2. Eléments d`évaluation de l`intervention
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2. Eléments d`évaluation de l`intervention
EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL 2. Eléments d’évaluation de l’intervention régionale et de perception par les opérateurs 2.1 Rappel des objectifs, de la structuration et des ressources de la politique régionale 2.1.1 Objectifs, axes et orientations : des interprétations variables Les objectifs définis par le Conseil Régional d’Aquitaine en matière de cinéma et d’audiovisuel s’inscrivent dans le prolongement direct des réflexions conduites en 1998/1999 portant sur l’élaboration du plan régional et au sein d’un atelier « culture » constitué dans ce cadre. Les objectifs généraux de la politique régionale en matière culturelle visent : à mieux répondre à l’objectif de démocratisation culturelle et notamment à corriger les déséquilibres territoriaux et/ou socioéconomiques qui freinent l’accès à la culture pour tous, à soutenir et favoriser la création en Aquitaine, à intégrer dans le secteur culturel la préoccupation de l’emploi et du développement durable, à valoriser les identités régionales en privilégiant leur rapport étroit avec la modernité, à préparer les jeunes aquitains à leur entrée dans la vie active et à leur exercice futur de la citoyenneté, à affirmer et entretenir le devoir de mémoire auprès des jeunes générations. En ce qui concerne le domaine des industries culturelles et plus spécifiquement celui de l’image, les priorités retenues par le Conseil Régional d’Aquitaine concernent : l’emploi et le développement de l’ensemble de la filière économique et culturelle de l’audiovisuel, l’aménagement culturel du territoire, la promotion d’un cinéma de qualité, CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL D’AQUITAINE Page 44 EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL l’éducation à l’image et la sensibilisation des publics. A ce stade, une première remarque s’impose : compte tenu du processus de réflexion dont elles sont issues, ces priorités témoignent avant tout d’une approche et d’une logique de développement culturel. De fait, cette analyse a pu être confirmée en Commission lors de la présentation par la direction concernée des objectifs de la politique régionale, rétablissant une hiérarchisation de ces priorités dans les termes suivants : la promotion d’un cinéma de qualité, l’aménagement culturel du territoire, l’éducation au cinéma et à l’audiovisuel, le soutien aux industries de l’audiovisuel. Par conséquent, la nature des objectifs poursuivis par le Conseil Régional dans ce domaine est sujette à interprétation variable, selon les interlocuteurs et selon l’importance relative que l’on entend donner aux différentes priorités énoncées. En juin 1999, lors de l’adoption de son règlement d’intervention initial, la Région affichait comme objectif principal la création « d’une dynamique industrielle qui présente l’Aquitaine comme une alternative régionale en matière de tournages et de productions ». Le caractère variable de cette interprétation trouve encore sa confirmation au travers de certains documents d’usage public, dont l’un établi par l’agence Aquitaine Image Cinéma (« La Région aime le cinéma »), lequel présente deux objectifs principaux : Faire de la région Aquitaine une véritable terre d’accueil du cinéma, Conforter sur son territoire une filière de l’audiovisuel porteuse de développement culturel et économique. C’est à l’intérieur de ce dernier objectif général que réapparaissent les différentes priorités précédemment énoncées (promotion du cinéma de qualité, aménagement culturel du territoire, éducation à l’image, soutien aux industries de l’audiovisuel). Le premier objectif affiché résulte directement de l’une des missions confiées par la Région à l’outil technique représenté par l’agence Aquitaine Image Cinéma (cf. infra 2.1.2). Par conséquent, dès la formulation des objectifs régionaux, on peut percevoir quelques différences d’interprétation notables, qui introduisent un facteur d’incertitude ou d’imprécision et peuvent nuire à une bonne perception de la politique régionale par des acteurs extérieurs ou partenaires potentiels. CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL D’AQUITAINE Page 45 EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL Cette variabilité témoigne d’une certaine ambiguïté sinon ambivalence de la politique régionale, notamment entre les objectifs à vocation culturelle d’une part et ceux à vocation économique d’autre part. Deux explications peuvent être avancées à ce propos : Une première cause relève