Cinéma garanti sans 3D
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Cinéma garanti sans 3D
a garanti sans 3D m é n i C 5 place Camille Jullian 33000 Bordeaux • www.cinemas-utopia.org • 05 56 52 00 03 • [email protected] TEMPÊTE Samuel COLLARDEY France 2015 1h29 avec Dominique Leborne, Matteo Leborne, Mailys Leborne, Patrick d'Assumçao… Scénario de Samuel Collardey et Catherine Paillé Les festivals de Venise, Namur, la Roche sur Yon… ont tous primé ce film exceptionnel et on espère bien que ce n'est qu'un commencement tellement il le mérite ! Samuel Collardey nous offre un film absolument magnifique, qui n'a besoin d'aucun artifice pour vous boule- verser et sonder l'âme humaine. Premières images saisissantes… Éléments déchaînés… Nous voilà perdus au milieu de l'océan, brinquebalés par une somptueuse tempête, écartelés entre admiration et peur au ventre No 168 du 24 février au 29 mars 2016 / Entrée: 6,50€ / La 1re séance: 4€ / Abonnement: 48€ les 10 places TEMPÊTE face à la beauté, à la force de la nature. Dans cette première scène magistrale, tout est dit. L'excitation puissante en même temps que le sentiment de vulnérabilité qui transpercent ceux qui vivent de tels instants. Après cela, infranchissables semblent les abysses séparant le monde des terriens et celui des marins, qui cœxistent pourtant sur la même planète. Combien revenir sur le plancher des vaches, malgré toutes les attaches qu'on y a, doit paraître fade ! Quels charmes terrestres pourraient rivaliser avec les envoûtements impérieux de la mer ? Dom ne cherche même pas à y résister. Ce beau trentenaire, forgé par des années de pêche en haute mer, n'imagine pas faire autre chose de sa vie, il s'en sait d'ailleurs complètement incapable. S'il ne parle pas de passion, il la vit au quotidien. Les vagues le bercent autant qu'elles le bousculent, le protègent. Des années d'embarquement l'ont préservé de devenir une de ces grandes personnes insipides, pour le meilleur et pour le pire. Peut-être le peu de jours qu'il passe sur terre sont-ils insuffisants pour apprendre à décoder le monde de ceux qui y restent constamment. Chaque fois que Dom revient sur l'Île d'Yeu, où il réside, il semble tanguer entre l'état d'adulte et celui de l'éternel gamin qui, vingt années auparavant, prit pour la première fois le large. Mais voilà… à trente six ans, il n'est plus le seul adolescent de la famille qu'il a essayé de fonder. Dans le petit pavillon qu'il n'a jamais le temps de retaper, l'attendent toujours impatients ses deux gosses, dont il a la garde, Matteo et Mailys. À voir leurs retrouvailles on a plus l'impression que c'est une fratrie qui se reconstitue qu'un père qui reprend son rôle en main. Elles sont certes vivifiantes, leurs taquineries, leurs batailles qui dévastent l'appartement, mais elles ne laissent que peu de place et de temps à l'écoute, à la communication dont ils auraient tous besoin. Dom se trompe lourdement en croyant sa progéniture suffisamment armée pour affronter les écueils qui se présentent à elle. Il la pense toujours sagement rangée dans les petites cases prévues à cet effet. Matteo enfilant comme les générations précédentes la panoplie de marin, Mailys se satisfaisant du rôle de fille docile. Il a beau les aimer intensément, il est aveugle aux tempêtes qui s'agitent sous leurs crânes au sortir de leur enfance houleuse. Et lorsque Dom fait défaut à Mailys dans un moment crucial pour elle, cela va être comme un véritable tsunami affectif qui laissera des traces indélébiles dans sa vie comme dans leur relation… En filigrane ? Un contexte social peu réjouissant, où la crise qui guette les pêcheurs se révèlera plus vorace que les plus féroces requins et où aucun banquier, aucun syndicat ne mouille sa chemise pour les aider à surnager… On ne peut terminer sans préciser que, pour chacun des acteurs principaux, justes, exceptionnels, charismatiques, c'est un premier passage à l'écran. On en ressort complètement bluffé, à tel point que deux grands festivals prestigieux n'ont pas hésiter à décerner à Dominique Leborne leur grand prix d'interprétation masculine. Et ils ont eu bien raison ! C'est qu'avec une grande et humble simplicité, il a offert sa propre histoire à Samuel Collardey, qui respecte et filme ses personnages de manière admirable, magnifiant cette humanité vibrante à laquelle nous appartenons tous. THE REVENANT Alejandro GONZALEZ IÑARRITU USA 2015 2h36 VOSTF avec Leonardo DiCaprio, Tom Hardy, Domhnall Gleeson, Will Poulter… Scénario de Alejandro González Iñárritu et Mark L. Smith, d'après le roman de Michael Punke. Musique de Ryuichi Sakamoto, photographie d'Emmanuel Lubezki. et Alfonso Cuarón (Les fils de l'homme, Gravity). Rien ne peut vous préparer à la fulgurance de sa sauvagerie, à l'animalité viscérale de sa violence. Rien ne peut vous préparer à l'éclat bouleversant, au cœur des ténèbres, de la lueur d'humanité qui subsiste, malgré tout ce qu'il endure, dans le regard de Leonardo DiCaprio. GOLDEN GLOBES 2016 : Meilleur film, Meilleur réalisateur, Meilleur acteur Depuis qu'il s'est mis à l'écriture du scénario de ses films à partir de Biutiful, Alejandro González Iñárritu a déployé ses ailes et confirme le tournant esthétique de Birdman. Dans The revenant, l'usage des plans séquences et de la courte focale est en parfaite cohérence avec l'histoire, on n'est plus dans l'exercice formaliste génial, son cinéma est devenu organique, respirant avec son histoire, ses personnages. C'est le résultat d'un tournage dans des conditions particulièrement difficiles (il rejoint les légendaires tournages d'Apocalypse Now et Sorcerer), en décors naturels, et dans l'ordre chronologique du film : « tout le monde était gelé, le matériel se brisait. Amener la caméra d'un point à un autre était un cauchemar. Les acteurs n'étaient pas en studio à rigoler devant des fonds verts. » Hugh Glass était un « mountain man », « Tant que tu peux t'accrocher à une respiration, bats-toi, respire… continue à respirer. » C'est sur cette leçon de survie que commence l'odyssée de Hugh Glass selon Iñárritu. Ne vous laissez pas submerger, perturber, par le bruit médiatique qui va entourer la sortie de ce grand favori pour les Oscar (douze nominations), après avoir triomphé aux Golden Globes. Retenez votre respiration, elle vous sera précieuse durant cette expérience immersive dans les étendues glacées et les montagnes enneigées du Dakota du Sud. Rien ne peut vous préparer à sa beauté, à la magnifique photographie d'Emmanuel Lubezki, déjà à l'œuvre pour Birdman, et aussi chez Terrence Malick (Tree of life, Le Nouveau monde) un de ces trappeurs, explorateurs américains qui parcouraient les montagnes de l'Amérique du Nord au xixe siècle, motivés par le profit, chassant les castors et vendant leurs peaux. Jeremiah Johnson, de Sydney Pollack, qui racontait l'histoire d'un de ces trappeurs, Johnson le mangeur-de-foie, fait aujourd'hui figure de conte pour enfant aux côtés de The Revenant. Le film mêle deux épisodes qui ont fait la célébrité de Hugh Glass, durant l'expédition du général William Ashley remontant le Missouri. Le premier épisode est celui de la rencontre avec les indiens Arikaras, qui les pourchassèrent et auxquels il parvint à échapper, aidé ensuite par des Sioux pour rejoindre le fort. En 1823, lors d'une reconnaissance, Glass surprit une femelle grizzly, accompagnée de ses deux oursons, qui le chargea. Il réussit à tuer l'ours, mais très gravement blessé, fut laissé pour mort par les deux compagnons qui devaient rester à ses côtés. Sans armes, il parvint en six semaines à gagner Fort Kiowa, distant de plus de trois cents kilomètres. Glass se remettra ensuite en route pour traquer Bridger et Fitzgerald, et en tirer vengeance. Resserrant la durée du récit originel, le film reprend en grande partie les épisodes de cette histoire pour en faire une aventure humaine dont la profondeur et la force en font dores et déjà un classique intemporel, hors catégories : « la souffrance est temporaire, un film est éternel » (Alejandro González Iñárritu, Golden Globes 2016). Toulouse, c'est pas rose, Toulouse, c'est morose… Il s'en passe de belles du côté de nos cousins d'Utopia Toulouse : le 26 Janvier, à 8 heures du matin, les projectionnistes se sont retrouvés devant les portes bloquées, des affiches placardées un peu partout sur les vitres avec des slogans dont la violence a cassé les effets bénéfiques de leur petit déjeuner : « BDS – Utopia – Merah même combat ». Dans la foulée, La Licra et le Crif publiaient des communiqués lourds des mêmes vilains amalgames dans le journal la Dépêche (on ne parle même pas des propos injurieux tenus sur JSSNews) : voilà donc Utopia et BDS assimilés à d'affreux criminels (Merah, Fofana, les frères Kouachi…) et autres terroristes qui ont ensanglanté la France par des attentats ces derniers mois… Ouf ! C'est violent ! Objectif de ces attaques simultanées : empêcher que se déroule à Utopia Toulouse la soirée débat sur la situation de Georges Ibrahim Abdallah. Mais empêcher aussi que le mouvement pacisfiste BDS s'exprime et trouve des soutiens alors que la comparution de 4 de ses militants distributeurs de tracts est prévue en Juin au Tribunal de Toulouse. Alors, on s'interroge : pourquoi donc cette modeste soirée, qui finalement a pu se tenir après que les dégats aient été réparés, contrarie-t-elle autant les militants de certaines associations juives ? Georges Ibrahim Abdallah, militant communiste libanais, dit Wikipedia… Sans doute le plus ancien prisonnier politique en Europe. Condamné à perpétuité pour complicité (qu'il a toujours niée) dans l'assassinat en 1982 de deux diplomates, l'un américain, l'autre israélien, dans un contexte de conflit entre Israël et le Liban. A ce jour, il a passé 32 ans en détention et est actuellement détenu à la centrale de Lannemezan. Par deux fois le Tribunal d'application des peines a prononcé sa libération conditionnelle, confirmée en appel sous condition d'expulsion du territoire français. Mais la décision n'a pu être appliquée car le gouvernement refuse de signer l'arrêté d'expulsion. Alors qu'il est libérable depuis 1999, ses avocats se sont vu refuser 9 fois la libération conditionnelle demandée. Des partis politiques, des associations soutiennent sa demande de libération : le Parti de Gauche, Lutte Ouvrière, le NPA, Alternative libertaire, L'Union Juive Française pour la Paix… Des personnalités aussi : Angela Davis, Noël Mamère, Jacques Tardi, Françoise Vergès, André Chassaigne, Patrick Braouzec… des communes l'ont nommé citoyen d'honneur… allez donc voir sur internet. A Utopia, ce n'est pas la première fois que des projections-débats sont organisées sur le sujet. A Utopia Bordeaux, l'ex-pré- fet Bonnet, patron de la DST au moment de l'arrestation d'Abdallah, ancien député UDF… a participé à une soirée sans qu'il y ait opposition virulente et encore moins tentative d'intimidation. On rappelle que le préfet en question, interviewé sur l'affaire dénonçait « une vengeance d'état » dans un excellent article de La Dépêche du 7 Janvier 2012. On pourrait penser qu'il est légitime de s'interroger sur le sujet : ben non ! Ce n'est pas l'avis de JSSNews, de la Licra Toulouse, du Crif Toulouse et de leurs amis… encouragés par la sentence définitive de notre premier ministre : « expliquer, c'est déjà vouloir un peu excuser », triste écho au célèbre « réfléchir, c'est commencer à désobéir » seriné dans les armées pendant la guerre d'Algérie. BDS : Boycott Désinvestissement Sanctions. Sur un moteur de recherche bien connu et non censuré on peut lire : « c'est une campagne internationale appelant à exercer diverses sanctions économiques, académiques, culturelles et politiques contre Israël afin d'aboutir à la réalisation de trois objectifs : la fin de l'occupation et de la colonisation des terres arabes, l'égalité complète pour les citoyens arabes palestiniens d'Israël et le respect du droit au retour des réfugiés palestiniens ». En France en particulier, le mouvement se définit comme une réponse citoyenne et non violente à l'impunité d'Israël. Si, dans la plupart des pays, les appels au boycott n'ont rien d'illégal, en France, depuis la « circulaire Alliot Marie » de 2010, tout appel au boycott est pénalisé, puni d'un an d'emprisonnement et de 45 000 euros d'amende et les procès se multiplient. A Toulouse 4 personnes sont citées à comparaître pour « entrave à l'exercice normal d'une activité économique ». Leur délit ? Avoir distribué des tracts sur le trottoir devant deux grandes surfaces en Décembre 2014 et en Février 2015. Alors question : Israël serait-il si fragile pour trembler ainsi devant quelques distributeurs de tracts pacifistes ? Ce petit pays de 8 millions d'habitants qui est le 8e plus grand exportateur d'armes du monde, qui est aussi une puissance nucléaire… craindrait plus que tout d'être interpellé par des universitaires, des artistes, des intellos… au point que ses partisans inconditionnels ont besoin de jeter l'anathème sur leurs contradicteurs en pratiquant des amalgames sordides, les assimilant à des antisémites, des criminels, des terroristes, des islamo-gauchistes (ce qui ne veut strictement rien dire)… brandissant avec la plus évidente mauvaise foi les accusations les plus extrêmes pour imposer silence, envoyant leurs troupes couler nui- tamment de la colle dans les serrures d'un petit cinéma de rien du tout pour empêcher un débat concernant la demande de libération d'un homme emprisonné depuis plus de trente ans et rassemblant une centaine de spectateurs ? « Israël ne laissera pas BDS occuper le terrain médiatique » vient de déclarer le premier ministre d'Israël. Propos rapportés par Israël Valley, site officiel de la chambre de commerce France-Israël, qui précise que 33 millions d'euros et 35 emplois supplémentaires seront ajoutés pour contrer ces pacifistes tant redoutés qui font faire des cauchemards aux politiciens de la Knesset. Quelques jours après, à Toulouse, était annoncée dans des locaux municipaux un diner de Gala organisé pour BHL et l'ambassadrice d'Israël… qui s'est fait remarquer en début d'année en exigeant le retrait d'un portrait du palestinien Marwan Baghouti, homme politique et chef militaire palestinien, incarcéré dans une prison de haute sécurité israélienne, élément d'une exposition organisée par une salle des ventes à Paris comprenant 36 « unes » de Libé relookées par des artistes et vendues au profit de « reporters sans frontières ». La collaboration entre la salle des ventes, Libération et RSF a été interrompue, Libération refusant de retirer la une contestée, et des artistes retirant leur œuvre par solidarité… « Je suis étonné qu'une ambassade étrangère puisse décider de ce que l'on expose ou pas. Et qu'une maison de ventes cède aux pressions. Je ne tenais pas à envenimer tout cela. Dans les années 70, je me suis élevé contre le jumelage de ma ville, Nice, avec l'Afrique du Sud. A l'époque on disait la même chose de Mandela. Je n'ai pas cherché la provocation avec cette une » regrette Ernest Pignon-Ernest… Utopia Toulouse a porté plainte et réfléchit aux suites judiciaires à donner. L'Union Juive Française a publié un communiqué à lire sur son site. Mais tout de même… ce genre de comportements, ces amalgames aussi stupides que grossiers, ces pressions (auxquelles cèdent un peu trop facilement les élus), ces interdictions successives… ne sont-ils pas plus productifs d'hostilité envers Israël que des tracts protestant pacifiquement contre une politique d'apartheid que plus grand monde ne conteste ? En savoir plus : www.ujfp.org www.bdsfrance.org MERCI PATRON ! Documentaire de François RUFFIN France 2016 1h24 avec Serge et Jocelyne Klur, leurs amis, leurs anciens collègues, François Ruffin… à l'assaut du prix Woodrow Wilson de la citoyenneté d'entreprise et du service public (!!!), le chevalier commandeur de l'ordre de l'Empire britannique (qu'ils le gardent !), le patron qui dit sans rire « Quant aux maisons, je crois qu'il ne faut pas en avoir trop, il faut avoir le temps d'y aller », j'ai nommé l'inénarrable Bernard Arnault… C'est l'histoire de Jocelyne et Serge Klur, ex-employés d'Ecce, filiale du groupe LVMH. Ex-employés de son usine de Poix-du-Nord, jadis chargée de la confection des costumes Kenzo. « Jadis » car, mondialisation oblige, le groupe a cru bon d'en délocaliser toute la production en Pologne. Moyennant quoi les Klur ont été invités à se rendre employables ailleurs. Quatre ans plus tard, la fin de droits est passée depuis belle lurette, on tourne à 400 euros par mois, la maison est fraîche – forcément, il n'y a plus de chauffage, et il a fallu se replier dans la seule pièce habitable… On en est là quand survient un avis de saisie de la maison, ni plus ni moins, à la suite d'une ardoise d'assurance de 25 000 euros. Pour les Klur, qui considèrent qu'on est un « gros », voire un « capitaliste » à partir de 3 000 euros par mois, c'est là tomber d'un coup dans des ordres de grandeur qui font sortir de la Voie lactée. Ce qui n'empêche pas d'ailleurs de tirer des conséquences pratiques, en l'occurrence sous la forme du projet, si c'est ça, de foutre le feu à la maison – la seule chose que les Klur aient vraiment eue à eux et dont ils ont tiré à peu près tout ce que leur existence leur a réservé de joies. On ne fait pas plus local que le cas Klur. Et on ne fait pas plus global non plus. Car les Klur offrent un résumé presque complet du système. Pourtant, contrairement à bon nombre de ceux qui ont traité avant lui de la condition salariale à l'époque néo-libérale, le film de François Ruffin n'a aucune visée analytique ou pédagogique. C'est un film d'un autre genre, difficilement identifiable, d'ailleurs, au regard des catégories cinématographiques habituelles. Le plus juste serait sans doute d'en dire qu'il est un film d'action directe. Car Ruffin, qui a Bernard Arnault dans le collima- teur depuis un moment, va opter pour l'attaque frontale : Klur-Ruffin contre Arnault. L'époque néo-libérale enseignant que si l'on ne demande pas avec ce qu'il faut de force, on n'obtient rien, Klur-Ruffin vont demander. Avec ce qu'il faut de force. 45 000 euros de dédommagement pour réduction d'un couple à la misère, plus un CDI quelque part dans le groupe LVMH pour Serge ! Et sinon, campagne de presse. Pas Le Monde, pas France Inter, pas Mediapart : Fakir, journal libre fondé par Ruffin et basé à Amiens. Tremblez, puissants ! C'est à ce moment que le film passe d'un coup dans la quatrième dimension, et nous avec. Car dans le cortex frontal de l'éléphant, l'attaque du moustique a semé un sacré foiridon. Et le puissant se met à trembler pour de bon. On ne peut pas raconter ici la série des hilarantes péripéties qui y conduisent, mais le parti pris de « spoiler » commande au moins de donner tout de suite la fin de l'histoire : Bernard Arnault s'affale ! … Si des Klur coachés par le camarade Ruffin ont le pouvoir de mettre Bernard Arnault à quatre pattes, c'est bien qu'en face, on a peur. Confusément conscience que tant de vilenies accumulées ne pourront pas rester éternellement impunies, donc peur… Et si l'espoir changeait de camp, si le combat changeait d'âme ? (Frédéric Lordon, Le Monde diplomatique) > Théâtre Sœurs Texte et mise en scène Wajdi Mouawad 08 > 12 mars Reconnu pour l’intensité de ses fresques théâtrales (Littoral, Incendies, Forêts…), Wajdi Mouawad construit un « cycle domestique » où il décortique, l’une après l’autre, chaque figure familiale. Après le fils avec Seuls (au TnBA en 2008), voici Sœurs, en hommage à sa sœur et à une époustouflante comédienne, Annick Bergeron. Dans une scénographie sidérante d’inventivité, elle incarne avec virtuosité et humanité tous les rôles. Aussi crédible en quinqua québécoise survoltée qu’en immigrée libanaise virago, elle donne chair et âme à ces sœurs de combat. > Danse Conception et chorégraphie Julie Nioche 15 & 16 mars - Cuvier / Artigues-près-Bordeaux Suspendue dans les airs, au milieu d’une forêt de câbles et de poids, une danseuse s’élève, ondule, plane, se déploie, se repose, retombe… Fragile équilibriste tentant d’explorer l’apesanteur, elle évolue entre liberté et contrainte, au cœur d’un dispositif dont elle dépend tout autant qu’elle lui donne vie. Au carrefour de la danse, des arts plastiques et du cirque, une danse de l’épreuve entre fragilité et maîtrise. En partenariat avec Le Cuvier - Centre de Développement Chorégraphique d’Aquitaine - Artigues-près-Bordeaux > Théâtre Texte Ulrich Hub Mise en scène Betty Heurtebise Trois pingouins contemplent la banquise et se chamaillent. C’est alors qu’une colombe, messagère de Noé, leur annonce le déluge et les informe que deux places seulement sont disponibles dans la fameuse Arche. Ils vont donc tout faire pour cacher le troisième et embarquer tous ensemble. L’Arche part à 8 heures séduit d’emblée par son histoire incontestablement drôle et profonde. À travers le mythe du déluge, ce petit traité de philosophie à l’adresse des enfants aborde avec fantaisie, humour et chansons endiablées, des questions hautement sérieuses. Une Arche qui ne laisse personne de glace ! > Théâtre Sandre monologue pour un homme 4 Conception et direction Rodrigo García 16 > 18 mars Sur scène, quatre personnages enchaînés par des toiles d’araignées peuplées de grelots, quatre coqs en basket, des corps nus qui s’unissent et se repoussent sur un énorme savon de Marseille, deux mini - miss de neuf ans qui dialoguent avec un samouraï, des mots crus qui claquent sans cesse… Dans une matière scénique résolument avant-gardiste où le poétique et le trivial se disputent la scène, entre « Jardin des délices » à la Jérôme Bosch et observation acerbe du monde contemporain, l’humour décapant et provocateur de Rodrigo García. En espagnol surtitré en français Déconseillé aux - 16 ans design franck tallon L’Arche part à 8 heures 22 > 25 mars Nos Solitudes Programme Renseignements du mardi au samedi & billetterie en ligne de 13h à 19h www.tnba.org > Théâtre en famille - À partir de 7 ans 05 56 33 36 80 Texte Solène Denis Mise en scène Collectif Denisyak 22 mars > 02 avril Dans un flot maladroit, une femme se raconte. Jeune fille amoureuse, épouse, mère, une vie passée entre la cuisine, le ménage, les courses, son travail, le soin apporté à ses deux enfants, l’amour pour son homme... Et les promesses trahies, le mari qui l’ignore, la trompe. Alors, cet enfant qu’elle porte dans son ventre, elle n’en veut pas, elle le tuera. Saisissant de vérité, le comédien Erwan Daouphars incarne cette femme brisée, hantée par ses souvenirs. Un voyage dans les blessures de l’âme humaine. Théâtre du Port de la Lune Direction Catherine Marnas 3 place Renaudel - Bordeaux Tram C - Arrêt Sainte-Croix www.tnba.org Spotlight Tom McCARTHY USA 2015 2h08 VOSTF avec Michael Keaton, Rachel McAdams, Mark Ruffalo, Brian d’Arcy James, Liev Schreiber, Stanley Tucci, Billy Crudup, John Slattery, Jamey Sheridan… Scénario de Josh Singer et Tom McCarthy CAROL Todd HAYNES GB / USA 2015 1h58 VOSTF avec Cate Blanchett, Rooney Mara, Sarah Paulson, Kyle Chandler, Carrie Brownstein… Scénario de Phyllis Nagy, d’après le roman de Patricia Highsmith Carol est une femme en train de s’écrouler. Elle ne tient plus que par l'artifice de son statut d’épouse et de mère, de femme du monde belle et enviée. Carol est une femme qui sait qu’elle est en train de s’écrouler mais elle a conscience que sa chute est indispensable à sa renaissance, dont elle ne doute pas. En attendant de pouvoir se sortir d’une procédure de divorce ô combien difficile (nous sommes en 1952, le mariage est d'airain), elle tente tant bien que mal de faire bonne figure, au prix d’efforts contraints et de sourires forcés. Therese est une femme en train d’éclore. Elle est jeune, encore insouciante et légère, mais autour d’elle, entourage, société… tout la pousse à se couler sans réfléchir dans le moule que l’époque a choisi pour elle : se marier, être une gentille épouse et une maman modèle. Sans être rebelle ni forcément réfractaire à l’idée d’un fiancé, Therese a pourtant l’intime conviction que sa destinée ne peut pas déjà, si vite, être toute tracée et qu’il doit bien y avoir une possibilité de simplement suivre son instinct, ses désirs. Quand elle croise le regard un peu froid de cette femme à la silhouette parfaite, d'une classe folle, Therese est subjuguée. Carol est un continent inaccessible, l'incarnation divinement séduisante d’un monde auquel elle n’appartient pas et auquel elle n’appartiendra sans doute jamais, elle la petite vendeuse de jouets derrière son comptoir. Lorsqu'elle croise le regard curieux de ce petit bout de nana frêle à l'allure juvénile, Carol est fascinée. Therese est une promesse de candeur et d'espoirs pas encore broyés sous le poids des convenances et des conventions, un appel au rêve pour elle qui depuis trop longtemps est prisonnière d’un mariage raté. Magistralement filmées, les deux comédiennes forment un duo troublant de sensualité et de douceur contenues, les mouvements des corps et les croisements de regards occupent tout le cadre… Un film somptueux. Ce remarquable Spotlight… s’inspire de faits réels. L’équipe de journalistes d’investigation du Boston Globe, surnommée « Spotlight » (littéralement « le projecteur »), enquête, au début des années 2000, sur une affaire de crimes pédophiles perpétrés – et dissimulés – par l’Église catholique. Pour autant, il ne faut pas chercher la moindre héroïsation du reporter. Car ce qui intéresse McCarthy, c’est de montrer le journaliste, ce soutier de la démocratie, au travail… D’ailleurs le réalisateur ne s’attache à ses personnages qu’à travers le prisme professionnel, sans s’attarder inutilement sur leur sphère personnelle qui aurait risqué de parasiter leur indéfectible trajectoire… McCarthy excelle à camper cette petite ruche industrieuse que forme le groupe Spotlight – les visages anxieux minés par la fatigue croissante et les rebuffades récurrentes, les innombrables appels téléphoniques infructueux, les allées et venues entre le journal, le Palais de justice et le bureau des avocats – et à humer l’atmosphère solidaire qui règne à la rédaction… Peu à peu, le travail acharné des journalistes esquisse les contours des violences insondables subies par les jeunes victimes d’hier. À cet égard, la force de Spotlight, c’est le traitement du hors-champ. S’il ne fait preuve d’aucune fausse pudeur dans l’évocation des viols, le cinéaste évite soigneusement les flash-back insistants, le pathos racoleur… Ce plaidoyer pour la fonction salvatrice de la presse écrite ne serait pas aussi puissant s’il n’était pas ancré dans un contexte géographique bien spécifique. Car dans le film, la responsabilité écrasante de l’Église se confond avec celle de Boston : Boston la patricienne, discrète et « provinciale », Boston qui exècre l’ostentation, et surtout Boston la catholique, où le crime s’épanouit pourtant… Dans ce film subtil qui ne tombe jamais dans l’écueil du manichéisme, tout le monde, ou presque, partage les mêmes origines et, partant, une responsabilité collective… Un film passionnant, de bout en bout ! (F. Garbarz, Positif) REHABILITER LES TIRAILLEURS NAUFRAGÉS LES LUNDIS DES CINÉASTES BORDELAIS ET AQUITAINS C’est une drôle d’histoire que révèle encore une fois notre ami Karfa Diallo. L’histoire oubliée de tirailleurs naufragés lors de la plus grande catastrophe maritime française. Après plusieurs années de combats et de souffrances dans les tranchées du Chemin des Dames, pour une guerre imposée, bien loin de leurs intérêts et de leurs terres, plusieurs compagnies de tirailleurs sénégalais rentraient retrouver leur foyer. C’est de Bordeaux, quai des Chartrons, que partit, le 9 Janvier 1920, le paquebot « L’Afrique ». Dès son appareillage, L’Afrique montre des signes de faiblesse. Des incidents inexpliqués surviennent lors des manœuvres pour sortir de l’estuaire. Ayant heurté une épave, le navire ne répond plus aux commandes. Il dérive dangereusement au milieu d’une terrible tempête qui interdit toute tentative de secours. Dans la nuit du 12 au 13 janvier 1920, entre l’ïle de Ré et les Sables d’Olonne, L’Afrique sombre avec presque tous ses passagers. On comptera seulement trente-six survivants dont quatorze Sénégalais, trois passagers, et dix-sept membres de l’équipage. Parmi ces miraculés, aucune femme, aucun enfant. De violentes controverses judiciaires, techniques et politiques surviendront plus tard mais jamais on n'accordera aux 178 soldats « indigènes » disparus en mer, dans l’exercice de leur devoir, l’hommage et la reconnaissance pour service rendu à la France. Morts pour la France, ignorés de tous, ces tirailleurs gisent toujours au fond de l’Océan. Dans le cadre du centenaire de la grande guerre et à l’heure des errements sur les questions de nationalité, l’association internationale Mémoires & Partages lance un appel pour qu’un hommage soit rendu à la centaine de tirailleurs dont l’âme réclame justice. Une pétition est lancée sur la plate-forme change.org. DEUX PROJECTIONS DU FILM SUBLAND Toutes les infos sur www.memoiresetpartages.com Lundi 29 FÉVRIER en présence des membres du groupe ODEZENNE, du réalisateur Noël Magis et de l'équipe du film proposées par Dublin Film et ECLA Aquitaine 19h30 : projection sur invitation (quelques places disponibles sur inscription à l'adresse suivante : [email protected]) 21h30 : projection publique payante, tarif unique : 4 euros Achetez vos places à partir du Samedi 20 Février. SUBLAND Film documentaire de Noël MAGIS France 2015 53 mn avec le groupe Odezenne Produit par Dublin Films Avec le soutien de la région Aquitaine et de TV7 Bordeaux Alix, Jaco et Mattia sont les membres d’Odezenne, un groupe de musique indépendant. Ils communiquent sur les réseaux sociaux, produisent eux même leurs clips, organisent les tournées… Mais leur vocation première est l’écriture. Alors, il faut partir. 