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Baptiste Fenouil/Réa
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Se partager l’espace urbain*
Quand les créateurs investissent Belleville
Sophie Gravereau
Depuis 1990, l’association des Ateliers d’artistes de
Belleville (AAB) met en évidence, à l’occasion de ses
journées portes ouvertes, la profusion d’artistes et de lieux
artistiques implantés dans le quartier. Chaque année, au
mois de mai, plusieurs centaines de plasticiens inscrits
aux AAB ouvrent, durant quatre jours, les portes de leurs
ateliers au public. On y découvre un réseau d’artistes relativement bien implantés dans le quartier et un ensemble
de lieux véritablement inscrits dans leur environnement
urbain. Bien qu’il ne permette pas de rendre compte, de
manière exhaustive, de l’ensemble de la population des
créateurs installés dans Belleville, cet événement renseigne toutefois sur leur inscription collective dans le paysage bellevillois1.
Les associations de plasticiens, à l’occasion des journées portes ouvertes, à travers l’édition de plans des ateliers, déterminent les limites physiques d’un Belleville à
* Cet article s’appuie sur un travail de recherche réalisé à
Belleville, quartier du nord-est parisien, dans le cadre de ma thèse
de doctorat en sociologie. L’enquête s’est plus particulièrement
intéressée aux artistes plasticiens, c’est-à-dire aux peintres,
sculpteurs, graveurs, photographes, etc., reconnus et identifiés
en tant qu’« artistes de Belleville » par les collectifs de créateurs
locaux. Le choix de cette catégorie d’artistes peut aisément
se justifier : d’une part, seuls les plasticiens possèdent, dans
Belleville, une réelle visibilité urbaine, comme en témoigne
leur installation dans les ateliers-boutiques et leur participation
à certaines manifestations de quartier ; d’autre part, assemblés
en association (Ateliers d’artistes de Belleville – AAB), ils constituent dès lors un groupe social significatif et plus facilement
repérable, notamment lors des journées portes ouvertes organisées par l’association des AAB au mois de mai.
1. Seuls les plasticiens, résidant à Belleville et inscrits aux AAB,
participent à l’événement. De nombreux artistes travaillent
également de manière indépendante dans le quartier, sans adhérer à une association. On en retrouve certains lors des journées
portes ouvertes, profitant de l’événement pour montrer leurs
œuvres. Les autres ne peuvent être identifiés de façon précise
et exhaustive.
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l’intérieur desquelles chacun découvre un quartier, luimême défini à travers les images qu’il renvoie. À chaque
artiste, chaque habitant, chaque visiteur, les contours du
territoire bellevillois se redéfinissent. Ateliers d’artistes,
boutiques de créateurs, galeries d’art, usines transformées
en hall d’exposition produisent un espace urbain, dessiné
par les artistes qui y résident. Quelles logiques et quelles
stratégies territoriales sont mises en œuvre par les créateurs ? Comment se partagent-ils l’espace avec les autres
populations résidantes ?
Paysages bellevillois
Les artistes ont visiblement investi le quartier : ateliers
d’artisans, boutiques et bâtiments industriels sont désormais occupés par des créateurs, artisans d’art, commerces
artistiques et galeristes privés. Chaque année, durant les
journées portes ouvertes, ces lieux demeurent très présents dans l’imaginaire des visiteurs, qui consacrent leur
balade aux ateliers-boutiques, aux cours d’artistes ou aux
anciennes fabriques transformées en lofts de créateurs.
Outre le Belleville artistique proposé par les AAB,
d’autres espaces, tout aussi visibles et représentatifs de
l’identité du quartier, mettent en scène le paysage bellevillois. L’association « Belleville ça se visite », organisatrice
des promenades touristiques dans le quartier, propose ainsi,
outre les rencontres d’artistes, de parcourir le Belleville
asiatique, africain, musulman, séfarade, etc. Sous le
thème « Belleville Bouillon de cultures », les promeneurs sont invités, accompagnés d’un guide, à rencontrer les multiples communautés locales. La « balade
Les Annales de la recherche urbaine n°106, 2010, pp. 6-15,
©MEEDDM, Puca.
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urbaine »2 commence place de Ménilmontant, en direction du métro Belleville, où de nombreux cafés et restaurants juifs séfarades ont élu domicile ; elle se poursuit
rue de Belleville où se sont installés plusieurs commerces asiatiques, ce qui vaut au quartier, d’après la guide, le
surnom de « second Chinatown parisien » ; le parcours
continue dans une cité de la rue Rébeval où une association culturelle berbère nous présente, à travers une exposition de tableaux, l’histoire de l’immigration à Belleville ;
enfin, la promenade s’achève dans l’atelier de Richard,
graveur mexicain, établi dans une des boutiques de la rue
des Cascades. Les communautés d’origine culturelle et
professionnelle différente se partagent ainsi l’espace bellevillois ; chacune marque, à sa façon, le paysage et procède
à son appropriation territoriale.
