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SPÉCIAL SALON DES ENTREPRENEURS MARDI 3 FÉVRIER 2009 Supplément gratuit au numéro 20.355 l Ne peut être vendu séparément www.lesechos.fr ÉDITORIAL Les bonnes nouvelles se fabriquent Tous droits réservés − Les Echos − 2009 A nnoncer de mauvaises nouvelles est hélas le lot quotidien des journaux économiques ces jours-ci. Même lorsqu’on est conscient qu’elles contribuent à entretenir la morosité, il est difficile d’y échapper. Mais qu’est-ce qu’une bonne nouvelle en ces temps de récession ? Ce peut être évidemment le résultat d’une entreprise moins mauvais que prévu, maintenu, voire augmenté. Les meilleures nouvelles sont cependant les promesses de richesses à venir. C’est un investissement confirmé. C’est, encore mieux, le développement d’une technologie ou d’un service inédit et/ou une entreprise qui se crée. Donner l’occasion aux futurs entrepreneurs de se renseigner et peut-être de boucler leur projet comme le fait le « Salon des entrepreneurs », simplifier leur démarche (le statut de l’autoentrepreneur va très loin dans ce sens) et la soutenir comme le fait l’Etat, peut paraître incongru dans une période de fort pessimisme. Qui a envie de se lancer dans une pareille ambiance ? Ce n’est pourtant pas le plus mauvais moment. Rares sont les commentaires d’économistes dans « Les Echos » ou ailleurs qui n’arrivent pas à la conclusion que la meilleure relance n’est ni monétaire, ni budgétaire. La meilleure relance est celle qui favorise le développement de nouvelles technologies ou de nouveaux produits, les gains de productivité et de compétitivité du pays et, au bout du compte, l’emploi et la prospérité des Français. C’est pourquoi ce premier supplément « entrepreneurs » des « Echos » met l’accent sur l’innovation. L’innovation au sens large. On peut devenir un intermédiaire innovant s’il ne s’agit pas seulement de rallonger la chaîne des intervenants et l’addition des coûts. Investir à contre-conjoncture est peut être bon pour l’économie mais est-ce bon pour les entrepreneurs ? Toutes les belles histoires de jeunes entreprises qu’on lira dans ce numéro confirment ce qu’on peut facilement imaginer : entre le moment où on se lance et celui où on arrive sur le marché, des mois ont passé, à peu près le temps qui peut s’écouler entre le creux de la récession et les frémissements de la reprise. Investir « à contreconjoncture » est certainement le moyen d’être prêt au bon moment. Certes, les financements sont moins évidents en ce moment. Mais ils ne sont pas inexistants comme nous l’expliquons pages 16 et 17. Certes, on ne surfera pas sur la vague comme ceux qui ont l’art de participer aux grands enthousiasmes qui font les belles bulles. Mais le projet n’en sera peut-être que plus solide. JEAN-CLAUDE HAZERA DE LA HIGH-TECH À L’ÉCONOMIE SOLIDAIRE Des idées pour entreprendre Tout savoir sur le nouveau statut de l’autoentrepreneur Lire pages 18 et 19 SOMMAIRE L’innovation, remède à la crise 1. High tech − L’Etat déroule le tapis rouge pour les PME pages 4 et 5 4. Entrepreneuriat solidaire − Le boom de l’économie sociale page 12 2. Formation − La différenciation, clef du succès page 6 5. Croissance verte − Les emplois verts font rêver les gouvernements Lire pages 14 et 15 3. Services aux entreprises et aux particuliers − Unecréativitétous azimuts pages 8 et 9 Financement − Start-up et PME : merci l’ISF ! Capital-risque la fin de l’âge d’or. Lire pages 16 et 17 Pas de crise pour l’autoentreprise Pages 18 et 19 SPÉCIAL ENTREPRENEURS 2 LES ECHOS MARDI 3 FÉVRIER 2009 L’innovation, remède à la crise Malgré le marasme économique, les opportunités de création et de développement d’entreprises ne manquent pas. Encore faut-il identifier les secteurs d’avenir et trouver la bonne idée. P as une journée sans qu’une nouvelle défaillance d’entreprise ne soit annoncée ou qu’un chiffre catastrophique ne fasse la une des journaux. Pour autant, cette crise qui s’est installée durablement dans l’actualité peut également être l’occasion d’un coup de pouce à la création et au développement de nouveaux business. D’ailleurs 31 % des Français souhaitent créer leur entreprise, selon une enquête Ifop pour la CCI Entreprendre en France et 34 % d’entre eux le prévoient concrètement dans les deux ans, contre 26 % en 2008. Soit un vivier de 3,5 millions de créateurs potentiels ! Le nombre d’entreprises créées a déjà atteint un record en 2008, à 327.396 entreprises, et la tendance devrait se poursuivre en 2009, aidée par le lancement du statut d’autoentrepreneur. Mais attention, en période de crise, la concurrence s’exacerbe et les défaillances sont légion. Elles ont progressé de 10,3 % en 2008, à 54.820 entreprises, un record depuis 1997, selon Altares. Pas question donc de créer au hasard d’une vague inspiration. Il faut innover ! Une innovation entendue au sens large, qu’il s’agisse de produit ou de service, mais également de canal de commercialisation ou encore de production. Contrairement aux idées reçues, l’innovation ne se limite pas à la technologie, même si cette dernière est souvent indispensable. « Il faut réfléchir à sa différenciation et au créneau sur lequel existe et existera une demande », résume Jean-Luc Massol, consultant senior à l’Agence pour la création d’entreprises (APCE) et auteur d’un livre (*). Une réflexion que se doivent aussi de mener les PME existantes et malmenées par la conjoncture. « L’innovation, ce Les créations et défaillances d’entreprises En milliers 216,2 321,5 Créations 213,6 Défaillances* 239,7 214,9 268,4 46,9 44,1 2000 43,4 2001 270,3 327,4 285,7 54,8 48,3 49,7 49,3 47,1 44,9 2002 Chiffres activités marchandes en France hors agriculture 2003 2004 2005 2006 2007 2008 * Douze mois glissants « Les Le Echos Ech » / Sources e : Insee, REE, Alltare aress / Photo : Phot Ph onon o stop p Si la crise est un formidable moteur d’innovation, c’est également le moment où la concurrence s’exacerbe et où les défaillances sont légion. n’est pas simplement inventer. Il s’agit ici d’innovation permanente : que vais-je pouvoir apporter de plus pour répondre aux attentes ? » explique Françoise Savès, présidente du comité création et développement des entreprises du Conseil supérieur de l’ordre des experts-comptables. « La crise est un formidable moteur d’innovation. Les entreprises rivalisent d’imagination pour trouver des alternatives efficaces et se sortir du marasme », ajoutet-elle. Accélération des mutations D’abord, il s’agit d’identifier les secteurs porteurs aujourd’hui mais surtout pour les années à venir. Formation, services aux entreprises et aux particuliers, green business, entrepreneuriat solidaire, transport et mobilité, « low cost », etc., le choix est large. « La crise ne va pas changer fondamentalement les tendances déjà identifiées, mais elle va accélérer les mutations », explique Françoise Savès, qui a dirigé un travail de prospective sur les marchés du futur pour 2008-2012. Dans le domaine du développement durable par exemple, où il y avait déjà une prise de conscience des consommateurs, il y a aujourd’hui une véritable demande pour « faire bien avec moins ». « L’hyper-choix n’est plus la panacée, le concept de réduction de gamme va monter en puissance », indique Françoise Savès. La biscuiterie Vital, qui vend des gâteaux haut de gamme en grandes surfaces, l’a bien compris. Au vu des baisses de ses ventes en juin dernier, l’entreprise a décidé de faire monter en puissance sa gamme bio, jusqu’ici minoritaire, et a développé des gammes précises de produits simples et de petite taille. Un succès qui lui a l’amélioration d’une offre existante souffrant de lacunes, l’apport de valeur ajoutée à un produit ou service banalisé ou encore la duplication d’un concept étranger, peu importe... L’important, c’est de se différencier. permis de maintenir son niveau de ventes. Stéphane Baudet a, lui, fondé Thermie Ouest en 2004, sur le créneau des pompes à chaleur. En pariant sur l’innovation et en développant ses propres composants. La jeune société, qui a ainsi déposé deux brevets, a déjà réalisé 3 millions d e c hi f fr e d’ af f ai r es s u r 2007-2008 et table sur 14 millions d’euros l’année prochaine. Elle va embaucher 50 personnes supplémentaires et construire une usine. Toute la problématique est de trouver « la » bonne idée qui répondra à une attente réelle. Les idées d’entreprises nouvelles naissent souvent de difficultés vécues au quotidien ou observées chez les autres, de constats de carence du marché par rapport à un besoin à satisfaire dans la vie de tous les jours. Cela peut être un service ou un produit inédit, Accompagnement sur trois ans Evidemment la recherche est souvent un bon point de départ. A l’instar de Climpact, une startup parisienne fondée par des scientifiques, qui a élaboré un modèle mathématique permettant d’aider les entreprises impactées par les variations météorologiques. Mais les opportunités sont loin de ne concerner que les férus de high-tech. La Compagnie du Bain, jeune société lyonnaise, a, elle, inventé un nouveau concept : le maillot de bain pour frileux. Toujours dans le textile, secteur pourtant réputé sinistré, 3 QUESTIONS À JEAN-LUC MASSOL CONSULTANT SENIOR À L’APCE DR Créée en 1996, l’Agence pour la création d’entreprise (APCE) dépend du secrétariat d’Etat aux PME et a une mission de service public de conseil et d’information. Tous droits réservés − Les Echos − 2009 FRANK NIEDERCORN ET CÉLIA PÉNAVAIRE (*) « Trouver une idée de création d’entreprise », Edtitions d’Organisation, APCE. En pratique « Le remue-méninges pour trouver la bonne idée » En pleine crise, les règles du jeu pour créer son entreprise sontelles les mêmes ? Oui, mais il faut réfléchir encore davantage au créneau sur lequel on veut investir. Crise ou pas, le premier principe à garder à l’esprit est de veiller à rester en cohérence avec son projet personnel, ses centres d’intérêt. La crise peut aussi fournir des opportunités. L’une à laquelle beaucoup de gens ont déjà pensé, c’est celle du « low cost ». La simple veille économique générale fournit aussi des idées. Par exemple, depuis le 1er janvier, l’expertise électrique d’un bien immobilier est obligatoire pour toute transaction. Une fois le secteur choisi, on peut travailler sur le processus intégral de consommation du produit ou du service. On part de l’amont, c’està-dire du besoin duclient, jusqu’au recyclage,s’il s’agit d’un produit. A chaque étape, on envisage ce que l’on pourrait apporter de plus, par exemple : facilité d’accès au produit ou au service, réduction de prix, raccourcissement des délais de livraison, fonctions supplé- Esquad, une petite société de Castres, innove en proposant une toile de jean aussi résistante que du cuir. Le marché ? Celui des motards qui veulent allier esthétique et sécurité. La bonne nouvelle pour les jeunes entreprises, c’est que les pouvoirs publics ont envie de les chouchouter. Dans le domaine de la propriété industrielle, souvent ignorée des PME car jugée trop complexe et coûteuse. L’Institut national pour la propriété industrielle (Inpi) a mis en place un programme d’aide et de conseil. « Nous envoyons un de nos experts dans l’entreprise pour faire le bilan de ses lacunes et de son potentiel en matière de propriété industrielle. Deux fois sur trois l’entreprise visitée met en place une action concrète dans les six mois », se félicite Benoît Battistelli, le directeur général de l’Inpi. Quant au financement, les possibilités sont multiples. Des aides en tout genre existent. A tel point même qu’il est difficile de s’y retrouver. La dimension conseil et accompagnement est également primordiale pour pérenniser l’activité. C’est aujourd’hui le gros point noir. Aujourd’hui, environ 30 % des entreprises créées ne survivent pas plus de trois ans. Ainsi, la nouvelle aide à la création d’entreprise destinée aux chômeurs (Nacre) intègre, outre l’apport financier, un programme d’accompagnement sur trois ans. Le financement restant bien l’un des points délicats de la vie des PME. René Ricol, le médiateur du crédit, n’a-t-il pas été saisi de 3.727 dossiers en deux mois et demi ? tous les défauts d’un service ou d’un produit et à chercher à faire mieux (défectuologie). Celle de « l’espace de consommation » est intéressante car très facile à exploiter. Pour un produit ou service existant, on fait varier le type de consommateur ou le besoin ou le lieu d’utilisation ou le contexte ou le moment habituel de consommation. Un exemple simple consiste à adapter un service ou un produit pour humain aux animaux. N’a-ton pas vu ouvrir, ces derniers temps, à Paris une pâtisserie ou un spa pour chiens ? x Le Salon des entrepreneurs se tient au Palais des Congrès de Paris les 4 et 5 février (www.salondesentrepreneurs.com). Pour sa 16e édition, le Salon accueille 180 exposants et organise 150 conférences et ateliers thématiques à destination des créateurs d’entreprise et porteurs de projet, mais aussi des chefs d’entreprise et des repreneurs et cédants. Parmi les thèmes phares : la révolution de l’autoentrepreneur, les business anticrise et les nouveaux leviers de croissance et leur financement. Toutes les conférences sont désormais téléchargeables en libre accès sur le site du Salon. Une fois que l’on a ces bonnes idées, quel est l’apport de l’APCE ? Nous offrons une grande quantité de ressources gratuites et téléchargeables surlesite.Vous trouvezpar exemple quantité de documents types (contrat de travail à durée déterminée), des fiches techniques (déposer une marque ou protéger un logiciel), des fiches pays, des bases de données de centres de ressources utiles pour le créateur, etc. Nous aurons également en 2009 une action très forte enfaveur de la reprise d’entreprise : sensibilisation des cédants et des repreneurs, formations, création de nouveaux contenus méthodologiques et de nouveaux supports… x Sur www.lesechospme.fr et www.tpe-pme.com, deux sites du Groupe Les Echos, tous ces thèmes sont traités, depuis la création-reprise d’entreprise, l’aide et le financement, la gestion, la fiscalité, le droit, les secteurs porteurs, ainsi que toute l’actualité des PME. Ces deux sites abordent également les aspects pratiques pour créer, diriger et développer son entreprise : agenda, témoignages vidéos, dossiers thématiques, avis d’experts, fiches pratiques, simulateurs, modèles de lettre... En outre, l’actualité du Salon sera couverte grâce à des interviews vidéo réalisées sur place. Jean-Luc Massol. mentaires, service après-vente amélioré… Et lorsque l’on n’a pas cette bonne idée ? Vous évoquez dans votre livre les outils de créativité. Comment les utilise-t-on ? Je préconise la technique du remue-méninges, ou « brainstorming », conçue par Alex Osborn. Il faut être au moins cinq personnes, car c’est de l’émulation, de l’échauffement des esprits, de la liberté de ton et de la folie des réponses que jaillissent des idées intéressantes. Dans mon livre, j’ai retenu plusieurs méthodes utilisables grâce au remue-méninges qui est une technique générale, commecellequiconsisteàrecenser PROPOS RECUEILLIS PAR F. N. LES ARDENNES, UN ESPACE EUROPÉEN OUVERT SUR LE MONDE. ENTREPRENEURS, LES ARDENNES VOUS OUVRENT DE NOUVELLES PERSPECTIVES. Le département des Ardennes est devenu un espace attractif en Europe : - par sa position stratégique et incontournable sur le grand axe autoroutier (Paris-Reims-Charleville-Mézières-Bruxelles-AnversAmsterdam) ; - par sa liaison ferroviaire avec le TGV Est-Européen, pour le flux de marchandises en provenance des grands ports européens ; - par sa position au cœur d’un marché de 250 millions de consommateurs. Le département des Ardennes offre : - une fiscalité unique en Europe de l’Ouest avec la plus grande zone franche de France (exonération de l’Impôt sur les Sociétés, de Taxe Professionnelle et de charges sociales employeurs) ; - un prix du foncier le moins cher du Nord-Est ; - 5 grands parcs d’activités dont une plateforme multimodale de 300 ha au NO de Charleville-Mézières en relation avec les ports de Anvers et de Zeebrugges ; - des zones complémentaires destinées à accueillir différentes activités industrielles, tertiaires et commerciales ; - un environnement exceptionnel et une qualité de vie rare. Tous droits réservés − Les Echos − 2009 www.zone-franche-ardennes.com www.business-in-ardennes.com SPÉCIAL ENTREPRENEURS 4 LES ECHOS MARDI 3 FÉVRIER 2009 1. HIGH-TECH L’Etat déroule le tapis rouge pour les PME E ntre février 2007 et janvier 2008, selon les chiffres publiés par Coface Services, 12.000 sociétés se sont créées en France dans le domaine de l’informatique, de l’électronique et des télécoms. Combien vont survivre ? « Le taux d’échec peut aller jusqu’à 80 % pour les apporteurs d’idées en phase d’amorçage et avec un capital très faible, mais il tombe à 5 % une fois passée la phase de recherche et développement initiale », prévient Laurent Scheinfeld, directeur associé de Subventium, un cabinetconseil spécialisé dans les aides économiques et les subventions d’Etat, dont les 280 clients sont des entreprises innovantes avec d’importants projets de R & D. Très gourmands en trésorerie et sujets aux aléas techniques, les travaux de R & D nécessaires avant la commercialisationdespremiers produits constituent la période de tous les dangers pour les jeunes entreprises high-tech. « Nous avons fait l’erreurdecréernotresociétéavec très peu de moyens, car nous pensions quenostechnologiesétaientsuffisamment mûres pour trouver rapidement des débouchés, relate, par exemple, Yvan Ridé, quarante-trois ans, cofondateur d’Evodia, une société rennaise spécialisée dans les logiciels de reconnaissance d’écriture. En réalité, nous avons mis trois ans à rencontrer notre marché. » Aujourd’hui, l’Apave, un organisme d’inspection et de contrôle technique, va équiper 300techniciensde tabletPCdotésdu logiciel Script & Go d’Evodia, pour leur permettre de saisir plus rapidementschémasetrapports, tandisque Thalesétudie la possibilitéd’intégrer Scipt & Go dans un écran tactile destiné aux pilotes d’avion. Ce qui a sauvé Evodia ? Tout d’abord, en trois ans, l’entreprise a bénéficié de prèsde 400.000 eurosde subventions ou d’avances remboursables. En effet, à côté des « love money, seed money » et autre capital-risque (lire pages 16 et 17), il existe une kyrielle de subventions, prêts à taux zéro et autres dispositifs fiscaux prévus par l’administration française et l’Europe pour aider les start-up (Microsoft en propose un annuaire en ligne, voir ci-contre). « La France est undespays d’Europe où la recherche coûte le moins cher, souligneLaurentScheinfeld.Cen’est pas par hasard si de grands groupes étrangers comme Microsoft y implantent des centres de recherche. » Autre raison à la survie d’Evodia : elle a bénéficié d’une licence pour exploiter les technologies développées par l’équipe Imadoc (Images et Documents), de l’Irisa (Institut de recherche en informatique et systèmes aléatoires), un laboratoire public, à Rennes. Il n’existe pas encore de statistiques précises dans ce domaine, mais il semble que, par exemple, les spin-off, les start-up issues des travaux de grands groupes ou grands laboratoires, survivent mieux que l’ensemble des jeunes Stéphane Texier 2009/DR Financements, transferts de technologie... Des efforts sont faits pour aider à l’innovation. Le logiciel d’Evodia permet de saisir rapidement schémas et rapports. pousses high-tech. « Sur les 92 entreprises de l’Inria, en vingt ans, 23 ont disparu, 12 ont été rachetées et 57 existent encore de façon autonome », calculeBrunoSportisse, directeurdu transfert et de l’innovation à l’Inria, l’Institut national de recherche en informatiqueetenautomatisme(lire ci-dessous). « Quand vous prenez une technologie qui a été développée dans un laboratoire, il est à peu près certain quelarecherchea étécorrectement menée, en respectant les fondamentaux : vous êtes déjà sur la bonne voie », avance Laurent Scheinfeld. Forts de ce constat, les pouvoirs publics tentent par tous les moyens de favoriser les transferts de technologies entre les laboratoires publics et les PME. C’est un des rôles des 71 pôles de compétitivité, destinés à Publi-rédactionnel Chartres Blois Tours Avec 2.5 millions d’habitants, un patrimoine historique et culturel de renommée mondiale, un environnement économique diversifié, un 6ème rang national pour l’activité industrielle, la région Centre compte pour tout PARIS Orléans entrepreneur qui veut créer ou reprendre une entreprise. Bourges Châteauroux Région Centre : un territoire pour Entreprendre Située à une heure au sud de Paris, la région Centre donne à l’esprit d’entreprendre un cadre unique pour s’exprimer : un environnement économique porteur et diversifié (cosmétique, pharmacie, mécanique, logistique, plasturgie…), un cadre touristique de renommée internationale (vallée de la Loire ; les châteaux de Chambord, Chenonceau, Blois, les cathédrales de Bourges, de Chartres ; la Sologne, le Berry, la Beauce…) et un accompagnement personnalisé pour le créateur ou le repreneur d’entreprise. Tous droits réservés − Les Echos − 2009 La région Centre attire ! Les créations d’entreprises y ont augmenté de près de 4% en 2008, contre 3% environ en moyenne nationale. Forte d’une grande diversité économique, la région attire tout type de projet d’entreprise dans l’hotellerie-restauration, dans le commerce, dans l’artisanat, dans l’industrie ou encore dans le secteur agricole. En matière de reprise d’entreprises, les réseaux consulaires (Commerce-Industrie, Métiers-Artisanat, Agricole) disposent d’un fichier actif de plus de 1 500 entreprises, commerces, ou exploitations à reprendre. Parmi elles, près de 600 annonces d’entreprises à reprendre sont directement consultables sur le site 1001-opportunites.com, créé à l’initiative du Conseil régional et des réseaux consulaires de la région Centre. Quelque soit son projet, l’entrepreneur bénéficie d’un suivi personnalisé pour le mener à bien. En effet, un repreneur d’entreprise accompagné accroît nettement ses chances de réussite. Dans chaque département, pour chaque projet (industrie, commerce, artisanat, agricole, etc.) et pour tout type de public, la région Centre dispose d’une structure d’accompagnement et de conseil adaptée (structures consulaires, réseaux des PEIL, boutiques de gestion, réseaux associatifs spécialisés…). Un accompagnement personnalisé L’entrepreneur bénéficie ainsi de conseils personnalisés auprès de spécialistes qui, en fonction du profil du candidat et de son projet, lui permettent de sélectionner les entreprises à reprendre, de connaître les exigences de qualification professionnelle et les démarches à effectuer, de s’informer sur les réglementations spécifiques à l’activité (hygiène, sécurité, environnement…), d’obtenir des informations économiques sectorielles, ou encore d’identifier les différents partenaires du réseau d’appui à l’installation. L’aide va encore plus loin. Un “Contrat d’accompagnement” est proposé aux repreneurs d’une entreprise artisanale ou commerciale. Ce dispositif, financé par le Conseil régional du Centre, permet aux repreneurs de passer le cap critique des premières années d’activité en proposant un accompagnement de 2 ans post installation. Cet accompagnement structuré est assuré par les réseaux des Chambres de Métiers et de l’Artisanat et des Chambres de Commerce et d’Industrie du Centre. La création et la transmission d’entreprises sont des enjeux économiques majeurs. C’est la raison pour laquelle le Conseil régional du Centre les a inscrites comme actions prioritaires dans le cadre du Schéma de Développement Economique et Social de la région Centre. C’est dans cette volonté que la Région a créé des aides économiques pour accompagner le projet de reprise d’entreprises (bénéficier du réseau régional d’accompagnement, de conseils personnalisés, pérenniser l’installation, simplifier l’intégration professionnelle et familiale), pour financer le projet, pour renforcer les fonds propres du repreneur, pour garantir les crédits, ou encore accompagner la croissance de l’entreprise. Pour votre projet de reprise d’entreprise, consultez notre site www.1001-opportunites.com “Pour votre entreprise, choisissez la région Centre.” Pour plus d’informations : CENTRECO • Agence de promotion et de développement économique de la région Centre Tél 02 38 79 95 40 - E-Mail : [email protected] Web : www.centreco.regioncentre.fr Publi_centreco_Echos_Format_Spe.indd 1 16/01/09 11:08:08 dégager des synergies entre labos, grands groupes et PME, autour de projets innovants. Plus de 4.000 PME sont membres d’un pôle. Mais l’administration veut aller encore plus loin. Par exemple, entre fin 2005 et fin 2006, 33 laboratoires publicsfrançais ontreçulelabel Institut Carnot, décerné aux organismes de recherche qui s’engagent à développer les partenariats avec les entreprises. « L’idée originelle s’inspire du modèle des Fraunhofer-Gesellschaft, les instituts de recherche allemands réputés pour les liens étroits qu’ils entretiennent avec les entreprises, explique Alain Duprey, directeur général de l’Association des Instituts Carnot. Notre label est accordé à des laboratoires publics reconnus pour leur excellence scientifique et qui font de la recherche partenariale au profit des entreprises une de leurs priorités. » Pour l’instant, les résultats à l’égard des PME sont mitigés, puisque la proportionde l’argent(en termes de fonds, 10 %, ou en termes de nombre de projets, 20 %) injecté parlesPMEdanslesInstitutsCarnot est la même que dans l’ensemble des labos publics français… « Les PME éprouvent souvent des difficultésà identifierun partenairede recherche pertinent en réponse à leur besoin d’innovation, explique Alain Duprey. C’est pourquoi nous avons des actions spécifiques à leur égard, comme lesRDV Carnot, un Salon de la recherche dédié aux entreprises. » Enfin, la Direction générale des entreprises (DGE) du ministère de l’Economie, de l’Industrie et de l’Emploi, a mis en ligne, il y a quelques mois, une base de données (l i r e ci - co n t re ) re ce n s a nt 1.100 centres de recherche, publics ou privés, qui travaillent sur les 83 technologies-clefs pour l’avenir de la France. « L’objectif est d’aider lesentreprisesà rechercherfacilement de l’information sur les technologies qui les intéressent », commente Michel Aribart, chargé de mission au sein du service des politiques d’innovation etde compétitivité, à la DGE. Les PME innovantes, qui ont besoin d’une technologie pour satisfaire un nouveau besoin repéré chez leurs clients, y trouveront peut-être leur bonheur… En pratique x Le Retis est un réseau qui fédère technopoles, CEEI (Centres européens d’entreprises et d’innovation) et incubateurs publics. www.retis-innovation.fr x Le programme Cap Subvention, proposé par Microsoft, comprend un annuaire en ligne pour rechercher des subventions. www.microsoft.com/france/ entrepreneur/subventions/ default.mspx x Les Rendez-vous Carnot (13 et 14 mai 2009 au Palais des congrès à Versailles) permettent la rencontre directe entre entreprises confrontées à des problématiques de R&D et laboratoires de recherche. www.instituts-carnot.eu x Le ministère de l’Economie, de l’Industrie et de l’Emploi a mis en ligne une base de données recensant 1.100 centres de recherche français. Ils travaillent sur 83 technologiesclés. www.expertises2010.com x Le pacte PME a été mis en œuvre depuis fin 2005 par Oséo, pour faciliter les relations entre les PME innovantes et les grands comptes. Il se positionne comme un équivalent modernisé du Small Business Act américain. www.pactepme.org JACQUES HENNO KEENEO Analyser les images de vidéosurveillance Keeneo est née de la rencontre de Benoît Georis, chercheur au sein du laboratoire d’analyse vidéodel’Inria Sophia-Antipolis, et de Thomas Herlin, responsable commercial pour l’Europe du Nord chez ASK (produits sans contacts). Quatre ans plus tard, Keeneo emploie une quinzaine de personnes et a réalisé en 2008 un chiffre d’affaires de quelque 700.000 euros. « Nous éditons des logiciels pour l’analyse de mouvements et l’identification d’événements à partir d’images fournies par des caméras de surveillance », explique Thomas Herlin. Ces solutions sont utilisées pour détecter des intrusions dans des sites protégés comme des aéroports ou des centres de recherche, mais aussi pour gérer des infrastructures : si le système détecte une longue file d’attente devant un poste de douane, il conseille d’ouvrir un second guichet. Parmi ses clients, Keeneo compte ADP(Aéroportsde Paris), Renault, Toyota, DCN… « Pour la Société Générale, nous avons contribué à la mise en place du Bison futé des cantines, sourit Thomas Herlin. Au siège social de la Défense, des caméras surveillent la fréquentation des cantines et, via un intranet, indiquent aux salariésles temps d’attente, cequi aide à lisser les passages au restaurant d’entreprise. » Analyse en 4D Derrière les logiciels Keeneo se cachent des technologies mises au point par l’équipe Orion de l’Inria à Sophia-Antipolis : son objectif était de développer des logiciels pour l’interprétation automatique d’images et le pilotage automatique de programmes. Keeno a bénéficié d’un accordd’essaimageetde transfertde technologiesdelapartdel’Inriapour Le conseil de Thomas Herlin « Nous ne lançons pas de nouvelle application si nous ne sommes pas certains qu’il y ait un marché solvable dans les trois ans à venir. » utiliser les résultats de ces travaux. « Noslogicielsdéclenchenttrèspeude fausses alarmes, car ce sont les seuls à fairede l’analyseen 4D, affirme Thomas Herlin. Nous utilisons des outils de reconnaissance en 3D capables de situer dans l’espace les objets et les personnes, plus une analyse temporelle pour suivre les actions dans le temps. » Dans le futur, ces logiciels pourront aussi être utilisés pour l’assistance aux personnes âgées, handicapées ou malades. J. H. TROIS QUESTIONS À BRUNO SPORTISSE DIRECTEUR DU TRANSFERT ET DE L’INNOVATION À L’INRIA Privilégier le transfert de technologies vers les PME L’Institut national de recherche en informatique et en automatique a déjà soutenu la création de 90 entreprises. Il veut accélérer le mouvement. Quelle est la politique de l’Inria pour les transferts de technologies ? Le transfert de technologies est une des priorités de l’institut. Il peut prendre cinqformes. Premièrement, l’aideàunchercheurouuningénieur qui veut créer son entreprise − une « spin off ». On a, deuxièmement, le transfertdirectde technologiesàune entreprise, sous forme de licence ou de cession d’actifs de propriété intellectuelle. Troisièmement, nous pouvons participer à des opérations de standardisation autour d’un brevet de l’Inria. Ensuite, cela peut prendre la forme de diffusion de nos logiciels en « open source », comme c’est le cas avec Scilab, un logiciel de calcul numérique.Enfin,il yalacréationde joint-ventures (consortiums) pour soutenir un logiciel : nous nous sommes par exemple associés à l’industrie pharmaceutique pour développer un logiciel de simulation. Quelle est la place des PME dans ce dispositif ? Nous voulons clairement privilégier le transfert de technologies vers les PME. Nous venons ainsi d’initier avecOséoet le comité Richelieuune extension du pacte PME au transfert. La difficulté est de repérer les besoins. Nous avons une double approche : capitaliser surla dynamique des pôles de compétitivité et répondre aux besoins desPME grâce à nos « prospecteurs de PME » orientés secteur. L’objectif à terme est de faire de l’interpôle : repérer par exemple une PME de Sophia-Antipolis vers laquelle nous pourrions effectuer un transfert des travaux menésdansnotrecentredeLille.Les prospecteurs, eux, rencontrent des PME pour comprendre leurs attentes. Nous regardons alors si, parmi nos 170 équipes-projets, l’une d’entre elles ne développe pas une technologie potentiellementtransférable, que nous ferons alors « maturer » en fonction du marché. Aquels marchés vous adressez-vous en priorité ? La richesse de notre domaine est qu’ils’adressepotentiellementà tous les marchés. Nous avons défini cinq marchésprioritaires: réseauxettélécoms ; santé, biotechnologie et sciences du vivant ; édition de logiciels et systèmes embarqués ; aéronautique, espace et défense ; et enfin énergie, développement durable et environnement. PROPOS RECUEILLIS PAR J. H. LES ECHOS MARDI 3 FÉVRIER 2009 SPÉCIAL ENTREPRENEURS 5 1. HIGH-TECH WYGWAM La jeune société de conseil en informatique gagne sa vie en faisant du service tout en poursuivant une active R&D. Le lien avec le pôle de compétitivité lillois s’avère utile. Un wigwam est un type d’habitation construit par les Amérindiens semi-nomades d’Amérique du Nord. « C’est là que les sages de la tribu se réunissaient pour trouver des solutions aux problèmes du groupe, précise Grégoire Malvoisin, PDG de Wygwam, une société de conseil en informatique de Villeneuve-d’Ascq, près de Lille. Nous aussi nous réfléchissons pour les autres : nous aidons les entreprises à maîtriser les nouvelles technologies en avance de phase. » Créée − entièrement sur fonds propres − le 1er avril 2003, par deux Belges, Grégoire Malvoisin, trente-six ans, diplômé d’Ichec (Institut catholique des hautes études commerciales de Bruxelles), et Grégory Renard, trentetrois ans, ingénieur, Wygwam em- ploie une vingtaine de personnes. L’entreprise s’est fait remarquer, il y a quelques mois, par l’e-Médiateur qu’elle a développé pour le médiateur de la République : disponible vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept, sous forme de chat sur Windows Live Messenger ou Google Talk, l’e-Médiateur offre un premier niveau d’information sur les droits et quelques solutions pratiques sous la forme d’envoi de documents ou de renvoi vers des sites Internet plus compétents. Le conseil de Grégoire Malvoisin « Le risque pour une entreprise innovante est de vouloir financer sa R&D en vendant des prestations de services, qui vont accaparer son équipe de recherche et retarder d’autant ses travaux. Il vaut mieux distinguer les deux activités − services et recherche − et leur affecter des équipes différentes. C’est ce que nous faisons depuis un an et demi. » Vers un maire virtuel Pour accéder à l’e-Médiateur, il suffit d’ajouter mediateur.republiqueegmail.com ou mediateur-republiqueehotmail.fr à la liste de ses contacts Google Talk ou MSN et d’envoyer un premier message à ce nouvel interlocuteur. « Google et Microsoft éditent des protocoles de communication ; la valeur ajoutée de Wygwam réside dans la mise au point d’un robot de conversation qui va s’enrichir au fur et à mesure des échanges », estime Grégoire Malvoisin, qui veut décliner cet agent conversationnel pour d’autres marchés. Celui-ci va être proposé sous forme de maire virtuel,maisilpeutaussiservird’agent domotique pour piloter entièrement une maison, via Google Talk ou MSN. Photononstop MEDRIA La santé des vaches à distance Medria dispose de un à deux ans d’avance sur ses concurrents. La jeune société innovante bretonne est capable de surveiller à distance les animaux d’élevage grâce à des capteurs. Une quinzaine d’organismes publics l’ont soutenue. Tous droits réservés − Les Echos − 2009 Les vaches sur le pointde vêler font l’objet d’une attention toute particulière de la part des éleveurs bien souventcontraintsdeseleverlanuit afin d’évaluer l’imminence de la naissance. Un nouvel appareil, le Velphone, leur permet de passer des nuits tranquilles : ce thermomètre vaginal envoit la température de l’animal à une base radio GSM quirelaierégulièrementcette information vers le téléphone portable du fermier sous forme de SMS. Et quand le Velphone est expulsé par la poche des eaux, il en avertit l’agriculteur. Terre d’élevage Le Velphone a été mis au point par une jeune société innovante, Medria (Monitoring Early Detection for Remote Industrial Applications),créée en juin 2004etinstallée àChâteaugiron, à une quinzaine de kilomètres à l’est de Rennes. « Nous sommes sur un projet singulier : développer des plates-formes desuivi de production,enparticulier pour la production animale, en ins- Le conseil de Jean-Pierre Lemonnier « Essayez de trouver une activité au croisement de vos compétences et des atouts économiques ou naturels de la région qui vous accueille. C’est pour cela que notre société s’est positionnée sur le marché de l’électronique destinée au monde agricole. » tallant des capteurs sur ou dans les animaux », explique Jean-Pierre Lemonnier, quarante et un ans, président et cofondateur, ingénieur (Télécom Bretagne), mais aussi fils et frère d’éleveurs. Ces capteurs peuvent être temporaires, comme le Velphone (déjà 200 clients), ou permanents, comme des gélules capables de rester,par simple gravité, au fond de la panse de l’animal et de communiquer sa température ou son rythme cardiaque. Et l’entreprise travaille, entre autres, à la mise au point d’un compteur debouchéesaupâturage, fixé au licol, pour s’assurer que l’animal mange suffisamment : un microphone détectant le « crunch » caractéristique de la bouchée. Tous ces appareils sollicitent une très longue chaîne de composants électroniques (collecte, transmission, analyse…) et de l’informatique sophistiquée (couches hautes : la synthèse des résultats présentée sur l’ordinateur ou le portable de l’éleveur doit êtretrès simple). Medriaa doncsollicitél’aided’unequinzaine d’organismes : l’Inra (Institut national de la recherche agronomique), Télécom Bretagne, l’Isen (Institut supérieur de l’électronique et du numérique) de Brest, etc. « Nous avons entre un an et demi et deux ans d’avance sur les deux projets concurrents, aux Etats-Unis et en Israël », affirme Jean-Pierre Lemonnier. Stratégiques pour une terred’élevagecommelaBretagne, les travaux de Medria ont reçu de très nombreuses aides, de la part de la région, d’Oséo, de l’incubateur Emergys, de la technopole de RennesAtalante…« La somme est presque indécente », rougit JeanPierre Lemonnier, qui ose à peine dévoilerlatotalitédessoutiens dont a bénéficié sa société d’une vingtaine de personnes : plus de 1 million d’euros ! J. H. Autre application : Wygwam travaille avec des enseignes et des laboratoires de recherche sur un projet de vendeur virtuel ubiquitaire (VVU) au sein du Picom, le pôledecompétitivitéde Lille dédié aux industries du commerce. « Le VVU est un agent multicanal pour aider les clients, détaille Grégoire Malvoisin. Le pôle de compétitivité constitue un excellent moyen pour rencontrer les services R&D des grandes enseignes et pour créer des liens avec des laboratoires de recherche fondamentaux. » Pour l’instant, près des trois quarts du chiffre d’affaires deWygwam (1,2 million d’euros dans les services, entre juillet 2007 et juin 2008) sont liés à des prestations de services autour de la plate-forme Microsoft. « Nous conseillons les développeurs et les directeurs informatiques de grands comptes, comme Airbus, l’Otan, Aéroports de Paris ou Opodo, ainsi que des SSII ou des éditeurs de logiciels, sans oublier les PME », détaille Grégoire Malvoisin. Grâce à son Photononstop Comment bien utiliser un pôle de compétitivité L’e-Médiateur développé par Wygwam propose des informations sur les droits et des solutions pratiques telles que l’envoi de documents. statut de JEI (jeune entreprise innovante), qui lui permet d’importantes réductions de charges, Wygwa m dé g a ge u n r é s u l t a t d’exploitation de plus de 10 %. Il possède une filiale en Belgique et va en ouvrir une en Suisse cette année. J. H. SPÉCIAL ENTREPRENEURS 6 LES ECHOS MARDI 3 FÉVRIER 2009 2. FORMATION La différenciation, clef du succès « E-learning », « low cost », contenus originaux : les nouveaux concepts se multiplient. uelentrepreneur ou salarié ne rêverait de travailler sur un vaste marché qui croît bon an mal an autour de 4 % ? C’est le cas du secteur de la formation professionnelle,quidemeure relativement insensible à la conjoncture. Et pour cause : si pendant les années fastes, les entreprises investissent en formation pour accroître leur compétitivité, récompenser ou faire progresser leurs collaborateurs, en période de crise, les nouveaux chômeurs alimentent la demande de stages à des fins de reconversion. Les derniers chiffres connus témoignent de la résilience de ce secteur, soutenu à la fois par l’argent public et les obligations des entreprises en la matière : en 2006, 13.800 organismes publics ou pri- En pratique L’Agence pour la création d’entreprise (APCE) s’intéresse aux professionnels de la formation et a même dédié un partie de son site aux enseignants. C’est notamment la porte d’entrée pour l’Office des pratiques pédagogiques en entrepreneuriat (OPPE) créé en 2001. Il répondait au départ à un besoin de connaissance des dispositifs entrepreneuriaux mis en place dans l’appareil d’enseignement secondaire et supérieur. Aujourd’hui, il est davantage un outil de mutualisation, de promotion et d’échanges autour des pédagogies entrepreneuriales, au service des établissements, des enseignants, des étudiants, des réseaux d’accompagnement à la création d’entreprise et des institutions. http://www.apce.com/ vés de formation professionnelle ont réalisé un chiffre d’affaires de 5,9 milliards d’euros, soit + 4 % par rapport à l’année précédente. La même année, la dépense nationale pour la formation professionnelle continue et l’apprentissage, un agrégat bien plus large qui englobe d’autres acteurs du système comme les OPCA (organismes paritaires collecteurs agréés chargés de collecter et de répartir l’argent de la formation) réalisait une performance comparable : elle augmentait de 3,9 %, pour s’établir à 27,1 milliards selon la Dares (Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques) du ministère du Travail. Le boom du « e-learning » Cette croissance soutenue et le nombre élevé d’intervenants se conjuguent pour stimuler les innovations qui irriguent en permanence le secteur de la formation. Certaines sont transversales, tel l’« e-learning » qui prend chaque année de l’ampleur, même si son développement a été ralenti par la résistance au changement et des contenus pédagogiques insuffisamment rodés. Aujourd’hui, les formations à distance tendent à appuyer plus qu’à remplacer les formations présentielles pour constituer