Historique et organisation politique
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Historique et organisation politique
LISTE DES TABLEAUX Tableau 27.1 Programmation du transfert des compétences à la Nouvelle-Calédonie depuis l’application de l'Accord de Nouméa en mars 1999 ....................27-7 FALCONBRIDGE NC SAS Projet Koniambo Juin 2001 Étude environnementale – Rapport final - ii 20199 27. HISTOIRE ET ORGANISATION POLITIQUE Les renseignements présentés dans les pages qui suivent proviennent, en ce qui concerne l’aspect historique, des études sectorielles suivantes : Patrimoine humain (Godin, 2000) et Ressources patrimoniales (Baret et al., 2000). Elles ont été complétées par les documents « Chroniques 1999 » et « Bensa, 1998 » dont on trouvera les références exactes à la fin du présent chapitre. Les données relatives aux aspects politiques et institutionnels proviennent en partie des études sectorielles Portrait social (Géopacifique, 2000) et Aménagement et utilisation du territoire (SEFP, 2000). Des précisions ont d’autre part été vérifiées dans les lois et actes officiels mentionnés en références. 27.1 RAPPEL HISTORIQUE Les données archéologiques indiquent que l’arrivée des premières familles en Nouvelle-Calédonie date de quelque 3000 années, soit lors de la dispersion austronésienne s’étant produite aux environs de 1050-1000 avant J.-C. La présence de cette population est attestée par la découverte de poterie de type Lapita, caractéristique de toutes les premières implantations océaniennes, sur la presqu’île de Foué, dans les limites de la zone d’étude spécifique (ZES) du projet minier Koniambo1. L’occupation de l’espace, au début de la période dite de Koné, est caractérisée sur la Côte Ouest de la Grande Terre par des sites implantés à l’embouchure d’une rivière, à proximité d’une zone de marécage où la mangrove prédomine. À la fin de la période de Koné, vers 200 ans après J.-C., les sociétés océaniennes de Nouvelle-Calédonie sont en pleine évolution et en pleine diversification sociale et culturelle. La présence d’occupations humaines situées à l’arrière des bords de mer2 laisse supposer que durant le premier millénaire avant J.-C. s’est mise en place dans certaines vallées une économie basée sur l’horticulture, avec probablement des techniques de brûlis engendrant la destruction d’une grande partie de l’environnement naturel. 1 2 Le site WKO013, auquel il est ici fait référence constitue le premier site de l’ensemble culturel Lapita découvert en Nouvelle-Calédonie. Le lecteur trouvera de plus amples informations sur le patrimoine archéologique de la zone d’étude au chapitre 35 du présent rapport. Une étude menée dans la région de Bopope, localisée à l’est de la zone d’étude, a d’ailleurs permis de confirmer les traces de cette première période d’intrusion humaine en fond de vallée (Chroniques, 1999). - 27-1 20199 FALCONBRIDGE NC SAS Projet Koniambo Juin 2001 Étude environnementale – Rapport final Les évaluations démographiques laissent supposer que la population ait alors été en pleine expansion; celles les plus couramment acceptées établissent qu’à la prise de contact avec les Européens, la Nouvelle-Calédonie supportait une population se situant dans une fourchette allant de 40 000 à 80 000 personnes. Certaines zones géographiques ont dû, durant cette période, atteindre plus ou moins rapidement un taux limite de densité humaine. Que ce soit en bord de mer, en plaine ou en haute montagne, on remarque partout la mise en place ou la pérennisation, durant le deuxième millénaire après J.