5 mois à Berlin pour créer un troisième album dans un lieu isolé de tout : Subland... SOUTIEN À GEORGES IBRAHIM ABDALLAH Le 1er Mardi de chaque mois, de 18h à 20h, le collectif « Libérons Georges 33 » tient une table de presse devant le cinéma Utopia pour informer sur la situation de Georges Ibrahim Abdallah, 64 ans, militant communiste libanais qui entre dans sa trente-deuxième année de détention dans les prisons françaises. « Aujourd’hui, c’est certainement le plus ancien prisonnier politique en Europe », assure son avocat Jean-Louis Chalanset. Contact Gironde : [email protected] et liberonsgeorges.over-blog.com Mardi 8 MARS, PREMIÈRE PROJECTION DU FILM en présence du réalisateur Pierre Léon et des comédiens Pascal Cervo, Serge Bozon et Luna Piccoli-Truffaut. Pour cette soirée organisée par l'agence ÉCLA Aquitaine, achetez vos places à l'avance, à partir du Samedi 27 Février. Le film est ensuite programmé du 10 au 22 Mars. DEUX RÉMI, DEUX Pierre LÉON France 2016 1h06 avec Pascal Cervo, Serge Bozon, Luna Picoli-Truffaut, Bernard Eisenschitz, Jean-Christophe Bouvet, Pascal Cervo… Scénario de Pierre Léon et Renaud Legrand, très librement adapté du roman Le Double, de Dostoievski Tourné à Bordeaux, soutenu par la Région Aquitaine, en partenariat avec le CNC. Accompagné par l'agence Écla Aquitaine Pierre Léon est un cinéaste singulier et franc-tireur dans l'âme, que vous avez pu découvrir sur nos écrans en 2009 avec son remarquable L'Idiot, déjà inspiré de Dostoievski, qui offrait à Jeanne Balibar un de ses plus beaux rôles au cinéma. Pierre Léon, Français né à Moscou, revient à ses amours dostoïevskiennes avec une très libre adaptation du Double, dont il ne s'inspire que pour mieux s'en éloigner, car si l'œuvre du ro- mancier russe n'était que désespoir et destin sombre, celle de Pierre Léon est une comédie ludique et tout à fait savoureuse. Rémi Pardon (son patronyme dit à lui seul sa discrétion) est l'employé a priori très ordinaire d'une entreprise qui l'est un peu moins (elle se dénomme « Chat va bien » et aide les propriétaires de chats anxieux), dont le patron assez lunaire est le père d'une fille pas ordinaire du tout que le jeune homme fréquente en secret. Rémi vit avec son frère Philippe qui aimerait le voir plus enjoué mais sa vie reste rythmée par les rituels quotidiens et immuables, son passage au café où il commande toujours la même chose, son rendez vous avec sa fiancée qui semble vouloir le bousculer… mais il y a du boulot ! C'est alors que déboule Rémi, oui un autre Rémi, le double parfait de Rémi, mais la duplication s'arrête au physique : Rémi 2 est plein d'initiatives alors que Rémi 1 est réservé, Rémi 2 est plein d'arrogance et de présomption alors que Rémi 1 n'est que discrétion et modestie. Le pire est que non seulement personne ne semble s'étonner de l'apparition d'un second Rémi, mais que collègues et patron semblent s'enthousiasmer pour lui. Rémi 1 se réveillera-t-il de sa torpeur pour résister à l'intrusion de ce double envahissant ? Ce conte fantastique, court pour laisser au spectateur tout le temps d'y penser après, est mené avec beaucoup de légèreté et de fantaisie. On appréciera le ton volontairement décalé, voire surréaliste, des dialogues, on goûtera la sérénité élégante avec laquelle sont présentées et filmées les situations les plus saugrenues, les plus surprenantes et on applaudira au jeu à la fois parfaitement sincère et distancié juste ce qu'il faut d'une équipe d'acteurs tous épatants. Au final, Deux Rémi, deux s'avère un très bel éloge de la discrétion, une belle revanche offerte aux garçons réservés dans un monde où l'on exige de tous qu'ils se surpassent en tout, et par dessus le marché qu'ils sachent se vendre. Autant vous dire que ça fait un bien fou. PS : quant aux Bordelais, ils seront ravis de voir leur ville aussi justement filmée, sans souci aucun du classement patrimonial de l'Unesco ! REPAIRE DE LÀ-BAS SI J'Y SUIS À BACALAN Mardi 8 mars à 19h au Théâtre du Pont Tournant 13 rue Charlevoix de Villers - Bdx Le revenu de base Avec Mathieu JOERGER, sociologue, militant NouvelleDonne, et Marc MORISSET du Mouvement Français pour un Revenu de Base (MFRB) Dissocier revenu et emploi en versant une allocation à tous les citoyens, sans distinction, en voilà une idée qu’elle est bonne ! D’autant plus intéressante que son application concrète a récemment frémi en Suisse et que le revenu de base est en passe d’être mis en œuvre en Finlande. Mais reste encore à évaluer le montant de ce revenu, qui doit être suffisant pour vivre décemment, les modalités de son financement ou les risques sociaux que ce changement radical ne manquera de faire apparaître. Nous explorerons le sujet en compagnie de Mathieu JOERGER, sociologue et militant Nouvelle-Donne et Marc MORISSET du Mouvement Français pour un Revenu de Base (MFRB). Mettez votre PUB dans la gazette 05 56 52 00 15 Jeudi 10 MARS à 19h30, la première projection de HOMELAND 2e partie sera suivie d'un débat avec un ou des universitaires spécialistes du Moyen-Orient. Soirée organisée par les associations de Science Po Bordeaux : Les Petits Courts, Sciences Po Bordeaux for Refugees, Regards croisés et le Bureau des Arts, et par l'Association des Etudiants de Langue Arabe de l'Université Bordeaux-Montaigne. Pour cette soirée, achetez vos places à l'avance, à partir du Lundi 29 Février. HOMELAND 1re partie est diffusé trois fois avant cette soirée du 10 Mars. Les deux parties seront ensuite projetés deux fois par semaine chacune jusqu'à fin Mars. HOMELAND (Irak année zéro) Film documentaire en deux parties d’Abbas FAHDEL Irak 2014 VOSTF Partie 1 : AVANT LA CHUTE – Durée : 2h48 • Partie 2 : APRÈS LA BATAILLE – Durée : 3h02 C'est une formidable lettre d'amour de près de six heures à un pays martyr et à un jeune garçon parti beaucoup trop tôt et de manière absurde. Abbas Fahdel est né à Hilla, Babylone, en Irak. À 18 ans, le jeune cinéphile rejoint la France pour y suivre les cours de brillants disparus : Eric Rohmer, Jean Rouch et Serge Daney. En 2002, alors que les discours de Bush laissent présager une attaque américaine imminente, le réalisateur ressent le besoin impérieux de rejoindre sa famille restée à Bagdad et de filmer tout ce qu'il peut de son quotidien. Un an plus tard il doit revenir en France pour la naissance de sa fille. La guerre éclate en Mars 2003. Quelques semaines passent et il est de retour en Irak pour filmer un pays dévasté, pour filmer aussi et surtout sa famille et son peuple qui survivent avec un stoÏcisme et un humour désarmants... Et puis un événement tragique interrompt brutalement le tournage et Abbas Fahdel se sent incapable de toucher à ses images pendant près de dix ans. Finalement il se remet à la tâche pour constituer un film avec des centaines d'heures de prises de vue et construire ainsi une incroyable fresque impressionniste, la destinée d'un peuple avant et après Saddam... et aussi pour ressusciter un être cher... Abbas Fahdel nous décrit admirablement toute une époque en même temps que l'absurdité d'une histoire chaotique. La première partie nous plonge avec humour dans un univers kafkaïen où l'on regarde via le satellite des dessins animés japonais entrecoupés des discours de plomb de Saddam. Il nous fait suivre la vie quotidienne parfois ubuesque de cette famille, avec notamment ses nièces bien décidées à poursuivre des études envers et contre tout, avec Haidar, ce neveu facétieux qui prend tout en dérision... Et tandis que la guerre se profile, tout le monde reste dans l'attente avec philosophie, alors mêmes que beaucoup ont déjà vécu en 1991 la première guerre du Golfe et le terrible embargo (dont Abbas Fahdel dit que, plus encore que l'invasion, il a forgé des djihadistes en puissance). La deuxième partie est celle de la découverte du chaos, notamment aux côtés de cet acteur incroyable, Sami Kaftan, sorte de Depardieu irakien, qui cherche désespérément dans les ruines de la cinémathèque de Bagdad la trace de films éventuellement épargnés. Et puis il y a la montée de l'insécurité, les bavures terribles des Américains, capables d'abattre un jeune homme qui portait une bobine d'allumage qu'ils ont prise pour une bombe, sans s'excuser auprès de la famille, capables aussi de faire sauter un dépôt de munitions sans prévenir les habitants aux alentours, laissant derrière eux des maisons détruites et des enfants blessés. On devine alors les ferments de la haine qui a nourri les fanatiques... s a i s o n 2 0 1 6 dir. Jacques Charpentier purcell bruckner Funérailles de la Reine Mary & motets Lundi 7 MARS à 20h LES LUNDIS CINÉMA DE SCIENCES PO BORDEAUX proposés par Trudy Bolter Projection unique du film LE PONT DES ESPIONS. Présentation et échanges autour du film avec les chercheurs en cinéma et ardents cinéphiles de Sciences Po : Trudy Bolter, professeur émérite, Robert Lafore et Pierre Sadran, directeurs honoraires, et Xavier Daverat, intervenant. LE PONT DES ESPIONS Vendredi 8 aVril 20h30 abbatiale Ste-Croix bordeaux Quatuor de cuivres sirocco ParticiPation de la classe de Percussions du conservatoire de Bègles dir. JaCqueS Charpentier (BRIDGE OF SPIES) Steven SPIELBERG USA 2015 2h22 VOSTF avec Tom Hanks, Mark Rylance, Scott Sheperd II, Amy Ryan, Sebastian Koch, Alan Alda… Scénario de Matt Charman, Joel Coen et Ethan Cœn 06 71 38 36 99 groupevocalarpege.org Tarifs : 22 et 15 euros Places Prestige : 30 euros Billetterie sur notre site internet et La Machine à Musique/Lignerolles Le premier plan, superbe et saisissant, montre un homme qui semble avoir trois visages : le sien, celui qu'un miroir lui renvoie et celui de l'autoportrait qu'il est en train de peindre… Cet artiste est un espion. Une remarquable scène de filature le confirme, dans le New York de 1957, jusqu'à l'arrestation de cet étrange Russe prénommé Abel. S'ouvre alors vraiment un scénario touffu, coécrit par les frères Coen, avec un certain sens de la paranoïa et quelques pointes d'humour en contrebande. Pour faire condamner à mort Abel, l'Etat américain veut mettre les formes et lui paie donc un avocat commis d'office. Mais ce James Donovan (Tom Hanks), bon père de famille spécialisé dans les problèmes d'as- surance, décide de pousser l'illusion de justice jusqu'à l'épreuve de vérité : pour faire respecter les droits de son client, il devient le plus brillant, le plus courageux des négociateurs, haï par ses concitoyens, mais droit dans ses principes. Et c'est lui que la CIA vient chercher en secret, quand un de ses agents tombe aux mains des Russes, pour tenter un grand marchandage… Parce qu'elle est vraie, l'histoire de James B. Donovan (1916-1970) donne matière à bien plus qu'un simple film d'espionnage. A travers cet homme ordinaire en mission secrète, c'est une certaine idée de l'engagement qui est mise en exergue, en même temps que de grandes valeurs (liberté, justice) se transforment en actes. Cette partition est évidemment parfaite pour Spielberg, qui peut ici faire vibrer sa fibre humaniste… Avec son ami Tom Hanks, lui-même dans un rôle idéal, il donne à ce Pont des espions la tonalité et la tenue d'un cinéma classique, enveloppant, d'une sobre élégance… (Télérama) MUSTANG Deniz Gamze ERGÜVEN Turquie/France 2015 1h37 VOSTF avec Günes Sensoy, Doga Zeynep Doguslu, Tugba Sunguroglu, Elit Iscan, Ilayda Akdogan, Ayberk Pekcan… Scénario de Deniz Gamze Ergüven et Alice Winocour Mustang nous plonge dans une Turquie qui, depuis quelques années, subit une lente mais indéniable refonte sociale qui ne va pas forcément dans le bon sens… Le film traduit la fougue contagieuse d’une jeune réalisatrice qui manifestement ne se reconnait pas dans ces transformations. C’est le dernier jour de l’année dans le collège d’un village de bord de mer. Un moment bien particulier qui draine son lot d’émotions fortes et de sentiments contradictoires. La tristesse de quitter ses camarades de classes, d’en être séparé pour un temps qui parait une éternité, la joie d’être délivré des obligations quotidiennes, de pouvoir vivre les aventures palpitantes des vacances. La tristesse, Lale et ses quatre sœurs la vivent effectivement, serrant bien fort copines et copains dans leurs bras. Lale se montre particulièrement émue par le départ d’une de ses enseignantes pour Istanbul. Après les séparations et les embrassades, place à l’euphorie de ceux qui restent : les cinq sœurs et quelques garçons se dirigent vers une plage magnifique pour se prêter à des batifolages aquatiques gentiment chahuteurs. Mais ces jeux innocents et joyeux ne sont pas du goût de tout le monde et suscitent un scandale aux conséquences inattendues. L’honneur est en jeu, il faut répondre à l’accusation d’une voisine, une de ces gardiennes d’une morale d’un autre temps qui crie à la débauche. La grand-mère se lamente, l’oncle l’accuse de laxisme et promet la remise au pas. Mais rien ne semble atteindre cette fratrie unie comme les doigts de la main, ces cinq filles belles comme des cœurs, vives, espiègles, d’une complicité qui crève l’écran. Orphelines depuis dix ans, elles sont élevées par leur grandmère un peu dépassée devant les désirs adolescents qui s’expriment avec un insolent naturel. Malgré la dureté de leur oncle, elles s’arrangent avec les interdits et se créent des espaces de libertés telle Sonay qui n’hésite pas à faire le mur pour rejoindre son amoureux. Puis vient la goutte d’eau qui fait dé- border le vase du puritanisme familial lorsque elles bravent l’interdiction de se rendre à un match de foot : le pot au rose est découvert au travers d’une scène assez comique. À partir de là, serrage de vis en règle : on les revêt de longues robes « couleur de merde » – dixit Lale – et on les accompagne au village comme pour les exposer. Une vaste entreprise matrimoniale se met branle et dès lors tout sera fait pour pour empêcher les sœurs d’échapper à ce destin contraint : on met sous clef ordinateurs et téléphones, on installe des barreaux aux fenêtres, on rehausse les murs d’enceinte de la maison, qui se transforme en prison. Et commence le défilé ridicule des familles de prétendants. Tout est mis en œuvre pour éduquer ces jeunes femmes à devenir de bonnes épouses, dociles, respectueuses de leur mari, de la tradition, de la religion. A la rentrée, aucune ne retourne à l’école, les cours de pratiques ménagères suffisent ! Mais le désir de liberté et d’accomplissement personnel est toujours là… Ne vous y trompez pas, Mustang est bien plus un appel à l’affirmation, et si nécessaire à la révolte des filles et des femmes que le constat fataliste d’une société en régression. À travers cette chronique vivifiante d’adolescence rebelle, la réalisatrice nous dit clairement qu’il faut garder l’espoir, qu’il y a des espaces de liberté à sauvegarder ou à conquérir. Même si le combat quotidien est difficile… Cinéma de genre, Exploitation, OFNI, auteurs borderline... Séance mensuelle du troisième type proposée par l’association Monoquini www.lunenoire.org LUNE NOIRE #7 • Mercredi 9 MARS à 20h45 LE VENIN DE LA PEUR (UNA LUCERTOLA CON LA PELLE DI DONNA) Lucio FULCI Italie 1971 1h42 VOSTF couleur numérique avec Florinda Bolkan, Anita Strindberg, Stanley Baker, Jean Sorel Musique d’Ennio Morricone Carol Hammond, membre de la bonne société londonienne, confie à son psychanalyste un rêve récurrent : une troublante relation saphique débouchant sur le meurtre de sa partenaire sexuelle. Quelques jours plus tard, sa voisine, l’actrice en vogue Julia Durer, est assassinée dans son appartement après une fête où s’est pressé le gratin hippie de la ville. Or Julia Durer n’est autre que la femme dont rêve Carol. Dès la scène d’ouverture, Le Venin de la peur déploie tout son pouvoir de fascination sulfureux. Baroque et onirique, la séquence invite le spectateur à entrer dans le labyrinthe à fantasmes de l’héroïne, une femme persuadée d’avoir commis un meurtre en état de transe. Plus qu’une version latine – donc poussée dans le rouge – du Répulsion de Roman Polanski (rappelons que le personnage incarné par Catherine Deneuve s’appelle… Carol), le film de Lucio Fulci est un des plus beaux Gialli qui soient. Le Giallo : un genre cinématographique issu de la littérature de gare et qui allait inonder les écrans transalpins suite au succès des premiers films de Dario Argento (L’Oiseau au plumage de cristal en tête). Le Venin de la peur ne déroge pas à ses règles précises : une machination policière, l’étalage psychédélique de l’inconscient, des assassinats fétichisés, les volutes musicales envoûtantes d’Ennio Morricone et, au cœur de l’intrigue, toujours, la femme et sa sexualité. Mais ici, l’héroïne s’affranchit du rôle habituel de victime érotisée pour devenir le siège de toutes les contradictions d’une époque. Cinéaste volontiers misanthrope, Lucio Fulci brouille ainsi les rapports entre psychanalyse et frustrations sexuelles et renvoie dos à dos libéralisation hippie des mœurs et carcan bourgeois. Si le culte voué à ce cinéaste est tributaire d’une tétralogie macabre consacrée aux morts-vivants (L’Enfer des zombies, L’Au-delà…), on aurait tort de négliger, au sein d’une longue carrière protéiforme (ses comédies et ses westerns restent injustement sous-estimés), une série de Gialli atypiques dont Le Venin de la peur est sans conteste l’aboutisse- ment. Les référents picturaux (Salvador Dali et Francis Bacon sont clairement cités) choisis ici par Lucio Fulci ne sont pas les moindres atouts d’une mise en scène hallucinée (split-screens, flous, ralentis…). Le cinéaste choisit également de s’entourer du directeur de la photo d’Elio Petri (Luigi Kuveiller), de Florinda Bolkan, formidable actrice brésilienne à la filmographie exigeante et d’Anita Strindberg, beauté glaçante du Giallo (Qui l’a vue mourir, La Queue du scorpion). La (re)découverte du film témoigne d’un phénomène significatif de l’histoire récente de la cinéphilie : la réévaluation de certains cinéastes italiens majeurs œuvrant dans les genres, jadis rois des vidéoclubs et aujourd’hui célébrés par les plus vénérables institutions. Dario Argento et Mario Bava en premier lieu, mais aussi Lucio Fulci. Après deux sorties confidentielles dans les salles françaises sous le titre Carole, puis Les Salopes vont en enfer (faisant naître la légende d’une version caviardée d’inserts pornos), le film n’est resté visible en France qu’en cassette VHS. Le Venin de la peur jouit aujourd’hui d’une splendide copie restaurée faisant éclore toute la beauté frénétique du film. Immanquable ! FERDA LA FOURMI Programme de 5 films d’animation réalisés par Hermina TYRLOVA Tchécoslovaquie 1968/1983 Durée totale : 42 mn Sans parole POUR LES ENFANTS À PARTIR DE 3 ANS Tarif unique : 4 euros Ferda, c’est une fourmi qui porte fièrement un joli foulard rouge à pois blancs. Créée en 1933, elle est vite devenue une héroïne très populaire dans sa Tchécoslovaquie natale et même dans d’autres pays d’Europe, notamment l’Allemagne. On ne la connait pas en France, le premier film de ce chouette programme va être l’occasion de s’attacher à cette petite bestiole espiègle. LES ESPIÈGLES Programme de 4 films d'animation de l'excellent Studio AB Lettonie 2003/2015 45 mn Sans parole POUR LES ENFANTS À PARTIR DE 3/4 ANS Tarif unique : 4 euros Voilà bientôt cinquante ans que le Studio AB, champion letton du film d'animation, met en scène des humains et des animaux pour faire rire son jeune public. Mais au-delà du savoirfaire et des situations comiques, c’est toute une poésie et un regard bienveillant qui animent les marionnettes du studio. Des thématiques simples mais des combats justes, formidablement mis en scène pour être compris par les plus petits. Au temps des moissons (2003, 13 mn) C’est l’effervescence à la ferme ! Pendant les moissons, paysans et citadins s’entraident pour récolter les céréales, aidés par la fameuse batteuse à vapeur. Au même moment, sous terre, les souris s’activent elles-aussi. Les Espiègles (2006, 9 mn) Pour un petit garçon, vivre à la ferme est souvent synonyme de bêtises en tous genres. Ce n’est certes pas le petit Peter qui va déroger à la règle, lui qui ne manque aucune occasion de faire une farce. Son entourage – humains comme animaux – va en faire les frais. Le Garde forestier (2015, 12 mn) Quand un garde forestier ne peut plus rien faire contre les pollueurs, ce sont les animaux de la forêt qui prennent la relève. Face à leur mobilisation et leur ingéniosité, certains vont regretter de ne pas avoir respecté la nature. Les Hérissons en ville (2015, 11 mn) Les animaux viennent de perdre leur maison. La forêt qui les protégeait a été rasée par les hommes pour laisser place à une ville. Avec l’aide de leurs compagnons à quatre pattes, un couple de hérissons va piéger les humains à leur propre jeu. Vous l'aurez compris, les animaux du Studio AB sont malins. Ils savent retourner une situation comme personne, piégeant les humains à leur propre jeu. Pour tout reconstruire et tout recommencer. En mieux. Ferda aide ses amis (1977 – 10 mn) Ferda la fourmi aimerait bien aider ses amis, en toutes circonstances… Un bourdon lui demande de jouer du tuba pour réveiller ses enfants mais elle joue un peu trop fort ; une sorte de scarabée aquatique l’engage pour pomper de l’air au fond de l’étang, mais elle casse sa machine. Bonne volonté et maladresse ne font pas forcément bon ménage ! Les autres histoires : Un sacré garnement (1973 – 8 mn) À la ferme, un petit garçon s’amuse à tendre de vilains pièges aux animaux à l’aide d’un pot de colle… On verra que les animaux se montreront moins méchants que lui quand les rôles s’inverseront… Les Farces du diablotin (1980 – 6 mn) Sur l’arbre de Noël, les sujets en pâte à pain prennent vie. Un petit diablotin sème la zizanie et fait tomber du sapin le berger et ses brebis, le coq et les poussins, la bergère et le bébé… Les Fééries du corail (1968 – 10 mn) Au fond de la mer, poissons et coquillages jouent et se taquinent… Mais attention, il ne faudrait pas que ça les empêche de voir le danger qui menace… Conte de la corde à linge (1986 – 8 mn) Sur une corde à linge sont accrochés une salopette, un tablier, une grenouillère et un napperon. Mais voilà que la salopette décide de quitter la corde et de découvrir le vaste monde… LES SAISONS Jacques PERRIN et Jacques CLUZAUD Documentaire France Allemagne 2015 1h37 POUR LES ENFANTS À PARTIR DE 7/8 ANS Après avoir parcouru le globe à tire-d’aile avec les oiseaux migrateurs et surfé dans tous les océans en compagnie des baleines et des raies manta, Jacques Perrin et Jacques Cluzaud reviennent pour ce nouveau film sur des terres plus familières. Ils nous convient à un voyage à travers le temps pour redécouvrir ces territoires européens que nous partageons avec les animaux sauvages