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LE PIQUE NIQUE, LA LUGE ET LES SEPT VIOLETTES
Né d’une idée du Dr Jean Marie LETORT, « LE PIQUE NIQUE, LA LUGE ET LES SEPT VIOLETTES » a été écrit par Mme Géraldine LETORT et
le Dr Jean-Marie LETORT.
Géraldine LETORT possède une maitrise en science de l’éducation ; elle a une longue expérience en milieu scolaire et centres de loisirs et auprès
d’enfants handicapés ; elle est maintenant assistante maternelle ; c’est une jeune femme pleine de sensibilité ; avec qui les enfants ne peuvent connaître que
bonheur et épanouissement.
Le Dr Jean-Marie LETORT est médecin à la coordination hospitalière des prélèvements d'organes et de tissus du CHRU de Brest. A la recherche de
moyen de communication et de sensibilisation modernes et originaux, il est aussi l’auteur d’une pièce de théâtre « Romain » sur le don d’organes.
La relecture a été effectuée par le Dr Céline BOUAKKAZ qui est pédopsychiatre à Brest.
Les illustrations ont été réalisées par Nathalie LEGALLO qui est infirmière (IADE) au SAMU 29 au CHRU de Brest.
Ce conte a été édité avec le soutien de la Fondation MACSF
AVERTISSEMENT
Ce conte explique le don d’organes ; il s’adresse aux enfants de 8 à 13 ans; les auteurs recommandent que ce livre soit lu en présence des parents. En effet, un tel
sujet ne peut se lire qu’en famille ; les parents pourront apporter des explications complémentaires. Les adultes découvriront sans doute des informations utiles.
Cette histoire intéressera aussi aux adultes et les soignants.
Nous ne souhaitons pas que ce livre s’arrête à sa simple lecture mais puisse permettre aux familles de parler plus facilement de sujet aussi important que le don
d’organes et de tissus.
Le site web du Dr J.M. Letort
http://coordination-brest.e-monsite.com/
Le site web de l’agence de la biomédecine
http://www.ledonlagreffeetmoi.com/
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LE PIQUE NIQUE, LA LUGE ET LES SEPT VIOLETTES
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Dans une jolie vallée, vivaient Monsieur et Madame Lapin et leurs trois enfants.
Tous les habitants de cette vallée connaissaient bien Juju, Jojo et Mimi, les trois petits Lapin ; chacun les adorait pour leur bonne humeur.
Non loin de là, dans une maisonnette construite au milieu d’une agréable clairière, habitaient Oncle Lee, Tante Louise et leurs deux filles, Lili et Praline.
Les enfants Lapin grandissaient un peu plus chaque jour avec des caractères différents qui entraînaient parfois des querelles entre eux.
L’aîné, Juju, était le plus sérieux des trois. Premier à l’école, il adorait la musique et les histoires de fantômes. Pour s’amuser, il se promenait avec un drap
sur la tête pour effrayer toute la maisonnée...
BOUH !!!!
Jojo, le cadet, très farceur, était toujours prêt à faire mille bêtises. Il n’en faisait qu’à sa tête, ce qui mettait souvent en colère Papa et Maman Lapin. Jojo
aimait beaucoup jouer à cache-cache. Il découvrait toujours de superbes cachettes et personne n’arrivait à le trouver, pas même ses cousines, avec qui il s’amusait
souvent. Jamais il ne voulut révéler une seule de ses cachettes.
Enfin, la petite dernière, Mimi était adorable et charmante. Mimi aimait dessiner. Plus tard, Mimi voulait être « arquitecte », comme elle disait souvent. Un
jour, elle avait entendu ce mot et avait demandé :
« c’est quoi un arquitecte ? »
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et depuis c’était devenu son plus grand désir….dessiner de magnifiques maisons !
Par de belles matinées ensoleillées, nos joyeux enfants se rendaient à l’école en passant par le bas de la vallée avant de retrouver leur professeur, Mr Hibou.
Il était gentil, mais il faisait les gros yeux et haussait le ton devant les nombreuses pitreries de Jojo.
Tous les matins, Mr Hibou avait instauré :
le « quoi de neuf ? »
où durant dix minutes, chaque enfant pouvait raconter un petit quelque chose de son quotidien.