le «blended learning ». D’autres innovations plus ponctuelles portent sur les contenus. Ainsi Constance Rietzler, cofondatrice de la Belle Ecole, a-t-elle créé un module inédit sur le « savoir-vivre en entreprise ». Son objectif ? Enseigner de manière pratique ces codes de bienséance qui peuvent faire la différence auprès d’un client, qu’il s’agisse de communiquer par courriel ou d’adopter la bonne posture ou comportement face à un client interne ou externe. Ces formations, qui concernent générale- Sagaphoto.com Q Horses and coaching confronte les hommes aux chevaux, qui sont dotés d’une perception fine de la communication. leurs classiques (voir encadré), Horses and Coaching propose d’améliorer leurs compétences en les confrontant à la plus belle conquête de l’homme. Car les équidés perçoivent de manière très fine la communication verbale et non verbale des humains, explique Guillaume Antoine, le fondateur d’Horses and Coaching. En vertu de quoi, les participants alternent durant deux jours passages en manège, retours et partages d’expérience avec des coachs. Le point commun entre ces formations innovantes ? Elles fontla part belle aux compétences comportementales, au développement personnel et introduisent une dimension ludique appréciée par les stagiaires. Or leur succès repose en grande partie sur l’éva- ment des vendeurs en boutiques de luxe ou des responsables commerciaux, permettent aux sociétés « de se différencier par la qualité de service et de lisser les relations professionnelles », souligne Constance Rietzler. Dans la même veine, Lookadok apprend aux salariés à mieux gérer leur image professionnelle. Car le décalage entre celle que pense émettre un collaborateur et celle perçue par ses interlocuteurs peut nuire tant à sa réussite professionnelle qu’à l’image de son employeur. D’autres organismes renouvellent des thèmes rebattus (leadership, conduite du changement…) en s’appuyant sur des médiations originales : quand Mythes et Opéra fait revisiter aux managers luation qu’en font ces derniers… Des stages à prix discount L’innovation dans la formation ne se limite cependant pas aux contenus. A l’ère d’Internet, elle irrigue l’en semb le des processus, d’amont en aval. En guidant les entreprises dans le dédale des offres et en prenant en charge la gestion des dossiers, Place de la Formation a effectué une jolie percée (voir encadré). Dans un registre comparable, Formaguide s’est imposé comme une place de marché dédiée à la rencontre de l’offre et de la demande de formation. S’inspirantdu « business model » des soldeurs de voyages, Discount-formation.com propose des réductions significatives sur les premières et dernières places des sessions interentreprises. Créée en décembre dernier, cette jeune pousse connaît un développement prometteur. Au rythme actuel, elle prévoit fin février de référencer sur son site une cinquantaine d’organismes de formation et de mettre en ligne 3.000 stages vendus à prix discount. De son côté, Formetris innove en aval en se spécialisant dans l’évaluation de l’efficacité des formations. Formetris fournit en effet les outils standardisés et informatisés qui faisaient jusquelà défaut aux entreprises clientes. « Le questionnaire distribué par les organismes en fin de stage ne suffit pas : le jour même, les réponses sont biaisées, il faut du recul pour répondre à certaines questions critiques. Par ailleurs, il est nécessaire d’avoir une référence pour donner du sens aux informations collectées. Comment savoir si l’on doit sesatisfaire d’une note moyenne de 75/100 pour l’utilité du contenu d’une formation ? Les évaluations sont donc mutualisées entre entreprises, ce qui permet de réaliser des analyses comparatives », argumentent Laurent Balagué etNicolas Méary,les fondateurs de Formetris. En définitive, l’innovation dans la formation professionnelle s’opère sur deux axes très différents. D’un côté, des organismes de formation rivalisent de créativité dans le contenu ou les méthodes pédagogiques pour attirer un public de salariés qui demande à être surpris et séduit. De l’autre, les prestataires opérant dans l’orbite de ces organismes innovent en promettant aux entreprises plus de rigueur dans la sélection, l’achat et l’évaluation des formations. Reste à savoir qui des premiers ou des seconds captera le mieux leur part des 27,1 milliards que pèse ce secteur. FRÉDÉRIC BRILLET ALALMA PLACE DE LA FORMATION L’opéra, outil de management Une start-up utilise le courtage pour faire baisser les prix Que ferait l’empereur Titus, l’ombrageux Othello, le prédicateur Moïse s’ils étaient manager dans une entreprise (la tunique en moins, la cravate en plus) ? Partant de cette question, le cabinet conseil en ressources humaines Alalma propose des séminaires sur la conduite du changement, le coaching et le développement managérial qui se réfèrent aux mythes et grandes œuvres de l’opéra. Baptisée « Mythe & Opéra », cette approche qui mêle formation et événementiel a permis à ce cabinetde se démarquer de la concurrence et d’acquérir une notoriété sans commune mesure avec sa taille et son effectif modeste (deux personnes). Moïse, guide inspiré Mais l’approche n’a rien de gratuit, insistent Maria Diaz et Stéphane Longeot, respectivement directrice du cabinet et consultant associé d’Alalma. « Titus est l’empereur qui a su restaurer son autorité, Moïse est le guide inspiré qui a su sortir son peuple d’Egypte… Les héros mythiques sont des grandes figures du dépassement qui “parlent” aux managers. Confrontés à l’échec d’un projet, aux difficultés liées à la conduite du changement, à des prises de décision inconfortables, ceux-ci peuvent tirer parti du parcours d’un héros pour “penser autrement” leur problématique et développer des solutions inattendues. » Le jour, les participants à ces séminaires analysent le parcours de grandes figures de l’histoire ou de la mythologie sous l’angle managérial, développent l’écoute de leurs émotions, s’ouvrent à différentes lectures et interprétations. Le soir venu, ils assistent à une représentation de l’œuvre étudiée dans le cadre d’un récital privé ou d’un spectacle à l’opéra. Lancés en 2006, les séminaires Mythe & Opéra séduisent les managers confirmés de grandes entreprises telles que La Poste, EDF, Christian Dior Parfum et représentent 30 % du CA 2008 d’Alalma, qui s’établit à 0,4 million d’euros. Pour 2009, le cabinet ressent déjà l’impact de la crise à sa manière. « Le mythe d’Orphée qui descend aux Enfers pour ramener Eurydice à la vie fait résonance chez nos clients dans la conjoncture actuelle. » F. B. Ce qu’il faut retenir Dans un marché très encombré, l’innovation permet de se diférencier. La start-up réalise pour les entreprises tout le travail administratif et prépare la sélection quand elles recourent à des organismes de formation. Les entreprises passent beaucoup de temps àsélectionner des formations en adéquation avec les demandes de leurs salariés. Sans certitude de faire le meilleur choix, tant l’offre est pléthorique. Elles doivent ensuite gérer de fastidieuses démarches administratives : demandes de prise en charge auprès des OPCA (organismes paritaires collecteurs agréés chargés de collecter et de répartir l’argent de la formation), gestion des conventions de formation aveclesorganismes, desfiches de présence, constitution des dossiers de remboursement pour les OPCA, déclarations fiscales et sociales liées à la formation. Autant de tâches ingrates que Place de la Formation leur propose d’effectuer pour leur compte. Avec un objectif : « Faire entrer la formation professionnelle dans l’ère de la simplicité, de l’efficacité, de la qualité et de la réduction des coûts. » Cette jeune pousse promet en effet à ses clients des gains en temps, mais aussi en qualité. « Nous élargissons le spectre de consultation des organismes avant de proposer aux entreprises une short-list. Les responsables RH peuvent alors se consacrer à leur cœur de métier : définition des actions de formation Photononstop Tous droits réservés − Les Echos − 2009 Une petite entreprise utilise les grands personnages d’opéra comme supports à la formation de cadres dirigeants. L’objectif de Place de la Formation : faire entrer la formation professionnelle dans l’ère de la simplicité. et suivi de ces dernières », résume Jérôme Lesage, directeur général de Place de la Formation. Pas de surcoût Le coût de cette prestation pour les entreprises qui y recourent ? Nul, puisque ce courtier d’un nouveau genre se rémunère exclusivement par une commission prélevée sur les organismes de formation. « En outre, l’entreprise paie le prix de la formation sans aucun surcoût et généralement moins cher par effet de mutualisation des demandes », affirme Jérôme Lesage. Doté d’une culture informatique et de service aux entreprises, cet ancien cadre de SSII a choisi d’innover dans la formation, « car c’est un gros marché avec beaucoup d’offreurs et de demandeurs où il n’existait pas grand-chose entre les deux ». Encore fallait-il pour que ce modèle économique fonctionne proposer un choix crédible. C’est aujourd’hui chose faite puisque Place de la Formation a constitué une base de données qui recense 7.000 organismes et plus de 50.000 modules de formation sélectionnables par différents critères (positionnement, moyens pédagogiques dates, prix, localisation…). Cette masse de données numérisées lui vaut aujourd’hui d’intéresser des grands comptes : Bolloré, Vivendi, Total, Toyota et autres McDonald’s qui représentent 60 % d’une activité en plein essor. Fondée en 2006, Place de la Formation, quiemploie15 salariés eta clôturé 2008 avec un chiffre d’affaires de 1,3 million d’euros, espère atteindre 2,3 millions fin 2009. Ce décollage prometteur doit enfin beaucoup à la capacité du courtier à intéresser les autres intervenants quesont les OPCA et les organismes de formation. Epinglés par les pouvoirs publics, les premiers peuvent profiter des systèmes d’information de Place de la Formation pour diminuer leurs frais de gestion excessifs. Les organismes peuvent quant à eux s’appuyer sur ce courtier pour réduire leurs frais de commercialisation ou améliorer le taux de remplissage de leurs stages en rognant sur leurs prix de vente quand ils passent par le courtier. F. B. Ce qu’il faut retenir On peut créer de toutes pièces une fonction d’intermédiaire qui n’existait pas si on peut prouver qu’elle correspond à un vrai besoin. Tous droits réservés − Les Echos − 2009 SPÉCIAL ENTREPRENEURS 8 LES ECHOS MARDI 3 FÉVRIER 2009 3. SERVICES AUX ENTREPRISES ET AUX PARTICULIERS Une créativité tous azimuts A vec 40 % des emplois marchands et près de 70 % des créations d’emplois, les services sont une chance pour la France », a l’habitude de répéter Georges Drouin, président du comitéde liaisonavantageservicesqui, En pratique Trois propositions Pour accélérer le mouvement, Michèle Debonneuil a émis, dans son rapport de septembre2008, trois propositions, qui constituent autant de pistes à suivre pour les Français désireux d’innover dans le domaine des services : mettre en place un CSU (compte emploi service uni- Tout un écosystème de PME innovantes se développe actuellement en France autour des mobiles. automatique aux organismes financeurs. versel) qui permettrait à tous les Français de bénéficier immédiatement d’une réduction de 50 % sur les services à la personne ; mieux former les salariés de ce secteur, en particulier pendant leurs périodes d’inactivité ; et utiliser les nouvelles technologies pour optimiser la production et la gestion des services à la personne (accès aux services, suivi desprestatairesà distance, paiement des prestations). De plus en plus d’enseignes de ce secteur construisent d’ailleurs leur propre plateforme de gestion (lire l’interview ci-contre) : par exemple, l’Assad 77 (Association de soins et services à domicile de Seine-et-Marne) a choisi d’équiperses400 intervenants d’une solution mobile (Y-Dom de Prylos), qui a permis de supprimer le papier et d’automatiser la facturation, la paie ainsi que le reporting (1.000 techniciens en Europe), une application fonctionnant sur téléphones PDA. « Chaque matin, le technicien reçoit sur son PDA le planning de sa tournée, auquel peuvent s’ajouter des dépannages à réaliser en urgence », détaille Luc Haberkorn, responsable marketing de Kimoce. Les PDA permettent de géolocaliser tous les techniciens et donc derepérer leplus proche de la pompe en panne. Une fois sur place, celui-ci utilise son PDA pour connaître les pièces détachées disponibles dans sacamionnetteou en atelier et éditer un rapport d’intervention. Enfin, les temps de déplacements et en clientèle sont automatiquement calculés par le système, ce qui facilite la facturation. Plus largement, tout un écosystème de PME innovantes se déve- Covoiturage dynamique Michèle Debonneuil, elle, préconise la mise en place d’une infrastructure commune à toutes les sociétés, à partir de mobiles sans contact, utilisant la norme NFC (voir encadré). Il est vrai que le téléphone mobile constitue un très intéressant canal pour les entreprises qui souhaitent rester en contact avec leurs salariés sur le terrain et ainsi améliorer les services qu’elles proposent à d’autres entreprises. Kimoce, un éditeur français de logiciels de solution, qui emploie 38 personnes à Mulhouse, en Alsace, a ainsi mis au point pour Tokheim, leader européen de la fabrication, distribution et maintenance de pompes à essence loppe actuellement en France autour du téléphone portable, de la mobilité (des personnes, des salariés) et des services. PSM (Point Service Mobiles), une chaîne de magasins spécialisés dans la réparation des mobiles, créée fin 2006, n’a eu aucun mal, ily a un an, à clôturer une première levée de fonds de 7millionsd’eurosauprèsdeSocadif (une filiale du Crédit Agricole d’Ile-de-France) et d’Ile-de-France Capital (une émanation de la région,deschambres decommerceet des banques et industriels franciliens). « Nous espérons ouvrir 85 PSM d’ici à 2011, en franchise pour l’essentiel », détaille Martine Bocquillon, fondatrice et directeur général de PSM. Les boutiques contiennent même un Destresso Kafé, un coin détente où l’on peut patienter autour d’un café, se connecter à Internet, passer des appels au moyen d’un téléphone mobileprêtépendantquelesienest en réparation… Deux frères se sont fait remarquer, eux, pour une application pour les téléphones mobiles tournant sous l’OS Android de Google. Christophe (spécialiste des applications Java) etSébastien (professeur agrégé d’anglais dans un lycée parisien) Petit ont développé Piggyback, un système de covoiturage dynamique. Ilgèreentempsréelles utilisateurs, les transferts d’argent, les trajets ainsi que les préférences et les évaluations des abonnés. Piggyback a été un des lauréats du dernier Android Developer Challenge, mis en place par Google. Les 125.000dollars (93.000euros) qu’ils ont gagnés vont leur permettre de développer Piggyback pour d’autres téléphones (Nokia, BlackBerry…) et de participer au prochain concours national d’aide à la création d’entreprises d’Oséo. PUCES SANS CONTACT Les villes gérent des voitures en libre accès Les services sur mobiles se multiplient Cette société d’Antibes développe des solutions informatiques pour les collectivités locales qui veulent proposer des services de voitures en libre accès. Les puces sans contact vont être le support privilégié de nouveaux services. Ce ne sont plus seulement les transports, mais la commande de repas ou les systèmes de fidélité qui vont être concernés. Depuis juillet 2007, la ville d’Antibes (75.000 habitants) est le lieu d’une expérience originale. 70 personnes se sont abonnées à un service de voitures électriques en libre accès total, disponible 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Un coup de fil à un automate vocal suffit pour obtenir l’emplacement du véhicule le plusproche. Lesutilisateursn’ont pas besoin d’indiquer combien de temps ils souhaitent louer la voiture ni où ils comptent la restituer. Un service rendu possible grâce aux logiciels développés par une jeune entreprise locale, Vu Log, créée en mai 2006 par David Emsellem, Georges Gallais et David Gibory. « Notre mission est de mettre l’innovation technologiqueau servicedela mobilité, explique Georges Gallais, ancien spécialiste de l’électronique embarquée passé ensuite par le Le conseil de Georges Gallais Bien prévoir le financement des périodes de recherche. « Nous avions anticipé une baisse de notre chiffre d’affaires en 2008, année quia été consacrée à de nouveaux développements sur notre technologie. » DR VU LOG Le service est disponible 24 heures sur 24 et sept jours sur sept. centre de recherche de Toyota à Sophia-Antipolis et par l’Inria (Institut national de recherche en informatique et en automatique). Il n’y a pas de bouchon sur Internet, il ne devrait pas y en avoir dans les rues ! » Une soixantaine de projets Des accords de transfert de technologie signés avec l’Inria et l’I3S (Laboratoire d’informatique, signaux et systèmes de Sophia-Antipolis) ont permis à Vu Log de développer et de breveter Vu Soft, une solution composée d’une centrale de réservation, d’un logiciel embarqué dans les véhicules et d’une application sur les terminaux des équipes chargées de la gestion des voitures sur le terrain. « Vu Soft comporte un module de localisation des véhicules au mètre près, y compris dans les soussols, détaille Georges Gallais. Mais aussi des algorithmes de classification pour les usages et permet ainsi d’avoir un retour d’expérience. Les villessont découpéesen cellules, liées justement à ces usages, comme l’offre de stationnement. » Vu Log a reçu l’aide de la ville d’Antibes, de l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), d’Oséo et, en 2008, 2 millions d’euros du Fonds d’investissement pour le développement de l’écomobilité de la SNCF. Elle fait partie du pôle de compétitivité Véhicule du futur, installé à Etupes, dans le Doubs. Ses futurs marchés ? La soixantaine de projets de voiture en libre accès ou libre partage que des villes françaises comme Paris ou Besançon ont dans leurs cartons. « Mais, pour cela, il faut que la production de véhicules électriques suive », reconnaît Georges Gallais. J. H. En mai 2008, Luc Chatel, secrétaired’Etatchargédel’Industrie et de la Consommation, a lancé le Forum des services mobiles sans contact, pour développer de nouveaux services interactifs et sécurisés sur les téléphones mobiles.Présidé par Jean-Yves Granger, précédemment directeur du pôle études, prospective et innovation du groupe LaSer, le Forum a vu le jour en octobre dernier et rassemble 35 membres. Ces services « sans contact » utiliseront la communication en champ proche (Near Field Communication ou NFC), une norme qui utilise les technologies de radio-identification (RFID) pour permettre des échanges sécurisés de données à une distance de seulement quelques centimètres. Billet électronique La NFC estdéjà largement utilisée au Japon dans les téléphones mobiles et aux Etats-Unis dans les cartes bancaires. « Il y a déjà plusieurs expériences pilotes en France, mais portant uniquement sur une seule application : le paiement, le transport, rappelle JeanYvesGranger. Lebutduforum est, cette fois, de faire émerger des bouquets de services. » AFP Tous droits réservés − Les Echos − 2009 x Au sein du Medef, le comité de liaison avantage services fait la promotion des entreprises de ce secteur, mais peut également fournir des informations sur ces activités. www.avantage-services.medef.fr x La Fédération des entreprises de services à la personne présente sur son site l’actualité économique et législative du secteur. www.sesp.asso.fr x Les pages Côté professionnels, du site de l’Agence nationale des services à la personne, décrivent tout ce qu’il faut savoir sur la création d’entreprise, les agréments, l’emploi, etc. dans ce secteur. w w w . s e rv i c e sa l ap e r s o nn e . gouv.fr x Le Forum des services mobiles sans contact, lancé par Luc Chatel, rassemble déjà une trentaine de membres et cherche à faire émerger des bouquets de services sans contact sur mobiles, associant des prestataires de toutes tailles et intervenant dans plusieurs secteurs. Par exemple, pouvoir utiliser un téléphone mobile muni d’une carte sans contact pour retirer de l’argent à un automate bancaire, payer ses transports en commun, ou comme carte de fidélité dans une enseigne de distribution… www.forum-smsc.org au Medef, rassemble les professions de services. Si les services aux entreprises représentent la plus grosse part de ce secteur (60 % du chiffre d’affaires de l’ensemble des services sont déjà réalisés entre entreprises), ce sont les services à la personne qui se développent le plus rapidement. L’imagination des entrepreneurs, danscesdomaines,semble d’ailleurs sans limites. Corinne Venutolo Bouet a ainsi créé en 2007 Co Relook’in, une agence parisienne de conseil en image personnelle et relooking, qui s’adresse aussi bien aux entreprises qu’aux particuliers. Une de ses originalitésest de commercialiser ses services sous forme de chèques-cadeaux ou de packs prépayés. Georges