-C., de l’occupation humaine. La toute première rencontre entre la population kanak3 et la population européenne a eu lieu le 6 septembre 1774 sur la plage de Balade au nord-est de la Grande Terre. C’est à ce moment que l’explorateur britannique James Cook met pied à terre dans l’archipel, où il ne reste cependant que neuf jours. Ce contact fut suivi d’autres rencontres expéditives telles celles avec La Pérouse en 1775 et avec D’Entrecasteaux en 1793. Durant toute cette période s’étendant de 1774 à 1843, les relations entre les communautés kanak et européennes furent assez discontinues et se résumèrent à quelques échanges commerciaux sommaires. Le 23 décembre 1843, un navire militaire français, commandé par le capitaine de corvette Laferrière, accoste en Nouvelle-Calédonie. L’équipage est secrètement chargé de faire flotter le drapeau français sur l’île. Mais, pour des raisons économiques et diplomatiques, ce n’est que dix ans plus tard, en septembre 1853, que l’intervention de l’amiral FebvrierDespointes permet à Napoléon III de s’emparer de la Nouvelle-Calédonie pour y créer une colonie pénitentiaire (Bensa, 1998). Commence alors la période véritable de colonisation de la Nouvelle-Calédonie par la France. Celle-ci est marquée par une occupation progressive du territoire par les missionnaires et les militaires, mais d’abord et avant tout par l’érection de pénitenciers chargés d’accueillir les criminels français condamnés aux travaux forcés. De 1864 à 1897, quelque 70 convois acheminent de France plus de 20 000 forçats jusqu’aux pénitenciers de 3 Population autochtone mélanésienne de Nouvelle-Calédonie. D‘origine polynésienne, ce terme auparavant utilisé de façon dérogatoire par les colons européens fut adopté par le mouvement indépendantiste en 1969. Retranscrit avec la graphie « kanak », ce mot ne s’accorde ni en genre, ni en nombre. FALCONBRIDGE NC SAS Projet Koniambo Juin 2001 Étude environnementale – Rapport final - 27-2 20199 Nouméa, de l’île des Pins ou de la Côte Ouest; ce fut notamment le cas à Pouembout, dans la zone d’étude du projet Koniambo (Bensa, 1998). Avec des succès plus ou moins concluants, impliquant à la fois d’anciens prisonniers et de nouveaux venus de la Métropole, l’administration française favorise la colonisation des terres de la Nouvelle-Calédonie, notamment pour l’élevage bovin extensif. Mais c’est la mine, plus que l’agriculture, qui favorisera le peuplement exogène de la Nouvelle-Calédonie. Suite à la découverte d’importantes quantités de nickel en 1863 par l’ingénieur français Jules Garnier, les premières mines sont ouvertes au Mont Dore en 1874 et à Thio en 1875. Une usine de traitement du minerai est bâtie à Nouméa en 1879. L’année suivante naît la Société Le Nickel, qui présida seule, jusqu’à la création de la Société Minière du Sud Pacifique (SMSP), aux destinées économiques de la Nouvelle-Calédonie (Bensa, 1998). Durant toute la deuxième moitié du 19e siècle et la première moitié du 20e, l’administration coloniale française encadre rigoureusement les droits de la population kanak et la dépossède de ses terres. On procède ainsi à la création de réserves dans les années 1860 où l’on « parque » les indigènes que l’on assujettit par ailleurs, à partir de 1887, au Code de l’Indigénat. Pendant un demi-siècle, c’est-à-dire jusqu’en 1946, ce code, qui sévit aussi dans les autres colonies françaises, privera de toute espèce de droits la population kanak. Il n’est donc pas étonnant que, dans les trois premières décennies de la colonisation, plus de 20 révoltes éclatent, y incluant la grande insurrection de 1878 dirigée par le chef kanak Ataï. Pendant ce dernier conflit, qui dura 6 mois, plus d’un millier de Kanak périrent (Bensa, 1998). Alors que la colonisation pénale, agricole et minière bat son plein, la population kanak affiche un déclin rapide entre 1850 et les années 1920, baissant de quelque 40 000 - 80 000 individus à environ 27 000 (Chroniques, 1999). La Nouvelle-Calédonie connaît un certain endormissement entre les deux grandes guerres mondiales. À la faveur notamment d’améliorations sanitaires et économiques, largement attribuables aux missionnaires catholiques et protestants, la population kanak connaît une croissance démographique qui la fait passer de 27 000 en 1921, à 33 000 en 1951. En 1946, un décret gouvernemental abolit