A l’heure de la récréation, les enfants jouaient à « loup glacé » : quand un enfant se faisait toucher par le loup, il devait ne plus bouger et attendre de se faire
libérer. Juju était très fort à ce jeu ; il attrapait tout le monde ce qui faisait rager Mimi qui, trop petite, n’arrivait pas à échapper au « loup »!
L’après-midi, il y avait très souvent de l’expression corporelle, car les enfants devaient présenter au semestre prochain une pièce de théâtre. Ils trépignaient
tous d’impatience à l’idée de cette future représentation devant leurs parents.
Après la classe, c’était d’habitude Maman qui venait chercher ses trois petits, mais ce jour là, Papa et Maman attendaient devant le portail de l’école.
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Au même moment, Jojo regarda par la fenêtre :
« Juju ! Mimi ! Papa et Maman sont là !!!! »
DING !!!! DONG !!!! DING !!!! DONG !!!!
La cloche retentit, le maître donna les dernières consignes :
« Au revoir, les enfants. A demain ! »
Jojo sauta dans les bras de Papa tandis que Maman déposa un baiser sur chaque petit front :
« Vous avez passez une bonne journée, les enfants ? »
« Oh oui, c’était super, on a dansé ! » s’exclama Mimi toute excitée.
« Chut ! N’en dis pas plus Mimi, il faut que cela reste une surprise ! » rétorqua Juju.
Sur le chemin de la maison, toute la petite famille entonna quelques chansonnettes…
En ouvrant la porte de la maisonnette, Juju, Jojo et Mimi reconnurent la bonne odeur de la brioche que Maman avait préparée pour le goûter.
« Ça sent trop bon, Maman !!! »
« Installez-vous vite les enfants, et faites attention, elle est encore chaude. »
Les petits dégustèrent la brioche : il n’en resta pas une seule miette.
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Pendant le goûter, Maman proposa à tout ce petit monde d’organiser un grand pique-nique pour fêter la fin de l’hiver.
Dans la vallée, il avait beaucoup neigé, ce qui enchantait les enfants car ils pourraient faire des batailles de boules de neige et surtout de la luge !
C’était donc décidé, le pique-nique aurait lieu samedi, dans deux jours !
Les préparatifs pour le jour J allèrent bon train. Les enfants étaient très enthousiastes : Maman leur avait confié le dressage de la table pour le pique-nique.
Mimi avait choisi la couleur de la couverture qui servirait de nappe, ainsi que celle des serviettes de table. Devinez laquelle ?...
« J’ai choisi, rose ! »
Juju était chargé des couverts et des assiettes :
« Ne te fais aucun souci, Maman, je ferai attention à ce qu’il ne manque rien! »
Maman Lapin et Tante Louise se hâtaient de cuisiner de bons petits plats.
« Humm, ça sent drôlement bon !!! On va se régaler ! »
Au même moment, dans le garage, Papa Lapin et Oncle Lee préparaient une surprise…….
Tous y mettaient du cœur, pour que ce jour soit parfait…sauf peut-être notre Jojo, qui préférait jouer à cache-cache avec ses cousines et le panier en osier.
« Mais où est ce panier ? Jojo, est-ce toi qui l’a pris ?» protestaient les deux cousines.
Jojo faisait semblant de jeter un coup d’œil autour de lui…
«Mais, non, je ne sais pas où il est! » disait-il en essayant de ne pas pouffer de rire.
C’est enfin samedi, il est 11h30, tout le petit monde s’active dans la maisonnette. Maman et Papa Lapin veillent à ce que rien ne soit oublié.
Et c’est parti ! Le panier en osier sous le bras, Jojo est fier d’emmener toutes les merveilleuses denrées qu’ils vont pouvoir déguster. Touts ensemble, ils se
dirigent vers la vallée des fleurs.
«Ici, ce sera parfait ! Installons-nous et ouvrons vite le panier que Maman et Tante Louise ont préparé !»
Juju et Jojo, nos deux grands gourmands s’assoient les premiers.
Le panier entrouvert, laisse apparaître de beaux gros sandwichs.
Rien qu’à les voir, Juju et Jojo en ont l’eau à la bouche.
En guise de desserts, de magnifiques tartes aux pommes du jardin et des moelleux au chocolat au cœur fondant.
