L`ellipse : Une activité d`introduction alliant outils
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L`ellipse : Une activité d`introduction alliant outils
L’ellipse : Une activité d’introduction alliant outils technologiques et matériel didactique Alexandre Asselin, finissant au BES1 mathématique, UQÀM [email protected] Les coniques font partie du volet géométrie du programme de la troisième année du deuxième cycle du secondaire (secondaire 5), séquence TS et SN. On y étudie les définitions, les propriétés et les équations du cercle, de l’ellipse, de l’hyperbole et de la parabole. Lors d’un stage à l’école Jacques-Rousseau de la commission scolaire Marie-Victorin, j’ai eu à construire, en collaboration avec mon enseignante associée, Mme Nathalie Hosson, une séquence d’enseignement sur ce sujet. Dans ce texte, je vais présenter une activité créée et aménagée en classe par Mme Hosson et moi-même qui vise à construire avec les élèves le concept d’ellipse. Notre intention pédagogique est d’introduire cette conique comme lieu géométrique de points, c’est-à-dire en mettant l’accent sur l’idée que la figure représente l’ensemble des points partageant une propriété métrique commune, soit que la somme des distances aux deux foyers est constante. À travers une mise en situation fantaisiste, la pâtisserie de M. Rouge, les élèves sont d’abord amenés à trouver différents points équidistants de deux points donnés (qui sont en fait les foyers), puis ils découvrent que la réunion de cette infinité de points forme une ellipse. Cette situation s’inscrit bien dans la philosophie du programme de formation de l’école québécoise : l’élève est actif dans ses apprentissages à travers la résolution d’une situationproblème qui l’amène à développer le concept d’ellipse en tant que lieu géométrique. Le logiciel de géométrie dynamique GeoGebra a permis de consolider, lors de la phase d’institutionnalisation, les apprentissages faits par les élèves. Les préalables des élèves Dans les leçons précédentes, les coniques ont été présentées aux élèves. Ils ont vu que celles-ci sont générées par les différentes coupes d’une surface conique par un plan. De plus, ils ont été introduits à la notion de lieu géométrique à travers l’étude de la médiatrice et du cercle. Au moment de présenter la mise en situation, les élèves ignorent que l’activité proposée va les amener à tracer une ellipse. Énoncé de la situation La situation est basée sur l’histoire du petit chaperon rouge2. Voici son énoncé : La pâtisserie de M. Rouge Le petit chaperon rouge est bien chanceuse : son père est le maître pâtissier du village. Comme elle aime bien sa grand-mère, tous les jours, elle lui apporte une gâterie que son père a cuisinée. Pour ce faire, elle doit partir de chez elle, aller à la pâtisserie de son père, puis aller porter la pâtisserie à sa grandmère. Comme elle n’aime pas beaucoup la marche, elle prend toujours le chemin le plus court dans ses déplacements3. Or, voilà qu’un matin, son père lui annonce que le loup a attaqué la pâtisserie. Il lui faut donc trouver un autre emplacement pour reconstruire son commerce. Le petit chaperon rouge proteste : elle ne veut pas modifier ses habitudes et demande à ce que le commerce soit reconstruit à un emplacement de telle sorte que la distance totale de son déplacement (Maison de petit chaperon rouge – Pâtisserie – Maison de mère-grand) reste exactement la même. Tu dois identifier, sur le schéma, une dizaine d’endroits où M. Rouge pourrait reconstruire sa pâtisserie en respectant les exigences de sa fille adorée. Laisse les traces de ta démarche/explique comment tu détermines les endroits où on pourrait reconstruire la pâtisserie. Baccalauréat en enseignement secondaire à l’Université du Québec à Montréal. Le contexte et la mise en situation sont des idées originales de Mme Nathalie Hosson. 3 Précision donnée à l’élève : en mathématique, la distance la plus courte se fait en ligne droite. 