Jonas 1,1-2,1 - EGLISE PROTESTANTE UNIE DE BOISSY-ST
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Jonas 1,1-2,1 - EGLISE PROTESTANTE UNIE DE BOISSY-ST
Boissy-St-Léger le dimanche 9 juin 2013 Prédication du pasteur Thomas KELLER - Jonas 1,1-2,1 Jonas est un personnage sympathique, et il est sympathique parce qu’il est nul ! Jonas se trompe toujours, Jonas, c’est le roi pour faire le mauvais choix. Quand Dieu lui dit « va à Ninive », lui, sans hésiter, sans discuter, il court, il se précipite… dans la direction opposée ! Il court vers Tarsis, c’est à dire le point le plus à l’ouest où il soit possible de se rendre pour lui à l’époque… Ma mère, quand elle sort d’un lieu étranger et qu’elle veut retourner à la maison, prend toujours la direction opposée : si en sortant c’est à gauche qu’il faudrait aller pour rentrer, elle, systématiquement, elle va tourner à droite… ça nous faisait beaucoup rire quand on était enfants… elle se trompait systématiquement ! Jonas aussi se trompe de direction, mais lui il le fait exprès ! Et il le fait à fond, il fait ostensiblement le contraire de ce que Dieu lui demande. Venant d’un prophète, ça peut surprendre… Jonas est têtu, il est râleur, il est rebelle… et on l’aime bien ! Quand quelqu’un se trompe, ça peut être dramatique, d’ailleurs ça le sera à un moment pour Jonas, quand il sera dans la tempête, au moment où il disparaitra dans l’eau déchainée. Mais quand quelqu’un se trompe, c’est aussi drôle, quelqu’un qui fait des bêtises est souvent apprécié parce qu’il fait rire… On peut le voir dans le succès des vidéos de chutes sur internet, Il y a des gens qui deviennent riches en recherchant et en compilant des vidéos de gens qui tombent ou qui ont un accident, ou de gens qui tentent un exploit mais échouent lamentablement. Ces vidéos sont drôles, mais elles sont aussi plus ou moins dramatiques, comme le vidéo-gag de mon enfance ou les cascadeurs qui font de ces défis et de ces chutes stupides leur métier pour en faire des films qui se vendent comme des petits pains. Jonas se trompe. Il se trompe complètement plusieurs fois dans le récit. Il se trompe, il le fait volontairement. Il se trompe et ça nous amuse, il y a, je pense, dans cette histoire volontairement une dimension comique. Et c’esr pour ça que Jonas nous est sympathique. Ce qui est dramatique, pourtant, c’est que Jonas ne se trompe pas par innocence, ni parce qu’il veut nous faire rire… Jonas se trompe parce qu’il a peur. Quand Dieu dit à Jonas « va à Ninive » il demande à Jonas d’aller dans une ville connue pour -sa grandeur -sa puissance -sa culture -et sa cruauté Ninive fait trembler tout l’Orient, et commence à se tourner dangereusement vers Israël qui, à cette époque, se fait remarquer par ses conquêtes militaires. 1 C’est donc dans cette ville que Dieu envoie Jonas, et il l’y envoie non pas pour les amadouer ou les caresser dans le sens du poil, pas pour faire connaissance et se trouver des intérêts communs, pas pour les rencontrer et voir comment ils pourraient vivre en paix… Non, Jonas est envoyé là-bas pour les menacer au nom de Dieu. Il y est envoyé seul. Il a peur ! C’est pour cela qu’il ne veut pas y aller, il y va pour menacer quelqu’un qui est méchant, et plus fort que lui. -Il doit y aller pour dire la vérité, oui, -pour leur donner l’occasion de changer, aussi, -au nom de Dieu, même… mais quand même, je comprends sa peur… Dieu l’envoie en mission, et une mission difficile, Jonas a peur, comme chacun de nous aurait eu peur à sa place. Personne n’a envie d’aller rejoindre les méchants ; tout le monde a peur d’annoncer la Parole de Dieu quand elle remet dramatiquement en question. Jonas a peur de Ninive et de ses habitants, il a peur de leur réaction quand ils entendront le message qu’il doit leur transmettre de la part du Seigneur, mais quand il fuit, ce n’est en réalité pas Ninive que Jonas fuit. Jonas ne fuit pas loin des habitants méchants de Ninive, mais il fuit loin de Dieu. C’est dit trois fois dans le texte : il veut aller loin du Seigneur. C’est ça qui l’importe, et c’est pour cela qu’il est prêt à entreprendre un long et dangereux voyage. Nous sommes comme Jonas : Nous savons très bien, au fond de nous, ce que Dieu nous appelle à faire de notre vie. Nous savons la mission qu’il nous confie. Nous savons aussi la manière dont il nous invite à vivre. Dans notre moment de prière en groupe hier, une jeune a dit, à propos de l’histoire de Jonas, que Dieu est un Dieu qui sait se faire comprendre. La volonté de Dieu est facile à connaître, il fait en sorte que nous l’entendions, il suffit d’écouter. Pour chacun de nous, Dieu a des projets, c’est ce que dit le psaume 139 qu’on a lu pour la louange, et ces projets, il nous les fait connaître. Pour chacun de nous, Dieu a une mission, et pour cette mission, il nous équipe. Comme Jonas, quand Dieu nous prépare un chemin de vie, un chemin qui permettra à Ninive de changer, aux hommes et aux femmes de devenir meilleurs, quand Dieu nous donne une mission, lui qui nous aime et veut notre bonheur, bien souvent on a peur. Comme il est difficile d’obéir à Dieu quand ça nous coute ! Comme il est difficile d’entendre Dieu quand il nous envoie vers ceux qui nous rebutent ! Comme il est