« Youpi !!! Vive les pique-niques !!!! » S’écrient nos jeunes enfants affamés.
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Il ne resta pas une miette de ce délicieux repas. Tout le monde était ravi et repu.
Après ce copieux pique nique, place à la surprise de Papa Lapin et d’Oncle Lee. Ils demandèrent aux enfants de bien fermer les yeux :
« Ne trichez pas ! Tu entends, Jojo ! »
Les petits trépignaient d’impatience et les mamans aussi.
« Vous pouvez regarder à présent ».
Elles étaient là, devant eux, de magnifiques luges, rouge brillant avec sur chacune d’elle, leur prénom écrit en lettres d’or. Ils n’en revenaient pas !
« Ouaah !!! Elles sont trop belles !!! »
« Vous pouvez les essayer, mais faites bien attention et n’allez pas trop loin ! » dirent les parents à leurs petits qui sautèrent de suite sur leur luge.
« Promis, Papa !!! Promis Maman !!!» crièrent-ils tous ensemble en s’éloignant.
Le paysage était magnifique, tout recouvert de blanc et les petits s’amusaient comme des fous à faire des loopings, mais Jojo voulait toujours en faire plus
malgré les avertissements de son grand frère.
« Ne va pas trop vite Jojo ! Ne t’éloigne pas de la vallée ! Il y a la route plus loin ! Reviens ! »
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Jojo était comme un oiseau, il avait des ailes. Il en finissait par oublier, que devant lui se trouvait, un grand danger… la route. Il glissait, sautait, glissait
encore et encore, jusqu’à ce que...
VRAAACK !!!!!!!
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C’est le choc, Jojo a percuté une voiture.
Le conducteur, Monsieur Hérisson est terrifié dans son véhicule, il regarde Jojo allongé sur la route.
Quoi faire ?
Juju et Mimi se mirent à hurler.
« NON !!!! » « JOJO, NON…!!! »
Des cris de frayeur résonnèrent dans la vallée. Monsieur Hérisson réveillé de sa torpeur, réagit dans l’instant. Mais, comment faire ? Soudain, il se rappela
les cours de secourisme qu’il avait suivis.
Mais…BADABOUM !!!!!
Monsieur Hérisson glissa sur les fesses, en sortant trop rapidement de sa voiture. Le cœur battant, il reprit ses esprits, s’agenouilla près de Jojo et lui
appliqua les premiers gestes de secours.
La tête de Jojo était toute ensanglantée. Les yeux fermés, Jojo ne bougeait pas.
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Alors, Monsieur Hérisson lui prit la main et lui dit : «Si tu m’entends, serre-moi la main ». Il répéta deux fois ces mêmes mots, mais rien, pas de réponse.
Jojo était inconscient
Il approcha ensuite son oreille du nez de Jojo…. Il entendit et sentit un léger souffle et regarda sa poitrine … elle se soulevait …
« Il respire ! » constata Monsieur Hérisson.
« Jojo est inconscient mais il respire! »
Vite, Monsieur Hérisson attrapa son téléphone portable pour appeler le SAMU en composant le 15. Rassemblant tout son sang froid, il expliqua :
« Bonjour, je m’appelle Monsieur Hérisson et je viens de renverser un enfant, il est inconscient et il respire. Venez vite, je suis sur la route principale qui
mène à la vallée des fleurs. »
Une voix répondit « Ne vous inquiétez pas Monsieur, nous vous envoyons de suite une équipe médicale. Couvrez l’enfant et surtout restez près de lui.
Nous arrivons !»
Monsieur Hérisson déposa sa veste doucement sur le corps de Jojo tout en lui caressant la joue.
Alors, il vit Juju et Mimi qui le regardaient, immobiles, paralysés par la peur :
« Les enfants ! C’est votre frère ? Où sont vos parents ? Les secours vont arriver ! Allez vite les prévenir ! »
Monsieur Hérisson réconforta de son mieux les deux petits qui pleuraient à chaudes larmes.
Juju regarda Mimi et lui dit :
« Mimi, je dois vite aller chercher Papa et Maman, restes ici avec Monsieur Hérisson, d’accord ? »
Des sanglots dans la gorge, Mimi terrorisée hocha la tête.
Juju prit sa luge et partit.