1 2 GRMS ENVOL no 161 — hiver-printemps 2013 9 placent alors extrémités de la auxmère-grand foyers de l'ellipse, représentés pa petitleschaperon rouge etcorde celle de et tendent le crayonicijusq petit chaperon rougeles etélèves celle de mère-grand et tendent crayon la pâtila Toutefois, sont alors portés à tracer le une ellipsejusqu’à en gardant Toutefois, les élèves sont alors portés à tracer une ellipse Toutefois,crayon les élèves sont2).alors tracer unel’ellipse ellipse en la corde te (figure On portés perd iciàl’idée estgardant constituée Le schéma suivant est fourni aux élèves : en gardant la corde tendue à l’aideque du crayon (figure 2). On par un crayon (figure 2).géométrique. On l’idée que l’ellipse constituée par une perd iciperd l’idéeicique est constituée par infinité du lieu Jel’ellipse propose que la est ficelle soitune donnée dansinfinité un deu de points, l’idée du lieu géométrique. Je propose que la du lieu géométrique. propose pas que àlatrouver ficelle soit dans un deuxième tem si les élèvesJen’arrivent des donnée points respectant la condition ficelle soit donnée dans un deuxième temps, notamment si les élèves pas à trouver des les points respectant la condition décrite d lesn’arrivent élèves raisonnent ainsi sur points respectant le lieu géométriqu si les élèves n’arrivent pas à trouver des points respectant les élèvesdirectement raisonnent ainsi sur lesdans points respectant leélèves lieu géométrique la condition la consigne, lesla raisonnent sur décrite l’ellipse tracée à l’aide de ficelle. De plus, j’aiplutôt demaq ainsi sur les points respectant lieu géométrique plutôt directement sur l’ellipse tracée à l’aide de lalele ficelle. De plus, j’ai demandé aux é la distance totale parcourue par chaperon Les élèves que de travailler directement sur petit l’ellipse tracée àrouge. l’aide de la distancerelation totale parcourue par j’ai le chaperon rouge. Les élèves ainsi la ficelle. De plus, demandé aux élèves trouver lasont Ils métrique entre lespetit trois paramètres a, bde et c de l'ellipse. de distance totale parcourue par le petit chaperon rouge. Les relation métrique les la trois paramètres a, b et c de l'ellipse. Ils devaient, po question,entre utiliser relation de Pythagore. élèves sont ainsi sensibilisés à la relation métrique entre question, utiliser la relation de Pythagore. les trois paramètres a, b et c de l’ellipse. Ils devaient, pour Les diverses manipulations pouvant être réalisées par les élèves Figure 1 : Tendre ficelle vers la pâtisserie répondre à lalaquestion, utiliser la relation de Pythagore. nous voulions mettre l’accent sur le concept de lieu géométrique,Figure nousêtre avons Les Comme diverses manipulations pouvant 1 : Tendre la ficelle vers la pâtisserie demandé aux élèves de trouver une dizaine d’emplacements permettant au petit chaperon réalisées par les élèves Le schéma suivant est fourni aux élèves : rouge de parcourir la même distance. Le raisonnement des élèves est alors orienté vers l’idée de la somme constante de deux distances à deux points fixes, dans ce cas-ci la maison de mère- grand et la maison petit chaperonmettre rouge. Avec ses groupessur d’élèves, Mme Hosson de a fait le Comme nousduvoulions l’accent le concept lieu choix de favoriser diverses manipulations : avec deux règles, en utilisant du papier quadrillé ou géométrique, avons demandé aux élèves etdela maison trouver en traçant des cercles nous concentriques dont les foyers (la maison de mère-grand du petit chaperon rouge) constituent le centre. Les élèves raisonnent ainsi la distance entre les une dizaine d’emplacements permettant ausurpetit chaperon points de l’ellipse (les différents emplacements de la pâtisserie) et les foyers (maison de mèrerouge de parcourir la même distance. Le raisonnement des grand et celle du chaperon rouge). La consigne de cette activité amène les élèves à voir que l’ellipse estest une alors figure composée d’unevers infinitél’idée de pointsde partageant une propriété métrique élèves orienté la somme constante commune. Nous voulions éviter que les élèves tracent toute l’ellipse de façon « continue », car de deux distances à deux points fixes, dans ce cas-ci la en procédant ainsi, les élèves perdent l’idée de lieu géométrique. Il peut être alors demandé aux maison de unemère-grand et unlatransparent, maison petit chaperon élèves de tracer dizaine de points sur puis,du à l’aide du rétroprojecteur, l’enseignant peut superposer les transparents produits par plusieurs groupes rouge. Avec ses groupes d’élèves, Mme Hosson a d’élèves. fait le L’assemblage des transparents fait émerger une réunion de points construits par le travail de la choix dequifavoriser manipulations : avec deux classe, points tendent à formerdiverses une ellipse. règles, en utilisant du papier quadrillé ou en traçant des Figure 1 : Tendre