2. Eléments d`évaluation de l`intervention

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2. Eléments d`évaluation de l`intervention
EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE
SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL
2. Eléments d’évaluation de l’intervention
régionale et de perception par les
opérateurs
2.1 Rappel des objectifs, de la structuration et des
ressources de la politique régionale
2.1.1 Objectifs, axes et orientations : des interprétations
variables
Les objectifs définis par le Conseil Régional d’Aquitaine en matière de
cinéma et d’audiovisuel s’inscrivent dans le prolongement direct des
réflexions conduites en 1998/1999 portant sur l’élaboration du plan régional et
au sein d’un atelier « culture » constitué dans ce cadre.
Les objectifs généraux de la politique régionale en matière culturelle visent :
 à mieux répondre à l’objectif de démocratisation culturelle et
notamment à corriger les déséquilibres territoriaux et/ou socioéconomiques qui freinent l’accès à la culture pour tous,
 à soutenir et favoriser la création en Aquitaine,
 à intégrer dans le secteur culturel la préoccupation de l’emploi et
du développement durable,
 à valoriser les identités régionales en privilégiant leur rapport étroit
avec la modernité,
 à préparer les jeunes aquitains à leur entrée dans la vie active et à
leur exercice futur de la citoyenneté,
 à affirmer et entretenir le devoir de mémoire auprès des jeunes
générations.
En ce qui concerne le domaine des industries culturelles et plus
spécifiquement celui de l’image, les priorités retenues par le Conseil Régional
d’Aquitaine concernent :
 l’emploi et le développement de l’ensemble de la filière
économique et culturelle de l’audiovisuel,
 l’aménagement culturel du territoire,
 la promotion d’un cinéma de qualité,
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 l’éducation à l’image et la sensibilisation des publics.
A ce stade, une première remarque s’impose : compte tenu du processus de
réflexion dont elles sont issues, ces priorités témoignent avant tout d’une
approche et d’une logique de développement culturel. De fait, cette analyse a
pu être confirmée en Commission lors de la présentation par la direction
concernée des objectifs de la politique régionale, rétablissant une
hiérarchisation de ces priorités dans les termes suivants :




la promotion d’un cinéma de qualité,
l’aménagement culturel du territoire,
l’éducation au cinéma et à l’audiovisuel,
le soutien aux industries de l’audiovisuel.
Par conséquent, la nature des objectifs poursuivis par le Conseil Régional
dans ce domaine est sujette à interprétation variable, selon les interlocuteurs
et selon l’importance relative que l’on entend donner aux différentes priorités
énoncées. En juin 1999, lors de l’adoption de son règlement d’intervention
initial, la Région affichait comme objectif principal la création « d’une
dynamique industrielle qui présente l’Aquitaine comme une alternative
régionale en matière de tournages et de productions ».
Le caractère variable de cette interprétation trouve encore sa confirmation au
travers de certains documents d’usage public, dont l’un établi par l’agence
Aquitaine Image Cinéma (« La Région aime le cinéma »), lequel présente
deux objectifs principaux :
 Faire de la région Aquitaine une véritable terre d’accueil du cinéma,
 Conforter sur son territoire une filière de l’audiovisuel porteuse de
développement culturel et économique.
C’est à l’intérieur de ce dernier objectif général que réapparaissent les
différentes priorités précédemment énoncées (promotion du cinéma de
qualité, aménagement culturel du territoire, éducation à l’image, soutien aux
industries de l’audiovisuel). Le premier objectif affiché résulte directement de
l’une des missions confiées par la Région à l’outil technique représenté par
l’agence Aquitaine Image Cinéma (cf. infra 2.1.2).
Par conséquent, dès la formulation des objectifs régionaux, on peut
percevoir quelques différences d’interprétation notables, qui
introduisent un facteur d’incertitude ou d’imprécision et peuvent nuire à
une bonne perception de la politique régionale par des acteurs
extérieurs ou partenaires potentiels.
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Cette variabilité témoigne d’une certaine ambiguïté sinon ambivalence de la
politique régionale, notamment entre les objectifs à vocation culturelle d’une
part et ceux à vocation économique d’autre part. Deux explications peuvent
être avancées à ce propos :
 Une première cause relève d’un facteur interne. Jusqu’en 1998, la
politique régionale de soutien au cinéma et à la filière audiovisuelle
était administrée par la direction en charge des entreprises et de
l’animation économique. Cela amenait logiquement à privilégier la
dimension économique sur la dimension culturelle, sachant que
l’intervention du Conseil Régional d’Aquitaine en faveur de ce secteur a
fait preuve de précocité et remonte au milieu des années 80.
 Une deuxième explication résulte de facteurs externes et dont le
caractère conjoncturel ou l’actualité ne saurait masquer une
interrogation plus structurelle. Il s’agit de la crise ouverte concernant le
financement de la production cinématographique et audiovisuelle en
France, sur fond de délocalisations et de concurrence d’autres pays
européens, accentuée par le contexte de réforme du régime de
l’intermittence. Ces circonstances influent incontestablement sur les
interprétations actuelles des priorités régionales en faveur de cette
filière. Au delà des arguments soulignant la dimension culturelle des
activités cinématographiques et audiovisuelles, elles confèrent une
prégnance accrue à la problématique ou aux préoccupations de nature
économique qui agitent ce secteur et, par là même, aux politiques
publiques qui l’intéressent.
De façon plus détaillée, les objectifs généraux de la politique régionale
en direction de l’audiovisuel et du cinéma sont déclinés dans plusieurs
axes d’intervention, que l’on ne peut pour autant assimiler
uniformément à des objectifs spécifiques. Il s’agit en effet tantôt
d’objectifs ou d’orientations, tantôt de mesures ou d’actions
particulières.
En matière de promotion d’un cinéma de qualité, cela recouvre :
 le soutien apporté aux manifestations audiovisuelles ou
cinématographiques,
 l’appui à des initiatives culturelles alliant le cinéma à d’autres
formes d’expression artistique,
 une diffusion sur l’ensemble du territoire aquitain.
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En matière d’aménagement culturel du territoire :
 l’aide à la création ou à la réhabilitation de salles d’exploitation
cinématographique de proximité, améliorant les conditions
d’animation et de diffusion du cinéma,
 un accompagnement qualitatif aux salles répondant à un objectif
de service culturel d’intérêt public, avec mise en place de mesures
de soutien à l’animation des salles de proximité,
 des mesures d’exonération de la taxe professionnelle.
En matière d’éducation à l’image :
 la poursuite de l’opération « Lycéens au cinéma »
 la création d’un Pôle régional d’éducation au cinéma et à
l’audiovisuel, dont la mise en œuvre est confiée à l’Association du
cinéma Jean Eustache à Pessac.
En matière de soutien aux industries de l’audiovisuel, l’objectif vise au
développement du secteur de la production et de toutes les techniques
audiovisuelles et cinématographiques en région, notamment :
 en favorisant la création cinématographique et audiovisuelle et les
productions en région (fonds de soutien),
 en développant la formation des professionnels (avec un accent
particulier sur la formation à l’écriture de scénario).
Ces orientations ont pu être plus précisément exprimées au travers de
certaines conventions, notamment celle liant la Région à son outil technique,
l’association Aquitaine Image Cinéma (cf. infra).
Par conséquent, dès ce stade de l’évaluation, l’examen des objectifs de la
politique régionale révèle :



L’affichage d’objectifs généraux, assorti d’une interprétation variable
des priorités sous le double effet d’un héritage interne et de contraintes
externes.
Une formulation insuffisamment précise d’objectifs spécifiques (sinon
quantifiés) et surtout l’absence d’indicateurs de résultats.
Une relative confusion au niveau des orientations ou des axes
d’intervention, combinant à la fois quelques objectifs spécifiques et des
mesures ou actions particulières.
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Au delà de cette analyse particulière et à partir des éléments d’information
intéressant les interventions d’autres Conseil Régionaux5, il est possible
d’identifier cinq grandes catégories d’objectifs :