Gallais, lui, s’intéresseauxtransportsurbainsenaccès libre (voir l’encadré sur Vu Log). Mais un autre segment semble appelé à encore plus d’avenir : les services à domicile (aide à domicile pour les personnes âgées, soutien scolaire, jardinage ou assistance informatique…). C’est en tout cas le souhait des pouvoirs publics. Dans le cadre de la loi du 26 juillet 2005 (dite loi Borloo), ces métiers ont en effet bénéficié d’un plan de soutien de quelque 1,4 milliard d’euros. Malheureusement, sur les 500.000emplois espérés, seuls 235.000emploisont été créésen trois ans, comme l’a constaté Michèle Debonneuil, inspecteur général des finances, chargée l’année dernière par Christine Lagarde d’évaluer le dispositif Borloo. Garel/Réa Travail, domicile, déplacements : les Français de plus en plus friands de services innovants. JACQUES HENNO cofondateur,avecCyril Porteret, de la société Airtag (partenaire du Forum), le croit : « En 2006, nous avons été parmi les premiers à nous positionner sur ce créneau-là. Ce sont les nouveaux services marketing qui vont rendre ces technologies attrayantes. » La start-up, qui a été hébergée par l’incubateur de Télécom ParisTech, areçu unprêt d’honneur de Scientipôle Initiative, une avance remboursable à 0 % d’Oséo et 2 millions d’euros du cabinet de capital-risque Seventure.Elle est actuellement en pourparlers avec une grosse enseigne de restauration rapide sur un projet de « kiosque de commande sur téléphone mobile ». Le client passerait et réglerait sa commande grâce à A terme, de nouveaux services interactifs seront son téléphone mobile développés sur les téléphones portables. connecté à Internet ; et lorsqu’il arriverait Le téléphone portable servira- dans le restaurant, la puce sans t-il ainsi un jour de « billet électro- contact de son mobile lui permetnique » pour le train, le cinéma ou trait de transmettre sa commande la restauration rapide ? Voire de aux préparateurs et de prouver carte defidélité pourdes enseignes qu’il l’a bien payée. de ces secteurs ? Jérémie Leroyer, J. H. LES ECHOS MARDI 3 FÉVRIER 2009 SPÉCIAL ENTREPRENEURS 9 3. SERVICES AUX ENTREPRISES ET AUX PARTICULIERS WEBINTERPRET La traduction simple comme un coup de fil 3 QUESTIONS À GUILLAUME RICHARD FÉDÉRATION DES ENTREPRISES DE SERVICES À LA PERSONNE « Même le ménage a besoin d’innovation technologique » Photononstop Un serveur de voix sur IP reroute la traduction vers la bonne personne. Même si l’anglais s’impose comme langue de travail internationale, le fait de pouvoir discuter dans sa langue maternelle reste parfois important. Une start-up rend compatible la traduction simultanée avec les réunions téléphoniques. La traduction simultanée au téléphone. C’est la promesse de WebInterpret, un service lancé en septembredernierpardeuxanciens de l’EM Lyon (Ecole de managementde Lyon), Benjamin Cohen et Patrick Smarzynski. Et la demande est là, qu’il s’agisse d’entreprises ayant à travailler à l’international, d’administrations ou d’ONG. Le client souhaitantorganiser une réunion téléphonique réunissant des interlocuteurs répartis dans le monde entier et parlant plusieurs langues se connecte sur Webinterpret.com et planifie cette rencontre en indiquant les langues qui seront utilisées. « Nous disposons d’une communauté de 850 interprètes parlant une soixantaine delangues,expliquePatrick Smarzynski. Le coût par minute est de 1,50 euro pour chaque traducteur nécessaire et de 0,5 euro par participant. » L’innovation réside ici à plusieurs niveaux. Tout d’abord le concept du service. « Il n’existait aucune solution pour travailler à distance et se faire comprendre », affirme Patrick Smarzynski. La réalisation technique est également compliquée. « Nous avons mis au point un serveur de voix sur IP qui reroute la traduction vers la bonne personne », précise PatrickSmarzynski, quiinsisteaussi sur l’ergonomie : « Ilétait important d’entendre, en fond, les voix d’origine des personnes, afin de comprendre, à leur intonation, leur état d’esprit. » Un spécialiste polonais de la voix sur IP est devenu directeur technique de la société et un laboratoire de Sophia Antipolis a collaboré à la mise au point de l’ergonomie, afin que celle-ci soit la plus naturelle possible. Epaulée par l’incubateur Paca Est, la start-up a bénéficié de prêts régionaux, de subventions, d’avance remboursable et a levé fin 2007 1,1 million d’euros auprès de Seventure (une filiale de Natixis Private Equity) et de trois « business angels ». J. H. Tous droits réservés − Les Echos − 2009 Guatemala, printemps 2003. Antoine Brenner, ingénieur centralien, féru d’informatique, bidouille un logiciel l’aidant à réviser les six heures de cours d’espagnol qu’il prend quotidiennement. Six ans plus tard, A9 GymGlish, la société qu’il a fondée en février 2004 avec son associé Benjamin Lévy, donne des cours d’anglais par e-mail à quelque 12.000 clients : environ 5.000 personnes dans 750 entreprises,2.000étudiantset5.000particuliers. Intelligence artificielle « Notre principale innovation réside dans le moteur d’intelligence artificielle que nous avons développé et qui va permettre à chaque leçon d’être adaptée aux capacités de mémorisationetaurythmed’apprentissage de chacun, précise Benjamin Lévy. De plus, toutes les leçons que nous envoyons par e-mail sont scénarisées, pour capter l’attention. » Les courriers électroniques invitent les « élèves » à suivre les aventures d’un Français, Bruno Delavigne, qui dirige une entreprise à San Francisco. L’e-mail demande dix à quinze minutes d’attention et les réponses du client sont immédiate- minutes qui suivent l’heure prévue, une alerte se déclenche : nous contactons le salarié absent et trouvons éventuellement une solution de rechange. Tout cela a un coût ? Oui, mais cela génère aussi des gains. Nos agences ne mettent plus que deux heures par mois pour éditer des bulletins de facture contre plus d’un jour auparavant. De plus, nous avons prévu de filialiser notre département informatique qui a développé toutes ces technologies : nous pourrons ainsi plus facilement commercialiser nos logiciels de back-office et de télégestion auprès d’autres entreprises productrices de services à la personne. Le ménage est un des plus vieux métiersdu monde :ilabesoin des innovations technologiques pour se professionnaliser et dégager des gains de productivité. PROPOS RECUEILLIS PAR JACQUES HENNO Transmission-reprise d’entreprise 5 000 emplois repris avec le soutien du Conseil régional d'Aquitaine Le conseil de Patrick Smarzynski Dans certains domaines très pointus, il est parfois nécessaire d’utiliser des compétences étrangères ; celles-ci sontdésormaisfacilement accessibles grâce à Internet. « Notre directeur technique, spécialiste de la voixsur IP, est d’origine polonaise et nous avons ouvert une antenne à Varsovie où se font une grande partie de nos développements informatiques. » A9 GYMGLISH Des cours d’anglais par e-mail Depuis 2004, A9 GymGlish propose des leçons personnalisées d’anglais par e-mail Les membres de la FESP sont-ils déjà adeptes des nouvelles technologies ? Nos entreprises font depuis longtemps des efforts dans ce domaine. Par exemple, Acadomia, spécialisé dans les cours à domicile, a développé un logiciel spécifique pour éditer les feuilles de paie des intervenants,pourlecomptedesparents employeurs. De plus, la fédération fait partie du projet eSAP qui rassemble une société de conseil en informatique,leministère de l’Eco- en France. Nous avons nomie et les princidéveloppé en interne pales associations de un logiciel maison qui services à la perpeut dialoguer avec les sonne et qui vise à téléphones mobiles normaliser les fordont sont désormais mats d’échange de équipés tous nos saladonnées entre les riés. Lorsque ceux-ci donneursd’ordre,du arrivent chez nos type La Poste, qui clients, ils photogracommercialisent des phientuncodeendeux prestations, et les dimensions, dit « QR producteurs de sercode » ; ce cliché est vices. Cela dit, il Guillaume Richard. envoyéànotrelogiciel, n’existe pas encore de groupe de réflexion au sein de la qui connaît ainsi, grâce à l’horloge FESP sur les nouvelles technolo- du téléphone, l’heure à laquelle gies. C’est un manque patent qu’il notresalariéestarrivéchezleclient. Unenouvellephotoest prisequand va falloir combler. le salarié s’en va. Les temps d’interQuels nouveaux services pour- vention sont automatiquement calculés et facturés, ce qui évite les raient être apportés ? Je vais vous donner l’exemple de la erreurs de saisie. De même pour la société que je dirige. Le groupe O2, paie. Enfin nos salariés qui récupèc’est 3.200 salariés en France rentdesenfantsàlasortiedesécoles qui font à 85 % du ménage et à doivent nous adresser un cliché du 14 % de la garde d’enfant pour code présent sur leur badge. Si cet 12.000 clients, tous des particuliers, envoi n’est pas fait dans les quatre DR La FESP (Fédération des entreprises de services à la personne) regroupedessociétésproductrices de services à la personne, qui emploient 14.000 équivalent temps plein en France. Président de la société O2 et membre du conseil d’administrationetdu bureaudela FESP, Guillaume Richard fait le pointsurlesnouveauxservices que ces entreprises peuvent proposer grâce aux nouvelles technologies. ment corrigées en retour. La jeune entreprise assureainsin’enregistrer que 20 % d’abandons en cours de formation, contre jusqu’à 80 % pour d’autres méthodes d’e-learning. Cette société qui possède le statut de JEI (jeune entreprise innovante) a tout développé en interne. « Les seules choses qui viennent de l’extérieur sont les études scientifiques − publiques, elles sont en ligne − sur le fonctionnement de la mémoire sur lesquelles une partie de nos algorithmes s’appuient », précise Benjamin Lévy. En 2008, A9 GymGlish aurait réalisé 2 millions d’euros de chiffre d’affaires et une marge nette de 25 %. J. H. Le conseil de Benjamin Lévy Ne pas aller trop vite à l’international. « Nous avons voulu nous internationaliser trop vite ; nous y sommes allés comme des chiens fous, en particulier auprès des communautés hispanophones d’Amérique du Nord. Nous allons devoir reprendre les choses à zéro dans quelques mois. » Le plan d’actions mis en œuvre il y a 3 ans par la Région pour faciliter la transmission et la reprise d’entreprise porte ses fruits. Conseil - évaluation de l’entreprise - accompagnement du cédant et du repreneur : conseils d’experts Formation et ressources humaines - bilan de compétences - formations à la gestion et aux techniques de l’entreprise - recrutement du repreneur potentiel Financement - compte épargne transmission prêts d’honneur garanties bancaires investissement renforcement du fonds de roulement > N° Azur 0810 813 815 transmission-reprise.aquitaine.fr PUBLI-REPORTAGE Un salon efficace contre la crise La 16e édition du Salon des Entrepreneurs ouvre ses portes les 4 et 5 février au Palais des congrès de Paris. Eclairages d’experts et sélection de programmes. www.salondesentrepreneurs.com Auto-entrepreneur : une révolution en marche Quelle est l’origine de ce régime et de quoi s’agit-il ? Hervé Novelli m’a confié la rédaction d’un rapport sur l’amélioration du travail indépendant en France. Grâce à la conviction dont a su faire preuve le ministre, il a été traduit en projet de loi dès le printemps 2008 et adopté en août. Le régime de l’auto-entrepreneur vient donc de voir le jour le 1er janvier 2009. Malgré toutes les simplifications administratives, l’acte de créer son entreprise reste compliqué pour beaucoup de projets qui correspondent François Hurel. plus à des créations d’activité. Il fallait donc développer la culture de la petite entreprise individuelle, voir du travailleur indépendant, et permettre notamment que la création d’activité devienne compatible avec tout autre régime ou situation (salarié, retraité, étudiant…). A qui s’adresse ce régime et comment fonctionne t-il ? Que l’on soit étudiant, salarié, retraité, demandeur d’emploi ou fonctionnaire, on peut lancer une activité grâce à une simple inscription. Ensuite, le régime fiscal et social est extrêmement simple puisque les charges fiscales et sociales ne sont calculées que sur les recettes effectivement touchées. C’est donc le risque zéro. Dès qu’il aura touché un règlement, l’auto-entrepreneur s’adressera à un collecteur unique et paiera la somme forfaitaire de 13 %, 23 % ou 20,5 % selon l’activité (service, commerce ou libéral). Cette contribution couvre tout le social et le fiscal. Il n’y a ni taxe professionnelle, ni TVA. Le régime est plafonné à 80 000 euros de chiffre d’affaires pour les activités commerciales, 32 000 euros pour les services. En quoi ce régime est une révolution et quelle sera le rôle de l’Union des Auto-Entrepreneurs (UAE) ? C’est une triple révolution : • technique puisque c’est le premier système qui concrétise un prélèvement forfaitaire à la source, Les entrepreneurs à l’heure québécoise La présence du Québec au Salon permet d’en savoir plus sur les dispositifs québécois d’accompagnement à la création d’entreprise. Un panorama dressé par Raymond Bachand, ministre du Développement économique, de l’Innovation et de l’Exportation du Québec. Comment le Québec soutient-il la création d‘entreprises ? Le Québec bénéficie d’une structure légale souple facilitant le démarrage de nouvelles entreprises et l’accès – dans certains cas – à des déductions supplémentaires… Le Québec favorise depuis longtemps la culture entrepreneuriale car il s’agit d’une source importante de richesse et d’emploi qui joue assurément un rôle décisif dans la transformation du tissu industriel. Parlez nous du Programme de mentorat d’affaires de la Fondation de l’entrepreneurship… Le Programme de mentorat d’affaires de la Fondation de l’entrepreneurship a comme finalité de favoriser la pérennité des nouvelles entreprises créées au Québec et leur passage au cap très critique des cinq années d’existence. Ce programme permet à un nouvel entrepreneur d’être accompagné par un entrepreneur chevronné bénévole qui s’appuie sur son vécu, afin de favoriser chez le nouvel entrepreneur l’acquisition de compétences en gestion. Le réseau de mentorat compte présentement 1100 mentors et 67 chefs mentors qui œuvrent dans les 17 régions administratives du Québec. Ce programme apporte une contribution importante au taux de survie des entreprises qui sont créées au Québec en évitant bien des écueils aux nouveaux entrepreneurs qui ont peu d’expérience en gestion d’entreprise. Le taux de survie des entreprises qui ont été mentorées est de 73%, contre 34% pour celles qui ne l’ont pas été. Environ 3400 jumelages ont été réalisés depuis la création du programme en 2000. Ce programme a fait des petits en France, puisque la Fondation de l’entrepreneurship a collaboré avec la Chambre de commerce et d’industrie de Paris pour la création de l’Institut du mentorat entrepreneurial. Le Programme de soutien aux travailleurs autonomes (STA) est-il comparable au statut de l’auto-entrepreneur ? Oui, le statut de l’entrepreneur individuel ou auto-entrepreneur pourrait s’apparenter à celui du travailleur autonome au Québec. En 2007, le Québec comptait 361 000 travailleurs ayant ce statut, soit 9,4% du nombre total de tous les travailleurs. Tous droits réservés − Les Echos − 2009 Les experts-comptables – très présents au Salon – décryptent la loi TEPA La loi TEPA votée en 2007 commence à produire ses effets en matière d’investissement dans les PME. Plus de 50 000 contribuables ont profité de l’occasion de déduire leurs investissements de l’ISF en 2008. Le point avec Jean-Pierre Alix, président de l’Ordre des Experts-Comptables. Le fléchage de l’ISF vers les PME est-il une bonne mesure ? Les entreprises françaises manquent structurellement de capitaux pour développer leur activité. Ce constat a conduit le législateur à accorder en 2008 des réductions d’ISF aux redevables de cet impôt ayant décidé d’investir dans le capital des PME, soit directement, soit par le biais de fonds. Cette mesure a permis d’injecter de l’argent dans les petites et moyennes entreprises et de les aider ainsi à se développer… tout en donnant un sens, une utilité économique, à l’ISF. La crise financière n’a-t-elle pas remis en cause la pertinence de cette mesure ? Au contraire ! Cette mesure apporte une réponse aux Le programme de soutien aux travailleurs autonomes apporte un soutien technique et financier à ce type d’entrepreneurs dans le processus de démarrage de leur entreprise. Neuf personnes sur dix étaient encore en emploi dans les mois suivants leur participation à ce programme. Le taux de survie des entreprises créées est élevé : au moins 73% d’entre elles étaient toujours en opération deux ans après leur démarrage. Il s’agit principalement de Raymond Bachand. micro entreprises. Parmi celles-ci, 51% ne comptent comme main d’œuvre que le dirigeant de l’entreprise, alors que 34% emploient entre une et cinq personnes. ■ Pour en savoir plus, rendez-vous sur le stand 238, Village 2 – niveau 2 Faut-il créer en période de crise ? De nombreuses conférences du Salon traiteront de ce sujet. Un éclairage de Pierre Simon, président de la CCIP (1). difficultés de financement rencontrées par les entreprises, complémentaire par exemple aux initiatives prises pour la résolution des difficultés de financement bancaire. Ce dispositif conserve donc, dans la période actuelle, une pertinence accrue, en palliant le déficit de financements d’amorçage en France et en créant un véritable mode d’accompagnement des PME par les contribuables assujettis à l’ISF. Quelles sont les perspectives pour 2009 ? A l’évidence, l’année 2009 s’annonce difficile. Mais on peut d’ores et déjà déceler des évolutions favorables pour l’avenir : effets d’entraînement du plan de relance, forte chute du prix du pétrole, contraction des stocks, qui sera suivie d’une reprise de la production,… Il est ainsi raisonnable d’espérer une sortie de crise au cours du second semestre. Quel rôle les experts-comptables ont-ils joué dans ce dispositif ? Ils ont été très actifs pour le faire connaître. L’Ordre s’est associé à Oseo pour créer avec le soutien de Christine Lagarde un site qui met en relation les dirigeants de PME et les contribuables à l’ISF souhaitant investir dans le capital des PME. Par ailleurs, les experts-comptables sont idéalement placés pour promouvoir ce dispositif en étant présents à la fois auprès des PME qu’ils accompagnent au quotidien et de leurs clients chefs d’entreprise assujettis à l’ISF, qu’ils peuvent sensibiliser sur cet investissement original, simple à réaliser, utile… et qu’il convient de pérenniser. ■ Comment préparer l’avenir ? Au-delà des problèmes de trésorerie à court terme des entreprises, il est impératif de se préparer au rebond. Les enjeux de compétitivité, d’innovation, d’attractivité restent primordiaux pour notre économie. Les plans de soutien du gouvernement doivent être mis au service de ces facteurs de croissance. • administrative par l’extrême simplicité de son mode d’inscription, de gestion et de radiation • et culturelle surtout par l’accès à la liberté professionnelle qu’il offre et qui correspond à une aspiration des Français. Ce régime est également une opportunité en matière de pouvoir d’achat et un début de réponse à toutes celles et ceux qui s’inquiètent pour leur emploi. J’ai la conviction que 500 000 auto-entrepreneurs s’inscriront cette année. Pour eux, il me semblait indispensable de créer un outil fédératif, informatif et pourquoi pas revendicatif. C’est l’objectif de l’UAE (www.union-autoentrepreneur.com) que je vous invite à rejoindre. ■ Pour tout savoir sur l’Auto-entrepreneur, rendez-vous stand n°264, Village 2 – niveau 2. Cérémonie d’ouverture, le mercredi 4 février à 11h Panorama de la création d’entreprise en 2008 Jean-Claude Volot, président du conseil de l’APCE (1) et multi-entrepreneur présentera l’état de l’art de la création d’entreprise lors de la conférence d’ouverture du Salon, mercredi 4 février à 11h. Quel est l’état de la création d’entreprise en 2008 ? La création d’entreprise en 2008 se porte bien et devrait être à peu près équivalente à 2007. Nous avons battu des records au premier semestre avec 8% d’augmentation ; pour rappel la moyenne enregistrée depuis 2002 était de 7% par an. Le second semestre a subi un ralentissement qui peut s’expliquer en grande partie par le très attendu régime de l’auto-entrepreneur activé en janvier. En ce qui concerne les secteurs d’activité, tous n’ont pas évolué de la même manière. Alors que la plupart des secteurs se stabilisent, les services aux entreprises et aux particuliers, qui connaissent depuis de nombreuses années une forte croissance, continuent leur progression en 2008 (+ 7%). La crise ne semble pas avoir eu d’effet sur la création d’entreprise… La conjoncture actuelle renforce mon idée que lorsque le salariat se fragilise, l’entrepreneuriat augmente. Et cela se vérifie, puisque 40% des entrepreneurs sont demandeurs d’emploi au moment de la création. Bon nombre d’entre eux rebondissent positivement sur cette situation et profitent de cette opportunité pour