le Code de l’Indigénat et la nouvelle constitution donne la citoyenneté française aux Mélanésiens comme à toutes les autres ethnies non - 27-3 20199 FALCONBRIDGE NC SAS Projet Koniambo Juin 2001 Étude environnementale – Rapport final européennes. Formellement, la Nouvelle-Calédonie devient un Territoire d’Outre-Mer (TOM) et elle bénéficie alors d’une certaine autonomie gouvernementale. La France nomme cependant toujours un gouverneur qui représente les intérêts de l’état français et qui détient un pouvoir significatif sur la vie politique et économique de la Nouvelle-Calédonie malgré la création d’une assemblée territoriale de 30 membres élus au suffrage universel en 1956. Le boom économique du nickel des années 1969-1972 entraîne un nouvel afflux de Métropolitains qui suit l’arrivée, dans les années 1950, des Polynésiens issus des autres territoires français. Au même moment, on assiste à l’émergence du mouvement d’indépendance. Les premiers bacheliers kanak dénoncent, par des gestes spectaculaires à partir de 1969, la marginalisation économique des Kanak et le racisme. Le mouvement de contestation kanak s’accentue dans les années 70 et, face à des tergiversations diverses des autorités françaises, les indépendantistes excédés créent le Front de Libération National Kanak Socialiste (FLNKS) en août 1984. S’ensuivirent de nombreuses échauffourées qui exacerbèrent les tensions entre les tenants de l’indépendance et ceux du statu quo. La situation s’envenime progressivement jusqu’aux événements du mois d’avril 19884. L’opinion internationale et celle des pays du Pacifique Sud s’émeuvent d’une telle dégradation de la situation. Le gouvernement français et les leaders respectifs du Front de Libération National Kanak Socialiste (FLNKS) et du Rassemblement pour la Calédonie dans la République (RPCR), trouvent un compromis qui entérine les rapports de force du moment et inaugure un processus évolutif de transformation sociale et politique. Ce compromis se concrétise dans les Accords de Matignon qui marquent la première étape vers une solution pacifique aux problèmes politiques du territoire de la Nouvelle-Calédonie. 4 Lors de ces événements, des barrages sont dressés par les indépendantistes sur la Grande Terre. À Ouvéa, l’investissement de la gendarmerie par des militants FLNKS dégénère en un affrontement (4 gendarmes tués), suivi d’une prise d’otages (27 gendarmes séquestrés); deux semaines plus tard, la libération des otages par la force fait 21 morts (2 militaires et 19 Kanak). FALCONBRIDGE NC SAS Projet Koniambo Juin 2001 Étude environnementale – Rapport final - 27-4 20199 27.2 ACCORDS DE MATIGNON ET DE NOUMÉA Les Accords de Matignon ont été signés à Paris le 26 juin 1988 par le Premier Ministre français (Michel Rocard) et les leaders politiques du FLNKS (Jean-Marie Tjibaou) et du RPCR (Jacques Lafleur). La déclaration commune des Accords reconnaît la nécessité, pour les parties française et calédonienne, « de contribuer à établir la paix civile pour créer les conditions dans lesquelles les populations pourront choisir librement et assurées de leur avenir, la maîtrise de leur destin ». Pour ce faire, on prévoit que, 10 ans plus tard, soit entre le 1er mars et le 31 décembre 1998, un scrutin d’autodétermination soit organisé sur le territoire de la Nouvelle-Calédonie. Le peuple français approuve quelques mois plus tard une loi référendaire permettant la mise en œuvre des Accords de Matignon : Loi n° 88-1028 du 9 novembre 1988 portant dispositions statutaires et préparatoires à l’autodétermination de la Nouvelle-Calédonie. Cette loi définit les grandes lignes de la nouvelle organisation des pouvoirs publics en Nouvelle-Calédonie et redécoupe le territoire calédonien en trois provinces : la Province des Îles Loyauté, la Province Nord et la Province Sud. L’État français s’engage en outre, via notamment des contrats de développement, à favoriser le développement de l’intérieur du Territoire. Au