depuis la dernière ère glaciaire. L’hiver durait depuis 80 000 ans lorsque, en un temps très bref, une forêt immense recouvre tout le continent. Une nouvelle configuration planétaire et tout est bouleversé. Le cycle des saisons se met en place, le paysage se métamorphose, la faune et la flore évoluent. L’histoire commence… À un interminable âge de glace succède une forêt profonde et riche puis, sous l’impulsion d’hommes nouveaux, une campagne riante. TOUT EN HAUT DU MONDE Film d'animation de Rémi CHAYÉ France 2015 1h20 avec les voix de Christa Théret, Féodor Atkine, Thomas Sagols, Rémi Caillebot… Scénario de Claire Paoletti Patricia Valeix Musique originale de Jonathan Morali (Syd Matters) POUR LES ENFANTS À PARTIR DE 7/8 ANS 1882… Plongée dans la majestueuse Saint Pétersbourg de l'époque, son palais de marbre, ses dorures, ses calèches et ses canaux romantiques… Sacha a tout juste 14 ans. À l'âge où les jeunes filles de bonne famille ne rêvent que de robes couleur de lune et de pantoufles de vair, Sacha n'a qu'une passion : les bateaux ! D'un surtout : le Davaï ! Un magnifique voilier conçu par son grand-père explorateur Ouloukine. Le monde de Sacha a basculé le jour où Ouloukine, parti à la conquête du pôle nord, a été porté disparu avec son vaisseau pourtant réputé insubmersible. Dès lors, fidèle à la complicité qui les liait, Sacha s'est plongée dans les notes de son aïeul, a lu et relu ses écrits, est devenue sa plus fidèle experte, malgré son jeune âge… Elle s'est mise à étudier les cartes marines, a appris à compter en nœuds, en milles, à se diriger en plein large… En théorie, bien sûr… Car en pratique, le seul cap que son rang lui impose de tenir, c'est de devenir une future épouse présentable et soumise. D'ailleurs ce soir va être celui de son premier bal… Mais les événements et son caractère bien trempé vont détourner Sacha de sa voie mondaine toute tracée : au cœur de la nuit, elle enfourche un cheval et met les voiles au sens figuré tout en espérant pouvoir le faire bientôt au sens propre. Direction la mer et ses embruns, le grand large et peut-être bien la banquise dans le sillage d'Ouloukine et du Davaï… Tout en haut du monde ! On vous recommande plus que chaleureusement ce petit bijou d'animation enthousiasmant. C'est une œuvre limpide, intelligente, dans laquelle petits ou grands trouveront leur compte, chacun avec un niveau de lecture différent. Il parle tout autant d'aventure que de transmission, de passion ! Un peu plus qu’un simple film documentaire animalier, Les saisons est une épopée sensible et pédagogique à travers les âges qui relate la longue et tumultueuse histoire commune qui lie l’homme aux animaux. Le discours n’est pourtant pas assommant et si le film s’adresse à un public large (et donc aussi scolaire), il reste avant tout très visuel. Pas de grand exposé scientifique ni trop de blabla universitaire : la beauté des images se suffit à elle-même et les mots, dévoilés avec parcimonie, ne sont là que pour situer les grandes lignes du propos. La caméra suit au plus près les animaux petits et gros, lents et rapides, prédateurs ou simple habitants de cette planète bleue et verte que l’homme et sa technologie n’ont pas épargnée. Bébés renard et oisillons, majestueux cerfs, sangliers, oies sauvages, hibou, en solo ou en troupeau, sous le vent, les feuilles, la neige ou le soleil, le règne animal est filmé dans toute sa sublime diversité, dans sa sauvagerie autant que son authentique poésie. CONCERTS Quatre films sur cette gazette, la suite sur la prochaine Copies numériques – Versions restaurées SAM 27.02 - HIP-HOP ONYX + ARGO JEU 03.03 - ANALOG ROCK RELEASE PARTY KRAZOLTA LUN 07.03 - RUSSIAN RAVE LITTLE BIG + TRICKSTERLAND VEN 11.03 - NOISE ROCK ZERO + BASEMENT + DONE JEU 17.03 - SHOEGAZE RINGO DEATHSTARR + LOVELESS VEN 18.03 - FRENCH POP/POP RELEASE PARTY GATHA LUN 21.03 - METAL DER WEG EINER FREIHEIT + HARAKIRI FOR THE SKY + THE GREAT OLD ONES « Kurosawa est un prodige de la nature et son œuvre constitue un véritable don au cinéma et à tous ceux qui l’aiment. » (Martin Scorsese) Né en 1910, décédé en 1998, Akira Kurosawa est l’un des plus grands réalisateurs du cinéma japonais (et mondial !), auteur d'un nombre considérable de chefs d'œuvre puissants et indémodables. En cinquante ans de carrière – premier film en 1943 : La Légende du grand Judo ; dernier film en 1993 : Madadayo – le cinéaste a touché à tous les genres : le film d’action, la fresque historique, le film noir, le drame intimiste… Grand connaisseur de la littérature occidentale, il a également transposé de nombreux auteurs à l’écran : de Shakespeare à Maxime Gorki en passant par l'auteur de polar Ed McBain… QUI MARCHE SUR LA QUEUE DU TIGRE… LUN 28.03 - LIVE ELECTRONICS THE ALGORITHM MAR 29.03 - INDIE POST-FOLK THROW ME OFF THE BRIDGE MER 30.03 - HIP-HOP THE MOUSE OUTFIT MAR 05.04 - ROCK MERZHIN JEU 07.04 - NOISE NARCO TERROR + HOT FLOWERS + COCKPIT + DONE SAM 16.04 - ROCK 70’S DEWOLFF + DATCHA MANDALA LUN 18.04 - HARDCORE SHAI HULUD JEU 28.04 - ABSTRACT HIP-HOP DOCTOR FLAKE Écrit et réalisé par Akira KUROSAWA Japon 1945 1h VOSTF Noir & Blanc avec Denjiro Okochi, Susumu Fujita, Kenichi Enomoto, Masayuki Mori… D'après la pièce de kabuki Ataka, elle-même inspirée d'un drame du nô INÉDIT EN FRANCE IBOAT - BASSIN À FLOTS N°1 33300 BORDEAUX INFOS & RESERVATIONS IBOAT.EU 1185. Les guerres de clans font rage au Japon. Le prince Yoshitsune est pourchassé par son frère aîné, jaloux de sa récente victoire sur le clan Heike. Yoshitsune prend alors la fuite, aidé par six fidèles vassaux déguisés en moines pour tromper leurs poursuivants. Mais avant de quitter le territoire, il leur faut traverser le poste-frontière d’Ataka, minutieusement gardé par les hommes de son frère… Dix ans avant Les Sept Samouraïs, le cinéaste offre une somptueuse variation du film de sabre, en livrant ce quasi huis-clos qui parvient avec élégance à mélanger comédie et tragédie. RÉTROSPECTIVE AKIRA KUROSAWA Acte 1 femme Osuji. Une dizaine de personnes vivent dans cette cour des miracles, parmi lesquelles un acteur raté, un ancien samouraï, une prostituée et un voleur. Un jour, un mystérieux pèlerin débarque dans ce lieu de misère. À son contact, les habitants de l’auberge se mettent à rêver et à croire en de jours meilleurs… Après Le Château de l’araignée, Akira Kurosawa se lance dans une nouvelle adaptation, celle des Bas-Fonds, célèbre pièce de théâtre du Russe Maxime Gorki – également adaptée par Jean Renoir en 1936. Transposant l'action dans le Japon de l'ère Edo, période marquée par une grande disparité entre les classes sociales, Kurosawa pose un magnifique regard humaniste et généreux sur la misère des laissés pour compte. LE CHÂTEAU DE L'ARAIGNÉE Akira KUROSAWA Japon 1957 1h50 VOSTF Noir & Blanc avec Toshiro Mifune, Isuzu Yamada, Minoru Chiaki, Takashi Shimura… Scénario de Shinobu Hashimoto, Ryuzo Kukushima, Akira Kurosawa et Hideo Oguni, d'après Macbeth de William Shakespeare « En tournant Le Château de l’Araignée, j’ai oublié Shakespeare et fait le film comme s’il s’agissait d’une histoire de mon pays. » Dans le Japon féodal (xvie siècle), alors que les guerres civiles font rage, les généraux Washizu et Miki rentrent victorieux chez leur seigneur Tsuzuki. Ils traversent une mystérieuse forêt et rencontrent un esprit qui leur annonce leur destinée : Washizu deviendra seigneur du château de l’Araignée, mais ce sera le fils de Miki qui lui succèdera. Troublé par cette prophétie, Washizu se confie à sa femme, Asaji. Celle-ci lui conseille de forcer le destin en assassinant Tsuzuki… À nouveau, le réalisateur de Rashômon excelle dans la représentation de la folie humaine, prouvant ainsi qu’il est bien le digne descendant (branche asiatique) du grand dramaturge britannique. LES BAS FONDS Akira KUROSAWA Japon 1957 2h17 VOSTF Noir & Blanc avec Toshiro Mifune, Ganjiro Nakamura, Kyoko Kagawa, Bokuzen Hidari, Isuzu Yamada… Scénario d'Akira Kurosawa et Hideo Oguni, d'après la pièce de Maxime Gorki Dans les bas-fonds d’Edo, à l’écart du reste de la ville, se dresse une auberge miteuse tenue par l’avare Rokubei et sa LES SALAUDS DORMENT EN PAIX Akira KUROSAWA Japon 1960 2h30 VOSTF Noir & Blanc avec Toshiro Mifune, Takeshi Kato, Takashi Shimura, Masayuki Mori… Scénario de Akira Kurosawa, Shinobu Hashimoto, Hideo Oguni, Eijiro Hisaita, Mike Y. Inoue Monsieur Iwabuchi, puissant homme d’affaires, s’apprête à marier sa fille Yoshiko à son secrétaire particulier, Koichi Nishi. Les festivités du repas de noces sont troublées par une succession d’événements : l’arrestation de l’un des comptables de la société et l’arrivée d’une mystérieuse pièce montée faisant écho au suicide d’un employé cinq ans auparavant… Éclate bientôt un scandale financier mettant en cause le fonctionnement de la compagnie… Les Salauds dorment en paix (quel titre !) est né de la volonté de Kurosawa de tourner un film sur la corruption de la haute finance au Japon, principal fléau de l'après-guerre selon le cinéaste. C'est noir et c'est magnifique ! Soutien scolaire en langue française DU CP AU BAC Depuis 1999 un petit centre de formation spécialiste de la langue française Maintenant à Bordeaux ! Rattrapage, remise à niveau, suivi des devoirs CHOISISSEZ LA GARANTIE DU RÉSULTAT ! PASCALE GENET MARTORELLO [email protected] french-language-courses.fr 06 77 18 50 71 LA440 Conseil & Acoustique LA440, 18 rue Ravez 33000 Bordeaux Conseil & Acoustique Hifi & Home Cinéma Vente & Réparation www.la440.fr [email protected] 05 57 59 11 11 facebook.com/la440Bordeaux DEUX SOIRÉES-DÉBATS à RETENIR au tout début de la prochaine gazette Jeudi 31 Mars à 20h30, soirée organisée par L'Escale du livre, projection du film UNDERGRONDE, de Francis Vadillo, suivie d'un débat avec des membres de collectifs de fanzines bordelais. Places en vente à partir du Samedi 26 Mars. UnderGronde est un voyage initiatique à travers l’Europe du fanzinat, du graphzine et de la micro-édition. À la découverte des pratiques artistiques qui deviennent un langage commun et fédérateur, en dehors des circuits institutionnels et marchands. Dans tout le continent, les lieux de l’underground prolifèrent. Des univers inventifs où l’on s’active, on crée. Où les artistes n’obéissent qu’à une seule règle : « Fais-le toi-même ! ». Un artiste dans un atelier, une ville, un événement, nous fera rencontrer un autre artiste, une autre ville, un autre événement. Le principe de l’underground est celui du mouvement, de la rencontre et de l’aléatoire. Rien n’est vraiment organisé, ou au dernier moment. Une dérive territoriale au fil du désir des créateurs et de leurs créations. Vendredi 1er Avril à 20h30, soirée organisée par Générations Futures Bordeaux, dans le cadre de la Semaine pour les alternatives aux pesticides (du 20 au 30 Mars). Projection du film INSECTICIDE, MON AMOUR, de Guillaume Bodin. Suivie d'un débat – Intervenants à préciser. Places en vente à partir du Samedi 26 Mars. Guillaume a 26 ans. Il est ouvrier viticole en Saône-et-Loire lorsqu’il est victime des traitements obligatoires aux insecticides contre la cicadelle de la flavescence dorée. Comme il est impossible de se faire entendre, il décide de quitter son travail et d’enquêter sur la question. L'enquête durera deux ans ! Il part à la rencontre de nombreux acteurs du milieu viticole et scientifique comme Emmanuel Giboulot, ce vigneron ayant refusé de traiter aux insecticides. Ou JeanMarc Bonmatin, chercheur au CNRS et lanceur d’alerte sur les effets catastrophiques de l’utilisation de ce type de pesticides sur l’environnement. Claude et Lydia Bourguignon, microbiologistes, lui apportent de nombreuses informations sur l’impact de ces produits chimiques sur la faune des sols. Tout n’est pas si sombre dans cette affaire, car un collectif de vignerons essaye de faire évoluer le dossier vers un plus grand respect de l’environnement. generations-futures.fr/relais-locaux/bordeaux/ NOUS TROIS OU RIEN Écrit et réalisé par KHEIRON France 2015 1h42 avec Kheiron, Leila Bekhti, Zabou Breitman, Gérard Darmon, Alexandre Astier, Kyan Khojandi, Arsène Mosca, Jonathan Cohen… Dire qu’on a failli passer à côté de ce film marrant comme tout, intelligent, plein de surprises et de chaleur, débordant d’amour pour l’humanité toute entière et en particulier pour ceux qui ont inspiré le film : les parents de Kheiron, drôle d’énergumène qui arrive dans ce qui est son premier film à faire « rire aux larmes, bouleverser les âmes, interpeller les consciences » comme écrit un spectateur. On ajoutera qu’il nous fait traverser trente ans d’histoire de la façon la plus surprenante, franchir trois ou quatre frontières pour atterrir dans une cité de la banlieue parisienne, nous donne une foultitude d’informations qui trouvent leur prolongement dans notre histoire présente… endossant lui-même le rôle de son propre père, un bonhomme hors du commun, indécrottable optimiste à qui il rend ici un hommage affectueux à travers une histoire qui a toutes les apparences d’un conte alors qu’elle nous raconte des choses terribles et qui auraient du mal à passer sans cette façon de les dire, pleine d’humour, d’inventions audacieuses et de vitalité. Ce film a tout l’air d’une déclaration d’amour à son père, sa mère, ses frères et ses sœurs… ses amis et parvient à nous convaincre que rien n’est jamais perdu tant qu’on est persuadé du contraire. Quel tempérament ce Hibat (le nom du papa) ! Issu d’une famille très nombreuse, très solidaire, très animée. Jeune avocat, irréductible et turbulent opposant au Chah d’Iran et à son régime répressif, il sera condamné à la prison, avec plusieurs de ses copains et frères. Il passera sept années de mauvais traitements dans les prisons iraniennes… Une peine qu’il finira au mitard pour avoir refusé, un beau jour du printemps 1975, de manger le gâteau offert par le Chah pour son anniversaire à tous les prisonniers. Comme beaucoup d’opposants, il se réjouit tout d’abord de la révolution qui renverse le Chah (79) et lui permet de retrouver la liberté. Mais au premier discours de l’ayatollah Khomeiny, il comprend vite qu’elle ne va pas amener la démocratie dont il rêve et se retrouve à nouveau dans l’opposition au nouveau régime. Entre temps il a rencontré celle qui va devenir sa femme (ahrr la séquence où il demande sa main à ses beaux parents…) une drôle de gonzesse (chouette Leila Bekhti) avec qui il va faire très vite le bambin qui réalisera le film de sa vie en 2015 après avoir fait ses classes avec Jamel Debbouze et Canal… Leur fuite d’Iran à travers les montagnes enneigées du Kurdistan (83), leur passage en Turquie, leur atterrissage à Stains (84)… une épopée miraculeuse dont on se demande encore comment ils ont pu en sortir… le tout emballé avec un humour décapant et des comédiens qui semblent se marrer comme des petits fous… certains des personnages auront une fin moins heureuse (mais bel hommage à ceux-là aussi : la drôlerie n’empêche pas l’émotion). Trop beau diront certains ! D’autres s’énerveront : on ne rigole pas avec la torture. Faire du Chah un personnage de bande dessinée peut en hérisser d’autres… Foin des pisse-vinaigre : la dérision n’est elle pas le meilleur moyen de conjurer l’horreur ? Se donner de la force pour parvenir à résister et de rappeler des choses que certains ignorent et que beaucoup ont déjà oublié ? C’est un hymne fichtrement positif et bienveillant à la liberté, à la tolérance, à l’intégration et la réalité donne raison à ce parti pris de prendre les choses du bon côté quoi qu’il arrive : une bonne façon de donner le ton pour ce début d’année qu’on vous souhaite excellente. Et que l’humour nous préserve tous de devenir de vieux imbéciles craintifs et amers… SOIRÉE-DÉBAT Jeudi 17 MARS à 20h30 Toute expérience est une émancipation organisée par la radio LA CLÉ DES ONDES 90.10 avec les ex-Fralib (Géménos) qui on repris de haute lutte l'outil de travail à une des plus grandes multinationales pour fonder une cooéparative, Scop-Ti, acheter équitable, fabriquer bio et vendre à prix raisonnable. Projection de 1336 JOURS, DES HAUTS, DÉBATS MAIS DEBOUT suivie d'une rencontre avec des travailleurs de Scop-Ti. Achetez vos places à l'avance, à partir du Lundi 7 Mars. 1336 JOURS, DES HAUTS, DÉBATS MAIS DEBOUT Film documentaire de Claude HIRSCH France 2015 1h13 Après le film Pot de thé /Pot de fer, projeté chez nous fin 2013, voici la suite de la saga des « Fralib », depuis Septembre 2011, première occupation de l’usine, jusqu’en Juillet 2014, fête de fin de conflit. Lutte victorieuse contre le trust Unilever qui veut délocaliser la production en Pologne et fermer cette usine de conditionnement de thés et infusions située à 10 km de Marseille. Comment une poignée d’irréductibles ouvriers a pu rester debout contre manœuvres et divisions, portés par l’espoir de reprendre collectivement l’usine ? Le film aborde différents aspects de la lutte du point de vue de ses protagonistes : les aspects juridiques, les Mettez votre PUB dans la gazette 05 56 52 00 15 menées provocatrices d’Unilever, l’organisation de l’occupation, les actions de lutte et de solidarité multiples durant ce long conflit, et donne corps et voix à cette ténacité ouvrière qui a permis cette issue victorieuse. Les luttes des « Fralib » sont devenues le symbole des combats collectifs contre la fatalité des délocalisations. Aujourd’hui, après avoir monté leur coopérative, la marque 1336 (comme 1336 jours de lutte) est de nouveau dans les rayons. Une Histoire (avec un grand H) qui résonne avec celles des LIP ou des réquisitions de Marseille d’après-guerre, et qui vient une fois de plus prouver que si une usine peut se passer de dirigeants, elle ne peut en revanche faire l’impasse sur les ouvriers. Jeudi 17 MARS, VENTE DES PRODUITS DE LA SCOP-TI à 10h30 au local de la Clé des Ondes, 71 cours Edouard Vaillant à 16h30 place Camille Jullian devant Utopia le soir après le débat au cinéma ROYAL ORCHESTRA Film documentaire de Heddy HONIGMANN Pays-Bas 2015 1h34 VOSTF (néerlandais, anglais, espagnol et russe) avec le chef et les musiciens du Royal Concertgebouw Orchestra (RCO) d'Amsterdam… presque tentaculaire (une tête qui dirige et de multiples bras : plus de cinquante musiciens) et en faire une œuvre vivante, cohérente, originale, qui tienne le spectateur en haleine ? Comment trouver des plans d'attaque originaux, ne pas sombrer dans le « déjà vu » ? gage à part qui relie entre eux les mélomanes venus de tous horizons. De Saint Pétersbourg à Buenos Aires en passant par Soweto… Heddy ne se contente pas de survoler les sujets et en peu de plans elle brosse un contexte politique, humain… passionnant. Le tour du monde en cinquante concerts ! Ainsi s'appelait dans un premier temps cet incroyable documentaire, d'une simplicité vraie, qui nous a tous emballés au Festival de La Rochelle, avant d'être débaptisé. On aimait ce premier titre : Le tour du monde en cinquante concerts… Comme un petit clin d'œil à Jules Vernes qui disait bien la patte espiègle et subtile de la réalisatrice Heddy Honigmann. D'un travail de commande (passée par le prestigieux Royal Concertgebouw Orchestra d'Amsterdam pour célébrer ses 125 ans) elle a réussi à faire une véritable aventure de vie qui se déguste comme un roman ! Ce n'était pourtant pas gagné d'avance : comment filmer la tournée internationale de cet organisme Heddy Honigmann réussit tout cela avec brio et dirige sa caméra avec les gestes précis et limpides d'un véritable chef d'orchestre. Toujours à capter la petite chose, le menu détail qui en disent plus long que bien des discours et ménagent des moments de respirations joviaux ou tendres. Son plaisir indéniable derrière la caméra est immédiatement perceptible, communicatif et jamais elle ne se met en avant. Cinéaste discrète, marionnettiste de l'ombre, qui nous entraîne avec bonheur dans les coulisses, l'intimité des virtuoses et même celle de leurs plus modestes admirateurs. La musique devient plus qu'un simple loisir, elle est un art de vivre démocratique, presque une philosophie. Elle est aussi un lan- Première séquence : mais quel est ce petit point insignifiant sur cette grande scène, perdu au milieu de cet immense opéra vide qui semble l'engloutir ? Voilà le percussionniste de cette formation symphonique ! Et c'est fort malin de commencer par lui. Le bougre parle de son boulot avec tant d'humilité et de drôlerie que, d'un coup de baguette, il brise la glace et un mythe. La grande musique n'est pas une affaire d'élite, elle aussi accessible aux petites oreilles, celle des obscurs, des sans-grade. Elle est avant tout une merveilleuse aventure à la portée de tous. On finirait même par croire qu'un jour elle parviendra à briser les ridicules frontières érigées par la petitesse des hommes ! 45 ANS Écrit et réalisé par Andrew HAIGH Angleterre 2015 1h35 VOSTF avec Charlotte Rampling, Tom Courtenay, Geraldine James, Dolly Wells… D'après la nouvelle de David Constantine Festival de Berlin 2015 : Ours d'argent de la Meilleure actrice et du Meilleur acteur Charlotte Rampling est Kate, mariée à Geoff (Tom Courtenay). Il vont prochainement célébrer comme il se doit leurs 45 ans de mariage, les préparatifs commencent, la fête sera belle. Mais une ombre surgit : le corps disparu d'une jeune femme que le mari a aimée dans sa jeunesse – et qu'il n'a visiblement jamais oubliée – vient d'être retrouvé dans une fissure d'un glacier des Alpes, cinquante ans après sa disparition. Cette ombre du passé va grandir, de plus en plus présente, trop présente. Le doute s'invite à la fête et dans le quotidien de Kate, les mauvaises questions surgissent. Lui ai-je suffi ? M'a-t-il aimée autant qu'elle ? Ces questions ne la lâcheront plus. Tout devient alors amer et se brouille, réalité et projections cauchemardesques. Est-ce le passé ou le présent qui fait souffrir ? Qui est le plus affecté, elle, lui ? On s'arrange comme on peut avec ses vulnérabilités, c'est l'effondrement du couple et de sa propre structure interne. La montée progressive de l'émotion tient aussi à la rigueur stylistique du film, à son décor souvent circonscrit à cette maison, avec ses coins et ses recoins privés, analogie dérangeante avec le couple. Ce lieu à demi clos devient alors la scène où tout se défait, en silence. Le récit tire sa force de sa simplicité même, de son épure. Les silences, les regards fuyants soulignent la circularité fatidique de l'amour. Kate cherche des réponses à des questions impossibles et la vérité, qu'on ne dévoilera pas, éclatera un soir à la faveur d'un écran de projection qui va tout révéler. Charlotte Rampling, actrice à la classe folle, compose un personnage d'une puissance et d'une complexité rares, elle écarte en un regard la mièvrerie qui pourrait tirer le film vers le médodrame pour donner à son jeu une épaisseur presque glaçante. Elle pourrait être une héroïne de Bergman, vertigineuse. CE SENTIMENT DE L'ÉTÉ Mikhaël HERS France 2015 1h46 avec Anders Danielsen Lie, Judith Chemla, Marie Rivière, Féodor Atkine, Dounia Sichov, Stéphanie Déhel, Lana Cooper, Thibault Vinçon, Jean-Pierre Kalfon… Scénario de Mikhaël Hers et Mariette Désert Grand Prix, Festival International du Film Indépendant de Bordeaux 2015 Ce film infiniment intelligent et délicat se construit sur une absence. Les mystères de la vie font que l'on peut mourir à trente ans sans que rien ne l'annonce, et c'est ainsi que disparaît Sasha. Elle laisse son compagnon américain, Lawrence, dévasté par sa disparition, rapidement rejoint à Berlin par les amies parisiennes, par les parents, par la sœur de Sasha, Zoé, dont la ressemblance avec sa compagne disparue trouble beaucoup Lawrence. Il y aura les mots difficilement trouvés par les uns et les autres dans ces circonstances aussi cruelles qu'inexplicables. Puis le retour tant bien que mal de chacun à sa vie, dans sa ville respective… Ce sentiment de l'été est probablement l'un des plus beaux et des plus justes films qu'on ait pu voir sur le deuil. Il choisit de suivre sur trois années les protagonistes, aux différentes étapes de leur vie après la mort de Sasha. Dans trois villes différentes, Berlin, Paris, New York (avec escapade de vacances au bord du lac d'Annecy). Toujours l'été parce qu'il rappelle la date anniversaire de la disparition de la jeune femme… On va donc observer le taiseux et timide Lawrence, dont le regard intense trahit la pensée bien plus que ses rares paroles, et la volcanique Zoé, chacun avec leur peine et leurs tentatives pour poursuivre le cours de leur existence. Mikhaël Hers, avec une sensibilité et une retenue rares, tire magnifiquement parti de la personnalité singulière de ses deux acteurs : le comédien norvégien Anders Danielsen Lie (bouleversant dans Oslo 31 Août, diponible en Vidéo en Poche) prête à Lawrence cette force intérieure toujours prête à exploser, cette beauté marmoréenne qui n'attend que de se fissurer ; quand à Judith Chemla, elle est pétulante, toute en réactivité et en fragilité. Tous les deux sont splendides. Un livre important et saisissant sur la tragédie rwandaise L'INNOMABLE AGAHOMAMUNWA Un récit du génocide des Tutsi par Adélaïde Mukantabana Editions L'Harmattan – Collection Ecrire l'Afrique « Plus de vingt après, j'ai envie de me confier, de tout dire. Mais je m'embrouille, je suis effrayée. À quoi ça servirait ? À quoi ça ressemblerait ? Je suis toujours en deuil. Je le resterai. Dois-je renoncer à dire, à écrire ? Ce serait accepter de banaliser la barbarie qui a emporté deux de mes enfants, mes parents, la majorité de ma fratrie, mes tantes, mes oncles, mes cousins, mes amis, mes voisins, mes collègues. Me taire, ce serait admettre le génocide des Tutsi comme une fatalité, comme une guerre tribale, comme un conflit atavique, « le quotidien du continent africain ». Ce serait renoncer à l'élan qui m'anime, à la volonté de savoir ce qui s'est passé, de le faire entendre, d'abord à mes enfants qui ont survécu, puis à la génération future. Ils ne pourront l'apprendre qu'à travers ce que je suis devenue, qu'à travers ce que le génocide a fait de moi… » Adélaïde Mukantabana habite à Bègles depuis Novembre 1994. Elle a participé en 2004 à la création de l'association Cauri, dont elle est actuellement présidente. L'objectif principal de Cauri – avec qui plusieurs soirées-débats ont été organisées à