie, comme Marthe/Isabelle Huppert dans le film. ILS ARRIVENT… Quand Julien, le jeune garçon, annonce la venue effective des engins affectés à la remise en état de l’autoroute, on a l’impression qu’il est question d’extraterrestres ; et lorsque les hommes du chantier font véritablement leur apparition, la réalisatrice et sa chef opérateur, Agnès Godard, ont choisi de faire d’abord un gros plan sur leurs chaussures de sécurité, puis de remonter progressivement la caméra pour les faire apparaître comme des sortes de cosmonautes. Ces « envahisseurs », d’ailleurs ne prononcent pas un mot quand ils déménagent les biens de la famille, entreposés sur l’autoroute. UM : Pour un premier long métrage, ce film était très lourd. Tout ce qui est OLIVIER GOURMET aux Studio © Nicole Joulin ment que dans les autres films. Huppert/Gourmet, deux corps très différents et qui pourtant forment un couple qui fonctionne, c’est déjà du cinéma ! Cette famille est d’abord sur une presqu’île puis sur une île. On sent qu’elle s’est adaptée à la mère et à ses phobies, et que, tant que le monde n’est pas là, ça va. Il y a bien quelques étrangetés : Judith, la fille aînée qui passe son temps à bronzer (tout en restant blanche) sans que personne ne l’interroge sur son comportement et ne la pousse à faire quoi que ce soit. Cela en devient abstrait. L’autoroute va être facteur de déstabilisation, le révélateur, la loupe des problèmes de cette famille fusionnelle et va permettre notamment à Marion (la seconde fille) de mettre des mots sur ses angoisses… Ces gens portent presque le désastre en eux : ils s’aiment trop. Olivier Gourmet Les CARNETS du STUDIO n°263 – décembre 2008 – 31 rencontre déconseillé pour un premier long était réuni : des stars, des enfants, des animaux, des véhicules (jusqu’à 300 dans certaines séquences) et des décors à construire. Il faut savoir se faire accompagner par des gens compétents… La préparation du film a été très angoissante. Le travail avec les enfants a été énorme : il fallait les amener à un jeu naturaliste. Les différentes tenues d’Isabelle Huppert ont été pensées pour se contredire d’une scène à l’autre, pour que l’on ne sache pas quelle femme elle est… Finalement le tournage a été plus reposant. LA CAMISOLE DE SILENCE : Le père se résout finalement à murer toutes les issues de la maison, alors qu’on le sait claustrophobe, depuis la scène où il a dû emprunter un tunnel avec ses enfants. UM : Je voulais faire un film que les spectateurs vivent physiquement : qu’ils partagent la vie de cette famille, qu’ils ressentent cette claustrophobie pas seulement avec la tête, d’où la nécessité pendant la projection de reprendre de l’air, quitte à ce que des spectateurs sortent de la salle… Le père, comme Judith, sait qu’il faudrait partir. C’est un vrai père qui se trompe par amour, par loyauté. Quand il réagit, il est trop tard pour partir. Le fait de ne plus dormir à cause du bruit génère des comportements déraisonnés et déraisonnables, ce qui amène à la scène très violente du père qui craque… Dans la scène avec l’oreiller, Marthe devient folle : tout a été calfeutré dans la maison, mais il reste les vibrations et un son, la respiration de Michel (le père). Même l’humain, elle ne le supporte plus, 32 – Les CARNETS du STUDIO n°263 – décembre 2008 d’où la tentative d’étouffement… OG : Il la pousse au bout avec l’emmurement : si elle ne casse pas le mur, ils y resteront. Lui ne fera rien. En fait comme dans En attendant Godot, (référence déjà utilisée pour évoquer le côté absurde de l’attente concernant l’ouverture de l’autoroute) c’est un hymne à la vie. Retour dans le monde des vivants ou : de l’air, de l’air… UM : La dernière scène est ambiguë mais pour moi, elle est réelle. C’est presque une naissance. Les personnages sont allés au bout pour pouvoir s’en sortir. C’est