début de l’année 1998, les autorités françaises et calédoniennes font consensus sur les incertitudes politiques pouvant à ce moment découler de la tenue d’un scrutin d’autodétermination tel qu’envisagé dans les Accords de Matignon. S’engagent alors de nouvelles discussions entre les responsables politiques calédoniens et français sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie. Ces discussions conduisent à l’élaboration d’un nouvel accord dit Accord de Nouméa. Cet Accord est signé à Nouméa le 5 mai 19985. Par la suite, la Loi constitutionnelle n° 98-610 du 20 juillet 1998 relative à la Nouvelle-Calédonie modifie la Constitution française du 4 octobre 1958 pour définir de quelle manière l’Accord de Nouméa peut s’appliquer. Elle rétablit ainsi, dans le titre XIII de la Constitution, l’article 76 qui stipule que les populations de Nouvelle-Calédonie doivent se prononcer sur l’Accord avant le 31 décembre 1998. Ce référendum a lieu le 8 novembre 1998 et la population calédonienne 5 Accord sur la Nouvelle-Calédonie. Journal officiel de la Nouvelle-Calédonie, 11 juin 1998, n° 7302. - 27-5 20199 FALCONBRIDGE NC SAS Projet Koniambo Juin 2001 Étude environnementale – Rapport final approuve alors largement les dispositions de l’Accord de Nouméa. Celles-ci sont concrétisées dans une loi adoptée par la République française quelques mois plus tard : Loi n° 99-209 du 19 mars 1999 organique relative à la Nouvelle-Calédonie. Cette loi, communément appelée Loi organique, confirme l’organisation d’un nouveau référendum sur la souveraineté de la Nouvelle-Calédonie dans un horizon de vingt ans ou, si le Congrès calédonien en décide autrement, dans une période de quinze à vingt ans, soit entre 2013 et 2018. Elle confirme le transfert immédiat à la Nouvelle-Calédonie d’un certain nombre de compétences et précise, entre autres, les dispositions constitutionnelles en ce qui concerne : • les modalités de transferts de compétences; • les institutions de la Nouvelle-Calédonie; • les élections au Congrès et aux assemblées de province; • le haut-commissaire de la République française et l’action de l’état français; • le rééquilibrage et le développement économique, social et culturel. En vertu de cette loi, le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie ne vote plus seulement de simples délibérations mais peut également voter des « lois du pays » qui ont valeur législative. Ainsi, depuis les Accords de Matignon et l’Accord de Nouméa, la Nouvelle-Calédonie possède désormais des compétences sur tout l’ensemble du territoire, jusqu’aux limites extérieures de la zone économique exclusive qui s’étend à 200 milles nautiques des côtes. Actuellement, l’État français conserve ses compétences régaliennes (défense, sécurité civile, monnaie, etc.) et procède progressivement au transfert à la Nouvelle-Calédonie des pouvoirs qu’il exerçait antérieurement en matière de droit du travail, d’enseignement, de communications, d’exploration, d’exploitation, de gestion et de conservation des ressources naturelles ainsi que d’exploitation du nickel. Ce transfert des compétences s’accompagne du transfert des outils correspondant à leur application et doit être engagé avec l’écriture, par le Congrès de la Nouvelle-Calédonie, de lois cadres inspirées et adaptées des codes métropolitains, mais pas exclusivement. Le tableau 27.1 présente la programmation du transfert des compétences, telle qu’elle apparaît dans la Loi organique. FALCONBRIDGE NC SAS Projet Koniambo Juin 2001 Étude environnementale – Rapport final - 27-6 20199 Tableau 27.1 Programmation du transfert des compétences à la NouvelleCalédonie depuis l’application de l'Accord de Nouméa en mars 1999 1. Compétences transférées à la Nouvelle-Calédonie avant l'accord de Nouméa • Compétences de droit commun, dont aménagement et urbanisme • Compétences en matière de développement économique 2. Compétences devant être transférées sur la période 2000-2005 • Domaine