Dans son enquête sur le quartier de Belleville (Simon,
1995), le socio-démographe Patrick Simon décrit un paysage
fragmenté en plusieurs micro-territoires, reprenant à son
compte la métaphore de la mosaïque spatiale énoncée par
Robert E. Park (Burgess E., MacKenzie R., Park R. E., 1925).
Il distingue schématiquement trois aires d’occupation du
quartier : la première, « l’aire asiatique », se déploie, d’après
2. Terme utilisé par l’association pour désigner les parcours
effectués dans Belleville.
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lui, autour du carrefour de Belleville ; la seconde, « juive
séfarade », est comprimée entre les rues Ramponeau et
Dénoyez et le long du boulevard de Belleville ; la troisième,
« musulmane », s’est greffée autour du métro Couronnes et
s’étend sur un territoire plus vaste qui relie Ménilmontant au
Père-Lachaise. À côté de celles-ci, s’ajoutent les zones africaines, espagnoles, françaises, etc., intercalées entre les « aires »
consacrées à une seule communauté. Les zones ainsi désignées par Patrick Simon rejoignent les parcours proposés par
« Belleville ça se visite » ; elles sont également reconnues
par certains artistes du quartier. Pour une sculpteur établie
rue Ramponeau, « chaque population a trouvé son espace
à Belleville : les Chinois sont rassemblés autour du métro
Belleville et dans le bas de la rue, tu vois les boutiques et les
restaurants, le Président. Sur le boulevard, tu vas avoir les
commerçants et les cafés juifs d’Afrique du Nord. Ils étaient
plus nombreux avant mais ils sont grignotés par les Chinois.
Et puis, quand tu descends dans le onzième, c’est plus
musulman avec les mosquées et les bars, vers Couronnes et
jusqu’à la Maison des Métallos. Sinon, ici, c’est plus Afrique
noire, surtout vers Bisson et Pali-Kao [deux grands ensembles
de logements sociaux] où il y a pas mal de jeunes d’Afrique
de l’Ouest et les Africaines en boubous que tu vois au
marché »3. Chaque groupe imprime la trame urbaine de son
empreinte dans le paysage ; l’appropriation des espaces use
de tout ce qui est du domaine visible, facilement identifiable,
afin de marquer sa présence dans l’espace public. Les repères
territoriaux sont identifiés à travers les façades commerciales, les modes d’occupation spécifiques, la mise en scène des
rapports sociaux, voire même les attributs vestimentaires des
individus. L’« aire asiatique » se distingue par ses enseignes
écrites en idéogramme chinois, ses supermarchés spécialisés,
ses bijouteries et boutiques réservées à la clientèle asiatique,
ses restaurants, etc. ; le « secteur juif séfarade » se caractérise
par une concentration de commerces alimentaires (boucheries casher, pâtisseries orientales) et une série de « bazars »
spécialisés dans les ustensiles de cuisine ; enfin, la « zone
musulmane », délimitée par Patrick Simon, très semblable
à « l’aire juive séfarade », se différencie par ses épiceries
hallal, ses cafés-restaurants, etc. Les boutiques jouent ici un
rôle de « marqueur identitaire » (Raulin, 1986) ; l’espace environnant les commerces bénéficie véritablement de l’image
qu’ils véhiculent. Ces représentations permettent aux résidants, ainsi qu’aux visiteurs de se situer dans un territoire et
de ressentir une « ambiance », représentée comme attractive
pour certains et répulsive pour d’autres (Rémy, Voyé, 1975).
Autre division territoriale exprimée par les habitants
et les associations locales, le haut et le bas Belleville4. Un
3. S., femme, 57 ans, sculpteure, AAB - Entretien réalisé
le 6 octobre 2005.
4. Chaque année, au mois de novembre, se déroule le festival
« Belleville de bas en haut », à l’initiative de plusieurs associations du quartier.
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Denis/Réa
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peintre, installé rue Lesage, sépare le quartier en deux
espaces distincts : « Pour moi, il y a deux Belleville :
le bas et le haut. C’est très net. En bas, tu vas avoir le
Belleville populaire et cosmopolite. C’est tout le secteur
autour de Ramponeau, le vieux quartier titi parisien et
en même temps africain, arabe, juif et puis chinois. Le
haut Belleville, c’est différent, c’est plus un petit village
avec l’église de Jourdain et puis aussi les Cascades et
la Mare. C’est là aussi que tu vas trouver plus de bobos
parce que c’est plus chic, moins populaire qu’en bas »5.