la mère qui après les avoir enfermés, les fait sortir. Ils vont dans le monde avec son bruit, sa pollution… Quand j’ai écrit la scène où Isabelle Huppert casse le mur, j’avais en tête la scène de La Leçon de piano où l’héroïne (entraînée dans l’eau par la corde attachant son piano) choisit d’enlever sa chaussure pour pouvoir remonter et prendre de l’air. Cette autoroute finalement libère les personnages : si elle n’était pas passée là, ils y seraient toujours vingt ans après. C’est la fin de la famille : ils vont devenir des personnes, des individus. Pour terminer, Ursula Meier, avant de remercier le public de sa présence et de la qualité des échanges, a tenu à saluer le soutien, dès l’écriture de son projet, de Centre Images, et l’investissement de notre Région dans le cinéma. Tandis qu’Olivier Gourmet a proposé que chaque spectateur parle du film à dix personnes et ainsi de suite, pour lui permettre de battre le record d’entrées des Ch’tis ! À bon entendeur… IG culier et nous invite subtilement à réfléchir. HH Ce film est très impressionnant de par sa vivacité. […] Les échanges ne cessent jamais, l’humour est omniprésent et, pour une fois, la mauvaise foi se retrouve dans les deux parties que ce soit prof ou élèves. J’ai aimé aussi le côté très réaliste avec une fin qui ne tire pas vers le «happy end». Mais comme d’autres, je trouve que les critiques ont quelque peu exagéré la performance de François Bégaudeau. Bon film dans l’ensemble. AD Une première demi-heure plutôt tonique, assez drôle et puis après… plus grand-chose ! Des situations et des dialogues déjà vus des milliers de fois, quelques scènes un peu convenues voire ridicules (la scène de Pénélope Cruz tirant sur tout ce qui bouge), des propos sur les relations amoureuses d’une banalité affligeante. […] Big Mac Il n’y a absolument rien à dire sur ce film tant il est vivant et superbe. Étant moi-même lycéenne, j’ai pu constater d’autant plus le réalisme frappant de Entre les murs. […] La patience du prof est remarquable, son désir d’enseigner l’est encore plus. Tout simplement, Bravo. Mm […] Ce docu-fiction traite avec subtilité et un humour décalé une année dans une classe de ZEP. On est complètement transporté dans cette classe, tantôt prenant parti pour le professeur, tantôt prenant le parti des élèves. […] LP VICKY CRISTINA BARCELONA de Woody Allen Récurrent ou répétitif ? Monsieur HR Certes, le scénario est nettement moins complexe que Match Point mais les dialogues sont souvent exquis et, sous des apparences de légèreté évidente, ce film soulève de nombreuses questions, autour de la difficulté de l’engagement en parti- courrier des lecteurs ENTRE LES MURS de Laurent Cantet SÉRAPHINE de Martin Provost Le réalisateur parvient avec délicatesse à ne pas trancher sur tous les sujets, à ne pas tout illustrer de propos. C’est à la hauteur du personnage. Séraphine est totalement respectée, et le spectateur de même. Thierry Film précieux retraçant avec délicatesse la vie de Séraphine, incarnée pleinement par Yolande Moreau. Son regard empli d’extase et de passion créatrice, que la caméra sait si bien épouser lorsque celle-ci peint frénétiquement, est à l’image de la nature voluptueuse qui l’entoure. Cieux bleus de plomb, terre de labour grasse comme ses pigments bruts broyés au pilon, vastes champs qui semblent enserrer hommes et bêtes dans leur condition. […] L’univers de tous les possibles, infini et si étranger à l’homme du monde, broyé par la morale et les guerres. De l’univers de Séraphine, une trace : ses œuvres de fleurs virevoltantes et tempétueuses… ED Rubrique réalisée par RS Les CARNETS du STUDIO n°263 – décembre 2008 – 33 jeune public Les Aventures du baron de Münchausen Grande-Bretagne – 1988 – 2h04, de Terry Gilliam, avec John Neville, Eric Idle, Sarah Polley, Uma Thurman, Sting… VF