la ficelle vers la pâtisserie 3 cercles concentriques dont les foyers (la maison de mèreFigure 2 : Déplacer le crayon en laissant la ficelle tendue grand et la maison du petit chaperon rouge) constituent Figure 2 : Déplacer le crayon en laissant la ficelle tendue le centre. Les élèves raisonnent ainsi sur la distance entre les points de l’ellipse (les différents emplacements de la pâtisserie) et les foyers (maison de mère-grand et celle du chaperon rouge). La consigne de cette activité amène les élèves à voir que l’ellipse est une figure composée d’une infinité de points partageant une propriété métrique commune. Nous voulions éviter que les élèves tracent toute l’ellipse de façon « continue », car en procédant ainsi, les élèves perdent l’idée de lieu géométrique. Il peut être alors demandé aux élèves de tracer une dizaine de points sur un transparent, puis, à l’aide du rétroprojecteur, Figure 2 : Déplacer le crayon en laissant la ficelle tendue l’enseignant peut superposer les transparents produits par plusieurs groupes d’élèves. L’assemblage des transparents Durée et déroulement de l’activité fait émerger une réunion de points construits par le travail de la classe, points qui tendent à former une ellipse. En tout, l’activité a eu une durée d’une trentaine de minutes, Mon choix a été différent; j’ai fourni, dès le départ, une ficelle aux élèves. Ceux-ci placent alors les extrémités de la corde aux foyers de l’ellipse, représentés ici par les maisons du petit chaperon rouge et celle de mèregrand et tendent le crayon jusqu’à la pâtisserie (figure 1). 10 temps qui comprend la présentation de la situation par l’enseignant, le travail des élèves en équipe et le retour en classe. J’ai fait cette activité au début d’un cours. J’ai distribué la situation-problème aux élèves, ainsi qu’une ficelle, puis laissé une dizaine de minutes aux élèves pour faire la situation-problème en équipes de deux. ENVOL no 161 — hiver-printemps 2013 GRMS Matériel utilisé • Document de l’activité; • Papier quadrillé, règle, compas ou tout outil pouvant aider les élèves à trouver des points dont la somme des distances aux deux foyers est constante; • Une ficelle par équipe de deux élèves, d’une longueur d’au moins une vingtaine d’unités par rapport à l’échelle du schéma; • Un ordinateur muni d’un logiciel de géométrie dynamique comme GeoGebra et un projecteur, pour la phase d’institutionnalisation. Pertinence de l’activité Comme précisée précédemment, notre intention pédagogique est de faire le lien entre l’ellipse et le lieu géométrique des points dont la somme des distances aux foyers est constante. Il faut donc montrer, d’un côté, que la réunion de tous les points décrits dans le lieu géométrique forme une ellipse, et d’un autre côté, que tous les points de l’ellipse respectent la définition du lieu géométrique. Le passage est double : il faut passer du lieu à l’ellipse, puis de l’ellipse au lieu géométrique. Ce passage, je crois, se fait de manière dynamique et cyclique tout au long de l’étude de l’ellipse. La compréhension de ce lien entre une figure et un lieu géométrique aide l’élève à analyser la représentation graphique de l’ellipse ainsi que ses différents éléments (sommets, axe, foyers, etc.). Cette même idée de passage entre un lieu géométrique et une figure particulière est reprise dans l’étude des autres coniques. En leur fournissant une ficelle dès le départ, la plupart des élèves ont tracé une ellipse, puis indiqué dix points sur celle-ci. Ainsi, ils partent de la définition du lieu géométrique pour tracer une ellipse, puis passent de l’ellipse pour revenir vers le lieu géométrique. L’activité de manipulation permet donc de faire ce double passage. La manipulation permet également, je crois, de donner du sens aux différents éléments de l’ellipse tout en rendant l’élève actif. L’apprentissage est donc plus significatif pour ce dernier. Par la manipulation, on conçoit bien l’idée que la somme de chacun des points aux deux foyers reste constante, car cette somme des distances est représentée par la longueur totale de la ficelle. Il faut toutefois faire attention, car certains élèves ont de la difficulté avec le concept de distance. Notamment, ils ne perçoivent pas que la ficelle, peu importe la manière dont elle est placée, conserve toujours la même longueur. Il est alors plus difficile, pour ces élèves, de faire le lien entre