Dossier spectacle Buika - Le Trident
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Dossier spectacle Buika - Le Trident
© Omar Ayyashi Buika Théâtre de la Butte le samedi 23 janvier I 20h45 I Musique du monde Ouverture de billetterie 14 novembre Tarif B Saison 2009.2010 Saison 2009.2010 © Omar Ayyashi Buika Chant Buika Piano Ivan Gonzalez Melon Cajon Ramon Escobar Suarez Durée 1h30 1 Trident Buika Née en 1972 en Guinée Equatoriale, Concha Buika a grandi aux côtés d'une communauté gitane sur l'île de Mayorque. Cette nouvelle star du flamenco a une voix remarquable, un mélange de Tina Turner, Lola Flores et Sarah Vaughan. Son mélange soul, jazz et funk avec du flamenco a donné un premier album solo, Mi Niña Lola, véritablement étonnant. Contrairement à ce que pourrait évoquer la pochette de son beau deuxième album, Mi Niña Lola, Buika n’est pas lisse et consensuelle… C’est parce qu’elle prend ses aspérités à bras le corps qu’elle est sensuelle, sans calcul ni minaudage, avec la conviction et l’intelligence des grandes artistes. Alors, on pourrait dire que cette Ibérique d’origine équato-guinéenne a le caractère et la sensualité moite de ses origines, l’expérience urbaine des nuits gitanes de Majorque où elle a fait ses armes dans la rue et qu’elle porte haut les habits rénovés d’un flamenco mâtiné de boléro, tango, jazz ou de soul, avec un beau supplément d’âme... Mais ça ne sonnerait peut-être pas assez pragmatique pour la dame. « Je ne sais pas ce qu’est l’âme ou la soul. Pour moi, le cœur est un muscle, un point c’est tout, et pour tout vous dire au plus profond de mon cœur, il n’y a que du sang ! ». Son sang porte pourtant les marques de l’histoire de ses parents, exilés politiques d’un pays oublié, la Guinée Équatoriale. Mais Buika, elle, est née à Majorque et, comme elle le chante dans New Afro Spanish Generation sur son premier album, elle n’est ni gitane, ni gadjé, ni américaine. Sa voix profonde, mate et brûlée, porte autant les accents des chants africains entendus durant son enfance que des disques de Piaf de sa mère ou des lamentos vibrants déchirant les rues pourries de son quartier. « Pour moi, la qualité de la musique ne dépend pas de la voix, mais de l’histoire qu’elle véhicule, car la voix fluctue avec les circonstances. Ma voix n’est pas spéciale, je ne l’ai pas travaillée car personne ne peut m’apprendre comment chanter. Toutes les voix sont belles si elles disent des sentiments. » Avec des arrangements fins, l’élasticité du jazz et l’énergie brute du blues, une orientation acoustique léchée au piano, contrebasse, guitare et même trompette, sa voix n’en n’exprime que mieux ces belles idées. Son dernier album s’ouvre d’ailleurs sur une pièce maîtresse, Mi Niña Lola : « un hommage à ma grand-mère qui, comme beaucoup de femmes africaines vivant dans un pays africain appartenant aux Européens, a eu une vie si difficile qu’elle n’imaginait pas qu’on puisse lui dédier une chanson. » Ce titre des années 30 lui a été suggéré par le producteur de l’album, le génial Javier Limón, patron du label Casa Limón à qui l’on doit de beaux projets ouvrant de nouvelles perspectives au flamenco (avec Paco De Lucia ou encore Bebo Valdés et Diego El Cigala dans le sublime Lagrimas Negras qui réunit des Gitans et des Cubains). Utopie musicale, clan, maison de disque, studio d’enregistrement ? Il est aussi difficile de définir le label Casa Limón que les étiquettes de ses productions, alors pas étonnant qu’il abrite la belle Buika. Le soin de la production de son dernier disque révèle les petits détails baroques de cette terre de feu musicale qui font que les onze titres continuent de trotter en tête… Enième preuve que le flamenco est une musique qui ne se démode jamais, peut-être car elle porte en elle les blessures de l’histoire (notamment ses rapports ambigüs avec Franco, qui l’avait détourné pour ses besoins de propagande) autant que les cris purs de l’espoir. « Beaucoup de poètes qui fuyaient la répression Franquiste se sont cachés dans les quartiers gitans. C’est là qu’ils ont écrit de sublimes textes flamenco