TOUT PUBLIC À PARTIR DE 9 ANS. Dans une ville assiégée par les Turcs, une troupe de théâtre joue les extravagantes aventures du Baron de Münchausen. C’est alors qu’un spectateur intervient pour commenter l’histoire : ce vieillard dit être le véritable Baron de Münchausen ! Pour le prouver, il propose aux habitants de délivrer la ville. Il s’évade en montgolfière et part à la recherche de ses anciens compagnons pour combattre les Turcs... Septième version cinématographique L’Enfant au grelot France – 1998 – 28 mn, film d’animation de Jacques-Rémy Girerd. À PARTIR DE 3 ANS. A lors que le facteur, Grand-Jacques, termine sa tournée par une froide journée d’hiver, il aperçoit un mystérieux panier d’osier qui descend du ciel. A l’intérieur, le facteur des Aventures du baron de Münchausen après, entre autres, les versions muettes de Méliès, d’Emile Cohl ou animées de Karel Zeman ou Jean Image, le récit de Terry Gilliam (Bandits bandits, Les Frères Grimm), c’est le film des cent merveilles ! Inspirés de grands maîtres (Gustave Doré, Boticelli, Boucher) les personnages et les décors sont d’une diversité étonnante. Les situations et les trucages, tous plus abracadabrants les uns que les autres, offrent à qui veut bien embarquer, un formidable voyage au pays du fantastique ! Un petit défi pour les plus observateurs : guettez un accordéoniste ivre dans le ventre d’un poisson… C’est Terry Gilliam lui-même! découvre un bébé reposant sur un coussin brodé ; il tient bien serré dans sa minuscule main, un grelot. Mais d’où vient cet enfant qui, de plus, sait parler aux étoiles ? Produit par le studio Folimage, L’Enfant au grelot est un trésor de poésie, de tendresse et d’amitié. Cartoon d’or du meilleur film d’animation européen en 1998. G OÛ TE R DE NOË L : Le mercredi 17, c’es t un su pe r g oût e r qu i s e ra off e rt a u x e n f a n ts , à l ’ i s s u e d e l a p r o j e c t i o n d e 1 4 h 1 5 : u n a p r è s - mi d i à s e r é g a l e r ! Laban, le petit fantôme Suède – 2006 – 44mn, Lasse Persson. VF À PARTIR DE film d’animation de 3 ANS. Laban est un tout petit fantôme qui vit dans un très grand château, avec ses parents et sa petite sœur Labolina. 34 Les CARNETS du STUDIO n°263 – décembre 2008 – En compagnie de son meilleur ami le petit prince Sottise, il s’exerce au dur métier de fantôme... mais pas facile, quand on a peur du noir ! Une adaptation d’un grand classique de la littérature nordique de Inger et Lasse Sandberg. France – 2008 – 1h 31, de Jacques-Rémy Girerd. Un film d’animation avec les voix de Pierre Richard, Dany Boon, Yolande Moreau, Jean-Pierre Coffe, Miou-Miou, Romain Bouteille et Jean-François Dérec. TOUT PUBLIC À PARTIR DE 5 ANS. M ia, petite orpheline de huit ans, abandonne son pauvre village natal, quelque part en Amérique du Sud, pour partir à la recherche de son père dans la forêt tropicale. En cours de route, Mia va rencontrer bien des obstacles et traverser une forêt peuplée d’êtres aux pouvoirs magiques : les Migous. Ensemble, suivons Mia dans son voyage extraordinaire… jeune public Mia et le Migou É VÈ NE MEN T AUX S TUD IO : Séanc e exc ept i onne ll e le dimanche 7 décembre : R etro uv ons -n ou s à p art ir d e 10h30 d ans l e hal l de s S t u di o, p our u n « c in é p ’t i t dé j ’ » av ec , a pr ès u ne a gr éa bl e c ol l at io n o f fe rt e à to us n o s s pe c t at eu rs , la p r o j e c t io n e n a v a n t - p r e m i è r e n a t i o n a l e d e M i a e t l e M i g o u … P o u r to us , u n e m a t i n é e f a n t a s t i qu e e n p e r s p e c t i v e ! Courts métrages de Garri Bardine Russie – 1984 à 2000 – 45 mn. VF TOUT PUBLIC À PARTIR DE 3 ANS. Voici l’hiver, le froid et le temps des contes de Noël à se raconter bien au chaud. C’est le moment de venir découvrir ces trois petites merveilles pleines de tendresse, de douceur