d’un facteur interne. Jusqu’en 1998, la politique régionale de soutien au cinéma et à la filière audiovisuelle était administrée par la direction en charge des entreprises et de l’animation économique. Cela amenait logiquement à privilégier la dimension économique sur la dimension culturelle, sachant que l’intervention du Conseil Régional d’Aquitaine en faveur de ce secteur a fait preuve de précocité et remonte au milieu des années 80. Une deuxième explication résulte de facteurs externes et dont le caractère conjoncturel ou l’actualité ne saurait masquer une interrogation plus structurelle. Il s’agit de la crise ouverte concernant le financement de la production cinématographique et audiovisuelle en France, sur fond de délocalisations et de concurrence d’autres pays européens, accentuée par le contexte de réforme du régime de l’intermittence. Ces circonstances influent incontestablement sur les interprétations actuelles des priorités régionales en faveur de cette filière. Au delà des arguments soulignant la dimension culturelle des activités cinématographiques et audiovisuelles, elles confèrent une prégnance accrue à la problématique ou aux préoccupations de nature économique qui agitent ce secteur et, par là même, aux politiques publiques qui l’intéressent. De façon plus détaillée, les objectifs généraux de la politique régionale en direction de l’audiovisuel et du cinéma sont déclinés dans plusieurs axes d’intervention, que l’on ne peut pour autant assimiler uniformément à des objectifs spécifiques. Il s’agit en effet tantôt d’objectifs ou d’orientations, tantôt de mesures ou d’actions particulières. En matière de promotion d’un cinéma de qualité, cela recouvre : le soutien apporté aux manifestations audiovisuelles ou cinématographiques, l’appui à des initiatives culturelles alliant le cinéma à d’autres formes d’expression artistique, une diffusion sur l’ensemble du territoire aquitain. CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL D’AQUITAINE Page 46 EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL En matière d’aménagement culturel du territoire : l’aide à la création ou à la réhabilitation de salles d’exploitation cinématographique de proximité, améliorant les conditions d’animation et de diffusion du cinéma, un accompagnement qualitatif aux salles répondant à un objectif de service culturel d’intérêt public, avec mise en place de mesures de soutien à l’animation des salles de proximité, des mesures d’exonération de la taxe professionnelle. En matière d’éducation à l’image : la poursuite de l’opération « Lycéens au cinéma » la création d’un Pôle régional d’éducation au cinéma et à l’audiovisuel, dont la mise en œuvre est confiée à l’Association du cinéma Jean Eustache à Pessac. En matière de soutien aux industries de l’audiovisuel, l’objectif vise au développement du secteur de la production et de toutes les techniques audiovisuelles et cinématographiques en région, notamment : en favorisant la création cinématographique et audiovisuelle et les productions en région (fonds de soutien), en développant la formation des professionnels (avec un accent particulier sur la formation à l’écriture de scénario). Ces orientations ont pu être plus précisément exprimées au travers de certaines conventions, notamment celle liant la Région à son outil technique, l’association Aquitaine Image Cinéma (cf. infra). Par conséquent, dès ce stade de l’évaluation, l’examen des objectifs de la politique régionale révèle : L’affichage d’objectifs généraux, assorti d’une interprétation variable des priorités sous le double effet d’un héritage interne et de contraintes externes. Une formulation insuffisamment précise d’objectifs spécifiques (sinon quantifiés) et surtout l’absence d’indicateurs de résultats. Une relative confusion au niveau des orientations ou des axes d’intervention, combinant à la fois quelques objectifs spécifiques et des mesures ou actions particulières. CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL D’AQUITAINE Page 47 EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL Au delà de cette analyse particulière et à partir des éléments d’information intéressant les interventions d’autres Conseil Régionaux5, il est possible d’identifier cinq grandes catégories d’objectifs : Développement et création culturels Développement économique et d’une filière audiovisuelle Emploi et accès aux services culturels (réponse sociale) Aménagement du territoire Notoriété et image De manière plus ou moins explicite, la plupart des régions, de plus en plus nombreuses, impliquées dans le soutien au cinéma et à l’audiovisuel, ont fait