Développement et création culturels
Développement économique et d’une filière audiovisuelle
Emploi et accès aux services culturels (réponse sociale)
Aménagement du territoire
Notoriété et image
De manière plus ou moins explicite, la plupart des régions, de plus en plus
nombreuses, impliquées dans le soutien au cinéma et à l’audiovisuel, ont fait
le choix d’une approche intégrée, à savoir celui d’une prise en compte de ces
diverses catégories d’enjeux ou d’objectifs. Seul le dernier est beaucoup plus
rarement mentionné ou exprimé, même s’il constitue indéniablement un
élément non négligeable du positionnement de telle ou telle collectivité en
faveur de cette filière. En tout état de cause, il serait presque illusoire
d’évacuer ce type d’objectif dans la mesure où il correspond à un des
éléments constitutifs d’une filière en prise directe avec le milieu des médias et
de la communication. Plus on s’efforce de masquer ou d’écarter cet objectif,
autrement dit en ne le structurant pas ou en ne le formalisant pas, plus il offre
prise à des dérives difficiles à contrôler (résultat de ce que l’on pourrait
qualifier péjorativement d’un effet « paillettes »).
Ainsi, il apparaît de façon assez nette que les objectifs poursuivis par les
régions en matière d’audiovisuel et de cinéma sont multiples. L’Aquitaine
n’échappe pas à ce constat. Ces différents objectifs ne sont pas forcément
antinomiques ou contradictoires et peuvent se compléter. Toutefois, la priorité
accordée à tel ou tel objectif plutôt qu’à tel autre recouvre des réalités
différentes ou en tous les cas des options stratégiques et techniques
distinctes (ne serait-ce que sur les catégories d’œuvres soutenues par
exemple). Ces aspects seront détaillés dans le chapitre 3 consacré aux
propositions d’ajustement.
5
Cf. à ce propos le compte rendu du colloque organisé par le Conseil Régional d’Aquitaine et
l’AIC avec l’appui du Centre National de la Cinématographie le 9 octobre 2003 à Bordeaux,
marqué par les témoignages de représentants des régions Bretagne, Centre, ChampagneArdennes, Haute-Normandie, Ile-de-France, Midi-Pyrénées, Nord-Pas-de-Calais, ProvenceAlpes-Côte d’Azur et Rhône-Alpes
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2.1.2 Organisation, outils et ressources : dualité ou
complémentarité ?
L’organisation du dispositif aquitain d’intervention en matière
cinématographique et audiovisuelle s’appuie sur deux composantes : un
service rattaché à la direction de la culture du Conseil Régional d’une part et
une association, Aquitaine Image Cinéma, d’autre part.
Un service dédié
La direction de la culture du Conseil Régional d’Aquitaine est rattachée au
pôle « Education-Culture-Jeunesse-Sport-Solidarité ». Elle comprend 22
agents. Deux d’entre eux sont spécifiquement affectés au secteur de
l’audiovisuel et du cinéma. A ceux-ci, on peut rattacher également un agent
chargé des équipements culturels (sur le volet rénovation des salles de
cinéma) et un en charge des manifestations (festivals). Le rôle principal du
service « cinéma-audiovisuel » est d’instruire les dossiers de demande de
financement dans les différents domaines d’intervention de la Région en
faveur du secteur cinématographique et audiovisuel. Il intervient dans la
gestion de certains partenariats établis avec l’Etat (CNC et DRAC Aquitaine)
et les collectivités infra-régionales (départements, collectivités locales). Il
contribue à la définition des orientations de la politique régionale dans ce
domaine.
Il est important de noter que certains volets intéressant le développement
régional du secteur cinématographique et audiovisuel peuvent relever
d’autres domaines d’intervention du Conseil Régional et donc d’autres
directions ou services. C’est notamment le cas en matière de formation
professionnelle. La coordination avec d’autres services peut également
s’imposer pour certaines opérations spécifiques (exemple des ciné-sites, en
articulation avec la politique conduite en matière de patrimoine régional).
Un outil spécifique : l’agence Aquitaine Image Cinéma
Aquitaine Image Cinéma (AIC) est une association créée en 1998 par le
Conseil Régional d’Aquitaine dans le cadre de la mise en œuvre de sa
politique en faveur de l’audiovisuel et du cinéma. Elle prolonge de façon plus
spécifique l’action conduite durant les années antérieures par l’agence
Aquitaine Nouvelles Communications.
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Cette association, qui emploie une demi-douzaine de salariés, est liée au
Conseil Régional par une convention d’objectifs pluriannuelle et par des
conventions d’exécution annuelles.
L’objet de cette association est de contribuer aux axes définis par la Région
en matière cinématographique et audiovisuelle, précisés en ces termes dans
la convention pluriannuelle couvrant la période 2003-2005 :
 Favoriser l’écriture, la création et la production audiovisuelle et
cinématographique en s’appuyant sur le dispositif du fonds de
soutien régional,
 Développer la production et le tournage de films afin de consolider
la filière régionale de l’audiovisuel et d’attirer des réalisateurs
nationaux et internationaux ainsi que de nouvelles entreprises,
 Assurer les ressources humaines et techniques nécessaires au
développement du secteur, en impulsant des actions de formation
et en développant des infrastructures,
 Contribuer à un maillage territorial équilibré en soutenant la
création et la modernisation de salles de cinéma développant un
projet culturel,
 Accompagner la diffusion des œuvres et soutenir des actions
d’animation (festivals, actions culturelles),
 Favoriser l’éducation à l’image dans le cadre du Pôle régional
d’éducation au cinéma et à l’audiovisuel.
Dans ce cadre, les missions dévolues à l’AIC sont de deux natures : assurer
une fonction d’ingénierie et de centre de ressources, afin de contribuer au
développement culturel du territoire aquitain d’une part, renforcer le
partenariat avec les acteurs culturels sur le territoire, avec les différentes
institutions qui les soutiennent et les autres agences culturelles du Conseil
Régional d’Aquitaine6 d’autre part. De façon plus précise, ces missions se
déclinent de la façon suivante :
 Mission d’ingénierie
Celle-ci porte sur trois axes de mobilisation :
Une expertise technique des projets examinés dans le cadre des
règles d’attribution du fonds régional de soutien à la création et à la
production audiovisuelle.
6
Association Régionale de Promotion de l’Edition et du Livre, Office Artistique de la Région
Aquitaine, Fonds Régional d’Art Contemporain notamment.
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A cet effet, l’AIC anime un comité de lecture consultatif, auquel sont
soumis les projets de création et de production et qui émet un avis
artistique. Ce comité de lecture se réunit 4 à 5 fois par an.
Actuellement présidé par Claude CHABROL, il est composé d’une
douzaine de membres, tous professionnels de la culture et des médias
(3 réalisateurs scénaristes, 3 journalistes, 3 universitaires, 3 autres
dirigeants de structures culturelles). En 2003, ce comité a examiné
près de 140 projets, tous types d’œuvres confondus.
L’accompagnement des projets audiovisuels, qui recouvre le
soutien à l’écriture de scénarios, le soutien à la diffusion d’œuvres de
professionnels aquitains ou d’œuvres tournées en Aquitaine et le
montage de partenariats avec des producteurs audiovisuels.
Enfin, la fonction de centre de ressources concerne plus précisément
l’accueil de tournages (via une commission régionale du film, Aquitaine
Tournages), et l’information des acteurs du secteur audiovisuel.
 Mission d’animation
Celle-ci comporte également trois volets particuliers.
Il s’agit d’une part de l’organisation de rencontres professionnelles
et de l’action internationale, incluant la recherche de partenariats
dans le cadre d’accords de coopération internationaux ou
transfrontaliers et l’accueil en région de professionnels étrangers.
D’autre part, l’AIC a pour mission de contribuer au programme
régional d’éducation au cinéma et à l’audiovisuel, en jouant un rôle
de conseil et d’assistance lors de la mise en œuvre de projets ou dans
le cadre d’une coopération avec le Pôle régional d’éducation au
cinéma et à l’audiovisuel.
Enfin, l’AIC participe à la réflexion prospective sur la politique
régionale en matière de cinéma et d’audiovisuel, en élaborant des
propositions relatives à l’évolution des modes de financement, aux
mutations de l’exploitation cinématographique. Elle peut en outre
participer à la mise en place de formations adaptées aux besoins du
secteur.
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Dans son règlement d’intervention initial de 1999, la Région définissait
ainsi les missions de l’AIC :
 Faire de l’Aquitaine un pôle d’attraction (dont conventions de
partenariats, tournages …)
 Bâtir l’identité de l’Aquitaine (mise en valeur des ressources
régionales : compétences, entreprises, création)
 Contribuer à l’animation du territoire en faisant de l’AIC un lieu
fédérateur, d’accueil et de rencontre des professionnels, de
valorisation des festivals, en favorisant le cinéma de proximité
(dont projet camion-cinéma).
On peut donc noter là encore quelques glissements intervenus sur la durée
dans la définition du rôle et des missions de l’AIC. Certaines paraissent
justifiées par la prise en compte de réalités ou d’initiatives régionales nées
avec la mise en place de ce règlement d’intervention (exemple de l’abandon
du projet de camion-cinéma au profit de relations avec le réseau constitué
des cinémas de proximité par exemple). D’autres glissements semblent se
justifier avec moins d’évidence. Ainsi, le rôle de lieu fédérateur et de
rencontres professionnelle est moins mis en évidence dans les dernières
conventions : est-ce une volonté délibérée ou un oubli ? Le fait est aujourd’hui
que l’effacement relatif de cette mission entretient manifestement un déficit de
dialogue avec les professionnels en région, structurés autour d’associations.
C’est une source de malentendus et de tensions, encore récemment
exprimés lors d’une assemblée générale de l’AIC.
Ainsi, la mise en œuvre de la politique régionale en direction du cinéma et
de l’audiovisuel repose essentiellement sur ces deux structures : le secteur
cinéma-audiovisuel de la direction de la culture du Conseil Régional d’une
part et l’association Aquitaine Image Cinéma d’autre part. Indépendamment
du fonctionnement propre à chacune de ces entités, leur bonne
articulation et la qualité de leurs relations constituent des facteurs clés
de bon fonctionnement du dispositif de soutien mis en place par le
Conseil Régional. A ceci, s’ajoutent le rôle particulier et la qualité des
rapports établis avec le Pôle régional d’éducation au cinéma et à l’audiovisuel
et avec les divers relais, institutionnels et professionnels, concernés en région
par le développement de ce secteur d’activités.
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2.1.3 Moyens budgétaires mobilisés
Le budget global consacré par le Conseil Régional d’Aquitaine en matière
culturelle est de 12,6 millions ¤ (base : budget primitif 2004), soit 1,7% de
l’ensemble du budget régional. Dans ce cadre, les moyens directement
budgétés en faveur du secteur du cinéma et de l’audiovisuel avoisinent 1,5
million ¤, soit environ 11% à 12% du budget culturel, dont 913 000 ¤ au titre
du fonds régional de soutien (incluant une dotation du Centre National de la
Cinématographie de 76 000 ¤) et 428 000 ¤ destinés au fonctionnement de
l’association Aquitaine Image Cinéma.
Les crédits alloués au fonds régional de soutien, qui correspond au cœur de
cet exercice d’évaluation, ont été nettement augmentés en 2002, passant de
610 000 ¤ en 2001 à 913 000 ¤ en 2002 (dont dotation CNC), soit une hausse
de +50%. Suite à une décision intervenue à la faveur du Budget
supplémentaire 2004, le montant du fonds de soutien régional a été porté à 1
million ¤ de crédits régionaux auxquels s’ajoutent des crédits du compte de
soutien du CNC (76 000 ¤), abondés à partir de 2004/2005 par une
participation supplémentaire de 1 ¤ CNC pour 2 ¤ de la Région.
Année
Dotation budgétaire au fonds de soutien* (en ¤)
(Source : budgets primitifs)
2000
2001
2002
2003
2004
590 740
765 447
913 000
913 000
913 000
(BS : + 163 000 ¤)
* dont dotation du Centre National de la Cinématographie de 76 000 ¤ jusqu’en 2004
Le fonctionnement de l’association Aquitaine Image Cinéma a mobilisé plus
de 1,8 million ¤ entre 2000 et 2004 (incluse). Une convention pluriannuelle lie
l’AIC au Conseil Régional d’Aquitaine pour les années 2003 à 2005, avec une
dotation annuelle de 390 k¤.
La Région intervient parallèlement de façon significative en faveur de
festivals et de manifestations intéressant le cinéma et l’audiovisuel (une
quarantaine d’événements répertoriés, dont une vingtaine bénéficiant de
l’aide du Conseil Régional). Le Conseil Régional d’Aquitaine peut également
intervenir en matière d’aménagement culturel du territoire, s’agissant en
l’occurrence de la création ou de la rénovation de salles de cinéma de
proximité remplissant une mission de service culturel d’intérêt public.
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La Région mobilise des moyens d’intervention en matière de formation
professionnelle, d’organisation et d’animation de réseaux professionnels
intéressant les métiers du cinéma et de l’audiovisuel.
Aujourd’hui, environ une vingtaine de régions françaises sont impliquées
dans l’aide en direction de l’audiovisuel et du cinéma. En 2003, les aides
octroyées par les collectivités territoriales à cette filière ont totalisé près de 30
millions ¤ dont 95% provenant des Conseils Régionaux. Ce volume
d’intervention a plus que doublé depuis 2001 (en grande partie du fait de
l’accentuation de l’investissement du Conseil Régional d’Ile-de-France).
Actuellement, la Région Aquitaine se situe parmi les régions
«intermédiaires » en termes de mobilisation budgétaire, mais assez loin
derrière les régions leaders que sont l’Ile-de-France (11 millions ¤ en 2003 et
15 millions ¤ en 2004, ce budget ayant quasiment triplé depuis 2001), RhôneAlpes (4,5 millions ¤) et, dans une moindre mesure, Poitou-Charentes (3,8
millions ¤ dont la moitié consacrés aux films d’animation) et Provence-AlpesCôte d’Azur (2,2 millions ¤).
Du strict point de vue des moyens mobilisés, l’Aquitaine se place donc en
position médiane eu égard à l’effort consenti par l’ensemble des régions
françaises.
Ce simple éclairage budgétaire ne fournit qu’une indication de portée très
générale et ne saurait à lui seul constituer un critère d’évaluation
suffisamment pertinent pour juger de l’efficacité du soutien apporté par la
Région Aquitaine en faveur du cinéma et de l’audiovisuel. Il constitue
néanmoins un indicateur utile sur l’intensité de l’effort particulier du
Conseil Régional en direction de ce secteur et au regard des autres domaines
relevant de son champ d’intervention.
2.2 Données de cadrage sur la filière cinéma et
audiovisuel en Aquitaine
L’objet de cette étude n’est pas de dresser un panorama complet ni une
analyse approfondie de ce secteur au niveau régional. Toutefois, il est apparu
indispensable d’éclairer la portée de l’intervention régionale de quelques
points de repère à partir de données disponibles aux niveaux national et
régional. Ces éléments font partie de la « toile de fond » de la politique
publique, tout autant que les éléments de contexte qui seront présentés plus
loin (cf. chapitre 2.5).
CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL D’AQUITAINE
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Il importe à ce stade de fournir quelques clés de compréhension sur les
différents éléments de la chaîne qui structurent la filière cinématographique et
audiovisuelle. De façon aussi simple et schématique que possible :
En amont, l’écriture et les auteurs.
Avant d’être transformée en images, une œuvre cinématographique ou
audiovisuelle doit être écrite puis scénarisée, c’est-à-dire adaptée à l’écran.
C’est le domaine des auteurs, des écrivains et des scénaristes. Ces derniers
peuvent travailler sur commande ou en sous-traitance.
C’est notamment le cas pour la production d’œuvres de fictions TV. Un seul
genre échappe plus ou moins à cette phase, c’est celui de la captation de
spectacle vivant.
Au cœur, la production.
La production d’une œuvre cinématographique et télévisuelle est un vaste
chantier d’assemblage, qui mobilisent des sociétés de production (dont des
sociétés de production déléguée, c’est-à-dire ayant la maîtrise complète de
l’organisation de la production, ou de production exécutive, c’est-à-dire en
situation de dépendance par rapport aux conditions d’organisation des
productions), des sociétés prestataires de services (location de matériel
spécialisé par exemple) et font intervenir une très grande variété de métiers
et de prestataires : artistes et comédiens, figurants, réalisateurs, opérateurs,
ouvriers et techniciens, responsables de production … La nomenclature des
fonctions des activités de cinéma et de télévision figurant à l’annexe 8 de la
nouvelle convention ASSEDIC ne recense pas loin de 150 métiers, hormis
ceux relevant de l’interprétation. D’autres encore sont spécifiques à certaines
catégories de production (animation par exemple).
En aval, la diffusion
C’est notamment le terrain des distributeurs et des exploitants. Le secteur
de la distribution cinématographique est marqué par la présence de gros
opérateurs tels que UFD (filiale d’UGC Distribution), Warner Bros., Pathé
Distribution, Columbia Tristar, GBVI… Les exploitants sont les gestionnaires
du réseau de salles de cinéma (UGC, Gaumont, CGR …). On peut aussi
classer dans cette catégorie les chaînes de télévision, qui jouent un rôle
déterminant dans l’économie et le fonctionnement de cette filière (TF1, Canal
Plus, France 2, France 3… mais aussi les chaînes locales et thématiques du
câble et du satellite). Elles opèrent souvent en tant que donneurs d’ordre visà-vis des sociétés de production audiovisuelles. Enfin, dans ce même
domaine, il faut également souligner le poids croissant des éditeurs vidéo,
avec le développement des nouveaux supports et médias (dont Internet).
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2.2.1 La production cinématographique et audiovisuelle en
région : une grande fragilité structurelle
D’après les statistiques fournies par le CNC, le secteur
cinématographique et audiovisuel rassemblait 6 433 entreprises en
2000. Celles-ci occupaient 72 000 emplois (hors radio) et ont réalisé
un chiffre d’affaires de plus de 16 milliards ¤ cette même année.
Les entreprises de l’audiovisuel
et du cinéma de 1996 à 2000
Nombre d’entreprises
Valeur totale (en M¤)
dont :
chiffre d’affaires
Production immobilisée
Consommations intermédiaires
Valeur ajoutée
Frais de personnel
Excédent brut d’exploitation
Investissements corporels
Rémunérations totales
*Taux d’accroissement annuel moyen
Les entreprises de l’audiovisuel
et du cinéma en 2000 par soussecteurs
Nombre d’entreprises
Valeur totale (en M¤)
dont :
chiffre d’affaires
Production immobilisée
Consommations intermédiaires
Valeur ajoutée
Frais de personnel
Excédent brut d’exploitation
Investissements corporels
Emplois (en milliers)
1996
1997
1998
1999
2000
1996/2000
(%)*
+3,8
+9,3
5 533
12 117
5 679
13 121
6 111
14 582
6 660
15 703
6 433
17 305
11 101
954
7 459
4 658
2 425
2 239
490
1 634
12 183
894
8 178
4 943
2 621
2 221
654
nd
13 443
972
9 451
5 131
2 780
2 263
672
1 897
14 759
16 228
+10
927
1 062
+2,7
9 982
11 334
+11
5 721
5 971
+6,4
2 999
3 204
+7,2
2 513
2 560
+3,4
497
608
+5,5
nd
2 163
+7,3
Source : INSEE-DDM-CNC, 2002
TV hertzienne
TV thématiques
et locales
Ensembliers
câble et satellite
Production
cinéma
Production TV
9
5 921
104
1 157
110
1 565
882
1 177
1 094
1 975
5 919
3 793
2 128
933
938
94
1 155
2
880
277
175
144
23
1 533
31
1 603
-38
118
-165
194
nd
17
CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL D’AQUITAINE
873
1 413
302
562
530
970
647
1 006
229
516
423
532
12
32
7
23
Source : INSEE-DDM-CNC, 2002
Page 56
EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE
SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL
Les entreprises de l’audiovisuel
et du cinéma en 2000 par soussecteurs
Nombre d’entreprises
Valeur totale (en M¤)
dont :
chiffre d’affaires
Production immobilisée
Consommations intermédiaires
Valeur ajoutée
Frais de personnel
Excédent brut d’exploitation
Investissements corporels
Emplois (en milliers)
Production de
commande (films
publicitaires et
institutionnels)
1 711
894
Prestations
techniques
Distribution
Exploitation
Edition vidéo
1 048
1 378
315
1 369
793
1 007
367
861
858
36
510
384
283
97
19
6
1 329
43
666
712
575
113
93
9
1 342
27
1 063
306
104
201
5
1
950
857
56
3
648
672
359
189
217
53
148
129
133
3
7
2
Source : INSEE-DDM-CNC, 2002
En 2000, la valeur totale de la production de programmes a atteint 4
milliards ¤, dont 49% relevant de la production télévisuelle, 29% de la
production cinématographique et 22% de la production de commande.
Les données disponibles pour l’Aquitaine sont moins détaillées. Toutefois,
les informations recueillies dans le cadre de ce travail permettent de cerner
plus précisément ce champ d’activité en région.
Le nombre d’établissements intervenant dans la production audiovisuelle en
Aquitaine était, au sens large, de 278. Parmi ceux-ci, plus de la moitié
exercent à titre principal dans le champ des activités directement liées à la
production, à savoir la production de films pour la télévision (24), la
production de commande (films publicitaires et institutionnels : 77), la
production de films pour le cinéma (22), les prestations techniques pour le
cinéma et la télévision (21) et la production de programmes de télévision (4).
Une centaine d’autres structures ont été identifiées, intervenant de façon
régulière mais non à titre principal dans l’une ou l’autre de ces activités. Plus
de 80% de ces établissements sont sous statut sociétaire et 15% sous statut
associatif. Près de 60% des établissements sont localisés en Gironde et 20%
dans les Pyrénées Atlantiques. Si l’on englobe l’ensemble des établissements
intervenant dans la filière (dont exploitation cinématographique et services
annexes aux spectacles notamment), ce sont au total 650 établissements qui
représentent le secteur de l’audiovisuel et du cinéma en Aquitaine.7
7
Sources : enquête AVEC/Movida Conseil de mars 2004 et étude sur les métiers et besoins en
formation dans les métiers du cinéma et de la télévision en Aquitaine – AREPA, juillet 2002
CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL D’AQUITAINE
Page 57
EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE
SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL
De façon plus précise, on peut considérer que le cœur des entreprises
relevant de cette étude porte sur 65 entités répertoriées dans la production
télévisuelle, cinématographique et prestataires techniques en région.
En termes d’emploi, l’ensemble du champ des 650 entreprises de la filière
cinématographique et audiovisuelle emploie environ 3 000 salariés. Si l’on se
réfère au fichier des demandeurs d’emploi de l’ANPE Spectacle, on recensait
en 2003 environ 6 400 demandeurs dans les métiers du spectacle. Sur ce
total, environ un millier relevait des métiers de l’audiovisuel. Au 31 décembre
2002, l’ASSEDIC Aquitaine recensait 355 intermittents du spectacle relevant
de l’annexe VIII (ouvriers et techniciens de la production cinématographique
et audiovisuelle) sur un total de 2 574 allocataires indemnisés au titre des
annexes VIII et X couvrant les métiers du spectacle au niveau régional.
Le tissu des entreprises de production cinématographique et audiovisuelle
en Aquitaine est essentiellement composé de TPE. L’association
« Produire en Aquitaine » regroupe 26 de ces entreprises de production
régionales, essentiellement positionnées sur le documentaire et dont
seulement 7 à 8 dotées de structures indépendantes de production avec prise
de vue et montage, une demi-douzaine d’entre elles ayant bénéficié du
soutien du Compte de Soutien aux Industries de Programmes (COSIP) en
2003. Très peu d’entreprises de production régionales interviennent dans la
production d’œuvres de long métrage (cinéma et fictions), mais il serait
erroné de dire qu’il n’en existe aucune (exemples : Atlan Films, Jack Fébus
…). Une enquête menée en 2001 auprès des adhérents8 de « Produire en
Aquitaine » a révélé que le chiffre d’affaires généré avait atteint près de 3
millions ¤ en 2000 pour une masse salariale de 525 000 ¤. Ces entreprises
employaient une dizaine de salariés permanents mais leur activité a concerné
une centaine de personnes. Cela témoigne de l’importance du recours aux
salariés intermittents pour ces sociétés. A titre également indicatif, le volume
de programmes audiovisuels produit en région et aidé par le COSIP a atteint
867 heures en 2003, dont seulement 24 heures pour les œuvres produites
par des sociétés aquitaines. Ces derniers éléments seront analysés plus en
détail dans la partie « évaluation » de l’étude.
8
Données établies sur une quinzaine d’entreprises ayant répondu à l’enquête
CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL D’AQUITAINE
Page 58
EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE
SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL
2.2.2 Consommations et pratiques culturelles en matière d’audiovisuel
et de cinéma
Ces éléments de référence peuvent paraître relativement secondaires par
rapport à l’objet central de cette étude. Néanmoins, il est apparu utile de
prendre en compte la diffusion parmi les critères d’évaluation de la politique
régionale de soutien à la production cinématographique et audiovisuelle, sauf
à considérer a priori que la Région finance la production d’œuvres destinées
à ne pas être vues ou diffusées. Le parti pris retenu ici est volontairement à
l’opposé.
En 2003, l’ensemble des ménages français a dépensé 7,6 milliards ¤ en
programmes audiovisuels. Cela recouvre :
 Le paiement de la redevance audiovisuelle (1,6 milliard ¤, soit
21%),
 Les abonnements (canal Plus, câble et satellite) pour 2,8
milliards ¤ (soit 37%),
 Les achats et locations de vidéogrammes (2,2 milliards ¤, soit
29%),
 Les entrées au cinéma (1 milliard ¤, soit 13%).
Fréquentation des salles de cinéma et profils des spectateurs
En 2002, les quelque 5 280 salles de cinéma actives réparties sur le
territoire français ont enregistré 184,5 millions d’entrées, lesquelles ont
généré plus d’un milliard ¤ de recettes guichets. Les 317 salles proposées sur
le territoire aquitain ont quant à elles totalisé 9 millions d’entrées, pour un
volume de recettes guichets de 44,3 millions ¤. L’Aquitaine se situe au 5ème
rang des régions françaises en termes d’entrées dans les salles. Chaque
aquitain a fréquenté au moins 3,1 fois une salle de cinéma dans l’année. Cet
indice de fréquentation est relativement élevé et place la région au 4ème rang
des régions françaises.
Le public des cinémas aquitains présentent quelques caractéristiques :
 Une plus forte proportion de cinéphiles ou « d’assidus » (5,3%
contre 3,8% au plan national),
 Un public plus masculin (59% d’hommes contre 50% de femmes)
et âgé (les plus de 50 ans représentent ici 33% du public contre
seulement 24% au plan national), mais aussi une surreprésentation des 20-35 ans (33% contre 25%),
CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL D’AQUITAINE
Page 59
EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE
SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL
 Davantage d’actifs et de cadres, bien qu’étudiants et ouvriers
restent les deux principales clientèles des cinémas en Aquitaine,
 Une forte proportion de spectateurs vivant en zones rurales (30%
contre 20%).
En termes de pratiques (programmation et résultats de films), le public
cinématographique du grand Sud-Ouest ne présente pas de particularité
majeure par rapport à l’ensemble du public français. A savoir, les films
américains ont réalisé en 2002 près de la moitié des entrées (48,5%), les
films français un peu plus du tiers (37%), 8% pour les films européens et 7%
pour les autres films. Ces scores témoignent, pour l’année considérée, d’une
appréciation légèrement plus favorable des films français et des « autres
films » offerts à la curiosité des publics de la zone Sud-Ouest.
La fréquentation des cinémas est plutôt hivernale : plus de la moitié des
entrées (55%) sont enregistrées entre les mois de décembre et février. Le
cinéma est également un loisir de fin de semaine (42% des entrées le weekend).
A titre indicatif, plus de 513 films ont été distribués en 2003 en première
exclusivité (nouveaux films) au public français, dont 43% de films français,
31% de films américains, 14% de films européens et 12%de films venant
d’ailleurs.
Les téléspectateurs
En 2003, chaque français a passé en moyenne 3H22 chaque jour devant
son téléviseur. Ce sont les adultes actifs (35-59 ans) qui ont passé le plus de
temps en moyenne (3H27), contre 2H37 pour les jeunes adultes (15-34 ans)
et 2H23 pour les adolescents (11-14 ans). Plus précisément, chaque
téléspectateur a regardé en moyenne 1041 H de programmes sur les chaînes
hertziennes en clair (TF1, France 2, France 3, M6, Arte, France 5), dont 66H
pour les films de cinéma (6,3%) et 242H pour les fictions télé (23,2%).
TF1 arrive nettement en tête des taux d’audience avec une part de 31,5%
auprès des individus de 4 ans et plus, suivie de France 2 (20,6%) et de
France 3 (16,1%). Les chaînes thématiques captent près de 11% de
l’audience de l’ensemble des foyers équipés de téléviseurs en 2003.
Près de 14 millions d’individus reçoivent actuellement les chaînes
thématiques (24% de la population totale) et 4,3 millions de foyers sont
abonnés au satellite (CanalSatellite, TPS).
CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL D’AQUITAINE
Page 60
EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE
SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL
Parallèlement, 8,8 millions de foyers sont raccordés au câble, dont 3,5
millions abonnés à un service de télévision. La part d’audience des chaînes
hertziennes nationales sur le câble et le satellite représente les deux tiers, le
tiers restant bénéficiant aux chaînes thématiques (RTL9 en tête devant
Eurosport et Canal J). Les jeunes constituent un public privilégié des chaînes
thématiques.
Environ le tiers de l’offre télévisuelle des chaînes hertziennes est composé
de magazines et documentaires, lesquels représentent en moyenne 20% de
l’audience. Les fictions TV occupent près de 18% de la programmation mais
réalisent près du quart de l’audience. Les œuvres cinématographiques ne
représentent que 5% de la programmation et un peu plus de 6% de
l’audience de ces chaînes.
L’essor de la vidéo
Au plan national, on estime que le taux d’équipement en lecteurs DVD
(toutes technologies confondues) a atteint près de 42% des foyers en 2003,
ce qui place la France au 3ème rang des pays européens. Selon les
informations publiées par le Syndicat des Editeurs Vidéo, le parc des
appareils VHS atteignait 19 millions d’unités et celui des lecteurs DVD 10,5
millions d’unités. L’essor de l’équipement des ménages est lié à la baisse du
prix des équipements et des supports (DVD, cassette vidéo). En 2003, plus
de 90 millions de supports VHS (23 millions) et DVD (68 millions) ont été
vendus en France, générant un chiffre d’affaires pour les éditeurs vidéo de
près de 1,6 milliard ¤.
Les français possesseurs d’un magnétoscope sont relativement plus âgés,
moins équipés que l’ensemble de la population en biens multimédia et
fréquentent peu le cinéma. Ceux qui possèdent à la fois un magnétoscope et
un lecteur DVD sont relativement plus jeunes, vivent plutôt dans des foyers
de 3 personnes et plus et sont multi-équipés en biens audiovisuels,
informatiques ou en termes d’accès à Internet à domicile. Ils fréquentent
davantage le cinéma que la moyenne. Les possesseurs exclusifs d’un lecteur
vidéo (5% de la population) sont plutôt jeunes (18-34 ans) et vivent dans des
foyers de 3 ou 4 personnes. Ces jeunes foyers sont dans la moyenne
d’équipement en biens audiovisuels et informatiques et sont également dans
la moyenne de fréquentation du cinéma.
Près de la moitié des foyers vidéo ne fréquente pas le cinéma. 35% sont
des occasionnels et 16% des habitués (au moins une fois par mois).
CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL D’AQUITAINE
Page 61
EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE
SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL
Les motivations des consommateurs de supports vidéo sont diverses.
Collectionner
40%
Achat
41%
Un film de répertoire ou ancien
Location
43%
52%
Revoir un film déjà vu
65%
91%
Jamais vu
72%
Une nouveauté (< 1 an)
Un film assez récent (< 10 ans)
0%
90%
75%
80%
10%
20%
30%
40%
50%
60%
70%
80%
Source : GfK France/ISL/CNC
Elles différent également selon les habitudes de fréquentation des salles du
cinéma.
Motivations d’achat (en %)
Voir un film jamais vu
Revoir un film
Collectionner
Parce que nouveauté
Parce qu’assez récent
Parce que répertoire
Habitués
Occasionnels
61
75
40
75
76
50
71
68
42
71
83
42
Non
spectateurs
80
58
38
78
79
41
Les possesseurs d’un lecteur DVD sont pour un tiers des acheteurs
réguliers de supports (au moins une fois par mois) et un tiers sont des
acheteurs occasionnels (un achat par trimestre ou par an). Les trois quarts
achètent des DVD à l’unité, notamment dans les hypermarchés et
supermarchés ou bien en grandes surfaces spécialisées.
CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL D’AQUITAINE
Page 62
90%
92%
100%
EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE
SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL
Environ 12% des possesseurs de DVD (22% pour les possesseurs exclusifs
de DVD) sont des loueurs assidus de DVD (au moins une fois par semaine).
Un tiers d’entre eux louent plus d’un DVD à la fois et 40% des DVD loués le
sont via un distributeur automatique.
L’impact du DVD sur la fréquentation cinématographique n’est pas
négligeable puisque plus d’un quart des possesseurs d’un lecteur DVD
déclare moins fréquenter les salles de cinéma depuis l’acquisition de leur
matériel. Il est plus limité sur la TV payante (de l’ordre de 7%).
IMPACT DU DVD SUR LA FREQUENTATION DU
CINEMA
8%
100%
80%
3%
6%
13%
15%
28%
27%
32%
60%
75%
40%
62%
65%
55%
20%
0%
2%
Possesseurs de
DVD
7%
"Habitués"
cinéma
1%
Occasionnels
cinéma
Non spectateurs
Plus souvent qu’avant
Autant qu’avant
Moins qu’avant
Le foyer vient juste de s’équiper
CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL D’AQUITAINE
Page 63
EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE
SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL
2.3 Impacts et perceptions de la politique régionale de
soutien en faveur du cinéma et de l’audiovisuel
Les éléments présentés dans ce chapitre constituent une synthèse des
informations quantitatives et qualitatives issues de l’enquête confiée aux
consultants (AVEC / Movida Conseil) d’une part et d’autre part recueillies soit
par la Commission lors de ses auditions soit lors d’entretiens
complémentaires auprès de sociétés de production et prestataires domiciliés
ou non en Aquitaine. Ils portent exclusivement sur la mobilisation du fonds
régional de soutien au cinéma et à l’audiovisuel (913 000 ¤ base Budget
Primitif 2004, porté à plus de 1 million ¤ avec le Budget supplémentaire
2004).
Conformément au cahier des charges de l’étude, il convient de distinguer à
ce niveau les œuvres aidées produites par des sociétés de production extrarégionales (longs métrages de cinéma, fictions et séries TV) du soutien
apporté à des œuvres produites par des sociétés (ou associations) régionales
(documentaires et courts métrages notamment). Pour chaque grande
catégorie d’œuvre, les indications relatives aux retombées des aides (selon
disponibilité des informations recueillies), à leur perception et à leur mise en
œuvre ont été prises en compte (cf. également plus haut chapitre 1
« Interprétation de la commande et méthode de traitement de l’évaluation »).
2.3.1 – Longs métrages cinéma, fictions et séries TV
L’intégration de ces différents genres en une seule catégorie d’analyse se
justifie du fait de l’intégration accrue des opérateurs et de la perméabilité
croissante des acteurs et réalisateurs entre ces diverses productions. Dans
ce domaine, l’aide actuelle du fonds régional de soutien à la création et à la
production audiovisuelle intervient à plusieurs niveaux :



Aide à l’écriture, d’un montant plafonné à 7 622 ¤ pour le long métrage,
sous réserve que le projet soit majoritairement tourné en Aquitaine ou qu’il
permette de mettre la région particulièrement en valeur. Le projet
d’écriture doit être porté par une société et/ou un auteur domicilié ou non
en Aquitaine.
Aide au développement (préparation, repérages, casting, essais
techniques …), sur les mêmes bases que l’aide à l’écriture.
Aide au pilote, d’un montant plafonné au tiers du budget et dans la limite
de 15 245 ¤, produit par une société domiciliée en Aquitaine (de fait, cette
aide ne peut s’appliquer a priori à un long métrage cinéma, fiction ou série
TV, en l’absence de producteurs régionaux positionnés sur ces segments
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Page 64
EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE
SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL
de production, exception faite de « filiales » en région de sociétés de
production nationales travaillant avec des chaînes TV).