chantés par les Gitans. Le flamenco appartient à quiconque veut le ressentir et le vivre. Moi je chante du cante, ni du flamenco ni de la copla, juste de la musique. » Buika a toujours chanté, dans les jupes de sa mère ou de ses tantes qui la berçaient en Bubis -une langue menacée de disparition au profit du fang en Guinée Equatoriale-, ou dans les rues de Majorque avec les Gitans. « Quand j’avais 16 ans, je chantais et je clappais des mains dans les rues. En rentrant de l’école, on entendait de la musique qui s’échappait des fenêtres, mais aujourd’hui qui ose jouer dans la rue ? J’ai le sentiment qu’au fil de la vie et de l’histoire, on perd cette force juvénile qui fait que, même ignorant, on se sent fort ». Que reste-t-il de la force et de la douceur des seize ans ? semble interroger Ay De Me Primavera, une des compositions de Buika. À cet âge, elle partait à Londres, « sans objectif, ni argent, sans même parler l’anglais », à un moment où elle ne savait pas « où poser ses fesses » et où elle a appris qu’il est possible de « survivre partout ». De cette incandescente adolescence, Buika a gardé la flamme et la beauté. Aujourd’hui, elle peut aussi ajouter à son CV patine et maturité et toujours avec le Duende. Elodie Maillot 2 Trident Buika Niña del Fuego Nouvel album : sortie le 29 mai 2008 (WEA). Dans son troisième album, intitulé Niña de Fuego, Buika se dévoile, à l’instar de la pochette où elle apparaît sans le moindre costume, et met à nu ses sentiments. Buika est née en 1972 à Palma de Majorque, où est installée sa famille originaire de Guinée Equatoriale. Si sa mère lui fait découvrir les grandes voix du jazz, c’est sur les ondes espagnoles qu’elle s’initie et se passionne pour la copla. Après avoir chanté dans les bars et pubs de Majorque et enregistré plusieurs titres (de house), Buika collabore avec La Fura del Baus sur le spectacle Ombra. En 2000, sans qu’elle ne se souvienne précisément comment, ni pour quelle raison, elle débarque à Las Vegas où elle se produit dans des casinos en tant que doublure de Tina Turner et où elle est invitée par Rachelle Ferrell à se produire au club Blue Note. Elle part ensuite à Madrid, où elle enregistre son premier album, dans lequel elle révèle son immense talent de chanteuse. En studio, malgré la pression de quatre producteurs elle reste fidèle à son style très personnel. Mi Niña Lola, son deuxième album produit par Javier Limón, lui ouvre les portes du succès et de la reconnaissance, raflant deux récompenses lors de l’équivalent des Victoires de la Musique en Espagne (Meilleure Production et Meilleur Album de chansons espagnoles) ainsi qu’auprès de la critique allemande. Elle enchaîne sur d’importants festivals, où ses prestations sont saluées tant par la critique que le public qu’elle laisse hors d’haleine. Difficile d’expliquer en une phrase le succès de Buika, mais dès qu’elle se met à chanter elle s’impose comme une artiste hors du commun. Dans son troisième album, intitulé Niña de Fuego (Fille de feu) et de nouveau produit par Javier Limón, Buika affirme ses choix et son talent en revenant sur la copla espagnole et en s’attaquant pour la première fois à la ranchera (genre populaire mexicain tout en signant quelques compositions originales réalisées avec Javier Limón. Dans cet album plein d’amour, Buika évoque ses expériences personnelles, dans les paroles que Javier Limón a écrites spécialement pour elle, ainsi que dans ses propres compositions concoctées au cours de plusieurs nuits blanches sur sa tournée de l’an dernier. On dit que Buika chante la copla espagnole, mais ce n’est pas vrai. Lorsqu’elle s’empare d’une chanson, elle s’imprègne des émotions évoquées et les restitue avec une rare intensité. Parallèlement à La Falsa Moneda ou Niña de Fuego (écrites par Quintero, León et Quiroga, trois grands spécialistes espagnols de copla), Buika interprète Mienteme Bien - une chanson imprégnée de tequila et de sel concoctée par ses soins - toute seule sans mariachi, ni sombrero, mais simplement accompagnée d’Iván « Melon » Lewis au piano. Buika a composé ce titre