le choix d’une approche intégrée, à savoir celui d’une prise en compte de ces diverses catégories d’enjeux ou d’objectifs. Seul le dernier est beaucoup plus rarement mentionné ou exprimé, même s’il constitue indéniablement un élément non négligeable du positionnement de telle ou telle collectivité en faveur de cette filière. En tout état de cause, il serait presque illusoire d’évacuer ce type d’objectif dans la mesure où il correspond à un des éléments constitutifs d’une filière en prise directe avec le milieu des médias et de la communication. Plus on s’efforce de masquer ou d’écarter cet objectif, autrement dit en ne le structurant pas ou en ne le formalisant pas, plus il offre prise à des dérives difficiles à contrôler (résultat de ce que l’on pourrait qualifier péjorativement d’un effet « paillettes »). Ainsi, il apparaît de façon assez nette que les objectifs poursuivis par les régions en matière d’audiovisuel et de cinéma sont multiples. L’Aquitaine n’échappe pas à ce constat. Ces différents objectifs ne sont pas forcément antinomiques ou contradictoires et peuvent se compléter. Toutefois, la priorité accordée à tel ou tel objectif plutôt qu’à tel autre recouvre des réalités différentes ou en tous les cas des options stratégiques et techniques distinctes (ne serait-ce que sur les catégories d’œuvres soutenues par exemple). Ces aspects seront détaillés dans le chapitre 3 consacré aux propositions d’ajustement. 5 Cf. à ce propos le compte rendu du colloque organisé par le Conseil Régional d’Aquitaine et l’AIC avec l’appui du Centre National de la Cinématographie le 9 octobre 2003 à Bordeaux, marqué par les témoignages de représentants des régions Bretagne, Centre, ChampagneArdennes, Haute-Normandie, Ile-de-France, Midi-Pyrénées, Nord-Pas-de-Calais, ProvenceAlpes-Côte d’Azur et Rhône-Alpes CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL D’AQUITAINE Page 48 EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL 2.1.2 Organisation, outils et ressources : dualité ou complémentarité ? L’organisation du dispositif aquitain d’intervention en matière cinématographique et audiovisuelle s’appuie sur deux composantes : un service rattaché à la direction de la culture du Conseil Régional d’une part et une association, Aquitaine Image Cinéma, d’autre part. Un service dédié La direction de la culture du Conseil Régional d’Aquitaine est rattachée au pôle « Education-Culture-Jeunesse-Sport-Solidarité ». Elle comprend 22 agents. Deux d’entre eux sont spécifiquement affectés au secteur de l’audiovisuel et du cinéma. A ceux-ci, on peut rattacher également un agent chargé des équipements culturels (sur le volet rénovation des salles de cinéma) et un en charge des manifestations (festivals). Le rôle principal du service « cinéma-audiovisuel » est d’instruire les dossiers de demande de financement dans les différents domaines d’intervention de la Région en faveur du secteur cinématographique et audiovisuel. Il intervient dans la gestion de certains partenariats établis avec l’Etat (CNC et DRAC Aquitaine) et les collectivités infra-régionales (départements, collectivités locales). Il contribue à la définition des orientations de la politique régionale dans ce domaine. Il est important de noter que certains volets intéressant le développement régional du secteur cinématographique et audiovisuel peuvent relever d’autres domaines d’intervention du Conseil Régional et donc d’autres directions ou services. C’est notamment le cas en matière de formation professionnelle. La coordination avec d’autres services peut également s’imposer pour certaines opérations spécifiques (exemple des ciné-sites, en articulation avec la politique conduite en matière de patrimoine régional). Un outil spécifique : l’agence Aquitaine Image Cinéma Aquitaine Image Cinéma (AIC) est une association créée en 1998 par le Conseil Régional d’Aquitaine dans le cadre de la mise en œuvre de sa politique en faveur de l’audiovisuel et du cinéma. Elle prolonge de façon plus spécifique l’action conduite durant les années antérieures par l’agence Aquitaine Nouvelles Communications. CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL D’AQUITAINE Page 49 EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL Cette association, qui emploie une demi-douzaine de salariés, est liée au Conseil Régional par une convention d’objectifs pluriannuelle et par des conventions d’exécution annuelles. L’objet de cette association est de contribuer aux axes définis par la Région en matière cinématographique et audiovisuelle, précisés en ces termes dans la convention pluriannuelle couvrant la période 