passer à l’acte et ainsi réaliser un projet latent depuis plusieurs années. Quel soutien apporte l’APCE aux créateurs ? L’APCE est une source d’information incontournable à la disposition des créateurs. Au travers de son outil Internet, qui a accueilli plus de 6 millions de visiteurs distincts en 2008, l’agence assure l’orientation et les premières informations nécessaires aux entrepreneurs pour les aider à formaliser leur projet. L’APCE apporte également un soutien aux pouvoirs publics en matière de service. Nous participons activement à la montée en puissance du régime de « l’auto-entrepreneur ». ■ (1) Agence pour la Création d’Entreprise 350 000 Pour en savoir plus, rendez-vous sur le stand n°239 , Village 2 – niveau 2 Est-ce le moment pour entreprendre ? Bien sûr. Toute crise est un accélérateur de progrès. Pour autant, il est essentiel de bien préparer son projet. Et c’est là où la Chambre de commerce et d’industrie Pour en savoir de Paris et ses conseillers peuplus, rendezvent, très concrètement, aider vous sur le stand les entrepreneurs. ■ n°246, Village 2 (1) Chambre de Commerce et – niveau 2 d’Industrie de Paris 300 000 250 000 21 57 11 23 44 22 92 61 77 21 53 21 87 03 20 18 49 20 02 96 21 48 62 21 14 35 21 64 48 74 23 26 70 84 64 42 27 03 14 28 57 32 14 32 78 32 73 96 Focus majeur du Salon, le nouveau régime de l’auto-entrepreneur, permettant à tous de créer son activité, connait un succès considérable auprès d’un large public. Cette mesure attendue sera présentée en détails par François Hurel, président du Forum de l’Entrepreneuriat de l’OCDE, à l’occasion de la conférence d’ouverture mercredi 4 février à 11h. 200 000 19 93 994 995 996 997 998 999 000 001 002 003 004 005 006 007 008 2 2 1 2 1 2 2 1 1 1 1 2 2 2 2 Création d’entreprises depuis 15 ans. Pour en savoir plus, rendez-vous à la conférence d’ouverture du Salon, le mercredi 4 février à 11h (Grand Amphithéatre) : « Création d’entreprise et création d’activité : la révolution de l’auto-entrepreneur » LES ECHOS SALONPUBLI-REPORTAGE DES ENTREPRENEURS MARDI 3 FÉVRIER 2009 21 PUBLI-RÉDACTIONNEL Le Médiateur du Crédit, René Ricol, en clôture du Salon 12 semaines après sa nomination par Nicolas Sarkozy, le Médiateur du crédit intervient lors de la conférence de clôture du Salon pour faire le point sur un dispositif désormais ouvert à toutes les entreprises qui rencontrent des difficultés de financement ou de trésorerie. Existe-t-il de nouveaux critères d’accès au crédit en 2009 ? Non, les critères n’ont pas changé. Dès lors que l’entreprise a un projet, un plan d’actions cohérent et la volonté ou l’équipe pour l’entreprendre sur un marché porteur, elle doit pouvoir trouver le financement pour le mener à bien. Conséquence de la crise financière, les banques avaient fermé le robinet du crédit. Les mesures dont elles ont bénéficiées leur ont donné les moyens de recommencer à exercer leur métier, celui du financement de l’activité économique. En revanche, ce qui va changer en 2009, ce sont les comportements face au risque. Les entreprises doivent anticiper leurs problèmes de financement, motiver, justifier leurs besoins. Les banques doivent, en temps de crise, accepter de prendre plus de risques. La crise doit nous rendre solidaires. Nous sommes entrés dans l’ère de l’économie sociale. Quel est le rôle du Médiateur du crédit dans ce contexte ? Le rôle du Médiateur c’est d’aider à sortir des situations de blocage en tentant de rapprocher les positions divergentes et en amenant chacune des parties en présence à prendre leur part de responsabilité. Notre mission est pragmatique, notre vocation est économique. Aux entreprises de présenter un plan de financement consistant et cohérent, aux banques de jouer leur rôle sans qu’il soit question de leur faire courir des risques anormaux. Quels sont les premiers résultats de médiation 10 semaines après votre nomination ? 3800 dossiers reçus. 3500 dossiers acceptés en médiation. 1500 dossiers clôturés dans 63% des cas positivement. Plus de 1000 entreprises sauvées. Ces résultats ont pu être obtenus grâce à l’efficacité des directeurs de la Banque de France qui dans chaque département, sont René Ricol. les Médiateurs du crédit. Ils prennent en charge les dossiers des entreprises au plus près de leurs intérêts. Avec les Préfets, les TPG, ils forment un trio efficace pour permettre aux entreprises, en liaison avec l’ensemble des acteurs du financement et de l’accompagnement, de trouver des solutions concrètes à leurs difficultés. ■ Pour en savoir plus, rendez-vous à la cérémonie de clôture du Salon, le jeudi 5 février à 16h30 (Amphithéatre Bordeaux) : « Financer et développer son entreprise en 2009 : les nouvelles stratégies » Ministres en visite officielle Patrick Devedjian, ministre en charge de la mise en œuvre du Plan de relance jeudi 5 février à 17h Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d’Etat chargée de la Prospective jeudi 5 février à 14h Christine Lagarde, ministre de l’Economie, de l’Industrie et de l’Emploi mercredi 4 février à 16h30 Hervé Novelli, secrétaire d’Etat chargé du Commerce, de l’Artisanat, et des PME mercredi 4 février à 11h30 Valérie Pécresse, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche mercredi 4 février à 11h Laurent Wauquiez, secrétaire d’Etat chargé de l’Emploi mercredi 4 février à 16h Agir pour nos entreprises, c’est agir pour l’emploi Eric Woerth, ministre du Budget, des Comptes publics et de la Fonction publique jeudi 5 février à 11h Orchestrée par le Service d’Information du gouvernement, la communication des entreprises et des entrepreneurs est particulièrement offensive ces derniers mois. Analyse de son directeur Thierry Saussez, délégué interministériel à la Communication. Pour en savoir plus, rendez-vous sur le stand n°210, Village 2 – niveau 2 tuent le tissu de notre économie, partout sur le terrain, et que ce sont elles qui créent les emplois. Il ne faut pas pour autant laisser caricaturer, malgré les excès et les crises, nos grands groupes internationaux qui font face à la concurrence mondiale. Ces dernières années, constatez-vous En quoi la communication gouvernemenune évolution des Français concer- Thierry Saussez. tale prend-elle en compte la place des ennant l’esprit d’entreprise ? treprises dans notre société ? Oui. Néanmoins, la situation est paradoxale. D’un Fin 2008, nous avons organisé avec le ministère de l’Ecocôté, le besoin de sécurité qui pousse à privilégier la nomie, de l’Industrie et de l’Emploi, une grande camfonction publique. De l’autre, l’envie d’entreprendre, pagne de communication sur le thème « Agir pour nos de construire un projet de vie. Aux entrepreneurs de entreprises, c’est agir pour l’emploi ». C’était la meilleure donner l’exemple. A nous de les accompagner. façon d’envoyer un signal fort à tous les entrepreneurs. Ils amortissent la crise quand elle est là, ils accélèrent Les Français aiment-ils leurs entrepreneurs ? la croissance lorsqu’elle revient. Nous développons la Oui. Spécialement les PME. Les Français ont assimilé présence du gouvernement aux grands événements l’idée que ces petites et moyennes entreprises constiéconomiques comme le Salon des Entrepreneurs. Nous Il fait bon entreprendre en Ile-de-France La Région Ile-de-France met la priorité sur la recherche et l’innovation et multiplie les initiatives soutenant la création d’entreprise, comme l’explique son président, Jean-Paul Huchon, à l’occasion du Salon. Pourquoi avoir mis en place le site internet www. creersaboite.fr ? Nous avons souhaité mettre à la disposition des créateurs d’entreprises un outil simple pour faciliter leursdémarches dans notre Région. Et cela répond à une réelle attente puisqu’en 2008, année de lancement du site, le site a reçu plus de 350 000 visites ! En se rendant sur www.creersaboite.fr, les entrepreneurs ont notamment accès à de multiples informations sur les offres d’accompagnement adéquates et de qualité disponibles dans leur département. Face à la crise économique, quelles sont les réponses de la Région pour aider les entrepreneurs ? Le premier effet de la crise, c’est d’entraîner une raréfaction du crédit. C’est pourquoi, dès novembre dernier, nous avons très fortement augmenté les différents fonds de garantie, de capital-risque et de prêts d’honneur. Que ce soit pour la gestion de trésorerie, pour les projets de développement comme dans les cas de reprise transmission. J’invite les entrepreneurs à s’adresser à OSEO, aux fonds régionaux de capital risque et bien sûr aux services de la Région pour identifier les aides destinées à surmonter les difficultés actuelles. Au-delà, nous amplifions aussi nos aides « classiques » à destination des PME-PMI et TPE. Par exemple, dans le champ de l’export, avec le programme PM’UP. 200 nouvelles entreprises seront ainsi sélectionnées dans le courant du premier trimestre. La Région met aussi la priorité sur la recherche et l’innovation… comment ? Elle poursuit son engagement dans le cadre des pôles de compétitivité qui permettent de renforcer la coopération entre PME-PMI, grands groupes et laboratoires dans certains secteurs stratégiques pour le rayonnement de la métropole. Mais nous avons aussi engagé une complète refonte de la politique régionale d’innovation. Au travers de la création du « Lieu du Design » qui permettra de conseiller les entreprises sur ce champ clef de la compétitivité de demain. Ou encore par la réorganisation de l’ensemble des structures de transferts technologiques en un seul Centre régional de l’innovation. ■ Pour en savoir plus, rendez-vous sur le stand n°242, Village 2 – niveau 2 assurons avec Hervé Novelli, la promotion de l’autoentrepreneur. Nous communiquons sur le Plan de relance. En cette période de crise, l’économie, l’emploi, et donc les entrepreneurs, doivent être au cœur de la communication gouvernementale. ■ Quelques événements et temps forts du Salon Franchise : bilan positif et perspectives heureuses Le point avec Chantal ZIMMER, déléguée générale de la Fédération Française de la Franchise (FFF). L Hervé Novelli préside la cérémonie d’ouverture. es fins d’année sont toujours l’occasion de tirer des bilans. Avec un différentiel positif de plus de 90 réseaux (et 3 000 entreprises franchisées) entre 2007 et 2008, la franchise continue de se développer en France, en particulier dans les secteurs de l’alimentaire, de la restauration rapide, du prêt-à-porter, des services esthétiques aux personnes. Elle concerne aujourd’hui plus de 1 200 réseaux et près de 50 000 entreprises franchisées. La cérémonie d’ouverture La nature même de la franchise explique une résistance à la crise qu’elle a toujours démontrée au cours de son histoire : c’est un réseau commercial qui implique des indépendants, qui repose sur un concept fort et fortement différenciant (avec, la plupart du temps, un rapport qualité-prix particulièrement avantageux) ; et qui, enfin, dépend essentiellement de la transmission du savoir-faire et de la façon dont le réseau est animé. Plus l’animation est efficace (mieux elle irrigue le réseau), plus le concept est en phase avec des consommateurs extrêmement volatils. Avec la franchise, on est de plain-pied dans l’économie réelle. Les franchisés d’un réseau sont, pour une enseigne, pour un concept commercial, autant de points forts dans sa défense (et dans son attaque) ! Plénière Entrepreneuriat social En France, comme à l’étranger, les réseaux prévoient donc de se développer en 2009 ! En a témoigné fin 2008 Top Franchise Méditerranée, qui a connu une fréquentation renforcée (+17%) ; nous attendons une progression également importante à Franchise Expo Paris (13 au 16 mars – Porte de Versailles). ■ Création d’activité & création d’entreprise : la révolution de l’auto-entrepreneur ! Mercredi 4 février, 11h00 - 13h00 > Grand Amphithéâtre Est-ce le bon moment pour se lancer ? Les dernières mesures à votre disposition. Tout savoir sur le régime de l’auto-entrepreneur ! Avec Hervé NOVELLI, Raymond BACHAND, Laurence PARISOT... Devenez entrepreneur social : du sens et des opportunités Mercredi 4 février - 14h à 16h > Amphithéatre Bordeaux Penser autrement son projet d’entreprise dans les secteurs du commerce équitable, des services à la personne ou des finances solidaires. Avec Laurent WAUQUIEZ, Emmanuel FABER... Le Grand débat Internet, low cost, service client, green business... Les business anti-crise ! Mercredi 4 février, 16h00 - 18h00 > Grand Amphithéâtre Comment traverser la crise et en tirer le meilleur profit ? Avec Christine LAGARDE, Michel-Edouard LECLERC, Guillaume PEPY, Jean-François ROUBAUD... Et aussi : 10 entrepreneurs sociaux défendent leur business plan face à des investisseurs - mercredi 4 février - de 17h30 à 19h Pour en savoir plus, rendez-vous aux Consultations Franchise, Village 3 – niveau 1 Plénière Innovation Tous droits réservés − Les Echos − 2009 A ne pas manquer : Guide du Routard 2009 Retirez gratuitement la nouvelle édition du Guide du Routard de la Création d’entreprise : l’outil indispensable pour construire votre projet et identifier vos interlocuteurs. Les Rencontres de l’Innovation et des Entreprises de Croissance (Niveau 1) La Fabrique (stands 271 à 287) Innover pour grandir ! Quels sont les nouveaux leviers de croissance et comment les financer ? Jeudi 5 février, 11h30 - 13h00 > Amphithéâtre Bleu Innovation et export : premiers facteurs de croissance pour les entreprises et priorité pour les investisseurs. Témoignages et conseils d’investisseurs. Avec Valérie PECRESSE, Pierre KOSCIUSKO-MORIZET, Benoit BATTISTELLI... Crédit impôt recherche, business angels, capital investissement, protection et valorisation de l’innovation, pôles de compétitivité… un programme de conférences et ateliers et des rendez-vous d’affaires pour assurer le développement de votre entreprise innovante. Plénière Secteurs Porteurs Secteurs porteurs et business de demain ! Un lieu unique pour trouver des idées, pour tester, financer, développer et réussir votre projet avec la Caisse des Dépots et les réseaux d’accompagnement : des espaces de consultations individuelles, des ateliers de formation en continu et 3 espaces dédiés : Entreprendre au féminin, entrepreneuriat social, la Fabrique à idées. Retrouvez les 22 espaces rencontres et animations et les 150 conférences et ateliers sur www.salondesentrepreneurs.com Jeudi 5 février, 14h00 - 15h30 > Amphithéâtre Bleu Découvrez les tendances et les stratégies gagnantes pour réussir. Avec Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET. La cérémonie de clôture Financer et développer son entreprise en 2009 : les nouvelles stratégies Jeudi 5 février, 16h30 - 18h00 > Amphithéâtre Bordeaux Quel impact de la crise financière sur les petites et moyennes entreprises ? Toutes les clés et conseils pour convaincre banquiers, investisseurs et partenaires… Avec Patrick DEVEDJIAN, Augustin de ROMANET, René RICOL... Et aussi : Loi de Finance 2009 et actualité fiscale en faveur des PE/TPE - jeudi 5 février de 11h à 12h30 SPÉCIAL ENTREPRENEURS 12 LES ECHOS MARDI 3 FÉVRIER 2009 4. ENTREPRENEURIAT SOLIDAIRE Le boom de l’économie sociale Avec la crise des modèles classiques, il faut désormais satisfaire le consom’acteur. Créer du sens Du commerce équitable, à l’aide aux personnes, en passant par la récupération d’électroménager à recycler, l’économie sociale et solidaire prend des visages multiples. Pour autant, les entreprises de cette mouvance partagent trois caractéristiques communes : aux côtés d’un projet économique « classique » (production de biens et de services, rentabilité...), elles possèdent également une finalité sociale (lutte contre l’exclusion, insertion, développement durable…), ainsi que bien souvent une gouvernance participative (sous la forme de coopérative par exemple). Une tendance, certes, mais sur quels créneaux ? Selon Hugues Si- La marque de vêtements Ekyog mixe bio et approche solidaire. prouve Ekyog, une marque de textile mixant bio et approche éthique en France… Une marque lancée il y a six ans par Louis-Marie Vautier et Nathalie Lebas. « Le marché du textile étant saturé, avoue ce dernier, notre quête de sens ne pouvait pas se faire autrement qu’en créant une marque très forte, car faire du “ bio ” ne suffit pas. » Créer des vêtements, bio donc, mais pas question pour autant de donner dans le poncho multicolore !Ekyog,avecses21boutiques, sa présence chez Nature & Découvertes ou Etam, a réussi son parioùvaleursetréussiterimentsans complexe. bille, président de l’Avise (*), « il est souvent plus facile de créer dans le secteur des services, car les investissements y sont moins lourds et les champs de création s’adaptent bien à une démarche d’entrepreneuriat social ». Environnement, développement durable sont eux aussi porteurs. Assistance Event innove même en lançant la première entreprise d’insertion et avec une approche équitable… dans l’événementiel !HuguesSibille est toutefois plus partagé concernant le commerce équitable : « Il y existe déjà beaucoup d’acteurs pour un marché pas si grand que cela, d’autant qu’il faudra faire face à la concurrence de la grande distribution. » Mais, au-delà des bons sentiments, l’affaire« solidaire »peut-elle être rentable ? Oui, comme le Contraintes financières Autre exemple montrant qu’entreprendre différemmentest non seulement dans l’air du temps, mais peut prendre de multiples visages : Sinéo. La société lilloise a développé une gamme deproduitsbiodégradables destinés au nettoyage de véhicules ainsi qu’une technique de lavage sans eau éco-labellisée. Sa particularité ? Privilégier l’embauche d’exclus dumarché dutravail... Une démarche récompensée par le prix de l’Entreprise d’avenir décerné fin 2008. Cependant, si la démarche « éthique et sociale » est tendance, elle reste avant tout un acte « entrepreneurial » à part entière, avec ce que cela suppose de contraintes. « Hors la question des agréments et labellisation, les contraintes sont essentiellement financières, souligne Hugues Sibille de l’Avise. Il est en effet souvent plus dur de lever des fonds pour un “créateur social”. » Autre limite : en devenant « tendance », l’entrepreneuriat social ne risque-t-il pas de perdre ses valeurs, de vendre son âme sur l’autel du profit ? La question se pose de manière accrue pour le commerce équitable. « Plusieurs marques de l’agroalimentaire lancent actuellement des produits non pas équitables, mais qui relèvent plus du développement durable, affirme Rémi Roux, d’Ethiquable. Cela peut semer la confusion dans l’esprit des consommateurs. En outre, le risque est que sous leur pression, Max Havelaar, le label équitable, revoie ses exigences à la baisse. » Les pionniers de l’équitable ont imposé leur marque Alexandre Gelebrat/Réa Les produits Ethiquable sont aujourd’hui présents sur la plupart des linéaires de grandes surfaces. cinq ans n’avait rien d’évident. « C’étaitd’autantplus oséque, pour que notre projet soit viable, il nous fallait rapidement être présents times plus cher ? » lance Rémi Roux. Chocolat nomade (nouveauté 2009), jus de mangue pressé sur place (unerareté),introduction du tchaïindien :innovation,qualité et évasion sont leur leitmotiv. Avec 72salariés et unchiffred’affaires de 18millions d’eurospour 2008,Ethiquable a tout d’une belle réussite. Avec du sens ! V. T. Ce qu’il faut retenir Innovation, clef de voûte de la différenciation. Taille critique : sur ce marché, les fonds propres doivent être à la hauteur pour se tailler une place face à la grande distribution. SANITAIRE QUALITÉ SERVICE L’insertion, un domaine plein d’opportunités « Créez une entreprise d’insertion ! C’est plus facile qu’une entreprise classique et, surtout, c’est l’avenir ! » Pas de doute, Nicolas Jourdier est unentrepreneursocial convaincu… et convaincant ! A trente-sept ans, cet ancien d’HEC, après avoir créé une belle entreprise d’informatique, s’est tourné vers l’entrepreneuriat social. « En 2000, j’ai lancé Sanitaire Qualité Service, une entreprise d’insertion dans le domaine de la plomberie. Sa raison d’être ? Former des personnes en situation d’échec pour leur donner la possibilité de trouver un véritable emploi. Aujourd’hui, l’entreprise compte 35 salariés, dont 25 en insertion. » l’importance du phénoAprès ce succès, Nimène. Entre France Accolas Jourdier dévetive, le réseau Entreloppe avec un associé prendre, les garanties une autre entreprise Sofaris, un créateur peut d’insertion, en Inde trouver, avecun bon doscette fois : « Cette sier, 80.000 euros pour structure forme des démarrer. Et le statut jeunes issus de bidond’entreprise d’insertion villes à la boulangerie ouvre droit à des aides haut de gamme franpubliques. Le seul impéçaise. Cela fonctionne ratif, c’est d’investir dans très bien. » un secteur porteur, car il Fort de ses expé- Nicolas Jourdier. ne faut jamais oublier riences, Nicolas Jourdier incite les créateurs à se lancer : que, dans le “social business”, il y a « Dansledomainedel’insertion, il est “business” ! » Le nouveau défi de Nicolas Jourfaciledetrouverdesfinancements,car de plus en plus de structures ont saisi dier ? Un film sur Muhammad YuDR Tous droits réservés − Les Echos − 2009 Lancée sur le marché du commerce équitable il y a cinq ans, la marque Ethiquable est aujourd’hui présente sur la plupart des linéaires de grandes surfaces. C’est même la marque équitable la plus connue des consommateurs. A l’origine de cette réussite, trois amis aux profils différents : un économiste, Stéphane Comar, un ingénieur agronome, Christophe Eberhart, et un professionnel de l’agroalimentaire, Rémi Roux. Se lancer sur ce créneau il y a dans 200 à 300 points de vente ! » se souvient Rémi Roux. Afin de financer leur création, apport personnel et « love money » sont au rendez-vous : « Nos proches ont investi 100.000 euros dans l’affaire, ce qui nous a permis de lever la somme de 300.000 euros auprès des banques », explique Rémi Roux. Une belle idée pour rassurer les financeurs, d’autant qu’Ethiquable a fait un autre pari : opter pour le statut de société coopérative. « Ce statut, qui met l’homme au centre de l’entreprise, était le plus cohérent au regard de notre créneau, le commerce équitable. » Leur clef de réussite ? L’innovation. « Si les produits équitables copient simplement les produits existants, quel sera l’intérêt du consommateur depayer20à30cen- Outres les aides et conseils classiques pour les créateurs d’entreprises, voici des contacts utiles dédiés à l’entrepreneuriat social : x Information Avise (Agence de valorisation des initiatives socioéconomiques) : www.avise.org x Financement, subventions et garantie NEF : société coopérative de finance solidaire mettant en relation épargnants et emprunteurs autour de projets sociaux, environnementaux, etc. : www.lanef.com x France Active : mobilise l’épargne salariale solidaire, monte de nouveaux fonds, crée des outils financiers adaptés... Cette structure apporte aux porteurs de projet une expertise et un soutien financier. : www.franceactive.org x Fondation Crédit Coopératif : favorise en les Mais les lignes bougent. Ainsi, peut-on saluer la naissance, en 2008, d’une nouvelle structure de capital-investissement, Citizen Capital, intégrant des critères différents de ceux des fonds d’investissement classiques (implantations dans des zones défavorisées, parcours atypiques des dirigeants, finançant les initiatives des entreprises d’économie sociale. www.credit-coo peratif.coop/ fondation/ x Cigales (Club d’investisseurs pour une gestion alternative et locale de l’épargne solidaire) : structure de capital-risque solidaire mobilisant l’épargne de ses membres au service de la création et du développement de petites entreprises locales et collectives : www.cigales.asso.fr x Esfin-Ides (Institut de développement de l’économie sociale) : apporte des capitaux propres aux entreprises de l’économie sociale (intervention essentiellement sous forme de titres participatifs) : www.esfin-ides.com x Garrigue : société coopérative de capital-risque solidaire. Accompagne financièrement des entreprises en création ou en développement avec un objectif : la plus-value sociale : www.garrigue.net approche sociétale innovante, etc.). Entreprendre éthique ou pas ? Dans quelques années, la question paraîtra peut-être saugrenue ! VALÉRIE TALMON (*) Agence de valorisation des initiatives socio-économiques. 3 QUESTIONS À HUGUES SIBILLE PRÉSIDENT DE L’AVISE ETHIQUABLE C’est LA « success story » du commerce équitab le , citée aujourd’hui en référence. L’aventure des trois fondateurs n’était pourtant pas gagnée, d’autant qu’ils ont parié pour une organisation originale en adoptant le statut de coopérative. En pratique nus, prix Nobel de la paix fondateur du microcrédit. V. T. Pour en savoir plus : www.yunusmovie.com Ce qu’il faut retenir Une belle idée ne suffit pas : visez un secteur rentable (plomberie, peinture…) avec une demande forte. Frappez aux bonnes portes : France Active et surtout le Comité national des entreprises d’insertion : www.cnei.org. « L’entrepreneuriat social est ancré dans l’économie de marché » L’Agence de valorisation des initiatives socio-économiques (Avise), créée en 2002 à l’initiative de la Caisse des Dépôts, réunit les représentants majeurs de l’économie sociale. Son objectif est de favoriser l’émergence de nouvelles initiatives créatrices d’emploi et porteuses de cohésion sociale. Hugues Sibille annonce la remise d’un Livre blanc au gouvernement contenant 15 propositions. en place d’une banque d’affaires de l’entrepreneuriat social afin de faciliter les fusions ou les fortes croissances dans ce secteur. Nous souhaiterions aussi que l’innovation sociale soit reconnue comme une innovation à part entière et que se développent des incubateurs et des pépinières dédiés aux entrepreneurs sociaux. Il serait bon également de mettre en place, comme en GrandeBretagne, une école dédiée à l’entrepreneuriat social, ainsi que des outils de mesure du retour social sur investissement. En tant que président de l’Avise et président du Codes (Collectif pour le développement de l’entrepreUn conseil pour les neuriat social), comment personnes désianalysez-vous l’émergence reu ses d ’entrede l’éthique dans le monde prendre sur cette voie ? de l’entreprise ? L’entrepreneuriat social n’est L’entrepreneuriat pas un phénomène de mode, Hugues Sibille. social n’est surtout mais un mouvement durable. pas un entrepreneuIl est cependant de plus en plus riat au rabais. S’il y a énormément d’actualité du fait de la crise : c’est d’initiatives à prendre dans ce doune réponse à certains problèmes de maine, toutes ne peuvent réussir. société comme le chômage ou les L’entrepreneuriat social est ancré questions environnementales et il dans l’économie de marché, mais offre une alternative aux modèles porte en lui d’autres valeurs. Etre un économiquesclassiques.Il esturgent entrepreneur social exige de sentir de mieux faire connaître l’entrepre- lesmarchés,d’avoiruneforteconvicneuriat social pour lui permettre de tion sociale, d’être particulièrement se développer. Cela passe par la bien implanté dans son environneremise au gouvernement, à l’occa- ment afin de pouvoir par exemple sion du Salon des entrepreneurs, travailler avec les collectivités lod’un Livre blanc où nous formulons cales, les administrations. Cela requiert donc de grandes qualités dans 15 propositions. le domaine économique et humain. Quelles sont les principales PROPOS RECUEILLIS PAR V. T. d’entre elles ? Nousappelonsparexempleà lamise Pour en savoir plus : www.avise.org DR ommerce équitable, entreprise d’insertion, services aux personnes, développement durable… L’entrepreneuriat solidaire, aux contours pourtant flous, n’a jamais été aussi « tendance ». Encore méconnue, l’économie sociale, c’est pourtant 800.000 entreprises, 2 millions de salariés, dont 21.000 entreprises coopératives. De son côté, et malgré la crise, le commerce équitable, contrairement à d’autres secteurs, est toujours en croissance, même si celle-ci a marqué le pas en 2008 (+ 25 % en 2007). Consommer autrement, épargner autrement, travailler autrement : de l’émergence du consom’acteur au développement de l’épargne solidaire, les formes de consommation alternative se multiplient. Et l’entrepreneuriat social est une forme de création atypique répondant à ces nouveaux besoins. Ekyog C Tous droits réservés − Les Echos − 2009 SPÉCIAL ENTREPRENEURS 14 LES ECHOS MARDI 3 FÉVRIER 2009 5. CROISSANCE VERTE Les emplois verts font rêver les gouvernements 500.000 emplois créés ou sauvés d’ici à 2020 en France. L Alès-Nîmes unies & unique Sur l'arc méditerranéen entre mer et montagne, les territoires d'Alès et de Nîmes offrent une qualité de vie hors du commun. Chaleur, couleurs et parfums du sud de la France, richesses historiques, patrimoniales et culturelles, urbanité à dimension humaine et grands espaces d'évasion... Tout ici est propice au bonheur ! Et au coeur de ces espaces uniques, votre réussite économique est notre trait d'union ! Choisir le territoire Alès-Nîmes, c'est vous garantir des pôles d'activités complémentaires et des filières adaptées à votre projet, des équipements et des services de qualité, un accueil sur mesure, des solutions d'accompagnement variées ainsi que des interlocuteurs professionnels pour concrétiser toutes vos demandes. Bienvenue dans le sud de la France, bienvenue sur le territoire Alès-Nîmes ! Jean-Paul FOURNIER Max ROUSTAN Sénateur du Gard Président de Nîmes Métropole Maire de Nîmes Député du Gard, Président du Grand Alès, Maire d'Alès ’événement est symbolique. Demain et aprèsdemain à Washington se tient une conférence intitulée « Good Jobs, Green Jobs », organisée par les grands syndicats, des entreprises et les grandes associations de défense de l’environnement. On y débattra des emplois liés à la rénovation énergétique des logements ou à la construction de nouvelles infrastructures de transport, comme l’ont fait les participants français du Grenelle de l’environnement. Mais les participants échangeront aussi sur une nouvelle manière d’utiliser les milliards des fonds de pension et l’argent des retraites pour financer une énergie propre et une industrie moins polluante et plus locale. Après des années de déni par le président Bush, l’Amérique enfourche le cheval de bataille de la lutte contre le changement climatique et de la protection de la planète avec un argument : la création d’emplois non délocalisables. Le président Barack Obama, qui a promis 5 millions de « green jobs » pendant la campagne, prévoit de doubler la production d’énergie renouvelable et d’isoler 2 millions de logements dans les deux ans qui viennent. Ban Ki-moon, secrétaire général des Nations unies, a exhorté le premier les chefs d’Etat à lancer un « green new deal » pour lutter contre les effets de la crise. Une « nouvelle donne verte », qui fait écho au New Deal américain de Roosevelt. En France, le gouvernement espère contribuer à créer ou maintenir plus de 500.000 emplois d’ici à 2020 en appliquant les engagements du Grenelle de l’environnement. Sur le terrain, ces grandes envolées commencent à faire naître de nouveaux métiers. Mondial Assistance travaille depuis des mois sur un projet d’offres de services aux particuliers désireux d’améliorer l’efficacité énergétique de leur logement. L’idée est de devenir le partenaire des banquiers qui vont commencer à accorder les premiers prêts à taux zéro dits « écoPTZ ». Des accords ont déjà été signés avec des établissements, Mondial Assistance prendra en Tous droits réservés − Les Echos − 2009 Les prêts éco-PTZ Le gouvernement projette de faire distribuer des prêts à taux zéro pouvant atteindre 30.000 euros sur dix ans à condition que les utilisateurs se lancent dans un véritable bouquet de travaux, améliorant globalement l’efficacité énergétique de leur logement. charge les aspects conseil, diagnostic, propositions de solutions énergétiques pour les clients des agences. Un réseau de plus de 700 artisans et PME et des experts capables de répondre par téléphone aux clients a été constitué. L’efficacité énergétique, nouvel eldorado du bâtiment ou moyen de maintenir l’emploi dans un secteur qui employait 1,9 million d’actifs l’an dernier ? L’étude d’impact des projets de la loi Grenelle chiffre à plus de 200.000 les emplois nécessaires pour réaliser les travaux nécessaires à la réduction d’émission de CO2 des bâtiments anciens et des bâtiments publics. Des salariés capables de poser des plaques isolantes, de changer les fenêtres, d’installer des panneaux solaires dont il faut préparer la formation. Un label Eco-artisan a été créé par la fédération professionnelle des artisans, la Capeb. Objectif : permettre au x particuliers d’identifier des professionnels spécialement formés, capables d’évaluer l’efficacité thermique d’un logement dans son ensemble et de maîtriser les techniques. Au total, la profession du bâtiment a obtenu des fournisseurs d’énergie qu’ils financent sur deux ans la formation de 50.000 artisans ou salariés sur les questions d’énergie renouvelable et d’efficacité énergétique afin de pouvoir répondre à la demande. « Cols verts » londoniens Aujourd’hui, l’ensemble du secteur des éco-industries représente un chiffre d’affaires de 30 milliards d’euros, affirme l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), pour un nombre d’emplois supérieur à 200.000. L’agence table sur 88.000 emplois correspondant au surcroît d’activité lié à l’amélioration de l’efficacité énergétique. En tout cas, montre une autre étude réalisée par le WWF, les créations d’emplois seront largement supérieures aux destructions potentielles dans le secteur de l’énergie, même si la consommation baisse. Les Britanniques de leur côté ne s’embarrassent pas de détails : le maire de Londres, Boris Johnson, a promis récemment, devant une assemblée de grandes entreprises, de créer une académie destinée à transformer les demandeurs d’emploi en conseils énergétiques. Ces « cols verts » seront chargés de se déplacer chez les particuliers pour effectuer des diagnostics et donner des conseils sur la réalisation des travaux. Si des mesures comme le prêt à taux zéro, que le gouvernement français s’apprête à mettre en Prévisions d’évolution de l’emploi dans le secteur Emploi, en nombre 2007 Taux de croissance envisagé 2007-2012, en % Scénario 2012 Investissement en systèmes de production et achats d’équipements de chauffage Solaire thermique (équipement) 2.300 12.000 + 422 % Photovoltaïque 2.100 13.000 + 519 % Aérogénérateurs 7.000 16.000 + 129 % Appareils de chauffage au bois 14.000 24.000 + 71 % Pompes à chaleur 4.400 17.000 + 325 % Unités de production des biocarburants 2.400 700 – 70,8 % Petite hydraulique 400 1.000 + 150 % Géothermie 200 1.300 + 550 % Biogaz : valorisation énergétique 800 1.300 + 62,5 % Incinération des déchets : valorisation énergétique 200 300 + 50 % Solaire thermique 150 600 + 300 % Energie d’origine photovoltaïque 10 100 + 900 % Energie d’origine éolienne 500 2.100 + 320 % 9.000 14.000 + 55,6 % + 367 % Ventes d’énergies renouvelables Bois d’énergie 300 1.400 Biocarburants 3.700 9.000 + 143 % Energie issue de la petite hydraulique 3.500 4.300 + 22,9 % Energie d’origine géothermique 600 1.000 + 66,7 % Energie issue de la valorisation du biogaz 100 300 + 200 % Energie renouvelable issue de l’incinération des déchets ménagers 520 600 + 15,4 % Isolation 87.000 176.000 +102,3 % Chauffage (chaudières à condensation) 6.000 21.000 + 250 % Electricité spécifique 5.000 18.000 + 260 % Infrastructures ferroviaires et trams. + matériel roulant 47.000 61.000 + 30 % Véhicules particuliers classe A et B 24.000 43.500 + 81,3 % 221.180 440.000 + 99 % Pompes à chaleur Efficacité énergétique Total général « Les Echos » / Source : Ademe Les prévisions d’évolution misent sur un doublement des emplois dans le secteur des éco-industries d’ici à 2012. place, peuvent avoir un effet immédiat, les projets d’infrastructure prendront plus de temps. Il y adeux ans, le gouvernementavait décidé de financer à hauteur de 50 millions d’euros le maintien des personnes âgées à domicile en faisant quelques travaux dans leurs logements. Résultat : quelque 17.000 ménages avaient réalisé des travaux en quelques mois. Mais le fait de relancer la construction de lignes de TGV mettra plus de temps à agir. Dans le cas du canal Seine-Nord, l’appel d’offres va être accéléré, quelques travaux préliminaires afin de détourner les routes et les réseaux seront effectués, mais rien ne commencera réellement avant l’attribution du contrat et la si gnatur e du per mis de construire. JULIE CHAUVEAU « L’avenir est au verdissement des métiers existants » Les experts de l’Ademe en sont persuadés. Si l’impact en termes d’emploi est important, toutes les activités ne seront pas concernées au même chef. « Les taux de croissance les plus forts sont liés aux pompes à chaleur et au photovoltaïque », note Thomas Gaudin, chargé de mission au service économie, observation et évaluation. Il n’en reste pas moins vrai que les gros bataillons seront d’abord employés pour les économies d’énergie, et notamment dans le domaine de la rénovation de l’habitat ancien. « C’est le vrai sujet », assure Thomas Gaudin, « cela signifie que le grand chantier, c’est la mobilisation des professionnels du bâtiment. » Une personne travaille d’ailleurs à plein temps sur ce sujet à l’Ademe. Evolution en douceur Car l’une des conclusions du Grenelle de l’environnement était bien qu’il n’existait pas suffisamment de professionnels formés à ces nouveaux métiers sou- vent aux confins de plusieurs activités. Un spécialiste du chauffage solaire doit être à la fois chauffagiste, couvreur, voire électricien. Si quelques nouveaux métiers vont apparaître, comme celui de coordinateur des corps de métier, on va aller vers une évolution en douceur, insiste Thomas Gaudin : « Globalement, l’avenir est au verdissement des métiers existants, avec dans chacun d’eux l’ajout de compétences vertes. » A côté du grand enjeu, la mo- bilisation des professionnels du bâtiment, l’Ademe travaille ainsi à des scénarios pour évaluer les besoins pour l’avenir. Déjà complexe au niveau d’une entreprise ou d’une branche professionnelle, il s’agit de travailler à la gestion des compétences au niveau du pays. L’Ademe travaille déjà sur les régions de Nice, Nancy et Bayonne, afin d’évaluer localement l’impact sur l’emploi du Grenelle de l’environnement. F. N. LES ECHOS MARDI 3 FÉVRIER 2009 SPÉCIAL ENTREPRENEURS 15 5. CROISSANCE VERTE SKYWATER ISOA Valoriser l’eau de pluie Laine, chanvre, lin : isoler avec des matières naturelles Skywater Armé de ce système et des données hydrologiques de Météo France, Willy Rohdmann a déjà équipé près de 600 toitures industrielles depuis 2004 pour un chiffre d’affaires approchant les 2 millions d’euros. Parmi ses clients : le château de Versailles pour l’arrosage des serres royales, Super U qui a ramené àzérolepremierpostededépensede ses portiques de lavage automobile, Veolia Propreté qui nettoie les rues de Nantes avec l’eau tombée du ciel, ou encore nombre de logisticiens intéressés par les perspectives d’économie surle poste d’entretiendeleur flotte de véhicules. En dépit d’un coût élevé − 24.000 euros hors travaux d’installation pour équiper une réserve offrant 30 m3 d’autonomie − leretoursurinvestissement n’excède pas sept ans. Sans concurrent, et pourvu d’un arrêté législatif qui banalise désormais son usage, Skywater prévoit au moins 2 millions d’euros de chiffre d’affaires cette année, le double de l’an passé. Concessions décennales Pour maintenir sa croissance malgré la crise qui pénalise les investissements, sa société envisage désormais de financer elle-même les équipements en contrepartie de concessions décennales pour la fourniture en eau à un tarif stable convenu d’avance. « Ce modèle nous permet de financer 85 % des équipements par des prêts bancaires à court terme ». Le marché est énorme : 30 % de la consommation nationale puisée sur le réseau public n’a pas besoin d’être potable. Skywater devrait pouvoir compter sur son partenaire XAnge Private Equity, une société de capital-risque entrée au capital en 2007, pour financer son nouveau business model : en équipant desentreprises contractantes pour 5 millions d’euros d’investissement, la société espère générer 32 millions d’euros de recettes Skywater prévoit de doubler son chiffre d’ici à cinq ans. d’affaires cette année. Avec sa filiale Naptural spécialisée dans les isolants naturels, Isoa veut se positionner comme leader national. Pour Salvatore Di Leone, PDG du groupe Isoa à Boulazac en Dordogne, l’engouement pour les isolants naturels date de 2004. Spécialisé depuis la création de l’entreprise en 1991 dans le survitrage, il a alors un coup de cœur pour la laine de coton, un produit naturel issu du recyclage de textile. Après cinq ans d’investissements, l’entreprisequi dispose aujourd’hui d’une offre symbolisée par un ourson blanc, s’adresse à trois marchés : les particuliers, la grande distribution spécialisée et le négoce. Au départ, la laine utilisée comme isolant thermique et phonique a été exclusivement mise en œuvre par soufflage dans les combles. Plus tard, Isoa a complété sa gamme en façonnant la laine de coton sous forme de rouleaux et de panneaux. Une fabrication a d’abord été sous-traitée à un fabri- DR Le 28 août 2008 est cerclé de rouge sur l’agenda de Willy Rohdmann, trente-sept ans,créateurdelasociété Skywater installée à Reims. Ce jourlà, le « Journal officiel » a publié l’arrêté qui encadre depuis l’installationdes récupérateursd’eaupourles usages industriels. « Cinq ans que j’attendais ce moment après un lobby incessant auprès de l’Assemblée nationale », explique-t-il. Quand il a créé son entreprise en 2002, ce jeune informaticien était loin d’imaginer qu’un projet tout bêtepuissenécessiterledéploiement d’un arsenal législatif. « L’idée m’est venue en observant la vitesse à laquelle se remplissait le seau de mon gamin sous une pluie d’orage. J’ai commencé à faire mes calculs. Un business model s’est dessiné ». Mais pour le mettre en forme, le jeune créateur doit alors trouver des réponsesjuridiques et techniques àdes questions aussi naïves que : « à qui appartient l’eau de pluie ? » ou« estelle potable ? », « peut-on