Vaincre l`incertitude : réduire l`effet coup de fouet* sur les Supply
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Vaincre l`incertitude : réduire l`effet coup de fouet* sur les Supply
Logistique & Management Vaincre l’incertitude : réduire l’effet coup de fouet* sur les Supply Chains Rachel MASON-JONES, Denis R. TOWILL Logistics Systems Dynamics Group, Cardiff University Toutes les chaînes logistiques souffrent des effets de l’incertitude. Un des symptômes les plus documentés (et les plus douloureux) est l’amplification de la variation de la demande amont connu sous le nom d’effet coup de fouet. Nous sommes convaincus que les entreprises qui maîtrisent l’incertitude grâce à une véritable stratégie Supply Chain ont toutes les chances d’être très performantes sur le plan international. L’incertitude revêt de nombreuses formes mais, au sein d’une Supply Chain, elle concerne principalement quatre grands domaines : l’approvisionnement (supply side), le processus de fabrication, le contrôle des processus et la distribution (demand side). Ces domaines, une fois réunis, forment le cercle de l’incertitude. Il est manifeste que l’incertitude dans chacun des quarts de cercle doit être réduite pour maximiser l’avantage concurrentiel et par conséquent les parts de marché. Cet article propose donc un ensemble d’actions, qui réduiront l’incertitude de la Supply Chain provoquée par l’amplification de la variation de la demande (ou l’effet coup de fouet) indépendamment de la source. La méthodologie utilisée s’applique à tout type de chaîne logistique. Introduction Afin de protéger leurs parts de marché et d’assurer leur pérennité, les entreprises doivent satisfaire la demande future de leur client. Une erreur de prévisions peut mener à l’incapacité de fournir les clients, ce qui a non seulement comme conséquence une perte de vente à ce moment précis mais peut avoir un impact sur de futures ventes en raison d’une perte de confiance du consommateur. La prévision est un processus prédictif qui est par nature un élément d’incertitude. La fiabilité de la prévision peut cependant être améliorée en réduisant l’incertitude de la chaîne logistique notamment par la réduction des temps de cycle. Nous croyons que les entreprises qui comprennent et combattent l’incertitude peuvent optimiser leur potentiel de prévisions et sont en meilleure position pour parvenir à plus de performance sur le plan mondial. Vol. 7 – N°1, 1999 Les entreprises capables de concevoir des stratégies intégrant la présence de l’incertitude et de mettre en œuvre des mécanismes pro-actifs pour la combattre sont récompensées par la perspective d’élaborer de meilleures pratiques bien avant les concurrents dont les réponses sont purement réactives. Une grande part de l’incertitude est inhérente au système et amplifiée par l’effet coup de fouet, le marché n’ayant pas d’influence sur elle. Par conséquent la meilleure façon de faire face à l’incertitude est de tout mettre en oeuvre pour la réduire. Le but final est une chaîne logistique sans rupture (Seamless Supply Chain) où tous les acteurs ne font qu’un [1]. Ainsi, cette Supply Chain gagnera des parts de marché pour le bien de tous les acteurs de la chaîne. Afin de comprendre les problèmes posés par l’incertitude, considérons l’exemple d’une (*) NDT : bullwhip effect. 7 Logistique & Management Fig. 1 - Simple Generic Model of the Causes of Uncertainty in the Product Delivery Process entreprise dont le processus de livraison de produit consiste à fournir les produits en réponse à une commande du client le plus proche. Or la position du client immédiat dépend de notre position dans la chaîne. Si nous sommes un OEM (original equipment manufacturer), notre client immédiat est normalement un distributeur, mais si nous sommes un constructeur de cartes électroniques, notre client est un sous-ensemblier de produits électroniques. Nous verrons plus tard que, dans “la chaîne logistique traditionnelle”, l’incertitude est fonction de l’éloignement du marché final. Plus nous sommes en amont, plus important sera l’effet coup de fouet. Plusieurs facteurs contribuent à l’incertitude de la chaîne logistique, toutefois la principale origine de l’effet coup de fouet identifiée par Lee et al. [2] est l’impact de l’information sur le mouvement d’amplification et de distorsion de la commande au fur et à mesure que l’onde se propage en amont. Fig. 2- Shrinking the Supply Chain Uncertainty Circle - The Key to Enhanced Performance. 