Au loin, les sirènes…
PIN PON PIN PON !!!
Après quelques minutes interminables, le SMUR et l’ambulance des pompiers arrivent enfin : Jojo va pouvoir être soigné…
« Bonjour, je suis le docteur Marmotte, » dit le médecin à Mr Hérisson en se dirigeant vers Jojo.
Le médecin examina Jojo et commença à le soigner avec l’aide des autres sauveteurs.
Puis, le docteur Marmotte se retourna vers Monsieur Hérisson.
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« Il faut le transporter de toute urgence à l’hôpital. Les parents ont-ils été prévenus ? »
Monsieur Hérisson expliqua que Juju était parti les prévenir.
Mais, l’état de Jojo était trop grave. Le médecin, ne pouvait pas attendre. Il fallait l’hospitaliser au plus vite.
Le docteur Marmotte demanda à Luidji, l’un des sauveteurs, de rester.
« Vous expliquerez aux parents la situation. Qu’ils viennent rapidement à l’hôpital ; je souhaiterai leur parler.»
L’ambulance emmena Jojo.
A cet instant, Juju essoufflé, surgit.
« Monsieur Hérisson ! Mes parents arrivent ! »
SCHRIIIK !!!
Après un dérapage sur la route enneigée, les parents étaient enfin là, suivis d’Oncle Lee et Tante Louise.
« Où est mon Jojo !!! Dites moi, où est-il ?» cria Maman, en pleurant.
Luidji, le sauveteur, réussit à la calmer.
« Madame, je m’appelle Luidji et je suis là pour vous expliquer ce qui est arrivé. Votre fils, Jojo, a été renversé par une voiture. Après l’avoir examiné, le
médecin a jugé nécessaire de le transporter sans plus attendre à l’hôpital afin de lui prodiguer tous les soins nécessaires. Je vous propose de vous y conduire. Une
fois sur place, vous pourrez voir le docteur Marmotte, c’est lui qui s’occupe de votre fils»
A peine le sauveteur eut-il fini sa phrase que tous se précipitèrent dans la voiture.
Ni une ni deux, Luidji démarra et les voilà partis vers l’hôpital. Malgré l’impatience de toute la famille, Luidji resta calme et prudent, il ne conduisit pas
trop vite.
A l’approche de la ville, se dressaient les bâtiments de l’hôpital « Le Val Rosé » . Le doigt pointé vers l’entrée, Papa s’écria :
« Nous y sommes presque ! ».
Luidji accompagna la famille Lapin jusqu’à la salle d’attente des urgences.
« Je vais avertir le Docteur Marmotte de votre arrivée. »
Assis, Juju et Mimi étaient blottis contre leur Maman. Personne n’osait parler. L’attente semblait interminable…
Une infirmière arriva :
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« Bonjour, je suis mademoiselle Gazelle, l’infirmière des urgences, le docteur Marmotte va venir vous voir ; actuellement il est occupé à soigner Jojo. »
«Savez-vous si c’est grave ? Ca va être long ? » Demanda affolée Maman Lapin
Mais l’infirmière ne put répondre à ses interrogations.
« Pour l’instant, nous faisons encore des examens, nous lui pratiquons en ce moment un scanner ; aussitôt que le médecin aura les résultats, il viendra vous
voir ; si vous avez besoin de quelque chose, surtout n’hésitez pas à nous demander. »
Juju interrogea alors « c’est quoi un scanner ? »
Mademoiselle Gazelle, expliqua « c’est une radiographie qui permet de voir le cerveau».
De longues minutes s’écoulèrent…
Les yeux tout embués par les larmes, Maman Lapin serrait Mimi et Juju contre et essayait de les rassurer tant bien que mal, mais cela lui était très difficile.
Papa Lapin faisait les cent pas.
De longues minutes défilèrent, où chacun plongé dans ses pensées se souvenait des instants joyeux passés avec Jojo.
Un bref instant, Mimi laissa s’échapper un fou rire nerveux ; elle songeait à Jojo, déguisé en clown à la kermesse de l‘école ; sur sa veste à rayures rouges
et jaunes se trouvait une broche en forme de fleur avec laquelle il arrosait tout le monde, lorsqu’il allait dire bonjour. C’est vrai que Jojo n’avait pas son pareil pour
faire des farces.