Utopia – est de rechercher la vérité, d'informer et de soutenir la mémoire du génocide des Tutsi rwandais. Argentine, 1976-2016 : il y a quarante ans, la dictature militaire Vendredi 18 MARS à 20h30, SOIRÉE-DÉBAT autour du film L'HISTOIRE OFFICIELLE. Projection suivie d'un débat avec Inés VAZQUEZ, anthropologue, Université de Buenos Aires, enseignant-chercheur spécialiste du mouvement des Mères de la place de Mai. Pour cette soirée, achetez vos places à l'avance, à partir du Mardi 8 Mars. L'Histoire officielle est rediffusé le Mardi 22 Mars à 15h15. L’HISTOIRE OFFICIELLE (La Historia oficial) Luis PUENZO Argentine 1985 1h52 VOSTF avec Norma Aleandro, Hector Alterio, Hugo Arana, Guillermo Battaglia… Scénario de Luis Puenzo et Aida Bortnik COPIE NUMÉRIQUE VERSION RESTAURÉE C'est dores et déjà un classique du cinéma argentin, aussi passionnant que poignant. Invisible depuis des années au cinéma, il ressortira prochainement en version restaurée. Vous avez la primeur de deux avant-premières, dont une le Vendredi 18 Mars en présence d'Inès Vazquez, universitaire argentine qui a été Présidente de l'Université populaire « Mères de la place de Mai ». Inès Vazquez a participé à la création et à l'animation de l'Association des ex-détenus disparus dans la période 1984-1999, elle a joué un rôle important dans la dénonciation des violations des droits de l'homme aux côtés des survivants des centres clandestins de détention, de torture et d'extermination sous la dernière dictature argentine, elle a participé à l'ouverture des procès des auteurs de génocide devant les tribunaux de justice en collaboration avec les militants argentins pour la justice… Une femme exceptionnelle ! Argentine, 1983 : derniers mois de la dictature. Alicia enseigne l'histoire dans un lycée de Buenos Aires et vit heureuse avec son mari et la petite fille qu'ils ont adoptée. Jusqu'au jour où elle reçoit Ana, de retour d'exil, qui lui raconte les tortures qu'elle a subies… La force du film est de ne pas décrire directement les exactions de la dictature, mais de montrer la prise de conscience d'une femme ancrée dans ses convictions, dont le quotidien s'écroule : plus elle découvre la réalité du régime du général Videla, plus Alicia se rend compte que l'enseignement qu'elle prodigue ment. Norma Aleandro est bouleversante. Elle a obtenu un prix d'interprétation mérité au festival de Cannes 1985. Mais c'est tout le film qu'il faut admirer : œuvre de mise au point, sincère et implacable, superbement écrite. (A. Ferenczi, Télérama) Un deuxième film à voir, Samedi 19 Mars à 11h45 et Lundi 21 Mars à 14h10 KAMCHATKA Marcelo PINEYRO Argentine 2002 1h45 VOSTF avec Ricardo Darin, Cecilia Roth, Hector Alterio, Fernanda Mistral… Scénario de Marcelo Figueras et Marcelo Pineyro Il a 10 ans et ne comprend rien. Pourquoi sa mère vient le chercher en classe, un beau jour, et lui interdit de revoir son meilleur pote ? Pourquoi ses parents l'emmènent, lui et son petit frère, dans une maison isolée ? En cette année 1976, il y a des patrouilles plein les rues de Buenos Aires… La dictature, Marcelo Piñeyro la filme comme un orage lointain, mais menaçant. On la sent dans les regards brouillés de chagrin des parents (Ricardo Darín et Cecilia Roth, également formidables). Dans la terreur qui les pousse à accourir dans la chambre des enfants, la nuit, au moindre bruit suspect. Dans la tendresse éperdue dont ils entourent les gamins : comme si ces caresses, ces embrassades répétées pouvaient les protéger. Comme si elles devaient être les dernières. Marcelo Piñeyro réussit une magnifique chronique intimiste, où douceur et douleur, insidieusement mêlées, aboutissent au lyrisme. (P. Murat, Télérama) À lundi ! La collection du Frac Aquitaine vue par son régisseur EXPOSITION DU 29 JANVIER AU 23 AVRIL 2016 FRAC AQUITAINE Hangar G2 · Bassin à flot no1 Quai Armand Lalande 33 300 Bordeaux 05 56 24 71 36 Inscription : [email protected] Suivez nous ! www.frac-aquitaine.net Facebook : Frac Aquitaine Twitter : @FracAquitaine AUTOUR DE L’EXPOSITION Ateliers Commissaire Fracasse Avec l’artiste Laurent Kropf Atelier familles et enfants (6-10 ans) Samedis 5 mars et 2 avril Atelier ados (11-15 ans) Samedi 12 mars Atelier adultes Samedi 9 avril De 15h à 17h · Sur inscription 3€ / personne Week-end Musées Télérama Samedi 19 mars · 14h30-18h30 Performance participative Avec le collectif Monts et Merveilles 15h, 15h30 et 16h · Entrée libre Visites partagées avec une médiatrice Tout public · 1h Tous les samedis à 16h30 · Entrée libre Pour les groupes 15 personnes minimum · 1h · Sur inscription Payant · Anglais ou espagnol sur demande Pour les scolaires et étudiants 1h · Sur inscription · Gratuit Visites Panini Inventons notre propre collection ! Pour les classes élémentaires, 6e et 5e 1h15 · Sur inscription · Gratuit No Land's Song Film documentaire écrit et réalisé par Ayat NAJAFI Iran/France 2016 1h31 VOSTF avec Sara Najafi, Parvin Namazi, Jeanne Cherhal, Elise Caron, Emel Mathlouthi… Imaginez un instant ce que serait la scène musicale française sans qu’aucune femme ne puisse chanter seule sur scène. Imaginez que toutes nos chanteuses soient dans l'impossibilité de se produire devant un public mixte. Imaginez qu’elles soient contraintes, pour pouvoir être sur scène, de se placer docilement au second plan, dans les décors, derrière des interprètes uniquement masculins. Imaginez encore qu’on leur demande fermement de ne pas trop pousser leur voix et si possible de se limiter à des chuchotements, de se faire discrètes, de devenir invisibles… Cela semble impensable. C’est pourtant la réalité que vivent les femmes dans la République islamique d’Iran : elles n’ont pas le droit de chanter en public, à moins que l'audience ne soit composée uniquement que de leurs semblables (entendre par semblables : « femmes, être inférieurs à l’homme »). Un interdit d’une violence inouïe qui prive les « auteures compositrices » du plaisir singulier de jouer pour les autres, de vivre sur scène un art qui est fait pour être partagé, pour vibrer à l’unisson. Cet état de fait imposé par un régime autoritaire et considéré par tous comme une immuable fatalité, Sara Najafi, auteure et compositrice de Téhéran, a décidé de lui tordre le cou. Mais « tordre le cou », quand on est une femme, une audacieuse autant que charismatique artiste, on se doit de le faire avec intelligente et talent, avec grâce et délicatesse, avec persévérance et diplomatie. C’est cette histoire que nous raconte cet incroyable documentaire, l’histoire d’une femme qui veut faire chanter des femmes dans une société patriarcale qui connut pourtant un passé libre où une femme pouvait chanter et danser l’amour devant un public conquis composé de ses semblables (entendre par semblables : êtres humains des deux sexes jouissant des mêmes droits – ou presque). Sara va monter un projet ambitieux et fou : organiser un concert officiel pour femmes solistes en faisant monter sur scène non seulement des Iraniennes (Parvin Namazi et Sayeh Sodeyfi) mais aussi deux Françaises (Elise Caron et Jeanne Cherhal) et une Tunisienne (Emel Mathlouthi, qui donna une série de concerts lors du printemps Tunisien). Mais rien ne peut se faire sans l’accord des autorités et du terrible département culturel, qui va tout mettre en œuvre pour empêcher le concert… No land’s song se vit presque comme un film d’aventure, avec du suspens, des rebondissements et des déceptions, avec des instants de grâce nés de l’extraordinaire beauté des voix et de la musique iranienne et de très forts moment de partage que seule la langue commune de la musique sait faire naître. Et au-delà de la musique, bien sûr, c’est une plongée dans le système kafkaïen et souvent totalement ridicule d’une « république islamiste » qui ne sait plus sur quel pied danser, entre un renouveau politique incarné par l’élection du président Hasan Rohani et une vision sclérosée venue d’un autre âge. Mais heureusement, en Iran, en Egypte, en Tunisie, comme hier au Chili, en Argentine, en Tchécoslovaquie… : Kelmti Horra ! (en arabe : « ma parole est libre », chanson de Emel Mathlouthi) saison Dans le cadre des Semaines d'information sur la santé mentale SOIRÉE-DÉBAT Lundi 21 MARS à 20h30 La famille face à la violence d'une maladie insidieuse organisée par l'UNAFAM 33 (Union nationale des amis et familles de malades psychiques) Projection du film MY SKINNY SISTER suivie d'un débat avec le docteur Marc Delorme, psychiatre au centre Abadie, pôle aquitain de l'adolescent, CHU de Bordeaux. Achetez vos places à l'avance, à partir du Vendredi 11 Mars. JANVIER MARS 21.01 > 20h 16-17-18-22 > 20h30 TENTATIVES&-23/03 ACTIONS THéâTRE / CRéATION PERFORMANCES MY SKINNY SISTER Etat Sauvage PRAXIS #4 la tierce titre provisoire centre aéré + CONCERT Cie DU CHieN DANS féVRIER LeS DeNTS 10 & 11.02 > 19h SCèNE OuVERTE 30-31/03 & 01/04 > 20h30 THéâTRE La Grande Relaps Mêlée Instantané de la jeune LA NébULeUSe créatIon – 4 projets InsolItes à découvrIr AVRIL l’Outil / la tierce / 05/04 > 20h30 grOupe apache / cie CONCERTs des divins animaux Sonic Protest boNus tRAck Workshop CLAP feSTivAL Dans le cadre de la Grande Mêlée, tRAck nous recherchons un chœur bonuSde clappeurs, groupe de volontaires Tous les mardis, jeudis et vendredis, de désireux d’explorer la musicalité 12h30 à 14h (en intérieur ou dans le jarfrappée. din, selon le temps), et régalez-vous des Workshop : weekend soirées bons petits plats d’Estelle en Goguette du 6 au 11 février (infos et horaires sur qui vous accueille également avant et www.manufactureatlantique.net > page après les spectacles. workshops) Écrit et réalisé par Sanna LENKEN Suède 2015 1h35 VO (suédois et anglais) STF avec Rebecka Josephson, Amy Deasimont, Annika Hallin, Henrik Norlén, Maxim Mehmet… Vous n'êtes pas prêts d'oublier la gouaille et la bouille joufflue de la rouquine Stella, épatant personnage de collégienne amenée à basculer trop vite dans l'âge adulte alors qu'elle est loin d'en avoir fini avec l'enfance. Stella a douze ans et c'est une pré-ado comme bien d'autres : grande gueule, un peu trop boulotte, pas assez conforme aux modèles imposés pour être à la fois la fille populaire et celle qui attire les regards des garçons. Et comme bien d'autres encore, elle souffre du syndrome bien connu de la petite sœur, celle qui grandit à l'ombre de la grande, d'autant que Katya, son aînée, a comme on dit tout pour elle : grande et svelte, un vi- sage de nymphe scandinave, elle s'est en plus hissée, à force de travail opiniâtre, au rang d'espoir local du patinage artistique, un sport auquel elle sacrifie tout son temps libre et l'essentiel de son énergie… Tout pourrait continuer ainsi, dans cette espèce de déséquilibre familial harmonieux où chacun trouve finalement sa place, cahin-caha, malgré petites bisbilles et menues jalousies… Mais on sent bien, dans le volontarisme forcené de la patineuse, sa soif perpétuelle d'exercice, ses obsessions culinaires que s'installe un malaise de plus en plus palpable. My skinny sister pose un très beau regard sur un fléau qui touche des millions d'adolescentes, leur famille, leurs amies : l'anorexie. Le sujet est traité avec une grande authenticité, une grande justesse et on n'est pas du tout étonné que la réalisatrice déclare « avoir une expérience personnelle des troubles alimentaires »… NAHID Ida PANAHANDEH Iran 2015 1h45 VOSTF avec Sareh Bayat, Pejman Bazeghi, Navid Mohammad Zadeh, Milad Hossein Pour… Scénario d'Ida Panahandeh et Arsaian Amiri le rôle principal de Nahid ! Mais contrairement au film de Farhadi, où les personnages principaux appartenaient à un milieu plutôt aisé, Nahid est une jeune mère divorcée qui vit dans un petit port de la mer Caspienne et se débat pour sa survie quotidienne grâce à un petit travail de secrétariat. Elle se démène aussi pour avoir la garde de son fils au comportement difficile. Il faut dire que le père de l'enfant est un homme paradoxal, joueur invétéré et toxicomane irresponsable mais toujours amoureux de son ex-épouse et père aimant envers et contre tout… Pour faire référence à un film iranien qui a connu un succès retentissant, on peut sans tricher dire que Nahid s'inscrit dans la droite ligne de Une séparation, d'Ashgar Farhadi (disponible en Vidéo en Poche, ainsi que trois autres de ses films iraniens). Dans Une séparation, on suivait le divorce douloureux et contrarié de Nader et Simin, une rupture dans laquelle venait interférer le combat de Reza, une femme de ménage accusant Nader de l'avoir violemment bousculée au point de compromettre sa grossesse. Cette femme de ménage était incarnée par une actrice exceptionnelle, Sareh Bayat, qui tient justement C'est la complexité des situations, ainsi que les sentiments contradictoires des personnages qui font la richesse du film. Étrangeté de la loi iranienne : Nahid peut avoir la garde de l'enfant à condition de ne pas se remarier. Les choses se compliquent donc quand elle noue une relation durable avec Masoud, un élégant gérant d'hôtel qui accepte mal cette situation ubuesque et consent à se plier à une autre spécificité ubuesque de la loi : un mariage temporaire, qui permet aux intéressés de s'engager pour une heure ou quelques mois sans que cela soit inscrit dans les registres d’état civil ! Mais évidemment la chose va arri- ver jusqu'aux oreilles de l'ex-mari, d'autant que l'orgueil de Masoud supporte de plus en plus mal cette vie de secret. La jeune réalisatrice Ida Panahandeh décrit à merveille les déchirements de Nahid, qui sont probablement ceux de bien des femmes divorcées en Iran, dénonçant au passage l'hypocrisie et le piège du mariage temporaire : Nahid est avant tout une mère courage prête à tout pour son enfant qui ne lui en est pas forcément reconnaissant, mais c'est aussi une amante passionnée qui aimerait vivre pleinement son amour, et parfois enfin une ex-épouse compatissante, qui sait que son ex-mari n'est pas seulement un monstre irresponsable. Sans compter qu'elle n'est pas complètement insensible à la flamme qu'il a toujours pour elle… Dans ce rôle à multiples facettes, Sareh Bayat est magnifique. Ida Panahandeh, dont c'est la première fiction après plusieurs documentaires, a choisi de tourner son film en automne, dans l'atmosphère nuageuse et grise des bords de la mer Caspienne, au Nord de l'Iran. Elle a trouvé là le cadre parfait pour son très sensible et brillant théâtre des sentiments et des regrets. Une nouvelle grande réalisatrice iranienne est née… MÉDECIN DE CAMPAGNE Thomas LILTI France 2016 1h42 avec François Cluzet, Marianne Denicourt, Isabelle Sadoyan, Christophe Odent, Patrick Descamps, Felix Moati… Scénario de Thomas Lilti et Baya Kasmi On a découvert Thomas Lilti, médecin passionné devenu cinéaste du même métal, avec Hippocrate, formidable portrait d'un jeune interne plongé dans le maelstrom d'un grand hôpital parisien en proie à la réduction des effectifs et à la surchauffe. Son nouveau film s'intéresse encore à la médecine – le titre ne laisse aucun doute sur la question – mais, bien loin des grands complexes hospitaliers parisiens, il nous parachute dans le Vexin, région encore largement rurale à cheval entre la Normandie et les confins de l’île de France. La vie quotidienne est sans doute ici plus sereine, son rythme est plus raisonnable, à la mesure de ces paysages paisibles, qui n'ont guère bougé depuis un siècle… Il n'empêche que pour Jean-Pierre Werner, seul médecin dans un rayon de plusieurs dizaines de kilomètres, la surchauffe est bien présente aussi. Du matin au crépuscule, il sillonne les départementales de la région, au devant des petits bobos et des grandes solitudes, tour à tour médecin généraliste, psychologue, assistant social, homme à tout faire, dans une campagne peuplée essentiellement de personnes âgées, pour qui il est parfois une des rares visites. Les consultations à domicile s'enchaînent – très belles scènes qui témoignent bien du regard chaleureux de Thomas Lilti, en même temps que de sa connaissance approfondie de son sujet – et quand il revient, quasi systématiquement en retard, à son cabinet, la salle d'attente est souvent pleine de patients… Pas de doute, la tâche est rude. Et les confrères ne se bousculent pas au portillon pour accepter de s'installer dans une région pas spécialement attractive et fort peu lucrative : travailler dix à douze heures par jour à ce prix là, c'est du sacerdoce ! Mais pour l'instant, ce n'est pas la surcharge de travail qui préoccupe JeanPierre. C'est même tout le contraire : ce qui le mine, c'est qu'il risque d'être obligé d'arrêter. Le diagnostic de son confrère et ami qui, dans la première scène du film, lui fait passer un examen du cerveau est sans appel : il souffre d'une tumeur temporale, il va lui falloir suivre un traitement lourd, fatiguant, donc il n'a pas d'autre choix que de lever drastiquement le pied et de se trouver dare-dare un remplaçant… C'est comme ça que débarque Nathalie, qui a tout pour déplaire au vieil ours Jean-Pierre, habitué à travailler tout seul, à ne s'expliquer de rien à personne, et claffi de préjugés éventuellement machistes : Nathalie est incontestablement une femme, une citadine qui n'a aucune expérience de la campagne, incapable de distinguer un jars d'un canard, et qui en plus a suivi un parcours peu orthodoxe puisqu'ancienne infirmière ayant repris des études de médecine sur le tard… Ce qui nous vaudra quelques scènes de bizutage aussi répréhensibles que cocasses. Mais Nathalie a un sacré tempérament et une vraie compétence et elle va s'accrocher, jusqu'à gagner la confiance de son confrère mal embouché… Thomas Lilti livre un bel hommage, d'une évidente authenticité, à cette profession de médecin de campagne, somme toute méconnue et guère valorisée – pas étonnant qu'elle soit en voie de disparition –, en première ligne face à la crise générale de notre système de santé. Et il agrémente cette chronique bien sentie d'une fine trame romanesque où l'amour et la peur de la mort vont se croiser. Pour incarner ce couple a priori pas du tout fait pour s'entendre mais dont les solitudes vont évidemment se rapprocher, Marianne Denicourt et François Cluzet excellent. Et surtout la santé ! Deux Petits déjeuner de la transition en Mars, salle de la cheminée au ciné, sur le thème de la santé. Apportez deux ou trois viennoiseries, nous vous offrons le café, le thé, le jus de pomme Samedi 12 Mars : Alerte rouge sur la santé. Que penser du recul de l’espérance de vie ? L’INSEE a dévoilé, mardi 19 Janvier son bilan démographique pour l’année 2015 : l’espérance de vie est en recul. Qu’est-ce que cela signifie ? Anecdocte conjoncturelle ou indicateur de l’évolution globale d’une société, en particulier de son état social ? Samedi 26 Mars : La santé, un luxe inaccessible ? L’exemple grec. Avec Véronique Champouillon, du Collectif Solidarité France-Grèce pour la Santé. Ce collectif a pour objectif de collecter du matériel et médicaments pour les dispensaires autogérés en Grèce. 112 ATTENTATS À L’HUMEUR PUBLIQUE un livre qui compile chronologiquement les actions de rue du groupe Art112 durant ces trente dernières années Editions Ag2Sap, 47 rue Montplaisir, 16100 Cognac [email protected] Quatre individus anonymes, auteurs d’interventions éphémères dont ce livre se propose d’être l’unique trace. Ce sont des mises en scène à base de volumes et de graphismes réalisées sans autorisation ni détérioration, en grande partie dans l’Ouest de la France, entre 1983 et 2013. 45 ANS Du 24/02 au 14/03 MUSTANG Du 28/02 au 28/03 A PERFECT DAY Du 16 au 29/03 NAHID Du 16 au 29/03 ALIAS MARIA Du 9 au 29/03 NO HOME MOVIE Du 16 au 28/03 ANOMALISA Du 24/02 au 7/03 NO LAND’S SONG Du 16 au 29/03 AVE CÉSAR ! Du 24/02 au 29/03 NOUS TROIS OU RIEN Du 12 au 28/03 BELGICA Du 2 au 29/03 PEACE TO US IN OUR DREAMS Du 24/02 au 7/03 CAROL Du 24/02 au 8/03 ROYAL ORCHESTRA CE SENTIMENT DE L’ÉTÉ À partir du 23/03 Du 24/02 au 7/03 SAINT AMOUR Du 2 au 29/03 DEMAIN Du 25/02 au 28/03 LES SAISONS LES DÉLICES DE TOKYO Du 9 au 28/03 Du 24/02 au 8/03 SPOTLIGHT puis chaque Lundi en fin Du 24/02 au 8/03 d’après-midi DEUX RÉMI, DEUX Du 8 au 22/03 SUITE ARMORICAINE Du 9 au 29/03 LES ESPIÈGLES Du 24 au 28/02 TEMPÊTE Du 24/02 au 29/03 FATIMA THE ASSASSIN Chaque Samedi après-midi Du 9 au 29/03 FERDA LA FOURMI Du 2 au 28/03 THE REVENANT Du 24/02 au 29/03 L’HISTOIRE DU GÉANT TIMIDE Du 24/02 au 27/03 TOUT EN HAUT DU MONDE Du 24/02 au 6/03 L’HISTOIRE OFFICIELLE 18/03 à 20h30 et 22/03 à 15h15 LE TRÉSOR Du 24 au 28/02 HOMELAND 1 Avant la chute Du 4 au 28/03 GÉOCINÉMA Mercredi 23 et Jeudi 24/03 LES BACCHANALES HOMELAND 2 Après la bataille Du 10 au 28/03 LES BACCHANTES Vendredi 18/03 à 20h45 LES INNOCENTES Du 24/02 au 28/03 DYONISUS IN ‘69 Mardi 29/03 à 20h45 JANIS Chaque Vendredi soir MEUTRIÈRE Ven 11/03 à 20h, Sam 12 et Dim 13/03 à 17h30 KAMCHATKA 19/03 à 11h45 et 21/03 à 14h10 AKIRA KUROSAWA Acte 1 MÉDECIN DE CAMPAGNE À partir du 23/03 MERCI PATRON Du 24/02 au 29/03 LES BAS FONDS Du 12 au 28/03 LE CHATEAU DE L’ARAIGNÉE Du 10 au 27/03 QUI MARCHE SUR LA QUEUE DU TIGRE Du 9 au 24/03 LES SALAUDS DORMENT EN PAIX Du 11 au 29/03 SÉANCES SPÉCIALES SUBLAND + Rencontre Lundi 29/02 à 19h30 et 21h30 AU BOUT DE LEUR PEINE + Débat Mardi 1/03 à 20h30 INCENDIES Jeudi 3/03 à 20h30 L’HOMME QUI RÉPARE LES FEMMES + Débat Vendredi 4/03 à 20h15 LE PONT DES ESPIONS + Échanges Lundi 7/03 à 20h Avt-Prem DEUX RÉMI, DEUX + Rencontre Mardi 8/03 à 20h30 LUNE NOIRE : LE VENIN DE LA PEUR Mercredi 9/03 à 20h45 HOMELAND 2 + Débat Jeudi 10/03 à 19h30 COMME ILS RESPIRENT + Rencontre Vendredi 11/03 à 20h30 J’AVANCERAI VERS TOI... + Rencontre Lundi 14/03 à 20h30 BD-CONCERT COME PRIMA Mardi 15/03 à 21h 1336, DES HAUTS, DÉBATS... + Débat Jeudi 17/03 à 20h30 L’HISTOIRE OFFICIELLE + Débat Vendredi 18/03 à 20h30 NO HOME MOVIE + Discussion Lundi 21/03 à 20h15 MY SKINNY SISTER + Débat Lundi 21/03 à 20h30 EX MACHINA + Débat Vendredi 2503 à 20h30 PROGRAMME MER 24 FEV JEU 25 FEV VEN 26 FEV SAM 27 FEV DIM 28 FEV LUN 29 FEV MAR 1 er MAR 4€ 4€ 4€ 4€ 4€ (D) = dernière projection du film. L’heure indiquée est celle du début du film ; soyez à l’heure, on ne laisse pas entrer les retardataires. Nous laissons le générique de fin se dérouler dans le noir, profitez-en, ne vous levez pas trop tôt. Les 5 salles sont accessibles aux personnes handicapées. www.cinemas-utopia.org 11H45 CAROL 11H15 LES INNOCENTES 11H DÉLICES DE TOKYO 12H AVE CÉSAR ! 11H30 THE REVENANT 14H30 TOUT EN HAUT… 13H40 PEACE TO US… 14H LE TRÉSOR 14H15 AVE CÉSAR ! 14H45 THE REVENANT 16H15 LES ESPIÈGLES 15H50 HISTOIRE DU GÉANT… 16H MERCI PATRON 16H30 TEMPÊTE 17H30 LES INNOCENTES 17H50 45 ANS 17H45 CE SENTIMENT… 18H30 AVE CÉSAR ! 18H THE REVENANT 19H45 HISTOIRE DU GÉANT… 19H50 TEMPÊTE 20H MERCI PATRON 20H45 AVE CÉSAR ! 21H15 THE REVENANT 21H40 SPOTLIGHT 21H45 DEMAIN 21H50 ANOMALISA 11H45 TOUT EN HAUT… 11H30 MERCI PATRON 11H15 LE TRÉSOR 12H HISTOIRE DU GÉANT… 11H THE REVENANT 13H45 DÉLICES DE TOKYO 13H40 TEMPÊTE 13H30 ANOMALISA 14H DEMAIN 14H30 THE REVENANT 16H LES ESPIÈGLES 15H30 LES INNOCENTES 15H20 45 ANS 16H20 AVE CÉSAR ! 17H10 SPOTLIGHT 17H50 TEMPÊTE 17H15 CAROL 18H30 AVE CÉSAR ! 18H THE REVENANT 19H40 CE SENTIMENT… 19H45 LES INNOCENTES 19H30 PEACE TO US… 20H45 AVE CÉSAR ! 21H15 THE REVENANT 21H50 MERCI PATRON 22H AVE CÉSAR ! 21H45 HISTOIRE DU GÉANT… 11H45 SPOTLIGHT 11H LES INNOCENTES 11H15 ANOMALISA 12H TEMPÊTE 11H30 AVE CÉSAR ! 14H30 TOUT EN HAUT… 13H45 HISTOIRE DU GÉANT… 13H30 MERCI PATRON 14H20 AVE CÉSAR ! 14H40 THE REVENANT 16H15 LES ESPIÈGLES 15H45 LES INNOCENTES 15H15 CE SENTIMENT… 16H45 DEMAIN 17H30 DÉLICES DE TOKYO 18H HISTOIRE DU GÉANT… 17H20 PEACE TO US… 21H45 MERCI PATRON 21H50 AVE CÉSAR ! 22H JANIS 21H30 THE REVENANT 17H45 THE REVENANT 19H45 45 ANS 20H TEMPÊTE 19H40 CAROL 19H15 AVE CÉSAR ! 21H THE REVENANT 11H LES ESPIÈGLES 11H45 LES INNOCENTES 11H15 PEACE TO US… 12H DÉLICES DE TOKYO 11H30 DEMAIN 13H40 CE SENTIMENT… 14H TEMPÊTE 13H45 MERCI PATRON 14H45 AVE CÉSAR ! 14H30 THE REVENANT 15H50 TOUT EN HAUT… 16H FATIMA 15H30 HISTOIRE DU GÉANT… 17H40 LE TRÉSOR 17H45 LES INNOCENTES 17H30 45 ANS 17H AVE CÉSAR ! 18H THE REVENANT 19H50 HISTOIRE DU GÉANT… 20H10 TEMPÊTE 19H40 MERCI PATRON 19H15 AVE CÉSAR ! 21H15 THE REVENANT 21H50 SPOTLIGHT 22H AVE CÉSAR ! 21H30 ANOMALISA 21H40 THE REVENANT 11H15 TOUT EN HAUT… 12H TEMPÊTE 11H30 HISTOIRE DU GÉANT… 11H45 AVE CÉSAR ! 11H THE REVENANT 13H45 45 ANS 14H10 MUSTANG 13H30 MERCI PATRON 14H DEMAIN 14H20 THE REVENANT 15H45 LES ESPIÈGLES (D) 16H10 LES INNOCENTES 15H20 CAROL 16H30 AVE CÉSAR ! 17H HISTOIRE DU GÉANT… 18H30 TEMPÊTE 17H45 MERCI PATRON 18H45 AVE CÉSAR ! 17H30 THE REVENANT 19H15 LE TRÉSOR (D) 20H30 SPOTLIGHT 19H30 CE SENTIMENT… 21H AVE CÉSAR ! 20H45 THE REVENANT 21H15 ANOMALISA TOUS LES JOURS LA 1re SÉANCE (SUR FOND GRIS) C’EST 4€ 15H HISTOIRE DU GÉANT… 15H30 TEMPÊTE 15H15 MERCI PATRON 14H30 THE REVENANT 14H45 AVE CÉSAR ! 17H45 CE SENTIMENT… 18H DEMAIN 18H15 45 ANS 17H30 THE REVENANT 17H LES INNOCENTES 20H DÉLICES DE TOKYO 20H30 AVE CÉSAR ! 20H15 MUSTANG 21H THE REVENANT 19H30 TOUS LES JOURS LA 1re SÉANCE (SUR FOND GRIS) C’EST 4€ 15H HISTOIRE DU GÉANT… 15H15 TEMPÊTE 14H45 LES INNOCENTES 15H30 AVE CÉSAR ! 14H30 THE REVENANT 17H30 ANOMALISA 18H MUSTANG 17H20 45 ANS 18H15 AVE CÉSAR ! 17H45 THE REVENANT 19H40 HISTOIRE DU GÉANT… 20H TEMPÊTE 19H45 MERCI PATRON 20H30 4€ 4€ SUBLAND 21H40 PEACE TO US… 21H30 SUBLAND 21H40 CE SENTIMENT… 21H50 AVE CÉSAR ! 21H30 CAROL AU BOUT DE LEUR PEINE + Débat 21H THE REVENANT VISITE GUIDÉE LE BORDEAUX NÈGRE : « Derrière les murs, la condition des hommes. » Venez suivre les pas des animateurs de la balade alternative qui vous fera visiter l'autre Bordeaux. Le patrimoine révélé des Bordelais que l'histoire a conduits en Afrique mais aussi en Outre-mer, jusqu'en Louisiane… Dimanches 28 Février, 13 et 27 Mars, Inscription : www.memoiresetpartages.com 4€ 14H DEMAIN 13H30 TEMPÊTE 13H40 BELGICA 14H15 SAINT-AMOUR 14H30 THE REVENANT MER 2 MAR JEU 3 MAR VEN 4 MAR SAM 5 MAR DIM 6 MAR LUN 7 MAR MAR 8 MAR TOUS LES JOURS LA 1re SÉANCE (SUR FOND GRIS) C’EST 4€ 4€ 4€ 4€ 4€ 16H30 FERDA LA FOURMI 15H20 HISTOIRE DU GÉANT… 16H10 MERCI PATRON 16H20 AVE CÉSAR ! 4€ 15H15 TEMPÊTE 15H BELGICA 14H45 HISTOIRE DU GÉANT… 15H30 SAINT-AMOUR 14H30 THE REVENANT 17H45 LES INNOCENTES 17H20 CE SENTIMENT… 18H ANOMALISA 18H30 SAINT-AMOUR 17H30 THE REVENANT 20H TEMPÊTE 19H30 BELGICA 19H50 HISTOIRE DU GÉANT… 20H40 SAINT-AMOUR 21H THE REVENANT 21H50 MUSTANG 22H AVE CÉSAR ! 