8 Indépendamment de notre position dans la chaîne, le problème d’incertitude du processus de livraison peut être simplifié et schématisé (voir figure 1). Elle propose un schéma simple (qui se décompose en différentes tâches) géré par le système de pilotage. L’entreprise répond à notre client immédiat (demand side). À leur tour nos stocks sont réapprovisionnés en produits, composants, et sous-ensembles par divers fournisseurs (supply side). Nous considérons que la réduction de l’incertitude est réalisée par la compréhension et la prise en compte des causes inhérentes à chacune des quatre zones du schéma 1. Le but de cet article est de démontrer qu’une approche holistique du management de la Supply Chain basé sur ce modèle générique a beaucoup à offrir en utilisant le cercle d’incertitude comme modèle d’amélioration de la performance. Réduire le cercle d’incertitude Les facteurs principaux d’incertitude de la production (notre processus à valeur ajoutée) : supply side controls and demand side peuvent être représentés par les quatre segments fondamentaux du cercle d’incertitude du processus de livraison [3]. La figure 2 (A) montre qu’ils sont d’égale importance. Que fait la direction pour réduire l’incertitude ? Deux décisions sont normalement prises, parfois séquentiellement, parfois concurremment. Premièrement, elle tente d’améliorer la performance du processus à valeur ajoutée en réduisant des délais d’exécution et en améliorant la qualité grâce à une démarche “au plus juste” [4]. Deuxièmement, elle travaille plus étroitement avec les fournisseurs, de préférence par l’intermédiaire d’un programme de partenariat. Elle compte ainsi améliorer considérablement la qualité de fournisseur, réduire les délais d’exécution du fournisseur et mettre en place des processus de livraison de sorte que la production JIT puisse s’appliquer. Les entreprises qui ont pris ces mesures (souvent à grand renfort d’argent, de temps et d’énergie) constatent malheureusement qu’une substantielle incertitude demeure. La raison en est tout à fait évidente (voir sur la fig. 2) (B), puisque seulement deux des sources d’incertitude ont été réduites, laissant intacts le procédé de contrôle et la demande. Par ailleurs, la direction est ici confrontée à la loi des rendements négatifs. Il est inutile de continuer à presser les fournisseurs et la production pour une meilleure performance quand des gains importants peuvent être réalisés ailleurs dans le système. Vol. 7 – N°1, 1999 Logistique & Management Mais naturellement nous nous sommes jusqu’ici concentrés sur des actions faciles. Il est manifestement beaucoup plus simple de reconfigurer la production, et de changer de fournisseurs que de persuader tous les acteurs de la chaîne de pratiquer sérieusement le Supply Chain Management ! Il est ainsi évident que pour obtenir les améliorations supplémentaires obtenues grâce à la chaîne sans rupture dans fig. 2 (C), nous devons pouvoir démontrer les bénéfices d’un telle politique. Pour ce faire nous ferons une simulation avec des données réelles. L’effet coup de fouet sur les chaînes logistiques traditionnelles Il y a trente ans, Forrester [5] a été le premier à simuler l’amplification des variations de la demande en prenant des exemples concrets de Supply Chains. Ce phénomène est devenu plus connu sous le nom d’effet coup de fouet en raison de l’amplification du phénomène fortement observé en amont de la perturbation. Burbidge [6] a apporté une explication à ce comportement et l’a appelé “loi de dynamique industrielle”. L’effet coup de fouet peut être vu comme une résultante de cette loi. “Si la demande est transmise le long d’une série de stocks en utilisant un contrôle de stock, alors la variation de demande augmentera à chaque transmission.” Ainsi l’amplification de la variation de la demande inhérente aux chaînes logistiques est propre au système et directement affectée par des retards dans la circulation de l’information et des produits et des temps de réponse dans le processus décisionnel. La figure 3 présente un exemple concret. L’exemple de la chaîne du textile a été analysé par Stalk et Hout [7] et montre clairement l’amplification croissante des fluctuations de commande plus elles vont en amont. Au niveau de chaque entreprise dans une chaîne, l’information concernant la commande est sujette à retard, et à déviation avant d’être transférée au fournisseur suivant. Loin de s’annuler, les diverses sources de