Enfin, le docteur Marmotte arriva ;
« Bonjour, je suis le Docteur Marmotte ».
Avec calme, il expliqua l’état dans lequel se trouvait Jojo :
« Jojo a reçu un gros choc à la tête qui l’a rendu inconscient »
« Mais il va bien ? » S’inquiéta Maman Lapin.
Le docteur Marmotte continua :
«Jojo est dans le coma ; pour le soulager et le protéger nous avons été obligé de l’endormir et de le relier à une machine qui le fait respirer ».
A ces mots, les visages de Maman et Papa devinrent livides. Le regard inquiet, Papa demanda :
« Mais est-ce grave, docteur ? »
Le docteur Marmotte poursuivit :
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« Nous lui avons pratiqué un scanner. Il présent une très importante hémorragie au niveau du cerveau »
Le médecin ne cacha pas son inquiétude et expliqua la gravité de l’état de Jojo.
Juju voulut savoir « c’est quoi une morragie »
Le médecin précisa « on dit une hémorragie ; une hémorragie c‘est quand on saigne beaucoup, il a beaucoup de sang dans sa tête»
Juju répondit « c’est grave alors »
Un long silence prit place…
Puis le médecin ajouta : « Maintenant, vous allez pouvoir le voir quelques minutes seulement, avant son transfert vers le service de réanimation pour la suite
des soins. Il est relié à des appareils pour le surveiller. En réanimation, vous pourrez rencontrer le médecin et les infirmières qui vont s’occuper de Jojo.»
« Et nous aussi, on va voir Jojo ? » demandèrent ensemble Juju et Mimi.
Le docteur Marmotte ne souhaitait pas trop de monde auprès de Jojo, mais il finit par accepter la présence des enfants.
Juju et Mimi étaient rassurés à l’idée de voir leur frère.
« Dis Maman, on va pouvoir parler à Jojo ?»
« Les enfants, il faut que vous sachiez que Jojo ne pourra pas vous parler. Il est très malade et il a besoin de beaucoup de soins. Il ne faudra pas le fatiguer
et nous ne resterons donc pas très longtemps. »
Papa Lapin précisa également qu’il faudra être sage et ne toucher à rien.
La peur au ventre, Maman et Papa étaient angoissés à l’idée de voir leur fils.
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Comment serait leur Jojo, et comment réagiraient Juju et Mimi devant leur frère, branché à toutes ces machines ?
Le cœur serré et la gorge nouée, la famille Lapin se rendit au chevet de Jojo : il semblait tellement paisible malgré les nombreux appareils qui l’entouraient.
« Maman, on dirait qu’il dort ! » chuchota Juju
Maman Lapin réussit à répondre avec des sanglots dans la gorge.
« C’est vrai, Jojo a l’air de dormir »
Papa s’approcha du lit, prit la main de Jojo et lui caressa le visage.
« Nous sommes là mon Jojo. Ne t’inquiètes pas, tu n’es pas tout seul. Juju et Mimi sont là aussi. Nous t’aimons tous très fort. Sois courageux… »
Maman fondit en larmes tandis que Papa essayait tant bien que mal de retenir les siennes. C’était trop difficile de voir leur Jojo étendu sur ce lit.
« Nous pleurons parce que nous sommes tristes de voir Jojo dans cet état, car nous l’aimons très fort comme nous vous aimons aussi » dit Maman Lapin.
Chacun leur tour, ils déposèrent un doux baiser sur le front de Jojo.
Le docteur Marmotte qui était resté à leur côté, précisa :
« A présent, il est l’heure de conduire Jojo dans le service de réanimation. Vous allez nous accompagner ; vous pourrez patienter quelques instants dans la
salle d’attente du service : le médecin de réanimation viendra vous parler.»
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Toute la famille suivit l’équipe médicale qui accompagnait Jojo.
En chemin, Mimi demanda à Tante Louise :
« Maman et Papa sont tristes, c’est à cause de moi ? »
Tante Louise lui expliqua
« Mais non, Mimi, ils sont malheureux car Jojo est gravement blessé, tu n’es pas responsable, toi aussi tu es triste comme eux »
« Oui, … » dit-elle d’une petite voix toute tremblotante, en reniflant.