L’accompagnatrice pour l’association « Belleville ça se
visite », effectue également une nette distinction, presque
caricaturale, entre le bas et le haut Belleville : « Le haut
et le bas du quartier, c’est complètement différent. L’un
est plus villageois et plus bourgeois, le second est plus ethnique et populaire. Pour certains, il y a même un décalage horaire. Quand il est midi dans le haut, il est onze
heures dans le bas »6. Dans son enquête sur les cafés du
quartier, Anne Steiner met aussi en évidence ce même
partage de l’espace bellevillois : le « Haut-Belleville »,
entité territoriale étirée entre l’église Saint-Jean-Baptiste
et la place des Fêtes, correspond à une « vie de village » ;
le « Bas-Belleville », situé entre les rues Ramponeau et des
Couronnes, définit une « identité parisienne », « populaire » et « pluriethnique » (Steiner, 1993). Le premier
quartier rejoint les « aires culturelles » définies par Patrick
Simon, caractérisées par la présence de boutiques et de
commerces « ethniques », représentatifs du Belleville
« cosmopolite ». Ces zones « populaires » sont autrement
décrites et circonscrites par Anne Steiner (épiceries-buvettes, cafés de quartier, etc.). Le second territoire, le haut
Belleville, désigne un quartier « moins populaire, moins
sale et plus français ». Il caractérise un paysage villageois,
« aux petites rues calmes et à l’aspect village dans la ville »
(Steiner 1993). Depuis quelques années, on y trouve les
commerces de bouche (de plus en plus nombreux), les
bars branchés et les résidences de lofts. Pour une sculpteure, le haut Belleville semble attirer un certain type de
résidants : « Autour de Pyrénées, il y a beaucoup de jeunes
bobos qui se sont installés. Ce sont des gens qui ont plus
d’argent. Les petites rues, les petites maisons… Ils vont
dans les épiceries fines, les fromagers, les bonnes boucheries et boulangeries. T’as pas ça dans le bas Belleville, c’est
moins coquet. C’est hallal ou chinois »7.
5. S., homme, 55 ans, peintre, AAB - Entretien réalisé
le 16 février 2005.
6. Propos recueillis lors d’une visite du quartier organisée
par « Belleville ça se visite » le 1er juillet 2006.
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7. S., femme, 57 ans, sculpteure, AAB - Entretien réalisé
le 6 octobre 2005.
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Ces nouveaux lieux et habitants, Patrick Simon ne
les associe pas à un territoire bien défini. Pourtant, ils le
sont pour certains plasticiens bellevillois. D’après une
peintre, « les branchés se sont agglutinés dans quelques
endroits de Belleville. Tu vas en avoir à Sainte-Marthe et
à Oberkampf ; un peu vers la rue Saint-Maur mais moins.
Le bas Belleville, Ramponeau, Tourtille, ça reste plutôt populaire et cosmopolite, même s’il y a pas mal de
Chinois, surtout. Mais, tu ne trouveras pas trop de cafés
branchés et de restaurants un peu recherchés un peu
bobos. En revanche, autour de Jourdain, c’est un autre
Belleville, plus bourgeois. T’as pas mal d’épiceries fines,
de boucheries traditionnelles, des bons restaurants. Ce
n’est pas comme les hallals du bas de la rue ou les supermarchés chinois. Ça touche plus une clientèle bobo, qui
a les moyens de ça »8. Là encore, d’autres frontières territoriales apparaissent entre les lieux ethniques et populaires et les espaces destinés à une certaine clientèle, plus
aisée, laquelle se compose principalement de jeunes étudiants et cadres, récemment installés dans le quartier. Les
lieux d’occupation de ces nouveaux résidants, qualifiés
de « bobos » par les anciens habitants, rejoignent le plus
souvent les territoires où sont rassemblés les plasticiens,
attirés par le même type de lieux, artisanaux et industriels,
à investir. D’après Éric Charmes, dans son étude sur la rue
des Cascades, l’arrivée d’artistes aurait transformé l’image
du quartier : « Tout d’abord, leur présence garantirait à
des gentrifieurs moins téméraires un équilibre sociologique moins défavorable. Ensuite, et surtout, un quartier
investi par les artistes acquerrait un statut “branché” et
deviendrait progressivement plus attirant pour des personnes plus fortunées, tels que les cadres de la communication, les architectes ou les enseignants du supérieur »
(Charmes, 2006). Très peu s’aventurent dans les quartiers,
délimités ci-dessus, arabe, chinois, juif séfarade, etc. Ils
suivent d’autres repères territoriaux : « Ces nouveaux
qui viennent dans Belleville, tu ne vas pas les voir dans
les coins chinois ou à Pali-Kao où il y a les Africains. Tu
les vois dans les petites maisons ou les petits ateliers, rue
des Cascades, Mare ou villa de l’Ermitage. Tu les trouves
après dans les cafés branchés, ceux où il y a des bougies
pour que ça fasse plus chic et des tableaux d’artistes pour
décorer. C’est très bien mais ça change des bistrots de
quartier, comme sur le boulevard ou rue de Belleville »9.