la manipulation à l’aide de la ficelle, la définition du lieu géométrique et la figure de l’ellipse. Il peut donc être plus judicieux, avec ces élèves, de simplement leur demander de trouver, à l’aide de stratégies qui leur seront propres, des points respectant le lieu géométrique. La manipulation à l’aide de la ficelle a, toutefois, certains avantages. Lorsque les élèves tendent la ficelle aux deux sommets de l’axe transversal, ils comprennent que la somme des distances d’un point aux deux foyers représente, en fait, la longueur de l’axe transversal. De plus, quand les élèves tendent la ficelle aux deux sommets de l’axe conjugué, ils sont sensibilisés à la relation métrique entre les paramètres a, b et c. Le contexte que nous avons utilisé est également intéressant didactiquement. D’abord, l’histoire du petit chaperon rouge ajoute un côté ludique et motivant pour les élèves : il y a maintenant un but, une raison, pour trouver des points dans le plan. Le contexte transforme la simple manipulation en situation-problème. On ne dit pas à l’élève comment trouver les points : à la limite, on lui précise seulement que la ficelle peut l’aider à représenter la distance totale que parcourt le petit chaperon rouge4. C’est donc à l’élève de faire le lien entre la somme des distances entre le point et les deux foyers, la ficelle et la représentation graphique qu’on lui demande de réaliser. Le défi est toutefois raisonnable : les élèves ont rapidement compris la manipulation qu’ils devaient réaliser. Une fois qu’ils l’ont comprise, les apprentissages sont encore plus significatifs que si je leur demande simplement de tracer une ellipse. Ils comprennent mieux la relation entre les paramètres, car ils ont fait ce lien par eux-mêmes pour répondre à la situation-problème. L’histoire donne également du sens au concept de foyers. Nous ne prenons pas n’importe quel point dans le plan, mais bien ceux représentant les maisons du chaperon rouge et de sa grand-mère. Le contexte permet de mieux comprendre pourquoi il faut que la somme des points de l’ellipse aux deux foyers soit constante. Enfin, les élèves peuvent, par la suite, rattacher le concept de foyer à une La ficelle donnée aux élèves était plus grande que la mesure du grand axe. 4 GRMS ENVOL no 161 — hiver-printemps 2013 11 image, ce qui les aide à travailler avec la figure lorsqu’il n’y a pas de contexte. C’est aussi plus facile de verbaliser les caractéristiques de l’ellipse lorsqu’on fait des liens avec la situation-problème. Nous avons également fourni un schéma aux élèves pour les guider dans leurs démarches, et nous leur avons implicitement demandé de calculer la distance initiale que parcourt le petit chaperon rouge. Instinctivement, la relation métrique entre les trois paramètres s’est révélée une évidence pour les élèves, car ils maîtrisent parfaitement la relation de Pythagore. J’ai finalement utilisé le logiciel GeoGebra pour me permettre de pallier une faille de mon activité de manipulation. À l’aide de la ficelle, les élèves ont tendance à tracer directement un trait continu illustrant l’ellipse. Or, nous voulions, au départ, que les élèves identifient différents points puis comprennent que la réunion de ces points nous donne l’ellipse. J’ai donc créé un fichier GeoGebra qui reprend la manipulation réalisée par les élèves, mais en ne faisant que des points au lieu d’un trait continu. Ce fichier m’a permis de montrer aux élèves que l’ellipse est composée de plusieurs (une infinité) de points respectant une même propriété métrique. Par contre, l’activité à l’aide de la ficelle rend plus concrète la définition de l’ellipse que le fichier GeoGebra, car les élèves « manipulent » la somme des distances du point de l’ellipse aux deux foyers par le biais de la ficelle. En somme, la manipulation à l’aide de la ficelle permet de donner du sens à la définition de l’ellipse en tant que lieu géométrique des points dont la somme des distances à deux foyers est constante, tandis que le fichier GeoGebra permet de reprendre l’idée que l’ellipse est en fait composée d’une infinité de points respectant une propriété métrique commune. Un défi mathématique : solliciter l’implication des élèves Lorsque les élèves ont fait l’activité, ils étaient anxieux. Particulièrement dans les classes PEI où la crainte de l’erreur rend les élèves nerveux, ces derniers sont peu enclins à résoudre une