distorsion de la véritable demande de marché sont au mieux cumulatives et au pire multiplicatrices dans leur effet. Toute incertitude est considérablement magnifiée au fur et à mesure que les commandes sont transmises en amont dans la chaîne. Fréquemment, ceci est aggravé par des acteurs à tous les niveaux qui font une mauvaise évaluation de la commande. Malheureusement, leurs actions sont en décalage par rapport à ce qui est exigé réellement pour Vol. 7 – N°1, 1999 Fig. 3 - Sequential Structure of a “Traditional” Supply Chain Generating the Bullwhip Effect in the Clothing Sector (Based on a Description by Stalk and Hout, 1990). atténuer la forme sinusoïdale de l’amplification. Le résultat est illustré figure 3 où le fabricant de fil en amont doit faire face aux variations de la demande 40 % supérieure à celle du détaillant situé à l’autre extrémité de la chaîne. On a largement analysé l’effet coup de fouet tout en recherchant de nouveaux systèmes logistiques. Il est généralement admis que si la demande peut trouver un moyen de se multiplier alors elle le fera [8]. Ainsi, plus l’acteur est éloigné du consommateur final, moins il est averti de la véritable demande du consommateur et plus il a de chance de se tromper en raison de l’éloignement géographique et temporel. Dans une chaîne traditionnelle, l’approvisionnement en matières premières répondra à une hausse de la demande du consommateur des semaines, peut-être des mois ou même des années après que la pratique d’achat soit apparue pour la première fois dans le marché. Pendant ce temps, le produit sera devenu obsolète avec de grandes quantités de stock passées en pertes et profits à divers points de la chaîne. Des modèles de simulation capables de répondre aux questions “que se passe-t-il si ?” sont un outil valable de configuration de la chaîne logistique [9]. Bien que les observations de Forrester datent du début des années 60, les problèmes posés sont toujours vrais aujourd’hui pour la majorité des chaînes logistiques [10]. Le problème de l’amplification de la variation de la demande et de ses effets dynamiques demeurent, malgré de nombreu- 9 Logistique & Management Fig. 4 - Input-Output diagram summarising the impact of streamlined flow controls on the performance of a company. (Towill [11].) ses recherches et des programmes d’amélioration des systèmes logistiques. L’incertitude persiste, il convient alors d’apprendre à contraindre les effets en développant les stratégies qui la traitent efficacement pour assurer la compétitivité des chaînes. Avant qu’une chaîne logistique puisse réaliser cet objectif, elle doit accepter l’incertitude et s’attaquer à ses causes dans chacun des quartiers du cercle d’incertitude. Aborder l’incertitude dans les deux “pipelines” réduit l’effet coup de fouet. Jay Forrester a, le premier, parlé du concept de “pipeline management” pour décrire le flux contrôlé continu des marchandises par rapport à une demande utilisant l’analogie avec le comportement d’un circuit hydraulique. Il considérait qu’il existait un flux continu de produits dans la chaîne logistique plutôt qu’une série d’opérations sans lien les unes avec les autres. Un bon management de la Supply Chain exige le développement des stratégies sans rupture qui lissent le flux en otant les barrières entre les entreprises. Toutes les chaînes ont deux temps de cycle, le transfert de l’information de la commande se déplaçant en amont du point de vente au fournisseur de matière première et deuxièmement le transfert de produits vers l’aval à partir de la matière première jusqu’au consommateur final. Les flux d’information et de produits apparaissent clairement sur la figure 3. 10 Le cercle d’incertitude (précédemment représenté sur la figure 2) illustre les quatre zones principales où l’incertitude est présente dans une chaîne logistique. Chacun des quatre segments souffre de l’incertitude dans les pipelines de l’information et des produits. Comme indiqué précédemment, beaucoup de chaînes se sont focalisées sur leurs pipelines produits en réduisant l’incertitude interne par des processus d’optimisation de fabrication. Cependant l’information présente toujours beaucoup de possibilités de réduction de l’incertitude. Même si une chaîne logistique tire des bénéfices de l’écoulement sans rupture des produits, son comportement dynamique global par rapport au marché sera encore soumis à l’amplification de la variation de demande si le transfert de l’information n’est pas