Dans son enquête sur le triangle du quatorzième arrondissement, Sabine Chalvon-Demersay évoque les multiples
signes territoriaux mis en place par les nouveaux habitants
pour marquer leur présence : boutiques aux couleurs vives,
bords de fenêtres artistiquement décorés, copropriétés avec
8. C., femme, 56 ans, plasticienne, AAB - Entretien réalisé
le 23 mai 2005.
9. M., femme, 68 ans, présidente des Coteaux de Belleville Entretien réalisé le 26 septembre 2005.
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jardins d’œuvres d’art, etc. (Chalvon-Demersay, 1984).
On retrouve presque ces mêmes marqueurs spatiaux à
Belleville, surtout au moment des journées portes ouvertes et des manifestations de quartier, où l’espace public
est utilisé comme un jeu de piste10. La mise en scène de
l’urbanité se compose ainsi telle une projection sur le sol
des rapports sociaux. Comment se gèrent au quotidien les
relations entre les différentes communautés culturelles et
professionnelles ?
Comment cohabiter ?
Le quartier de Belleville est souvent érigé comme un
exemple de cohabitation territoriale. Dans son enquête,
Patrick Simon met en avant l’idée d’une « société partagée », au sein de laquelle les rapports spatiaux entre les
différentes communautés paraissent se réguler sans heurt.
D’autres chercheurs évoquent cette « exemplarité » bellevilloise : « Alors que la banlieue évoque la crise, Belleville
incarnerait donc une réussite urbaine, une pérennité
par-delà les mutations et les migrations » 11. S’appuyant
en partie sur ces discours et écrits scientifiques, les associations de défense du quartier, telle la Bellevilleuse ou
les AAB, usent volontiers de cette représentation idéalisée
des rapports locaux (Cefaï, Trom, 2001 ; Cefaï, 2007) :
« Belleville joue à fond son rôle de terre d’accueil, réussissant, par une mystérieuse alchimie tissée au cours de
son histoire, à faire cohabiter des cultures totalement
différentes, voire ennemies » (Rialan, 1993). À ce propos,
les journées portes ouvertes sont volontiers représentées
par les AAB comme un rassemblement des différentes
communautés bellevilloises.
Pourtant, à y regarder précisément, les lieux et les
moments de rencontre entre les différentes communautés,
culturelles et professionnelles, se révèlent plutôt rares. Les
journées portes ouvertes des AAB constituent certes un lieu
de rassemblement entre les habitants : quarante-cinq pour
cent des visiteurs résident dans le quartier, vingt-trois habi-
10. Durant des journées portes ouvertes, les visiteurs doivent
en effet chercher, à l’aide des plans-listes des AAB, les ateliers
d’artistes. Le jeu de piste est plus encore évident lors de l’Incroyable Rallye, organisé par « Belleville ça se visite » et les AAB,
où les participants (habitants et promeneurs) doivent répondre
à des énigmes cachées dans plusieurs lieux du quartier.
11. Terme utilisé par les sociologues de l’IPRAUS (Institut parisien
de recherche : architecture, urbanistique, société) : « La diversité
des études et des écrits sur Belleville, est l’occasion de réunir
sociologues, anthropologues, architectes et urbanistes, chercheurs
sur la politique de la ville, responsables des milieux associatifs et
habitants afin de questionner la réalité de cette figure exemplaire
de quartier ». Présentation de la journée d’études du 3 février 2006
« Belleville (II) : figure d’un quartier populaire, entre mythes et réalités » - http://www.paris-belleville.archi.fr/ipraus/seminaire.html.
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André Lejarre/Le Bar Floréal
Mélanges
tent la capitale et dix-neuf demeurent en région parisienne.
Cela étant, le questionnaire réalisé en mai 2005, auprès des
publics des journées portes ouvertes des AAB, ne montre
qu’une faible représentation des différents groupes socioprofessionnels : une majorité des visiteurs (quarante pour
cent) sont cadres ou exercent une profession intellectuelle ;
dix-sept pour cent sont artistes ; seuls quelques ouvriers
(quatre pour cent du public) participent à la manifestation.
Les populations africaines, arabes, juives ou chinoises, dont
la présence est sans cesse rappelée par les AAB, ne représentent qu’une très faible part des visiteurs : « C’est très rare de
voir rentrer dans l’atelier une famille africaine ou chinoise.
C’est une question d’habitude. Ce sont surtout des bobos
ou des gens qui connaissent la culture et qui possèdent un
certain niveau intellectuel. Les ouvriers ou les gens plus
modestes ne viennent pas voir les artistes ni ne fréquentent les expositions. Ce n’est pas dans leur culture. C’est
surtout les mêmes catégories de personnes qui viennent :
des cadres, des profs, des retraités, un peu d’étudiants, mais
pas des petits blacks des cités ou des familles. Même s’ils
trainent dans la rue, ils ne rentrent pas dans les ateliers »12.