situation-problème telle que décrite dans l’activité. J’avais toutefois fait plusieurs activités dans les leçons précédentes, ils n’étaient donc pas confrontés pour la première fois à la résolution d’une activité. Le travail en équipe a également apaisé leurs craintes, car ils pouvaient s’entraider. Comme les élèves 12 PEI ont un lien très fort entre eux, car ils sont ensemble depuis 5 ans, ils travaillent bien en équipe et s’entraident beaucoup. Les plus forts vont donc aider les plus faibles, ce qui fait en sorte que tous les élèves finissent par comprendre comment réaliser la manipulation, grâce à l’aide fournie par leurs pairs. J’ai remarqué qu’ils osent faire des essais et présenter leurs démarches entre eux, car ils se font confiance. Ils sont très solidaires entre eux. Il est donc plus facile de miser sur le sociocontructivisme avec ce type de clientèle. De plus, le contexte humoristique est basé sur une histoire d’enfant (le petit chaperon rouge) a probablement eu comme effet de dédramatiser les erreurs en donnant l’illusion aux élèves que l’activité est plutôt un défi mathématique, voire un jeu, une énigme ou une activité purement ludique; qu’un exercice de mathématiques qu’ils doivent impérativement être capables de réaliser du premier coup. Ils ont été ainsi plus enclins à faire des essais pour essayer de comprendre les liens entre la ficelle, les distances impliquées et la représentation graphique de l’ellipse. L’une des principales difficultés que j’ai éprouvées quand je présentais des activités aux élèves est qu’ils veulent toujours performer et n’osent pas faire les erreurs qui sont pourtant nécessaires à leur apprentissage. Erreurs, difficultés des élèves et interventions possibles Lorsque les élèves ont essayé de trouver la façon dont ils doivent utiliser la ficelle pour trouver des points permettant de conserver la somme des distances aux deux foyers, plusieurs raisonnements et erreurs intéressants sont ressortis. a) Confusion avec le cercle Certains élèves ont essayé de tracer un cercle (nous venions de voir cette conique), en prenant comme centre le point d’intersection des deux segments donnés et comme rayon la distance entre ce dernier point et la pâtisserie de M. Rouge. (Voir Figure 3 à la page suivante) Pour aider ces élèves, je leur ai fait remarquer que la distance totale que parcourt le petit chaperon rouge si l’on place la nouvelle pâtisserie au point P1 ou P2 ne serait plus la même. On peut faire le calcul : présentement, le petit chaperon rouge parcourt 20 mètres au total, tandis qu’elle ne parcourt que 16 mètres si l’on place la pâtisserie au point P1 ou P2. Le cercle ne permet donc pas de résoudre la ENVOL no 161 — hiver-printemps 2013 GRMS Figure 3 : Une conception erronée utilisation du cercle D’autres élèves n’ont considéré que la partie supérieure D’autres élèves n’ont considéré que la partie supérieure de l’ellipse. À ces élèves, je leu À ces élèves, jeautre leuremplacement ai fait remarquer qu’il remarquabl aide faitl’ellipse. remarquer qu’il y a au moins un possible, facilement y an’est au pas moins undans autre possible, facilement qui présent leuremplacement démarche. Ce point est évidemment le point obtenu pa remarquable, qui n’est pas présent dans leur démarche. symétrie dont j’ai parlé précédemment. Ces élèves ont ainsi compris que l’on Ce pouvait considére point est évidemment le point obtenu par symétrie dont également la partie inférieure de l’ellipse. j’ai parlé précédemment. Ces élèves ont ainsi compris que l’on 5pouvait considérer Figure : Une difficulté des élèves également la partie inférieure de l’ellipse. Figure 3 : Une conception erronée utilisation du cercle situation. Par contre, cette fausse conception de départ m’a permis de décrire, lors de la phase d’institutionnalisation, Pour aider ces élèves, je leur ai fait remarquer que la distance totale que parcourt le Une difficulté des élèves Figure 5 : la différence entre le cercle et l’ellipse, puisque plusieurs haperon rouge la nouvelle pâtisserie au P1 ou P2 ne serait plus la élèves siontl’on eu place de la difficulté à comprendre la point différence Mise en commun des points trouvés par entre deux coniques. Pour leur la différence, ces coniques. leur la différence, j’aichaperon utilisé un fichier dans Ondeux peut faire ces lePour calcul : expliquer présentement, le expliquer petit rougeGeoGebra, parcourt 