Aide au premier ou deuxième long métrage, d’un montant plafonné à
45 735 ¤ (jusqu’en 2004), accessible en priorité à des auteurs ou
réalisateurs aquitains. Le projet doit être porté par une société de
production domiciliée ou non en Aquitaine (titulaire d’une autorisation du
CNC).
En contrepartie, les bénéficiaires (producteurs, auteurs) sont notamment
tenus de mentionner le soutien de la Région Aquitaine dans le générique des
œuvres et sur tous les supports promotionnels ou d’information, à céder les
droits non exclusifs d’utilisation non commerciale des œuvres, à transmettre
tous les justificatifs administratifs et financiers attestant de la bonne fin du
projet et du respect des critères d’intervention (copie vidéo, bilan financier,
copie de la bible de tournage …) et d’organiser en accord avec le Conseil
Régional et l’AIC une diffusion publique en région des œuvres aidées.
a) Approche longs métrages cinéma
La production annuelle moyenne française d’œuvres de long métrage
cinéma oscille entre 180 et 200 pour un chiffre d’affaires de 900 millions à 1
milliard ¤. Cela représente un millier de semaines de tournages sur le
territoire national (dont 900 en tournages extérieurs et 100 en studios) et
300 à 400 semaines de tournage à l’étranger. Sur cette catégorie d’œuvres,
l’AIC a enregistré 60 jours de tournage en 2003 (165 en 2002, 110 en 2001
et 72 en 2000). Ces chiffres ne concernent que les productions ayant fait
appel à une assistance de l’association AIC et, éventuellement, d’une aide
du fonds régional de soutien.
Sur la période comprise entre 2000 et 2004 (situation arrêtée à mai 2004),
les interventions du Conseil Régional d’Aquitaine ont mobilisé 505 000 ¤ en
faveur de la production d’une quinzaine d’œuvres de long métrage cinéma
(cf. liste dans tableau ci-après). A ceci, s’ajoutent les aides destinées à
l’écriture et au développement.
Sur la même période, la Région a apporté 145 000 ¤ d’aides à des auteurs
ou des producteurs pour l’écriture et le développement de longs métrages
de cinéma. Ce soutien a bénéficié entre 2000 et 2004 à plus d’une vingtaine
d’auteurs et producteurs aquitains et extérieurs (cf. tableau ci-après).
CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL
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Page 65
EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE
SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL
L’intervention de la Région Aquitaine en faveur de la production de longs
métrages de cinéma n’est pas nouvelle mais s’est accentuée depuis 1999,
notamment à partir de 2002 (relèvement du seuil et accroissement des
aides à l’écriture de scénarios).
AIDES A LA PRODUCTION CINEMATOGRAPHIQUE
Année
Titre de l’oeuvre
2004
Un ogre à ma table
Un an
Le monde vivant
Le cou de la girafe
Lascaux 17 000 ans
après
Nelly / A ce soir
La Fleur du Mal
Pas de repos pour les
braves (Rabalaïre)
A la folie pas du tout
Les derniers
Néanderthals
Carnages
Lokarri
Negro
Capitaine Fracasse
2003
2002
2001
2000
Bénéficiaire
Sté IDE PROD
Sté Noodles Prod.
MACT Prod.
TELEMA
Trans Europe
Films
Marie Amélie Prod.
MK2 Productions
Paulo Films
Montant de l’aide
(en ¤)
45 000 ¤
45 000 ¤
45 000 ¤
20 000 ¤
45 000 ¤
45 700 ¤
45 700 ¤
30 500 ¤
TELEMA
ZNORT
30 500 ¤
30 500 ¤
Sté Balthazar Prod.
Atlan Films
Océan Films
Lobster Films
30 500 ¤
30 500 ¤
30 500 ¤
30 500 ¤
Source : délibérations du Conseil Régional d’Aquitaine
AIDES A L’ECRITURE ET AU DEVELOPPEMENT
Année
2004
2003
Titre de l’oeuvre
Samuel Son a disparu
Les amitiés maléfiques
Je sais tout (*)
Rue de la paix
Chasse gardée
Les ourlets de Janine
Les irréductibles
La nasse
Quel cirque
Mon trésor
CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL
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Bénéficiaire
Association CCC
Sté 4 A 4 Prod.
Amour Fou Prod.
Alore Prod.
M. Loubeyre
M. Chignac
Magnificat Films
Mme Puga
M. Montagnac
Paulo films
M. Braun
Montant de l’aide
(en ¤)
5 000 ¤
7 600 ¤
5 000 ¤
5 000 ¤
5 000 ¤
7 620 ¤
7 620 ¤
7 620 ¤
7 620 ¤
5 000 ¤
Page 66
EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE
SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL
2002
2001
2000
La maison qui ne voulait
pas mourir
Le canal de Garonne
Hôtel particulier
Hautefaye, le crime des
braves gens
La mort aura tes yeux
Des crocos, des hyènes
et un chardonneret
Enlisés
J’ai les attaches fines
(Minima Moralia)
Sagrada Familia
L’homme papillon
Dix petits blêmes
Je t’aimerai jusqu’à la
haine
La manne
La nina
Le captif de la route
M. Darrigol
7 600 ¤
Sté Clairsud
Sté Cine Nomine
Les Films du Rêve
5 000 ¤
7 600 ¤
7 600 ¤
Sté Sésame films
M. Blancan
7 620 ¤
7 620 ¤
M. Le Nouvel
M. Tachou
4 000 ¤
7 620 ¤
Macadam Films
M. Gay
GTV
M. Pasquet
4 573 ¤
4 573 ¤
4 573 ¤
4 573 ¤
M. L’Homond
Mme Auché
M. Dabitch
3 811 ¤
4 573 ¤
1 524 ¤
(*) Nouveau titre « Merci maman, merci papa » ou « L’île aux enfants qui tuent »
A cela, il faudrait également ajouter le crédits destinés au prix Synopsis
d’adaptation d’un roman à l’écran attribué depuis 2001, soit 110 300 ¤
correspondant à une subvention à la revue Synopsis (87 600 ¤9) pour
l’organisation du prix aquitain et 22 700 ¤ destinés aux auteurs lauréats et à
l’adaptation à l’écran. Par ailleurs, depuis 1999, un partenariat associe la
Région à l’association Equinoxe pour l’organisation d’ateliers d’écriture de
scénarios (deux fois par an au château Beychevelle). Cette association
œuvre au plan international et bénéficie du soutien d’entreprises (Sony
Pictures Entertainment), de fondations, du plan Media de l’Union
Européenne et d’autres partenaires (CNC, Procirep…). Entre 1999 et 2003,
la Région a budgété 150 000 ¤ pour cette opération (la subvention 2003 de
35,8 k¤ a été annulée, faute d’organisation d’ateliers dans la région).
Au total, l’aide du Conseil Régional d’Aquitaine en faveur du cinéma a
donc mobilisé, en termes consolidés, près de 900 000 ¤ entre 2000 et
2004, dont 56% d’aides directes à la production.
9
En attente de décision : 22 800 ¤ pour l’année 2004
CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL
D’AQUITAINE
Page 67
EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE
SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL
L’analyse des impacts du soutien de la Région à la production
cinématographique amène à distinguer les impacts internes, c’est-à-dire les
impacts directs et indirects sur la filière d’une part, des impacts externes ou
effets induits d’autre part.
D’un point de vue strictement financier, les aides régionales n’ont joué qu’un
rôle modeste dans la localisation des tournages. Autrement dit, l’impact du
soutien régional dans le budget des œuvres soutenues est faible.
Année
Titre de l’oeuvre
2004
Un ogre à ma table
Un an
Le monde vivant
Le cou de la girafe
Lascaux 17 000 ans après
Nelly / A ce soir
La Fleur du Mal
Pas de repos pour les
braves (Rabalaïre)
A la folie pas du tout
Les derniers Néanderthals
Carnages
Lokarri
Negro
Capitaine Fracasse
2003
2002
2001
2000
Bénéficiaire
Sté IDE PROD
Sté Noodles Prod.
MACT Prod.
TELEMA
Trans Europe Films
Marie Amélie Prod.
MK2 Productions
Paulo Films
TELEMA
ZNORT
Sté Balthazar Prod.
Atlan Films
Océan Films
Lobster Films
Montant de
Budget global
% de l’aide //
l’aide (en ¤)
budget global
45 000 ¤
600 000
7,5 %
45 145 ¤
1 189 829
3,8%
45 000 ¤
401 335
11,2%
20 000 ¤
5 238 000
0,4%
45 000 ¤
794 600
5,7%
45 700 ¤
3 045 493
1,5%
45 700 ¤
6 845 151
0,7%
30 500 ¤
2 739 547
1,1%
30 500 ¤
30 500 ¤
30 500 ¤
30 500 ¤
30 500 ¤
30 500 ¤
5 993 791
1 132 385
3 163 110
566 264
1 143 436
142 600
Source : délibérations du Conseil Régional d’Aquitaine
Sur un budget prévisionnel global de 33 millions ¤ des productions de long
métrage cinéma aidées entre 2000 et 2004, le Conseil Régional a mobilisé
505 000 ¤ soit une contribution moyenne de 1,5% (388 ¤ / mn produite). A
quelques rares exceptions, le soutien financier ponctuel accordé aux
productions cinématographiques est donc peu significatif, même si certains
budgets sont réajustés à la baisse entre le prévisionnel fourni à la Région
au stade de la demande et les comptes définitifs de certaines productions10.
Les exceptions concernent d’une part l’aide accordée à la société Lobster
films en 2000, mais il s’agissait ici de la restauration d’un film muet de 1929
avec création d’une bande son mobilisant notamment des artistes
régionaux, d’autre part l’aide à MACT productions pour la réalisation du film
« Le monde vivant » classé plutôt moyen métrage.
10
Ainsi, le coût définitif du film « La fleur du mal » a été de 5,295 millions ¤ au lieu de 6,845
millions ¤.
CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL
D’AQUITAINE
Page 68
0,5%
2,7%
1%
5,4%
2,7%
21,4%
EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE
SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL
Un effet d’aubaine plus qu’un effet de levier
La mesure de l’effet de levier de l’aide régionale (1 ¤ région ayant généré
65 ¤ d’investissement) doit donc être interprétée avec beaucoup de
réserves. Plus que d’un effet de levier, les experts tendent plutôt à
considérer qu’il s’agit ici d’un « effet d’aubaine » :


aubaine pour le producteur qui prend l’aide puisqu’elle existe,
aubaine pour le territoire ou la région qui, par un effort somme
toute limité, peut s’associer à un projet.
Entre 2000 et 2003, le budget moyen des œuvres aidées a eu tendance à
s’accroître. Malgré l’augmentation de + 50% en 2002 du plafond de l’aide
régionale, celle-ci est restée très modeste dans le financement des films
soutenus.
Du point de vue des bénéficiaires, et du point de vue du financement, les
principales remarques formulées à ce niveau concernent la faiblesse de
l’aide régionale par rapport à d’autres régions11. Ainsi l’aide actuelle est
plafonnée à 45 000 ¤, alors que d’autres régions comparables (c’est-à-dire
hormis Rhône Alpes et Ile-de-France) affichent des seuils d’intervention deux
à trois fois plus élevés : 150 000 ¤ pour les régions Centre et PoitouCharentes, 76 000 ¤ en Pays de la Loire par exemple. En outre, il s’avère que
certains financements régionaux soient combinés à une mise de fonds
d’autres collectivités. C’est le cas en Alsace (avec la communauté urbaine de
Strasbourg) ou en Poitou-Charentes (avec les conseils généraux). Une autre
critique formulée par quelques producteurs aidés porte sur la modulation de
du versement du solde de l’aide régionale, déjà faible, en fonction de la
dépense réelle. Dans la mesure où celle–ci est inférieure au prévisionnel,
l’aide régionale est réduite d’autant. Cette pratique nuit à la nécessaire
prévisibilité et lisibilité de l’intervention régionale du point de vue des
producteurs.
De l’aveu même de ces derniers, l’attractivité de l’Aquitaine est moins liée à
l’aide apportée par le Conseil Régional qu’à la qualité de ses décors naturels :
grande diversité de paysages, caractère urbain et architectural de Bordeaux.
Un autre facteur tient aux liens historiques ou affectifs qui lient cette région à
certains producteurs.
11
Plus d’une vingtaine de collectivités territoriales interviennent dans le financement des longs
métrages en France (Source : Commission Nationale du Film France / CNC)
CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL
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Page 69
EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE
SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL
Ainsi, peut-on considérer que la plupart des films de long métrage cinéma
qui se sont tournés en Aquitaine l’auraient été avec ou sans l’appui
financier du Conseil Régional, celui-ci étant d’un niveau trop symbolique
pour prétendre orienter, d’une façon ou d’une autre, le choix du lieu de
tournage par les producteurs.
En témoigne, l’activité d’accueil de tournages de l’association Aquitaine
Image Cinéma, via la commission régionale du film Aquitaine Tournages, en
réponse aux demandes d’information et de facilitation formulées par les
sociétés productrices.
Année
2003
2002
2001
Longs métrages cinéma ayant bénéficié d’un accueil de tournage de l’AIC
(hors films soutenus en production par le Conseil Régional)
« Qui perd gagne » de Laurent Benegui (budget de 5,3 millions ¤)
Tournage à Biarritz
« Tout le monde » de Lionel Escama
« Bon voyage » de Jean-Paul Rappeneau (budget de 27,3 millions ¤)
Tournage à Bordeaux, Le Pyla, Rions, forêt des Landes
« Fanfan la Tulipe » de Gérard Krawczyk (budget de 21,7 millions ¤)
Tournage en Dordogne (dont Monpazier)
« Jeunes et beaux mais détraqués » d’Igor Sekulic (budget de 5,3 millions ¤)
Tournage à Bordeaux et en Dordogne (Rouffignac, Nantheuil)
« Un homme, un vrai » d’Arnaud et Jean-Marie Larrieu (budget de 3,1 millions ¤)
Tournage à Pau
« Dix petits blêmes » de Sarah Levy
« Un moment de bonheur » d’Antoine Santana
Tournage à Arcachon
« Ma femme s’appelle Maurice » de Jean-Parie Poiré (budget : 15,7 millions ¤)
Tournage à Bordeaux (cascades)
« Love baba » de Macha Méril
Tournage à Saint Jean de Luz
« Le Boulet » d’A. Berberian et de F. Forestier (budget : 24,15 millions ¤)
Tournage à Bordeaux
« Quelqu’un de bien » (budget de 9,9 millions ¤)
Tournage à Biarritz
« Femme fatale » de Brian de Palma
« Time Line » de la Warner Bros
« Samouraïs » de Giordano Gederlini (budget : 7,6 millions ¤)
« La demoiselle d’honneur » de Claude Chabrol
« Catch me if you can » de Steven Spielberg
« Le marquis noir » d’André Bonzel
« Fuis Bambi, fuis » de Gilles Marchand
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Page 70
EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE
SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL
2000
« Le chocolat » de Lasse Haelstrom
Tournage en Dordogne
« Moi, c’est la mémoire » de Jean-Pierre Grasset
Tournage au Pays Basque
« Mischka » de Jean-François Stévenin
Tournage en Gironde
« En route pour la révolution en 2 CV » de Maurizio Sciarra
Tournage à Bordeaux et environs, Pays Basque
« Sous le sable » de Jean-François Ozon
Tournage dans les Landes
« Vidocq » de Pitof (budget de 23,2 millions ¤
Tournage à Bordeaux
Source : AIC, bilans d’activité 2000 à 2003
Par conséquent, l’activité d’accueil des tournages constitue un segment
essentiel de la politique développée par la Région et par son outil
technique l’AIC. Il semble que le service fourni dans ce domaine par cette
association soit comparable à celui dispensé dans d’autres régions, d’après
les éléments issus de l’enquête. Toutefois, certaines informations recueillies
dans le cadre de cette étude auprès de sociétés prestataires et de
producteurs extérieurs témoignent de quelques faiblesses, au moins
ponctuelles : fiabilité des fichiers de techniciens, qualité du contact… Il
semble que celui-ci pêche parfois, même si les témoignages de certains
producteurs (notamment des sociétés de production audiovisuelles
conventionnées) tendent à nuancer cette perception. Enfin, il apparaît que la
Région (via l’AIC), contrairement à d’autres régions, développe une
démarche insuffisamment pro-active de contact systématique en amont de
projet (c’est-à-dire qui précède la demande des producteurs).
Les retombées des tournages réalisés en Aquitaine sont encore plus difficiles
à saisir. Selon une étude commandée par la Commission Nationale du Film
France en 199812 portant sur les retombées économiques des tournages de
longs métrages en région, un film tourné en province génère entre un quart et
un tiers des dépenses régionales. Le niveau de ces dépenses localisées
dépend de plusieurs facteurs : budget du film, durée du tournage, type de film
(d’époque ou contemporain), concentration du tournage en un même lieu et,
in fine, implication des collectivités et la qualité de la relation établie entre
celles-ci et les producteurs.
12
Cette étude est en cours de réactualisation. Elle devrait également intégrer un nombre plus
conséquent de longs métrages cinéma, des téléfilms et prendre en compte les effets induits
externes à la filière (livraison attendue en septembre 2004).
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EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE
SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL
Sur la base de ces éléments, on peut estimer les retombées financières des
films soutenus par le Conseil Régional entre 2000 et 2004 entre 8 millions ¤
et 11 millions ¤. C’est sur cette base que l’on pourrait à la rigueur déduire
l’effet de levier de l’aide (coefficient démultiplicateur compris entre 16 et 22 –
c’est-à-dire qu’1 ¤ investi par le Conseil Régional génèrerait entre 16 ¤ et 22
¤ de dépenses en région). Pour vérifier au cas par cas la pertinence de cette
évaluation, il aurait fallu pouvoir accéder à la comptabilité précise de chacune
des œuvres soutenues, ce qui n’a pas été possible. Tout au plus, dispose-ton d’informations transmises par les sociétés bénéficiaires, ce qui n’est que
partiellement le cas malgré les conditions d’attribution définies par la
collectivité. A ce sujet, il faut remarquer que ce travail de vérification ou de
contrôle ne rentre pas dans la mission déléguée à l’AIC et, pour des
raisons d’insuffisances des moyens mobilisables (moyens humains
notamment), reste très difficile à mettre en œuvre au sein du service chargé
de la gestion des aides à la production.
Néanmoins, et à partir des éléments disponibles, les films soutenus par le
Conseil Régional entre 2000 et 2003 auraient généré 3,5 millions ¤ de
retombées, soit environ 12% des dépenses totales. Ce taux est par
conséquent très en deçà du ratio moyen calculé par la Commission Nationale
du Film. En ce cas, l’effet de levier de l’aide régionale est réduit au moins de
moitié (coefficient démultiplicateur de 7). Au total, les productions
cinématographiques aidées ont totalisé 270 jours de tournage (360 en
intégrant les tournages réalisés en Aquitaine et ayant donné lieu à un
accompagnement de l’AIC). La dépense générée équivaut donc à 12 500 ¤
par jour. Il convient à ce stade de noter que le montant de l’aide régionale
n’est manifestement connecté ni au budget des œuvres ni à la durée du
tournage en région. Dans la mesure où l’un des objectifs spécifiques de la
politique régionale en matière d’accueil de tournages vise à consolider la
filière, la pertinence de ce dernier critère mériterait d’être mieux considérée.
Au-delà de cette analyse générale, un autre aspect concerne les impacts
indirects en matière d’emploi et d’activité pour des entreprises régionales.
Selon l’étude conduite à l’initiative de la Commission Nationale du Film, les
dépenses de personnel représenteraient le tiers des dépenses réalisées en
région. Appliqué aux 3,5 millions ¤ de dépenses générées en Aquitaine par
les tournages ayant bénéficié d’un financement du Conseil Régional, la part
des dépenses liées au recrutement de personnel régional (interprètes et
techniciens) aurait atteint près de 1,2 million ¤ sur la période 2000-2003.
Faute d’avoir pu exploiter l’intégralité des bibles de tournages, l’évaluation du
nombre de techniciens et d’interprètes mobilisés sur les productions
cinématographiques aidées n’est que partielle.
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EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE
SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL
Ainsi, pour une dizaine de productions aidées entre 2000 et 2004 (sur 14), un
peu plus d’une centaine de techniciens régionaux ont été mobilisés et
une soixantaine d’interprètes (hors figurants). Il est utile de préciser qu’il
s’agit d’un chiffre consolidé ou d’un cumul, certains techniciens et comédiens
ayant pu être recrutés sur plusieurs des productions concernées. Pour
mémoire, le fichier de l’ANPE spectacle pour les métiers de l’audiovisuel
répertorie un millier de professionnels, dont un tiers enregistrés au titre de
l’annexe VIII du régime des intermittents du spectacle. Pour cette catégorie
de productions ayant bénéficié du soutien de la Région, on peut noter qu’il
n’existe aucun lien entre le recours aux techniciens ou aux comédiens
locaux et le budget de la production. Autrement dit, ce n’est pas forcément
les plus grosses productions aidées qui ont mobilisé des compétences
régionales. Pour partie, cela s’explique par le caractère déconnecté de l’aide
régionale, plafonnée actuellement à 45 000 ¤, vis-à-vis du budget des œuvres
soutenues. Si l’on convertit le montant de l’aide régionale en coût par emploi
(techniciens uniquement), celui-ci varie de 1300 ¤ à 15000 ¤ (moy. 4 470 ¤/
emploi). Pour 1000 ¤ versés par la Région, cela couvre le financement de 0,2
technicien local, et ce quel que soit le budget du film ou le nombre de jours de
tournage. La prise en compte de cette donnée dans cette analyse apporte un
éclairage beaucoup plus évident sur l’intérêt d’un tel critère comme facteur
de pondération de l’intensité du soutien de la collectivité.
Films
Budget
(en k¤)
Subv.
Région
(en k¤)
Un an
1 190
45,145
Le cou de la girafe
5 238
20,000
Nelly / A ce soir
3 045
45,700
La fleur du mal
6 845
(réel :
5 300)
45,700
Dépenses
en région
(en k¤ et
% total)
+ lieux
ND
Bordeaux,
côte
landaise
152
(3%)
Biarritz,
Hendaye
553
(18%)
Uzeste et
environs
600
(9%/ 11%)
Bordeaux,
Cambes,
Le Pyla
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Nbre
emplois
région
(techn.)
Subv. par
emploi
(en ¤)
Nbre de
jours de
tournage
en région
Subv. /
emploi
/ jour
(en ¤)
17
2 655
27
98
15
1 330
11
121
12
3 800
20
190
7
6 500
42
155
Page 73
EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE
SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL
Pas de repos …
2 740
30,500
A la folie pas du tout
5 994
30,500
Carnages
3 163
30,500
Lokarri
566
30,500
Negro
1 143
30,500
405
(15%)
Cap Ferret,
Biscarross
e
700
(12%)
Bordeaux
et agglo.
?
Landes
307
(54%)
Pays
basque
698
(61%)
Bordeaux
et agglo.
5
6 100
10
610
15
2 030
55
37
2
15 000
14
1 070
30
1 016
20
51
10
3 050
40
76
Source : AIC, bibles de tournages
Un autre déterminant du taux de recours aux compétences régionales est
l’importance du vivier de professionnels locaux, en particulier si le tournage
est concentré sur une localité ou une zone géographique limitée.
Les compétences mobilisées en région sur les longs métrages cinéma
concernent surtout les métiers liés à la régie, à la décoration (décoration,
construction, menuiserie, peinture, accessoires, costume et habillement,
maquillage et coiffure), dans une moindre mesure ceux liés à la réalisation, à
la prise de vue ou à la prise de son, à l’administration de production ou au
casting. C’est essentiellement dans la première catégorie de métiers que
sont recrutés des chefs de poste ou des premiers assistants. Les rôles
proposés sont surtout des rôles d’appoint ou, exceptionnellement, des
seconds rôles.
Les sociétés prestataires de services techniques directement en lien avec
la production cinématographique ont été, en Aquitaine, très peu associées
aux tournages financés avec l’aide régionale à quelques rares exceptions
(Papaye). Pour l’essentiel, les producteurs concernés viennent tourner en
région avec des moyens techniques propres.
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Page 74
EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE
SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL
Une part importante des dépenses réalisées en région intéresse des
prestataires de services exerçant hors du secteur audiovisuel. Cela
concerne notamment des établissements d’hôtellerie restauration
(hébergement des acteurs et des équipes techniques), des sociétés de
location de voiture, de gardiennage, la location de lieux ou d’entrepôts
installés dans les zones de tournage (ou à proximité).
La qualité des décors naturels est l’un des principaux facteurs
d’attractivité de l’Aquitaine pour les producteurs. Qu’il s’agisse des films
soutenus par la Région ou des autres, la ville de Bordeaux (et son
agglomération), du fait de la richesse de son patrimoine et des facilités
offertes, est l’un des sites privilégiés de tournage pour les films d’époque (cf .
La Révolution Française, La Reine Margot , Vidocq …) et pour les films
contemporains, même si l’activité de tournage a du être réduite ces dernières
années du fait du chantier du tramway. Les autres sites les plus prisés sont le
bassin d’Arcachon et la côte Atlantique, dont le Pays Basque, les sites,
villages et châteaux du Périgord13, mais aussi la forêt landaise, Pau et sa
région ou encore quelques sites de la vallée de la Garonne et de l’estuaire de
la Gironde. Les sites mentionnés dans le tableau précédent relatif aux
dépenses des films soutenus en région est de ce point de vue assez
évocatrice. Seul le Lot-et-Garonne est à l’écart de l’accueil de tournages en
Aquitaine. Ce délaissement est probablement dû à de la méconnaissance et
à l’absence de vivier de techniciens ou d’auteurs. L’implantation récente de
certains prestataires bien positionnés et identifiés dans cette activité (Papaye)
pourrait faire évoluer cette situation particulière.
A la lecture de cette liste, on pourrait penser que l’activité de tournage
cinématographique est assez bien répartie sur l’espace régional. Force est
néanmoins de constater que les espaces les plus prisés sont assez
concentrés sur quelques zones remarquables du patrimoine naturel
et/ou culturel régional – ici définis en tant que décors naturels – mais
recoupant assez nettement les principales destinations touristiques de la
région. La qualité des décors naturels, combinée à certaines facilités
telles que la présence ou la proximité de compétences mobilisables, les
capacités d’hébergement et un minimum de services, paraissent constituer
des facteurs non négligeables dans le choix des lieux de tournage.
13
La Dordogne s’affiche-t-elle pas comme la quatrième région de tournages au plan national ?
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Page 75
EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE
SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL
Globalement, les producteurs extérieurs interrogés soulignent favorablement
les conditions économiques de tournage en Aquitaine, notamment par
rapport à la région parisienne et à Provence-Alpes-Côte d’Azur, cela à
plusieurs niveaux : hébergement et restauration, services annexes, location
de lieux de tournages, salaires moindres des professionnels régionaux.
Certaines collectivités les plus directement concernées ou intéressées par
cette activité de tournage en Aquitaine ont mis en place des services
d’accueil spécialisés. Le département des Pyrénées-Atlantiques dispose
d’une commission du film, affiliée comme Aquitaine Tournages (AIC) à la
Commission Nationale du Film France, et qui dispose de bureaux à Pau et
Biarritz. Assez paradoxalement, la ville de Bordeaux qui constitue l’un des
sites les plus prisés de tournage en Aquitaine (plus d’une vingtaine tous
genres confondus en 2003), ne dispose pas d’une telle structure. La Mairie a
cependant créé un poste de chargé de mission au cinéma et à l’image.
D’autres collectivités organisées en matière de diffusion cinématographique
et d’éducation au cinéma envisagent d’étendre la gamme de leurs services
par le mise en place de régies de tournages, à l’image de l’association Ciné
Passion en Périgord et du Conseil Général de la Dordogne, autre site
fortement sollicité par les producteurs. D’autres Conseils Généraux semblent
également intéressés. Dans la plupart des cas, ces collectivités apportent des
réponses ponctuelles et au coup par coup. Les plus intéressées
souhaiteraient mieux structurer et améliorer la qualité du service
d’accueil de tournages, notamment en s’appuyant sur une bonne
coordination avec l’AIC (Aquitaine Tournages). Des projets de
conventionnement entre le Conseil Régional d’Aquitaine et certains Conseils
Généraux (Dordogne, Gironde, Landes) pourraient intégrer cette fonction
particulière.
Cet élargissement du service d’accueil de tournages à l’échelle régionale,
dans le cadre d’un partenariat entre collectivités, appelle probablement une
adaptation de l’organisation et des moyens de la Commission régionale
du Film Aquitaine Tournages, animée par l’AIC, qui bénéficie d’une dotation
régionale de 110 000 ¤ par an. Comme on le verra plus loin, cela suppose
aussi une amélioration des bases d’information, notamment celles
relatives aux compétences mobilisables en région. Enfin, la mise en place
d’un tel partenariat pourrait intégrer une part de cofinancement des
collectivités intéressées en faveur des productions (œuvres
cinématographiques et fictions) soutenues par le Conseil Régional, comme
cela se pratique dans certaines régions (exemples en Alsace et PoitouCharentes), permettant d’abonder le fonds régional de soutien.
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Page 76
EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE
SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL
Enfin, un dernier thème d’impact du soutien apporté par le Conseil Régional
d’Aquitaine aux productions cinématographiques recouvre un objectif moins
clairement affiché, mais sur lequel on a déjà insisté, à savoir la promotion et
l’image régionale. A ce propos, l’un des principaux indicateurs disponibles
s’agissant d’œuvres cinématographiques est la fréquentation générée dans
les salles. Plus le film est vu, plus on peut supposer que l’impact promotionnel
est fort, pour peu que le scénario mette en évidence la région ou qu’une
partie substantielle du tournage ait été réalisée en région.
Le meilleur exemple parmi les films aidés entre 2000 et 2004 est « La fleur du
mal » de Claude Chabrol (scénario basé sur une réalité régionale, 42 jours de
tournage en Gironde), lequel a enregistré plus d’un million d’entrées. Le film
de Laetitia Colombani « A la folie pas du tout » a également réalisé un score
de fréquentation remarquable (575 000 entrées). Les autres films soutenus
par la Région et pour lesquels le CNC dispose d’éléments (soit 4 d’entre eux)
réalisent des scores beaucoup plus modestes (moins de 20 000 entrées en
salles). Enfin, cinq œuvres ne sont pas enregistrées par le CNC soit parce
qu’elles ne disposent pas encore de visa d’exploitation, soit parce qu’ils ne
sont pas encore sortis (cas de « A ce soir » ex « Nelly ».), sortie prévue début
2005)
Si l’on considère l’ensemble des critères, le film de Laetitia Colombani produit
par Telema présente le profil-type ou une synthèse remarquable de la
production cinématographique à soutenir par la collectivité, notamment au
vu du « retour sur investissement » (aide : 30500 ¤ sur un budget de près de
6 millions ¤) :
 Qualité culturelle : scénario primé en 2001 au Festival de Paris (prix
junior du meilleur scénario), premier long métrage, Trophée de la
première œuvre décerné par le Film français.
 Impacts filière : un nombre significatif de techniciens (16) et de
comédiens (18) pour une durée de tournage en région de 55 jours.
 Effets induits : un volume de dépenses locales relativement
important (notamment du fait de la durée du tournage).
 Impact d’audience (575 000 entrées) et diffusion à l’étranger
(Amérique du nord, Pologne, Autriche, Grèce, Brésil).
Malgré la difficulté de séduire un public, certaines œuvres ont reçu plusieurs
récompenses, cela témoignant de la reconnaissance et d’un succès d’estime
professionnels. C’est le cas de « Carnage » de Delphine Gleize produit par
Balthazar Production : Prix de la Jeunesse dans la sélection « Un certain
Regard » au Festival de Cannes, Prix du Jury Jeunes CinéCinémas au
Festival de Sarlat, récompense pour le scénario au Festival du Film
d’Avignon, Prix du scénario au Festival de Stockholm, Sutherland Trophy
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Page 77
EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE
SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL
décerné par le British Film Institute (46e Regus London Film Festival) …
« Pas de repos pour les braves », produit par Paulo Films , et « Le monde
vivant » par Mact Production, ont été sélectionnés lors du Festival de Cannes
2003 dans la « Quinzaine des réalisateurs ».
Ce critère de fréquentation est donc loin d’être négligeable. Son seul
inconvénient est qu’il est très difficile sinon impossible à anticiper. Une grande
partie du succès de « La fleur du mal », sélectionné au Festival du cinéma de
Berlin, s’explique par la notoriété de son réalisateur et de ses interprètes.
Cela est beaucoup moins évident dans le cas d’un premier film. Il y avait de
fait une plus forte probabilité de rencontrer un public en misant sur un film de
Chabrol que sur celui d’une quasi-inconnue, même si ce film a pu tirer partie
d’une distribution de qualité (Audrey Tautou, Samuel Le Bihan, Isabelle
Carré, Sophie Guillemin …).
Il y a néanmoins à ce niveau un aspect sur lequel les producteurs interrogés
ont pointé une faiblesse du dispositif régional : c’est l’insuffisance de
l’accompagnement des œuvres en aval, autrement dit au stade de la
diffusion et de la promotion des oeuvres. A ce sujet, ils expriment le sentiment
que la Région, une fois l’œuvre produite, ne s’intéresse plus du tout au destin
de celle-ci. Selon les experts, « cette non-valorisation des œuvres pour le
territoire est sûrement, au final, le maillon le plus faible de l’organisation
actuelle de l’Aquitaine, surtout vis-à-vis de personnes qui sont extrêmement
sensibles à la reconnaissance et à l’intérêt qu’on leur porte. »
Cette carence dans la continuité du dispositif de gestion et de suivi de
l’intervention régionale apparaît également en amont dans le domaine de
l’aide à l’écriture et au développement. En effet, sur une vingtaine d’auteurs
ou de producteurs soutenus entre 2000 et 2004, très peu de projets se sont
concrétisés à ce jour et encore moins par un tournage en région. Seul le film
« Dix petits blêmes » produit par la société GTV avait fait l’objet d’un soutien
à l’écriture de la Région en 2001, alors que la principale condition d’octroi de
l’aide régionale est que le tournage de l’œuvre soit en totalité ou
majoritairement effectué en Aquitaine.
Manifestement, la question du développement et de la mise en
production des projets ayant donné lieu à une aide à l’écriture constitue un
point faible du dispositif régional. A ce niveau, la mise en relation entre
auteurs et sociétés de distribution ou diffuseurs, voire l’implication de ces
derniers, devrait être plus systématiquement recherchée dans l’organisation
du dispositif d’accompagnement.
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D’AQUITAINE
Page 78
EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE
SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL
Le Prix Synopsis d’adaptation d’une œuvre littéraire à l’écran souffre
visiblement du même constat, même si le lien entre adaptation de l’œuvre et
tournage en région, bien qu’envisagé, est ici moins clairement évident. Entre
2001 et 2003, quatre auteurs ont été récompensés :
Lauréat 2001 : Thierry Serfati, pour « Le sang des sirènes », dont les droits
ont été achetés par une société de production (Initiative Films),
Lauréate 2002 : Jacqueline Remy pour « La Loire n’oublie jamais » (et
mention spéciale à Michel Cyprien pour « Le chocolat d’Apolline »),
Lauréat 2003 : Jacques Vettier pour « Toutes les nuits sont bleues ».
Les principaux éléments de ce chapitre relatif aux impacts du soutien de la
Région aux productions cinématographiques font donc ressortir :