Le thème de la mixité et du cosmopolitisme, si souvent
véhiculé dans les discours associatifs, se trouve dépassé par
une homogénéité professionnelle – les artistes – et sociale
– les habitants familiarisés à l’art et la culture. Les repas
et les fêtes de quartier, auxquels participent les AAB, ne
12. M., femme, 52 ans, plasticienne, AAB - Entretien réalisé
le 9 juillet 2005.
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rassemblent pas non plus les diverses communautés du
quartier. Cette homogénéité sociale s’explique en partie
par le partage territorial : les journées portes ouvertes, de
même que les fêtes de quartier, se déroulent très souvent dans
les territoires où sont rassemblés les artistes et les nouveaux
résidants13 ; a contrario, on ne trouve guère de créateurs au
repas de quartier du bas Belleville, place Marcel Achard,
située au cœur de la cité Rébeval, fréquenté par les habitants
et les associations des cités environnantes14.
Par ailleurs, si l’installation des plasticiens dans le quartier s’est effectuée sans difficulté majeure15, à travers une
mise à distance territoriale des différentes communautés,
la proximité spatiale peut parfois se révéler complexe.
13. Je fais notamment référence aux repas de quartier Fessart
(qui a lieu à l’église de Jourdain), Belleville (qui se déroule
rue des Cascades ou rue d’Eupatoria derrière l’église Notre-Dame
de la Croix), Saint-Louis-Sainte-Marthe (qui se passe Place SainteMarthe).
14. « C’est sûr que c’est différent pour le bas Belleville.
Il y a moins d’artistes ou de bobos, c’est plus populaire que pour
les quartiers Fessart ou même Belleville côté dix-neuvième » Impressions exprimées par le président du conseil de quartier
du bas Belleville - Entretien réalisé le 21 janvier 2005.
15. D’après Antoinette, arrivée à Belleville en 1973 et présidente
du journal Quartiers libres, l’installation d’artistes dans le quartier
ne semble pas déranger les habitants : « Je crois que les artistes
ont été plutôt bien accueillis ici. Certains sont contents d’avoir
des artistes comme voisins dans les cours. Ça les change. La plupart s’en foutent complètement » - A., femme, 70 ans, directrice
du journal Quartiers libres - Entretien réalisé le 4 février 2005.
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Sophie Gravereau
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Elle s’avère même conflictuelle entre les jeunes de la rue
Ramponeau et les artistes de la Forge. Ces derniers refusent en effet l’entrée aux adolescents des cités. De leur
côté, certains jeunes de la rue revendiquent leur droit à
occuper cet espace vide : « Je ne vois pas pourquoi on
ne peut pas rester dans le terrain. Avant, on était ici chez
nous avec eux, on squattait ensemble. On ne fait rien dans
leur atelier, on reste devant. On ne doit pas être assez bien
sauf quand ils ont besoin de nous »16. Les collectifs d’artistes multiplient pourtant les initiatives à l’égard des jeunes
du quartier et des populations en difficulté. Dans le cadre
de l’association Vivre ensemble à Ramponeau, les AAB
offrent ainsi aux jeunes de la rue des cours d’art visuel
dirigés par plusieurs plasticiens vidéastes de l’association.
Quelques initiatives artistiques individuelles émergent par
ailleurs : Richard propose régulièrement aux enfants des
cités Piat et Envierges des ateliers de linogravure ; Elli
mêle leçon d’alphabétisation et réalisation de spectacles
de marionnettes ; Sandrine dispense, avec l’aide d’une
association de femmes du quartier, des cours de création
papier et de couture. Les engagements des artistes franchissent rarement les limites de leurs ateliers et investissent
peu l’espace public. Malgré les efforts associatifs, place
Sainte-Marthe, les relations avec les jeunes du quartier
demeurent également tendues.
L’arrivée d’artistes dans les boutiques, cours et espaces
vides du quartier a en effet modifié le rapport des résidants
à leur espace public. Les anciens quartiers populaires
(caractérisés par leurs bistrots modestes, petits commerces
de proximité, cours à l’abandon et terrains vagues) laissent
place à des territoires réhabilités (composés de bars branchés, boutiques d’art décorées, cours et jardins nettoyés,
terrains occupés par des créateurs) et destinés à une population au capital économique et culturel supérieur, selon
le modèle bourdieusien, aux ressources des premiers habitants, lesquels ne profitent plus de Belleville, devenu trop
cher, ni même ne jouissent de la rue, réservée aux nouveaux riverains (boutiques, mais aussi brocantes ou manifestations artistiques). Sharon Zukin parle de lanscapes
of power, lesquels se dessinent autour de la réhabilitation
progressive des rues de ces anciens faubourgs populaires
(Zukin, 2001). Ceux qui ont initié ces transformations ou
qui y ont contribué se reconnaissent dans ces nouveaux
espaces et se réjouissent de leur transformation ; les autres,
comme des anciens habitants, se trouvent dépossédés de
lieux qui ont fait leur vie quotidienne jusqu’alors.