amélioré. Les entreprises doivent comprendre que l’optimisation seule du flux des produits n’est pas suffisante pour réaliser un avantage concurrentiel soutenable et la différence peut très bien se faire au niveau de la transmission des données de commande vers l’amont. La figure 4 montre un exemple industriel des bons résultats qui peuvent être réalisés en optimisant à la fois le flux d’information et le flux des produits. Initialement présenté par Towill [11] ce schéma est basé sur des données de Goldman [12]. Initialement étudié par Fine [13] le schéma compare les ventes réelles et la configuration de commande imposée au fournisseur amont de machine-outil. À première vue, la dynamique peut venir de deux entreprises séparées par opposition à la réalité de faire partie de la même chaîne logistique. La dynamique de l’information représentée sur la figure 5 illustre clairement l’effet coup de fouet et par conséquent l’incertitude qui s’accumule le long de la chaîne logistique avec pour résultat les oscillations sauvages des courbes de besoins. La variation de la demande de machines outils est si importante que la fermeture de l’usine alternera heures supplémentaires et externalisation. Un moyen sûr d’atténuer l’effet coup de fouet est de réduire l’incertitude provoquée par des données faussées et par conséquent d’atténuer ce comportement d’amplification de la demande. Un achat génère le remplacement d’un produit, le processus de livraison est donc activé par les informations issues des ventes [3]. La vitesse de transmission de l’information est cruciale dans une chaîne performante. À la différence des retards de Vol. 7 – N°1, 1999 Logistique & Management production, qui sont dépendants de matériels technologiques, l’information sur les commandes doit-elle, en théorie, se déplacer à la vitesse de la lumière. Le flux d’information a été reconnu comme essentiel dans le processus de changement, Hammer et Champy [14] l’ont décrit comme le facilitateur du Business Process Reengineering. La vitesse du transfert de l’information a été donc reconnue comme une “commodité” qui, si elle est gérée correctement, peut devenir un véritable avantage concurrentiel. Cependant c’est la qualité de l’information et pas la quantité des données qui est le levier principal. Beaucoup d’entreprises ont découvert à leurs dépends le maigre retour sur investissement de la mise en place de nouvelles technologies de l’information [15]. En les implantant sur des systèmes d’information existants, il y a un risque de transfert plus rapide de mauvaises données - la qualité de l’information ne s’en trouve absolument pas améliorée. Afin d’assurer un comportement dynamique et ainsi réduire l’incertitude, l’information doit être traitée comme un produit pour lequel il convient de redéfinir le contrôle du flux. Pour assurer l’avantage concurrentiel et la performance du bas de bilan, les Supply Chains devraient rechercher les stratégies qui limitent l’effet de l’incertitude dans le transfert des produits et de l’information à travers chacun des quatre segments du cercle d’incertitude. L’optimisation des flux des produits et de l’information rétrécit le cercle Fig. 5 - The Supply Chain Bullwhip Effect in the Machine Tool industry [12] nées qui n’est absolument pas déformée. Par conséquent, en alimentant directement chaque niveau de la chaîne avec ces données de ventes, on s’attaque activement à l’incertitude des commandes. Cet enrichissement est réalisable avec un lien données de ventes à chaque niveau dans la chaîne. Ainsi, plutôt que de passer un ordre de commande en se basant sur les données de ventes internes à la chaîne, on se base sur ce que le consommateur a réellement acheté. Il existe une variété d’outils qui peuvent être utilisés pour améliorer la performance des chaînes dans chaque quartier du cercle de l’incertitude (les principaux sont récapitulés sur la figure 6). Comme on peut le voir, les sources d’incertitude se situant à la fois dans le flux des produits et le flux de l’information, les outils doivent nécessairement traiter les deux flux simultanément. Des stratégies de réduction d’incertitude dans le flux des produits sont largement développées et appliquées dans beaucoup d’industries, une des techniques les plus connue étant le “lean thinking” (le juste nécessaire) [4]. La meilleure façon de réduire l’incertitude dans le flux de l’information concernant les commandes est de transmettre à chacun dans la chaîne logistique l’information la plus à jour et la plus utile. Les données de ventes sont le catalyseur de l’information pour la Supply Chain dans son ensemble, et représentent la source de don- Vol. 7 – N°1, 1999 Fig. 6 - Examples of improvement strategies to reduce Uncertainty in each Quadrant. 