une nuit, après avoir pleuré toutes les larmes de son corps lorsque Chavela Vargas ne l’a pas invitée à la rejoindre sur scène après l’avoir entendue chanter Ojos Verdes. Volver, Volver, est une chanson populaire mexicaine, de nouveau interprétée sans mariachi, mais seulement accompagnée d’une guitare et de Carlos Sandy à la trompette. En 2007, Buika a été invitée à participer au Festival de Guanajuato au Mexique, où elle a de nouveau croisé Chavela Vargas. Epoustouflée par sa voix après avoir assisté à son concert à l’Auditorium de Mexico, elle la déclare son héritière… sa fille noire… Avec cette chanson, Buika veut rendre hommage à cette grande dame de la chanson au poncho rouge. Javier Limón a composé Culpa Mia que Buika chante avec un rare talent, de ceux qui ne s’enseignent dans aucune école. Árboles De Agua évoque le compositeur espagnol Falla, tandis que No Habra Nadie En El Mundo est une rumba irrésistible. Buika a entendu pour la première fois Volveras à Casa Limón et s’est approprié immédiatement ce titre dès son premier concert à Paris, en y ajoutant une nouvelle intro qui fait désormais partie de la chanson. Elle est accompagnée de Horacio el Negro à la batterie. Les paroles de La Niebla sont signées de David Trueba, tandis que la musique a été composée par Buika. Mentirosa est une autre rumba, évoquant un amour douloureux, composée à Tokyo par Buika, toujours admirablement accompagnée d’Horacio el Negro à la batterie. L’album s’achève en beauté sur Hay En La Luz, un duo (piano & voix) signé Javier Limón. 3 Trident Les extraits de presse Les Inrockuptibles, du 29 juillet au 18 août 2008, Richard Robert La vérité si je chante L’Espagnole Buika pousse un cran plus loin son désir de chanter sans tiédeur ni retenue, dans le plus simple appareil. Dans l’un des bureaux de sa maison de disques, Concha Buika, appuyée contre la rambarde d’une fenêtre, grille une clope en contemplant les mouvements de la ville et la lente disparition du jour. Assise de trois quarts dos, sa chevelure de jais tombant en éclaboussures sur la roche noire de ses épaules, elle nous apparaît comme sur la photo qui orne son nouvel album. La comparaison s’arrête là : sur la pochette de Niña de Fuego, l’Espagnole d’origine guinéenne pose entièrement nue, telle une Vénus africaine sortant du bain. Dans l’un de ces rires carnassiers qui, à intervalles réguliers, viennent dévorer la fin de ses phrases, Buika nous explique qu’elle a préféré se rhabiller pour partir à la rencontre des journalistes. Car c’est dans l’art du chant qu’elle aime avant tout s’exhiber dans le plus simple appareil. « La musique est le dernier endroit où j’ai envie de me travestir et de mentir, dit-elle. Dans la vie, il y a plein de circonstances où je ne trouve pas nécessaire de dire la vérité. Mais quand je chante, je n’ai pas d’autre choix que de me dévoiler. La musique me permet d’accéder à une certaine forme de liberté intérieure, que je chéris par-dessus tout et que je ne pourrais pas atteindre par le biais du mensonge. » Dans d’autres bouches, ces propos passeraient pour une banale profession de foi, entonnée sur l’air mille fois entendu de « Je suis forcément une grande chanteuse, puisque je vous ouvre mon cœur ». Mais il n’y a pas de chantage à la sincérité chez Buika, dont la voix granuleuse et perforante s’est forgée au contact du blues et du flamenco. Il n’y a que la féroce envie de retranscrire, sans retenue ni tiédeur, la flamboyante grandeur d’une vie consumée dans la pleine et juste mesure de l’excès. Pour l’Espagnole, le chant n’est pas plus une profession qu’une thérapie. C’est un usage du monde, dont la nécessité s’est très vite imposée à elle. « Je suis née et j’ai grandi à Majorque mais j’ai reçu une éducation très africaine. Ce qui veut dire que, pour moi, la musique a toujours fait intimement partie de l’existence. En Afrique, l’essentiel n’est pas de chanter bien ou mal, tristement ou joyeusement, mais de pouvoir chanter : car ça signifie simplement que vous êtes en vie. Le chant est aussi un bon moyen d’exprimer ce que les mots de tous les