L’histoire du café associatif, Le Pataquès, témoigne
de ces évolutions sociales et territoriales. L’association
Y a de la joie, initiatrice du Pataquès, est née, Chez
Fanfan, une épicerie-buvette de la rue de Tourtille.
Le lieu, très populaire dans le quartier, reçoit « tout
Belleville » : « La porte de chez Fanfan était ouverte à
tout le monde, tout Belleville, au point de devenir un
endroit de convivialité exceptionnelle. Ainsi des personnes venues de tous les horizons s’y côtoient sans distinction de classe : ouvriers, intellectuels, SDF, artistes et
quelques touristes curieux »17. À la fin des années 1990,
un projet immobilier contraint Fanfan Lajoy à quitter sa
boutique. Plusieurs artistes et habitants, habitués des lieux
et désirant retrouver un espace de sociabilité locale, se rassemblent en association, puis ouvrent, rue Jouve-Rouve,
à deux rues de l’ancienne épicerie, Le Pataquès, « café
associatif et épicerie d’art »18. L’ambiance y est différente
selon une plasticienne, ancienne cliente de Chez Fanfan
et membre co-fondatrice de l’association : « Le Pataquès,
c’est sympa, mais c’est pas ouvert comme chez Fanfan.
D’abord, c’est beaucoup plus cher. Et puis, si tu regardes
de près les clients, ce n’est plus vraiment mélangé. C’est
devenu complètement bobo. T’as des concerts, des expos.
Ça change de Fanfan où t’allais juste boire ton coup pour
discuter avec n’importe qui »19. D’après Samir, le patron
du Pataquès, le café doit être plus ambitieux et s’adapter
à l’évolution du quartier : « Belleville est un lieu multicolore, avec des besoins divers. Le quartier a changé depuis
Fanfan. Il faut satisfaire les nouveaux arrivants. On manque d’institutions culturelles, de petites salles de théâtre…
Et puis ce n’est pas être bobo que de souhaiter l’ouverture
de crèmeries, de bonnes enseignes, qui redonnent vie, qui
rassurent la nouvelle clientèle »20. La fréquentation des
cafés répond ainsi à un partage sociologique de l’espace
bellevillois : à chaque communauté, son lieu d’élection,
« populaire », « ethnique » (arabes, chinois, séfarades,
17. http://blog.belleville-paris.info - Site créé par le centre social
de Belleville. Site consulté en juillet 2008.
18. http://pataques.bar.free.fr. Site consulté en mai 2008.
16. Propos recueillis auprès de quelques jeunes adolescents
de la cité Ramponeau, suite à une vive discussion avec les artistes
de la Forge – 21 avril 2006.
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19. C., femme, 56 ans, plasticienne, AAB - Entretien réalisé
le 23 mai 2005.
20. « La parole… à Samir Tlili », Vital quartier [journal édité
par la mairie du vingtième], n° 2, mai 2006, p. 2.
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Mélanges
etc.), branché, en fonction de son groupe d’appartenance
et de ses solidarités locales. Peu à peu, les anciens clients
de Chez Fanfan désertent le Pataquès ; ils lui préfèrent
le Relais de Belleville ou la Vielleuse, « moins chers et
plus simples, vraiment populaires », selon les artistes de la
première génération21. L’installation de nouvelles populations, plus aisées, poussent donc certains artistes bellevillois à investir de nouveaux espaces, en adéquation avec
leur représentation originelle du quartier.
En outre, si la proximité avec les anciens résidants
est volontiers valorisée par les plasticiens, la cohabitation
récente avec les derniers arrivés se montre plus difficile.
Les artistes se trouvent ainsi, depuis la fin des années
1990 (plus précisément à partir de 1996, date à laquelle
la municipalité envisage une rénovation du quartier22), en
concurrence spatiale avec les nouveaux habitants, attirés
par les mêmes types de lieux et occupant les mêmes espaces collectifs. Ceci est particulièrement remarquable, rue
des Cascades, où artistes et nouveaux habitants se disputent les rez-de-chaussée sur rue : « Il y a plusieurs artistes
d’ici, la peintre et le sculpteur plus loin, qui ont été obligés
de quitter la rue. C’est trop cher. En plus, maintenant les
boutiques sont presque toutes rachetées par des familles
qui les transforment en appartement. C’est plus rentable
pour les promoteurs. Ici, ça devient un peu la lutte pour
les artistes, si tu veux t’installer. Le céramiste, s’est battu
pour que son atelier ne soit pas transformé en loft. Avant
on était très nombreux à s’installer. On reste toujours
dans le quartier, mais c’est de plus en plus difficile »23.