public maritime, transféré aux provinces • L'exploration, l'exploitation, la gestion et la conservation des ressources naturelles, biologiques et non-biologiques de la zone économique • Communications extérieures en matière de poste et de télécommunications à l'exclusion des communications gouvernementales 3. Compétences devant être transférées sur la période 2005-2015 4. Compétences partagées avec l'État jusqu'au référendum prévu au cours du mandat du Congrès débutant en 2014 5. Compétences pouvant être transférées à la NouvelleCalédonie à l'issue du référendum mentionné précédemment Source • Navigation et les dessertes maritimes internationales • Programmes de l'enseignement primaire, la formation des maîtres et le contrôle pédagogique • Droit à l'emploi • Principes directeurs du droit du travail • Droit au travail des ressortissants étrangers • Commerce extérieur, dont la réglementation des importations et l'autorisation des investissements étrangers • Communications extérieures en matière de desserte aérienne lorsqu'elles n'ont pour escale en France que la Nouvelle-Calédonie • Principes directeurs de la formation professionnelle • Médiation pénale coutumière • Définition de peines contraventionnelles pour les infractions aux lois du pays • Règles relatives à l'administration provinciale • Règles concernant l'état civil • Règles de police et de sécurité en matière de circulation aérienne et maritime intérieure • Élaboration des règles et la mise en œuvre des mesures intéressant la sécurité civile • Régime comptable et financier des collectivités publiques et de leurs établissements publics • Droit civil et le droit commercial • Principes directeurs de la propriété foncière et des droits réels • Législation relative à l'enfance délinquante et à l'enfance en danger • Règles relatives à l'administration communale • Contrôle administratif des collectivités publiques et de leurs établissements publics • Enseignement du second degré • Règles applicables aux maîtres de l'enseignement privé sous contrat • Relations internationales et régionales • Réglementation relative à l'entrée et au séjour des étrangers • Maintien de l'ordre • Réglementation minière • Dessertes aériennes internationales • Enseignement supérieur et la recherche scientifique • Compétences régaliennes, dont la justice, l'ordre public, la défense, la monnaie et les affaires étrangères Loi n° 99-209 du 19 mars 1999 organique relative à la Nouvelle-Calédonie - 27-7 20199 FALCONBRIDGE NC SAS Projet Koniambo Juin 2001 Étude environnementale – Rapport final 27.3 INSTITUTIONS EN NOUVELLE-CALÉDONIE6 Alors qu’elle était un Territoire d’Outre-Mer (TOM) depuis 1946, la Nouvelle-Calédonie est maintenant une collectivité territoriale de la République française dont l’encadrement constitutionnel est assuré par la Loi organique. Les provinces et les communes s’administrent librement par des assemblées élues au suffrage universel direct. Les élections au Congrès et aux assemblées de province ont eu lieu en mai 1999, permettant ainsi la dissolution des assemblées de province élues en juillet 1995, c’est-à-dire avant l’application de la Loi organique. Eu égard à l’Accord de Nouméa, le lecteur trouvera ci-après la composition et les compétences des principales institutions qui interviennent, à un titre ou à un autre, dans la gestion politique, administrative et législative du développement de la Nouvelle-Calédonie. Ces institutions sont, comme précisé dans les dispositions de la Loi organique de mars 1999 : le Congrès, le gouvernement, le sénat coutumier, les conseils coutumiers, le conseil économique et social et les assemblées de province. S’y ajoutent les organisations communales et tribales (réf. : chapitre 28). Les compétences sectorielles des différentes institutions de la Nouvelle-Calédonie en matière de gestion et d’utilisation du territoire, y incluant la protection de l’environnement et la problématique foncière sont, pour leur part, décrites au chapitre 32. 