jours ont du mal à cerner. Quand ma grand-mère ne savait pas comment nous dire quelque chose, elle nous le chantait. » Buika affirme qu’enfant, elle aspirait déjà à déborder le cadre du langage courant. Sans se le formuler clairement, elle voulait chanter la joie et la brûlure d’aimer, la jouissance et la douleur d’exister. Le flamenco lui a donné les ailes vocales qu’elle rêvait de déployer. Mais comme l’immense Camarón de la Isla, dont elle pourrait être la petite sœur au teint d’ébène, elle ne s’est pas résignée à en appliquer aveuglément les lois. Niña de Fuego poursuit ainsi en l’allégeant le papillonnage qu’elle avait entamé dans son album précédent, Mi Niña Lola : avec une égale voracité, elle goûte les nectars de la copla, du jazz, de la chanson française (La Bohème d’Aznavour en version espagnole), de la musique cubaine ou de la ranchera mexicaine, dont elle adopte les accents dramatiques comme si c’était sa langue de cœur. Fille du feu, mais aussi fille de l’air, Buika montre ici ce que devrait toujours être une vraie chanteuse de variété : une femme libre et sans ancrage, contournant naturellement la contrainte des genres. « Je n’ai pas l’impression d’être enracinée dans une tradition particulière : j’habite nulle part. Mais pour moi, nulle part est aussi un pays, où je me sens chez moi. » Le 5 août 2008, Patrick Labesse Buika, griffures blues et flamenca D’une sensualité entêtante sur scène, Buika, chanteuse espagnole de blues flamenco, a bouleversé le public du Théâtre antique au festival les Suds, à Arles le 19 juillet. Avec juste sa voix et la complicité du pianiste Ivan « Melon » Gonzales. Elle chante le 6 août au festival Fiest’A Sète. Des émotions souterraines fertilisent la voix entre chien et loup, la présence magnétique de Buika. « On m’a griffé et j’ai griffé moi aussi », confie-t-elle. Beaucoup de ses chansons évoquent « la dictature de l’amour ». Buika est née en 1972 à Palma de Majorque. Ses parents, originaires de la Guinée équatoriale, ancienne colonie espagnole d’Afrique centrale, ont fui la dictature de Macias Nguema, renversé en 1979 par un coup d’état de son neveu, Teodoro Obiang Nguema, toujours au pouvoir. Sur la pochette de son nouvel album, La Niña de Fuego (Dro/Warner), Buika pose nue. Un artifice racoleur pour vendre davantage ? Cela l’amuserait plutôt : « Je suis quelqu’un de très pudique en 4 Trident fait, mais j’aime l’idée de dénuder les sentiments, l’expression, à travers la voix. Je me mets à nu lorsque je chante, alors je n’ai pas trouvé de meilleure robe que ma peau pour habiller ce disque. » Révélée avec son album précédent, Mi Niña Lola, en 2006, produit par l’Espagnol Javier Limón, producteur de Làgrimas negras réunissant le chanteur de flamenco Diego El Cigala et le pianiste cubain Bebo Valdès, Buika a été qualifiée de chanteuse noire de flamenco. « C’est totalement excessif ! Ma carrière a d’ailleurs commencé par le jazz et le blues. » Sur scène, entre deux chansons qui disent les ciselures du désespoir, elle se sert de sa voix comme d’un terrain de jeux pour de longues acrobaties vocales façon « scat ». Le rôle de Tina Turner Le nouvel album – superbe - mêle soul feutrée, jazz intimiste, copla andalouse et ranchera mexicaine, dont Volver Volver, empruntée au répertoire de la chanteuse costafricaine Chavela Vargas, « une personne à qui j’aurais demandé d’être ma fiancée si le temps ne nous avait pas séparées », glisse dans un sourire Buika. Une autre reprise éclaire l’album : La Bohème, de Charles Aznavour. « Papa Charles m’a toujours accompagnée. Depuis que j’ai l’âge de la raison, sa musique résonne dans mes souvenirs ». Sa mère l’écoutait beaucoup, comme Sinatra, Miles Davis, Charlie Parker, Ornette Coleman… « ma première école ». Puis il y a eu le flamenco, appris dans la rue, avec les copines gitanes du quartier populaire où ses parents s’étaient installés en arrivant de Guinée équatoriale. Après ses premières scènes dans les bars de Palma de Majorque et de Madrid, Buika tourne un an avec la compagnie de théâtre de rue Fura dels Baus, sur un spectacle consacré