2003-2005 : Favoriser l’écriture, la création et la production audiovisuelle et cinématographique en s’appuyant sur le dispositif du fonds de soutien régional, Développer la production et le tournage de films afin de consolider la filière régionale de l’audiovisuel et d’attirer des réalisateurs nationaux et internationaux ainsi que de nouvelles entreprises, Assurer les ressources humaines et techniques nécessaires au développement du secteur, en impulsant des actions de formation et en développant des infrastructures, Contribuer à un maillage territorial équilibré en soutenant la création et la modernisation de salles de cinéma développant un projet culturel, Accompagner la diffusion des œuvres et soutenir des actions d’animation (festivals, actions culturelles), Favoriser l’éducation à l’image dans le cadre du Pôle régional d’éducation au cinéma et à l’audiovisuel. Dans ce cadre, les missions dévolues à l’AIC sont de deux natures : assurer une fonction d’ingénierie et de centre de ressources, afin de contribuer au développement culturel du territoire aquitain d’une part, renforcer le partenariat avec les acteurs culturels sur le territoire, avec les différentes institutions qui les soutiennent et les autres agences culturelles du Conseil Régional d’Aquitaine6 d’autre part. De façon plus précise, ces missions se déclinent de la façon suivante : Mission d’ingénierie Celle-ci porte sur trois axes de mobilisation : Une expertise technique des projets examinés dans le cadre des règles d’attribution du fonds régional de soutien à la création et à la production audiovisuelle. 6 Association Régionale de Promotion de l’Edition et du Livre, Office Artistique de la Région Aquitaine, Fonds Régional d’Art Contemporain notamment. CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL D’AQUITAINE Page 50 EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL A cet effet, l’AIC anime un comité de lecture consultatif, auquel sont soumis les projets de création et de production et qui émet un avis artistique. Ce comité de lecture se réunit 4 à 5 fois par an. Actuellement présidé par Claude CHABROL, il est composé d’une douzaine de membres, tous professionnels de la culture et des médias (3 réalisateurs scénaristes, 3 journalistes, 3 universitaires, 3 autres dirigeants de structures culturelles). En 2003, ce comité a examiné près de 140 projets, tous types d’œuvres confondus. L’accompagnement des projets audiovisuels, qui recouvre le soutien à l’écriture de scénarios, le soutien à la diffusion d’œuvres de professionnels aquitains ou d’œuvres tournées en Aquitaine et le montage de partenariats avec des producteurs audiovisuels. Enfin, la fonction de centre de ressources concerne plus précisément l’accueil de tournages (via une commission régionale du film, Aquitaine Tournages), et l’information des acteurs du secteur audiovisuel. Mission d’animation Celle-ci comporte également trois volets particuliers. Il s’agit d’une part de l’organisation de rencontres professionnelles et de l’action internationale, incluant la recherche de partenariats dans le cadre d’accords de coopération internationaux ou transfrontaliers et l’accueil en région de professionnels étrangers. D’autre part, l’AIC a pour mission de contribuer au programme régional d’éducation au cinéma et à l’audiovisuel, en jouant un rôle de conseil et d’assistance lors de la mise en œuvre de projets ou dans le cadre d’une coopération avec le Pôle régional d’éducation au cinéma et à l’audiovisuel. Enfin, l’AIC participe à la réflexion prospective sur la politique régionale en matière de cinéma et d’audiovisuel, en élaborant des propositions relatives à l’évolution des modes de financement, aux mutations de l’exploitation cinématographique. Elle peut en outre participer à la mise en place de formations adaptées aux besoins du secteur. CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL D’AQUITAINE Page 51 EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL Dans son règlement d’intervention initial de 1999, la Région définissait ainsi les missions de l’AIC : Faire de l’Aquitaine un pôle d’attraction (dont conventions de partenariats, tournages …) Bâtir l’identité de l’Aquitaine (mise en valeur des ressources régionales : compétences, entreprises, création) Contribuer à l’animation du territoire en faisant de l’AIC un lieu fédérateur, d’accueil et de rencontre des professionnels, de valorisation des festivals, en favorisant le cinéma de proximité (dont projet camion-cinéma). On peut donc noter là encore quelques glissements intervenus sur la durée dans la définition du rôle et des missions de