la mélanger au réseau urbain ? »… Avec l’aide d’une école d’ingénieur, il conçoit son dispositif de récupération, qu’il protège par deux brevets. Le premierest un filtre microporeux permettant de débarrasser l’eau de pluie despoussièreset despollutions atmosphériques. Le second répond auxnormeseuropéennessurlaséparation des réseaux d’eau de pluie et d’eau potable : un système de vide d’aircommandé pardesvannesélectriques permet de basculer de l’un à l’autre sans mélange et sans perte de pression. Menuiserie, survitrage, isolation... Isoa surfe sur un marché porteur. cantvendéen, par ailleurs spécialisé dans les isolants à base de plume qu’Isoaaeu l’opportunitéderacheter début 2007. Depuis, le groupe a créé une filiale destinée à une clientèle de professionnels à partir de l’entité vendéenne. Baptisée « Naptural », elle sera en capacité de répondre à la demande grâce à une usine de production supplémentaire de 5.900 m2 qui a mobilisé un investissement de 4,5 millions d’euros.SituéeàSaint-Astier (Dordogne), elle commencera à fabri- quer dans le courant du premier trimestre 2009. Naptural est aujourd’hui riche d’une large gamme d’isolants en coton, plume, mouton, chanvre et lin sous forme de panneaux-rouleaux et soufflage. Tous ces produits sont actuellement en phase d’avis techniques, rendu par le CSTB. Ce qui devrait conforter sa position auprès des grandes enseignes de négoce et dans la grande distribution, estime confiant Salvatore di Leone : « A l’èredudéveloppementdurable,l’iso- lation fait partie des achats prioritaires. De plus, Naptural se situe sur uncréneaufavorableavecleboomdu marché de la rénovation. » Les résultats sont déjà probants. Arrivé à l’équilibre, Naptural, qui emploie une vingtaine de salariés, devrait réaliser un chiffre d’affaires de 6,5 millions d’euros en 2009. La nouvelle filière ne se développe pas au détriment de la menuiserie et du survitrage, qui restent les premiers métiers d’Isoa. Avec 32 millions d’eurosdechiffred’affaires,uneffectif de 430 personnes et 22 agences commerciales implantées sur le Grand-Ouest, le groupe va poursuivre sa croissance. CHRISTIANE WANAVERBECQ Ce qu’il faut retenir S’appuyer sur une activité existante pour en développer une autre plus innovante est une très bonne manière d’entreprendre. PAUL MOLGA AKNIN Tous droits réservés − Les Echos − 2009 Imprimer sans solvants En investissant dans une « imprimante verte », la société Aknin a eu du flair. Malgré la baisse des budgets de communication cette année, les prestations écologiques qu’elle peut désormais offrir sur le secteur traditionnel de la signalétique devraient compenser la perte liées à la crise. « Nous pouvons maintenant intervenir dans des domaines qui nous étaient étrangers, comme la décoration, l’architecture d’intérieur et même le revêtement de piscines », se réjouit Robert Aknin le patron de cettePMEfondéeilyaunevingtaine d’années. Mieux, il est désormais en tête des appels d’offre lancés par les collectivités locales : l’article 5 du Code des marchés publics leur impose désormais de privilégier les solutions respectueuses de l’environnement. Et pour faire respecter ses droits, il a embauché un homme politique, Christophe Masse, un ancien député rompu aux rouages des appels d’offres. Aknin figure parmi les 170 entreprises dans le monde qui travaillent avec ce modèle d’impression à plat conçu par la société Nur, une filiale de Hewlett-Packard. Elle utilise le principe du jet d’encre, mais sur des formats qui peuvent atteindre 3,2 × 2 mètres en haute résolution et sur toutes sortes de supports : papier, plastique, métal, bois, verre, tissus, faïence… Les encres sans solvants utilisées par la machine sèchent presque instantanément sous une lumière ultraviolet. Elles durcissent en surface au lieu de sécher, et ne pénètrent donc pas dans le support. « La qualité du rendu nous permet de mordresur denombreux marchés delasignalétiqueoùdomineencorele film adhésif imprimé, explique le patron : panneaux de direction mais aussi plan desite industriel, enseignes, affichagepublicitaire,décorationévénementielle et sportive, impression de matériaux de décoration… » Sa société réalise ainsi 2 millions d’euros de chiffre d’affaires dans des chantiers qui vont du petit adhésif à la bâche de chantiers de façade. Défauts de jeunesse Dans les ateliers de l’entreprise, la nouvelle machine trône à côté d’un « vieux »modèle déposantlesencres en plusieurs couches. « Les rendements n’ont rien à voir, constate Robert Aknin : d’un côté, nous imprimons des bobines de papier adhésif que des spécialistes découpent et déroulent avecdélicatesse sur lesupport choisit ; de l’autre, le support posé à plat est imprimé en une seule fois et immédiatement prêt à l’emploi. Gain de temps : quatre heurespour l’un, un quart d’heure pour l’autre ». L’encre écolo a cependant quelques défauts de jeunesse : son manque d’élasticité qui empêche l’impression sur des supports trop souples, et son coût, jusqu’à 300% plus élevés que les encres traditionnelles. « Qu’importe, assure le patron : de plus en plus de clients viennentcheznousdansl’idéedeconcilier leur activité avec leur conscience écologique. Les moins contraints sont en fait les plus sensibles. » P. M. 13122 NOVALIS_LesEchos190x272.indd 1 23/01/09 12:43:36 SPÉCIAL ENTREPRENEURS 16 LES ECHOS MARDI 3 FÉVRIER 2009 FINANCEMENT Start-up et PME : merci l’ISF ! La crise réduit les ressources venant du capital-risque. Les particuliers prennent le relai. uarante pour cent des sociétés de capital-investissement dans le monde pourraient disparaître d’ici à fin 2012, selon une étude récente du Boston Consulting Group : c’est dire si le financement des petites et moyennes entreprises et des jeunes pousses risque de devenir problématique. « La Bourse est fermée, le capital-risque et le capital-développement tournent au ralenti, témoigne Robert de Vogüé, président d’Arkeon Finance, mais il reste une option aux PME : les investissements au titre de l’ISF. » Leur impact promet d’être considérable, mais ils imposent de nouvelles règles du jeu, particulièrement si l’entreprise ouvre directement son capital aux redevables de l’impôt. C’est par exemple le cas d’Alpha Value, qui a lancé en fin Le mécanisme de la réduction d’ISF On peut réduire son ISF en investissant dans le capital d’une PME soit : − En direct (y compris dans sa propre entreprise). Réduction d’impôt égale à 75 % de l’investissement et limitée à 50.000 euros. − Par l’intermédiaire d’un holding. Mêmes conditions mais des dispositions « anti-abus » entrent en vigueur cette année. − Par l’intermédiaire d’un véhicule de placement collectif du type FIP, SCPI, FCPR. La réduction est de 50 % seulement et limitée à 20.000 euros. Les règles européennes limitaient à 1,5 million d’euros les sommes qu’une entreprise peut recevoir à ce titre. Ce plafond vient d’être porté à 2,5 millions. dernier, 480 millions d’euros. Les fonds dits « intermédiés » − FIP, FCPI, FCPR, holdings − auraient reçu pour leur part 450 millions d’euros. Un chiffre qui paraît modeste en regard des 640 millions d’euros, dont 110 millions en holdings, recensés selon les déclarations des gérants. Mais, dans tous les cas, ce chiffre semble destiné à croître cette année. L’an dernier, en effet, la collecte s’est trouvée réduite à trois mois environ, entre le feu vert de la Commission européenne et la date limite de la déclaration ISF, le 15 juin. Pourtant, 92.000 redevables sur 550.000 environ ont réussi à en profiter, générant une moinsvalue fiscale de 600 millions d’euros et réduisant le montant total de l’impôt à 3,75 milliards d’euros. d’année dernière un service d’analyse financière indépendante sur les 500 premières valeurs européennes. L’entrepreneur, Christophe Havret, a réuni 2,5 millions d’euros en deux ans auprès de 82 actionnaires particuliers. La principale contrainte provient donc du plafond d’investissement de 1,5 million d’euros par an − au-delà, l’augmentation de capital peut se voir requalifiée et en cas d’investissement direct l’entreprise est tenue pour responsable. Par conséquent, le nombre d’actionnaires peut donc croître très rapidement. Une incitation fiscale puissante Ce modèle a réussi dans le passé. Cityvox, par exemple, une startup rachetée au printemps dernier par Orange pour environ 30 millions d’euros, ne s’est jamais appuyée que sur des business angels, une trentaine au total. Il laisse pourtant sceptiques de nombreux investisseurs institutionnels. « Une jeune entreprise peut difficilement gérer une telle dispersion de l’actionnariat !, s’exclame ainsi Olivier Protard, un « venture partner » de Seventure : Il est nécessaire que les particuliers trouvent, au minimum, une forme commune de représentation. » Chargé du fonds ISF de cette filiale de capital-risque de Natixis, il a notamment investi dans Squareclock, un éditeur de logiciels sur Internet qui permet de concevoir en trois dimensions la décoration de son habitat. Seventure lui a apporté 600.000 euros pendant l’été, prenant à ses côtés quatre particuliers qui ont misé 200.000 euros supplémentaires. De même, Drimki, un service immobilier du Web 2.0, a été principalement soutenu par In- David Muir/Masterfile Q Les souscriptions directes au capital de PME pour défiscaliser l’ISF ont atteint, au 15 juin dernier, 480 millions d’euros. novacom, qui a apporté 3 millions d’euros. Toutefois, au même tour, six anciens collègues du fondateur et d’autres business angels ont tout de même apporté 500.000 euros. Ces niveaux importants témoignent de la puissance de l’incitation fiscale, qui permet de déduire de l’ISF 75 % de ses investissements directs ou via des holdings, avec un plafond de 50.000 euros. Selon le ministère des Finances, les souscriptions directes au capital de PME pour défiscaliser l’ISF ont atteint, au 15 juin Les investissements en berne Cette année, malgré la crise, un plus grand nombre d’assujettis devraient pouvoir profiter de la mesure. « 3,5 milliards à 4 milliards de collecte fiscale potentielle pour l’ISF en 2009, ce sont potentiellement plus de 5 milliards d’euros pour les PME dès cette année ! », s’enthousiasme Robert de Vogüé. Le sénateur Adnot, dont les amendements à la loi Tepa et à la dernière loi de Finances ont donné corps aux investissements ISF, se veut beaucoup plus prudent : « Les PME devraient recevoir au moins 1,2 milliard d’euros, peut-être 1,5 milliard d’euros », présume-til. Dans tous les cas, de telles sommes correspondent à un impact « contracyclique » majeur sur le monde du capital-risque et du capital-développement. Dans ces deux segments, les professionnels ont misé presque 2 mil- liards d’euros dans 973 PME en 2007, d’après leur association, l’Afic. A partir du quatrième trimestre dernier, le ralentissement a été sensible (voir ci-contre). Il devrait être encore plus prononcé courant 2009. Tous les signaux de l’investissement sont en effet passés au rouge, à commencer par les valorisations. Leur déflation, enclenchée dès la rentrée dernière, pousse les investisseurs à l’attentisme. En outre, l’incertitude sur la violence et la durée de la crise rend particulièrement complexe le processus de budgétisation. Il devient donc très précaire de déterminer la valeur de l’entreprise, qu’il s’agisse d’une start-up innovante ou d’une PME traditionnelle. Cela grippe le mécanisme des fusions-acquisitions, qui représentent habituellement la principale porte de sortie des investisseurs. Pire encore, la « décollecte » des sources habituelles de financement des investisseurs a commencé aux EtatsUnis, où de nombreux « limited partners » se font tirer l’oreille lors des appels de fonds. En France, les FIP et les FCPI (hors ISF) ont marqué un net recul en fin d’année dernière, de 30 % à 50 % selon les gérants concernés. Pour autant, l’investissement ne s’arrêtera pas complètement. Les fonds levés dans les années précédentes − notamment la collecte record de fin 2007, plus de 1 milliard d’euros − devront s’investir en 2009. Et de nouveaux fonds arrivent sur le marché : Sofinnova a par exemple annoncé le premier closing, à 205 millions d’euros, de son sixième fonds. Mais les PME devront une fière chandelle à l’ISF. JEAN ROGNETTA Tous droits réservés − Les Echos − 2009 Le CIR divise les entreprises Face à la crise, l’Etat a mis au cœur du plan de relance de l’économie le créditd’impôtrecherche(CIR),qui permet aux entreprises de déduire de leurs impôts leurs dépenses en R&D. Sur 29 milliards d’euros que prévoit le plan de relance, 3,8 milliards sont destinés au remboursement immédiat des créances ainsi accumulées depuis 2005, principalement par des PME. Un chiffre qui, par coïncidence, correspond à peu près au montant que les entreprises de toutes tailles recevront désormais chaque année (les différentes estimations allant de 3,2 milliards à 4 milliards d’euros par an). Un montant considérable si on le rapporte aux dépenses privées de R&D en France, de 22,5 milliards d’eurosen 2006d’aprèsleministère de la Recherche. Seul hic : les grands groupes se tailleront la part du lion, ont fait observer les trois principales associations de PME innovantes françaises,CroissancePlus,FranceBiotechet lecomitéRichelieu. En 2005 − l’année du dernier recensement public − 5.600 sociétés éligibles au crédit d’impôts sur 7.500 employaient moins de 250 personnes. « Le nombre total d’entreprises bénéficiaires a sans doute augmenté, à environ 10.000, analyse Laurent Scheinfeld, chargé de la question auprès de l’association Croissance Plus, et 75 % d’entre elles restent des PME : mais pour ce qui est de l’argent reçu, la proportion s’inverse ! » Cela résulte des réformes de début2008,qui ontnotamment déplafonné les dépenses éligibles au cré- dit d’impôt, favorisant l’accès des grandes entreprises au dispositif. Elles ont aussi sorti de l’assiette les avances remboursables d’Oséo, ce qui a mis en difficulté certaines jeunes pousses. Les biotechs − qui gardent pourtant un régime favorable, car les dépenses de la phaseIIIdesessais cliniquesrestent pour l’essentiel éligibles au CIR − reçoivent en effet souvent des montants considérables des deux côtés. « Certains parlementaires se font l’écho de ces critiques, observe Emmanuel Leprince, délégué général du comité Richelieu, mais ils se trompent de cible : la véritable erreur, c’est de réduire en faveur du CIR la dotation d’Oséo. » Cette dernière devrait baisser de quelque 40 % cette année. J. R. Le crédit d’impôt recherche Le crédit d’impôt recherche permet à l’entreprise de déduire une partie de ses dépenses de recherche de l’impôt sur les bénéfices qu’elle doit. C’est comme si l’Etat payait cette partie de la recherche. Le pourcentage est variable selon la taille de l’entreprise et son ancienneté notamment. Les conditions sont assez strictes et nombreuses. Hors plan de relance, seules les jeunes entreprises qui ne font pas encore de bénéfice et n’ont pas encore d’impôt à acquitter peuvent bénéficier de la restitution immédiate de ce crédit. LES ECHOS MARDI 3 FÉVRIER 2009 SPÉCIAL ENTREPRENEURS 17 FINANCEMENT Capital-risque : la fin de l’âge d’or Les fonds ont injecté plus de 508 millions d’euros dans les jeunes pousses françaises l’an dernier, soit une baisse de 20 %. La diversification est plus que jamais à l’ordre du jour. Y aura-t-il pénurie des capitaux octroyés aux jeunes entreprises par les fonds d’investissement en 2009 ? Difficile àdire, si l’on se base sur les données de l’an passé. Mais une chose est certaine : l’heure n’est pas à l’euphorie. Plus que jamais, sur fond de morosité économique, les capitalrisqueurs avancent avec prudence. En atteste le niveau de leur soutien aux jeunes pousses françaises en 2008. Selon les tout derniers relevés de « Capital Finance » (groupe « Les Echos »), ils leurs ont alloué plus de 508 millions d’euros, tous secteurs et stades de financement confondus. Mis en rapport avec le bilande2007(635millionsd’euros), ce chiffre est sans appel : il fait état d’une contraction de 20 %. Une nouvelle dégradation, en somme, après celle de près de 6 % constatée entre 2006 et 2007. De quoi déstabiliser,une fois encore, la population des investisseurs en capital-risque. Celle-ci, on s’en souvient, avait été mise à mal par l’explosion de la bulle Internet, en 2001… Et après une accalmie de courte durée, elle doit soutenir des entreprises par naturefragiles et,en prime, souvent en première ligne d’une crise économique sans précédent. Et d’ailleurs, nombre de ces financiers en témoignent : leur mé- Les secteurs financés en France en 2008 Répartition des tours de table... ... en nombre de transactions Secteur d’activité Total reçu, en millions d’euros Biotechnologies Logiciels et informatique Electronique 123,3 83,8 Parts des montants collectés, en % 25 % 17 % ... et en montants alloués, en millions d’euros Total : 139 Total : 504,315 Amorçage Amorçage P.i.p.e. Spin-off 72 14 % 4e et plus Internet 68,6 13 % 3e Energie, environnement 64,7 13 % Autres 96 18 % Total 508,4 100 % 4,085 1er 4e et plus 1 6 1er 6 5 48,2 3e 9 54,3 147,155 71 2e 41 2e 250,575 « Les Echos » / Source : « Capital Finance » Les capital-risqueurs cherchent à renouveler leur sous-jacent. Plus d’une transaction sur deux s’est conclue à l’occasion d’une première ouverture de capital. tier est devenu d’une rare complexité. Ils éprouvent les pires difficultés à lever des capitaux auprès des institutionnels, depuis déjà quelques mois. Et ce d’autant que leurs performances propres pâtissentd’uneraréfactiondescessionsà des industriels et des introductions en Bourse. Depuis l’été dernier, seuls trois d’entre eux ont signé une collecte : Serena Capital, constitué par une équipe issue de la Société Générale, a obtenu une première enveloppe de 90 millions d’euros, tandis que Sofinnova Partners, le « doyen » des fonds français, en faisait de même pour son sixième véhicule, à 205 millions. Quant à Emertec Gestion, spécifiquement dédiéàl’amorçage,iltotalise60millions pour son quatrième fonds. Pour autant, le tableau n’est pas aussi sombre qu’il y paraît… 123 millions pour les biotechs En y regardant de plus près, il est clair que les capital-risqueurs œuvrent sur des fondamentaux plus solides qu’aux folles heures de l’Internet naissant. En multipliant les secteurs financés, notamment. Premier d’entre eux à s’être distingué en 2008, en valeur : les biotechnologies. Plus de 123 millions lui ont été destinés, soit un quart du total alloué dans l’Hexagone. Rien d’étonnantàcela,puisquecinqdesdixplus gros tours de table recensés l’an dernier concernaient cette activité. Endotis Pharma, doté de 25 millions d’euros, décroche même la palmed’or detous lestours enregis- trés. Dans le palmarès des secteurs viennent ensuite les éditeurs de logiciels et les prestataires de services informatiques (17 % des montants), devant l’électronique (14 %). En outre, Internet confirme son attrait retrouvé, talonné de près par un nouveau domaine, de plus en plus choyé par les fonds : l’énergie et l’environnement. D’ailleurs, deux PME de cettebranchesontparvenuesàfigurer parmi les cinq sociétés les mieux pourvues en 2008 : le producteur d’énergie alternative Solaire Direct, crédité de 20 millions d’euros, et le bureau d’études pour l’éolien Valorem, doté de 16 millions. Autre facteur positif du moment : l’ardeur dont les fonds ont fait preuve pour dénicher des nouvelles cibles d’investissement. En période de crise, d’ordinaire, ils « chouchoutent » leur portefeuille existant et consacrent aux entreprises dans lesquelles ils sont déjà, parfois contraints et forcés, l’essentiel de leur obole. Cependant, depuis 2006, ils ont à cœur de renouveler le sousjacent. Ainsi, plus d’une transaction sur deux s’est conclue à l’occasion d’une première ouverture de capital. Y compris en 2008, où elles ont encore dominé le panorama, devant 41 deuxièmes tours (29 %). A noter également un « spin-off » remarqué, celui de Sagem Communications, financé parSofinnova, et six financements destinés à des sociétés cotées (« private investment in public equity », ou « PIPE »). Lepanorama diffère légèrement, à l’étude des sommes accordées par stade de développement. Cette fois, les deuxièmes augmentations de capital ont dominé l’année 2008, avec près de 50 % des sommes. Mais cela n’entache pas réellement l’ampleur des premiers tours, lesquels comptent pour environ 30 %. FRANCK MOULINS Les experts-comptables aiment l’audace… mais avec rigueur. Ils cultivent les idées différentes et créatives… mais avec raison ; ils considèrent le non-conformisme comme un état d’esprit favorable au développement des affaires. La performance et l’efficacité sont leur credo ! Premiers partenaires des chefs d’entreprise, Tous droits réservés − Les Echos − 2009 ils sont au cœur de l’économie d’aujourd’hui et de demain. EXPERTS-COMPTABLES www.experts-comptables.fr SPÉCIAL ENTREPRENEURS 18 LES ECHOS MARDI 3 FÉVRIER 2009 Pas de crise pour l’autoentreprise En créant le statut d’autoentrepreneur, la loi pour la modernisation de l’économie a suscité un vif intérêt chez de nombreux Français. Cependant, d’autres structures existent, peut-être mieux adaptées pour certains. Analyse comparée des différents dispositifs existants. Tous droits réservés − Les Echos − 2009 Mais comme père de famille, il devra mettre à plat les diverses formes de protection sociale dont il dispose pour lui et pour ses proches. Les couvertures retraite, chômage et santé d’un indépendant ne sont pas les mêmes que celles d’un salarié. Il faut le savoir avant d’entamer le grand saut. Enfin, au regard de l’impôt sur le revenu, les conséquences sont loin d’être neutres. Or dans cette affaire d’entrepreneur, le but est bien d’être gagnant. A tous les points de vue, humain mais aussi financier. Pour se donner le maximum de chances de réussite, il faut embarquer dans le véhicule le mieux adapté à la route. mestre la TVA encaissée. Ensuite, de nouveaux contacts vont se nouer avec l’administration fiscale. Il se révèle en effet plus avantageux d’opter pour l’impôt sur les sociétés. C’est donc un autre service que l’impôt sur le revenu. Pour le créateur d’EURL, l’avantage de l’impôt sur les sociétés apparaît nettement au moment de se faire payer. En sa qualité de gérant, il peut se fixer une rémunération forfaitaire. Attention, son montant doit rester raisonnable. L’usage veut qu’elle ne doit pas excéder un quart du chiffre d’affaires réalisé. En contrepartie, ces émoluments sont nets de cotisations sociales pour le bénéficiaire et ils figurent dans la colonne charges de l’entreprise. Pour compléter sa rémunération, l’indépendant se fait généralement payer en dividendes. Mais attention à ne pas en abuser : le législateur veille ! D’aucuns avaient dû se livrer à de petits arrangements avec les charges sociales : ils cotisaient peu mais, le jour venu, ils en profitaient largement. Du coup, lors du vote de la loi de Finances pour 2009, un certain nombre de parlementaires ont considéré que les dividendes étant des éléments de la rémunération, ils devaient être soumis aux charges salariales. Ce qui correspond à une amputation de leur montant de près de 35 %. Finalement, le couperet a été à demi clément : il ne concerne cette année que les activités libérales réglementées (médecins, avocats, professions de santé). Mais un précédent a été créé. D’ici à ce que la sentence s’élargisse l’an prochain aux activités de consultants, il n’y a qu’un pas. Méfiance, donc, maintenant. 