27.3.1 Congrès Le Congrès est l’assemblée délibérante de la Nouvelle-Calédonie; il comprend 54 membres dont 7 de l’assemblée de la Province des Îles Loyauté, 15 de l’assemblée de la Province Nord et 32 de l’assemblée de la Province Sud. Le Congrès élit chaque année, parmi ses membres, un bureau composé d’un président, de vice-présidents, de secrétaires et de questeurs ainsi qu’une commission permanente composée de 7 à 11 membres. 6 Dans le présent document, le terme « État » réfère aux autorités politiques de la République française. Les termes « Territoire » et « Gouvernement » réfèrent aux autorités politiques de la collectivité territoriale de la Nouvelle-Calédonie. Lorsque le contexte le justifie, le terme « gouvernement » réfère à l'exécutif de la Nouvelle-Calédonie, par opposition au terme « congrès » qui réfère à l'assemblée délibérante de la Nouvelle-Calédonie. FALCONBRIDGE NC SAS Projet Koniambo Juin 2001 Étude environnementale – Rapport final - 27-8 20199 L’initiative des lois du pays et des délibérations appartient concurremment aux membres du Congrès et au gouvernement. C’est le Congrès cependant qui adopte les lois du pays au scrutin public, à la majorité des membres qui le composent. Par le vote d’une motion de censure signée par un cinquième au moins de ses membres, le Congrès peut mettre en cause la responsabilité du gouvernement. Les réunions du Congrès sont publiques, à moins que celui-ci en convienne autrement. Actuellement, les compétences du Congrès de la Nouvelle-Calédonie s’étendent sur les domaines de la fiscalité, de la répression des fraudes, de la réglementation des prix, des principes directeurs du droit de l’urbanisme, de la procédure civile, de l’organisation des services, des règles en matière de santé, d’hygiène publique et de protection sociale. 27.3.2 Gouvernement Le gouvernement est l’exécutif de la Nouvelle-Calédonie. Il est élu par le Congrès et il est responsable devant lui. Le nombre de membres du gouvernement est compris entre 5 et 11. Ceux-ci sont élus au scrutin de liste à la représentation proportionnelle suivant la règle de la plus forte moyenne. Les candidats admissibles peuvent être membres ou non du Congrès. Le membre du Congrès ou le membre d’une assemblée de province élu au gouvernement cesse d’appartenir à l’assemblée dont il était membre et il est remplacé dans cette assemblée conformément aux dispositions inscrites dans la Loi organique. Le gouvernement se prononce sur les propositions ou projets de loi du pays et arrête les projets de loi soumis au Congrès. Il fixe les priorités et décide des orientations. Il prépare et exécute les délibérations du Congrès et celles de sa commission permanente. Il prend, sur habilitation du Congrès ou de sa commission permanente, les arrêtés réglementaires nécessaires à la mise en œuvre de leurs actes. Le président du gouvernement représente la Nouvelle-Calédonie. Il dirige l’administration de celle-ci et signe tous ses contrats. Il est ordonnateur des dépenses et prescrit l’exécution des recettes de la Nouvelle-Calédonie. Les réunions du gouvernement ne sont pas publiques, mais font l’objet d’un communiqué. 27.3.3 Sénat coutumier Le sénat coutumier est composé de seize membres désignés par chaque conseil coutumier selon les usages reconnus par la coutume, à raison de deux représentants par aire - 27-9 20199 FALCONBRIDGE NC SAS Projet Koniambo Juin 2001 Étude environnementale – Rapport final coutumière. La durée du premier mandat actuel du sénat coutumier est de six ans. Les mandats suivants seront de cinq ans. Le sénat coutumier désigne son président pour une durée d’un an et ses vice-présidents et rapporteurs. Le sénat coutumier est représenté au conseil économique et social, à l’Agence de développement rural et d’aménagement foncier (ADRAF), à l’Agence de développement de la culture Kanak (ADCK) ainsi qu’au comité consultatif des mines. Tout texte de loi du pays qui réfère aux aspects coutumiers (signes identitaires, statut civil coutumier, régime des terres coutumières, régime des palabres coutumiers, limites des aires coutumières, modalités d’élection au sénat coutumier et aux conseils coutumiers) doit être adopté par le sénat coutumier avant sa délibération au sein du Congrès. En outre, le sénat coutumier est consulté par le président du gouvernement, par le président du Congrès ou par le président d’une assemblée de province, sur les projets ou propositions de délibération intéressant l’identité kanak. 