à Lorca, puis elle part à Las Vegas où elle joue le rôle de Tina Turner, dans un spectacle de casino. Globetrotter dans l’âme, la chanteuse se dit apatride, sans que ce ressenti ne soulève une question identitaire en elle. « Mon cœur s’attache aux êtres, pas à une terre ». Sur le haut de son bras gauche, néanmoins, un tatouage la ramène à ses origines. Les noms tribaux (en langue bubi) de ses proches et le sien, Kitailo. En premier, elle a fait graver celui de sa mère. Celui du père écrivain dissident socialiste, est absent. « Je ne l’ai pas vu depuis l’âge de 9 ans. Un fantôme. » Télérama, du 2 au 9 juillet 2008, Eliane Azoulay Buika – Niña de Fuego Tout y est, la pochette aguicheuse où la chanteuse s’expose nue, de trois quarts, si bien qu’on ne voit que don dos et son ample crinière frisée. Le titre (Fille de feu) qui sous-entend une sensualité explosive, laquelle est effectivement au rendez-vous, via la voix voilée au timbre si particulier, rauque mais chatoyant, rugueux mais capiteux. C’est le troisième album de Buika, née à Palma de Majorque dans une famille originaire de Guinée équatoriale. Biberonnée au jazz et aux coplas espagnoles (couplets populaires), elle a joué les doublures de Tina Turner à Las Vegas et se rêve désormais en héritière de l’immense chanteuse mexicaine Chavela Vargas (dont Pedro Almodovar est fan). Mais la poigne, la fougue, la rage de vivre de l’octogénaire dame au poncho rouge lui manquent. Lors de la parution de Mi Niña Lola, son deuxième album, Buika avait été saluée comme une nouvelle voix, métisse certes, du flamenco. Ce dernier album confirme qu’elle n’y prétend pas. Elle est plutôt du côté de la ballade avec des escapades vers la ranchera mexicaine. Un piano jazz, des cuivres afro-cubains viennent par moments étoffer son propos. L’adaptation de La Bohème, d’Aznavour, est plutôt réussie. Mais la reprise assez mélo de Volver volver souligne cruellement les différences avec Chavela Vargas. Des arrangements plus musclés lui permettraient sans doute de laisser affleurer la véhémence qu’elle semble avoir en elle. Libération, le 4 juin 2008, François-Xavier Gomez World. « La Niña de Fuego », album remarquable de la chanteuse espagnole. La soul flamboyante de Buika Elle parle, elle parle, ses bras fins et longs dessinent de grands gestes, sa chevelure balaie un visage et un sourire éclatants. Elle vous prend la main, frôle la cuisse. Ce qu’elle dit n’a qu’un lointain rapport avec ce qu’on vient de lui demander. Mais difficile de l’interrompre pour la faire revenir au chemin balisé des questions et des réponses. Sous le charme, on prend sans discuter ce que Buika nous donne et on se laisse emporter par le torrent. Après tout, on n’est pas à l’oral du bac. Poème. Ses premiers mots sont comme une incantation : ceux tatoués sur son bras droit, comme un poème. « Ce sont les noms tribaux de mes proches, tu sais, en Guinée équatoriale, les prêtres espagnols venus nous baptiser nous ont obligés à prendre des noms chrétiens, mais nous avons conservé les noms traditionnels. » Elle égrène la liste inscrite sur sa peau : « Le premier est celui 5 Trident de ma mère, puis le mien Kitailo, hérité de ma grand-mère. Ensuite ceux de mes sœurs, puis de mes nièces, enfin celui de mon fils. » Le père manque à l’appel. « Mon père, soupire-t-elle. C’était un dissident, un socialiste. Il était écrivain, croyait à la force de la parole. Il combattait la dictature mais voulait imposer ses idées par la force. Il était, à sa manière, un dictateur. » Les parents de Buika ont fui le régime de Macias Nguema, un de ces kleptocrates sanguinaires dont l’Afrique, de Bokassa à Amin Dada, a fourni de trop nombreux exemples. Premier président quand cette ex-colonie espagnole accède à l’indépendance en 1968, Macias Nguema est renversé en 1969 par Obiang Nguema, aussi peu démocrate que son oncle (qu’il fera fusiller) et toujours au pouvoir. Concha (diminutif de Maria Concepción) Balboa Buika naît en 1972 à Palma de Majorque. Elle a 9 ans quand son père s’en va. Sa mère élèvera seule plusieurs enfants, dans un environnement