21H45 SPOTLIGHT 17H10 CAROL 17H45 45 ANS 17H PEACE TO US… 18H AVE CÉSAR ! 17H30 THE REVENANT 19H30 CE SENTIMENT… 19H40 AVE CÉSAR ! 19H15 LES INNOCENTES 20H30 21H45 MERCI PATRON 21H50 SAINT-AMOUR 21H30 BELGICA 17H40 ANOMALISA 17H30 TEMPÊTE 17H45 MUSTANG 18H SAINT-AMOUR 18H15 DÉLICES DE TOKYO 19H40 AVE CÉSAR ! 19H30 SAINT-AMOUR 19H45 MERCI PATRON 20H15 INCENDIES 21H THE REVENANT 12H HISTOIRE DU GÉANT… 11H15 45 ANS 11H PEACE TO US… 12H10 SAINT-AMOUR 11H30 AVE CÉSAR ! 14H10 BELGICA 14H05 LES INNOCENTES 14H HOMELAND 1 14H30 TEMPÊTE 14H20 THE REVENANT 12H MERCI PATRON 11H15 BELGICA 11H30 DÉLICES DE TOKYO 11H45 AVE CÉSAR ! 11H DEMAIN 14H45 FERDA LA FOURMI 13H50 TEMPÊTE 13H45 MUSTANG 14H30 SAINT-AMOUR 14H15 THE REVENANT 16H TOUT EN HAUT… 15H45 FATIMA 15H40 HISTOIRE DU GÉANT… 17H45 LES INNOCENTES 17H30 45 ANS 17H40 CE SENTIMENT… 17H AVE CÉSAR ! 17H15 THE REVENANT 20H TEMPÊTE 19H30 BELGICA 19H50 HISTOIRE DU GÉANT… 19H15 SAINT-AMOUR 20H45 THE REVENANT 21H50 AVE CÉSAR ! 22H SAINT-AMOUR 21H45 SPOTLIGHT 21H30 THE REVENANT 10H45 TOUT EN HAUT… 10H30 HOMELAND 1 11H BELGICA 11H30 SAINT-AMOUR 11H15 THE REVENANT 14H15 LES INNOCENTES 13H45 TEMPÊTE 13H30 HISTOIRE DU GÉANT… 14H AVE CÉSAR ! 14H30 THE REVENANT 16H40 FERDA LA FOURMI 15H40 DEMAIN 15H30 MUSTANG 16H20 SAINT-AMOUR 18H10 TEMPÊTE 18H BELGICA 17H30 HISTOIRE DU GÉANT… 18H30 AVE CÉSAR ! 17H45 THE REVENANT 20H MERCI PATRON 20H30 SPOTLIGHT 19H30 CE SENTIMENT… 20H45 SAINT-AMOUR 21H THE REVENANT 21H45 ANOMALISA 14H MERCI PATRON 13H40 BELGICA 13H30 CE SENTIMENT… 14H30 THE REVENANT 14H10 SAINT-AMOUR 16H DÉLICES DE TOKYO 16H10 45 ANS 15H45 LES INNOCENTES 20H30 ANOMALISA (D) 20H45 BELGICA 20H15 HISTOIRE DU GÉANT… 20H 16H20 AVE CÉSAR ! 18H15 TEMPÊTE 18H10 CAROL 18H PEACE TO US… 17H45 SAINT-AMOUR 18H30 DEMAIN 15H15 45 ANS 15H AVE CÉSAR ! 14H45 MUSTANG 15H30 SAINT-AMOUR 14H30 THE REVENANT 17H15 CAROL (D) 17H30 HISTOIRE DU GÉANT… 17H20 DÉLICES DE TOKYO 18H LES INNOCENTES 17H45 THE REVENANT 12H TEMPÊTE 11H10 SPOTLIGHT 11H20 AVE CÉSAR ! 12H10 SAINT-AMOUR 11H THE REVENANT (D) TOUS LES JOURS LA 1re SÉANCE (SUR FOND GRIS) C’EST 4€ (D) 4€ (D) 21H50 JANIS 21H40 THE REVENANT 21H30 BELGICA L’HOMME QUI RÉPARE LES FEMMES + Débat 20H45 THE REVENANT 21H40 AVE CÉSAR ! LE PONT DES ESPIONS + Débat 21H THE REVENANT 19H40 AVE CÉSAR ! 19H30 SAINT-AMOUR 19H50 TEMPÊTE 20H30 Avant-Première 21H50 MERCI PATRON 21H40 SPOTLIGHT (D) 21H45 BELGICA DEUX RÉMI, DEUX + Rencontre 21H THE REVENANT Talents, atelier d'écriture – Salle de la cheminée à Utopia Samedi 27 Février et Samedi 5 Mars de 9h30 à 12h30. Contact : [email protected] 4€ 13H30 SUITE ARMORICAINE 13H40 TEMPÊTE 13H50 BELGICA 14H SAINT-AMOUR 14H30 THE REVENANT MER 9 MAR JEU 10 MAR VEN 11 MAR SAM 12 MAR DIM 13 MAR LUN 14 MAR MAR 15 MAR TOUS LES JOURS LA 1re SÉANCE (SUR FOND GRIS) C’EST 4€ 4€ 4€ 4€ 4€ 12H10 DEUX RÉMI, DEUX 11H30 MUSTANG 11H15 MERCI PATRON 12H SAINT-AMOUR 11H THE REVENANT 14H05 HISTOIRE DU GÉANT… 14H10 THE ASSASSIN 14H SUITE ARMORICAINE 14H20 DEMAIN 14H30 LES INNOCENTES 11H HOMELAND 1 11H30 TEMPÊTE 11H15 Kurosawa LES BAS-FONDS 11H45 THE ASSASSIN 12H SAINT-AMOUR 14H20 LES SAISONS 13H30 ALIAS MARIA 14H30 SUITE ARMORICAINE 14H10 FATIMA 11H15 LES SAISONS 11H30 LES INNOCENTES 11H HOMELAND 2 11H45 AVE CÉSAR ! 12H THE REVENANT 14H Kurosawa CHÂTEAU ARAIGNÉE 13H45 DEUX RÉMI, DEUX 11H Kurosawa SALAUDS DORMENT… 11H40 SAINT-AMOUR 11H30 BELGICA 12H DEMAIN 11H15 THE REVENANT 14H15 SAINT-AMOUR 13H50 ALIAS MARIA 13H45 MUSTANG 14H TEMPÊTE 14H30 45 ANS (D) 14H15 THE REVENANT TOUS LES JOURS LA 1re SÉANCE (SUR FOND GRIS) C’EST 4€ 16H20 FERDA LA FOURMI 15H30 AVE CÉSAR ! 16H30 HISTOIRE DU GÉANT… 16H10 THE ASSASSIN 4€ 14H30 SUITE ARMORICAINE 15H15 THE ASSASSIN 15H ALIAS MARIA 14H45 45 ANS 15H30 SAINT-AMOUR 16H30 FERDA LA FOURMI 15H30 LES INNOCENTES 16H AVE CÉSAR ! 15H THE REVENANT 16H15 FERDA LA FOURMI 15H15 45 ANS 15H ALIAS MARIA 16H30 TEMPÊTE 15H30 DEMAIN 15H45 HISTOIRE DU GÉANT… 15H50 NOUS TROIS OU RIEN 16H15 DEUX RÉMI, DEUX 16H30 SAINT-AMOUR 4€ 15H15 HISTOIRE DU GÉANT… 15H30 THE ASSASSIN 14H45 BELGICA 15H AVE CÉSAR ! 14H30 THE REVENANT 17H30 Kurosawa QUI MARCHE SUR… 17H40 LES SAISONS 18H30 ALIAS MARIA 18H20 LES INNOCENTES 18H THE REVENANT 19H SUITE ARMORICAINE 19H40 THE ASSASSIN 20H30 HOMELAND 1 20H45 Lune Noire #7 17H30 Kurosawa CHÂTEAU ARAIGNÉE 17H45 TEMPÊTE 17H40 MERCI PATRON 17H15 AVE CÉSAR ! 18H THE REVENANT 19H45 DEUX RÉMI, DEUX 19H40 SAINT-AMOUR 19H50 ALIAS MARIA 19H30 17H15 ALIAS MARIA 17H30 THE ASSASSIN 17H20 BELGICA 17H THE REVENANT 18H SAINT-AMOUR 19H15 45 ANS 19H40 AVE CÉSAR ! 19H50 TEMPÊTE 20H Bacchanales 17H40 Bacchanales 19H SUITE ARMORICAINE 19H50 THE ASSASSIN 19H30 ALIAS MARIA 20H15 SAINT-AMOUR 21H15 THE REVENANT 21H50 BELGICA 22H SAINT-AMOUR 21H30 MERCI PATRON 22H20 AVE CÉSAR ! 19H HISTOIRE DU GÉANT… 19H30 AVE CÉSAR ! 19H50 ALIAS MARIA 20H45 THE REVENANT 21H SAINT-AMOUR 21H15 THE ASSASSIN 21H40 BELGICA 21H45 MERCI PATRON MEUTRIÈRE 17H45 NOUS TROIS OU RIEN 17H30 HISTOIRE DU GÉANT… 18H15 TEMPÊTE 18H THE REVENANT 17H30 Bacchanales MEUTRIÈRE 17H15 THE ASSASSIN 17H SUITE ARMORICAINE 18H30 SAINT-AMOUR 18H THE REVENANT 21H50 AVE CÉSAR ! 21H45 THE REVENANT LE VENIN DE LA PEUR 21H SAINT-AMOUR 21H15 THE ASSASSIN 21H50 BELGICA 21H45 HISTOIRE DU GÉANT… HOMELAND 2 + Débat 21H THE REVENANT MEUTRIÈRE 21H15 Kurosawa SALAUDS DORMENT… 21H50 SAINT-AMOUR 21H45 JANIS 21H30 THE REVENANT 20H30 COMME ILS RESPIRENT + Rencontre 17H40 DÉLICES DE TOKYO 18H LES INNOCENTES 17H45 SUITE ARMORICAINE 18H40 AVE CÉSAR ! 17H15 THE REVENANT 20H MERCI PATRON 20H15 THE ASSASSIN 20H45 ALIAS MARIA 21H SAINT-AMOUR 20H30 17H50 TEMPÊTE 17H45 ALIAS MARIA 17H15 MERCI PATRON 18H15 NOUS TROIS OU RIEN 17H30 SAINT-AMOUR 19H45 DEUX RÉMI, DEUX 19H40 AVE CÉSAR ! 19H SUITE ARMORICAINE 20H30 THE REVENANT 21H J’AVANCERAI VERS TOI… + Rencontre 21H15 Kurosawa CHÂTEAU ARAIGNÉE 21H45 SAINT-AMOUR 21H50 THE ASSASSIN BD-CONCERT COME PRIMA RAPPEL : POUR LES MOINS DE 14 ANS, TARIF UNIQUE 4 euros POUR TOUS LES FILMS UTOPIA est partenaire de la carte culture jeune « Bordeaux ma ville ». Pour les détenteurs de la carte, place à 4 euros (sauf Samedi, Dimanche jusqu’à 19h, jour férié et veille de férié) 4€ 13H30 THE ASSASSIN 13H40 TEMPÊTE 13H50 ALIAS MARIA 14H15 SAINT-AMOUR 14H30 THE REVENANT MER 16 MAR JEU 17 MAR VEN 18 MAR SAM 19 MAR DIM 20 MAR LUN 21 MAR MAR 22 MAR TOUS LES JOURS LA 1re SÉANCE (SUR FOND GRIS) C’EST 4€ 4€ 4€ 4€ 4€ 11H Kurosawa SALAUDS DORMENT… 11H15 BELGICA 12H HISTOIRE DU GÉANT… 12H10 A PERFECT DAY 11H30 SAINT-AMOUR 14H NO HOME MOVIE 14H10 TEMPÊTE 14H05 THE ASSASSIN 14H30 LES INNOCENTES 14H20 THE REVENANT 11H HOMELAND 1 11H30 THE ASSASSIN 11H45 Argentine KAMCHATKA 12H A PERFECT DAY 11H15 LES INNOCENTES 14H30 LES SAISONS 13H40 Kurosawa QUI MARCHE SUR… 14H20 DEUX RÉMI, DEUX 14H15 THE REVENANT 14H NO LAND’S SONG 11H30 NO HOME MOVIE 11H45 HISTOIRE DU GÉANT… 11H15 HOMELAND 2 12H10 NO LAND’S SONG 11H THE REVENANT 13H50 MUSTANG 14H10 A PERFECT DAY 11H SUITE ARMORICAINE 12H A PERFECT DAY 11H15 NAHID 11H30 AVE CÉSAR ! 12H10 SAINT-AMOUR 14H10 Argentine KAMCHATKA 14H15 TEMPÊTE 13H50 ALIAS MARIA 14H NO LAND’S SONG 14H30 THE REVENANT 14H20 LES INNOCENTES 14H LES SAISONS TOUS LES JOURS LA 1re SÉANCE (SUR FOND GRIS) C’EST 4€ 15H40 LES SAISONS 15H30 A PERFECT DAY 15H45 DEUX RÉMI, DEUX 16H20 NO LAND’S SONG 17H40 Kurosawa QUI MARCHE SUR… 17H45 NAHID 17H15 NO HOME MOVIE 18H15 LES INNOCENTES 18H DEMAIN 19H SUITE ARMORICAINE 19H50 NO LAND’S SONG 19H30 HISTOIRE DU GÉANT… 20H45 A PERFECT DAY 20H30 THE REVENANT 21H50 AVE CÉSAR ! 21H45 SAINT-AMOUR 21H30 BELGICA 17H Kurosawa LES BAS-FONDS 17H30 NOUS TROIS OU RIEN 17H40 TEMPÊTE 18H15 SAINT-AMOUR 18H THE REVENANT 19H45 MERCI PATRON 19H40 AVE CÉSAR ! 19H30 ALIAS MARIA 20H30 21H30 A PERFECT DAY 21H50 BELGICA 21H40 THE ASSASSIN 17H30 A PERFECT DAY 17H40 SUITE ARMORICAINE 17H20 ALIAS MARIA 17H NO LAND’S SONG 18H AVE CÉSAR ! 19H45 THE ASSASSIN 20H45 Bacchanales 21H50 JANIS 19H30 NAHID 19H MUSTANG 20H30 Argentine 21H40 SAINT-AMOUR 21H THE REVENANT 19H30 THE ASSASSIN 20H A PERFECT DAY 19H45 ALIAS MARIA 19H15 NO LAND’S SONG 20H45 THE REVENANT 21H40 HISTOIRE DU GÉANT… 22H15 AVE CÉSAR ! 21H50 BELGICA 21H15 SAINT-AMOUR 16H DEMAIN 17H45 MERCI PATRON 17H50 NOUS TROIS OU RIEN 17H30 NAHID 17H15 TEMPÊTE 18H30 SAINT-AMOUR 15H45 FERDA LA FOURMI 16H20 THE ASSASSIN 15H NAHID 16H40 NO LAND’S SONG 16H SAINT-AMOUR 17H20 ALIAS MARIA 18H30 TEMPÊTE 17H15 SUITE ARMORICAINE 18H45 A PERFECT DAY 18H10 THE REVENANT 19H15 Kurosawa CHÂTEAU ARAIGNÉE 20H30 THE ASSASSIN 20H10 DEUX RÉMI, DEUX 21H SAINT-AMOUR 21H15 AVE CÉSAR ! 21H30 BELGICA 16H15 MERCI PATRON 16H10 NOUS TROIS OU RIEN 15H45 HISTOIRE DU GÉANT… 16H LES INNOCENTES 18H THE ASSASSIN 18H30 DÉLICES DE TOKYO 17H45 Kurosawa CHÂTEAU ARAIGNÉE 18H15 A PERFECT DAY 17H30 THE REVENANT 20H15 4€ 14H45 NAHID 15H15 A PERFECT DAY 14H30 SUITE ARMORICAINE 15H30 NO LAND’S SONG 15H THE REVENANT 16H30 FERDA LA FOURMI 15H SUITE ARMORICAINE 15H50 FATIMA 4€ 14H15 HOMELAND 2 15H THE ASSASSIN 15H15 Argentine HISTOIRE OFFICIELLE 14H30 A PERFECT DAY 15H30 DEMAIN 17H45 Kurosawa SALAUDS DORMENT… 17H40 NAHID 17H30 ALIAS MARIA 17H HISTOIRE DU GÉANT… 18H15 SAINT-AMOUR LES FRALIB - 1336 JOURS… + Débat 21H SAINT-AMOUR LES BACCHANTES L’HISTOIRE OFFICIELLE + Débat 21H40 MERCI PATRON NO HOME MOVIE + Discussion 21H BELGICA 20H HOMELAND 1 20H30 MY SKINNY SISTER + Débat 20H45 SAINT-AMOUR 20H45 SUITE ARMORICAINE 19H50 TEMPÊTE 19H40 (D) DEUX RÉMI, DEUX 19H NO LAND’S SONG 20H30 THE REVENANT 21H45 SAINT-AMOUR 21H15 AVE CÉSAR ! 21H A PERFECT DAY CERCLE DE SILENCE à Bordeaux TOUS LES DERNIERS MARDI DU MOIS, Mardi 29 Mars, de 18h30 à 19h30, place Pey-Berland. Contact: FEP, 201 rue Robespierre, 33401 TALENCE • 05 57 12 35 65 • 06 12 55 04 81• Courriel: [email protected] MER 23 MAR 9H Géocinéma SOCIAL NETWORK JEU 24 MAR VEN 25 MAR SAM 26 MAR DIM 27 MAR LUN 28 MAR MAR 29 MAR 9H 4€ 14H LES SAISONS 13H45 TEMPÊTE 13H30 ROYAL ORCHESTRA 14H30 SAINT-AMOUR 14H10 MÉDECIN CAMPAGNE Géocinéma SUMMER WARS 4€ 4€ 4€ 4€ 16H FERDA LA FOURMI 15H40 A PERFECT DAY 15H30 NAHID 20H MERCI PATRON 19H45 SAINT-AMOUR 19H30 ROYAL ORCHESTRA 20H30 Géocinéma 16H20 MÉDECIN CAMPAGNE 17H10 SUITE ARMORICAINE 17H50 ALIAS MARIA 17H40 NO LAND’S SONG 17H20 THE REVENANT 18H30 AVE CÉSAR ! 14H30 SUITE ARMORICAINE 14H45 HISTOIRE DU GÉANT… 15H15 NO LAND’S SONG 15H30 THE ASSASSIN 15H MÉDECIN CAMPAGNE 18H Kurosawa QUI MARCHE SUR… (D) 17H45 TEMPÊTE 17H40 NAHID 18H15 ROYAL ORCHESTRA 18H30 MÉDECIN CAMPAGNE 19H30 NO HOME MOVIE 19H40 A PERFECT DAY 19H45 ALIAS MARIA 20H30 Géocinéma 17H45 ALIAS MARIA 17H40 LES INNOCENTES 17H30 TEMPÊTE 17H15 THE REVENANT 18H MÉDECIN CAMPAGNE 19H40 21H50 THE ASSASSIN JANIS (D) 20H SUITE ARMORICAINE 19H30 21H40 NOUS TROIS OU RIEN A PERFECT DAY 20H30 EX MACHINA + Débat 20H10 22H15 MÉDECIN CAMPAGNE SAINT-AMOUR 4€ 21H45 Kurosawa CHÂTEAU ARAIGNÉE 21H50 A PERFECT DAY 21H30 THE ASSASSIN HER 20H45 MÉDECIN CAMPAGNE 21H45 BELGICA 21H50 SAINT-AMOUR 21H40 AVE CÉSAR ! WARGAMES 20H45 THE REVENANT 11H Kurosawa LES BAS-FONDS 12H A PERFECT DAY 11H30 NAHID 12H10 AVE CÉSAR ! 11H15 THE REVENANT 14H05 NO LAND’S SONG 14H10 SAINT-AMOUR 14H ROYAL ORCHESTRA 14H20 DEMAIN 14H30 MÉDECIN CAMPAGNE 11H30 Kurosawa SALAUDS DORMENT… 10H30 HOMELAND 1 11H15 NO HOME MOVIE 11H45 LES INNOCENTES 11H THE REVENANT 14H30 LES SAISONS 13H40 A PERFECT DAY 13H45 ROYAL ORCHESTRA 14H15 THE ASSASSIN 14H MÉDECIN CAMPAGNE 16H30 FERDA LA FOURMI 15H50 FATIMA (D) 15H40 NAHID 16H45 TEMPÊTE 16H10 SAINT-AMOUR 17H45 MERCI PATRON 17H40 MUSTANG 17H50 NO LAND’S SONG 18H40 AVE CÉSAR ! 18H20 MÉDECIN CAMPAGNE 19H30 HISTOIRE DU GÉANT… 19H40 A PERFECT DAY 19H45 ROYAL ORCHESTRA 21H THE REVENANT 20H30 MÉDECIN CAMPAGNE 21H30 SUITE ARMORICAINE 21H50 SAINT-AMOUR 21H45 ALIAS MARIA 11H15 ALIAS MARIA 11H HOMELAND 2 11H30 A PERFECT DAY 11H45 SAINT-AMOUR 12H MÉDECIN CAMPAGNE 13H40 Kurosawa CHÂTEAU ARAIGNÉE (D) 14H30 SUITE ARMORICAINE 13H45 ROYAL ORCHESTRA 14H DEMAIN 15H50 LES SAISONS 15H45 TEMPÊTE 16H30 LES INNOCENTES 15H MÉDECIN CAMPAGNE 17H50 (D) HISTOIRE DU GÉANT… 17H30 THE ASSASSIN 17H40 NOUS TROIS OU RIEN 18H45 ROYAL ORCHESTRA 17H15 THE REVENANT 19H50 TEMPÊTE 19H40 NO LAND’S SONG 19H45 NAHID 21H SAINT-AMOUR 20H30 MÉDECIN CAMPAGNE 21H45 A PERFECT DAY 21H40 THE REVENANT 22H AVE CÉSAR ! 11H15 LES SAISONS (D) 11H30 THE ASSASSIN 11H45 TEMPÊTE 12H LES INNOCENTES (D) 11H DEMAIN (D) 13H30 HOMELAND 1 (D) 13H45 A PERFECT DAY 13H50 MUSTANG (D) 14H20 (D) NOUS TROIS OU RIEN 14H MÉDECIN CAMPAGNE 16H40 (D) FERDA LA FOURMI 16H ROYAL ORCHESTRA 15H45 NO LAND’S SONG 16H30 SAINT-AMOUR 16H15 MÉDECIN CAMPAGNE 17H45 BELGICA 18H DÉLICES DE TOKYO (D) 17H40 NO HOME MOVIE (D) 18H45 AVE CÉSAR ! 18H30 MÉDECIN CAMPAGNE 20H15 Kurosawa LES BAS-FONDS (D) 20H30 A PERFECT DAY 20H HOMELAND 2 (D) 21H SAINT-AMOUR 20H45 THE REVENANT 14H45 ROYAL ORCHESTRA 15H15 MERCI PATRON (D) 14H30 ALIAS MARIA (D) 15H SAINT-AMOUR 15H30 MÉDECIN CAMPAGNE 17H Kurosawa (D) SALAUDS DORMENT… 17H45 (D) SUITE ARMORICAINE 17H30 TEMPÊTE (D) 18H THE REVENANT 18H15 MÉDECIN CAMPAGNE 19H50 NO LAND’S SONG 20H45 Bacchanales 21H45 BELGICA 19H40 NAHID (D) 21H THE ASSASSIN 20H30 AVE CÉSAR ! (D) 21H50 A PERFECT DAY TOUS LES JOURS LA 1re SÉANCE (SUR FOND GRIS) C’EST 4€ 4€ (D) DYONISUS IN ‘69 Vidéo en Poche des films sur votre clé usb ! 5€ par film, sans DRM et en HD quand c’est possible, la résolution minimale étant celle d’un DVD ! Les fichiers sont lisibles par VLC, mais aussi sur les Freebox, et de nombreuses TV et boitiers multimedia. Vous pouvez consulter sur le site et à la caisse du ciné le catalogue complet : www.videoenpoche.info fert vers la prison des adultes et au bout du chemin l’exécution capitale : il a été condamné à mort pour avoir tué, deux ans plus tôt, sa bien aimée : ce devait être un suicide romantique à deux, pour fuir l’oppression et les tabous de la société, mais il a survécu… Seule solution pour éviter l’inéluctable : obtenir du père de la victime le pardon qui signifierait la grâce, puisque la loi du Talion prévaut dans la justice iranienne… Ala, son meilleur ami, détenu avec lui, va alors se débrouiller pour être libéré, il va demander de l’aide à Firoozeh, la sœur aînée d’Akbar, et essayer par tous les moyens d’obtenir la mansuétude du père éploré… Ashgar Farhadi suit pas à pas ce formidable combat pour la vie et livre une analyse intelligente et subtile de la société iranienne, incroyablement complexe et contradictoire. MARCEL CONCHE MARCEL CONCHE (en HD) la nature d’un philosophe Écrit et réalisé par Christian Girier. Bonus : extraits chapitrés d’entretiens avec Marcel Conche. Durée totale : 2h14 C’est une belle découverte et le documentaire de Christian Girier est la preuve que oui, le cinéma est un bon moyen pour se rapprocher de l’œuvre du philosophe. Surtout quand il s’agit comme l’a fait le réalisateur d’aller le rencontrer, en chair et en os, chez lui, dans sa maison natale d’Altillac en Corrèze. De le filmer au plus près, mais sans indiscrétion, sans intrusion, dans son quotidien, à table en train de manger, peu et sans sel, en balade… De parler avec lui de son enfance paysanne, de sa jeunesse, de ses amours, de sa passion des livres et de la philosophie, de sa tendresse pour les philosophes antiques et pour Montaigne. Aussi de son parcours intellectuel, de sa foi dans l’homme. « Un film sur un philosophe vivant est chose rare. Avec Marcel Conche, cela signifie avant tout aller à la rencontre d’un homme qui vit sa philosophie. Pétri de sagesse, Marcel Conche se montre tel qu’il est, tel qu’il pense : loin des dogmes et des vérités figées il est en perpétuel mouvement. Son charisme, coloré de malice et d’humour, en fait une personne authentique devant la caméra. Il s’agit d’un film ni pour érudit ni pour spécialiste mais bien d’un film qui s’adresse à tous. » (Christian Girier) Marcel Conche a aujourd’hui 93 ans, des yeux qui n’ont pas oublié de pétiller et des neurones qui carburent au renouvelable. Sa métaphysique s’ouvre à une Nature qui ne se réduit pas à ce que l’on croit voir. En cheminant dans les paysages de son enfance corrézienne, il nous livre avec délice une sagesse vécue au plus près de sa vie. Après Une Séparation et À propos d’Elly, disponibles en HD, deux autres films d’Ashgar Farhadi LES ENFANTS DE BELLE VILLE Écrit et réalisé par Ashgar Farhadi Belle Ville, c’est un quartier de Téhéran où se trouve un centre de détention pour mineurs. Akbar y fête son dix-huitième anniversaire, qui signifie pour lui trans- LES ENFANTS DE BELLE VILLE LA FÊTE DU FEU LA FÊTE DU FEU Écrit et réalisé par Ashgar Farhadi Rouhi est à deux doigts du mariage, et nage en pleine félicité. Pas riche, elle joue les aide-ménagères et atterrit par la grâce d’une agence d’intérim dans un couple en pleine crise. C’est le bordel dans la maison, et la belle maîtresse des lieux vit une crise intense de suspicion, collant ses oreilles sur les bouches d’aération de la salle de bain pour tenter d’entendre ce qui se passe chez sa voisine, qu’elle soupçonne d’avoir emberlificoté le cœur de son mari. Soupçonneuse de tout, elle voit d’un sale œil tout d’abord cette Rouhi envoyée par son mari, la paie pour qu’elle s’en aille, puis la rappelle, puis l’envoie se faire faire une beauté de mariée chez sa voisine pour l’espionner… et plus de 130 autres films au catalogue : www.videoenpoche.info ALIAS MARIA Jose Luis RUGELES Colombie 2015 1h31 VOSTF avec Karen Torres, Carlos Clavijo, Erik ruiz, Anderson Gomez… Scénario de Diego Vivanco Maria ne s’appelle pas Maria. C’est le nom qu’elle porte depuis qu’elle a pris les armes pour rejoindre la guérilla, au cœur de la forêt amazonienne de Colombie. Un surnom (« alias » en espagnol), un pseudonyme, un nom de guerre, la marque que celle qu’elle était avant n’est plus, et qu’elle a perdu, en embrassant la cause, son nom de baptême et les traces de son passé. De Maria on ne saura pas grand chose. Ni pourquoi elle a rejoint les FARC – à moins qu’elle n’ait été enrôlée de force – ni ce qu’était sa vie. Ses parents, son village, sa famille : tout cela n’a plus d’importance pour elle et n’en aura pas plus pour nous, spectateur. Maria est une compañera, soldate armée et en treillis d’un commando composé essentiellement de femmes, souvent très jeunes. Un visage encore potelé par les rondeurs de l’enfance, un corps qui a poussé trop vite, un regard bien trop profond et trop triste pour que l’on puisse oser croire que la jeune vie de Maria fût un fleuve joyeux et insouciant. Et Maria au- ra beau jouer à faire craquer le vernis rosé de ses doigts abîmés, comme le font les petites filles se rêvant déjà devenues femmes, on voit bien qu’elle a perdu depuis bien longtemps l’innocence de ses treize ans. Dirigé forcément par un homme qui manie en un savant dosage paternalisme, autoritarisme et ce qu’il faut d’attentions pour contrôler ce drôle de gynécée, le commando doit rejoindre un lieu plus sûr. La jungle est l’immense champ de la terrible bataille que se livrent depuis des décennies les Forces Armées Révolutionnaires Colombiennes, l’armée gouvernementale, les narco-traficants et les milices para-militaires. Une guerre sanglante dont les civils, paysans, femmes, enfants, sont les premières victimes. Et comme Maria, bon nombre d’entre eux rejoignent les rangs des FARC, par soif d’un idéal de justice et d’équité, par l’attrait des armes et du pouvoir qu’elles confèrent mais aussi sans doute parce qu’elles offrent un toit, une protection, des repas et même les précieux services d’un médecin dont ce peuple oublié est privé. Peut-être parce qu’elle est plus coriace et déterminée que les autres, ou simplement par hasard, Maria se voit confier une mission : transporter en lieu sûr le nouveau-né du commandant. Car en dépit des précautions et des avortements pratiqués régulièrement, des bébés naissent dans la jungle. Accompagnée de deux soldats et d’un gamin encore plus jeune qu’elle à qui l’on a donné une arme et un barda deux fois plus lourd que sa maigre carcasse, Maria s’enfonce au cœur de la forêt, le bébé contre son sein. Nous allons suivre cette improbable expédition au plus près des corps et des souffles, au plus profond du ventre de la jungle, qui définit un étrange huis-clos oppressant et moite où chaque pas de travers peut-être fatal. Le danger est partout et les règles de la guérilla, sans pitié, sont appliquées à tous, quelque soit le sexe ou l’âge. C’est un film très fort qui n’épargne ni ses personnages, ni le spectateur et oui, c’est un film secouant, qu’il faut encaisser comme on encaisse les mauvaises nouvelles de notre monde, si violent. Mais au-delà de la dimension documentaire du film, qui s’inspire bien évidemment de la brutale réalité de la Colombie et de ses guerres internes, sans pourtant jamais poser un regard moralisateur ou inquisiteur, Alias Maria est surtout le portrait bouleversant d’une gamine luttant pour sa survie. Sa force vive, son courage, mais aussi son empathie et son désir incandescent de se sortir de ce bourbier résonnent comme les promesses fragiles d’une vie meilleure, loin de la violence arbitraire, des règlements de comptes, de la prédation des mâles. PEACE TO US IN OUR DREAMS 40 cours Pasteur • 05 56 94 71 19 Écrit et réalisé par Sharunas BARTAS Lituanie 2015 1h47 VOSTF avec Lora Kmieliauskaite, Ina Marija Bartaite, Sharunas Bartas, Edvinas Goldsteinas. Ses grands yeux noirs plantés dans la caméra, une biche nous prend à partie. Le film vient de commencer, elle a surgi de nulle part, dans la forêt, pour sceller un pacte entre la nature – qu’on n’a pas vu filmée avec tant de grâce depuis un bon moment – et l’art. Des chasseurs sont sur sa trace, un coup de feu retentit. Il y aura de la violence. Il y aura du silence. Bienvenue dans le monde de Sharunas Bartas, grand manitou du cinéma lituanien, qui envoie des nouvelles tous les cinq ans, et dont les dernières en date prennent la forme d’un film de famille aux accents élégiaques, travaillé par un violent tumulte. Le cinéaste joue un personnage qui pourrait être lui. Pour incarner sa fille, il a choisi la sienne, Ina Marija Bartaite, née de son union avec la poétesse Katerina Golubeva, beauté mélancolique qui illumina ses films de jeunesse (Trois jours, Corridor, Few of us). Et pour sa compagne violoniste, la violoniste Lora Kmieliauskaite, qui partage aujourd’hui sa vie. La porosité entre réel et fiction est grande, d’autant plus que les dialogues sont rares, et largement improvisés. Ils portent sur les affaires qui ont toujours travaillé Bartas – la perte, la difficulté à communiquer, à départir l’imaginaire de la réalité… Mais ils importent peu. Ce qui nous importe, c’est l’infinie beauté de tout ce que saisit sa caméra. Les plans s’agencent musicalement, embrassant dans leur mouvement de lointains échos de Sokourov, du Sacrifice de Tarkovski. Le vent dans les herbes folles répond aux mouvements de la rivière, une violoniste qui craque en plein concert résonne avec cette vieille femme qui explose de colère quand on lui chante un air de Beethoven, un petit Huckleberry Finn lituanien vole des tomates puis un fusil… Et cette splendide enfant dont la ressemblance avec sa mère est tellement troublante, n’est-elle pas une réincarnation ? Surgie de la nuit, une femme demande au personnage joué par Bartas s’il n’a pas, parfois, envie de retomber en enfance, pour retrouver cette capacité d’émerveillement que l’on perd, après, parce que l’on a trop de désirs contradictoires. Non, répond-il. C’est que son regard, malgré toute sa mélancolie, est bien celui d’un homme qui a gardé un lien avec l’enfance. (I. Régnier, Le Monde) Lundi 21 Mars, après la projection de 20h15, moment d’échanges entre vous, spectateurs, et une ou plusieurs membres de l’équipe d’Utopia. NO HOME MOVIE Écrit et réalisé par Chantal AKERMAN France/Belgique 2015 1h55 Chantal Akerman s’est donné la mort le 5 Octobre dernier. Son cinéma, marqué par une radicalité et une puissance formelle implacable et hypnotique, a inspiré quelques uns des cinéastes que vous avez coutume de voir sur nos écrans : Apichatpong Weerasetakhul, Todd Haynes ou Gus van Sant… Nous tenterons de programmer ultérieurement quelques films et notamment son chefd’œuvre avec Delphine Seyrig, Jeanne Dielman, 23 quai du Commerce, 1080 Bruxelles. Il y a quarante ans, elle osait filmer trois jours de la vie d’une femme dans son appartement, en déroulant de façon imparable un enchaînement de rituels répétitifs jusqu’à ce qu’advienne l’impensable. Aujourd’hui, avec ce No home movie qui restera son dernier film, elle retourne dans un appartement à Bruxelles, pour y filmer cette fois sa mère, cette femme au centre de son œuvre, dont elle n’a pu surmonter la disparition… « Cela fait des années maintenant que je me suis mise à filmer un peu partout, dès que je sentais un plan. Sans but vraiment, mais avec le sentiment qu'un jour ces images feraient un film, ou une installation. Je me laissais juste aller, par désir et par instinct. Sans scénario, sans projet conscient. « […] Ce printemps, avec Claire Atherton et Clémence Carré, j'ai rassemblé une vingtaine d'heures d'images et de sons sans toujours savoir où j'allais. Et nous avons commencé à sculpter dans la matière. Ces vingt heures sont devenues huit, puis six, et puis au bout d'un certain temps deux. Et là, on a vu, on a vu un film et je me suis dit : bien sûr, c'est ce film-là que je voulais faire. Sans me l'avouer. Et si j'avais dû me l'avouer, si j’en avais pris conscience, si j’en avais fait un projet dès le départ, je ne l'aurais sans doute pas fait. J'aurais eu peur. Ou pas assez peur. « Parce que ce film est avant tout un film sur ma mère, ma mère qui n'est plus. Sur cette femme arrivée en Belgique en 1938 fuyant la Pologne, les pogroms et les exactions. Cette femme qu'on ne verra que dans son appartement et uniquement là. Un appartement à Bruxelles. Une mère tout le temps quittée et retrouvée après de longs voyages par l'une ou l'autre de ses filles, ma sœur et moi. C'est donc un film sur ma mère, mais pas seulement. Entre les plans, les moments passés avec elle, il y a les moments au loin, dans des terres parfois arides. Et à chaque fois on la retrouve. À chaque fois, un peu moins bien. Jusqu'à ce qu'elle n'arrive presque plus à nous parler, s'endormant entre chaque phrase. Et pourtant, il ne faut pas qu’elle s’endorme. Le médecin nous l’a dit : ne pas la laisser