11 Logistique & Management Une façon standard de se fixer des points de comparaison pour juger de l’efficacité des nouvelles configurations Supply Chain est d’utiliser des modèles de simulation [16]. Nous utilisons un modèle générique, qui est une représentation éprouvée et testée de la bonne pratique industrielle. Chaque échelon est représenté par des systèmes d’aide à la décision qui tiennent compte des commandes reçues, du travail en cours, des stocks, et des prévisions disponibles. Les échelons sont alors reliés à l’image d’une parfaite Supply Chain. Un exemple d’un modèle générique décrivant la chaîne logistique de l’électronique (Berry et al.) [17] a servi de référence pour diverses études de cas de stratégies. Des points de comparaison pour la conception de la Supply Chain Nous constatons que pour la synthèse il est réaliste d’employer une step demand pour simuler un événement de choc du marché. On observe alors en amont la propagation de l’onde de forme coup de fouet. La raison en est que la réponse fournit une image “extrêmement riche” de la dynamique de la Supply Chain. Par conséquent l’approche adoptée consiste à faire une sélection préliminaire de la meilleure stratégie sur la base de la réponse, et de vérifier ensuite le choix en simulant les perturbations aléatoires et saisonnières [18]. On peut voir tableau 1 un repère output ; les scénarios ont été choisis pour démontrer l’impact de la réduction des temps de cycles et de l’enrichissement de l’information sur l’effet coup de fouet. Pour illustrer l’impact des programmes d’amélioration, on a simulé quatre stratégies. La première, une configuration qui simule une Supply Chain traditionnelle avant toute amélioration. La deuxième simule une stratégie qui vise le flux d’information en permettant à tous les acteurs Table 1 - Comparaison des améliorations de Performance : Réduction du cercle d’incertitude. 12 une vision des ventes réelles. La troisième simule une amélioration du flux des produits en accélérant la vitesse de manière à rendre la chaîne plus réactive. La quatrième stratégie simule l’ensemble du cercle d’incertitude avec une optimisation des flux de produits et d’information. Afin de comparer les diverses stratégies, on applique une méthodologie de classement des diverses configurations. Une échelle linéaire indiquera la meilleure (4 étoiles) et la plus mauvaise (une étoile) configuration au niveau de l’effet coup de fouet. Les autres configurations seront classées sur cette échelle en se référant aux meilleures et plus mauvaises configurations observées pendant la simulation. Si la différence entre les deux conceptions est considérée comme non significative, on donnera aux deux conceptions la même notation d’étoile. Sur le tableau 1, on constate que la réduction de l’incertitude dans chacun des pipelines a un effet positif sur la performance globale de la Supply Chain. L’effet des pipelines de produits et d’information sur le comportement de la Supply Chain est sensiblement différent. L’information est cruciale pour le contrôle de la Supply Chain tandis que l’écoulement des produits impacte directement la vitesse de la réponse. Les bénéfices possibles apparaissent clairement dans le tableau 1. Non seulement l’effet coup de fouet a été réduit sur la Supply Chain mais les temps de réponse ont nettement amélioré la fonction commande et les niveaux de stock. Dans cette configuration particulière, il est clairement avantageux de réduire tous les temps de cycle dans les flux des produits et de mettre en place une politique d’enrichissement de l’information. Exemples industriels de réduction du cercle d’incertitude Un bon exemple d’utilisation d’informations commerciales à partir du consommateur est celui de Wal-Mart (Etats-Unis) et d’un de ses fournisseurs principaux Procter & Gamble. Wal-Mart a littéralement abattu les barrières au partage de l’information et a donné accès à son information consommateur à ses fournisseurs pour leur propre utilisation tactique et stratégique. Etape révolutionnaire dans la nouvelle philosophie de Wal-Mart qui se moque de ce que peuvent apprendre les concurrents à partir du moment où les excellentes relations