défavorisé. Mais auprès des gitans du quartier, Concha s’imprègne de flamenco. La soul viendra plus tard, et la fera remarquer dans les lieux nocturnes de l’île aux touristes. Au point qu’elle obtient un engagement pour chanter en anglais à Las Vegas, grâce à sa ressemblance, physique et vocale avec Tina Turner. « Je chantais ses chansons, dansais comme elle, ça a duré un an. » Le lieu n’est pas un cabaret huppé, mais Buika n’y voit pas une expérience ingrate. « J’ai fait toutes sortes de métiers et jamais pleuré sur mon sort. J’ai nettoyé des bureaux et des cafés, chanté dans des mariages. J’ai même été hôtesse dans un service de téléphone érotique. Ça n’avait rien de glamour : on était plusieurs filles dans une grande salle, en savates et en survêtement, on simulait l’orgasme au téléphone pendant qu’on gardait un œil sur une série à la télé. C’est ce qui a payé ma première guitare. » Flamenco. Après un premier disque soul qui attire l’attention sur sa voix exceptionnelle, elle croise le musicien Javier Limón, producteur d’un succès mondial, Làgrimas negras, la rencontre du chanteur de flamenco Diego El Cigala avec le pianiste cubain Bebo Valdés. Limón entraîne Buika vers la copla, forme de chanson qui a le parfum du flamenco sans en être vraiment. En 2006, le disque Mi Niña Lola révèle Buika au public français, qui la découvre bientôt en concert, capable, dans une liberté totale, de prolonger plus de dix minutes une chanson, d’y ajouter des couplets puisés ailleurs, et de bouleverser le programme prévu. « Que le public parle espagnol ou pas ne fait aucune différence pour moi, confie la chanteuse. J’aime qu’il m’entoure, je me confie à lui comme quand, gamine, je rentrais à la maison avec quelque chose à raconter à maman. Le public, les musiciens et moi ne faisons qu’un, c’est ça un concert. » Il est plus difficile de lui faire parler de la Niña de Fuego, son disque qui vient de sortir. « un disque, c’est une chose morte, la photographie d’un instant qui a existé mais qui ne m’intéresse plus. Un merveilleux mensonge. Je n’écoute jamais les miens, je n’ai jamais regardé des images de moi sur scène. Je ne me retourne jamais en arrière, c’est un pacte que j’ai passé moi-même. » Après tout, la beauté du disque, son meilleur à ce jour, se passe de commentaires. Avec de superbes créations comme Falsa Moneda, classique de la copla, la ranchera mexicaine Volver, Volver, du répertoire de Chavela Vargas, où encore, surprise de taille, la Bohème d’Aznavour en espagnol. Que Kitailo marque du sceau de son charme dévastateur. Openmag, juin 2008, propos recueillis par Bruno Pfeiffer Buika, les éruptions déchaînées de la « fille de feu » Pour son troisième album, Niña de Fuego, la beauté de Palma de Majorque, chante toutes les flammes de la copla espagnole avec l’intensité d’un volcan signant de surcroît quelques compositions originales. Les festivals de l’Hexagone se sont arraché la voix bouillante de cette révélation. Openmag : Quelle est la signification du mot copla ? Buika : A la base, on retrouve le flamenco, mais sachez que c’est un langage qui transcende les styles, qui est bien au-delà de la frontière des genres. A votre avis, que retiennent ceux qui frémissent en écoutant Edith Piaf, Billie Holiday ou Chavela Vargas ? Un style ? Pensez donc. Ils sentent la musique du peuple, une profondeur de souffrance et de sentiments. Chanter à cette hauteur-là reflète une façon de vivre. A mon modeste niveau, j’essaie d’avancer sur leurs traces. OM : Vous avez chanté comme doublure de Tina Turner à Las Vegas. On vous a prise pour elle ? B : Je suis une professionnelle : je m’adapte. J’avais un bébé à nourrir. Un frigo vide, ça donne des ailes. Le show fonctionnait. Un couple s’asseyait dans la salle tous les week-ends. Ils sont venus me dire un soir que j’étais un clone de Tina Turner. La star avait assisté à leur mariage. Mais ces étourdis avaient oublié de prendre des photos. Du coup, ils ont insisté pour poser des dizaines de fois à côté de moi. A ce moment-là, vous pouvez dire que mon job de clone était réussi. OM : Quelle est