une aide régionale financièrement peu déterminante sur le choix
de localisation des tournages et trop déconnectée à la fois du
budget des œuvres financées et de la durée des tournages en
région,
un taux de dépenses en région assez limité, concentrées surtout
sur la rémunération de personnels locaux et sur des prestations de
services externes à la filière,
un recours aux professionnels régionaux essentiellement aux
techniciens (régie, décoration, réalisation) et sur des postes
secondaires,
un très faible recours aux prestataires techniques régionaux de la
filière,
en amont, un dispositif d’aide à l’écriture qui pêche en termes de
développement et de mise en production et une démarche pas
assez pro-active envers les sociétés de production,
un dispositif d’accueil de tournage assez satisfaisant mais
certainement perfectible (fiabilité des fichiers, qualité du contact),
qui pourrait être restructuré et renforcé à la faveur de partenariats
avec certaines collectivités locales,
en aval, une trop faible implication dans l’accompagnement en ou
hors région des productions soutenues (animation et promotion
régionale) .
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Page 79
EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE
SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL
L’affirmation de l’intervention régionale en matière cinématographique
supposerait une amélioration de la réponse apportée à chacun de ces
aspects. Elle passe aussi par une clarification préalable des objectifs et des
avantages attendus pour l’Aquitaine. A ce propos, la Commission préconise
une approche combinant un triple objectif :



la prévalence d’une règle de conditionnalité de portée culturelle à
l’implication régionale, privilégiant le soutien à des œuvres écrites par des
auteurs régionaux, ou/et aux premiers ou seconds longs métrages de
réalisateurs et permettant de valoriser le patrimoine régional (potentiel
créatif, décors),
la recherche d’une optimisation des retombées économiques
internes à la filière, en conditionnant l’octroi de l’aide à une durée
minimale de tournage en région et à un recours aux compétences
régionales,
la recherche d’une optimisation des effets d’image, en associant à
l’aide à la production un soutien à la promotion du film et à l’animation
(durant le tournage et après celui-ci).
L’évolution des termes du partenariat proposée par le CNC aux régions, sur
une base de 1 ¤ du CNC (aide plafonnée à 1 million ¤ par région au lieu de
76 000 ¤ jusqu’alors) pour 2 ¤ des régions, ouvre de nouvelles perspectives
d’intervention. Dès 2004 (plus certainement 2005 du fait des délais d’adoption
d’un nouveau règlement d’intervention), le Conseil Régional d’Aquitaine
prévoit d’accroître son fonds de soutien et de consacrer 400 000 ¤ à la
production cinématographique, ce qui permettrait de mobiliser à plein au total
600 000 ¤ sur ce genre de production.
CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL
D’AQUITAINE
Page 80
EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE
SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL
b) Approche fictions (dont téléfilms et séries TV)
Cette catégorie d’œuvres, outre qu’elle repose sur une relation de donneurs
d’ordre (les chaînes de télévision) à sous-traitant (les sociétés de production),
recouvre plusieurs genres correspondant à des coûts et à des
positionnements différents sur les grilles de programme.
Genre
Coûts horaire
moyen
Heures
produites
Leader
1 002 000 ¤
153
France 3
France 2
1 217 000 ¤
159
TF1
France 2
M6
Exemples
LES 90 MINUTES
Unitaires
Séries à
récurrents
héros
Navarro
Maigret (France 2)
Les Monos (M6)
Collections
725 000 ¤
9
Vertiges
Thriller
Mini séries
1 440 000 ¤
59
LES 52 MINUTES
(norme internationale)
750 000 ¤
155
France 2
TF1
LES 26 MINUTES
308 000 ¤
67
France 2
Canal Plus
PJ, La Crim
Avocats et
Associés
Vice-versa
H
LES
FORMATS
COURTS
ET
RECURRENTS
353 000 ¤
56
M6
France 2
Domisiladoré
Caméra Café
Jean Moulin
Les Thibauds
Source : CNC, 2004
Le chiffre d’affaires de la fiction française atteint 600 à 650 millions ¤ en
moyenne annuelle (stable pour une durée cumulée de 667 heures). Le
marché de tournage de la fiction française représente 1 500 semaines (dont 1
100 pour les 90 minutes). Sur cet ensemble, 300 semaines sont délocalisées
(essentiellement les 90 minutes pour France 2), ce qui réduit d’autant le
marché national. En nombre d’heures produites, la fiction française est
passée du 3ème au 5ème rang européen entre 1998 et 2003, devancée par des
pays tels que la Grande-Bretagne et l’Espagne. En 2003, le Compte de
Soutien aux Industries de Programmes du CNC est intervenu à hauteur de 68
millions ¤ pour aider au financement d’œuvres de fiction (sur 597,4 M¤), à
quoi s’ajoutent 2,4 millions ¤ d’aides à la préparation et au développement.
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Page 81
EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE
SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL
Un rapport commandité par le Ministère de la Culture à Mr. Antoine
Schwartz préconise un accroissement de l’apport des chaînes françaises
dans le financement (double coupure, extension de l’assiette de la taxe des
diffuseurs …), actuellement de 375,5 millions ¤ (soit 63%).
Une quinzaine de régions interviennent en faveur de la production
télévisuelle. L’Aquitaine a innové il y a presque une dizaine d’années en
contractualisant avec plusieurs sociétés de production parmi les plus
importantes au niveau national : Télécip (représentée en Aquitaine par la
société Boxeur de Lune Production), GéTéVé (ex Gaumont Télévision), GMT
Productions. Dans ce cadre, l’objectif recherché par le Conseil Régional vise
à « dynamiser l’activité économique locale dans le domaine de l’image et de
favoriser l’emploi, tout en améliorant les qualifications des professionnels
régionaux ». Les termes de ces conventions sont sensiblement identiques
d’une société à l’autre, à quelques nuances près.
En 2002, sur 146 producteurs actifs aidés par le CNC, les sociétés GMT,
Telfrance (dont Télécip) et GéTéVé figuraient parmi les dix premières
sociétés productrices de fictions au plan national14. Une douzaine
d’entreprises ont réalisé plus de la moitié du volume d’heures produites.
Chaînes
hertziennes
TF1
France 2
France 3
Arte
M6
TOTAL
Volume d’heures produites par les sociétés de production
pour les chaînes hertziennes en 2003
GMT
Telfrance
GéTéVé
(+ Telecip)
11 (4)
-)
25 (1)
8 (9)
6 (5)
8 + 6 (3 et 4)
2 (9)
18 (1)
19
39
26
(entre parenthèse, le classement des sociétés parmi les 10 premiers producteurs par chaîne)
Source : CNC
Au titre des accords de partenariat établis entre les années 2001 et 2003, la
Région s’est engagée à soutenir la production d’un certain nombre d’œuvres :

GMT (mai 2000 à décembre 2002) : intervention sur la moitié des
œuvres faisant l’objet de la convention (minimum de 8 films de
télévision, unitaires ou épisodes de série).
14
Les autres sociétés étant : Marathon, JLA Productions, DEMD Productions, Le Sabre
(Expand), Dune, Son et Lumière, Fit Productions
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EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE
SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL


Télécip (2002-2003) : intervention en faveur de 3 œuvres (sur un
total de 5 œuvres au minimum) et aide à l’organisation de la
seconde édition du concours de scénarios « Scénaristes en
Aquitaine »).
GéTéVé (2000-2002) : intervention en faveur de 3 oeuvres sur un
total de 6.
En contrepartie, les sociétés bénéficiaires s’engagent essentiellement sur 5
points :