s'endormir. « […] Ce film est un film sur le monde qui bouge et que ma mère ne voit pas, elle qui ne bouge presque plus de son appartement. Et pourtant, le monde du dehors est bien là, il s’insinue entre les plans de l'appartement, comme la touche jaune d'un tableau qui fait exister tout le reste de la toile. C'est aussi un film d'amour, un film sur la perte, parfois drôle, parfois terrible. Mais, avec un regard qui garde une juste distance, je pense. Un film où se fait une transmission, discrètement, presque l’air de rien, sans pathos, dans une cuisine de Bruxelles. « Bien sûr, c'est un film brut, comme on parle d'art brut. Il ne faut surtout pas rendre lisse. Il en perdrait de sa force. Le film est parfois maladroit, mais ici, la maladresse est un plus. Le film vagabonde sans qu'on sache vraiment où il va. Et pourtant il ne peut nous mener qu'à une seule chose, la mort. La mort de la mère, on ne la verra jamais. Seul l'appartement, désormais vide, en parle en silence. « […] La narration avance à petits pas, un peu comme on entre dans cet appartement de Bruxelles où une femme marche avec la grâce fragile de celle qui doit garder un équilibre précaire. Une femme qui ne se laisse pas aller… » Chantal Akerman 22, 23 et 24 MARS, JOURNÉES GÉOCINÉMA 2016 La géographie autrement, à travers ses liens avec le film de fiction Journées organisées par le laboratoire de recherche Passages (UMR 5319 CNRS-Université BordeauxMontaigne, Université de Bordeaux, Université des Pays de l'Adour) et l'Université Bordeaux-Montaigne THÈME DE CETTE ÉDITION : LE CYBERESPACE Forgé dans le roman anglais Neuromancien de William Gibson en 1984, le cyberespace intéresse les géographes depuis le milieu des années 1990. Constitutif et vecteur d’un imaginaire puissant, le cyberespace offre la possibilité d’explorer de nouvelles formes de discontinuités, de nouvelles limites entre matériel, immatériel, idéel et virtuel. L’équipe de Géocinéma vous invite à pénétrer cette « espèce d’espace », hypothétique 8e continent… Jeudi 24 Mars à 9h tarif unique 4 euros SUMMER WARS Film d'animation de Mamoru OSODA Japon 2009 1h53 VOSTF Scénario de Satoko Okudera et Mamoru Osoda Bienvenue dans le monde de OZ : la plateforme communautaire d'internet. En se connectant, des millions d'avatars alimentent le plus grand réseau social en ligne. Kenji, un lycéen timide autant que surdoué, effectue un job d'été au service de la maintenance lorsque OZ est attaquée par un virus… Projection présentée et commentée par Philippe Vidal, Maître de conférences à l'Université du Havre, et Etienne Lhomet, Directeur de la société Des villes et Des Hommes HER LE PROGRAMME à UTOPIA Mercredi 23 Mars à 9h tarif unique : 4 euros SOCIAL NETWORK David FINCHER USA 2010 2h VOSTF avec Jesse Eisenberg, Justin Timberlake, Andrew Garfield, Rooney Mara, Dakota Johnson… Scénario d'Aaron Sorkin, d'après le livre de Ben Mezrich Un film sur la création de Facebook ou l'odyssée de Mark Zuckerberg. « The Social Network est une sorte de tragédie grecque au temps du pixel roi, filmée avec la vigueur d'un Howard Hawks. » (Télérama) Projection présentée et commentée par Valérie Kociemba, professeur agrégé à l'Université BordeauxMontaigne, et Pierre-Amiel Giraud, professeur agrégé de Géographie Mercredi 23 Mars à 20h30 HER Écrit et réalisé par Spike JONZE USA 2013 2h06 VOSTF avec Joaquin Phœnix, Amy Adams, Rooney Mara, Chris Pratt, Olivia Wilde… et la voix ensorcelante de Scarlett Johansson Musique de Arcade Fire Imaginez un monde où les ordinateurs auraient acquis une conscience. C'est dans ce futur plus ou moins proche que nous projette Spike Jonze, pour une histoire d'amour improbable entre un modeste écrivain spécialisé dans les liaisons épistolaires et… un programme informatique qui s'exprime à travers une voix féminine suave. Projection présentée et commentée par Jérémy Frey, Post-doctorant à l'Institut National de Recherche en Informatique et en Automatique, et Marina Dufeal, Maître de conférences à l'Université Bordeaux-Montaigne Jeudi 24 Mars à 20h30 WAR GAMES John BADHAM USA 1983 1h51 VOSTF avec Matthew Borderick, Ally Sheedy, Dabney Coleman, John Wood… Scénario de Lawrence Lasker et Walter F. Parkes Un jeune passionné d'informatique, voulant pirater des jeux vidéos, se branche sur un ordinateur secret de l'armée américaine. Croyant être aux commandes d'un jeu virtuel, le garçon déclenche sans le savoir le compte à rebours d'une troisième guerre mondiale… Un film devenu quasi-culte, un des premiers à mettre en scène les jeux et les enjeux de l'informatique. Projection présentée et commentée par Philippe Vidal, Maître de conférences à l'Université du Havre, et Frédérik Douzet, Titulaire de la Chaire Castex de Cyberstratégie à l'Institut Français de Géopolique, Université Paris 8 Dans le cadre du 14e FORUM DU REGARD 14, 15 et 16 Mars - organisé par l'agence ECLA Aquitaine BD-CONCERT COME PRIMA Mardi 15 MARS à 21h La musique du groupe SPLENDOR IN THE GRASS accompagne la BD du dessinateur Alfred projetée à l'écran. Tarif unique : 8 euros – Achetez vos places à l'avance, à partir du Samedi 5 Mars COME PRIMA BD-CONCERT Création vidéo de Benjamin LACQUEMENT Musique originale de SPLENDOR IN THE GRASS Durée : 1h15 La bande dessinée Come Prima, de l’auteur-dessinateur bordelais Alfred, reçoit en 2014 le prestigieux Fauve d’Or du festival international de bande dessinée d’Angoulême. Les musiciens du groupe Splendor in the Grass imaginent dans la foulée un spectacle qui alliera leurs compositions originales et la bande dessinée d'Alfred projetée sur grand écran. La création du vidéaste Benjamin Lacquement reprend la quasi-intégralité des images et des textes de la bande dessinée. Les cases de la BD défilent, empruntant au langage cinématographique ses enchaînements de plans : zooms, travelllings, fondus enchaînés… Sur scène, à côté de l'écran, dans la pénombre, les quatre de Splendor in the Grass jouent leur musique au rythme du récit. Pendant une heure et quart, le spectateur devient lecteur, emporté par une émotion à la fois visuelle, musicale et littéraire. Une expérience rare et intense… Entre road-movie heurté et hommage au cinéma italien des années 60, Come Prima conte les retrouvailles de deux frères, Fabio et Giovanni : l'un, ancienne chemise noire, fuit une famille qui ne le comprend pas ; tandis que l'autre tente de le ramener chez eux, par respect pour un père décédé. D'un trait lumineux, Alfred emmène son lecteur sur des sentiers inattendus, creuse un passé douloureux, des névroses installées. Oscillant constamment – et gracieusement – entre rires et larmes. Dans le cadre du 14e FORUM DU REGARD • 14, 15 et 16 Mars • organisé par l’agence ECLA Aquitaine Lundi 14 MARS à 20h30, PROJECTION DU FILM J’AVANCERAI VERS TOI AVEC LES YEUX D’UN SOURD en présence de sa réalisatrice, Laetitia Carton. Les échanges seront signés en LSF. Achetez vos places à l’avance, à partir du Vendredi 4 Mars. J'AVANCERAI VERS TOI AVEC LES YEUX D'UN SOURD Film documentaire de Laetitia CARTON France 2015 1h45 Projection sous-titrée pour les spectateurs sourds ou malentendants C’est tout en poésie qu’on se laisse embarquer dans ce film. La réalisatrice rend hommage à un ami et à travers lui à toute une communauté : les sourds et les malentendants. Les sourds ou malentendants sont nombreux, a priori plus de 6% de la population. Les institutions, la société en général et la plupart des entendants considèrent la surdité comme un handicap. Et si c’était simplement une différence ? Ce film est un voyage à la découverte d’une langue : la langue des signes. Avec elle, nous découvrons des his- toires de vie, des amitiés, une famille qui veut une bonne éducation pour ses enfants, des entendants qui essaient d’apprendre, des militants (étiez vous conscients qu’en France il pouvait être nécessaire de devoir militer pour échanger dans sa langue ?). Dans ce film, on découvre que des gens sont contraints à « oraliser », apprendre à former des sons quand on ne les entend pas (ça paraît pourtant absurde ?!)… Oraliser a un prix : beaucoup d’énergie et de difficultés. Et tout ça pour quoi ? Ressentir bien plus intensément l’impression d’être inadapté au monde, d’être handicapé. A Ramonville, à deux pas de Toulouse, il existe une école où les sourds peuvent parler leur langue. Et là, miracle (miracle ?), les enfants sont aussi éveillés, vivants, inventifs, curieux que dans n’importe quelle autre école. Dans cette école, les entendants et les sourds partagent les cours et la cour de récré. Et ils arrivent très bien à communiquer. Ce film, c’est tout ça. A la fois très intime et tout à fait universel tant le témoignage va au-delà des histoires personnelles. C’est un appel à l’ouverture et à la curiosité. On sort de la salle en ayant envie de parler avec les mains. Parce que c’est beau mais pas seulement. Aurions nous oublié le langage du corps ? Les expressions du visage ? Les regards, le sourire ? Tout ça communique aussi et mérite qu’on y prête attention. Espérons que le temps du film ne sera que le début d’une vision nouvelle, plus curieuse car, comme l’a si joliment écrit Victor Hugo, « Qu’importe la surdité de l’oreille quand l’esprit entend ? La seule surdité, la vrai surdité, la surdité incurable, c’est celle de l’intelligence. » 100% HAlEtANt 1 HEUrE 23’ 14’’ Et 7 cENtiÈMES tHÉÂtrE / dANSE JAcQUES GAMBliN & BAStiEN lEfÈVrE 22.3 à 20H30 & 23.3 à 19H30 AU cArrÉ 100% MYStÉriEUX SŒUr, JE NE SAiS pAS QUOi frÈrE tHÉÂtrE cOMpAGNiE pOUr AiNSi dirE 31.3 à 20H30 AU cArrÉ GROUPE 33 Hölderlin… à la folie Goethe Institut 22-25 mars 20h30 www.groupe33.fr ABONNEMENtS & lOcAtiONS 05 57 93 18 93 / 05 56 95 49 00 WWW.lEcArrE-lEScOlONNES.fr SUiVEZ-NOUS + ABONNEZVOUS tArifS lES plUS BAS à pArtir dE 3 SpEctAclES Les délices de Tokyo Écrit et réalisé par Naomi KAWASE Japon 2015 1h53 VOSTF avec Kirin Kiki, Masatoshi Nagase, Kyara Uchida… D’après le roman An, de Durian Sukegawa (en librairie le 3 Février) Tokyo… Un quartier, excentré, banal et terne, s’il n’y avait… les cerisiers en fleurs ! Les voilà qui rivalisent d’exubérance, déployant de subtiles dentelles de pétales, saupoudrant d’un rose fragile le monde grisonnant des hommes. Ils donneraient presque des airs de village ancestral aux bâtisses bétonnées et sans charme. Mais le printemps peine à pénétrer dans certaines boutiques. Celle que tient Sentaro reste résolument insipide, à l’image de son gérant et de la pâte « an » des « dorayakis » qu’il cuisine… Vous ne connaissez pas les dorayakis ? Qu’importe, vous aurez tout le film pour les découvrir, vous pourlécher les babines et entendre votre ventre gargouiller… Mais ne croyez pas que vous avez affaire à un film culinaire : nous sommes dans l’univers de Naomi Kawase, avec sa douceur, sa subtilité habituelles, sa gourmandise de la vie. Ces dorayakis se révèlent être plus que de savoureuses pâtisseries, ils recèlent l’essence des choses, la saveur de l’enfance, l’attention aux autres, aux moindres petites choses. Ils sont une invitation à s’ancrer dans le présent, à aimer tout ce qui nous entoure, à jouir de la vie. Une ode au Carpe Diem… Mais revenons à Sentaro. Pour lui, les jours se suivent… Le réveil sonne l’heure de la clope qu’il fume, solitaire, sur une terrasse, avant de se mettre au boulot sans conviction. Des litres de pâte qu’il transforme en dizaines de petites crêpes pour les gosiers voraces d’une poignée de collégiennes qui les ingurgitent en se moquant de lui, de ses airs bougons. Seule Wakana semble prendre racine, une fois la nuée de ses copines passée. Elle n’a guère d’alternative puisque ses camarades filent vers des cours particuliers qu’elle n’a pas les moyens de s’offrir. Elle n’ose tout bonnement plus espérer accéder à l’université faute de l’argent nécessaire. C’est une drôle de complicité qui se tisse en silence entre le quadragénaire et la collégienne. La tristesse désabusée de ces deux égratignés de la vie n’a pas besoin de mots pour s’exprimer. Les jours pourraient dériver ainsi longtemps encore, lorsqu’une drôle de petite vieille, hésitante et bancale, passe sa frimousse dans l’embrasure de la petite échoppe. Le patron cherche un com- mis pour l’aider ? Elle dit être la femme de la situation ! Sentaro refuse, la voyant trop âgée, trop abimée, trop tordue de la tête aux mains… Poliment il tente de la dissuader en lui parlant du salaire minable… Mais, chose saugrenue, ne voilà-t-il pas que la grand-mère, loin de se décourager, négocie son salaire encore à la baisse ! Sentaro ne sait plus comment s’en dépêtrer… D’autant que tous les jours la dame semble revenir à la charge jusqu’à l’obliger à goûter la délicieuse pâte « an » qu’elle a réalisée : un comble pour celui qui déteste le sucré ! Voilà comment Tokue va finir par imposer sa présence réjouissante dans le quartier, bouleverser la routine de Sentaro, à coup de savoir faire, à coup de savoir être. Elle semble ré-enchanter le monde partout où elle vient piétiner, hésitante et gauche. Étonnante Tokue qui sait écouter aussi bien les murmures des feuilles qui frissonnent que ceux du cœur des hommes ou des haricots rouges qui patientent dans la casserole. Ceci n’est qu’un début, un prétexte ou presque, vous le découvrirez lorsque le film va basculer dans un tout autre registre évoquant un pan honteux de l’histoire nipponne… Et on comprendra que l’indéracinable capacité d’émerveillement de Tokue a cru dans la fange d’un terrible passé. DISQUAIRE vinyles, nouveautés, rééditions, occasions rock reggae electro hip hop metal funk 60's 70's pas de site de vente en ligne, mais un bon vieux « vente par correspondance » à l'ancienne [email protected] Facebook Total Heaven 6 rue de Candale, BordeauxVictoire • 05 56 31 31 03 Anomalisa Charlie KAUFMAN et Duke JOHNSON USA 2015 1h30 VOSTF avec les voix de David Thewlis, Jennifer Jason Leigh, Tom Noonan… Scénario de Charlie Kaufman Musique (superbe) de Carter Burwell, le compositeur attitré des frères Coen EXTRAORDINAIRE FILM D'ANIMATION POUR ADULTES (vraiment pas pour les enfants) « Extraordinaire film d'animation » annonçons-nous sans hésiter. On aurait pu écrire « exceptionnel », on était à deux doigts de se laisser aller à « génial » mais on s'est retenu à temps. Sur ce coup, on ne sera sans aucun doute pas les seuls à user (abuser diront les esprits rétifs à l'enthousiasme) des superlatifs tant Anomalisa s'impose comme une œuvre hors du commun, une réussite totale en ce sens qu'elle fait preuve d'une cohérence parfaite entre le fond et la forme. C'est ici sans doute qu'il faut exhorter nos spectateurs réfractaires au cinéma d'animation à surmonter leurs préventions et à venir découvrir à quel point la technique dite du « stop motion » (animation en volume image par image) peut créer un univers sensible et profond, propice aux émotions, à la réflexion, aux interrogations les plus essentielles. Ce que Charlie Kaufman (scénariste fameux de Dans la peau de John Malkovich et d'Eternal sunshine of the spotless mind, réalisateur en 2008 d'un premier film injustement passé inaperçu : Synecdoche, New York) et Duke Johnson (le spécialiste de l'animation, c'est lui) expriment et font vivre ici, ils n'auraient pas pu l'exprimer et le faire vivre dans un film en prises de vues réelles, avec des acteurs en chair et en os. L'utilisation des figurines animées apporte un recul, une poésie, une forme de radicalité expressive qui donnent au film toute sa dimension de fable existentielle et philosophique, qui lui confèrent paradoxalement une incroyable humanité. Fascinante expérience pour le spectateur, qui est d'abord intrigué, voire perturbé, par ces personnages au visage figé, au regard perdu, accomplissant comme des marionnettes (qu'ils sont doublement !) des gestes semble-t-il dénués de nécessité, se mouvant dans des décors impersonnels comme savent si bien les imaginer les urbanistes et autres designers de la modernité totalitaire et mondialisée. Et puis, peu à peu, les traits se précisent, les détails s'affirment, et nous percevons que tout fait sens, que rien dans l'image comme dans la bande son n'est inutile (magnifique travail sur le son, sur les voix), rien n'est gratuit, rien n'est laissé au hasard : c'est tout un monde qui se construit sous nos yeux, tout un monde de situations, d'ac- tions, de mots, d'échanges, de signes, de symboles, tout un monde qui mérite bien notre attention de chaque instant. Un avion vole dans un ciel nuageux. À bord, un homme grisonnant au regard las. Il écoute sans les entendre les paroles banales de son voisin et supporte mal que celui-ci lui prenne la main, par réflexe de crainte, au moment de l'atterrissage. L'homme récupère ses bagages, le pas résigné. Il prend un taxi, le chauffeur lui parle de choses et d'autres qui ne l'intéressent nullement. Il se rend à l'hôtel Fregoli, où une chambre type supérieur a été réservée pour lui. Il s'installe, allume la télé. Cet homme, c'est Michael Stone, un spécialiste du service clients dans les grandes entreprises. Il a même écrit un bestseller sur la question : « Comment puis-je vous aider à les aider ? ». Il est à Cincinnati pour donner une conférence sur son bouquin et on le devine accablé par l'idée de participer de son plein gré à ce jeu de rôles dérisoire qui fait de vous une vedette parce que vous avez écrit un guide de conseils sur l'assistance hotline… Michael Stone s'est laissé fossiliser dans la routine de sa vie. Il est mari, il est père, il est seul. Il profite de sa présence à Cincinnati pour reprendre contact avec un amour de jeunesse : fiasco complet, le courant ne passe plus. Estil jamais passé ? Peut-être la rencontre avec une de ses fans, Lisa, hébergée dans le même hôtel, va-t-elle le réveiller de son engourdissement ? Peut-être l'amour, cette anomalie, va-t-il redonner des couleurs à cette grisaille uniforme dans laquelle il se débat ? SOIRÉE-DÉBAT Vendredi 25 MARS à 20h30 Intelligence artificielle : entre l'homme et la machine organisée par l'association étudiante ASCOERGO (ascoergo.fr) dans le cadre du Forum de l'Intelligence Artificielle de Bordeaux Projection du film EX MACHINA suivie d'un débat avec Nicolas Rougier, chercheur en neurosciences computationnelles à l'IMN et à l'INRIA, et Guillaume Ballan neurologue au Centre Hospitalier de Bayonne. Achetez vos places à l'avance, à partir du Mardi 15 Mars. EX MACHINA Écrit et réalisé par Alex GARLAND GB 2015 1h47 VOSTF avec Domhnall Gleeson, Alicia Vikander, Oscar Isaac, Sonoya Mizuno… Caleb est programmateur – talentueux – au sein d'une importante entreprise d'informatique, qui a imposé un moteur de recherches incomparable : Blue book. Heureux gagnant d'un concours interne, il va avoir l'insigne privilège d'être invité pendant une semaine dans la demeure luxueuse du grand patron de l'entreprise, Nathan, génie solitaire qui vit en reclus au cœur des montagnes. Une fois sur place – après un long voyage en hélicoptère ! – il découvre qu'il va devoir participer à une étrange et fascinante expérience : entrer en contact avec la dernière création de Nathan, un androïde hyper sophistiqué répondant au nom d'Ava, et déterminer si cette machine à l'allure et aux traits féminins est douée d'une intelligence et d'une sensibilité au moins égales à celles d'un être humain… Ex Machina se structure en grande partie sur des questions d’éthique autour du développement de ces nouvelles intelligences artificielles robotiques toujours plus proches de l’être humain. La capacité des robots à développer une véritable intelligence et de vrais sentiments, le questionnement moral sur l'éventuel danger que représente l'introduction de ces nouvelles entités dans nos sociétés, le sous-texte sur la condition féminine, l'idée de possibles relations affectives et sexuelles entre robots et humains… autant de sujets qui titillent l'esprit et mènent à une réflexion que les échanges après la projection de ce soir pourront enrichir et rendre passionnante. Dans le cadre de l'exposition BACCHANALES MODERNES ! à la Galerie des beaux arts de Bordeaux du 12 Février au 23 Mai TROIS RENDEZ-VOUS À UTOPIA proposés par l'association Monoquini – www.monoquini.net ranné, faisant l'économie de l'érotisme débordant et des effusions sanglantes que motivait le sujet. Il nous livre plutôt une sorte d'opéra aux accents kitsch, avec ses ballets de bacchantes empruntant à des figures classiques, où les femmes, sous l'influence de Dionysos, s'émancipent contre le pouvoir religieux, à la conquête de leur plaisir et de leur liberté. Mardi 29 Mars à 20h45 DIONYSUS IN '69 Brian de PALMA, Robert FIORE & Bruce RUBIN USA 1970 1h25 VOSTF Noir & Blanc LES BACCHANTES Vendredi 11 Mars à 19h30, Samedi 12 Mars à 17h30, Dimanche 13 Mars à 17h30 MEURTRIÈRE Philippe GRANDRIEUX France 2015 1h sonore, sans paroles avec Émilia Giudicelli, Vilma Pitrinaite, Hélène Rocheteau, Francesca Ziviani… Meurtrière est le second mouvement d’un triptyque amorcé par White epilepsy, dont l’objet est « l’inquiétude ». Chaque mouvement se déploie sous forme d’une performance, d’un film et d’une installation. Meurtrière, sous la forme présente d'une performance filmée, c'est la verticalité de l'image qui évoque les ténèbres d'une toile de Cranach ou de Bacon soudain animée d'une vie sourde et menaçante ; c'est un espace de métamorphoses et de révélations au bord de la perception, un monde archaïque et reptilien d'avant le langage ; c'est la pulsation animale, sexuelle, de quatre danseuses nues, mêlant leurs corps ruisselants dans un lent rituel de dévoration : une bacchanale sauvage. se résout à sacrifier à la déesse Déméter la vierge Mantô, fille du devin Tiresias, se présente un étranger, porteur du vin sacré, qui exhorte la population à célébrer Dionysos. Son pouvoir est tel que la jeunesse Thébaine se rend en nombre sur le mont Cithéron pour vouer un culte au dieu bachique. Décidé à briser l'emprise du séduisant voyageur et faire cesser les orgies qu'il préside, Penthée envoie ses troupes qui vont se heurter aux Ménades… Puisant librement dans la tragédie d'Euripide, Les Bacchantes s'apparente davantage au conte mythologique qu'au péplum en vogue en ce début des années 60. Metteur en scène talentueux et maniériste, Giorgio Ferroni choisit de développer une atmosphère poétique et surnaturelle au charme doucement su- Dionysus in '69 est une libre adaptation des Bacchantes d’Euripide par le Performance Group, une troupe d’avantgarde New-Yorkaise. La pièce créée sous la direction de Richard Schechner est une expérience sans précédent, reflétant les aspirations de l'époque et laissant une part importante à l'improvisation : les acteurs en transe y jouent quasi-nus, rompant la distance habituelle avec le public, amené alors à participer physiquement au spectacle, jusqu'au paroxysme. Afin de restituer cette interaction et offrir une multiplicité de points de vue, de Palma a ici recours au « split-screen », un procédé qu'il reprendra dans nombre de ses œuvres ultérieures. L'intégralité de la programmation culturelle qui accompagne l'exposition est consultable sur musba-bordeaux.fr Vendredi 18 Mars à 20h45 LES BACCHANTES (Le Baccanti) Giorgio FERRONI Italie/France 1961 1h36 couleur VF avec Pierre Brice, Tania Elg, Allesandra Panaro, Alberto Lupo, Akim Tamiroff… Projection en 35 mm Alors qu'une terrible sécheresse frappe la cité de Thèbes et que le roi Penthée DIONYSUS IN ‘69 PEUPLES SOLIDAIRES 33 vous invite à la Marche solidaire n°26 Dimanche 13 mars Sur les coteaux de Bouliac RDV covoiturage : 13h30 précises – Station de tram : terminus Floirac Dravemont (Tram A) ou14h devant l’église de Bouliac Thème : Luttes paysannes dans le monde - Accaparement des terres des paysans, un bon placement !!!! Marche d’environ 2 heures Objectif des Marches solidaires : faire connaître les luttes pour le Droit à la Terre des populations du Sud confrontées à l’accaparement de leurs terres (pour la production de cultures d’exportation, d’agrocarburants, parcs animaliers…) et répondre à leur demande de soutien international Renseignements – inscription covoiturage : 06 87 86 55 91 [email protected] peuples-solidaires.desc33.over-blog.org DÉMOSPHÈRE GIRONDE gironde.demosphere.eu Agenda participatif sur Internet PCA Paysans et Consommateurs Associés Bordeaux Vallée de l’Isle - pca.nursit.com Il y a des jours où on ressent une profonde lassitude. Ce matin par exemple, chercher dans la boue les cadavres des poulets estourbis par le renard hier soir m'a rendu peu primesautier au-delà du raisonnable. Il ne nous laisse aucun répit, l'animal ! On ne peut pas baisser la garde. Rentrer de Bordeaux le Mercredi après la tombée de la nuit et monter dans les bois fermer les cabanes : il est passé par ici, il repassera par là, dès que tu t'absenteras ! Demain, direction la coopérative agricole. On commande des clôtures mobiles électrifiées à poser devant la clôture existante. Ça peut paraître un peu concentrationnaire comme architecture de défense mais on ne sait plus à quel saint se vouer. Comme j'ai l'avantage de la double culture, urbaine/rurale, j'ai d'abord appelé un ancien camarade d'enfance. Epoque Argenteuil, ZUP Nord, 26 Boulevard Lénine, Bâtiment 16, escalier M. Un peu bourru au premier abord mais bon esprit dans le fond. On s'était connu sur la dalle, il avait d'abord voulu jouer au foot, puis rapidement il avait voulu mon ballon. En sortant du commissariat on avait finalement sympathisé et il m'avait affirmé : « Si un jour y'a un blaireau qui te pourrit la vie, tu m'appelles et je lui mets la misère. » Blaireau, renard, c'est la même engeance de nuisibles. J'appelle donc Rorosse et lui dépeint le tableau. Réponse immédiate de l'intéressé « Bon bin le renard, y viens, tu lui niques sa mère. Y reviens, tu lui niques sa race ! »Tout simple, il n'allait pas quitter la dalle pour ça ! Pas d'affolement, si le renard fait drastiquement baisser la profitabilité de notre activité d'élevage en ce moment, nous ne sommes pas prêts à mettre la clé sous la porte pour autant. Nous comptons bien nous rebecter la cerise avec les fraises qui sont déjà en fleurs et qui viendront dans deux ou trois mois nous regarnir la trésorerie, si tout va bien et que les chevreuils n'ont pas tout bouffé d'ici là. Et puis les attaques de nuisibles, ça fait partie du jeu, on ne va pas faire une manif de tracteur devant la préfecture pour si peu. De