votre influence majeure ? B : Chavela Vargas, sans hésiter une seconde. C’est ma deuxième mère. Elle a orienté ma carrière, m’a abreuvée de conseils. En son honneur, le CD contient deux morceaux de ranchera. Elle est 6 Trident fatiguée maintenant, mais voudrait pourtant reprendre les tours de chant. Elle insiste : « C’est important pour ma carrière ! » Vous vous rendez compte. A 90 ans. OM : De quoi avez-vous peur ? B : Je ne crains rien. Je crois en la faculté de maîtriser mon destin. Je ne redoute qu’une chose, c’est de descendre de scène. Quand le tour de chant se termine, je me sens très triste. L’impression que la terre s’arrête de tourner. Vibrations sound, juin 2008, Francisco Cruz Buika – La Niña de Fuego Un deuxième album qui dévoile encore un peu plus la sensibilité de cette chanteuse de feu. Après le retentissant succès de Mi Niña Lola, voici un nouvel hommage aux femmes promis au même destin favorable. Niña De Fuego fait référence à une femme qui brûle de son amour et révèle davantage sur la personnalité de la chanteuse, qui, l’émotion sur la peau, finit par poser nue sur la couverture. Un symbole. Pas de faux-semblant chez Buika, même si le mensonge est une thématique récurrente. A travers le mensonge, elle se rapproche des personnes aimées, car elles ne savent vivre sans mentir. Les mensonges dirigent le monde, d’après Buika, et entraînent parfois la mort et la destruction. Mais elle aime raconter un autre type de mensonges aux enfants, pour motiver leur créativité. Concha Buika y chante des coplas et aussi des rancheras (pour Chavela Vargas), en compagnie d’Ivan Gonzalez au piano. Horacio Hernandez à la batterie et Carlos Sarduy à la trompette. Intense, brûlante, cette femme de feu lance : « A l’homme, je lui ai consacré la moitié de ma vie, et je ne veux plus de lui, ni de sa lâcheté, ni de sa violence. » Mondomix, mai-juin 2008, Y.R. Buika – Niña de Fuego Révélation espagnole du moment, Concha Buika pose en tenue d’Eve sur la pochette de son troisième album, mais de dos, laissant sous-entendre qu’elle y dévoilera une face méconnue de son talent. Conçu et enregistré dans la foulée de sa tournée triomphale de l’an passé, le nouvel opus de la chanteuse d’origine équato-guinéenne souligne pourtant, dès les premiers morceaux, qu’elle entend surtout capitaliser sur le succès de son précédent disque, Mi Niña Lola. Sa voix exceptionnelle, rauque et écorchée, qui marie influences jazz et flamenco, y revisite la copla, cette chanson sentimentale de l’Espagne des années 1950 dont elle reprend de nouveau des classiques : la Falsa Moneda et Niña de Fuego. Elle retrouve un écrin privilégié dans la production du désormais incontournable Javier Limón, qui poursuit sa formule latin-jazz à l’esthétique flamenca avec un groupe de jeunes musiciens cubains de Madrid. Honorable, cette nouvelle formation n’atteint cependant pas le niveau de virtuosité auquel le producteur nous a jusqu’ici habitué avec ses brochettes d’invités de haut-vol. Ce n’est qu’à partir du troisième morceau, Miénteme Bien, que l’on finit par reconnaître que quelque chose de nouveau se joue sur ce disque. Composée par Buika, cette ranchera qui clame les vertus du mensonge en amour dresse un pont entre la sensibilité de la chanteuse et l’univers torturé de Chavela Vargas. L’hommage à la diva de la chanson mexicaine se fait ensuite explicite avec une reprise de Volver, Volver. Simplement accompagné d’un piano, partant d’un murmure pour s’élever dans un tourbillon d’émotions, le chant de Buika est alors d’autant plus envoûtant qu’il s’exprime au naturel, sans fioritures. Mais l’album hésite entre cette approche épurée et une fusion salsa aventureuse, si bien que l’on se demande si Buika et Limón, deux fortes têtes n’ont pas bâclé l’affaire pour se libérer du contrat qui les liait. En bonus sur l’édition française, la chanteuse reprend La Bohème dans sa version espagnole popularisée par le grand Charles Aznavour. Le Monde, le 18 août 2007 La Pensée Multiple Buika, chanteuse noire espagnole « L’attachement aux racines, c’est complètement abstrait pour