20 mètres au les élèves Mise en commun des points trouvés par les élèves j’ai utilisé un fichier GeoGebra, dans lequel je modifie je modifie la distance focale que d’une Lorsque laplace distance focale est nulle, l’ellipse andis qu’elle ne parcourt 16ellipse. mètres si l’on la P2. Le la distance focale d’une ellipse. Lorsque la pâtisserie distance au point ÀP1la ou suite de la manipulation réalisée par les élèves, j’ai dessiné le même schéma qu la forme d’un cercle. Le logiciel GeoGebra, par son côté dynamique permet de montrer en de la manipulation réalisée par les élèves, j’ai À la suite focale nulle, l’ellipse prend la formePar d’un cercle.cette Le fausse ne permet doncestpas de résoudre la situation. contre, de au tableau, mais en plus gros pour qu'il soit bien visible pour tous le dans laconception situation-problème dessiné le même schéma que dans la situation-problème au u l’effet delogiciel la modification de certains paramètres sur la figure, illustre bien que le cercle GeoGebra, par son côté dynamique permet de élèves de la classe, et j'ai demandé aux élèves, lorsqu'ils avaient terminé de répondre à m’a permis de décrire, lors de la phase d’institutionnalisation, la différence entre le gros pour qu’il soit bien visible pour tableau, mais en plus montrer en continu l’effet de la modification de certains cas particulier d’une ellipse au même titre que le carré est un cas particulier du rectangle. situation-problème, de venir en avant rapporter 2 points représentant des emplacemen tous les différence élèves de la classe, et j’ai demandé aux élèves, et l’ellipse, puisque plusieurs élèves ont bien eu de la ledifficulté à un comprendre paramètres sur la figure, illustre que cercle est possiblesla pour la pâtisserie. De cette manière, nous voyions apparaître, peu à peu, une ellips lorsqu’ils avaient terminé de répondre à la situationcas particulier d’une ellipse au même titre que le carré est formée par le travail de tous les élèves. Comme précisés précédemment, si nous avions eu u problème, de venir9en avant rapporter 2 points représentant un cas particulier du rectangle. rétroprojecteur, nous aurions pu demander aux élèves d’identifier quelques points en faisant b) Des points plus évidents que d’autres des emplacements possibles pour la pâtisserie. De cette manipulation sur des transparents, puis superposer les transparents au rétroprojecteur. manière, Plusieurs b) élèves facilement trouvé qu’il possible d’utiliser le point image de la nous voyions apparaître, peu à peu, une ellipse Des ont points plus évidents queest d’autres formée par le travail de tous les élèves. Comme précisés erie obtenu par une symétrie axiale selon la droite qui supporte le segment limité par les précédemment, si nous avions eu un rétroprojecteur, nous Plusieurs élèves ont facilement trouvé qu’il est possible maisons. Par contre, certains de ces élèves ont eu de la difficulté à trouver les autres pu demander aux élèves d’identifier quelques aurions d’utiliser le point image de la pâtisserie obtenu par une . points en faisant la manipulation sur des transparents, puis 1 symétrie axiale selon la droite qui supporte le segment superposer les transparents au rétroprojecteur. limité par les deux maisons. Par contre, certains de ces élèves eu premier de la difficulté à trouver les autres points. Figureont 4 : Un emplacement Institutionnalisation à l’aide de GeoGebra Pour faire suite à cette activité, j’ai fait un retour en groupe-classe à l’aide d’un fichier préalablement préparé sur GeoGebra qui permet, à l’aide de l’outil trace et de l’animation, de représenter un ensemble de points qui forme, à la fin, une ellipse. En activant le curseur lieu, l’ellipse complète apparaît dans le schéma. Le curseur v permet de faire varier la vitesse de l’animation. Dans l’animation, le point P se déplace suivant la courbe de l’ellipse en laissant des traces, sous forme de points, comme présenté dans la représentation de la page suivante. Figure 4 : Un premier emplacement GRMS ENVOL no 161 — hiver-printemps 2013 13 ces, sous forme de points, comme présenté dans la représentation ci-dessous. ure 6 : Fichier GeoGebra utilisé lors du retour en groupe-classe Figure 6 : Fichier GeoGebra utilisé lors du retour en groupe-classe tour réflexif sur l’activité Retour réflexif sur l’activité De manière générale, je suis satisfait de l’élaboration de cette activité. Les