toute façon on a peu de chance d'arriver jusque-là avec notre vieux Massey de 1954. Si on compare avec la situation des éleveurs de porcs ou de vaches laitières, on pourrait presque se prendre pour des nantis. Je ne vous parle même pas de mon bon vieux copain de marché, viticulteur en Gironde et bon vivant devant l'éternel. Un blagueur qui regrettait un jour « J'ai tellement utilisé de produits phytosanitaires que quand je passe devant un étalage de fruits et légumes, je peux te dire le dernier traitement qu'ils ont reçu, rien qu'à l'odeur ». Ces derniers temps il n'avait pas la forme, il ne cassait plus la croûte avec nous et était passé sous la barre des 100 kilos. Quand on lui conseillait d'aller quand même voir un médecin il répondait « Non ça ira : si c'est pas grave ça va passer et si c'est grave, y'a rien à faire ». Finalement c'est nous qui sommes passés le voir avec les copains, à l'hôpital. Il avait le moral, on venait de lui faire une piqure d'EPO et de lui annoncer qu'il avait un cancer. Examens complémentaires à Bergognié, cancer généralisé. Ce n'est pas pour cette raison que nous n'utilisons pas de produits chimiques, c'est juste qu'en vérité on n'en a pas besoin. Petit élevage, petites surfaces, grande diversité de cultures et si on en perd un peu, maladie, ravageurs ou autres, c'est pas grave. On ne peut pas faire du 100%. Par contre, quand les enjeux sont trop importants (dizaines d'hectares de vignes, centaines d'hectares de cultures, dizaines de milliers d'animaux), les gars traitent en préventif car ils n'ont pas droit à l'erreur, ils ne s'en relèveraient pas ou trop difficilement. C'est le système qui est mauvais et presque tout le monde le sait mais quand le tracteur suit une ornière depuis des années, c'est bien difficile de l'en faire sortir. En attendant vous pouvez toujours venir sentir les produits de PCA chaque Mercredi entre 19h et 20h à la salle de la cheminée du cinéma Utopia et si vous y trouvez une odeur désagréable, c'est que vous avez le nez trop près de la bouche ! BELGICA Felix VAN GROENINGEN Belgique 2015 2h07 VOSTF (en néerlandais) avec Stef Aerts, Tom Vermeir, Hélène De Vos, Charlotte Vandermeersch, Boris Van Severen… Scénario de Arne Sierens et Felix Van Groeningen Musique de Soulwax Après La Merditude des choses et Alabama Monroe (César du meilleur film étranger 2014), voici le nouveau film de Felix Van Groeningen, Belgica. C'est le nom d'un club qui résonne comme celui de tout un pays. Mais c'est avant tout un rêve, celui de Jo, un fada de musique qui imagine transformer son modeste et assez miteux bar à Gand en temple du rock'n roll, en arche de Noé, pour les âmes échouées d'une époque qui déjà prédit à ses enfants des lendemains qui déchantent. Le frère de Jo, Frank, est aux antipodes de tout cela. Si le premier à l'air d'un gringalet un brin fragile, le second a une grande et belle gueule et les épaules carrées. Tâcheron de la vie, il tente de se montrer bon père de famille, loyal envers sa compagne Isabelle… Mais clairement il bout et tourne en rond comme un des chiens du chenil que le couple à monté pour gagner sa vie. Quand Jo lui fait visiter un local mitoyen de son bistrot, il ne lui faut pas long- temps pour rebondir sur l'idée de son cadet. Frank propose de devenir son associé, puis tente de convaincre Isabelle qui ne voit pas ça d'un très bon œil mais abdique devant la détermination farouche de son homme. Voilà les deux frangins qui s'affairent, rameutent les copains. Tous ensemble ils cassent les murs, font du béton, coulent des dalles, reconstruisent, s'acharnent sans compter leur peine, mouillent leurs chemises et les usent jusqu'à la corde… Et alors que leurs économies s'assèchent, voilà le « Belgica » presque prêt à fonctionner, n'attendant plus que le feu vert de la commission de sécurité. Le début des emmerdes, en quelque sorte, comme chacun sait… Mais rien n'arrête l'improbable duo. L'inauguration démarre au son d'un délirant remix de « J'aime regarder les filles qui marchent sur la plage… » et cette première nuit va mettre le feu aux poudres ! Très vite le club devient un endroit incontournable, déjanté et chaleureux. Très vite aussi une jolie rousse, Marieke, tombe dans les bras de Jo. Tandis qu'Isabelle, coincée entre ses clebs et sa progéniture, se retrouve exclue des joyeuses sauteries… Ce sont les années 90, torrides, sexe, cocaïne and rock'n roll… Tout y passe ! Mais ce n'est que le début d'une épopée, une plongée dans les milieux moites et interlopes de la nuit, qui laissera des traces dans la ville comme dans la vie des deux frangins… « Belgica, c'est l'histoire de milliers d'entrepreneurs : on grandit puis il faut abandonner ses rêves. À mes yeux le film raconte en filigrane combien notre société a changé en deux décennies, comment elle est devenue plus sévère et peutêtre aussi comment elle a perdu ses idéaux. » dit le réalisateur. Belgica s'inspire largement de l'histoire véridique du café-concert-discothèque « Le Charlatan », lieu mythique qu'ouvrit le père de Felix Van Grœningen, dans lequel ce dernier grandit et passa une partie de son adolescence. Mais avant même de savoir cela, on aurait juré qu'il y avait du vécu dans ce film. Ce n'est pas une boîte de nuit que construit Felix Van Grœningen avec sa bande de potes d'alors, mais une œuvre qui dépeint la grandeur et la décadence d'un monde un peu vain et en perte de vitesse. Et c'est à la fois dérangeant et touchant… On ne peut terminer sans une mention très spéciale pour la génialissime bande son, crée par les frères Stephen et David Dewale (Soulwax et 2Many Dj's) qui sont allés jusqu'à former des groupes spécialement pour créer une ambiance sur mesure ! Percutante ! Vendredi 11 MARS à 20h30 SOIRÉE CINÉ-DANSE organisée par le Centre de Formation ADAGE dans le cadre du festival Corpus Focus Projection du film COMME ILS RESPIRENT suivie de chorégraphies en duos et trios par des stagiaires du CF Adage, membres du « Collectif 29 », puis d'une rencontre avec Claire Patronik, réalisatrice du film, et Brigitte Petit, présidente du CF Adage, directrice de Adage. Achetez vos places à l'avance, à partir du Mardi 1er Mars. COMME ILS RESPIRENT Film documentaire de Claire PATRONIK France 2015 1h36 avec Anna Chirescu, Louise Djabri, Claire Tran, Hugo Mbeng, Claire Patronik… Après avoir étudié la danse au Conservatoire afin d’en faire son métier, Claire Patronik a finalement choisi la voie du cinéma. Comme ils respirent est son premier film. Dix ans après leur rencontre au Conservatoire National de Paris, elle recontacte Claire Tran, Louise Djabri, Anna Chirescu et Hugo Mbeng, qui ont poursuivi leur carrière de danseurs, et leur propose un nouveau projet. Ils se sont perdus de vue pendant dix ans, ils vont à nouveau danser ensemble. La réalisatrice reprend la danse pour l’occasion et monte une chorégraphie avec eux – que le spectateur découvre à la fin du film. S’ouvrant sur les retrouvailles des cinq protagonistes, le film prend ensuite le parti de s’attacher à chacun d’eux, afin de livrer des portraits croisés de ces danseurs qui ont suivi des chemins différents mais sont unis par la même passion. Pas question ici de mettre en scène des artistes coupés du quotidien. Il s’agit bien au contraire de montrer l’impact de la danse dans le quotidien de ces jeunes gens « comme tout le monde ». Le mythe de l’artiste est brisé, le spectateur est face à des personnes qui souffrent, s’interrogent, ont le trac, s’amusent et mènent la vie des gens de leur âge. Les nombreux témoignages qu’ils livrent à la caméra avec beaucoup de sincérité sont essentiels car ils permettent de prendre conscience de la difficulté de leur situation, souvent idéalisée. Contrairement à ses camarades, Claire Patronik n’a pas dansé depuis des années et a décidé de montrer à l’écran un autre point de vue, celui d’une jeune femme qui a choisi un autre parcours et qui renoue ici avec la danse, avec toutes les difficultés que cela comporte. (avoir-alire.com) très réussie, A perfect day est aussi une parabole d'une rare acuité sur le « désarroi humanitaire » de ces années-là. L'action est située « quelque part dans les Balkans », l'imprécision géographique de cette histoire renforce sa dimension parabolique et la difficulté des personnages à situer leur rôle au beau milieu de cette guerre. Cette « parfaite journée » se situe quelques jours après la signature des Accords de Dayton, en Décembre 1995, durant cette période de fin de guerre où règne l'incertitude, les soldats ne sachant pas tous si c'est vraiment fini, les profiteurs de guerre voulant encore se gaver jusqu'au dernier moment, et les civils des ONG, entre deux missions, ne sachant pas si leur rôle est terminé ou pas dans cette région du monde. Une équipe comme une autre, d'une ONG comme une autre (« Aids across A PERFECT DAY borders »), essaie de sortir d'un puits un cadavre jeté au fond par des trafiquants d'eau potable. Ils ont vingtquatre heures pour sortir le corps avant que le point d'eau ne devienne inutilisable, mais ils n'ont plus de corde assez solide pour le tirer de là ! Les deux voitures de leur petit groupe vont donc partir à la recherche de cette précieuse corde, véritable fil d'Ariane du récit, sillonnant les lacets des montagnes au son très rock'n roll des cordes de guitare de Marilyn Manson et Lou Reed. Il y a quelque chose de Don Quichottesque dans leur quête et dans le regard que portent sur eux les autochtones imperturbables, mais non dénués d'humour – c'est d'ailleurs ce que dit l'interprète de leur groupe : « la région est réputée pour son yaourt et son humour ». Comme Don Quichotte, leur aventure est aussi le récit tragique de la fin d'une époque, témoin ce soldat qui garde seul une cabane de sentinelle perdue dans la montagne, et qui ne veut pas céder la corde qui sert à maintenir le drapeau en haut du mât, seule raison de sa présence. (UN JOUR COMME UN AUTRE) Réalisé par Fernando LEON DE ARANOA Espagne 2015 1h46 VOSTF (anglais) avec Benicio Del Toro, Tim Robbins, Mélanie Thierry, Olga Kurylenko, Fedja Stukan, Sergi López… Scénario de Fernando León de Aranoa et Diego Farias, d'après le roman Dejarse llover de Paula Farias Une des grandes réussites de cette co- médie géopolitique, au rythme soutenu et millimétré, est l'assemblage hétéroclite de son casting international (mention spéciale à Benicio Del Toro et Tim Robbins, excellents en vieux baroudeurs sans frontières). Il reflète bien celui des ONG et des Casques Bleus, perdus dans les Balkans, assemblage de nations au beau milieu du conflit fratricide de Bosnie-Herzégovine issu de la dislocation de la République Fédérale de Yougoslavie. Jamais leur rôle ne fut autant questionné, et si la comédie est Comédie toujours sur le fil, le film ne tire jamais trop sur la corde et, sur fond d'une bande-son endiablée façon « Rock around the Balkans », fait le portrait mélancolique et touchant de ces nouveaux « chevaliers à la triste figure » qui tentent de donner un sens à leur existence dans ces endroits du Monde qui n'en ont plus. Qui mieux, à la fin de cette journée parfaite et décidément pas comme les autres, que Marlène Dietrich pour chanter la mélancolie des champs de ruines avec la chanson Where have all the flowers gone ? (« Où sont passées toutes les fleurs ? »). L’Association culturelle du Marché des Chartrons organise le 17e Marché de la Poésie de Bordeaux parrainé par Patrick Deville HALLE DES CHARTRONS 5-13 MARS 2016 LIBRAIRIE OLYMPIQUE e i s é o P e d s n a t n e c , e l c Le Grand XX Siè e JEUDI 10 MARS 18H30 Sibylle Muller, autour de la traduction de poètes, notamment de Rainer Maria Rilke et Gertrud Kolmar. SAMEDI 12 MARS 19H00 Les éditions Unes présentent Jean-Louis Giovannoni, prix Georges Perros 2010. DIMANCHE 13 MARS 15H00 Frédéric Brun présentera l’anthologie-manifeste Habiter poétiquement le monde (Ed. Poesis) qui réunit 120 poètes et penseurs de l’époque romantique à aujourd’hui. Il évoquera également les deux premières parutions de Poesis consacrées à Novalis. 16H00 Michel Volkovitch a fondé en 2013 les éditions Le Miel des Anges qui font connaître la poésie et la prose grecque d’aujourd’hui. SAMEDI 5 MARS 20H30 Les poètes du XXe siècle chantés par Brassens, Ferré, Jean-Louis Aubert Henri Dominguez et l’Affinity Trio. DIMANCHE 6 MARS 17H00 Scène ouverte 5 min pour lire, chanter, déclamer vos textes ou ceux d’auteurs du XXe siècle. MARDI 8 MARS 20H30 « Artaud, c’est la guerre de la poésie contre tout » conférence de M.Belhaj Kacem, lecture : Gilbert Tiberghien. MERCREDI 9 MARS 20H00 « Cabaret Dada - le spectacle qui tire à U(bu) et à Tza(ra) » par le Collectif Les Mots de Tête. JEUDI 10 MARS 16H30 Musée d’Aquitaine : Bordeaux au XVIIIe siècle, le commerce atlantique et l’esclavage,visite guidée par F. Hubert, et R. Lucas. 20H30 Aimé Césaire : « Au bout du petit matin, les armes de la poésie », Daniel Maximin s’entretient avec N O TI ÉA « Voici mon cœur. C’est un bon cœur. » R VENDREDI 11 MARS 20H30 C Jean-Michel Devésa et Daniel Delas. Poésie amérindienne ANNE ALVARO, comédienne, Nicolas Daussy, musicien, Thierry Thieû Niang, danseur. HALLE DES CHARTRONS DIMANCHE 13 MARS 15H00 Michel Deguy, pour son œuvre et pour la collection « L’Extrême Contemporain » qu’il dirige aux éditions Belin. SAMEDI 12 MARS 20H30 Ecrire au XXe siècle, lumières et contrefeux : éclairer, ouvrir la voie et résister, table ronde avec Patrick Deville, Ernest Pignon-Ernest, André Velter, Jean-Baptiste Para, Jean Portante. SAMEDI 12 ET DIMANCHE 13 MARS DE 11H00 À 19H00 SALON DU LIVRE DE POÉSIE DES POÈTES ET DES ÉDITEURS Programme, réservations : poesiebordeaux.fr - 05 56 01 03 90 Les innocentes Anne FONTAINE France 2016 1h55 VOSTF (français, polonais, anglais…) avec Lou De Laâge, Agata Buzek, Vincent Macaigne, Agata Kulesza, Joana Kulig… Scénario de Sabrina B. Karine, Alice Vial, Anne Fontaine et Pascal Bonitzer, sur une idée de Philippe Maynial C'est plus qu'un beau film. Un moment de grâce, une expérience à la fois humaine et quasi spirituelle. L'univers dans lequel il nous plonge nous confronte à quelque chose qui relève de cette émotion secrète et profonde que tout être humain éprouve un jour ou l'autre, particulièrement lorsqu'il est confronté à des situations d'exception : ce sentiment indicible que la vie est un grand mystère, tout comme la mort, cette découverte que, parfois, la question de la transcendance s'impose intensément à nous. Il nous a rarement été donné de voir exprimée au cinéma, avec une telle subtilité et une telle force, la complexité de la nature humaine et de ses aspirations les plus intimes, révélée ici par une histoire qui, pour être douloureuse, ne parvient pas à détruire la petite lumière d'espoir et de vie qui illumine une humanité déchirée, violentée, mais portée par un amour insubmersible qui la dépasse. Le film a été tourné en Pologne, pour une grande part dans un couvent désaffecté, avec des actrices (particulièrement inspirées) et acteurs polonais et français, dans des conditions de découverte mutuelle qui renforcent encore l'impression d'authenticité. Si l'histoire de départ est bien réelle – celle de Madeleine Pauliac, jeune et jolie Française, provisoire médecin-chef de l'hôpital de Varsovie en 1945 –, elle sert ici de révélateur à des relations aussi universelles qu'intemporelles qui prennent une intensité particulière dans le huis-clos de ce couvent austère, magnifié par les images de Caroline Champetier, habité par les chants grégoriens – interprétés essentiellement par les comédiennes – qui contribuent au sentiment de sérénité, de plénitude si particulières à l'ambiance monastique, contrastant ici avec la violence de la situation. 1944 : la Pologne a été dévastée par l'occupation allemande. Tandis que les autochtones tentent de survivre, la Croix Rouge française s'est installée dans ce qu'il reste d'un hôpital pour soigner et rapatrier les Français qui se trouvent encore sur le territoire polonais. L'équipe médicale n'a pas pour mission de s'occuper des Polonais, et quand une jeune religieuse vient demander du secours, on l'éconduit dans un premier temps, mais Mathilde Beaulieu, interne de 25 ans, se laisse toucher par sa détresse et accepte de la suivre jusque dans son couvent, malgré l'interdiction qui lui est faite de s'éloigner du cadre de sa mission. Là, elle découvre une communauté de Bénédictines qui continuent à vivre leur vie de moniales, rythmée par les sept offices quotidiens, mais qui cachent dans la honte et le désarroi un secret terrible. Les soldats de l'armée rouge, suivant le reflux de l'armée allemande, ont pénétré dans le couvent à plusieurs reprises, brutalisé, violé les jeunes religieuses et certaines sont sur le point d'accoucher. La mère Abbesse est d'abord réticente à l'intervention de Mathilde, tant elle redoute que l'horreur de leur situation soit connue à l'extérieur du couvent. Mais peu à peu une relation se noue entre la médecin athée, engagée corps et âme au service des autres, et la trentaine de nonnes qu'elle va tenter d'aider autant que possible, s'immergeant dans leur quotidien, à l'écoute de leurs choix sans pour autant modifier ses orientations personnelles… Les Innocentes est bien plus que le récit prenant d'un moment d'histoire peu connu, le film rayonne de cette lumière intérieure qui caractérise ceux qu'une conviction profonde élève au dessus des contingences les plus difficiles, jusqu'à atteindre une sorte d'intensité harmonique rare et positive. SOIRÉE-DÉBAT Vendredi 4 MARS à 20h15 Violences sexuelles et impunité organisée par Amnesty International Bordeaux, dans le cadre de la campagne mondiale Mon corps, mes droits Projection de L'HOMME QUI RÉPARE LES FEMMES suivie d'un débat avec Pascale Mazière, médecin, membre d'Amnesty International France. Achetez vos places à l'avance, à partir du Mardi 23 Février. L'HOMME QUI RÉPARE LES FEMMES La Colère d'Hippocrate Film documentaire de Thierry MICHEL Écrit par Colette BRAECKMAN et Thierry MICHEL Belgique 2015 1h52 Le Sud Kivu, en République Démocratique du Congo, est une zone frontière avec le Rwanda et le Burundi. La frontière avec le Rwanda a vu le passage, en avril 1994, de milliers de Tutsis fuyant les miliciens hutus auteurs du génocide… puis, en Juillet de la même année, l'arrivée de centaines de milliers de Hutus, fuyant à leur tour le Rwanda dès l'arrivée au pouvoir du Front patriotique rwandais dirigé par Paul Kagame… C'est ainsi que l'Est du Congo a subi plusieurs crises humanitaires successives et a été le théâtre de plusieurs guerres, accompagnées évidemment d'atrocités à l'encontre des populations civiles et en particulier des femmes. C'est dans ce contexte terrible que le docteur Denis Mukwege accomplit son extraordinaire travail. Prix Sakharov 2014, le docteur Mukwege est internationalement connu comme l’homme qui « répare » des milliers de femmes violées durant vingt ans de conflits dans ce pays qui compte parmi les plus pauvres de la planète, mais qui dispose d'un sous-sol extrêmement riche. Il mène une lutte incessante pour mettre fin à ces atrocités et dénoncer l’impunité dont jouissent les coupables. Menacé de mort, ce médecin au destin exceptionnel vit dorénavant cloîtré dans son hôpital de Bukavu, sous la protection des Casques bleus de la Mission des Nations unies au Congo. Mais il n’est plus seul à lutter. A ses côtés se trouvent des femmes auxquelles il a restitué intégrité physique et dignité, et qui sont devenues grâce à lui de véritables activistes de la paix, assoiffées de justice. Le film propose un portrait en miroir. D’un côté le docteur qui accueille des femmes dévastées physiquement comme psychologiquement et pour qui il est le dernier espoir. De l’autre, des femmes qui se reconstruisent et qui restituent à leur médecin des raisons d’espérer… LE TRÉSOR (COMOARA) Écrit et réalisé par Corneliu PORUMBOIU Roumanie 2015 1h29 VOSTF avec Toma Cuzin, Adrian Purcarescu, Corneliu Cozmei, Cristina Toma… Attention, une seule séance par semaine, chaque Vendredi soir JANIS Film documentaire d'Amy BERG USA 2015 1h46 VOSTF avec Janis Joplin, Bob Weir, Kris Kristofferson, John Lennon, Jimi Hendrix, Otis Redding, Juliette Lewis, Pink… et la voix de Chan Marshall alias Cat Power Est-il besoin de présenter Janis Joplin ? Une des plus mythiques chanteuses de rock et de blues de tous les temps. Mais au-delà de son personnage de rock-star et de sa voix extraordinaire, ce remarquable documentaire nous dépeint une femme sensible, vulnérable et puissante. Une artiste complexe, déterminée et tourmentée qui a réussi à toucher le monde entier alors que sa musique revêtait une dimension hautement personnelle, souvent inspirée de gens qu’elle connaissait ou qu’elle avait croisés durant ses nombreux voyages. Mieux que n'importe quel biopic, aussi réussi soit-il, le film d'Amy Berg nous offre un portrait foisonnant, qui rend hommage à une femme hors du commun, dont la voix éloquente et brute a su incarner et exprimer au mieux les souffrances de son temps. Ce sont les propres mots de Janis Joplin qui content l’histoire du film, à travers des lettres (lues par la voix de Cat Power) qu’elle a écrites à ses parents au fil des années ; la majeure partie d’entre elles n’ont d’ailleurs jamais été dévoilées auparavant. Il aura fallu sept ans à Amy Berg pour rassembler des dizaines de photos, de vidéos et de témoignages inédits sur la vie de Janis. Des vidéos d’elle en studio et en concert, et même des séquences de son retour dans sa ville natale, à l'occasion d'une réunion d'anciens élèves à Port Arthur. Ces éléments ne font qu'apporter davantage de profondeur et de véracité au récit. Au fil du documentaire, on découvre aussi des interviews de sa famille, de ses amis d’enfance, des musiciens ou des journalistes de l’époque. Se dévoile ainsi la personnalité souvent incomprise d'une femme au destin tragique, qui fit vibrer des millions de personnes et révolutionna la musique avant de mourir en 1971, à l’âge de 27 ans. Une vie courte, mouvementée mais exaltante ! Costi est un jeune père de famille, aimant, aimé et pas malheureux, mais un peu enfermé dans une vie domestique ronronnante et un boulot pas franchement passionnant. Et puis un soir, Adrian, un voisin qu'il connaît à peine, vient toquer à sa porte et solliciter son aide. Il est étranglé financièrement, accablé de dettes, et aurait besoin de 800 euros pour se sortir de cette situation insoluble. Costi est touché mais forcé de refuser, cette somme est beaucoup plus qu'il ne peut se le permettre. L'autre revient à la charge et s'explique : ces 800 euros sont en réalité un investissement pour acheter le matériel nécessaire à la recherche du magot que son arrière-grandpère aurait enterré avant l'arrivée des communistes dans le jardin de la maison familiale. Sa demande se mue alors en offre : en compensation de son investissement et de son aide pour aller déterrer le fameux magot, Adrian partagerait avec Costi la moitié de la fortune planquée par son ancêtre. Costi, que l'ennui guette et qui aime lire à son fils des contes et des histoires – celle de Robin des Bois notamment –, se laisse entraîner dans cette invraisemblable promesse d'aventure. Les deux compères se lancent donc dans la préparation de leur chasse au trésor, et particulièrement dans la recherche d'un indispensable détecteur de métaux qui leur sera livré avec un troisième larron pour le manipuler. Et voilà nos trois pieds-nickelés qui prennent la route jusqu'à la demeure de la famille d'Adrian… Le Trésor est donc le récit de cette épopée aussi surréaliste et absurde qu'ancrée dans la réalité, révélatrice de la situation passée et présente de la Roumanie. Au fur et à mesure que les trois personnages s'enfoncent dans les complications et dans le trou qu'ils creusent sans relâche, Porumboiu dévoile les différentes époques qui ont marqué le pays et dont la maison familiale fut le témoin. Les situations burlesques et les gags cocasses se multiplient, jusqu'à un dénouement mêlant à l'ironie mordante une émouvante touche de poésie. AVE CÉSAR ! (HAIL, CAESAR !) Écrit et réalisé par Joel et Ethan COEN USA 2015 1h46 VOSTF avec Josh Brolin, George Clooney, Clancy Brown, Ralph Fiennes, Jonah Hill, Scarlett Johansson, Christophe Lambert, Frances McDormand, Tilda Swinton, Channing Tatum… Festival de Berlin 2016, film d'ouverture Allez, ça y est, c’est bon, on y croit, en 2016 on va enfin pouvoir se marrer en bonne compagnie ! Mais si, c’est possible : à partir du 17 février, vous avez de bonnes chances de vous marrer. Bon, il n’est pas totalement exclu que vous réussissiez à rigoler avant cette date, pour peu que vous fassiez partie de cette catégorie de personnes qui pensent heureusement qu’on peut rire de tout, en toutes circonstances et en dépit d’un monde qui pousse plus à l’affliction, la révolte ou le désarroi qu’à la franche rigolade (un peu à la manière d’un génial François Morel, capable de livrer le 11 septembre 2015 une chronique ayant pour titre « 3615 code terroriste, le retour des Daechiens »). En tout cas, le 17 février, le nouveau film des frères Coen déboule sur nos écrans et c’est sûr : ça va nous faire un bien fou. Parce que les frères Coen… quand même, les frères Coen ! Parce que le cinéma des frères Coen, c’est un peu comme la vinaigrette de ma belle-mère Michèle : personne n’a encore réussi à copier la recette originelle pour tenter d’égaler ce ton si singulier, ce sens inouï du rythme, cet humour, cette écriture qui brille autant par son intelligence que son sens absolu de la dérision. Alors oui, un nouveau film des frères Coen, surtout quand il s’agit d’une comédie en mode majeur, ça s’impose illico dans la gazette, ça prend directement sa place sans montrer son carton d’invitation ni sa patte blanche… Certes c’est une pratique qui pourrait sembler cavalière et que généralement, nous n’aimons pas trop à Utopia, mais c’est aussi le privilège des grands (comme ce fut le cas récemment avec Tarantino), des princes tout autant que des potes. Donc vous l’avez compris au bout de ces 1700 et quelques caractères : nous n’avons pas vu Ave César !, quasiment personne ne l'a vu d'ailleurs, puisque le film ne sortira aux Etats Unis que le 5 février. Cela faisait bien des années que ce film trottait dans le cerveau quadricéphale d’Ethan et de Joel, à la manière de ces vieux