27.3.4 Conseils coutumiers Un conseil coutumier est institué dans chaque aire coutumière et sa composition est fixée selon les usages propres à cette aire. Chaque conseil coutumier désigne son président et fixe son siège. La Nouvelle-Calédonie comprend huit aires coutumières : Hoot Ma Whaap, Paici-Camuki, Ajie-Aro, Xaracuu, Djubea-Kapone, Iaii, Drehu et Nengone. La zone d’étude est concernée par les deux premières aires coutumières. 27.3.5 Conseil économique et social Le conseil économique et social (CES) de la Nouvelle-Calédonie comprend trente-neuf membres (élus pour cinq ans) : • vingt-huit membres représentant les organisations professionnelles, les syndicats et les associations qui concourent à la vie économique, sociale ou culturelle de la NouvelleCalédonie; ils sont désignés dans les provinces à raison de quatre pour la Province des Îles Loyauté, huit pour la Province Nord et seize pour la Province Sud; chaque assemblée de province établit la liste des organismes qui seront appelés à désigner des représentants ainsi que le nombre de représentants désignés par chacun d’eux; • deux membres désignés par le sénat coutumier en son sein; FALCONBRIDGE NC SAS Projet Koniambo Juin 2001 Étude environnementale – Rapport final - 27-10 20199 • neuf personnalités qualifiées représentatives de la vie économique, sociale ou culturelle de la Nouvelle-Calédonie désignées par le gouvernement, après avis des présidents des assemblées de province. Le conseil économique et social est consulté sur les projets et propositions de loi du pays et de délibération du Congrès à caractère économique ou social. À cet effet, il est saisi pour les projets par le président du gouvernement et, pour les propositions, par le président du Congrès. Les assemblées de province, le sénat coutumier ou le gouvernement peuvent également le consulter sur les projets et propositions à caractère économique, social ou culturel. 27.3.6 Assemblées de province Les membres des assemblées de chacune des trois provinces de la Nouvelle-Calédonie sont élus au suffrage universel pour cinq ans (Province Nord, 22 membres, Province Sud, 40 et Province des Îles Loyauté, 14). C’est au sein de ces assemblées que sont nommés les membres du Congrès. Chaque assemblée de province élit son président parmi ses membres élus au Congrès et, parmi les membres de l’assemblée de province, qu’ils soient ou non élus au Congrès, les premier, deuxième et troisième vice-présidents. Le président de l’assemblée de province est l’exécutif de la province et, à ce titre, représente celle-ci et prépare et exécute les délibérations de l’assemblée. Il est également le chef de l’administration provinciale et nomme de ce fait le personnel aux emplois créés par l’assemblée de province. Les budgets de fonctionnement et d’équipement des provinces proviennent de dotations globales de l’État, de dotations de la Nouvelle-Calédonie et du produit des impôts et des taxes. Les séances de l’assemblée de province sont publiques, sauf si celle-ci en convient autrement. Les assemblées de provinces disposent d’une compétence dans toutes les matières qui ne sont par réservées par la loi à l’État français, au Congrès de la Nouvelle-Calédonie ou aux communes7. 