élèves ont été tivés par cette tâche et ils ont bien fait le travail demandé. Pour les différentes raisons osées dans la justification de la pertinence de mon activité, cette dernière a bien répondu à De manière générale, je suis satisfait de l’élaboration de cette activité. Les élèves ont été motivés par cette tâche bien compris la définition de l’ellipse et ont été capables de la réinvestir dans les phases et ils ont bien fait le travail demandé. Pour les différentes séquentes de ma leçon. Évidemment, comme je m’y attendais, les élèves étaient anxieux au raisons exposées dans la justification de la pertinence part, car ils ne savaient pas trop comment réaliser la manipulation. Par contre, en de mon activité, cette dernière a bien répondu à mes ntraidant, ils ont fini par faire les liens que je souhaitais. De même, le retour en groupe-classe intentions pédagogiques : en rendant les élèves actifs dans leur apprentissage, ces derniers ont bien compris12la définition de l’ellipse et ont été capables de la réinvestir dans les phases subséquentes de ma leçon. Évidemment, comme je m’y attendais, les élèves étaient anxieux au départ, car ils ne savaient pas trop comment réaliser la manipulation. Par contre, en s’entraidant, ils ont fini par faire les liens que je souhaitais. De même, le retour en groupe-classe supporté par l’applet GeoGebra a permis de consolider les connaissances acquises par les élèves et ceux qui n’avaient toujours pas réussi la manipulation ont bien compris la définition de l’ellipse. Cette activité met en évidence deux points importants, je crois, en enseignement des mathématiques : l’utilisation de situations-problèmes pour rendre l’élève actif dans la construction de ses savoirs mathématiques et la pertinence de l’utilisation de logiciels de géométrie dynamique comme GeoGebra, en classe. s intentions pédagogiques : en rendant les élèves actifs dans leur apprentissage, ces derniers L’apprentissage à travers la résolution d’une situation-problème Cette activité permet de développer la compétence de l’élève à résoudre des situations-problèmes, tel que précisé dans le programme de formation de l’école québécoise « la résolution de situations-problèmes, qui constitue l’un des fondements de l’activité mathématique, repose sur une démarche heuristique, c’est-à-dire axée sur l’exploration et la découverte » (MELS, 2009, p.19). Or, ce que nous 14 avons demandé aux élèves, ce n’est pas seulement d’utiliser la ficelle pour tracer une ellipse (tâche de reproduction), mais bien de trouver une manière d’utiliser la ficelle pour tracer une ellipse (tâche de production). Ce faisant, nous avons favorisé chez eux un processus de réflexion leur permettant de bien comprendre et de visualiser les différents éléments de la définition d’une ellipse. En établissant des liens entre la définition, la manipulation et la représentation obtenue de l’ellipse, les élèves ont donné du sens au concept de l’ellipse. Ils ont découvert que l’ensemble de ces points donne la figure de l’ellipse et conçoivent bien que la figure est composée d’une infinité de points respectant tous une même propriété métrique. En effet, ils ont obtenu eux-mêmes ces points par une procédure élaborée par eux en manipulant directement la somme des distances du point aux deux foyers, représentée par la ficelle. L’activité répond ainsi bien aux trois critères d’une situation-problème tels qu’énoncés dans le programme : 1. « La situation n’a pas été présentée antérieurement en cours d’apprentissage » (MELS, 2009, p. 19) Le contexte du petit chaperon rouge n’a pas été présenté précédemment aux élèves. Évidemment, ils connaissent tous ce conte de Perrault, mais pas de la manière dont nous l’avons présenté. C’est un contexte nouveau et intéressant pour les élèves, et ces derniers ont dû traiter et décoder les éléments de la situation avant de la résoudre. 2. « L’obtention d’une solution satisfaisante exige le recours à une combinaison non apprise de règles ou de principes dont l’élève a fait ou non l’apprentissage » (MELS, 2009, p. 19) Comme je l’ai précisé plus haut, les élèves ne savaient pas comment obtenir les points respectant la description du lieu géométrique. Dans un premier temps, ils ont dû trouver une manière de les obtenir à l’aide d’une stratégie qui leur est propre, à l’aide de règles ou de papier quadrillé. Ensuite, lorsque j’ai orienté les élèves vers l’utilisation d’une ficelle, ces derniers devaient trouver une manière de l’utiliser pour résoudre la situation. 