l`architecture traditionnelle en tunisie : l`habitat rural

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l`architecture traditionnelle en tunisie : l`habitat rural
L’ARCHITECTURE TRADITIONNELLE EN TUNISIE : L’HABITAT
RURAL
Naceur Baklouti, inspecteur de l ‘I.N.P. pour la région sud-est.
L'HABITAT RURAL TRADITIONNEL DANS LE SUD TUNISIEN :
Il sera question dans ce papier en guise d'introduction, de la notion de ruralité, puis il
traitera d'une typologie d'habitat traditionnel à caractère semi rural puis d'autres
typologies : celles de l’habitat traditionnel de montagne.
Les notions de rural et de ruralité se définissent traditionnellement par opposition. Ce
qui n'est pas urbain est rural, et la ruralité s'oppose conventionnellement à
l'urbanité. L'habitat rural est soit isolé, soit regroupé ; ce qui a fait dire que le village a
constitué, à l’origine, le noyau de toute l'organisation rurale. Mais ce noyau se
transforme rapidement en noyau urbain, à un point tel que les frontières entre urbain et
rural se présentent comme étant mouvantes, nébuleuses et à la limite peu
significatives. C’est pour cela qu'on a eu recours (en France et en Tunisie) à une
solution administrative par la démarcation les deux modes. Cette solution stipule que
toute agglomération qui compte moins de 2000 habitants est considérée comme
rurale.
Cependant, et s'il est vrai que la ruralité est un mode d’occupation de l'espace, c'est
aussi un mode de vie, caractérisé par un rapport particulier à cet espace.
C'est un comportement vis-à-vis de l'espace, c'est une certaine façon de l`utiliser, de
le vivre.
Et ce qui est vrai pour la ruralité l'est aussi pour l’urbanité ; car celle-ci ne signifie pas
seulement habiter une entité urbaine, ville ou village, elle implique l'adaptation des
modes de vie à cet espace urbain et non le contraire, si bien qu’il est légitime de se
demander si ruralité et urbanité sont bien des notions de géographie ou plutôt des
notions socio-culturelles ou en fait les deux à la fois.
En réalité, monde urbain et monde rural représente une sorte de continuum, cimenté par
un lien de complémentarité qui fait que parfois les frontières s'estompent dans une
sorte de zone franche pour ainsi dire où l'on ne sait plus si on est dans le semi-urbain
où dans le semi-rural : à titre d'exemple l'habitat traditionnel semi-rural de la banlieue de
Sfax.
Dans la banlieue sfaxienne, existent depuis vraisemblablement le XVIIe siècle, des
habitations dont quelques spécimens ont été conservés jusqu'à ce jour, et qui
définissent un habitat traditionnel semi-rural à caractère isolé. II s’agit des borjs
(littéralement forteresse), entourés de vastes vergers, servant de résidences
secondaires d'été, Dès la fin du printemps, les commerçants et artisans sfaxïens
quittaient la chaleur de la ville et partaient s'y installer pendant quelques mois pour
profiter de la fraîcheur de la campagne et des fruits des vergers, en faisant la navette.
De plan généralement curé, le borj est une construction à un étage, présentant de
l’extérieur une silhouette massive, sensiblement allégée toutefois par un dévers des
murs. Pour des raisons apparemment de sécurité, aucune ouverture exceptée la porte
d'entrée n'est aménagée dans le rez-de-chaussée, les ouvertures de 1’etage sont
elles aussi peu nombreuses et se réduisent parfois à de véritables meurtrières. Le premier
niveau comprend une simple travée rectangulaire (west-el-borj), flanquée de part et
d'autre d'une banquette en maçonnerie (jalsa) et d’une unique chambre. Des
escaliers raides et étroits conduisent à l’étage qui reproduit le plan du premier
niveau, avec cette différence que la banquette cède la place à une seconde pièce.
Les travaux domestiques et ménagers ont lieu à l'extérieur, dans des locaux sans
communication avec le borj. Mais si nous allons lus au sud et précisément vers la chaîne de
montagnes des Matmata, peuplées par de vieilles communautés aux traditions villageoises si
originales, nous rencontrons des types d`habitation et des typologies architecturales tout
à fait différentes. Trois formules d'habitat au moins ont prévalu en montagne.
Sur les mamelons du plateau du Dahar versant ouest de la montagne, des maisons à
cour centrale sont construites en dur avec quelquefois une pièce entièrement excavée,
formant un village surplombé au sommet par la mosquée. Dans les couches argilosableuses des collines des Matmata, les maisons troglodytiques creusées en
profondeur ont l'allure d'un puits formant cour, et représentant un habitat isolé. Sur les
flancs abrupts du Jebel Demer, les habitants ont conçu des demeures troglodytiques
latérales suivant un plan en enfilade et occupant des paliers qui suivent les courbes de
niveau. Une partie construite comprenant le vestibule, la cuisine, les latrines, et à
l'étage des silos à grains, précède une courette sur laquelle ouvre une ou plusieurs
pièces creusées dans les couches tendres de la montagne. Une étroite ressere à
provisions occupe le fond de chaque pièce. Ce type d'habitat, organisé en
villages de cime tels que Douiret et Chenini, bien que tombé en désuétude, est
aujourd’hui l'objet d'une patrimonialisation.
maison troglodytique à Matmata
Vue intérieur d’un espace troglodytiques à Matmata
Tamazret, maison à patio
Toiture en élément végétaux (palmier) :Tamazert
proportion d’un espace et le confort climatique. Exp : Tozeur
Interaction homme-milieu, mode construction. Exp : plancher d’une maison à Tozeur.
Habitat construite entièrement en matériaux végétales : Sfax
l’entrée d’une maison à Djerba