l’AIC. Certaines paraissent justifiées par la prise en compte de réalités ou d’initiatives régionales nées avec la mise en place de ce règlement d’intervention (exemple de l’abandon du projet de camion-cinéma au profit de relations avec le réseau constitué des cinémas de proximité par exemple). D’autres glissements semblent se justifier avec moins d’évidence. Ainsi, le rôle de lieu fédérateur et de rencontres professionnelle est moins mis en évidence dans les dernières conventions : est-ce une volonté délibérée ou un oubli ? Le fait est aujourd’hui que l’effacement relatif de cette mission entretient manifestement un déficit de dialogue avec les professionnels en région, structurés autour d’associations. C’est une source de malentendus et de tensions, encore récemment exprimés lors d’une assemblée générale de l’AIC. Ainsi, la mise en œuvre de la politique régionale en direction du cinéma et de l’audiovisuel repose essentiellement sur ces deux structures : le secteur cinéma-audiovisuel de la direction de la culture du Conseil Régional d’une part et l’association Aquitaine Image Cinéma d’autre part. Indépendamment du fonctionnement propre à chacune de ces entités, leur bonne articulation et la qualité de leurs relations constituent des facteurs clés de bon fonctionnement du dispositif de soutien mis en place par le Conseil Régional. A ceci, s’ajoutent le rôle particulier et la qualité des rapports établis avec le Pôle régional d’éducation au cinéma et à l’audiovisuel et avec les divers relais, institutionnels et professionnels, concernés en région par le développement de ce secteur d’activités. CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL D’AQUITAINE Page 52 EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL 2.1.3 Moyens budgétaires mobilisés Le budget global consacré par le Conseil Régional d’Aquitaine en matière culturelle est de 12,6 millions ¤ (base : budget primitif 2004), soit 1,7% de l’ensemble du budget régional. Dans ce cadre, les moyens directement budgétés en faveur du secteur du cinéma et de l’audiovisuel avoisinent 1,5 million ¤, soit environ 11% à 12% du budget culturel, dont 913 000 ¤ au titre du fonds régional de soutien (incluant une dotation du Centre National de la Cinématographie de 76 000 ¤) et 428 000 ¤ destinés au fonctionnement de l’association Aquitaine Image Cinéma. Les crédits alloués au fonds régional de soutien, qui correspond au cœur de cet exercice d’évaluation, ont été nettement augmentés en 2002, passant de 610 000 ¤ en 2001 à 913 000 ¤ en 2002 (dont dotation CNC), soit une hausse de +50%. Suite à une décision intervenue à la faveur du Budget supplémentaire 2004, le montant du fonds de soutien régional a été porté à 1 million ¤ de crédits régionaux auxquels s’ajoutent des crédits du compte de soutien du CNC (76 000 ¤), abondés à partir de 2004/2005 par une participation supplémentaire de 1 ¤ CNC pour 2 ¤ de la Région. Année Dotation budgétaire au fonds de soutien* (en ¤) (Source : budgets primitifs) 2000 2001 2002 2003 2004 590 740 765 447 913 000 913 000 913 000 (BS : + 163 000 ¤) * dont dotation du Centre National de la Cinématographie de 76 000 ¤ jusqu’en 2004 Le fonctionnement de l’association Aquitaine Image Cinéma a mobilisé plus de 1,8 million ¤ entre 2000 et 2004 (incluse). Une convention pluriannuelle lie l’AIC au Conseil Régional d’Aquitaine pour les années 2003 à 2005, avec une dotation annuelle de 390 k¤. La Région intervient parallèlement de façon significative en faveur de festivals et de manifestations intéressant le cinéma et l’audiovisuel (une quarantaine d’événements répertoriés, dont une vingtaine bénéficiant de l’aide du Conseil Régional). Le Conseil Régional d’Aquitaine peut également intervenir en matière d’aménagement culturel du territoire, s’agissant en l’occurrence de la création ou de la rénovation de salles de cinéma de proximité remplissant une mission de service culturel d’intérêt public. CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL D’AQUITAINE Page 53 EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL La Région mobilise des moyens d’intervention en matière de formation professionnelle, d’organisation et d’animation de réseaux professionnels intéressant les métiers du cinéma et de l’audiovisuel. Aujourd’hui, environ une vingtaine de régions françaises sont impliquées dans l’aide en direction de l’audiovisuel et du cinéma. En 2003, les aides octroyées par les collectivités territoriales à cette filière ont totalisé près de 30 millions ¤ dont 95% provenant des Conseils Régionaux. Ce volume d’intervention a plus que doublé depuis 2001 (en grande partie