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Ils furent guidés vers la salle d’attente du service de réanimation pendant que l’équipe médicale installait Jojo dans sa chambre.
Mais, les enfants étaient inconsolables et soudain Juju finit par éclater en gros sanglots :
« C’est de ma faute si Jojo a eu un accident ! »
« Mais non, qu’est-ce que tu racontes. Tu n’y es pour rien mon Juju »
« Si ! J’aurai dû l’arrêter avant. C’est ma faute, je le sais ! »
Tante Louise essaya de réconforter Juju et de lui expliquer qu’il n’était en rien responsable de l’accident de Jojo :
« Les accidents arrivent sans prévenir. On ne peut pas toujours les éviter. C’est comme çà. C’est la faute de personne.»
Elle embrassa Juju avec tendresse.
Mimi était très triste. Trop petite pour comprendre, elle demanda
« Mais, il va guérir n’est ce pas ? »
Tante Louise déposa un baiser sur le front de Mimi et la serra dans ses bras :
« Pour l’instant, nous ne pouvons pas savoir, mais nous espérons tous très fort que Jojo ira mieux »
Après de longues minutes d’attente, soudain
TOC ! TOC !
le médecin de réanimation, le docteur Castor, entra et expliqua :
« Jojo a de très graves lésions cérébrales ; pour l’instant, il n’est pas possible de connaître l’évolution ; il faut attendre vingt quatre heures pour se
prononcer »
« Mais vous ne pouvez pas l’opérer ? » demanda Maman
« Malheureusement c’est impossible au moins dans l’immédiat, le chirurgien a jugé qu’il n’était pas prudent d’intervenir maintenant » répondit le docteur
Castor.
Puis Juju voulut savoir « c’est quoi des liaisons cérébrales »
Le docteur Castor expliqua « on dit lésions cérébrales; une lésion c’est quand tu te blesses, que tu te coupes, tu te fais une lésion ; Jojo a des lésions au
niveau de son cerveau »
Le docteur Castor s’arrêta mais personne ne parlait ; il respecta ce silence et reprit :
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« Si quelqu’un de la famille désire rester cette nuit, nous pouvons mettre à votre disposition de quoi vous reposer mais vous ne pourrez pas être en
permanence auprès de Jojo ; il demande beaucoup de soins. »
Maman voulut rester.
Papa, Juju et Mimi, Oncle Lee, Tante Louise, Lili et Praline allèrent voir une dernière fois Jojo avant de partir.
Une infirmière les accompagna et leur expliqua qu’avant de voir Jojo chacun devait mettre une blouse par mesure de propreté.
Jojo était dans une chambre, seul, entouré de machines, il donnait l’impression de dormir. Il était relié à toutes ces machines par de nombreux tuyaux,
c’était très impressionnant.
les enfants donnèrent un baiser sur la main de Jojo ; puis, Oncle Lee et Tante Louise les emmenèrent dans la salle d’attente pour laisser Papa et Maman
avec Jojo.
Après un dernier baiser, Papa dit très doucement
« Il faut espérer de tout notre cœur que notre Jojo va guérir, essaye de te reposer un peu cette nuit. Les prochains jours seront certainement difficiles »
Il regagna la salle d’attente et avec Oncle Lee, Tante Louise et les enfants, ils quittèrent tristement l’hôpital.
Le trajet se fit dans un profond silence. Chacun avait besoin de ce calme pour exprimer sa tristesse.
Oncle Lee, Tante Louise et leurs enfants restèrent toute la nuit dans la maison de Papa Lapin ; leur présence était indispensable dans ce moment aussi triste.
Pendant ce temps là, Maman Lapin était auprès de Jojo mais celui-ci demandait beaucoup de soins et elle était souvent obligée de sortir de la chambre pour
laisser la place aux infirmières et au médecin ; le personnel était très gentil ; mais, au fur et à mesure des heures qui s’écoulaient, Maman Lapin vit les visages des
infirmières de plus en plus inquiets.
Vers minuit, le docteur Castor s’adressa à Maman Lapin :
« Vous devriez aller vous reposer un peu, vos enfants auront besoin de vous demain, car malheureusement, l’état de Jojo ne s’améliore pas, au contraire il
s’est aggravé et je suis très inquiet »
Maman Lapin venait de comprendre brutalement et s’effondra en larmes.