la sensibilisation (accueil de scolaires sur les lieux de tournage, dans
la limite des contraintes imposées par les productions),
la formation de stagiaires, le Conseil Régional d’Aquitaine étant
appelé à participer au choix des stagiaires,
les prestations, notamment par le recours à des sociétés de
production exécutive (cas de GMT) ou bien à des sociétés prestataires
de services régionales, cette dernière condition pouvant être assortie
d’un critère limitatif en fonction du caractère plus ou moins compétitif
de l’offre régionale par rapport aux prestataires extérieurs (cf. dernière
convention avec GTV),
l’emploi de comédiens (seconds rôles, doublures), figurants et
techniciens locaux ; dans ce dernier cas, la fourchette d’emplois
locaux mentionnée oscille entre 40% et 50% selon les cas,
le versement de la taxe d’apprentissage à un ou plusieurs
organismes de formation aquitains, calculée sur la masse salariale des
productions concernées par la convention, avec accessoirement un
taux plancher (équivalent à 50% de la subvention allouée pour chaque
œuvre dans le cas de Télécip).
AIDES A LA PRODUCTION DE FICTIONS
Année
Titre de l’oeuvre
2004
Les monos
Série 6x52’
Les vagues
Téléfilm
Les enquêtes involontaires de
Sébastien Lechat (aide écrit.)
La visite
Téléfilm
Rédemption
2x90’
2003
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Bénéficiaire
GéTéVé
Cauri Films
Sté Skara Films
(+ Télécip)
TELECIP
GéTéVé
Montant de l’aide
(en ¤)
(240 000 ¤)
en attente décision
(65 000 ¤)
en attente décision
5 000 ¤
76 000 ¤
90 000 ¤
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EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE
SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL
2002
2001
2000
Filmer pour la jeunesse
Série 5x26’
Les beaux jours
Téléfilm
Le bleu de l’océan
Série 5x90’
Chère fantôme
Série (pilote)
Mathieu Corot
Série (épisodes 3-4)
On ne choisit pa s sa famille
Téléfilm
Les semailles et les moissons
Téléfilm 2x90’
Les Monos
Série
Tania Boréalis
Téléfilm
Les Redoutables
Série 13x5’
Mathieu Corot
Série (pilote)
Elzévir Films
15 000 ¤
TELECIP
(et France 3)
GMT
76 000 ¤
110 000 ¤
Nelka Films
45 735 ¤
GMT
76 200 ¤
GéTéVé
(et France 3)
TELECIP
45 700 ¤
GéTéVé
76 225 ¤
TELECIP
Aquitaine
GéTéVé
45 700 ¤
GMT
45 700 ¤
76 225 ¤
76 200 ¤
Source : délibérations du Conseil Régional d’Aquitaine
Entre 2000 et 2003, le Conseil Régional d’Aquitaine a mobilisé
860 000 ¤ en faveur de la production de fictions (téléfilms et séries TV).
Si l’on inclut l’année 2004, les nouvelles décisions de la Région, encore en
instance au moment de la rédaction de cette étude, porteraient l’intervention
de la collectivité à plus d’un million ¤ sur la période. Toutefois, on constate
une tendance à la réduction de l’intervention régionale, alors que le
budget global des œuvres a quant à lui progressé. A ceci, il convient par
ailleurs d’ajouter la contribution du Conseil régional à l’organisation du
concours « Scénaristes en Aquitaine », initié par la société TELECIP en
partenariat avec France Télévision et la Fondation Beaumarchais. La
première édition de ce concours organisé en 1998 avait récompensé 3
lauréats et permis la sélection du projet de Nathalie Lapeyronnie « Tania
Boréalis ou l’Etoile d’un été ». Ce projet a débouché en 2000 sur la
production d’un téléfilm. Le Conseil Régional avait apporté alors 15 245 ¤
pour la convention d’écriture et la cession des droits puis 45 735 ¤ pour la
production du téléfilm (cf. tableau ci-dessus). Une seconde édition de ce
concours a été organisée en 2002/2003, dotée de 35 000 ¤ d’aide régionale
(lauréats : Joël Cote pour « La voie » et Laurent Pascaud pour « Une autre
femme » - en cours de développement).
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EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE
SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL
Les termes de l’analyse des impacts du soutien régional aux œuvres de
fiction recoupent très largement ceux établis en matière de soutien aux
œuvres cinématographiques, à quelques nuances près, liées notamment au
système de conventionnement mis en place avec les sociétés de production
mentionnées ci-dessus.
Année
Titre de l’oeuvre
2004
Les monos
Série 6x52’
Les vagues
Téléfilm
La visite
Téléfilm
Rédemption
2x90’
Filmer pour la jeunesse
Série 5x26’
Les beaux jours
Téléfilm
Le bleu de l’océan
Série 5x90’
Chère fantôme
Série (pilote)
Mathieu Corot
Série (épisodes 3-4)
On ne choisit pas sa
famille
Téléfilm
Les semailles et les
moissons
Téléfilm 2x90’
Les Monos (Jamais prêts)
Série
Tania Boréalis
Téléfilm
Les Redoutables
Série 13x5’
Mathieu Corot
Série (pilote)
2003
2002
2001
2000
Bénéficiaire
GéTéVé
Montant de l’aide
(en ¤)
Budget global
(en ¤)
% de
l’aide //
budget
global
4 750 000
5%
TELECIP.
(240 000 ¤)
en attente décision
(65 000 ¤)
en attente décision
76 000 ¤
GéTéVé
90 000 ¤
3 835 826
2,3%
Elzévir Films
15 000 ¤
1 101 376
1,4%
TELECIP
(et France 3).
GMT
76 000 ¤
1 380 707
5,5%
110 000 ¤
9 150 000
1,2%
Nelka Films
45 735 ¤
1 668 556
2,7%
GMT
76 200 ¤
3 323 389
2,3%
GéTéVé
(et France 3)
45 700 ¤
1 448 444
3,2%
TELECIP
76 225 ¤
3 493 919
2,1%
GéTéVé
76 225 ¤
1 617 907
4,7%
TELECIP
Aquitaine
GéTéVé
45 700 ¤
1 365 085
3,3%
76 200 ¤
1 510 874
5%
GMT
45 700 ¤
1 711 890
2,7%
Cauri Films.
1 205 095
5,4%
2 107 110
3,6%
Source : délibérations du Conseil Régional d’Aquitaine
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Page 85
EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE
SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL
Sur un budget total de 33,715 millions ¤ (hors année 2004 en instance de
décision : + 5,95 millions ¤ de budget global cumulé) de l’ensemble des
productions de fictions soutenues par la Région entre 2000 et 2003, la
contribution régionale moyenne au financement de ces oeuvres a atteint
2,5% pour un montant d’aide cumulé de 855 k¤ (2,9% en intégrant l’année
2004 en cours mais sous réserve). C’est mieux que dans le cas du
financement des oeuvres de longs métrages cinématographiques, mais cela
reste modeste. Cela dit, l’absence de soutien local peut compromettre la
décision d’un tournage en région. L’intérêt essentiel de l’intervention régionale
dans ce domaine, au regard de l’impact généré sur l’économie de la filière,
repose sur le mode de conventionnement qui place l’intervention dans le
cadre d’un partenariat inscrit sur la durée, intégrant des critères plus sélectifs
et des engagements réciproques (cf. plus haut).
Outre ces productions ayant bénéficié d’un appui financier de la Région, les
conventions prévoient le tournage en Aquitaine d’un quota d’œuvres
supplémentaires15. Ainsi, plusieurs œuvres ont ainsi été réalisées dans la
région, soit par les sociétés conventionnées soit par d’autres producteurs.
Année
2003
2002
Fictions accompagnées ou repérées par l’AIC et/ou réalisées en Aquitaine
sans le soutien financier du Conseil Régional
« SOS 18 » pour JLA Productions et France 3 (série)
Tournage à Bordeaux, Mérignac, Camblanes et Meynac
« Fabien Cosma » pour Drama et France 3 (téléfilm)
Tournage en Gironde
« Famille d’accueil » pour GMT et France 3 (4x90’)
« Vu à la télé » pour Murmures Productions et France 3 (téléfilm)
Tournage à Bordeaux
« Mythes urbains » pour GéTéVé
(budget : 2,68 millions ¤ et environ 700 k¤ de dépenses locale – 26 techn.
Régionaux, autant de comédiens et silhouettes) – 13x6’
Tournage Cenon et Bordeaux (40j)
« Clara, cet été là » pour GéTéVé, Télé Images Création et M6 (téléfilm de la
série « Carnets d’ados »)
(emploi de 7 techniciens et 2 comédiens)
Tournage sur le littoral médocain (15j)
« Julia Férenzi, une amie en or» pour Nelka Films (téléfilm)
Tournage à Bordeaux et Le Bouscat
« L’homme de mon choix » pour Alizés et France 3 Production Sud Ouest
(téléfilm)
Tournage à Bordeaux et environs
15
Rappel : de façon générale, la Région n’intervient financièrement que sur la moitié des
œuvres produites en Aquitaine par les sociétés partenaires
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Page 86
EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE
SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL
2001
2000
« SOS 18» pour Hamster et France 3 (2 épisodes de la série)
Port d’Arcachon, Landes girondines, Mérignac
« Un petit parisien » pour Cinétévé (téléfilm)
tournage à Bordeaux, Rions
« Murder Mystery » pour Rocket Science Labs
« Retour aux sources» pour Alya productions
« Rosalie » de Dominique Baron
Tournage à Bordeaux
« Love in a cold climate » de Tom Hopper pour la BBC
Tournage à Bordeaux, Saint Emilion, Périgueux
« Le regard de l’autre » de Dominique Tabuteau
Tournage sur la Bassin d’Arcachon
« La collimance » de Jérôme Foulon
Tournage à Saint Jean de Luz et Ciboure
Source : AIC
Ce dispositif a permis à l’Aquitaine de se positionner de façon originale et
d’être associée à des productions qui ont rencontré un grand succès auprès
des téléspectateurs (exemples de « La rivière espérance », « Le bleu de
l’océan », « La bicyclette bleue » …). Cette politique a également contribué
au renforcement des compétences en région, par l’activité de tournages ainsi
générée. Il faut souligner que, comparativement aux longs métrages cinéma,
les productions de fictions se caractérisent par l’importance relative des
retombées au sein de la filière régionale par rapport aux impacts hors filière.
Toutefois, et selon les témoignages recueillis auprès des sociétés de
production partenaires, le système aquitain de contractualisation accuse
un certain essoufflement (arrêt du contrat avec GMT, interrogations avec
GTV, levées en 2004). Cet essoufflement serait dû tout d’abord à des causes
spécifiques ou propres au dispositif régional : gestion du fonds marquée
par la lenteur de la décision, engagement « révisable » de la Région en cas
de modification du devis final qui nuit à la prévisibilité de l’aide accordée,
manque de transparence invoqué, faiblesse de l’aide …. A ceci, s’ajoutent
parfois des problèmes liés aux partenariats établis entre ces sociétés et des
sociétés de production exécutive au niveau local (exemple entre GMT et la
société And Co sur la production de « Mathieu Corot »). Toutefois, d’autres
partenariats de ce type ne semblent pas avoir posé de problème particulier
(exemple entre GéTéVé et Jack Fébus sur la production de « L e s
redoutables »).
CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL
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Page 87
EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE
SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL
D’autres raisons externes et plus générales expliquent les hésitations des
différents partenaires à renouveler dans les mêmes termes la
contractualisation avec l’Aquitaine. Le coût des charges salariales qui,
visiblement et du point de vue des producteurs, ne favorise pas les tournages
en région (contrairement aux opinions exprimées par certains producteurs de
films cinéma). Il faut savoir d’une part que les charges de personnels
représentent 35% à 40% des dépenses de fictions (hors interprétation : 15%)
et que se développe d’autre part, comme en matière cinématographique, une
tendance à la délocalisation des tournages (vers les pays de l’Est, le
Portugal, notamment les unitaires de 90’), tendance à laquelle contribuent au
premier rang les grandes chaînes publiques hertziennes (France 2 en
particulier). Au cours des dix dernières années, le coût horaire moyen de
production des fictions a été multiplié par 1,5. Depuis 1999, l’augmentation a
été de + 18%.
Parmi les autres raisons externes, la concurrence accrue entre régions
françaises en matière d’aide à la production de fictions a été mentionnée
(exemple cité de la région Poitou-Charentes). La réforme engagée par le
Centre National de la Cinématographie de son Compte de Soutien aux
Industries de Programmes (COSIP), calquée sur celle du soutien aux fonds
régionaux dans le domaine cinématographique, pourrait accroître cette mise
en concurrence entre les systèmes d’intervention régionaux et définitivement
ôter à l’Aquitaine sa position de « précurseur » dans l’aide apportée aux
producteurs de fictions.
Une autre contrainte rencontrée par ces derniers tient à la faiblesse
relative du vivier régional de techniciens. Durant certaines périodes de
l’année, il est difficile de trouver des personnels disponibles, s’agissant tout
particulièrement de professionnels compétents et qualifiés (assistant
caméraman, premiers assistant, chef décorateur …). En moyenne, la
réalisation d’un téléfilm mobilise 30 à 40 salariés. Cette difficulté est de nature
à limiter la part des techniciens recrutés localement16, non par manque de
volonté (même si l’on ne peut écarter systématiquement certains
comportements jugés trop « parisianistes »), mais par défaut de disponibilité
des personnels. Or, le souci de constitution d’équipes techniques en
région semble être, pour certains producteurs concernés ici, une véritable
préoccupation. Une des sociétés concernées (Télécip) a ainsi reversé près de
70 000 ¤ de taxe d’apprentissage à un établissement de formation spécialisé
implanté en Aquitaine.
16
Rappel : les conventions prévoient un taux de recours aux professionnels locaux de 40% à
50% .
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Page 88
EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE
SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL
Depuis 2002, Telfrance, le groupe auquel appartient Télécip, a en effet
décidé de reverser l’équivalent de 50% de l’aide reçue de la collectivité
partenaire sous la forme d’une contribution à la taxe d’apprentissage.
Ces considérations font dire que la mise en place de partenariats tels que
ceux établis par la Région Aquitaine exige « beaucoup d’énergie, de volonté
et un minimum de confiance et de fidélité » (Mme Lissa Pillu, TELECIP).
En dépit des quelques réserves exprimées, l’intérêt des différents
partenaires à l’égard de cette formule n’est pas fondamentalement remis
en question. Elles appellent néanmoins quelques adaptations, voisines de
celles précédemment évoquées concernant les productions
cinématographiques. L’intérêt de ces partenariats trouve d’autres arguments
dans l’analyse des impacts des œuvres soutenues.
Oeuvres
Budget
(en k¤)
Subv.
Région
(en k¤)
Les monos
4 750
(240)
Les vagues
1 205
(65)
La visite
2 107
76
Rédemption
3 836
90
Filmer la jeunesse
1 101
15
Les beaux jours
1 381
76
Le bleu de l’océan
9 150
110
Dépenses en
région
(en k¤ et %
total)
+ lieux
1 800 (38%)
Bordeaux,
bassin
d’Arcachon
454,5
(38%)
littoral landais
869
(41%)
Bordeaux,
Verdelais
2 354
(61%)
Bordeaux
ND
Bordeaux et
environs
Nbre
emplois
région
techn.
(+ com)
21
(+10)
800
(58%)
Le Pyla,
Cabanac …
1 500
(16%)
Pays Basque
CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL
D’AQUITAINE
Subv.
par
emploi
(en ¤)
Nbre de
jours de
tournage
en région
Subv. /
emploi
/ jour
(en ¤)
7 742
60
129
ND
ND
25
ND
21
(+ 2)
3304
22
150
21
(+13)
2 647
44
60
ND
ND
25
ND
13
(+2)
5 067
23
220
38
(+25)
1 746
77
23
Page 89
EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE
SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL
Chère fantôme
1 669
46
Mathieu Corot
3 323
76
On ne choisit pas
sa famille
1 448
46
Les semailles et
les moissons
3 494
76
Les Monos
1 618
76
Tania Boréalis
1 365
46
1 511
(budget
final :
2 004)
1 712
76
Les redoutables
Mathieu Corot
46
194
(12%)
Bordeaux
770
(23%)
Bordeaux et
agglo.
874
(60%)
Bordeaux et
agglo.
1 185
(34%)
Bordeaux
Verdelais
St Macaire
Podensac
Pyrénées
627
(39%)
Laruns
744
(55%)
Bordeaux
Bassin
d’Arcachon
962
(48% à 63%)
Bassin
d’Arcachon
250
(15%)
Bordeaux
Bassin
d’Arcachon
11
(+ 15)
1 759
23
76
33
(+22)
1 382
63
22
9 T (hors
France 3)
(+8)
2 688
21
128
33
(+12)
1 694
44
38
11
(+6)
4 484
25
179
30
(+12)
1 088
23
47
19
(+11)
2 540
30
85
15
(+5)
2 285
ND
ND
Source : AIC, bibles de tournages
D’après les informations recueillies, le volume de retombées financières
généré par la production de fictions aidées en Aquitaine entre 2000 et 2003
est compris entre 13 et 13,5 millions ¤, équivalant à 40% du budget total
consolidé des productions concernées. Sur cette base, on peut estimer l’effet
de levier de l’aide régionale, avec un coefficient multiplicateur de près de
16, deux fois plus important que celui estimé pour le soutien à la production
cinématographique. Cela s’explique en partie par la durée de tournage
cumulée sur la période 2000-2003.
CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL
D’AQUITAINE
Page 90
EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE
SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL
Pour un nombre d’œuvres comparable, ces fictions ont généré 450 jours de
tournage cumulés, soit 1,7 fois plus que les longs métrages cinéma.
Les charges de personnel recrutés en région représentent environ 40% des
dépenses locales, ce qui permet d’estimer la masse salariale consolidée pour
la période à 5,5 millions ¤. Plus de 350 emplois de techniciens (70%) et
comédiens ont été recrutés dans le cadre des tournages aidés17.
En règle générale, et d’après l’analyse de plusieurs bibles de tournage, les
techniciens régionaux occupent le tiers des emplois techniques (30% à 50%
de façon exceptionnelle). Ce taux est plus faible en ce qui concerne les
comédiens (hors figurants). Cela amène à penser que le critère affiché par
la Région relatif au taux de recours à des professionnels régionaux
(40% à 50% en règle générale) est assez rarement atteint ou respecté.
L’insuffisance perçue du vivier aquitain et la difficulté de mobilisation de
personnels qualifiés ou compétents en sont-elles les seules vraies raisons ?
Les habitudes ou comportements dominants, l’importance des réseaux
relationnels et modes de recrutement informels qui caractérisent ce secteur
sont probablement des facteurs tout aussi déterminants qui expliquent cette
réalité. A ce niveau, le développement d’une activité de tournage en région,
susceptible de stabiliser un noyau de compétences et d’attirer d’autres
professionnels, compte tout autant que la fixation de modes de relation
contractuelle avec des sociétés de production.
Sur un plan qualitatif, on retrouve le même profil d’emploi des postes
recrutés en région qu’en production cinématographique (surtout régie,
décoration, réalisation). La juxtaposition de l’aide régionale et du nombre
d’emplois générés fait apparaître un coût moyen subventionné par emploi de
3 300 ¤ (techniciens uniquement) inférieur d’un quart à celui mobilisé pour les
productions cinématographiques. Cet indicateur signifie simplement que
l’investissement placé par la Région dans la production de fictions est
socialement plus efficace que celui placé dans la production
cinématographique, en dépit de certaines réserves : 1 000 ¤ de la Région
génèrent ainsi 0,3 emploi de techniciens et 0,1 emploi de comédiens. Dans
ce dernier cas, et depuis une dizaine d’années, les sociétés de productions
ont fait appel à l’Association Aquitaine Acteurs afin de compléter les castings,
mais trop souvent sur des rôles d’appoint selon les représentants de cette
association.
17
Attention : il s’agit d’un cumul, certains professionnels, techniciens notamment, ayant pu être
mobilisés sur plusieurs fictions durant la période de référence.
CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL
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Page 91
EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE
SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL
Le recours à des sociétés prestataires de services techniques est loin
d’être systématique, même de la part des sociétés subventionnées.
Néanmoins, il semble plus régulier que dans le cas des productions
cinématographiques. Certaines entreprises locales (Limelight, Papaye, plus
exceptionnellement L2V, la SMAC) apparaissent parmi les fournisseurs ou
prestataires mobilisés. Pour autant, l’activité générée par les sociétés de
production conventionnées vis-à-vis des prestataires aquitains est encore très
(trop) mesurée du point de vue de ces derniers. Question de compétence,
d’expérience et de fidélité (voire d’exclusivité) à certains réseaux. Là encore,
il est difficile de bousculer les habitudes, d’échapper à l’opacité du
système même pour ceux qui exercent en son sein, quand il ne s’agit pas de
se plier occasionnellement à certaines pratiques cavalières pour soutirer de
l’argent public via des sociétés écrans ou prête-nom. Producteurs et
prestataires ont souvent des accords tacites, difficiles à remettre en
cause. En outre, les pratiques des principaux prestataires nationaux (TSF,
Transpalux) tendent à décourager la concurrence, en offrant par exemple un
apport en industrie (mise à disposition gratuite de matériel). Les quelques
tentatives de coopération entre ces sociétés et des prestataires régionaux
(Papaye, Limelight) n’ont pas fait long feu.
Certains prestataires locaux prônent un recours plus systématique aux
services qu’ils proposent et ont pris des initiatives de façon à faire évoluer les
pratiques des producteurs. C’est par exemple le cas de la société Papaye,
implantée à Puymirol en Lot-et-Garonne18, qui loue du matériel technique
(éclairage, véhicules techniques, machinerie, de montage et rush, de régie
…). Elle développe un projet de plate-forme de cinéma sur leur site du
château de Tayrac, qui concentrerait des ateliers audiovisuels (zones de
stockage, bureaux pour prestation et production, salle de projection, ateliers
de montage) et intégrant des lieux de vie et d’hébergement. Il est également
prévu que cette structure accueille des formations spécialisées sur les
métiers techniques.
Il faut aussi tenir compte du fait que certaines co-productions avec France 3
se traduisent par la mobilisation des moyens techniques de la station
régionale (France 3 Productions Sud Ouest). Cette Unité Interrégionale de
Production, qui regroupe 70 salariés dont une trentaine sur Bordeaux et une
quarantaine sur Toulouse, participe à la co-production de 8 fictions chaque
année, en relation avec d’autres sociétés de production (dont GMT et
Télécip).
18
Mais également à Angoulême, Saint Denis de la Réunion
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Page 92
EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE
SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL
Selon le témoignage apporté par son représentant en Aquitaine19, l’activité
de France 3 Productions Sud Ouest génère 2 000 journées de travail pour les
intermittents (année 2002). Autant que possible, cette structure fait appel à
des prestataires et techniciens locaux (intermittents notamment), même s’il
arrive que cette volonté affichée se heurte à quelques résistances internes.
Toutefois, les décisions et la coordination entre les différentes unités de
production interrégionales et régionales concernant ces tournages dépendent
de la direction parisienne. Il importe de mentionner à ce niveau la convention
de partenariat établie entre le Conseil Régional d’Aquitaine et France 3
en juin 2002. Cette convention comporte un article consacré à la production
(n°1.4.3), lequel affirme la volonté de France 3 « de renforcer l’unité
interrégionale de production « Grand Sud-Ouest » et de contribuer au
développement du secteur indépendant de la production. » (Cf. également
chapitre 2.3.3). La mise en œuvre de cet article nécessitait un avenant
spécifique associant l’AIC. Au moment de la réalisation de cette étude, cet
avenant n’a pas encore été formalisé.
Comme dans le cas des productions cinématographiques, les autres
services bénéficiaires des retombées des tournages de fictions touchent des
activités externes à la filière : hôtellerie et restauration (dont gîtes ruraux et
appart’hôtels), location de véhicules, services de gardiennage … La plupart
de ces services sont le plus souvent situés sur les lieux de tournage ou à
proximité immédiate. On retrouve à peu de choses près le même type de
localisation des tournages : Bordeaux et ses environs, le bassin d’Arcachon,
le littoral girondin, le Périgord, les coteaux de la Garonne, les Pyrénées. Là
encore, on peut noter l’absence d’activité sur le seul département du Lot-etGaronne.
En termes d’audience, il semble que les fictions offrent un avantage
complémentaire par rapport au cinéma : en règle générale, les productions
télévisuelles sont assurées d’être diffusées puisque les principaux
commanditaires en sont les chaînes de télévision20. En outre, le public touché
est beaucoup plus large. On considère qu’un film qui rencontre un succès en
salles réalise au moins 1 million d’entrées. Dans le même temps, l’audience
minimale d’un téléfilm sera 3 à 4 fois plus importante.
Dans le lot des fictions ayant bénéficié d’un soutien régional depuis 1995,
parmi les meilleures parts d’audience21 , on peut citer :
19
A l’époque M. Denis Vivaldini
Celles-ci peuvent néanmoins décider à tout moment l’arrêt d’un tournage ou la non diffusion
d’une œuvre.
21
Une part d’audience équivaut actuellement à 530 000 téléspectateurs de plus de 4 ans.
20
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Page 93
EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE
SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL
« La rivière Espérance » (GéTéVé, 1995) : 27,7% France 2
 « Les filles du maître de chai » (Télécip, 1996) : 13,2% TF1
Un Sept d’Or en 1998 et Prix du Sénat
 « Highlander »(GéTéVé, 1996) : 9,5% à 11,7 % M6
 « L’enfant des terres blondes » (GéTéVé, 1997) : 26% France 2 /
France 3 - Prix Nymphe d’or du Festival de Monte Carlo
 « Les Jours Heureux » (GéTéVé, 1998) : 14,9% France 3
 « Les monos : jeu de loi » (GéTéVé, 1999) : non aidé 23,9% France 2
 « La bicyclette Bleue » (GéTéVé, 1999) : 42,6 % (1er ep.), 38,8%
(2nd ep.) et 41,2% (3ème ep.) France 2
Lauriers de la radio et de la télévision en catégorie « séries » en 2001 Sept
d’Or en catégorie « série et feuilleton » - Vendue dans plus de 30 pays et
édité en vidéo par Warner
 « Tania Boréalis » (Télécip, 2000) : 13,1% France 2
Prix du public au festival de Luchon 2001
 « On ne choisit pas sa famille » (GéTéVé, 2001) : 20% France 3
 « Les semailles et les moissons » (Télécip, 2001) : 12,8%
 « Mathieu Corot » (GMT, 2001) : 13,6% TF1
 « Famille d’accueil » (GMT, 2002) non aidé : 11,3% France 3
 « Les Monos : jamais prêts » (GéTéVé, 2001) : 21,7% France 2
 « Les beaux jours » (Télécip, 2002) : 8,3 % France 3
Prix de la meilleure réalisation au Festival de fiction télévisée de St-Tropez
 « Le bleu de l’océan » (GMT, 2002) : 15% TF1