Comment se construit dès lors l’identité territoriale d’un
quartier d’artistes ?
Belleville : un quartier d’artistes ?
D’après Yves Grafmeyer, « c’est bien souvent aussi la
fonction dominante du quartier ou les caractéristiques
sociales de ses habitants qui lui confèrent sa physionomie
propre : on parlera de quartier d’affaires, de quartier administratif, de quartier « Latin », de quartier résidentiel…,
ou encore de quartier « populaire », « bourgeois », « asiatique », etc. Ces éléments d’identification entretiennent
cependant des rapports complexes, instables et parfois très
lâches avec des lignes de partage suggérées ici ou là par la
géographie physique ou les particularités du cadre du bâti »
21. C., femme, 56 ans, plasticienne, AAB - Entretien réalisé
le 23 mai 2005.
22. Je pense notamment à l’abandon de la ZAC Belleville et aux
quelques opérations programmées d’amélioration de l’habitat
(Belleville, Sainte-Marthe, Cascades) entreprises dans le quartier.
23. R., homme, 54 ans, graveur, AAB, Ass. Pour l’Art et l’Estampe
Populaire - Entretien réalisé le 21 mars 2004.
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(Authier, Bacqué, Guérin-Pace, 2006). Les AAB insistent,
chaque année, sur le nombre « exceptionnel » d’artistes
qui y résident. À cette étape de l’exposé, nous allons les
écouter en nous disant qu’ils sont tous semblables, qu’ils
forment une communauté au sein de laquelle ils sont
tous les mêmes. Journaux locaux et parisiens soulignent
également la forte représentation et l’homogénéité de la
communauté d’artistes dans le paysage bellevillois. Ancien
quartier populaire, constitué d’artisans et d’ouvriers, désormais quartier branché, Belleville serait-il également un
quartier d’artistes ?
L’expression « quartier d’artistes » sert à désigner un
paysage urbain caractérisé par la présence de nombreux
créateurs et personnalités des mondes de l’art comme
Montmartre, ensuite Montparnasse, puis Saint-Germaindes-Prés et le quartier des Beaux-Arts, enfin, la Bastille et
le Marais, autant de lieux parisiens fréquemment identifiés comme « quartiers d’artistes » (Delorme, Dubois,
2002). À ce titre, Belleville peut faire figure d’exemple :
la forte densité de plasticiens conjuguée à l’implantation
récente d’artisans d’art et de galeristes privés confère parfois au territoire la qualification de « quartier d’artistes »,
désignation notamment utilisée par les AAB. Pourtant, la
création n’a pas envahi tout l’espace urbain, préférant on
l’a vu, les anciennes zones artisanales et industrielles – rue
des Cascades, rue Jean-Pierre Timbaud, rue Ramponeau
ou rue Sainte-Marthe – aux immeubles récents de la Place
des Fêtes ou de la rue des Couronnes. De plus, les artistes
et autres personnalités du monde artistique privilégient les
lieux où sont déjà rassemblés ateliers de création et lieux
d’exposition conférant ainsi au quartier une physionomie
relativement contrastée. Certaines rues se consacrent à la
création (rues de la Villette et Sainte-Marthe), d’autres
aux commerces de bouche (rue de Belleville et Jourdain),
ou encore à la restauration (rue Rébeval), etc. La forte
représentation des artistes dans le quartier suffit-elle à
consacrer Belleville « quartier d’artistes » et à gommer dès
lors les autres populations et représentations paysagères
définissant également le territoire ?
Nombreux sont, en effet, les qualificatifs associés au
paysage bellevillois : « branché », « populaire », « multiculturel », mais également « asiatique » ou « séfarade », ainsi que quartier « d’artisans », « d’artistes »,
« d’ouvriers », « de bobos ». Autant d’expressions qui toutes définissent le même espace urbain à travers des images
différentes : les termes « quartier populaire », « ouvrier »
et « artisan » caractérisent les anciens locaux artisanaux et
bâtiments industriels où travaillaient des gens modestes
résidant alentour ; les adjectifs « artistique », « branché »,
« bobo » désignent les lieux aujourd’hui transformés en
espaces d’habitation ou récréatifs et occupés par des créateurs ; enfin, les termes « multiculturel », « cosmopolite » font référence aux vagues successives d’immigrants
installés à Belleville et occupant aujourd’hui commerces
et restaurants. Les AAB jouent sans cesse avec ces multi-
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LES ANNALES DE LA RECHERCHE URBAINE
ples images de Belleville, valorisant à la fois son caractère
« populaire » et « villageois », sa population « diversifiée »
et « multiculturelle », ainsi que son côté « branché » et
« créatif » : « L’occasion de découvrir un quartier dynamique qui fourmille de créativité, fier de son identité,
un Paris cosmopolite, populaire et haut en couleurs »24.