A la maison, Tante Louise prépara un petit repas pendant que Oncle Lee entourait les enfants.
Soudain, Juju se mit à crier, à pleurer et attrapa sa luge qu’il fracassa contre un mur. Mimi, Lili et Praline étaient affolées et s’effondrèrent en larmes.
Oncle Lee calma Juju
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« C’est normal que tu sois en colère, car tu es très triste comme nous tous. C’est injuste… et tous les malheurs sont injustes mais personne n’est
responsable. Jojo aime faire de la luge, faire le fou, ça le rend heureux ; C’est vrai que Jojo a pris des risques, beaucoup de risques mais tout le monde fait des
bêtises ; malheureusement, parfois il arrive des accidents sans que personne ne soit réellement responsable. »
Juju se calma et vint se blottir dans les bras d’Oncle Lee.
Papa Lapin malgré sa tristesse évidente s’adressa à son fils et à sa fille :
« Tout le monde est très triste ; nous espérons que Jojo va guérir. Oncle Lee et de Tante Louise, Lili et Praline vont rester ici cette nuit. Demain, nous irons
tous à l’hôpital mais nous devons être en forme pour aider Jojo et Maman, alors je vous propose de faire un petit souper et d’aller ensuite vite nous reposer. »
Le lendemain, quand toute la famille arriva à l’hôpital, ils virent le visage pâle de Maman Lapin…sans un mot, elle s’effondra en larmes dans les bras de
Papa et donna de tendres baisers aux enfants.
Elle finit par réussir à dire ces quelques mots :
« Le docteur Castor veut nous voir tous les deux maintenant »
Ils se dirigèrent vers le bureau du médecin.
Oncle Lee et de Tante Louise restèrent avec les enfants dans la salle d’attente. Dans un profond silence, les enfants se regardaient en s’imaginant le pire.
Soudain, la porte s’ouvrit ; Maman et Papa arrivèrent accompagnés du docteur Castor.
Papa en tenant Maman dans ses bras s’adressa aux enfants :
«Le médecin nous a dit que l’état de Jojo s’était aggravé cette nuit et ce matin les examens ont montré qu’il n’était plus possible de le sauver : son cerveau
est mort. Sans son cerveau, il ne peut plus vivre. Les enfants, notre Jojo nous a quittés ; il est mort. Il ne reviendra plus jamais parmi nous ; le médecin est là pour
vous expliquer »
Le docteur Castor prit la parole.
« Jojo présentait de graves lésions au cerveau et son cerveau s’est détruit complètement. Jojo s’en est allé ; Jojo est mort. Vous allez le voir mais vous
devez comprendre que si son cerveau est complètement détruit, son cœur bat encore et les machines le font encore respirer. Vous allez avoir l’impression qu’il
dort ; mais son cœur va s’arrêter aussi, rapidement dans quelques heures. Avec votre Maman et votre Papa, nous avons parlé d’autre chose et ils m’ont demandé de
vous l’expliquer… »
Tout en parlant, le docteur Castor regardait les enfants qui l’écoutaient en silence.
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« … Quand le cerveau est détruit, complètement détruit, nous parlons de mort cérébrale et avant que le cœur ne s’arrête, nous pouvons faire des
prélèvements d’organes qui seront ensuite greffés à des personnes gravement malades »
Le docteur Castor s’arrêta quelques secondes……
Mais, Juju voulut en savoir plus.
« Comment va-t-on prendre ses organes ?… et puis c’est quoi les organes ?, je veux savoir …»
Le docteur Castor reprit la parole
« Comme Jojo est mort, nous allons pouvoir prélever des organes c'est-à-dire son cœur, ses poumons, son foie, ses reins et aussi son pancréas. Nous
pratiquons cela comme pour une intervention chirurgicale. Une fois enlevés, les organes seront ensuite greffés, c’est-à-dire placés dans le corps d’autres personnes
qui sont gravement malades et qui risquent de mourir si nous ne faisons rien pour elles. Jojo est mort maintenant… pour lui, la vie s’est arrêtée mais la décision de
vos parents va permettre de sauver des malades.»
Oncle Lee et de Tante Louise pleuraient et écoutaient sans rien dire, afin de respecter toutes ces décisions.