Le plus petit score réalisé par «Les beaux jours » représente 4,4 millions de
téléspectateurs et le plus important, réalisé par le premier épisode de « La
bicyclette bleue » correspond à … 22,5 millions de téléspectateurs. Les
principales chaînes de diffusion de fictions sont France 2 (216 heures), TF1
(178 heures) et France 3 (107 heures). Il est d’usage de considérer qu’une
part d’audience de 15% (environ 8 millions de téléspectateurs) permet de se
placer dans le « top 100 » des audiences de l’année.
L’exportation des fictions françaises représente 21,5% des ventes de
programmes audiovisuels à l’étranger, soit 22,9 millions ¤. Elle est encore
faible et la France accuse un certain retard par rapport à ses principaux
concurrents européens sur un marché pourtant très dynamique. Cette
exportation se heurte d’abord au format majoritairement produit en France
(séries à héros récurrents de 90’) par rapport au standard international (le
52’), puis au problème du sous-titrage. En outre, ce n’est pas l’objectif
premier des diffuseurs. Il existe cependant des exceptions (« Sous le soleil »,
« La PJ », « Napoléon » …).
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Page 94
EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE
SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL
Le travail d’accompagnement en aval des productions aidées constitue là
encore un « maillon faible » du soutien régional, selon certains producteurs
interrogés. Le défaut de valorisation du partenariat, notamment lorsque
certaines œuvres ont été récompensées, fait partie des regrets exprimés par
ces derniers, d’où le sentiment d’une sous-utilisation des partenariats une fois
l’œuvre achevée. Cela passe aussi par l’établissement d’une relation de
confiance qui paraît encore fragile.
En conclusion, les retombées du soutien apporté par le Conseil Régional
d’Aquitaine à la production de fictions font ressortir plusieurs enseignements :





la faiblesse relative du financement régional, compensée par un
dispositif de conventionnement inscrivant un engagement dans la
durée assorti de contreparties,
une formule intéressante à pérenniser, mais dont les termes
doivent être revus en raison notamment de la difficulté des parties à
garantir et/ou respecter leurs engagements réciproques (prévisibilité
de l’aide, recours aux ressources régionales…),
des retombées plus significatives que celles des productions
cinématographiques sur le tissu local des professionnels et des
prestataires, mais encore trop peu structurantes,
l’intérêt d’un accompagnement en amont en matière d’écriture de
scénario (concours « Scénaristes en Aquitaine »),
une sous-valorisation des productions aidées en aval (promotion
régionale et animation autour d’œuvres primées).
Malgré les réserves ou limites identifiées, l’intervention du Conseil
Régional d’Aquitaine en faveur des fictions mérite attention, dès lors que
l’on privilégie une démarche à caractère industriel et de renforcement des
compétences ou ressources régionales. Il serait en effet dommage que la
Région ne capitalise pas sur les résultats d’une expérience originale menée
depuis une dizaine d’années, en tirant les enseignements de ce bilan.
Somme toute, les retombées sur la filière régionale ne sont pas
négligeables, même s’il est légitime d’en attendre des effets plus
structurants. L’une des limites essentielles de l’aide régionale dans cette
catégorie de production porte fondamentalement sur la valeur artistique
d’œuvres qui sont en règle générale conçues par et pour un système
fortement standardisé et pré-formaté. Cela réduit fortement la capacité
d’influence de la Région en termes de diversité de l’offre culturelle. Il faut être
clair : sauf exception (toujours possible), une intervention régionale en faveur
de la production de fictions répond d’abord à un objectif de dimension
économique, avant tout objectif culturel.
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EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE
SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL
A ce niveau, il reste à la collectivité le choix de soutenir ou non une œuvre
selon la perception qu’elle donne de la réalité ou de l’image de l’Aquitaine.
C’est dans cette perspective que l’on peut préconiser un maintien du
système d’accord de partenariat entre le Conseil Régional et des sociétés
de production, moyennant une adaptation des règles ou critères
d’intervention.
2.3.2 – Documentaires, courts métrages, animation et captation de
spectacles vivants
Cet ensemble regroupe plusieurs genres de productions audiovisuelles.
Leur point commun est qu’ils mobilisent essentiellement des producteurs
régionaux. Toutefois, il paraît difficile de les traiter dans une seule et même
approche tant ils recouvrent une très large variété de situations et de
problématiques.
De façon un peu schématique, il faut distinguer d’un côté, les productions
réalisées par des sociétés développant une activité significative sinon
importante, notamment celles sous contrat avec des chaînes de télévision.
Cela touche en particulier quelques producteurs régionaux fortement
positionnés sur la production de films documentaires. A l’autre extrémité, on
trouve de multiples associations ou petites structures qui ont un très faible
volume d’activité, et plutôt axées sur la création de courts métrages. Entre les
deux, quelques sociétés positionnées sur des créneaux de production
spécifiques (documentaires sur la mémoire régionale, animation).
Le dispositif mis en place par le Conseil Régional d’Aquitaine est structuré
de la même façon que pour les longs métrages cinématographiques, mais
avec des seuils de subvention et des critères légèrement adaptés.



Une aide à l’écriture d’un montant plafonné à 4 573 ¤ pour un
documentaire de création porté soit par une société ou une association
domiciliée en Aquitaine, soit par un auteur aquitain.
Une aide au développement, d’un montant équivalent, porté par une
société ou une association régionale.
Une aide à la réalisation d’un pilote, d’un montant correspondant au
tiers du budget et plafonné à 15 245 ¤, au bénéfice d’une structure
domiciliée en Aquitaine.
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EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE
SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL

Une aide à la production, calculée sur les mêmes bases que pour
l’aide au pilote, au bénéfice de structures régionales ou non, dans ce
dernier cas à la condition que les projets impliquent des coproducteurs régionaux (participation minimale du tiers du budget
global). Le nombre de projets bénéficiant de cette aide régionale est
plafonné à 3 par producteur.
En contrepartie, les bénéficiaires sont tenus de répondre aux même
exigences que celles déjà mentionnées pour les productions
cinématographiques et fictions.
a) Approche de la production de documentaires
La production de films documentaires aidée dans le cadre du Compte de
Soutien aux Industries de Programmes (COSIP) du CNC a représenté 2 466
heures en 2003, (soit 61% des aides accordées dans le cadre du COSIP),
pour un investissement total de 333,6 millions ¤22. Bien que l’année 2003
marque un recul, il faut insister sur le fait que ce genre de production a
considérablement augmenté au cours des dernières années. Entre 1999 et
2004, ce volume d’heures a progressé de plus de 30%.
Evolution du volume d’heures de documentaires produites
3 000
2748
2001
2002
2466
2262
2 500
1880
2 000
1 500
2639
1464
1 153
1 000
500
0
1997
1998
1999
2000
2003
Source : CNC, 2004
Plus de 40% du financement des documentaires est apporté par les
diffuseurs, à savoir les chaînes de télévision.
22
Soit un coût horaire de 135,2 k¤
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EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE
SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL
Dans cette catégorie, les chaînes hertziennes23 représentent les trois quarts
de l’investissement des diffuseurs (par ordre d’importance : France 3, France
5, Arte, TF1, France 2, M6 et Canal Plus). Sur cette part, Les chaînes
thématiques et locales apportent le quart restant (notamment les chaînes
Voyages, Escales, Mezzo, Ciné Cinéma, Paris Première, Equidia-France
Courses, Match TV, Animaux, TV Breizh, Histoire …). Les producteurs
interviennent pour près de 20% dans le financement des documentaires et le
COSIP, en grande partie alimenté par les chaînes de TV (hormis les chaînes
thématiques et locales), pour une part équivalente.
Près de 9% proviennent de financements internationaux (co-productions, préventes). Enfin, les autres financements, dont ceux des régions, contribuent
pour une part équivalente (9%). Dans le cas de l’Aquitaine, ses interventions
en faveur de la production de documentaires n’a cessé de croître au cours de
ces dernières années.
Année
2000
Titre des œuvres (durée)
« Un voyage dans le siècle »
(52’)
« Louttre » (26’)
« Sans haine et sans crainte »
(55’)
« La bataille de Bordeaux » (*)
(90’)
« Nomades en chantier » (26’)
« Le tour du monde dans une
cage d’escalier » (2x26’ et 52’)
« Le musée Bonnat de
Bayonne » (15’)
« Le peuple de la forêt » (52’)
« La conscience universelle »
(52’)
23
Producteurs
Sté Zangra Productions
(+ TV10 Angers)
Ass. Créateurs en série
Diff. Aqui TV
Ass. Film d’Aquitaine /
MWP Productions
(+ TV10 Angers)
Diff. Histoire
Sté Zangra Productions
(+ Ecran Sud)
Diff. Ciné et TV (Arte,
France 3)
Sté A3 Productions
Diff. France 3
Ass. Atelier audiovisuel
du pays
+ Aqui TV
Sté On Line Production
(+ Arte)
Ass. Latitude 16/35
Diff. RFO, RTG1
Ass. MMM
(+ Aqui TV)
Budget
(en ¤)
78 022,4
Aide Région
(en ¤)
15 245,0
15 245,0
4 573,0
30%
76 178,2
12 195,1
16%
273 270,0
30 487,8
11,2%
47 556,4
12 195,1
25,6%
73 383,7
15 245,0
20,8%
27 439,0
1 524,4
5,6%
131 360,4
15 245,0
11,6%
69 963,1
15 245,0
21,8%
TF1, France 2, France 3, France 5, Arte, M6, Canal Plus
CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL
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Page 98
%
19,5%
EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE
SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL
2001
“Une pirogue sur la Garonne”
Ass. Théatre Ombre et
(2x26’)
Lumières
« Les inventeurs de la Sté Aqui Prod
Préhistoire » (4x26’)
(Aqui TV)
« La cuvée Madeleine » (26’)
Ass. ATIS
Diff. Aqui TV
« Le captif de la route »
M. Dabitch
(aide à l’écriture)
“Histoire de céramique” (52’)
ADDC Dordogne
(+ France 3 Aquitaine)
« La fleur et le fusil » (52’)
Sté Zangra Productions
Diff. Arte
« Le complexe de la Bécasse » Sté Siouxs Production
(52’)
(+ Seasons)
« La part des gens »
Sté Caro Production
(90’ + 5x26’)
(+ Dune)
Diff. France2,Arte, RTBF
« Histoires et coutumes » (3x52’) Atelier audiovisuel du
Pays
(+ Trilogie, Aqui Prod)
Diff. Aqui TV
« L’occidentale de fanfare” (52’) SMAC
Diff. Aqui TV, France 3
« Le
chuchoteur
d e s Sté Quatre Vents Prod.
montagnes » (26’)
Diff. Equidia
« Le manuscrit trouvé à Saint Ass. ISL
Sernin » (52’)
Diff. France 3 et TLT
« Yves Parlier, seul au monde » Sté Antipode
(52’)
Diff. La Cinquième
« Aquitaine, A qui t’aime » Sté Goupil Productions
(3x52’)
(+ Jack Fébus)
Diff. Seasons
« Le CAPC, musée d’art Sté On Line Production
contemporain de BX » (15’)
« C’est complet » (26’)
Sté Centaure Production
« La fabuleuse histoire du Sté Caro Productions
béret » (52’)
(Dune.)
« Sanguinet, villages engloutis, ADDC Dordogne
l’âge du fer » (52’)
« Langon-Doha, notes sur un Ass. Nuits Atypiques de
traité international » (60’)
Langon
(+ Lardux Films, Filmo)
Diff. Citizen TV et salles
locales
CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL
D’AQUITAINE
62 140,0
15 245,0
24,5%
NR
2 286,6
ND
36 178,8
6 097,6 16,9%
4 725,6
1 524,4 32,2%
133 291,3
15 245,0
11,4%
181 402,1
15 245,0
8,4%
67 564,0
12 195,1
18%
602 300,9
15 245,0
2,5%
196 949,7
15 245,0
7,7%
67 088,4
15 245,0
22,7%
68 764,2
12 195,1
17,7%
89 463,9
12 195,1
13,6%
117 230,7
12 195,1
10,4%
240 113,1
15 245,0
6,5%
26 676,8
1 524,4
5,7%
62 502,1
154 684,0
7 622,0 12,2%
15 245,0 9,9%
160 855,0
15 245,0
9,5%
89 919,3
15 245,0
17%
Page 99
EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE
SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL
« Lou Pip de Peyre »
« L’ébénisterie
bascobéarnaise »
« Entre Bordeaux et noir » (52’)
« Le peuple du soleil » (52’)
2002
« Chroniques de Gironde »
(10x13’)
“La Côte Médoquine” (4x26’)
« Cesare Battisti, exil » (52’)
« Portalet, la sentinelle
assoupie » (52’)
« Tenue(s) de Bains » (52’)
« L’indien du marais » (52’)
« Zaldia, le cheval basque »
(52’)
« A livre ouvert … la fabuleuse
histoire de l’homme » (52’)
« L’île aux oiseaux » (26’)
Ass. TANOC Prod.
(accord - cadre de
partenariat)
Uwaga Productions
Aide à l’écriture
M. Cheyssial
Aide à l’écriture
Sté And Co Productions
Diff. TV7
Sté Zangra Productions
(+ France 3)
Sté ICA
Diff. Planète
Sté ZNORT Productions
Diff. France 3
Sté Jack Fébus
Diff. Cinquième, Aqui TV,
Odyssée …
Sté Siouxs Productions
Ass. Quatre Vents Prod.
Diff. Equidia
Ass. Film d’Aquitaine
(+ Sté Sens caché Prod.)
Sté Zangra Productions
Diff. France 3
Ass. Calliope Production
« Les femmes de l’Espourgillat »
(26’)
« L’infini sous la peau » (26’)
Sté Eurofilm
Diff. Fest. International
du Film d’Histoire
(Accord cadre triennal
Produire en Aquitaine)
« Jeunes basques en Iparralde » Sté Kultulan
(52’)
(+ Regard Nomade)
« Hollywood sur Gironde ou la Sté Grand Angle Prod.
fabuleuse histoire d’Emile (+ Jack Fébus)
Couzinet » (52’)
“Les petits bals à Macias” (26’)
Sté Zangra Productions
« Chouquette » (26’)
Sté La Belle Equipe
(+ SMAC)
Diff. Ciné Le Vigo et TV7
« Héros urbains » (5x26’)
Sté And Co Production
(+ Grand Angle)
Diff. TV7
CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL
D’AQUITAINE
100 000,0 (**)
14 420,7
30 490,0
30,5%
(?)
4 573,2 31,7%
NR
3 048,8
ND
108 635,2
15 240,0
14%
53 973,6
7 620,0 14,1%
143 911,9
10 000,0
6,9%
50 220,0
15 000,0
29,9%
203 044,5
15 245,0
7,5%
69 696,5
109 107,0
13 000,0
15 245,0
18,7%
14%
41 164,0
66 915,1
16 660,0
6 098,0 14,8%
15 245,0
22,8%
5 590,0 33,6%
70 210,6
15 245,0
21,7%
89 790,0
10 000,0
11,1%
77 000,0
15 245,0
19,8%
56 263,0
34 356,0
15 245,0
10 670,0
27,1%
31,1%
178 005,0
15 245,0
8,6%
Page 100
EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE
SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL
“L’homme à la jument” (52’)
Documentaire-fiction
« Voix de l’exil tchétchène,
stigmates d’une guerre à huis
clos » (52’)
« Ariadone » (26’ et 52’)
2003
Sté Goupil Productions
(+ Jack Fébus)
Ass. Philéas Productions
Distr. Flach Film, Little
Bear
Ass. La Belle Ouvrage
(accord cadre triennal
Produire en Aquitaine)
« Fébus, touches-y si tu l’oses » Les films Figures Libres
(26’)
« Les gens de Bacotte » (80’)
Ass. Tanoc Productions
« La course landaise » (80’)
« De la barrera au calleron »
M. Beïs
Aide à l’écriture
« Les discriminations » (10x6’)
Périphéries Productions
Aide au développement
« Les enfants de Quân-Am » M. Samel
(52’)
Aide à l’écriture
« Strandings, les échouages en Sté Eveil Production
question » (52’)
« Sous l’étreinte du fleuve, l’île SMAC
verte » (52’)
« L’atrium de Dax » (10x26’)
SMAC
Pilote d’une série
« Pierre et les serpents » (52’)
Sté Goupil Productions
(+ Sté Editel)
« En courant pour l’Euskara » Ass. Aldudarrak Bideo
(52’)
« Harley, un mythe à plusieurs Sté Grand Angle
visages » (52’)
Diff. Astra
« Loin de Bejaia, près de Sté Zangra Productions
Bejaia »
« Les balades de Julie » (6x26’) Sté La Belle Equipe
(+France 3 Aquitaine)
« Exploration musicale » (52’)
Sté Films Jack Fébus
(captation)
Diff. France 3, Mezzo
« Christian Vieussens, Cie Sté ZNORT Productions
Vieussens » (52’) - (captation)
(+ Différences)
« Les supporters de l’arène : les Sté Grand Angle
Ultramarines » (26’)
(accord cadre triennal
Produire en Aquitaine)
« La Résistance en Aquitaine » SMAC
(52’)
(appel à projet CRA)
CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL
D’AQUITAINE
78 848,0
15 245,0
19,3%
16 186,0
4 049,0
25%
90 402,0
15 245,0
16,9%
140 620,0
10 700,0
7,6%
106 707,3
30 490,0
28,6%
4 568,0
2 500,0 54,7%
6 277,9
4 573,0 72,8%
5 750,0
4 573,0 79,5%
118 345,0
15 245,0
12,9%
67 389,0
15 245,0
22,6%
55 642,0
15 245,0
27,4%
131 385,0
15 245,0
11,6%
31 969,0
15 000,0
46,9%
68 838,0
15 245,0
22,1%
147 274,0
15 245,0
10,3%
198 878,0
15 245,0
7,7%
96 150,0
15 245,0
15,9%
78 276,0
15 245,0
19,5%
53 896,0
15 245,0
28,3%
71 313,0
15 245,0
21,4%
Page 101
EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE
SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL
« Les combats de la
rédemption » (52’)
« Cheval nature … cheval
d’usine » (52’)
« Mon père était berger » (2x52’)
« Machinayres »
« Sainte Livrade, le camp des
oubliés » (52’)
“Octobre bleu” (52’)
“Apprentis directeurs de prison »
(52’)
« Robert et les ombres » (52’)
26 105,0
7 800,0 29,9%
109 282,0
15 245,0
14%
100 000,0 (?)
30 000,0
ND
115 038,0
15 245,0
13,3%
Sté Grand Angle Prod.
Sté Zangra Productions
(+France 5, France 3 Aq)
Sté Siouxs Productions
Diff. France 3 sud
Sté Films Jack Fébus
62 869,0
157 943,0
15 245,0
15 245,0
24,2%
9,7%
102 634,0
15 000,0
14,6%
138 913,0
15 245,0
11%
Mme Bidegain (+ SMAC)
Aide écriture
« La guérisseuse de la forêt » M. Cheyssial
(52’)
Aide écriture
« Calle Cortes » (52’)
Sté Zangra Productions
Sélection programme
européen Eurodoc
(+ SAN Sénart)
Dii. Arte, France 5, TV3
“Un festival d’ado” (35’ et 52’)
SMAC
Diff. Festival des lycéens
« Impossible innocence » (26’)
Sté Films Jack Fébus
« Mano, la découverte de
Parentis » (26’)
« Les acteurs du grand chemin » Sté Pyren Films
(52’)
« In democracy we trust » (26’) SMAC
“Entre ciel et terre” (26’)
Sté Grand Angle
Diff. KTO
« Marins milliardaires » (52’)
Sté Grand Angle
“Des ombres dans la nuit, Sté Films Jack Fébus
opération Frankton” (52’)
« Dépaysement » (52’)
M. Sady - Aide écriture
« A la recherche des Sté TSVP
Nabatéens » (26’)
Diff. France 3
« Le garage moderne » (52’)
Ass. Léon Prod.
(+ K. Productions et
France 3 Aquitaine)
Tournage : Bordeaux
NR
4 000,0
ND
« Musicalarue en fanfare » (52’)
« Cap contrebasse » (52’)
(captation)
« Secretos de Lucha » (52’)
2004
Ass.
Périphéries
Productions
Ass. Quatre Vents Prod.
Ass. Tanoc productions
(accord cadre triennal)
Sté Grand Angle Prod.
CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL
D’AQUITAINE
6 777,0
4 570,0 67,4%
72 204,0
15 245,0
21,1%
46 653,0
15 000,0
32,2%
104 587,0
15 245,0
14,6%
52 253,0
10 000,0
19,1%
61 545,0
42 388,2
15 245,0
10 000,0
24,8%
23,6%
61 866,2
77 333,0
15 245,0
15 245,0
24,6%
19,7%
NR
62 689,0
2 000,O
15 000,0
ND
23,9%
78 184,0
15 000,0
19,2%
Page 102
EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE
SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL
« Devoirs de Mer » (52’)
« De l’ombre à la lumière » (52’)
« Rary, entre deux scènes, entre
deux mondes » (52’)
« Chapeau de cuir et sabots
noirs » (26’)
« J’aime la vie, je fais du vélo et
je vais au cinéma » (90’) (*)
(documentaire long métrage)
« Hors saison : l’île sauvage »
(52’)
Sté And Co Prod.
(+ Jack Fébus + TV7)
Ass. Marassa
Tournage : Bordeaux,
Madagascar
Sté Centaure Prod.
Tournage : Béarn
Sté Ecransud Distrib.
Diff. : Utopia + TV
(RTBF)
Sté Films Jack Fébus
Diff. France 3 Aquitaine,
Seasons
Sté Siouxs Prod.
« Choses non dites, le complexe
de la bécasse suite » (52’)
« Michel Slitinsky ou le combat Sté Les productions de
d’une vie » (52’)
la Lanterne
(+ France 3 Aquitaine)
75 785,0
76 338,0
51 755,0
15 000,0
9,9%
10 000,0
19,3%
58 305,0
14 000,0
24%
202 046,0
30 000,0
14,8%
72 905,0
15 000,0
20,6%
60 226,0
13 000,0
21,6%
183 776,0
21 000,0
11,4%
Source : délibérations Conseil Régional d’Aquitaine
(*) « La Bataille de Bordeaux » n’a finalement pas été produit par Zangra mais repris en 2004 par la société
toulousaine Ecransud sous le titre « J’aime la vie, je fais du vélo et je vais au cinéma »
(**) Budget non précisé – Non inclus dans la subvention 15 245 ¤ d’aide à l’équipement (et 2002 : 8 359,7 ¤)
Entre 2000 et 2003, le nombre des documentaires soutenus par la Région a
doublé, alors que les financements mobilisés et le volume horaire
correspondant ont triplé. Ainsi, sur la période concernée, le Conseil Régional
a accompagné 76 productions, représentant un budget global de 6,7 millions
¤, dont 0,95 million ¤ de financement régional (budget moyen des œuvres
aidées : 89 000 ¤).
Années
2000
2001
2002
2003
TOTAL
2004
(Prov.)
Nbre de
Volume
productions horaire
aidées*
cumulé
12
18
24
22
76
20
512
1101
1222
1300
4135
922
Montant
global
(en k¤)
622,2
2 373,2
1 818,3
1 938,9
6 752,6
1 440,8
Coût
Aide
% de
Coût
horaire régionale
l’aide
horaire
moyen cumulée régionale aidé
(en ¤)
(en k¤)
(en ¤)
1215,2
116,6 18,7%
227,7
2155,5
233,25 9,8%
211,9
1488
287,3 15,8%
235,1
1491,5
320,3 16,5%
246,4
1633
957,45 14,2%
231,5
1562,7
261,2 18,1%
283,3
Source : délibérations Conseil Régional d’Aquitaine
• dont aides à l’écriture et/ou au développement : 2000 : 1 ; 2001 : 2 ; 2002 : 3 ; 2003 : 2
CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL
D’AQUITAINE
Page 103
EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE
SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL
Dans la mesure où l’on peut considérer que la quasi totalité de ces aides se
sont adressées à des producteurs régionaux et qu’une part très largement
majoritaire des œuvres a été tournée en région, on peut admettre que l’effet
de levier de l’aide régionale a joué dans un rapport de 1 à 7 (1¤ d’aide ayant
généré 7 ¤ d’investissement). De plus, le taux moyen de contribution du
Conseil Régional d’Aquitaine au financement des projets est beaucoup plus
significatif (14,1% - dans une fourchette assez large de 5% à 25%,
exceptionnellement au-delà du seuil prévu par le règlement d’intervention).
Sur cette base, on peut estimer qu’une part non négligeable des
documentaires concernés n’auraient pu être produite sans l’appui de la
Région.
La comparaison du taux moyen à celui évalué pour les œuvres
cinématographiques et les fictions aidées appelle attention, dans la mesure
où, ici, la quasi-totalité de l’investissement réalisé est porté sur la filière
audiovisuelle en région, autrement dit bénéficie directement et
essentiellement à ses opérateurs régionaux et non à des structures
extérieures à la région (sauf exception) ou à la filière.
Sur la période, une quarantaine de producteurs ont reçu un soutien de la
Région en faveur de leurs projets de production. Parmi ceux-ci, une quinzaine
ont été aidés au moins à deux reprises, notamment Zangra Productions, la
SMAC, Grand Angle, les Films Jack Fébus, Siouxs Productions, Quatre Vents
Productions, And Co Productions et Tanoc.24
Par rapport aux autres genres examinés, il faut insister sur le double
impact du soutien régional à la production régionale de documentaires :