du fait de l’accentuation de l’investissement du Conseil Régional d’Ile-de-France). Actuellement, la Région Aquitaine se situe parmi les régions «intermédiaires » en termes de mobilisation budgétaire, mais assez loin derrière les régions leaders que sont l’Ile-de-France (11 millions ¤ en 2003 et 15 millions ¤ en 2004, ce budget ayant quasiment triplé depuis 2001), RhôneAlpes (4,5 millions ¤) et, dans une moindre mesure, Poitou-Charentes (3,8 millions ¤ dont la moitié consacrés aux films d’animation) et Provence-AlpesCôte d’Azur (2,2 millions ¤). Du strict point de vue des moyens mobilisés, l’Aquitaine se place donc en position médiane eu égard à l’effort consenti par l’ensemble des régions françaises. Ce simple éclairage budgétaire ne fournit qu’une indication de portée très générale et ne saurait à lui seul constituer un critère d’évaluation suffisamment pertinent pour juger de l’efficacité du soutien apporté par la Région Aquitaine en faveur du cinéma et de l’audiovisuel. Il constitue néanmoins un indicateur utile sur l’intensité de l’effort particulier du Conseil Régional en direction de ce secteur et au regard des autres domaines relevant de son champ d’intervention. 2.2 Données de cadrage sur la filière cinéma et audiovisuel en Aquitaine L’objet de cette étude n’est pas de dresser un panorama complet ni une analyse approfondie de ce secteur au niveau régional. Toutefois, il est apparu indispensable d’éclairer la portée de l’intervention régionale de quelques points de repère à partir de données disponibles aux niveaux national et régional. Ces éléments font partie de la « toile de fond » de la politique publique, tout autant que les éléments de contexte qui seront présentés plus loin (cf. chapitre 2.5). CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL D’AQUITAINE Page 54 EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL Il importe à ce stade de fournir quelques clés de compréhension sur les différents éléments de la chaîne qui structurent la filière cinématographique et audiovisuelle. De façon aussi simple et schématique que possible : En amont, l’écriture et les auteurs. Avant d’être transformée en images, une œuvre cinématographique ou audiovisuelle doit être écrite puis scénarisée, c’est-à-dire adaptée à l’écran. C’est le domaine des auteurs, des écrivains et des scénaristes. Ces derniers peuvent travailler sur commande ou en sous-traitance. C’est notamment le cas pour la production d’œuvres de fictions TV. Un seul genre échappe plus ou moins à cette phase, c’est celui de la captation de spectacle vivant. Au cœur, la production. La production d’une œuvre cinématographique et télévisuelle est un vaste chantier d’assemblage, qui mobilisent des sociétés de production (dont des sociétés de production déléguée, c’est-à-dire ayant la maîtrise complète de l’organisation de la production, ou de production exécutive, c’est-à-dire en situation de dépendance par rapport aux conditions d’organisation des productions), des sociétés prestataires de services (location de matériel spécialisé par exemple) et font intervenir une très grande variété de métiers et de prestataires : artistes et comédiens, figurants, réalisateurs, opérateurs, ouvriers et techniciens, responsables de production … La nomenclature des fonctions des activités de cinéma et de télévision figurant à l’annexe 8 de la nouvelle convention ASSEDIC ne recense pas loin de 150 métiers, hormis ceux relevant de l’interprétation. D’autres encore sont spécifiques à certaines catégories de production (animation par exemple). En aval, la diffusion C’est notamment le terrain des distributeurs et des exploitants. Le secteur de la distribution cinématographique est marqué par la présence de gros opérateurs tels que UFD (filiale d’UGC Distribution), Warner Bros., Pathé Distribution, Columbia Tristar, GBVI… Les exploitants sont les gestionnaires du réseau de salles de cinéma (UGC, Gaumont, CGR …). On peut aussi classer dans cette catégorie les chaînes de télévision, qui jouent un rôle déterminant dans l’économie et le fonctionnement de cette filière (TF1, Canal Plus, France 2, France 3… mais aussi les chaînes locales et thématiques du câble et du satellite). Elles opèrent souvent en tant que donneurs d’ordre visà-vis des sociétés de production audiovisuelles. Enfin, dans ce même domaine, il faut également souligner le poids croissant des éditeurs vidéo, avec le développement des nouveaux supports et médias (dont Internet). CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL D’AQUITAINE Page 55 EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL 2.2.1 La production