3. « Le produit, ou sa forme attendue, n’a pas été présenté antérieurement » (MELS, 2009, p. 19) Dans un cours précédent, j’ai présenté l’ellipse comme une conique, c’est-à-dire une figure géométrique obtenue par la coupe d’une surface conique par un plan. Les élèves ENVOL no 161 — hiver-printemps 2013 GRMS ont donc déjà vu la figure. Par contre, ils ne savent pas, avant de résoudre la situation-problème, que la réunion des points demandés donne une ellipse. D’ailleurs, certains élèves étaient persuadés que je leur demandais de tracer un cercle, et la plupart étaient surpris de constater que la figure obtenue était une ellipse. Le socioconstructivisme et la contextualisation Le travail en équipe, selon les fondements du socioconstructivisme, permet d’enrichir la réflexion de l’élève par l’interaction entre les différents membres de l’équipe. En s’entraidant, les élèves arrivent à développer davantage leur raisonnement, à consolider leur compréhension des différents concepts mathématiques et à participer collectivement à la recherche d’une solution. Il faut aussi noter, je crois, que le contexte permet de motiver l’enseignement et l’apprentissage des différentes notions mathématiques, car les élèves voient une utilisation concrète, bien que loufoque dans ce cas-ci, des notions mathématiques, tout en rendant la tâche significative et intéressante pour eux. Utilisation d’outils technologiques J’ai trouvé intéressante l’utilisation de GeoGebra dans la phase d’institutionnalisation. Grâce à des outils comme l’animation ou la trace, on peut faire bouger les figures mathématiques pour faire voir à l’élève l’influence directe d’un paramètre. L’élève comprend donc mieux leur effet. En rendant les mathématiques dynamiques, GeoGebra permet de rendre certains concepts beaucoup plus significatifs pour les élèves. Par exemple, dans cette activité, le logiciel a été utilisé pour tracer différents points autour du tracé d’une ellipse, plutôt que de faire directement un trait. D’abord, le tracé de l’ellipse est plus précis, mais on peut également montrer à l’élève que l’ellipse est avant tout un ensemble de points respectant une propriété métrique, et non un simple trait de forme ovale, comme les élèves la perçoivent souvent. Les élèves ont bien compris que ce n’est pas n’importe quelle figure en forme d’ovale qui peut représenter une ellipse : il faut que les points de la figure respectent une relation bien précise. En ajoutant de la rigueur dans les représentations graphiques des figures, des concepts tels les sommets et les axes ont beaucoup plus de sens pour les élèves. J’ai également utilisé GeoGebra pour montrer aux élèves que le cercle est un cas particulier en modifiant la distance focale et en montrant de manière dynamique l’influence de la modification de ce paramètre sur la figure. D’autres applications sont également disponibles en ligne : par exemple, j’ai trouvé un applet intéressant pour montrer que les coniques pouvaient être obtenues par des coupes d’une surface conique par un plan5. C’est quelque chose qui peut être difficile à faire visualiser aux élèves sans le recours à du matériel concret parfois difficile à manipuler en classe. J’encourage donc les enseignants à utiliser ces outils technologiques qui permettent de rendre, je crois, les mathématiques plus accessibles et intéressantes aux élèves du secondaire. Remerciements Je tiens à remercier Mme Nathalie Hosson, enseignante à l’école Jacques Rousseau, pour son soutien et ses judicieux conseils, ainsi que pour sa créativité débordante dans la conception de contextes intéressants et stimulants pour les élèves; et Mme Mireille Saboya, professeure à l’UQAM, pour m’avoir encouragé à écrire cet article, pour son appui tout au long de sa rédaction ainsi que pour ses nombreuses suggestions pour l’améliorer. Références MELS (2009). Ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport. Programme de formation de l’école québécoise : Enseignement secondaire, deuxième cycle, Mathématique, 2e édition. 143 p. National Council of Teachers of Mathematics. 2012. « Conic Section Explorer » In Illumination. En ligne. http://illuminations.nctm.org/ActivityDetail.aspx?ID=195. Consulté le 19 octobre 2012. 5 GRMS ENVOL no 161 — hiver-printemps 2013 15