Un impact économique, à la fois par l’aide directe apportée au
financement des projets et, indirectement, par le maintien d’un volume
d’activités minimum des entreprises de cette filière. Cela concerne
plus particulièrement les structures bénéficiant d’un soutien récurrent
ou particulier. A cet égard, la Région a établi des accords de
partenariat triennaux avec certaines structures : en juillet 2002 d’une
part, avec l’association Produire en Aquitaine, qui regroupe plus d’une
vingtaine de producteurs régionaux (cf. chap. 2.2.1 p.24), afin de
24 Il faut signaler par ailleurs que l’intervention du Conseil Régional d’Aquitaine en faveur du
documentaire peut passer accessoirement par d’autres canaux d’intervention que celui de la
Culture. Ainsi par exemple la société AIMV a reçu en 2001 une subvention de 64 000 ¤ (sur un
budget global de 374 200 ¤) pour la réalisation de 6 documentaires sur les espèces
migratrices, financée sur le budget régional de l’environnement.
CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL
D’AQUITAINE
Page 104
EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE
SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL
mettre en place un appel à projet annuel et de mettre en production
des documentaires liés au programme de festivals de cinéma et à la
captation de spectacles vivants organisés en Aquitaine, en mai 2001
d’autre part avec l’association Tanoc Productions, spécialisée dans la
production de documentaires sur le patrimoine culturel régional,
comportant la productions d’une demi-douzaine d’œuvres aidées et un
soutien à l’équipement (chaîne numérique, prise de son, vidéomobile).

Un impact culturel, par le soutien à la création d’œuvres originales,
mettant tout particulièrement en évidence les patrimoines naturels,
culturels et historiques de l’Aquitaine et participant à la diversité de
l’offre culturelle. La Région a par ailleurs ponctuellement procédé à
des appels à projets (exemple : pour la production d’un documentaire
sur la Résistance en Aquitaine, attribuée à la SMAC). Il importe
d’insister sur cette dimension et sur l’enjeu que représente, entre
autres via les médias audiovisuels, le soutien à l’expression du
potentiel créatif en région.
Il est en outre intéressant de noter que la plupart des sociétés aidées sont
implantées dans l’agglomération bordelaise ou dans le sud de la région
(Landes et Pyrénées Atlantiques). On assiste par ailleurs à des alliances ou
coopérations sur des projets entre certaines sociétés parmi les plus actives
(Zangra et SMAC, Films Jack Fébus et Grand Angle, Films Jack Fébus et
Goupil Productions), initiatives en dehors desquelles le tissu des producteurs
régionaux reste très éclaté. En ce sens, la création de l’association « Produire
en Aquitaine » en 1999 est une initiative bienvenue. Elle appartient au réseau
des associations régionales de producteurs (REZO) et regroupe 26 sociétés
en Aquitaine (2003). Elle joue un rôle de représentation de la filière auprès
des instances régionales (Conseil Régional, AIC). La recherche de
partenariats européens est un autre thème de mobilisation des producteurs
régionaux. A ce propos, le projet de création d’un Media-desk (antenne du
programme européen Media Plus) porté par l’AIC depuis 2001 n’a pu encore
aboutir.
La perception de l’intervention régionale par les producteurs de
documentaires régionaux est assez mitigée. Ces derniers considèrent en
effet que les aides apportées par la Région ne reflètent pas la réalité du
marché et sont donc trop déconnectées des besoins. Compte tenu du double
plafonnement (nombre d’œuvres et montant de l’aide), le soutien régional
est souvent perçu comme indispensable mais trop partiel par les
bénéficiaires, notamment par les sociétés les plus actives du secteur.
CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL
D’AQUITAINE
Page 105
EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE
SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL
Cette réserve est aujourd’hui d’autant plus prégnante que le CNC a modifié
en 2004 ses règles d’intervention au titre du Compte de Soutien aux
Industries de Programmes (COSIP), désormais plus sélectives et
particulièrement sur la catégorie du documentaire. Les attentes par rapport à
la Région sont multiples et portent à la fois sur un accompagnement à la mise
en place ou au renforcement de partenariats (y compris à l’international,
notamment à l’échelle européenne), qu’en matière de formation par exemple
(cf. chapitre 2.4).
Toujours s’agissant de l’appui financier de la collectivité, la démarche de
développement qui anime certaines entreprises plaiderait pour un
système de financement distinct ou parallèle à l’aide aux projets, afin
d’intervenir sur des besoins plus structurels de ces entreprises (études
ou conseils stratégiques, investissement matériel, encadrement, action
commerciale, gestion des ressources humaines, organisation …).
Par ailleurs, l’inadéquation des calendriers de paiement des différents
financeurs par rapport au rythme de réalisation et de diffusion des œuvres
génère des problèmes de trésorerie et un manque de fonds de roulement
préjudiciable au développement des sociétés concernées. D’après les
analyses effectuées par certains producteurs, la production d’un
documentaire de 52’ nécessite 18 mois entre la phase de développement
jusqu’au Prêt-A-Diffuser ou PAD (3 mois pour un 26’). Tout d’abord, si un
retard de financement intervient entre la naissance du projet et son écriture,
le développement est de fait à la charge du producteur. Par la suite, entre les
premières semaines de montage et la remise des PAD ou des comptes, on
constate une période de faible trésorerie, non prise en compte par les
partenaires dans leurs échéanciers de paiement. Ce constat supposerait une
adaptation du système d’intervention, intégrant l’aide au développement et la
libération d’une partie de l’aide au début du montage de l’œuvre.
Une réserve importante porte également sur la qualité des productions
soutenues par la Région. D’aucuns considèrent en effet que la qualité parfois
très moyenne de certaines productions s’explique souvent par le manque de
professionnalisme des producteurs. L’un des critères d’appréciation peut en
être fourni en considérant la liste des producteurs bénéficiant d’un soutien
sélectif ou automatique du COSIP. Seulement une demi-douzaine de
producteurs de documentaires entrent dans cette catégorie. Une autre façon
d’aborder cette question consiste à prendre en considération l’existence puis
la nature des diffuseurs. Une dernière approche, a posteriori, consiste à
vérifier les productions ayant éventuellement été récompensées à l’occasion
de manifestations ou festivals.
CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL
D’AQUITAINE
Page 106
EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE
SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL
Parmi les principales réserves exprimées par les producteurs mais aussi
d’autres acteurs régionaux au regard du dispositif de soutien régional, la
principale touche à l’échec de la relation, qui devrait être partenariale,
avec l’outil technique du Conseil Régional, l’AIC. La difficulté est telle que
la relation est devenue quasi conflictuelle et que l’on a récemment atteint un
véritable point de blocage. Cela tient visiblement à plusieurs facteurs. Tout
d’abord, le sentiment des producteurs aquitains que l’AIC privilégie ses
relations avec les producteurs parisiens plutôt que la qualité de son
partenariat avec les acteurs régionaux.
Cela est d’autant plus mal ressenti que la convention d’origine liant le
Conseil Régional à l’AIC insistait sur son rôle en matière de concertation
entre acteurs publics et professionnels régionaux. Associé au comportement
jugé parfois « néo-colonialiste » de sociétés de production parisiennes, qui ne
font quasiment jamais appel aux producteurs régionaux à l’occasion des
tournages soutenus par la Région, ce manque de concertation ou d’écoute
est particulièrement mal perçu. En outre, les producteurs locaux estiment
que l’outil régional est également victime de sa faiblesse comparé à
d’autres structures régionales. Du point de vue des moyens et des
compétences mobilisables, la plus-value de l’AIC est jugée limitée quant aux
résultats obtenus. Parmi les griefs avancés : manque de réalisme dans
l’expertise financière des projets, manque de transparence dans leur
sélection, connaissance insuffisante des réalités professionnelles …
Ainsi, la mise en place d’un comité de lecture unique chargé d’examiner
les projets de production quel que soit leur genre (longs métrages cinéma,
fictions, documentaires, courts métrages …) est manifestement
inapproprié. D’autres estiment par ailleurs que des producteurs régionaux
auraient la capacité de produire des longs métrages cinéma, à condition que
la Région et l’AIC acceptent de favoriser l’émergence de cette production en
région. Enfin, ils regrettent que l’AIC ne valorise pas davantage les
productions régionales auprès des diffuseurs, même si quelques uns d’entre
eux, et non des moindres, reconnaissent parallèlement la nécessité de
relever le niveau qualitatif de la production régionale (cf. supra).
CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL
D’AQUITAINE
Page 107
EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE
SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL
Pour le moins, peut-on souligner la « distance » qui sépare
actuellement la politique de soutien régionale des acteurs en région. Cet
écart n’est pas tant mesurable en termes de financement (même si l’on
peut toujours faire « plus ») que de carence de l’écoute et du dialogue
entre supposés partenaires, que ce soit sur le suivi de la politique
régionale, sur les adaptations de la réponse publique aux besoins, sur la
réflexion relative aux enjeux du secteur25.
L’approche des effets du soutien régional à la production de
documentaires sur l’emploi dans la filière audiovisuelle aquitaine est plus
difficile à mesurer. Au delà des informations transmises par l’association
Produire en Aquitaine (cf. chap. 2.2.1 p. 22 à 24), on sait qu’environ 3400
salariés exercent dans les métiers de l’audiovisuel en Aquitaine, qu’un millier
d’entre eux sont répertoriés dans les fichiers de l’ANPE Spectacle, dont
environ 350 relevant du régime des intermittents.
Les producteurs régionaux n’échappent pas à la règle de mobilisation de ce
régime comme outil de gestion de leur activité, tant du point du vue de la
gestion des ressources humaines que du point de vue de la gestion
économique de leur entreprise, quel que soit son statut. Ainsi, l’association
Produire en Aquitaine mentionne que sur une quinzaine d’adhérents ayant
répondu à une enquête interne, on comptait une dizaine de salariés pour une
centaine d’emplois générés. Dans le cas d’entreprises qui sont pour la
plupart assez fragiles, le régime de l’intermittence constitue une sorte
de ballon d’oxygène ou outil d’ajustement sans lequel leur pérennité serait
certainement remise en question. Cela peut sembler anormal, mais cela
correspond aussi à une réalité forte du système.
Comment faire autrement, lorsque que les donneurs d’ordre, en
l’occurrence les chaînes de télévision, n’avancent que 30% (voire moins) du
coût de production d’une œuvre ? Ou que les financeurs ne tiennent pas
forcément compte des contraintes de trésorerie des sociétés de production en
région ? Tout au plus, il faut admettre que le maintien d’un volume
satisfaisant d’activité des producteurs régionaux contribue au maintien
d’un volume d’emplois, intermittents pour une très large part, des
professionnels concernés en région.
25
Au demeurant, la saisine du CESR d’Aquitaine est l’une des conséquences de ce déficit de
dialogue.
CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL
D’AQUITAINE
Page 108
EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE
SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL
Par ailleurs, les producteurs aquitains reconnaissent aussi tirer partie de
l’activité générée par d’autres sortes de productions en région
(cinématographiques et production de fictions), dans la mesure où celles-ci
contribuent à l’amélioration des savoir-faire et de la qualification des
professionnels régionaux, quand elles ne génèrent pas la fixation de certains
professionnels extérieurs en région. Dans le même registre, le rôle déjà
effectif de France 3 (UIP Sud Ouest) est également souligné par les
producteurs régionaux.
Les producteurs aquitains utilisent majoritairement leurs propres moyens
techniques ou font appel à des prestataires locaux pour l’essentiel. Outre
ceux déjà mentionnés qui ont été amenés à intervenir sur des productions
« lourdes » de cinéma et de fictions (Papaye, Limelight), on peut citer
notamment Atlantel Images Maximum Vidéo (AIMV, qui produit aussi des
documentaires et des films de commande), ASV, CIP Audio … Parmi les
autres sociétés concernées, il faut également évoquer celles spécialisées
dans la fabrication d’imagerie numérique 3D (par exemple Axyz).
La question de la diffusion des œuvres documentaires est très
étroitement liée à la nature des diffuseurs concernés, chaînes hertziennes,
thématiques ou locales. Il faut souligner dans ce domaine l’importance du
rôle joué dans certaines régions par des diffuseurs locaux.
Ainsi, les régions qui développent les volumes de production de
documentaires les plus importants sont aussi celles qui disposent d’un
réseau dynamique de chaîne locales. Sur le réseau hertzien, la production
audiovisuelle aidée de documentaires a totalisé 1 206 heures en 2003 pour
un devis global de 227,2 millions ¤ dont 103,7 millions ¤ d’investissement des
chaînes. Dans cet ensemble, les stations régionales de France 3 ont généré
204 heures de documentaires pour un investissement de 11,6 millions ¤.
Dans ce domaine, avec seulement 8,3 heures produites, France 3 Aquitaine
se classe loin dans le palmarès des stations régionales (10ème sur 13). Cette
relative faiblesse de la part du diffuseur régional de France 3 n’est en outre
pas compensée par la présence d’autres diffuseurs locaux. La chaîne locale
Aqui TV implantée en Dordogne et la chaîne Demain! ont disparu du paysage
audiovisuel régional et la création de TV7 n’a pas encore permis d’accroître
significativement le volume de production de documentaires en région. Ce
faible dynamisme des diffuseurs locaux n’est pas très stimulant pour les
producteurs aquitains. Au plan national, il existe 36 télévisions locales qui
participent au financement d’œuvres aidées par le COSIP (448 heures de
documentaires pour 11,2 millions ¤ d’apports des diffuseurs en 2003).
CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL
D’AQUITAINE
Page 109
EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE
SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL
S’agissant de France 3 Aquitaine, la politique de la station devrait évoluer
plus favorablement dans les années à venir. En 2001, cette station a
produit ou co-produit 34 documentaires dont 14 en production interne, 12 en
co-production et 8 en co-production interrégionale. Avant 2001, cette
production était moitié moindre (une quinzaine). Pour les années 2002-2003,
le volume est passé à 56 productions documentaires (dont 7 de 52’), une
douzaine étant produites en interne, 16 en co-production et 17 en coproduction interrégionale.
La volonté affichée par les responsables locaux de la station est de
développer la production d’œuvres documentaires, qui peuvent bénéficier
de plusieurs diffusions soit sur le réseau France 3 soit sur d’autres réseaux.
La valorisation du secteur économique audiovisuel en région fait partie
du cahier des charges que s’est fixé France 3, le souci étant de créer des
passerelles avec le tissu des entreprises régionales de production
audiovisuelle. Beaucoup de chemin reste encore à parcourir par rapport à
d’autres régions, sachant que cette politique se heurte aussi à des
résistances internes. France 3 est appelée à intervenir dans le financement
d’œuvres hors commande interne, sur proposition de sociétés de production
en région.
France 3 sélectionne les œuvres et apporte 25% du coût du projet (plafond
fixé à 3 000 ¤ pour un film de 26’ et 6 000 ¤ pour un 52’), à quoi s’ajoute un
apport en industrie (tournage, montage) et un droit à une part d’antenne (2
diffusions régionales étalées dans le temps, une diffusion interrégionale, voire
nationale). Plusieurs sociétés ont ainsi été amenées à travailler en relation
avec le station régionale (Films Jack Fébus, SMAC, Grand Angle, Tanoc
Productions …). A horizon 2008, la direction de France 3 a prévu de doubler
le temps d’antenne régional. Cette politique pourrait bénéficier à terme du
développement de la Télévision Numérique Régionale, mais aussi du
développement des synergies avec d’autres stations régionales (MidiPyrénées, Limousin), afin de faciliter la circulation des productions et
d’accroître l’activité des producteurs régionaux.
D’autres projets de télévision locale sont envisagés en Aquitaine (Pays
basque, Landes), mais n’ont pas encore vu le jour.
Certains représentants des producteurs locaux considèrent que la priorité
en matière de diffusion reste encore actuellement le réseau des chaînes
hertziennes par rapport à celui des chaînes thématiques. Cette position se
justifie du fait que les diffuseurs du réseau hertzien participent davantage à la
production des œuvres et rémunèrent mieux les producteurs.
CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL
D’AQUITAINE
Page 110
EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE
SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL
Ils soulignent par ailleurs l’intérêt d’une diversification de la diffusion des
documentaires en région, en s’appuyant par exemple sur le réseau des
cinémas de proximité.
Plusieurs œuvres documentaires ont donné lieu à des opérations
particulières de promotion ou de présentation en relation avec l’AIC.
En résumé, l’analyse des retombées du soutien de la Région Aquitaine en
faveur de la production de documentaires amène aux conclusions suivantes :






Un soutien nécessaire au maintien et au renforcement des
producteurs en région, qui doit conjuguer un double objectif en
termes de création culturelle ou de diversité de l’offre culturelle d’une
part, d’accompagnement économique d’un tissu d’entreprises
d’autre part.
L’intérêt de distinguer l’aide au projet d’un soutien à la filière, en
mettant en place un dispositif d’intervention régional plus diversifié
(culture – aide aux entreprises – formation).
En matière d’aide au projet, une adaptation du dispositif, assoupli
mais aussi plus sélectif, intégrant une modification de la clé de
financement, permettant de prendre en compte les contraintes de
gestion spécifiques, et la création d’un comité de lecture ou de
sélection spécifique auprès de l’outil régional (AIC).
Le développement d’une commande publique sur la base d’un
appel à projets, portant sur un thème prédéfini concernant les
patrimoines régionaux (dont spectacles vivants) ou l’histoire
régionale et variable d’une année sur l’autre, ouvert à tout
producteur, aquitain ou non.
En matière d’aide aux entreprises (producteurs et prestataires
techniques), mise en place d’un appui à une démarche collective de
développement du secteur (type « contrat de progrès » et/ou
« contrat d’objectif »).
Le développement d’une fonction d’animation du secteur
professionnel, en s’appuyant sur les organisations existantes
(« produire en Aquitaine », ATIS, Aquitaine Acteurs), en associant
les autres acteurs institutionnels ou opérateurs compétents (tels que
AFDAS, ANPE Spectacle, France 3) et en favorisant les espaces de
dialogue et de réflexion concernant les enjeux du secteur (marchés,
compétences, technologies …).
CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL
D’AQUITAINE
Page 111
EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE
SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL


Le développement d’un soutien à la diffusion, notamment en
dynamisant le partenariat avec la station régionale France 3 et la
promotion des œuvres aquitaines sur les festivals les plus
significatifs (Sunny Side of the docs de Marseille notamment).
La recherche et la mise en place d’échanges et de partenariats
avec des producteurs et diffuseurs d’autres régions françaises et
européennes.
b) Approche de la production de courts métrages
Cette catégorie d’œuvres se distingue par la nature du format et non par le
genre de productions qu’elle recouvre, relativement diversifié (fictions,
documentaires, films d’animation …). La production nationale de courts
métrages en 2003, selon une enquête conduite par le CNC, oscille entre 400
et 450 par an pour un investissement global de 22 à 25 millions ¤. Cela
représente environ 600 semaines de tournages (environ 3 000 jours). En
2003, 425 courts métrages ont obtenu un visa d’exploitation du CNC. Les
deux tiers de cette production avaient une durée de moins de 20 minutes
(durée moyenne : 16 mn) et près de la moitié a été tourné en région Ile-deFrance. Les collectivités territoriales ont apporté 3 millions ¤ de financement.
L’exploitation en salles a généré une recette de 0,38 million ¤ selon l’Agence
du Court Métrage.
D’après cette même enquête du CNC, l’Aquitaine aurait enregistré 36
journées de tournages en 2003, exclusivement des œuvres de fiction, sur les
1905 journées totales pour cette catégorie d’œuvre (soit moins de 2% du
total).
Le régime d’intervention du Conseil Régional d’Aquitaine en faveur des
œuvres de court métrage est le même que celui décrit pour les
documentaires.
Entre 2000 et 2004 (incluse), le Conseil Régional d’Aquitaine a mobilisé
plus de 675 000 ¤ sur une cinquantaine de productions de courts métrages,
pour un devis global supérieur à 3,7 millions ¤ (soit un taux moyen de
financement de 18%).
CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL
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EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE
SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL
Année
2000
2001
Titre des œuvres (durée)
Producteurs
« En chemin » (15’)
Sté 3A Productions
(+ Baïacedez Films)
Diff. Arte
« Vernissage » (18’)
Ass. Tête à Clap
Tournage : Bordeaux
« Antonn le vieux berger » (15’)
Ass. Garazikus
(+ Les films de la
Chouette)
Tournage : Pays basque
« People » (30’)
Ass. CCC
Torunage : Bordeaux et
New York
“Ne pas ouvrir” (35’)
Sté Océan Films
(+ Odessa Films)
Tournage : Pau (12j)
« Etat de guerre » (50’)
Paulo Films
moyen métrage
Tournage : Bordeaux et
Arcachon
« Nuit d’argent » (30’)
Ass. Extérieur Jour
Tournage : Bordeaux
Diff. TPS
« Œil pour œil » (30’)
Ass. Foyer rural de
Monein (+ Films du
Poisson)
« Sur la grande route de Ass. ICA
l’amour » (26’)
Tournage : Bordeaux et
Entre-Deux-Mers
« Pas d’ombre blanche » (13’)
Sté Uwaga
(pilote)
Tournage : Bordeaux
« Le grand frère » (20’)
M. Rovère
Tournage : Andernos
« La baigneuse » (11’)
Ass. Filcom (+ Sté Bizibi)
Tournage : Cap Ferret
“Le sommeil d’Anna Caire” (15’) Ass. Tête à Clap
Tournage : Landes,
Pessac, Toulouse
« Comédie » (6’)
Sté Fiction et Cie
(+ NW prod.)
Diff. Ciné Eustache
« La vie en l’air » (26’)
16 Arts Productions
(+Aqui TV)
CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL
D’AQUITAINE
Budget
(en ¤)
64 436,9
Aide Région
(en ¤)
15 243,9
23,7%
43 737,2
12 195,1
27,9%
53 967,0
15 243,9
28,2%
51 067,1
15 243,9
29,8%
158 768,9
15 243,9
9,6%
106 931,4
15 243,9
14,3%
58 353,7
15 243,9
26,1%
126 734,0
15 243,9
12%
52 019,8
15 243,9
29,3%
52 470,3
15 243,9
29%
2 764,9
%
914,6 33,1%
70 352,0
12 195,1
17,3%
NR
12 195,1
?
55 945,1
15 243,9
27,2%
88 571,0
15 243,9
17,2%
Page 113
EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE
SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL
« La nuit obscure » (50’)
Moyen métrage
2002
2003
Paulo Films
Tournage : Landes,
Pyrénées Atl. Normandie
Distr. Epicentre Films
« Le passage » (10’)
Ass. A Contis
« L’heure du déjeuner » (15’)
Films du Mahana
Tournage : Landes
Diff. TPS cinéma, télé
Gironde, salles
« Chair éternelle » (15’)
GTV Sud Ouest
Diff. Universal, 13è Rue
« Transport amoureux » (7’)
Sté Grand Angle
(+ Poisson Rouge
Pictures Fr.) - Diff. TPS
ciné, + salles - Distr.
BritShorts et Talantis
Films
« Au baissant de l’eau » (8’)
SMAC
« Connaissance du Monde »
Kare Atlantique
« Mimosa » (8’)
Sté Contis Plage Prod.
« Victor » (15’)
Ass. Tête à Clap
(+ Victoria) - Diff. Vigo
« La mirador » (45’)
Ass. Fiction et Cie
Distr. System TV
Tournage : Saint Jean de
Luz, Saint Pée / Nivelle
« Jour blanc » (22’)
GTV Sud Ouest
(+ Matador Films)
Diff. Films du Cygne
Tournage : v. d’Ossau
« La civilisation du petit pois » Atlan Films
(17’)
Tournage : Côte basque,
Bordeaux, Corse
« Lépokoa » (18’)
Ass. Garazikus
Tournage : Hendaye
« Volatil » (15’)
Sté La Belle Equipe
« Une histoire peut être vraie » Sté BPMobile Films
(50’)
Tournage : Landes
« Sortie des artistes » (15’)
Sté Zuma Productions
(co-prod. Hopewell Prod)
Tournage : Bordeaux
“Une aube incertaine” (12’)
Sté Contis Plage Prod.
Tournage : Bx, Landes
CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL
D’AQUITAINE
92 393,3
15 243,9
16,5%
77 096,2
52 929,2
6 097,6
12 195,1
7,9%
23%
83 847,0
13 720,0
16,4%
75 300,0
15 245,00
20,2%
45 000,0
38 112,2
84 144,0
83 340,0
12 000,0
12 700,0
10 000,0
15 000,0
26,7%
33,3%
11,9%
18%
158 775,0
15 245,0
9,6%
138 520,0
15 245,0
11%
74 596,0
10 000,0
13,4%
62 000,0
15 245,0
24,6%
79 228,0
63 224,0
15 245,0
15 245,0
19,2%
24,1%
47 008,0
15 245,0
32,4%
70 568,0
15 245,0
21,6%
Page 114
EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE
SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL
« Les deux frères et le contrat »
(10’)
« Les problèmes de hanches »
(18’)
« Un homme » (13’)
« Frontière bleue » (12’)
« Le serment » (7’)
2004
Sté Contis Plage Prod.
Tournage : Landes
Les Films Jack Fébus
Ass. FLIM
Sté Contis Plage Prod.
Sté Atlan Films
(+ You and I Prod.)
“Vibrations”
Ass. CCC (+ Gap Uneta)
“Noli me tengere” (40’)
Papaye Productions
(+ Sésame Films)
Diff. Ciné 32 / Atalante
« Le cri de la feuille » (12’)
Château Rouge Prod.
Concours « Aquitaine tout Tournage : Aquitaine (7j)
court » (CRA/France3 Aquitaine)
« French Kiss » (7’)
Ass. Scenari Films
(+BPMobil Films)
Tournage : Bordeaux
“Cassandra” (15’)
GTV Sud Ouest
(+Novociné)
« Amaiur » (10’)
Ass. Jack Fébus Avan !
Tournage : Socoa
“Chris” (10’)
Cripcea, Plume d’Ange
« Majorité » (20’)
GTV Sud Ouest
2D/3D
Tournage : Bordeaux
« Sale boulot » (12’)
Ass. Collectif Combo
Tournage : M. de Marsan
« No ou la rencontre éperdue » Sté No Film
(15’)
Tournage : Bordeaux
« Garde Robe » (15’)
Sté Vachette Prod.
(+ ass. Studio 33)
Tournage : Bordeaux et
Biscarrosse
« La vache qui pleure » (20’)
Ass. Jack Fébus Avan !
« Jacques qui a faim » (15’)
Sté Papaye
(+ Magnificat Films)
Tournage : Bergerac
70 568,0
49 599,0
43 200,0
72 377,0
69 000,0
21,6%
9 500,0 19,1%
11 000,0
15 245,0
15 245,0
25,5%
21,1%
22,1%
22 500,0
158 590,0
3 000,0 13,3%
15 245,0 9,6%
249 998,0
15 245,0
6,1%
60 700,0
15 200,0
25%
95 170,0
15 000,0
15,8%
36 856,0
12 250,0
33,2%
47 416,0
134 537,0
15 000,0
15 245,0
31,6%
11,3%
35 876,0
12 000,0
33,4%
52 858,0
12 000,0
22,7%
79 725,0
15 000,0
19,1%
82 053,0
70 156,0
15 000,0
15 000,0
18,3%
21,7%
Source : délibérations Conseil Régional d’Aquitaine
Il importe de souligner ici une double caractéristique de l’intervention
régionale en faveur de la production de courts métrages :
CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL
D’AQUITAINE
15 245,0
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EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE
SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL


elle recouvre en fait plusieurs sortes de productions : œuvres de
fiction (courts et moyens métrages), documentaires de courte durée
(inférieure à 20 mn),
elle a bénéficié essentiellement à des auteurs et producteurs
aquitains, mais pas de façon exclusive (derniers exemples : Société
No Film, du fait du lien du projet avec un artiste de la collection du
FRAC Aquitaine ; et Château Rouge Productions lauréat du
concours co-organisé avec France 3 Aquitaine « L’Aquitaine Tout
Court »).
En outre, mais ceci n’est pas spécifique à la production régionale de courts
métrages, le montant du devis global est très probablement sous évalué
et l’économie du court métrage est, de fait, difficile à cerner. En effet, il est de
notoriété publique qu’une bonne part de ces œuvres sont produites grâce
à des apports en nature de comédiens et de techniciens non rémunérés.
La structure des coûts de production s’en trouve ainsi souvent faussée. Il est
intéressant de noter à cet égard que plusieurs auteurs ou réalisateurs de
courts métrages exercent par ailleurs d’autres métiers dans la filière
audiovisuelle (dont métiers techniques).
Le nombre de dossiers aidés par année semble assez stable (une dizaine),
bien qu’il ait enregistré une poussée en 2003. Si l’aide du Conseil Régional
en faveur du documentaire semble essentiellement guidée par un souci de
développement d’une filière audiovisuelle en région, autant celle mobilisée en
direction du court métrage répond beaucoup plus à un objectif d’appui à
la création et à l’expression culturelles. Pour autant, l’impact économique
de l’aide régionale pour cette catégorie de production est déterminant, dans la
mesure où la plupart de ces œuvres auraient difficilement vu le jour sans
l’appui de la collectivité.
Beaucoup d’auteurs aquitains de courts métrages trouvent dans ce
dispositif un moyen d’éprouver ou de conforter leurs savoir-faire et si possible
de rencontrer un public. Il semble cependant très exceptionnel que des
auteurs ou réalisateurs de films de courts métrages aidés par le Conseil
Régional soient passés à la production de films de long métrage (c’est par
exemple le cas de Laetitia Colombani).
A ces réserves près, les remarques formulées sur la perception de l’aide
régionale en faveur du court métrage rejoignent celles déjà exprimées
relatives à la production de documentaires, notamment celles relatives à la
qualité des œuvres produites ou aidées. Néanmoins, il convient de relativiser
cette analyse pour deux raisons essentielles :
CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL
D’AQUITAINE
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EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE
SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL


on évolue malgré tout dans une activité (sinon une « industrie ») de
prototypes où la part de risque est relativement importante ;
ensuite, plusieurs œuvres de courts métrages financées par la
Région ont été récompensées à l’occasion de certains festivals.
Ainsi, Safy Nebbou, auteur de « Antonn le vieux berger » et de
« Lepokoa », œuvres produites par l’association Garazikus, a
collectionné les récompenses :
« Antonn le vieux berger » : Prix de la mise en scène et prix du public au
Festival International de la Bidassoa, Prix du meilleur scénariste au Festival
du Film de Bilbao, Prix de la Jeunesse au Festival Européen de Vendôme,
Prix de la qualité du CNC.
« Lepokoa » : Prix qualité du CNC, Grand prix du Festival International de
Bilbao, Prix du meilleur film au Festival de Sagunto, Premier prix du Festival
de Lorca, Mention spéciale du jury au Festival de l’Encre de Tours, Prix
spécial du jury au Festival de Contis, Mention spéciale du jury au Festival de
Lama, Fougère de bronze au Festival International de la Bidassoa, Meilleure
photographie et meilleure musique au Festival de Soria.
Safy Nebbou est également l’auteur d’un scénario de long métrage qui a
reçu le trophée du premier scénario du CNC et a été sélectionné par
Equinoxe. « L’heure du déjeuner » de Laurent Pedebernard a été sélectionné
aux festivals de Sarlat, Trouville et a remporté le prix du public au Festival
Cinéma d’Ici et d’Ailleurs de Sainte Livrade. Ce court métrage a également
été sélectionné au festival de cinéma régional de Toulon (avec « Sur la
grande route de l’amour » de Pascal Renaud). « Vibration(s) » de Christian
Monnier (par ailleurs photographe de plateau) a reçu le prix spécial du jury et
le prix de la jeune création cinématographique Aquitaine – Journal Sud-Ouest
au Festival Gap Uneta d’Arcachon.
Plusieurs courts métrages ont bénéficié d’opérations de présentation et de
diffusion dans certaines salles cinéma de la région. C’est par exemple le cas
de « Transport amoureux » de Renaud Alcade, produit par la société Grand
Angle, qui a passé un accord de distribution avec Gaumont et a été diffusé en
2003 en première partie d’un long métrage (« Lovely Rita »).
Cependant, en dehors de quelques exception notables, la production
régionale de courts métrages peut apparaître assez modeste et de
qualité moyenne. Comment expliquer par exemple le fait que la première
œuvre sélectionnée dans le cadre du Concours « L’Aquitaine tout court » par
ses promoteurs (Conseil Régional et France 3 Aquitaine) soit une œuvre
produite par une société et des auteures parisiennes (Château Rouge
Productions, scénario écrit par Marinca Villanova et Frédérique Caillon) ?
CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL
D’AQUITAINE
Page 117
EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE
SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL
Cela étant, le principe d’ouverture de ce type de concours à l’extérieur peut
avoir un effet d’émulation bénéfique sur les auteurs et producteurs aquitains
de courts métrages. De même, aucun court métrage produit en Aquitaine ne
semble avoir été distingué au Festival de Clermont Ferrand, qui constitue la
référence nationale dans ce domaine.
La question de la diffusion des œuvres et la nécessité d’un travail vers
l’aval est encore plus déterminante pour les courts métrages que pour les
œuvres documentaires. Dans ce dernier cas, la diffusion est assurée pour
l’essentiel par les chaînes de télévision. Il en va autrement dans le cas des
courts métrages, dont la diffusion est plus confidentielle. A cet égard,
l’organisation de l’opération « Au coin des courts » initiée en 2001, fruit d’un
partenariat entre l’AIC, l’Office Artistique de la Région Aquitaine (OARA) et le
réseau aquitain des cinémas de proximité, n’a pas obtenu de réel succès tant
du point de vue du public que des exploitants. Ces derniers ont rencontré des
difficultés à la fois de nature logistique (indisponibilité de certains films au
moment des séances) qu’artistique (qualité des œuvres présentées).
Le travail de sélection en amont et l’accompagnement vers les
diffuseurs, (réseaux de salles, festivals, présentation dans le making off d’un
film long métrage aidé par la Région ?) d’autre part constituent deux aspects
indispensables à la politique de soutien de la région en faveur de ce type
d’œuvre. Plusieurs cinémas aquitains (14) participent à ce propos au Réseau
Alternatif de Diffusion des courts métrages créé par l’Agence du Court
Métrage.
c) Approche de la production de films d’animation
La production annuelle de films d’animation aidés par le CNC oscille entre
200 et 300 heures. Il est en baisse assez constante depuis 1998. En 2003, le
volume d’heures de production de films d’animation a atteint 208 heures pour
un devis global de 128,6 millions ¤ (618,4 k¤ en coût horaire). Un peu plus du
quart du financement est apporté par les diffuseurs, 14% par le COSIP et
presque autant par les producteurs. La part des coproductions étrangères est
importante, puisqu’elle atteint 28,5% (Canada et Etats-Unis notamment), à
quoi s’ajoutent les préventes à l’étranger qui représentent près de 15% du
financement total.
Les principaux diffuseurs concernés sont France 3, TF1, M6, France 5 pour
les chaînes hertziennes, Canal J, Teletoon, Disney Channel ou Fox Kids pour
les chaînes thématiques.
CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL
D’AQUITAINE
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EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE
SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL
L’essentiel des œuvres d’animation produites sont des séries. Près de la
moitié des dépenses générées par les films d’animation produits ou coproduits par la France est réalisée à l’étranger.
L’Aquitaine n’est pas une région fortement positionnée sur ce type
d’œuvres, contrairement à d’autres régions telles que PACA ou PoitouCharentes par exemple. Néanmoins, certaines sociétés implantées en
Aquitaine développent une activité notable dans ce genre de production,
sachant en outre que certains auteurs connus de bandes dessinées sont par
ailleurs installés dans la région. Entre 2000 et 2003, la Région a consacré
160 000 ¤ à la production d’une dizaine d’œuvres d’animation, pour un
budget global de 2,1 millions ¤ (soit un taux moyen de subvention de 7,6%).
La moitié de ces projets étaient des pilotes et certains ont été développés
avec des technologies numériques en 3 dimensions (Inex Vivo).
Année
2000
2001
2002
2003
2004
Titre des œuvres (durée)
« Soupe Opéra » (13x2’)
« « Le lait de lolo »
(pilote)
« Les Globulys » (13’)
(pilote)
Producteurs
Marlou Films
(+ France 3 Limousin et
Poitou-Charentes)
TV Pays Bas et Canada
Marlou Films
Sté Inex Vivo
(numérique 3D)
Diff. France 3, Arte
Ass. Flip Book
Sté Inex Vivo
« La mémoire du fer » (3’)
“Max et Maya” (série 26x3’)
(pilote numérique 3D)
« Souriceau » (pilote)
Marlou Films
« Wazoo ! What a zoo ! » Upside Television
(40x2,45’)
(+Okidoki)
Pré-achat Disney TV
“Aldo” (série 26x26’)
Tribal Touch
(pilote)
(+ E-Motions)
« Pamela, un cas à part » (série Tribal Touch
104x7’))
(pilote de 3’)
« Poubelles 3 » (26x1’)
Marlou Films Prod.
« Le constructeur de la grande Sté Marlou Films
pyramide » (13’)
(+ Dibulitoon Studio)
(pilote série 26x13’)
Budget
(en ¤)
164 072,4
Aide Région
(en ¤)
15 243,9
9,3%
78 265,4
15 243,9
19,5%
60 975,6
15 243,9
25%
44 334,5
715 300,0
(série)
63 000,0
631 930,0
12 195,1
11 400,0
27,5%
NS
15 245,0
15 245,0
24,2%
2,4%
53 155,0
15 000,0
28,2%
53 155,0
15 000,0
28,2%
165 497,0
76 000,0
15 245,0
15 000,0
9,2%
19,7%
Source : délibérations Conseil Régional d’Aquitaine
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%
EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE
SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL
On dispose de peu d’éléments de retour pour cette catégorie de production.
On peut simplement noter que la part de financement du Conseil Régional sur
les pilotes des séries est plus significative que celle consacrée au
financement des séries elles mêmes (on passe d’un ratio de 1 à 10, exception
faite de «Max et Maya » - la subvention concerne le pilote mais le ratio est
calculé sur le prévisionnel de la série). Par conséquent, si le dispositif
appliqué, calqué sur celui du soutien aux œuvres documentaires et courts
métrages, semble adapté pour le financement des pilotes d’animations, il est
beaucoup plus limité en ce qui concerne le financement de l’œuvre elle
même.
Sans remettre en question le principe d’une intervention dans ce domaine, il
paraîtrait utile de réfléchir à un ajustement dudit dispositif en direction des
producteurs concernés :



en relevant le niveau d’intervention de la Région sur les pilotes,
c’est-à-dire en amont de la production des séries, en sur-investissant
ainsi au niveau du prototype commercial (40% plafonné à 30 000 ¤)
en prévoyant un taux préférentiel pour les projets faisant intervenir
des technologies numériques et images de synthèse en 3D (50%
plafonné à 35 000 ¤)
en favorisant les échanges entre les sociétés de production et les
diffuseurs ou en aidant ces sociétés à structurer leurs démarches
commerciales (cf. documentaires).
d) Approche de la captation de spectacle vivant
Ce genre de production est en progression constante depuis plusieurs
années. En 2003, le volume des productions aidées par le COSIP a atteint
439 heures pour un devis global de 65 millions ¤. Les diffuseurs participent à
hauteur de 29% au financement de ces œuvres et le COSIP pour un peu
moins du quart de l’investissement total. Les premiers financeurs sont les
producteurs (près du tiers). Parmi les diffuseurs, les principaux intervenants
sont France 3, Arte, les chaînes thématiques (Mezzo, TV Breizh) et les
chaînes locales ((Télé Lyon Métropole, Cités Télévision, TV 10 Angers ..).
L’importance de ce type de production est étroitement lié au volume de
production de spectacles culturels en région. Un autre facteur à prendre
en considération est qu’il s’agit d’un métier spécifique, nécessitant un
savoir-faire distinct de celui mobilisé pour d’autres productions audiovisuelles.
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EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE
SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL
L’autre facteur limitant au développement de ce type de production en
région est l’insuffisance de producteurs et réalisateurs qualifiés. Or,
aucune formation adéquate n’est actuellement proposée sur ce thème en
Aquitaine.
L’Aquitaine s’est pour l’instant peu mobilisée dans ce genre de
productions. Il faut attendre une période très récente pour voir apparaître de
façon particulière le soutien du Conseil Régional en faveur de la production
d’oeuvres de captation de spectacle vivant, notamment à travers l’accordcadre établi avec l’association Produire en Aquitaine. Plusieurs sociétés de
production ont été concernées (Ass. La Belle Ouvrage, Films Jack Fébus,
ZNORT Productions), mais la qualité des oeuvres produites est jugée
inégale. Les particularités et les exigences de ce type de production
expliquent pour partie ce résultat mitigé.
Si le principe de développement d’une commande publique paraît
intéressant dans ce domaine, notamment pour des événements culturels
soutenus par la Région, il convient de veiller tant à la qualité des
spectacles retenus qu’au professionnalisme des bénéficiaires+
subventionnés à cet effet.
Le développement de la production d’œuvres de captation de spectacle
vivant offre potentiellement à la Région une opportunité de diversification
de l’offre tant vis-à-vis des publics que des producteurs aquitains, sous
réserve de veiller à la qualité des prestations réalisées (spectacles et
captations).
En cela, c’est aussi une invitation au décloisonnement des disciplines
culturelles, largement entretenu par les dispositifs d’intervention. Etant
donné l’importante contribution du Conseil Régional à la production du
spectacle vivant, il serait judicieux d’affirmer son rôle en matière de
commande publique d’œuvres audiovisuelles de captation de spectacles,
créés et produits en Aquitaine, susceptibles d’intéresser des diffuseurs
(chaînes TV, distributeurs de produits culturels) ou d’alimenter une offre
spécifique en direction des publics aquitains
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