La difficulté d’identifier Belleville à un « quartier d’artistes » réside dans ce jeu constant de représentations.
L’expression « Belleville quartier d’artistes » ne correspond pas à une situation réelle mais exprime plutôt les
intentions des artistes : ils expriment ainsi à travers l’usage
de ces termes leur appartenance au quartier et produisent,
telle une œuvre d’art, un territoire à vendre.
À l’évidence, le quartier de Belleville ne se singularise
pas particulièrement par un paysage urbain, ni par la spécificité de sa population ou de sa fonction. Ce qui définit le
quartier, ce sont les multiples images qu’il évoque (Barou,
1995) : « en fait, des Belleville, il y en a cinquante, chacun ayant sa configuration de Belleville » (Rialan, 1993).
Toutefois, qualifier le paysage bellevillois de « populaire »,
« d’artistes » ou de « multiculturel » sert à identifier le
quartier et à s’y reconnaître. Comme j’ai pu l’évoquer précédemment, cette appropriation territoriale passe d’abord
par une possession physique du quartier : l’occupation des
lieux, la mise en scène des espaces et leur exposition dans
l’espace public. Elle utilise aussi le moyen du discours :
« les artistes, c’est Belleville. C’est le plus beau quartier
de Paris, le plus créatif. C’est aussi le dernier quartier
ouvrier-artisan, remplacé aujourd’hui par les artistes »25.
24. Livret distribué par les AAB aux journées portes ouvertes
de mai 2003.
25. Livret distribué par les AAB aux journées portes ouvertes
de mai 2000.
ARU106-0807.indd 14
n°106 juillet 2010
Les artistes cherchent donc, via les mots, à marquer leur
implantation dans le quartier ; une fois installés dans leur
lieu de création, ils désirent ensuite se fondre et se confondre dans le tissu urbain, faisant ainsi de la composante
artistique un des éléments caractéristiques de l’identité
du quartier. Les artistes deviennent ainsi des acteurs bellevillois au même titre que les ouvriers, les artisans, mais
aussi les Asiatiques ou les Juifs Séfarades. L’association
Ça se visite, organisant régulièrement des promenades
touristiques dans Belleville, confirme cette appartenance
des artistes au paysage local : à côté de ballades intitulées
« Belleville, bouillon de culture », « Belleville ouvrier et
populaire», « Belleville sans frontières », on trouve désormais « les artistes descendent dans les rues », « les cours
et les artistes de Belleville » ou « Belleville et les arts de
nuit ». Aux nombreux qualificatifs désignant Belleville,
comme lieu « populaire », « ouvrier », « artisanal », faut-il
désormais en ajouter un, celui de « quartier d’artistes » ?
L’expression « Belleville quartier d’artistes » prend donc
sens pour ceux qui l’utilisent. Elle désigne une réalité
particulière : un territoire, celui que dessinent les journées portes ouvertes ; une population, celle des plasticiens
inscrits à la manifestation ; enfin un quartier, Belleville,
définit par et à travers les artistes qui l’occupent. Cette réalité est celle que dépeignent les collectifs de plasticiens,
soucieux d’exister collectivement à Belleville.
Les artistes donnent donc à voir leur Belleville à travers
la visite d’un certain type de paysage social et urbain. Ce
tableau du quartier dépeint et construit par les collectifs de
plasticiens ne correspond certes pas à la réalité bellevilloise
dans son entier. Il s’agit toutefois d’une réalité parmi tant
d’autres, celle des Ateliers d’artistes de Belleville. Visiter ces
ateliers, c’est ainsi voir un quartier se dessiner, se construire
et se mettre en scène : les lieux investis par les artistes sont à
la fois décors et résultats de cette création territoriale.
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Mélanges
Se partager l’espace urbain
Références bibliographiques
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SOPHIE GRAVEREAU a soutenu sa thèse
Artistes de Belleville : entre mondes de l’art
et territoires urbains, en décembre 2008,
sous la direction de Christian Topalov.
Elle est chercheure associée au Laboratoire
d’anthropologie urbaine (UPR 34 – CNRS) –
contrat post-doctoral sur le thème :
Les quartiers de Paris : des labels territoriaux ?
Mécanismes et enjeux du développement
urbain.
Elle a publié « Le rôle des artistes dans la
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A., Villanova R. (dir.), Belleville, Figure d’un
quartier populaire entre mythes et réalités,
Créaphis, Paris, 2010 et « Artistes en ville :
acteurs ou spectateurs de la gentrification ? »,
in Actes du colloque de l’ACFAS, Art et
territoire : vers une nouvelle économie
culturelle ?, INRS-Université de Laval, 2010.
[email protected]
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