difficile de l’entendre quand il vient nous sortir de notre tranquillité, quand il nous demande de changer radicalement de vie pour partir en mission. Comme il est difficile d’annoncer son Evangile quand il parle de condamnation, de repentance et de conversion, quand il demande un changement… Combien de fois nous savons que l’Evangile pour nous-mêmes ou pour un autre est un appel à changer 2 radicalement de vie, qu’il est une mise en garde dure, et une critique sévère… L’Evangile n’approuve pas tout, Dieu n’approuve pas tout. On a eu un temps de travail hier où nous devions décrire comment Dieu est dans le livre de Jonas, les enfants ont dit beaucoup de choses vraies, c’était très riche et beau… Mais je réalise que finalement, dans mon groupe, personne n’a osé dire que dans le livre de Jonas, Dieu est aussi un Dieu menaçant, un juge sévère… pourtant c’est là qu’est la source de toute l’histoire : c’est bien à cause du contenu du message que Jonas fuit. Quand obéir à Dieu nous coute, quand l’Evangile nous invite à prendre en compte ce qui nous met en danger, qu’il nous invite à nous repentir et à changer… nous fuyons. Quand il nous invite à pointer du doigt ce qui chez les autres est contraire à sa volonté, quand nous devons sérieusement les avertir… nous fuyons. Nous ne nous contentons pas d’ignorer l’appel de Dieu : comme Jonas, bien souvent, nous fuyons Dieu lui-même. Nous nous éloignons de lui, nous voulons aller hors de sa présence. Quand son appel nous fait peur, quand on croit qu’il va trop nous couter, nous préférons nous éloigner de Dieu, prendre de la distance. On veut bien être chrétiens, mais quand l’Evangile nous engage trop, on recule. Je dis bien l’Evangile, pas l’Eglise : ce n’est pas un appel à volontaires, mais un appel à être attentifs à ce qui cause notre fuite : quel appel de l’Evangile, que nous identifions comme venant de Dieu, cause chez nous un mouvement de recul ? Jonas court loin de la volonté de Dieu, et il court droit dans la tempête. Lui qui avait peur du projet de Dieu pour lui, court finalement vers quelque chose de plus dangereux encore. Mais c’est dans la tempête que Jonas va prendre la bonne décision. Voyant qu’il ne peut plus fuir, il reconnait, devant les marins qu’il a refusé d’obéir à Dieu et qu’il le fuit. Il leur raconte son erreur avec sincérité. Dieu fait en sorte qu’il soit jeté à l’eau, et Jonas l’accepte, même si cela signifie pour lui une mort certaine. Il lâche prise, lui qui était tellement attaché à sa vie, lui qui cherchait avant toute chose à se protéger lui-même… pour une fois, il fait passer un autre avant lui. Pour une fois, il pense aux marins avant de penser à lui, et il fait ce qu’il faut pour les sauver. Il a essayé de vivre pour lui-même uniquement, ignorant les Hommes et son Dieu, et devant l’échec, dans la tempête, finalement, il se donne. Finalement il lâche prise, il lâche le contrôle, et il s’abandonne pour un autre, il se jette à l’eau. Dieu l’avait appelé à une mission difficile, accepter cette mission, c’était prendre un risque, aller vers l’inconnu pour servir Dieu, et pour sauver les habitants de Ninive. Jonas a préféré, sans hésiter, se préserver lui-même et il a couru loin de Dieu, dans la tempête. Pourquoi Jonas n’a pas pu obéir à Dieu, pourquoi il n’a pas pu suivre son appel, pourquoi il a fait erreur : Parce qu’en réalité, ce qui comptait le plus pour lui, ce qui avait le plus de prix, c’était son propre intérêt. Notre instinct nous pousse à l’égoïsme, notre nature nous pousse à ne pas prendre de risque qui ne soit pas pour nous-mêmes, mais ce que nous enseigne Jonas, malgré lui, c’est que c’est dans l’abandon de soi que se trouve la justice. 3 C’est quand Jonas a décidé de servir les marins plutôt que sa propre vie, quand il a réalisé que vivre pour soi ne menait à rien, quand il a été mis face à son échec, que Dieu est revenu vers lui. Sa fuite l’a conduit jusqu’au bord de l’abîme, dans une situation désespérée. Il a été jusqu’au bout de sa fuite et Dieu l’a rattrapé pour le ramener. Jonas va passer trois jours sous l’eau, dans le poisson comme Jésus a passé trois jours dans le royaume des morts. Durant ces trois jours il va exprimer sa reconnaissance à Dieu il va s’engager envers lui, puis Dieu, avec l’aide du poisson va le rendre à la terre ferme, il va le rendre à la vie, à une vie nouvelle, différente. Comme Jésus a été relevé de la mort. C’est un véritable baptême que Jonas a vécu. Mort à son ancienne vie sans Dieu, mort à sa vie de fuite et de peur pour lui-même, il commence une nouvelle vie. Nous sommes appelés à une vie nouvelle. Face à l’échec de la vie pour soi, au cœur de la tempête, devant l’abîme, abandonnons-nous à Dieu dans la confiance : il est le Dieu de la vie. Méfions-nous de cet instinct qui nous pousse à rejeter Dieu quand son service nous coûte. Faisons confiance à celui qui nous donne la vie. L’obéissance de Jonas, après l’épisode de la baleine, va permettre à une ville entière d’être sauvée. La volonté de Dieu nous demande un sacrifice, suivre Dieu est parfois un effort et c’est effrayant… mais notre Dieu est le Dieu de la vie et son projet pour nous, son projet pour le monde, le projet que nous sommes appelés à servir, c’est la vie. Amen. 4 5