et de couleurs… La Nounou Russie – 1997 – 25 mn, de Garri Bardine. Musique de Glenn Miller. Animation de poupées et pâte à modeler. I l était une fois un petit garçon qui s’ennuyait le soir de Noël. Ses parents avaient invité plein de grandes personnes, mais aucune n’avait le temps de s’occuper de lui. Seul et triste, il se réfugie alors au grenier. Avec un oreiller, un gant de boxe, des bretelles et autres petites bricoles, il La Souris du Père Noël France – 1997 – 30mn, film d’animation de Vincent Monluc. À PARTIR DE 3 ANS. Comme chaque année, au moment de Noël, le petit Hans envoie sa lettre au Père Noël. fabrique une fabuleuse « Nounou ». Cette fée pas comme les autres va offrir au petit garçon une merveilleuse soirée : elle console les chagrins, se bat contre les méchantes chauvessouris, fait des claquettes, mais aussi des câlins… Hop là, badigeonneurs ! Russie – 1984 – 10 mn, de Garri Bardine. Animation de pâte à modeler. Quand deux peintres un peu stupides décident de peindre une palissade… Burlesque et mélange de couleurs… Adagio Russie – 2000 – 10 mn, de Garri Bardine. Musique : Adagio d’Albinoni. Animation d’origamis. Tout est gris au pays des cocottes en papier. Quand arrive une petite cocotte en papier blanc, les grises la rejettent… Hélas, sa lettre va s’égarer et arriver bien trop tard pour qu’il puisse espérer voir ses cadeaux sous le sapin. Où va t-on trouver le cheval à bascule dont Hans rêve ? Le Père Noël pourra t-il compter sur l’aide de la petite souris ? Un bien joli conte de Noël pour notre jeune et très jeune public… Les CARNETS du STUDIO n°263 – décembre 2008 – 35 COMME UNE ÉTOILE DANS LA NUIT France – 2008 – 1h30, de René Féret, avec Salomé Stévenin, Nicolas Giraud, Jean-François Stévenin… Voilà l’exemple type d’un film pour lequel il ne faut surtout pas s’arrêter à son histoire. Anne et Marc sont jeunes, beaux et très amoureux l’un de l’autre. Ils décident de faire un enfant, mais Marc découvre qu’il est atteint de la maladie de Hodgkin… Pas attirant, à priori, en ces temps de crise et de froidures ? Un mauvais remake de Love story ? Pas du tout. La force incroyable de Comme une étoile dans la nuit est de n’être ni un fade mélo, ni un film plombant sur la maladie et la mort. René Féret est cinéaste depuis plus de trente ans. On se souvient de beaux films (Le Mystère Alexina, La Communion solennelle, Les Frères Gravet, entre autres), et pourtant, on a l’impression de l’avoir un peu perdu de vue. C’est pourquoi c’est une excellente nouvelle que de le voir revenir en très grande forme. Comme souvent chez lui, le point de départ du film est autobiographique, « Je continue à être davantage séduit par l’observation des autres que par l’invention d’un scénario et d’un récit, » dit-il. « Là, il y a six ou sept ans, ma nièce a vécu cette histoire, celle de perdre injustement son ami. J’ai d’abord été frappé par le côté odieux de ce qui lui arrivait, et en même temps, tout en restant assez loin d’eux, j’ai perçu à quel point leur attitude était revêtue de dignité, d’amour et de classe». La réussite de Comme une étoile dans la nuit c’est d’avoir réussi à créer un équilibre juste entre désespoir et espoir, à bouleverser tout en donnant de la force. Car bouleversant, le film l’est, mais si on sort tout retourné c’est surtout grâce à la puissance d’amour qu’il dégage. Un amour plus fort que la tristesse et la peur, un amour plus fort que la mort et résolument du côté de la vie. Bref, un film qui sur un parcours balisé sort totalement des chemins connus. Soutenu par deux acteurs exceptionnels, Comme une étoile dans la nuit va vous marquer pour longtemps. JF LES CARNETS DU STUDIO n°263 – décembre 2008 – 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - CPPAP n° 0209 G 84305 www.studiocine.com / répondeur : 08 92 68 37 01 (0,34 € /minute)