Les enfants étaient un peu perdus. Ils ne comprenaient pas tout ce que le médecin avait dit.
Tout en essuyant ses larmes, Papa ajouta :
«Jojo est mort, il ne reviendra plus jamais mais nous l’aimerons toujours et nous garderons son souvenir dans notre cœur. Avec votre Maman, nous avons
décidé de permettre des prélèvements d’organes chez Jojo pour sauver d’autres personnes. Jojo aurait été d’accord »
Juju voulut savoir « Jojo est mort ça veut dire qu’on ne le reverra plus jamais ?»
Maman Lapin prit tendrement Juju dans ses bras :
« Oui mon Juju… nous allons le voir encore une dernière fois dans sa chambre et ensuite il faudra lui dire au revoir pour toujours»
« Mais où va-t-il aller ?... Et si on lui prend ses organes il ne pourra plus rien faire ?» demanda Juju
« Quand quelqu’un est mort, il va quelque part sous une autre forme et il n’a pas besoin de son corps, ni de ses organes… le plus important c’est qu’il
reste dans notre cœur » expliqua Papa Lapin.
« Alors, c’est comme s’ il jouait à cache-cache et qu’il ne ressortira plus de sa cachette ?! » s’exclama Praline
« Oui c’est un peu comme cela » lui répondit Tante Louise
Le médecin allait parler mais….
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Mimi interrogea à son tour.
« Là où il va Jojo, est-ce qu’il pourra encore faire de la luge ? »
« Je ne sais pas ma Mimi, mais c’est peut être possible » répondit sa Maman.
« Mais, alors il faut lui donner sa luge… il faut que Papa la répare ! » s’exclama Mimi
« C’est une bonne idée, Papa va la réparer et nous la mettrons avec lui. » répondit Maman
Juju demanda au médecin :
« Mais…… Jojo, il ne pouvait pas avoir un nouveau cerveau que quelqu’un d’autre lui aurait donné ? »
A cette question, le docteur Castor précisa :
« Quand nous mourrons la première chose qui se détruit, c’est le cerveau ; la greffe de cerveau est donc impossible. »
Juju réfléchit et il comprit que ce n’était pas possible.
Une autre question lui vint à l’esprit :
« Est ce que nous pourrons voir les personnes qui seront greffées avec les organes de Jojo pour se faire de nouveaux amis ? »
Malheureusement, le médecin fit non de la tête :
«Ce n’est pas possible. Le don d’organes doit rester anonyme pour le bien de ceux qui seront greffés. »
Juju demanda « c’est quoi anonyme ? »
Le médecin précisa « anonyme, c’est quand nous ne pouvons pas connaître ni le nom ni le prénom de la personne. »
« Oh ! C’est dommage » dit Juju
Le docteur Castor ajouta :
« Mais, nous donnerons des nouvelles anonymes des greffés à vos parents.»
« J’espère que Jojo va pouvoir sauver beaucoup de personnes ! Il était si gentil » dit Juju au médecin.
Les organes de Jojo furent greffés et 7 enfants furent sauvés.
Toute la famille assista à l’enterrement de Jojo.
Sur la tombe de Jojo, Mimi installa la luge que Papa avait réparé « Tiens Jojo,… je ne sais pas si tu pourras t’en servir, mais c’est à toi et tu aimais
tellement faire le fou avec ta luge »
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Plus tard, la famille de Jojo reçut une lettre de chacun des sept greffés. Ils se portaient bien. Chacun à sa façon remerciait Jojo et toute sa famille pour le
don qu’ils avaient fait. Ces nouvelles furent bien sur anonymes.
Une année après la mort de Jojo, la famille Lapin organisa un pique-nique au même endroit, avec tous leurs amis.
Au moment du dessert, Juju et Mimi, prirent la parole :
« On voulait juste vous dire merci à tous d’être venus. Jojo, on t’aime et on ne t’oubliera jamais.»
Ils se rendirent ensuite sur sa tombe.
Cette nuit-là, les étoiles brillèrent dans le ciel plus que d’habitude.
Dans le cœur de chacun, Jojo restera à jamais présent.
Au printemps, sept violettes poussèrent sur la tombe de Jojo autour de sa luge.
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