avec ses fournisseurs ont pour résultat un meilleur service aux clients [19]. Procter & Gamble prend maintenant l’information du consommateur au point de vente Vol. 7 – N°1, 1999 Logistique & Management Wal-Mart et décide quelle quantité il va livrer aux magasins pour satisfaire les demandes. Procter & Gamble est responsable de l’approvisionnement des linéaires grâce à une gestion partagée des approvisionnements (VMI). Cette stratégie présente un double avantage dans la réduction du cercle d’incertitude. Premièrement elle réduit l’incertitude en éliminant des retards d’écoulement des produits et de l’information ; deuxièmement elle réduit l’incertitude en éliminant un point de décision dans la chaîne. Une autre application des principes de réduction du cercle d’incertitude a été analysée par Towill et McCullen. [20]. Elle concerne le re-engineering réalisé dans une Supply Chain de produit mécanique de précision par l’intermédiaire de programmes de réponse rapide et d’intégration de nouvelles technologies de l’information. Les mesures mises en place comprennent la réduction des temps de cycle de fabrication (quart de cercle processus de fabrication) ; en reliant les usines à la demande client (quart de cercle demande) ; une planification plus fréquente et plus rapide (quart de cercle de planification et de contrôle) ; la rationalisation de l’acquisition et de la distribution (quart de cercle approvisionnement) ; et de nouveaux systèmes d’aide à la décision (encore le quart de cercle de planification et de contrôle) pour gérer la réduction des délais. Le tableau 2 résume les améliorations de performance réalisées par l’entreprise en réduisant l’incertitude dans chacun des quatre quarts de cercle d’incertitude. Les résultats enregistrés présentés dans le tableau II comprennent la tendance à la baisse des stocks (réduits de 45% sur une période de cinq ans), et jusqu’ à la réduction de 46% de l’effet coup de fouet. Malheureusement les données ne permettent pas de mettre l’amélioration au crédit de la réponse rapide ou de l’implantation de IT simplement la combinaison des deux donnent des résultats impressionnants. Ils confirment également l’efficacité de notre approche à rétrécir le cercle d’incertitude comme moyen de réduire l’effet coup de fouet sur toute Supply Chain. Conclusion Le cercle d’incertitude est un concept utile d’amélioration de la performance des Supply Chains grâce auquel chaque acteur peut tirer des bénéfices. Alors que les processus d’approvisionnement et de fabrication dépendent directement de l’entreprise, et peuvent être améliorés grâce à des politiques “au plus Vol. 7 – N°1, 1999 SUPPLY CHAIN PERFORMANCE METRIC PRODUCT CODE A Reduction in production demand amplification -45% variability Reduction in central warehouse stock -34% variability B C D E F - 26% -18% -25% -14% -46% -31% -35% +15% -27% -36% (a) Improvement in production orders and central warehouse stock variability. YEAR 1 2 3 4 5 % TOTAL CHANGE 0 -17% -29% -35% -45% (b) Improvement in global inventory. Table 2 - Improved Supply Chain Dynamic Performance Observed Following Implementation of Agile Manufacturing Programme (Towill and McCullen [20]) juste”, les processus de planning et de contrôle exigent des mesures en externe. Les incertitudes dans la livraison de produit liées aux processus de contrôle et de demande peuvent être sensiblement réduites par l’accès aux données du marché. Afin d’obtenir un bon degré de collaboration, des accords de partenariat peuvent être un bon moyen d’y parvenir. Notre approche de réduction du cercle d’incertitude a été démontrée par l’intermédiaire de la simulation et des expériences réelles de Business Process Re-engineering. L’optimum peut être atteint, seulement si les stratégies s’attaquent à l’incertitude dans les deux pipelines produits et information et ce dans les quatre quartiers du cercle. Bibliographie 1. Towill, D. R. “The Seamless Supply Chain-the predators advantage”, International Journal of the Technology of Management Vol. 13, n° 1, 1997, pp. 37-56. 2. Lee H. L, Padmanabhan V. and Whang S. (1997) “Information distortion in a Supply Chain : the Bullwhip effect”, Management Science Vol. 43, n° 4, pp. 546-558. 3. Mason-Jones R. and Towill D. R. (1998) “Shrinking the Supply Chain Uncertainty Circle”, Control Vol. 24, n° 7, pp. 17-23. 4. Womack J., Jones D. T. (1996) “Lean Thinking”, Simon and Schuster. 5. Forrester J. 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