7 Les compétences dévolues aux communes sont précisées ci-après à la section 28.2. - 27-11 20199 FALCONBRIDGE NC SAS Projet Koniambo Juin 2001 Étude environnementale – Rapport final 27.3.7 Haut-commissariat Représentant de l’État français en Nouvelle-Calédonie, le haut-commissaire de la République dirige les services de l’État et assure l’exécution des lois et décrets. Il est également le garant de l’ordre public et peut faire appel à la force publique. Dans toutes ses fonctions, le haut-commissaire est assisté d’un secrétaire général auquel il peut déléguer une partie de ses attributions et qui le supplée de plein droit en cas d’absence ou d’empêchement. Le haut-commissaire est nommé par décret du président de la République française. Le haut-commissaire est notamment responsable de la justice, de la sécurité publique, des douanes, de la monnaie et des affaires militaires et il intervient dans l’éducation, dans l’agriculture, la forêt et l’environnement ainsi que dans les mines et l’énergie. Le haut-commissaire est par ailleurs responsable des contrats pluriannuels de développement ainsi que des dotations de fonctionnement financés par l’État français. Les contrats de développement visent le rééquilibrage et le développement économique, social et culturel de la Nouvelle-Calédonie; ils sont conclus entre l’État français d’une part, le territoire de la Nouvelle-Calédonie, les provinces et les communes d’autre part. Ces contrats ont une durée de cinq ans et ils sont compatibles avec le schéma d’aménagement et de développement de la Nouvelle-Calédonie. Un tel schéma est élaboré par le hautcommissaire et le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie et approuvé par le Congrès, après avis des assemblées de province, du conseil économique et social et du sénat coutumier, et après consultation des communes. Le schéma d’aménagement et de développement de la Nouvelle-Calédonie fait l’objet tous les cinq ans d’une évaluation et d’un réexamen. Les contrats de développement actuels couvrent la période 2000-2004, laquelle est subdivisée en deux phases : 2000-2001 et 2002-2004. FALCONBRIDGE NC SAS Projet Koniambo Juin 2001 Étude environnementale – Rapport final - 27-12 20199 RÉFÉRENCES ACCORD SUR LA NOUVELLE-CALEDONIE. Journal officiel de la Nouvelle-Calédonie, 11 juin 1998, n° 7302 (« Accord de Nouméa »). BARET, D., J. BOLE, A. OUETCHO, C. SAND, 2000. Des Ressources patrimoniales du Milieu. Projet Koniambo – Étude environnementale de base. Rapport sectoriel (HUM-4) présenté à Falconbridge NC en octobre 2000 (version finale). 43 p. + annexes. COLLECTIF, 1999. Chroniques du pays kanak. Société kanak. Tome 1, Éditions Planète Mémo, Nouméa, 293 p. BENSA, A., 1998. Nouvelle-Calédonie. Vers l’émancipation, Découvertes Gallimard Histoire, 175 p. GEOPACIFIQUE, 2000. Portrait social. Projet Koniambo – Étude environnementale de base. Rapport sectoriel (HUM-1) présenté à Falconbridge NC en décembre 2000 (rapport final). 157 p. + annexes. GODIN, P., 2000. Patrimoine humain. Projet Koniambo – Étude environnementale de base. Rapport sectoriel (HUM-5) présenté à Falconbridge NC en décembre 2000 (version préliminaire). 216 p. LOI n° 88-1028 du 9 novembre 1988 portant dispositions statutaires et préparatoires à l’autodétermination de la Nouvelle-Calédonie. LOI CONSTITUTIONNELLE n° 98-610 du 20 juillet 1998 relative à la Nouvelle-Calédonie. LOI n° 99-209 du 19 mars 1999 organique relative à la Nouvelle-Calédonie (« Loi organique »). SEFP (Société d’études et de formation du Pacifique), 2000. Valorisation des composantes environnementales. Projet Koniambo – Étude environnementale de base. Rapport sectoriel (HUM-7) présenté à Falconbridge NC en décembre 2000 (version finale). 167 p. + annexes (sous couvert séparé). SEFP (Société d’études et de formation du Pacifique), 2000b. Aménagement et utilisation du territoire. Projet Koniambo – Étude environnementale de base. Rapport sectoriel (HUM-3) présenté à Falconbridge NC en décembre 2000 (version finale). 138 p. + annexes (sous couvert séparé). - 27-13 20199 FALCONBRIDGE NC SAS Projet Koniambo Juin 2001 Étude environnementale – Rapport final