moi ». « Une Africaine qui chante du flamenco ! », a dit un temps la rumeur, suscitant des élans de curiosité pour Buika, jeune chanteuse espagnole, née, en 1972, de parents originaires de la Guinée équatoriale, exilés politiques à Palma de Majorque (Espagne). Son album Mi Niña Lola, produit par Javier Limón et sur lequel intervient le guitariste gitan d’Almeria, Niño Josele, révèle bien davantage de ses penchants musicaux. Ses inspirations sont flamencas, mais aussi soul, jazz, voire « libres de toute référence », insiste la chanteuse. D’un charisme magnétique et d’une sensualité guerrière sur scène, elle se produit à 7 Trident Paris dans le cadre des Scènes d’été au Parc de la Villette, le 19 août et sera le 2 octobre au New Morning. A quand remonte votre carrière de chanteuse ? Je n’en ai pas une idée précise. A quel moment tout démarre ? Est-ce quand on décide de chanter, quand on signe son premier contrat, quand on touche son premier cachet, quand on monte pour la première fois sur scène ? J’ai toujours chanté. Au début, dans la rue, avec les enfants de mon âge, dans ces quartiers gitans où beaucoup de poètes se réfugiaient pour fuir la répression franquiste. Mes affinités avec le flamenco viennent de là. Mais ma première scène, à Palma de Majorque, c’était en chantant du blues dans un club et j’ai toujours aimé improviser vocalement sur le jazz qu’écoutait ma mère. Je viens de finir un projet de musique électronique. Je ne chante pas du flamenco, comme on le dit de moi parfois. Je chante, un point c’est tout. Je raconte des histoires, des rires et des larmes. Vous semblez avoir un penchant pour le « nomadisme ». Trop de stabilité vous incommode ? Après la rue, puis les bars de Palma, je suis partie à Barcelone pendant un an où j’ai tourné avec la Fura dels Baus, sur un spectacle consacré à Lorca, puis je suis allée à Las Vegas où je jouais le rôle de Tina Turner dans un Casino. Ensuite, il y a eu l’Allemagne, Londres… Je n’ai pas de direction précise. Je suis comme un mille-pattes qui marche parce qu’il a des pattes et non parce qu’il a décidé d’aller quelque part. Quels que soient les endroits où je vais, je finis toujours par retourner à Majorque. C’est une terre enchantée. J’ai besoin de la mer. Elle a une valeur thérapeutique, m’apporte énormément. Elle m’aide à m’écouter, à trouver une certaine paix intérieure. La part d’Afrique qu’il y a en vous est-elle essentielle ? Je ne me suis jamais posé la question. Je ne suis pas obnubilée par ce prétendu attachement aux racines dont on parle tout le temps. C’est complètement abstrait pour moi et ce genre de discours peut même déraper à mon sens vers des expressions nationalistes auxquelles je n’adhère absolument pas. Je prends des choses qui n’appartiennent ni à la culture africaine, ni à la culture ibérique. Je suis un peu caméléon. Je m’amuse là où je me pose. Chanter, cela a quel sens pour vous ? Dire des sentiments. Toutes les voix sont belles quand elles expriment des émotions. C’est pour cela que l’idée de prendre des cours de chant m’a toujours été complètement étrangère par exemple. Qui peut enseigner la joie et la tristesse ? Je n’ai jamais songé à travailler ma voix. Elle s’est faite et se fait encore naturellement. La qualité d’une voix dépend d’un vécu, de l’histoire qu’elle transmet. Mes chansons parlent beaucoup d’amour et de ruptures, de griffures. N’est-on pas tous faits de cela ? 8 Trident Le Trident, Scène nationale de Cherbourg-Octeville Place du Général de Gaulle, BP 807 50108 Cherbourg-Octeville cedex T +33 (0)2 33 88 55 50 F + 33 (0)2 33 88 55 59 Location +33 (0)2 33 88 55 55 [email protected] www.trident-scenenationale.com Diffusion T +33 (0)2 33 88 55 57 Françoise Simon [email protected] Mona Guichard [email protected] Relations publiques T +33 (0)2 33 88 55 58 Isabelle Charpentier [email protected] Nadège Henry [email protected] Relations Presse & Médias I Programmation jeune public T +33 (0)2 33 88 55 52 Bernadette Clauss [email protected] Relations avec les comités d'entreprise T +33 (0)2 33 88 55 50 Valérie Pinabel [email protected]