rêves que tout réalisateur nourrit secrètement, ce genre de projets qui s’éloignent, et reviennent, qui s’oublient un peu, et puis ressurgissent. Et un jour, tous les éléments s’emboîtent : le scénario, le casting, le budget, le timing. Et ça nous donne ça : une comédie qui se déroule dans les années 50, en plein âge d'or hollywoodien, au cœur d'un grand studio de cinéma florissant et mégalo à souhait, tendance Ben Hur, Cléopâtre ou Spartacus. Le récit narre la folle journée d'Eddie Mannix (le personnage a d'ailleurs réellement existé), un « fixer », l'homme à tout faire du studio incarné par Josh Brolin, chargé de retrouver l'acteur star Baird Whitlock (George Clooney, plus Clark Gablesque que jamais), engagé pour tourner dans un péplum baptisé « Ave César ! » mais kidnappé au bout de quelques jours de tournage par un mystérieux groupe de ravisseurs baptisé « Le Futur », rien que ça… Si vous êtes comme nous curieux et frétillants d’impatience, vous avez déjà sans doute regardé la bande-annonce qui est un pur régal et montre un George César denté et gominé dans un grand numéro d’autodérision dont il a le secret. Rendez-vous donc avé César le 17 février pour cette comédie polardesque qui on l'espère, contrairement à certains, tiendra ses promesses. Jeudi 3 MARS à 20h30 PROJECTION CINÉ-THÉÂTRE proposée par le TnBa à l'occasion du spectacle SOEURS, texte et mise en scène de Wajdi MOUAWOUAD du Mardi 8 au Samedi 12 Mars, TnBa – Grande salle Vitez. Projection du film INCENDIES adapté de la pièce de Wajdi Mouawad. Achetez vos places à l'avance, à partir du Lundi 22 Février. Direction artistique Charles Jude La Reine morte Kader Belarbi PRODUCTION THÉÂTRE DU CAPITOLE DE TOULOUSE Grand-Théâtre DU 11 AU 18 MARS opera-bordeaux.com #onbnlareinemorte © Photographie : David Herrero - Opéra National de Bordeaux- Nos de licences : 1-1073174 ; DOS201137810 - Février 2016 Directeur Général Thierry Fouquet INCENDIES Écrit et réalisé par Denis VILLENEUVE Canada (Québec) 2010 2h10 VOSTF avec Lubna Azabal, Mélissa Désormeaux-Poulin, Maxim Gaudette, Rémy Girard, Abdelghafour Elaaziz… D’après la pièce de Wajdi Mouawad Jeanne et Simon Marwan sont jumeaux. Ils viennent de perdre leur mère. A la lecture du testament, Jeanne reçoit une « lettre au père » et Simon une « lettre au frère ». Pour offrir des obsèques décentes à leur mère, chacun devra la remettre à son destinataire. Situation surprenante… Simon refuse instinctivement de se soumettre à cette mission qu'il considère comme l'ultime accès de folie de sa mère. Jeanne, au contraire, espère y trouver la clé des récents com- portements énigmatiques de celle-ci et brûle de soulever ce doute qui vient de s'abattre sur eux : les jumeaux croyaient leur père mort et n'ont jamais eu connaissance de l'existence d'un frère. Jeanne quitte son Québec d'adoption pour pister la véritable histoire de sa mère. Elle se rend au Moyen-Orient dans un pays jamais nommé, marqué par les guerres successives, coupé entre le Nord et le Sud, entre nationalistes et réfugiés… Elle se lance dans une odyssée homérique qui, par le biais d'une structure en flash-backs, brasse dans un même élan les trajectoires intimes et l'Histoire du Moyen-Orient de ces quarante dernières années… Le film restitue bien les implacables secrets narratifs et la qualité du texte de Wajdi Mouawad, oscillant entre le contrôle précis de ce que le spectateur doit savoir et la liberté qu'il nous laisse de recoller les morceaux d'une construction complexe et riche. SOEURS : Reconnu pour l’intensité de ses fresques théâtrales (Littoral, Incendies, Forêts…), Wajdi Mouawad construit un « cycle domestique » où il décortique, l’une après l’autre, chaque figure familiale. Après le fils avec Seuls (au TnBA en 2008) où il était justement seul en scène, voici Sœurs, en hommage à sa sœur et à une époustouflante comédienne, Annick Bergeron. Dans une scénographie sidérante d’inventivité, elle incarne avec virtuosité et humanité tous les rôles. DEMAIN Film documentaire de Cyril DION et Mélanie LAURENT France 2015 2h Loin de l'écologie triste et punitive, loin du discours sur le développement durable cher au greenwashing, vous allez voir un film formidable, vivant, enthousiasmant sur la manière d'imaginer un monde nouveau, respectueux de la planète et de ses habitants, sur notre extraordinaire capacité à rebondir face à l'adversité, notre extraordinaire capacité à imaginer, notre extraordinaire capacité à faire. Mélanie Laurent et Cyril Dion sont allés rencontrer des gens passionnants à travers le monde, qui œuvrent au quotidien à ce changement indispensable : Inde, États-unis, Canada, Danemark, Allemagne, Islande, Scandinavie, Finlande, Grèce, France… Attention, une seule séance par semaine, chaque Samedi après-midi FATIMA Écrit et réalisé par Philippe FAUCON France 2015 1h19 avec Soria Zeroual, Zita Hanrot, Kenza Noah Aïche, Chawki Amari, Mehdi Senoussi, Franck Andrieux, Yolanda Mpele... Scénario librement inspiré des ouvrages de Fatima Elayoubi : Prière à la lune et Enfin, je peux marcher seule Et si le plus beau film français de l’année 2005 était ce Fatima d’une simplicité et d’une épure magnifiques, une heure et dixneuf minutes de générosité et d’empathie dénuées de toute facilité, de de toute tentation psychologisante ou lacrimale ? C’est en tout cas ce qu’a pensé le jury du Prix Louis Delluc, qui l’a élu récemment face à des films aussi réussis que La Loi du marché, Trois souvenirs de ma jeunesse ou Marguerite... En attendant les César, pour lesquels il est notre favori. Fatima, un prénom de princesse presque devenu un nom commun tant on l’associe aux dames de ménage corvéables à merci, prolétaires de l’ombre destinées à la serpillère. Notre Fatima ne rompt pas avec ce cliché. Ses vêtements, son allure, sa discrétion en font une Fatima semblable à ces milliers d’autres qu’on voit circuler dans l’indifférence générale de nos cités. Elle cumule sans rechigner plusieurs emplois dans plusieurs lieux où l’on s’adresse à elle avec une condescendance déshonorante (plus pour ceux qui en font preuve que pour elle qui la subit). Le soir, rentrée à l’appartement, il lui reste encore à affronter l’arrogance de sa plus jeune fille, Souad, qui du haut de ses quinze ans la juge de manière tranchante. Comme si Fatima était le symbole de l’entrave à son intégration, l’empêcheuse de se normaliser en rond. Sa révolte se trompe d’ennemie, elle est le fruit d’une société qui l’incite à avoir honte d’une mère qui n’est bonne qu’à « laver la merde des Français » et qui ne sait même pas parler leur langue... Heureusement son aînée, Nesrine, remet un peu sa cadette en place. Elle connait le prix de l’ascension sociale, les sacrifices maternels pour qu’elle poursuive ses études de médecine… Le film est composé de cinq chapitres : agriculture, énergie, économie, démocratie et éducation. Construction intelligente et pédagogique, dans le meilleur du sens du terme, qui nous montre bien que tout est lié, qu'il s'agit bien d'un problème politique, là aussi dans le sens noble du terme. Et il présente des actions, des alternatives concrètes qui sont mises en œuvre, avec succès, dans tous ces domaines. Mélanie Laurent : « Mises bout à bout, les initiatives comme la permaculture, les monnaies locales, les énergies renouvelables, dessinent un monde possible. Ce qui peut paraître démotivant, c’est qu’il ne s’agit que d’initiatives isolées, mais en même temps elles ne demandent qu’à être réunies ! Il y a déjà un monde qui tient la route, qui existe, où tout est possible. Des solutions sont déjà disponibles, dans tous les domaines, c’est forcément inspirant ! » Tout s'enchaîne judicieusement et vient renforcer la certitude qu'il faut d'urgence opérer une rupture symbolique, mais aussi pratique avec notre système actuel fondé sur le pétrole et les autres énergies fossiles, sur le nucléaire, sur le productivisme, sur le consumérisme, sur la financiarisation de l'économie, sur l'éducation normative et compétitive… Pas de doute, Cyril Dion, co-fondateur avec Pierre Rabhi du mouvement Colibris, et Mélanie Laurent, actrice et réalisatrice, tous deux activistes pour un monde meilleur, ont réussi leur coup : sur les thématiques qu'il aborde, Demain est un film-somme, essentiel, un outil d'information et d'action qui est aussi un spectacle passionnant et exaltant. Licences 2-1084387 & 3-1084388 - Graphisme : Jonathan Cohen PÉRIPÉ’ CIRQUE DU 16 FÉVRIER AU 19 MARS TEMPS FORT CIRQUE EN CUBZAGUAIS NORD GIRONDE ÉDEN ENCORE PLUS Cie Toi d’Abord Mardi 8 Mars Premières nationales Le P’tit Cirk Jeudi 3, Vendredi 4 & Samedi 5 Mars GASPAR Cie Toi d’Abord Mercredi 9 Mars Saint Mariens Salle des fêtes UN SOIR CHEZ BORIS Olivier Debelhoir Jeudi 10, Vendredi 11 & Samedi 12 Mars CHUTE ! création Collectif Porte 27 Vendredi 18 & Samedi 19 Mars Virsac Salle polyvalente ATELIERS D’INITIATION AU CIRQUE ET DE LOISIRS CRÉATIFS. www.lechampdefoire.org SUITE ARMORICAINE Écrit et réalisé par Pascale BRETON France 2015 2h28 avec Valérie Dréville, Kaou Langoët, Elina Löwenshon, Manon Evenat, Laurent Sauvage… C'est une grande et belle découverte que ce film romanesque qui nous charme et nous captive par la richesse de ses thématiques et de ses personnages, par une mise en scène touchée par la grâce. C'est à la fois foisonnant et fluide, réfléchi et sensuel, littéraire et musical, très personnel et universel, érudit et tout à fait accessible. Une réussite de haute volée, qu'on pourrait inscrire, pour donner une idée, dans la veine des meilleurs films d'Arnaud Desplechin. C'est un compliment ! Lorsqu’elle était enfant, face au miroir, Françoise s’est fait un masque de buée en soufflant sur le reflet de ses yeux. Protégée par sa capuche d’invisibilité, elle a dit « Personne ne peut être dans mon cerveau. Il n’y a que moi à l’intérieur de moi. Il faudra que je me souvienne de moi à cet instant précis. » Les années ont passé et Françoise (Valérie Dréville) a oublié ce serment enfantin. Elle est montée à Paris, elle est devenue historienne de l’art. Aujourd’hui, elle est de retour dans la Bretagne de son enfance. Elle vient enseigner à l’Université de Rennes où elle a étudié, reprend contact avec de vieux copains perdus de vue. Dans la même fac, Ion, 19 ans, arrivé de nulle part, s’inscrit en géographie et tombe amoureux de Lydie, une étudiante malvoyante. C'est en fait le passé qui va les réunir… Le générique aligne quelques images de la Bretagne outragée, paysans en colère, arbres abattus au nom du béton, marées noires. Evitant tout folklore, Suite armoricaine s’ancre dans la réalité d’une ville moderne, Rennes. Mais la nature et ses forces vives restent pourtant proches pour qui sait les entendre. Ainsi Lydie demande comment s’appelle l’arbre qui bruit par-delà la fenêtre. C’est un saule tortueux, tortueux comme peut l'être un destin humain… Femme aimable, intellectuelle brillante, prof inspirée – on voit quelques très belles scènes de cours –, Françoise a quitté la capitale, un compagnon, une psychanalyse. Elle ne ressent plus « l’obsession morbide de la Gare Montparnasse », elle guérit de son eczéma. Elle renoue avec ses racines. Ion dit qu’il est orphelin. Il a honte de sa mère, SDF, qui toujours le retrouve, le harcèle. Il la fuit, il s’absente, il devient comme un fantôme hantant les angles morts de la vie estudiantine. Françoise revoit les copains en compagnie desquels elle écumait les concerts de rock à l’aube des années 80, la grande époque de Marquis de Sade, de Niagara, du débutant Daho… Il y a la grande Catherine, locataire d'un appartement au sommet d’une tour que le vent fait bouger. Il y a John, qui n’a jamais abjuré le rock’n’roll. Et il y a Moon, la plus folle d’entre tous, qui a trébuché, qui est « comme une pierre qui roule », sans domicile fixe. C'est elle bien sûr la mère de Ion, et nous sommes tous des fantômes dans la vie des autres… Des étudiants bretonnants intègrent Françoise à leurs études. Une autre manière de faire remonter en elle le passé. Elle défouit ses racines. Pleure en se souvenant du bocage, de la ferme familiale, du grand-père qui avait le secret pour guérir les dartres et la peur. L’historienne de l’art retrouve le nom breton de l’ombilic de Vénus, de l’achillée mille-feuille et autres plantes médicinales. Un flashback d’une lumineuse simplicité montre l’aïeul broyant des feuilles pour aider un nourrisson. Françoise, réconciliée, décillée, revient en Arcadie – thème récurrent de ses cours –, contrée imaginaire et idyllique qui est aussi le pays de l’enfance. La sienne, celle de l’humanité. SOIRÉE-DÉBAT Mardi 1er MARS à 20h30 La fin de la peine de prison organisée par le Syndicat de la Magistrature (section ENM) et le GENEPI Bordeaux Projection du film AU BOUT DE LEUR PEINE suivie d'un débat avec Eglantine Bourgognon, Conseillère d'Insertion et de Probation, Secrétaire nationale du collectif CGT Insertion et Probation, Christian Jacquot, co-fondateur et directeur de 1979 à 2010 de GARE BTT, association de lutte contre l’exclusion à Besançon, membre du jury de « La Conférence de consensus sur la Prévention de la Récidive » (20122013), et (sous réserve) la réalisatrice Mathilde Syre en visioconférence. Achetez vos places à l'avance, à partir du Samedi 20 Février. AU BOUT DE LEUR PEINE Film documentaire de Mathilde SYRE France 2015 1h10 Un certain nombre de documentaires ont déjà été tournés sur le milieu pénitentiaire en France. Ils donnent souvent la parole aux détenus, parfois aux familles, de temps en temps au personnel de surveillance, mais on s’intéresse rarement au « service social ». Il existe en France environ 4500 Conseillers Pénitentiaires d’Insertion et de Probation qui prennent en charge environ 240 000 personnes placées sous main de justice dont 77 000 personnes détenues en milieu fermé. Les médias s’intéressent aux Services Pénitentiaires d’Insertion et de Probation quand la machine judiciaire déraille, quand un détenu récidive et qu’on remet en cause le suivi des travailleurs sociaux. C’est « l’extra-ordinaire » qui est présenté au grand public. A l’inverse, la réalisatrice s'est intéressée au quotidien du service. Montrer que les conseillers d’insertion travaillent chaque jour auprès des détenus. Ils tentent de maintenir un peu d’humanité au sein d’une administration où la mission de garde, et donc la sécurité et le maintien de l’ordre, est bien souvent une priorité sur toute autre considération. Dans cet univers carcéral, leur rôle est essentiel autant que singulier. Les CPIP assurent le lien entre l’intérieur et l’extérieur. Ils gèrent à la fois les démarches administratives des détenus, les aménagements de leur peine, la relation avec les familles, et les conflits de détention. La réalisatrice a filmé pendant sept mois au Centre Pénitentiaire d’Aiton, en Savoie, pour rendre compte de ce quotidien. L’établissement regroupe une maison d’arrêt (courte peine) et un centre de détention (longue peine) et accueille environ cinq cents détenus. The Assassin HOU HSIAO-HSIEN Taïwan 2015 1h45 VOSTF avec Shu Qi, Chang Chen, Yun Zhou Tsumabuki Satoshi, Ching-Tien Juan… Scénario de Chu T'ien-wen et Hou Hsiao-Hsien Festival de Cannes 2015 : Prix de la Mise en scène Pour quelques uns d'entre nous – et pour pas mal de critiques aussi –, The Assassin était le plus beau film du Festival de Cannes 2015, stupéfiant de splendeur, un film qui rentrera à coup sûr au panthéon du cinéma asiatique. Dès son subjuguant prologue en noir et blanc, on est saisi par la beauté sidérante de chacun des plans, de leur minutie frisant la folie : sensation rare de se trouver littéralement happé par une œuvre, de perdre ses repères, d'être hors du temps qui défile… The Assassin nous propose un bond en arrière jusqu'au ixe siècle, au cœur de la dynastie Tang. Une période souvent considérée comme une des plus florissantes, des plus prospères de l'histoire de la Chine, tant économiquement que culturellement. La capitale Chang'An était à l'époque la plus grande ville du monde. Bien plus et bien mieux que dans la plus soignée des productions hollywoodiennes, la reconstitution historique est d'une précision vertigineuse, fruit de cinq ans de recherches et de repérages. Nous allons suivre une jeune femme, Nie Yinniang, qui revient chez elle après plusieurs années d'exil mystérieux. On découvre peu à peu qu'elle a séjourné auprès d'une nonne non moins mystérieuse, qui lui a enseigné dans le plus grand secret les arts martiaux, et Nie Yinniang est devenue une professionnelle de l'assassinat, envoyée à Huebo, capitale provinciale, pour tuer Tian Ji'an, le gouverneur félon de la province, dans le contexte troublé de désagrégation de l'Empire, miné par les ambitions féodales. Détail qui n'en pas un : Tian Ji'an est son cousin, avec lequel elle a été élevée et qui lui fut autrefois promis comme fiancé… Inspiré d'une nouvelle de l'époque, The Assassin signe le retour du grand Hou Hsiao-Hsien (Poussières dans le vent, La Cité des douleurs, Le Maître de marionnettes, Les Fleurs de Shanghaï…) et c'est la première incursion du maître taiwanais dans un genre culte en Chine, le wu xia pian, (film de sabre à connotation historique), qui le fascina adolescent mais auquel jamais il n'osa s'attaquer. Un genre immortalisé par les chefs d'œuvre de King Hu dans les années 70 (Raining in the moutain, Touch of zen…) puis par les délires virtuoses et virevoltants de Tsui Hark (Zu, les guerriers de la montagne magique), enfin plus récemment par le divertissant Tigre et dragon d'Ang Lee. Mais Hou HsiaoHsien aborde le genre de manière totalement différente, beaucoup plus intimiste, mêlant le mélo au film de sabre. Le film est ponctué de combats magnifiquement chorégraphiés, sublimés par une harmonie de couleurs toujours idéale, mais ils s'apparentent davantage aux combats des films de chambara de Kurosawa qu'à ceux de Tsui Hark ou Ang Lee. La tension réside essentiellement dans l'atmosphère feutrée et élégante des palais où les intrigues se nouent. Hou Hsiao Hsien filme magnifiquement ses personnages noyés dans les paysages grandioses de la Mongolie intérieure ou du centre de la Chine : on les croirait sortis d'une estampe médiévale… Il magnifie aussi, toujours en clair obscur, les intérieurs couleur sang et or que n'aurait pas renié un Caravage. Des intérieurs enveloppants où se nouent les amours déçues, les vengeances longtemps enfouies, où la mort peut surgir à tout instant, dans une volute de fumée incompréhensible qui cache l'assassin. Il faut insister une fois encore sur l'admirable précision de la mise en scène : rien n'y est inutile, les plans séquences les plus impossibles sont maîtrisés à la perfection… Avec en prime un couple d'acteurs au charisme renversant, tout particulièrement la splendide Shu Qi, égérie du cinéaste. Saint Amour Death Experience, ils rendaient justice aux cyclistes dépressifs tout en rendant sympa et génialement drôle le plus insupportable des écrivains : Michel Houellebecq… Six films, ça commence à pouvoir s'appeler une œuvre. Qui a une sacrée gueule ! Et autant vous dire que Saint Amour va ajouter une septième pierre précieuse à l'édifice ! Le rire le plus gargantuesque et les larmes les plus sensibles mêlés comme rarement. Si j'avais su qu'un jour je chialerais en écoutant le discours d'un éleveur de bœufs à un concours agricole… Parce qu'il faut vous dire que tout commence dans ce qui s'avère un magnifique lieu de cinéma : le salon de l'agriculture. Jean (Gérard Depardieu, grandiose), éleveur de bovins de compèt, et son fils Bruno (Benoit Poelvoorde, formidable avec le cheveu gras collé) participent comme tous les ans au Salon dans l'espoir que la médaille tant espérée viendra enfin récompenser leur taureau bien couillu. Mais Bruno n'y est pas… Tout ça le déprime. Il a la bonne quarantaine, bosse tout le temps dans la gadoue, se prend des vestes dès qu'il approche les filles et il n'est pas question pour lui de reprendre la ferme familiale. La seule chose qui le console, c'est de profiter de cette semaine parisienne pour faire la route des vins… à l'intérieur du salon… éclusant des godets à tous les stands de dégustation représentant les vignobles des régions françaises. Face à cette situation pathétique, Jean va prendre les choses en main et embarque son grand fiston dépressif pour une vraie route des vins dans le taxi de Mike (Vincent Lacoste, parfait), jeune frimeur parisien, mythomane patenté. Un périple initiatique en forme de road movie drolatique, qui va permettre au père et au fils de renouer les liens au gré de rencontres détonantes : avec une jeune serveuse obsédée par la dette abyssale de la France, un hôtelier airbnb très inquiétant (le déjà nommé Michel Houellebecq, très très flippant), une cavalière pré-ménopausée en recherche immédiate de géniteurs… Tout ça agrémenté de bitures légendaires. Il n'y a que Delépine et Kervern pour concilier avec autant de verve, d'invention, de poésie brute les scènes hilarantes, parfois délicieusement borderline, et les séquences d'émotion pure, notamment celles où le fils et le père se rapprochent envers et contre tout, ou encore celle où la superbe Céline Sallette chevauche le long de la Seine… Et mine de rien, sans larmoyer ni pérorer, cette truculente comédie se révèle un des plus beaux hommages qui soient au monde paysan (pas celui de l'agriculture industrielle, rassurez-vous !), à son courage, son sens de l'abnégation et de la transmission. L'HISTOIRE DU GÉANT TIMIDE Écrit et réalisé par Dagur KARI Islande 2015 1h34 VOSTF avec Gunnar Jonsson, Ilmur Kristjansdottir, Margret Helga Johannsdottir, Sigurjon Kjartansson… Meilleur scénario, Meilleur acteur, Meilleur film au Festival de Tribeca Grand prix du Jury au Festival d’Arras On connaît le refrain reggae de Gainsbourg : « La beauté cachée des laids, des laids, se voit sans délai, délai ». Ici c’est la délicatesse introvertie des gros qui se révèle au grand jour. C’est la profonde gentillesse (au sens fort du terme) des maous, des ventrus, des XXL qui nous met du baume au cœur et le sourire aux lèvres. L’Histoire du géant timide, c’est un conte moral, une chronique douce-amère à l’islandaise, c’est à dire décalée, pince-sansrire, tout en retenue et en non-dits, se méfiant comme de la peste des épanchements intempestifs, des effets de manche, des grands mots mais pas des grands bipèdes. C’est rien de dire qu’on s’attache à ce gros nounours de Fúsi, personnage magnifique qui, plus le film avance, gagne en complexité, en finesse, en charme. Personnage qui doit évidemment beau- coup à son interprète, l’incroyable Gunnar Jonsson. Le réalisateur Dagur Kari (dont on avait défendu naguère le tout premier film, Noi Albinoi) explique d’ailleurs que c’est en voyant l’acteur dans un petit rôle à la télévision qu’il a eu l’idée de construire un film autour de lui : « Je suis tombé sous son charme, je le trouvais génial, avec une présence absolument unique. Il a un talent fou, un jeu incroyablement naturel. » Fúsi aura bientôt quarante-cinq ans et il vit toujours chez sa maman. Une forte femme, aimante et dévouée sans aucun doute, mais qui a des idées bien arrêtées sur ce qu’il faut faire ou ne pas faire, et qui a dû jouer un rôle non négligeable dans l’évolution de son grand gaillard de fiston. Renfermé, complexé, solitaire. Passionné par la reconstitution en modèles réduits de grandes batailles du passé avec tanks et petits soldats qu’il peint lui-même, avec une patience et une précision qui disent bien qu’il ne se résume pas à son physique de balourd. Fúsi travaille à l’aéroport, il transporte les bagages. Il fait bien son boulot mais doit subir les plaisanteries, toujours stupides et souvent cruelles, de ses collègues. Il les supporte stoïquement, ne se rebiffe pas, ne les dénonce pas. Fúsi n’a en lui pas une once de méchanceté, pas l’ombre d’un ressentiment. C’est un grand naïf qui ne demande qu’à rendre service, à faire plaisir. C’est ainsi qu’il devient le compagnon de jeux d’une petite gamine qui vient d’emménager dans son immeuble et se sent seule. Une relation toute naturelle pour lui. Mais pas pour tout le monde. Un grand costaud comme ça avec une petite fille, c’est louche… Là encore Fúsi ne s’offusque pas, se défend à peine. Il ne veut de mal à personne, pourquoi quelqu’un lui voudrait-t-il du mal ? Le morne cours des choses va se trouver bousculé grâce à Rolf, le « fiancé » de sa mère (constater que sa mère a toujours une activité sexuelle alors qu’on en est soi-même privé : dur dur pour un fils dans la force de l’âge !), qui, pour les quarante-cinq ans de Fusi, lui offre un chapeau de cow-boy en même temps qu’un abonnement à des cours de danse country : le moyen idéal selon lui pour se faire des amies. Et de fait, après un premier réflexe de fuite, c’est là que Fúsi va rencontrer Sjöfn (en Islande, c’est un prénom féminin). Et comme nous ne sommes pas dans une banale comédie romantique mais dans un film plein de finesse et de surprises, la suite des événements sera souvent drôle et infiniment touchante… a Ciném garanti sans 3D 5 place Camille Jullian 33000 Bordeaux • www.cinemas-utopia.org • 05 56 52 00 03 • [email protected] S ai nt Écrit et réalisé par Benoît DELÉPINE et Gustave KERVERN France 2016 1h42 avec Gérard Depardieu, Benoît Poelvoorde, Vincent Lacoste, Céline Sallette, Chiara Mastroianni, Gustave Kervern, Solène Rigot, Michel Houellebecq, Ana Girardot, Andréa Ferréol, Izia Higelin… et la voix de Yolande Moreau ! Am ou r Au moment de vous présenter ce Saint Amour, on se sent pris d'une envie de récapituler les prodiges déjà accomplis par le duo Delépine-Kervern. Avec Aaltra, ils ont convaincu des milliers d'handicapés qu'ils pouvaient traverser l'Europe en faisant chier un maximum de gens ; avec Avida, ils ont montré que le surréalisme bandait encore ; avec Louise Michel, ils ont montré la voie pour recentrer la lutte sociale sur l'exécution des patrons scélérats (au fait, voyez Merci Patron : François Ruffin propose une toute aussi hilarante variante) ; avec Mammuth, ils ont magnifié la revanche des retraités pauvres en mobylette ; avec Le Grand soir, ils ont réconcilié les punks à chiens et les vendeurs de literie (tous sont disponibles en Vidéo en Poche) ; enfin, dans Near No 168 du 24 février au 29 mars 2016 / Entrée: 6,50€ / La 1re séance: 4€ / Abonnement: 48€ les 10 places