1. Du rêve à la réalité de l’entreprise bonsaï L’art du jardinage miniature permet de faire pousser un chêne ou un séquoia dans son appartement. De la même manière, avec l’autoentreprise, il est désormais possible de devenir un manager à partir de son domicile. Nul besoin de s’acquitter des prestations d’un expert-comptable, ni de se doter d’une domiciliation commerciale spécifique. Il n’est pas non plus obligatoire de s’inscrire au registre du commerce. Pour donner un acte de naissance à son affaire, il suffit d’une déclaration par Internet au CFE (Centre de formalités des entreprises), via le site www.lautoentrepreneur.fr. Mais, surtout, le particulier qui opte pour cette formule peut commencer à travailler sereinement et à percevoir ses premières factures. Il peut être sûr de ne pas voir sa boîte aux lettres immédiatement encombrée de courrier des Urssaf, de la Cipav et de la RSI. Autrement dit, les trois organismes auxquels doivent obligatoirement cotiser les travailleurs indépendants, afin de financer leur protection sociale, notamment la maladie et la retraite. Ici, en matière de paperasserie, l’autoentreprise se rapproche davantage des facilités mises en place avec le chèque emploi service universel. Un organisme extérieur se charge de faire le comptable. L’autoentrepreneur n’a pas non plus à se compliquer la vie avec la TVA puisqu’il en est exonéré. Tous ces aspects sont détaillés ci-contre dans l’article : « L’autoentreprise, pour qui, pourquoi ? » Mais d’emblée, dans le salon salle-à-manger qui lui sert de bureau directorial, l’autoentrepreneur doit prendre le temps de réfléchir à l’activité qu’il entend développer. Car ce n’est pas le tout de vouloir créer sa structure pour améliorer ses fins de mois. Encore faut-il avoir quelque chose à proposer. Cette étape essentielle réclame une introspection : quels sont mes domaines d’excellence et en quoi peuvent-ils intéresser le marché ? Quand on se lance en solitaire, il ne faut pas se mettre en concurrence avec de grosses structures, dont les équipes commerciales viendraient vous écraser comme un insecte. Il faut trouver une niche, à valeur ajoutée, susceptible de procurer des revenus pérennes. A l’inverse, si le marché se révèle porteur, le cadre bien délimité de l’autoentreprise peut rapidement trouver ses limites. Pour une activité commerciale, il faut réaliser moins de 80.000 euros de chiffre d’affaires, net des 3. Monter en puissance avec la SAS ou la SCM Photononstop A ce niveau-là, ce n’est plus un simple engouement, c’est un phénomène de société. Plus de 30.000 Français sont d’ores et déjà devenus autoentrepreneurs, selon le secrétariat d’Etat au Commerce, à l’Artisanat et aux PME. Rarement une mesure n’avait suscité autant de commentaires, avant même son entrée en vigueur ! Un exemple parmi tant d’autres, celui de ce retraité perpignanais de soixante-seize ans qui, à la veille de Noël, appelle « Les Echos ». Il voulait préciser certains détails. Question un peu gênée : « C’est pour un de vos enfants, ou petitsenfants ? » « Non, c’est pour moi ! Il se trouve que dans ma vie professionnelle, j’ai été très impliqué, dans le monde associatif, politique, économique, sportif, culturel. Je suis souvent sollicité pour prononcer des conférences. Il n’y a pas de raisons que je ne sois pas rémunéré. Je me dis qu’avec ce statut, je pourrais produire une facture. » En 2008, la nuit du 4 août dernier aura été aussi révolutionnaire que celle de 1789 qui abolissait les privilèges. Elle a vu le vote de la loi de modernisation de l’économie. Or ce texte fourre-tout porte en germe de véritables bouleversements sociologiques. Notamment avec son ambition de réconcilier les Français avec les entrepreneurs. Oui ! Avec ceux-là mêmes que l’imagerie populaire présente encore souvent sous les traits d’un personnage désagréable, au pire voyou, au mieux profiteur. Pour effacer les idées reçues, le législateur n’a pas lésiné sur les moyens. Comme le note Danielle Depaepe, expert-comptable, « pas moins de 54 articles de la loi LME sont consacrés à ce sujet. De toute évidence, le législateur a voulu créer une génération d’entrepreneurs en herbe ». En tout cas, les particuliers visés ont capté le message. Salariés bridés dans l’évolution de leur rémunération, chômeurs résolus à créer leur propre emploi, retraités désireux d’améliorer l’ordinaire de leur pension, une diversité de Français ont réalisé qu’une page de la protection sociale se tournait. A leurs yeux, l’Etat providence ne pourra plus subvenir à tous leurs besoins. Ils ont donc décidé de se prendre en main. Mais au regard de l’évolution des marchés boursiers, ils ont aussi compris que pour financer l’appoint nécessaire à leur vie quotidienne, mieux vaudra désormais compter sur les revenus du travail plutôt que ceux de l’épargne financière. La solution de l’autoentrepreneur est donc tombée à point nommé. Pour autant, peut-elle répondre à toutes les situations ? Il appartient à chacun de le vérifier, en fonction de l’ambition de son projet d’entreprise et des limites de rémunération prévues par le nouveau texte (voir cicontre). Si la réponse n’apparaît pas satisfaisante, il existe d’autres solutions. Le catalogue des statuts juridiques est vaste : en treprise u niperso nnelle, SARL à 1 euro de capital, comme l’avait instituée en 2003 la loi Dutreil, voire SAS (société par actions simplifiée) ou SCM (société civile de moyens). Ces schémas doivent être analysés du point de vue de l’entrepreneur, bien sûr, mais aussi de l’assuré social et du contribuable. En effet, nous sommes tous potentiellement ces trois personnages à la fois. Le futur manager devra évaluer le potentiel de développement de son activité. Avec l’autoentreprise, il est désormais possible de devenir un manager à partir de chez soi. Nul besoin de s’acquitter des prestations d’un expert-comptable, ni de se doter d’une domiciliation commerciale spécifique. prélèvements sociaux. Le chiffre à prendre en compte est donc bien le montant exact des facturations envoyées aux clients. Pour les prestations de services et les activités de conseil, le plafond est fixé à moins de 32.000 euros. Certes, ces montants sont évolutifs. C’est-à-dire qu’ils seront actualisés chaque année, un peu comme le fait le législateur avec le barème de l’impôt sur le revenu. Il n’empêche, pour certaines activités, dès lors qu’elles rencontreront un début de succès, ces toises seront vite enfoncées. Or on ne bride pas naturellement la croissance d’une entreprise comme un passionné de bonsaï le fait avec ses arbres. Autrement dit, il faut envisager la perspective que le chiffre d’affaires dépasse ces seuils. La loi LME l’a bien prévu. L’autoentrepreneur sort de son régime fiscal à partir du premier jour du mois de dépassement des seuils de chiffre d’affaires indiqués plus haut. Ses revenus seront alors imposés selon un régime réel d’imposition, comme s’il entrait dans la cour des plus grands, celle des travailleurs indépendants. Si son activité est soumise à la TVA, la récupération de la taxe sur les achats de biens et de services devient alors possible. Par symétrie, il peut aussi facturer cette même TVA aux clients. Du point de vue des cotisations sociales, le régime spécifique à l’autoentrepreneur s’appliquera jusqu’au 31 décembre de l’année en cours. Puis, les cotisations sociales seront calculées à partir du 1er janvier suivant, selon les règles de droit commun du régime des travailleurs non salariés. C’est pourquoi, si l’on est intéressé par la nouveauté introduite par la loi LME, il convient d’avoir déjà en tête ce qui se passera le jour d’après le franchissemen t d es seuils, lorsque le bébé aura grandi. 2. L’indépendance relative de l’entreprise unipersonnelle Dans la pratique, il est même possible que des autoentrepreneurs trouvent rapidement plus judicieux de passer au statut d’indépendant. En effet, comment préjuger des réactions des clients qui ne verront pas figurer de TVA sur les factures ? Certes, ces interlocuteurs ne seront en aucun cas lésés de ne pas voir figurer de taxe. Mais on ne balaie pas d’un trait de plume des années d’habitudes bien ancrées. Si l’obtention d’un bon client se paie au prix d’un changement de statut, cela peut en valoir la peine. Paris vaut bien une messe ! De même, sans qu’il n’y ait là aucune obligation, il est vivement recommandé d’ouvrir un compte bancaire spécifique pour son autoentreprise. Oui, mais, les banquiers accepterontils d’héberger dans leurs agences de tels nouveaux interlocuteurs hybrides ? Ils ont déjà eu tellement de mal à intégrer l’existence des SARL à 1 euro ! Tous ces blocages sont d’ordre psychologique. Toutefois comme on ne change pas les mentalités par décret, mieux vaut le savoir et contourner d’emblée l’obstacle. Dans la pratique, la solution peut résider dans l’EURL (entreprise unipersonnelle à responsabilité limitée). Plus précisément, il s’agit d’une SARL dans laquelle la totalité des parts sociales est détenue par un associé unique. Ici, point de plafond de chiffre d’affaires, mais il faut accepter l’idée de se colleter avec la paperasserie. D’abord, un certain nombre de cotisations sociales sont obligatoires. Il faut s’habituer à de nouveaux interlocuteurs (assurance sociale des indépendants, caisse spécifique de retraite, Urssaf). Il ne faut pas non plus oublier de reverser chaque tri- Et puis, comme on n’est jamais à l’abri d’une bonne nouvelle, il se peut fort bien que le projet initial grandisse encore et encore. S’il s’agit d’une entreprise de services, la structure la mieux adaptée réside dans la SAS (société par actions simplifiée) doublée d’une SCM (société civile de moyens). Les associés y disposent d’une grande souplesse pour rédiger les statuts selon leurs desiderata. Certes, il faut déjà atteind re une bo nn e taille, puisqu’elle né ce ssi te 37.000 euros de capital et la nomination d’un commissaire aux comptes. Mais il ne faut jamais insulter l’avenir. Cependant, tout le monde n’a pas envie de travailler avec des associés. Les entrepreneurs au tempérament solitaire seront alors bien inspirés de rester en EURL, quitte à se rapprocher d’autres confrères qui partagent le même état d’esprit, afin de partager certaines charges et réaliser ainsi des économies. La SCM, société civile de moyens, le permet. Chaque associé reste indépendant dans son activité. Cette structure offre en outre l’avantage de dresser une muraille entre le patrimoine professionnel de l’entrepreneur et ses avoirs personnels, d’après un expert auprès des entreprises artisanales. En cas de grosses difficultés, les créanciers ne pourront se payer que sur la SCM et non pas sur les biens propres du dirigeant. Une garantie précieuse en ces temps qui promettent de rester difficiles un bon moment. FRANÇOIS LE BRUN LES ECHOS MARDI 3 FÉVRIER 2009 SPÉCIAL ENTREPRENEURS 19 Un nouveau statut : pour qui, pourquoi ? Tous droits réservés − Les Echos − 2009 Tous les Français sont concernés : le jeune, même mineur, si la loi l’autorise à exercer l’activité concernée, et le senior ; l’actif et l’inactif ; le salarié du privé mais aussi le fonctionnaire ; le mari et la femme au sein d’un même foyer fiscal. Ainsi les collaborateurs des entreprises ont le droit de devenir autoentrepreneurs, mais à deux conditions : ils doivent exercer leur seconde vie professionnelle en dehors de leurs horaires de travail. Et puis leur activité ne doit pas les amener à démarcher les clients de leur employeur sans l’accord de ce dernier ! Les fonctionnaires aussi sont les bienvenus. Ils sont pourtant soumis à une règle leur interdisant d’exercer une activité privée lucrative, de manière à préserver le fonctionnement normal du service public. La nouvelle loi les autorise cependant à déroger à cette règle. Si l’agent public exerce à temps plein ou à temps partiel, il jouit du libre choix de sa quotité de temps de travail. Sa demande de cumul est simplement soumise à autorisation de la part de son administration. Pour les activités suivantes : expertises ou consultations, enseignements ou formations, travaux effectués chez des particuliers, l’agent public, qu’il soit à temps plein ou partiel, peut les exercer sous statut d’autoentrepreneur, sans limitation a priori dans le temps. A noter cependant que, dans tous les cas, l’administration peut s’opposer à la poursuite de l’activité d’autoentrepreneur s’il s’avère que celle-ci perturbe le fonctionnement normal du service ou porte atteinte à la dignité des fonctions exercées par l’agent dans l’administration. Les retraités sont également invités à reprendre du service. Et cela sans limitation de durée. Simplement, ils seront soumis à cotisations sociales comme tout le monde, dont une proportion ira au financement des retraites. Même si en ce qui les concerne, leurs versements ne leur procureront aucun droit supplémentaire. Attention aussi pour les anciens entrepreneurs : la reprise d’une nouvelle activité non salariée en tant qu’auto-entrepreneur devrait avoir des incidences sur le versement de leur pension de retraite. Les demandeurs d’emploi sont aussi les premiers visés par la nouvelle loi. Ils pourront notamment percevoir les aides à la création d’entreprise des Assedic tout en étant auto-entrepreneurs. Cependant, des précisions doivent encore être apportées au sujet du mode de calcul du revenu professionnel retenu pour calculer le montant des allocations chômage maintenues. x Pour faire quoi ? Attention, tous les métiers ne sont pas permis Il ne suffit pas d’avoir trouvé une bonne idée de business. Encore faut-il qu’elle soit compatible avec la loi. Or celle-ci exclut du régime fiscal de la micro-entreprise les activités relevant de la TVA agricole. Avant de se lancer dans la production-commercialisation de fromages de chèvre ou de foie gras, il conviendra donc de se renseigner. Sont aussi interdites les activités de location de matériels et biens de consommation durable. Le plaisancier qui voulait mettre de temps à autre son voilier en location devra donc trouver un autre statut. Egalement exclues les activités ressortissant de la TVA immobilière, comme les locations d’immeubles nus à usage professionnel. A la liste des interdictions, il convient d’ajouter la production littéraire scientifique ou artistique, de même que la pratique de sports, du moins lorsque les bénéficiaires ont opté pour une imposition sur la base d’une moyenne des bénéfices des quatre années précédentes. De même, dans l’état actuel de la législation, le nouveau régime micro-social ne peut pas s’appliquer aux professions libérales. Mais un projet de loi devrait permettre de remédier très prochainement à cette situation. De même, les vendeurs à domicile et les artistes auteurs sont exclus du dispositif, car ils bénéficient de régimes particuliers. En revanche, tout ce qui n’est pas expressément interdit est autorisé. Parmi les activités les plus souvent citées en exemple : les loueurs de chambres d’hôte, les traducteurs, les formateurs indépendants, les conducteurs de personnes dans le cadre des services à la personne. A noter que tous ces nouveaux métiers de proximité pourront être rémunérés par des chèques emploi service universel. Il suffira d’avoir été agréé auparavant par une Direction départementale de l’emploi et de la formation professionnelle. L’auto-entrepreneur interviendra bien en tant que prestataire de services et non en qualité de salarié du particulier bénéficiaire. x Où ? Le « siège social » est à la maison. x Quand ? Dès l’inscription sur le site www.lautoentrepreneur.fr Une déclaration suffit. Inutile de s’immatriculer au registre du commerce et des sociétés ou au répertoire des métiers. Une inscription sur le site en ligne www.lautoentrepreneur.fr permet de commencer son activité dès le lendemain. La même démarche vaut en sens inverse : dès que le particulier souhaite interrompre son activité, il met un point final en cliquant également sur le site. Dès lors, il peut facturer et trouvera un modèle type de facture sur le site. x Comment ? Un seul prélèvement social… Chaque mois, ou chaque trimestre, à son choix, l’auto-entrepreneur devra s’acquitter d’un seul prélèvement équivalent à 12 % de son chiffre d’affaires pour toute activité commerciale, 21,3 % pour une activité de prestation relevant des bénéfices industriels et commerciaux ou à 18,3 % pour les activités de services. Concrètement, il convient de remplir « un livre chronologique des recettes » pour enregistrer les ventes effectuées et, pour les commerçants, de remplir un « livre des achats ». S’il ne réalise aucun chiffre d’affaires, l’autoentrepreneur ne paiera aucune charge. Lorsqu’il cesse son activité, cela ne coûte rien non plus ; Dès lors, l’auto-entrepreneur est affilié à la Sécurité sociale et il peut valider des trimestres de retraite. Il bénéficiera de la couverture assurance-maladie dès le premier euro de chiffre d’affaires. Il s’acquitte forfaitairement de ses charges sociales uniquement sur ce qu’il encaisse. La déclaration de charges peut s’effectuer par Internet, toujours sur le site officiel www.lautoentrepreneur.fr … et une case à remplir dans sa déclaration de revenus En tant qu’autoentrepreneur, le contribuable relève de la microentreprise. Il ne facture donc pas de TVA et il est soumis à l’impôt sur le revenu. Il peut choisir entre deux modes d’imposition : − le calcul et le paiement de l’impôt l’année qui suit la réalisation du bénéfice ; − ou bien le nouveau régime micro-fiscal simplifié (versement libératoire de l’impôt sur le revenu), qui, en outre, exonère l’entreprise de taxe professionnelle durant ses trois premières années d’existence. En ce cas, chaque mois ou chaque trimestre, il faudra s’acquitter de l’impôt sur le revenu, suivant un montant correspondant aux recettes encaissées durant la période. Il sera de 1 % s’il s’agit d’une activité commerciale ; 1,7 % en cas d’activité de BIC ; 2,2 % pour les prestations de services. Pour y prétendre, il faut avoir un revenu fiscal de référence n’excédant pas 25.195 euros par part de quotient familial (ce plafond n’interdit pas de bénéficier du dispositif en matière de charges sociales). L’option pour ce versement libératoire devra figurer sur la déclaration de création au CFE. F. L. B. Autoentrepreneur : l’arme anti-crise ? Le nouveau statut simplifié de création d’entreprise a été lancé le 1er janvier 2009 par le secrétaire d’Etat chargé du Commerce, de l’Artisanat, des Petites et Moyennes entreprises. l Quel bilan pour le premier mois ? l A quelle situation ce statut est-il adapté ? l Quels sont ses avantages et ses inconvénients ? Photononstop x Qui ? Nous sommes presque tous des autoentrepreneurs potentiels Actifs ou inactifs, jeunes ou seniors, tous les Français sont concernés. i Retrouvez le compte-rendu de notre chat avec Hervé Novelli sur www.lesechos.fr