cinématographique et audiovisuelle en région : une grande fragilité structurelle D’après les statistiques fournies par le CNC, le secteur cinématographique et audiovisuel rassemblait 6 433 entreprises en 2000. Celles-ci occupaient 72 000 emplois (hors radio) et ont réalisé un chiffre d’affaires de plus de 16 milliards ¤ cette même année. Les entreprises de l’audiovisuel et du cinéma de 1996 à 2000 Nombre d’entreprises Valeur totale (en M¤) dont : chiffre d’affaires Production immobilisée Consommations intermédiaires Valeur ajoutée Frais de personnel Excédent brut d’exploitation Investissements corporels Rémunérations totales *Taux d’accroissement annuel moyen Les entreprises de l’audiovisuel et du cinéma en 2000 par soussecteurs Nombre d’entreprises Valeur totale (en M¤) dont : chiffre d’affaires Production immobilisée Consommations intermédiaires Valeur ajoutée Frais de personnel Excédent brut d’exploitation Investissements corporels Emplois (en milliers) 1996 1997 1998 1999 2000 1996/2000 (%)* +3,8 +9,3 5 533 12 117 5 679 13 121 6 111 14 582 6 660 15 703 6 433 17 305 11 101 954 7 459 4 658 2 425 2 239 490 1 634 12 183 894 8 178 4 943 2 621 2 221 654 nd 13 443 972 9 451 5 131 2 780 2 263 672 1 897 14 759 16 228 +10 927 1 062 +2,7 9 982 11 334 +11 5 721 5 971 +6,4 2 999 3 204 +7,2 2 513 2 560 +3,4 497 608 +5,5 nd 2 163 +7,3 Source : INSEE-DDM-CNC, 2002 TV hertzienne TV thématiques et locales Ensembliers câble et satellite Production cinéma Production TV 9 5 921 104 1 157 110 1 565 882 1 177 1 094 1 975 5 919 3 793 2 128 933 938 94 1 155 2 880 277 175 144 23 1 533 31 1 603 -38 118 -165 194 nd 17 CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL D’AQUITAINE 873 1 413 302 562 530 970 647 1 006 229 516 423 532 12 32 7 23 Source : INSEE-DDM-CNC, 2002 Page 56 EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL Les entreprises de l’audiovisuel et du cinéma en 2000 par soussecteurs Nombre d’entreprises Valeur totale (en M¤) dont : chiffre d’affaires Production immobilisée Consommations intermédiaires Valeur ajoutée Frais de personnel Excédent brut d’exploitation Investissements corporels Emplois (en milliers) Production de commande (films publicitaires et institutionnels) 1 711 894 Prestations techniques Distribution Exploitation Edition vidéo 1 048 1 378 315 1 369 793 1 007 367 861 858 36 510 384 283 97 19 6 1 329 43 666 712 575 113 93 9 1 342 27 1 063 306 104 201 5 1 950 857 56 3 648 672 359 189 217 53 148 129 133 3 7 2 Source : INSEE-DDM-CNC, 2002 En 2000, la valeur totale de la production de programmes a atteint 4 milliards ¤, dont 49% relevant de la production télévisuelle, 29% de la production cinématographique et 22% de la production de commande. Les données disponibles pour l’Aquitaine sont moins détaillées. Toutefois, les informations recueillies dans le cadre de ce travail permettent de cerner plus précisément ce champ d’activité en région. Le nombre d’établissements intervenant dans la production audiovisuelle en Aquitaine était, au sens large, de 278. Parmi ceux-ci, plus de la moitié exercent à titre principal dans le champ des activités directement liées à la production, à savoir la production de films pour la télévision (24), la production de commande (films publicitaires et institutionnels : 77), la production de films pour le cinéma (22), les prestations techniques pour le cinéma et la télévision (21) et la production de programmes de télévision (4). Une centaine d’autres structures ont été identifiées, intervenant de façon régulière mais non à titre principal dans l’une ou l’autre de ces activités. Plus de 80% de ces établissements sont sous statut sociétaire et 15% sous statut associatif. Près de 60% des établissements sont localisés en Gironde et 20% dans les Pyrénées Atlantiques. Si l’on englobe l’ensemble des établissements intervenant dans la filière (dont exploitation cinématographique et services annexes aux spectacles notamment), ce sont au total 650 établissements qui représentent le secteur de l’audiovisuel et du cinéma en Aquitaine.7 7 Sources : enquête AVEC/Movida Conseil de mars 2004 et étude sur les métiers et besoins en formation dans les métiers du cinéma et de la télévision en Aquitaine – AREPA, juillet 2002 CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL D’AQUITAINE Page 57 EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL De façon plus précise, on peut considérer que le cœur des entreprises relevant de cette étude porte sur 65 entités répertoriées dans la production télévisuelle, cinématographique et prestataires techniques en région. En termes d’emploi, l’ensemble du champ des 650 entreprises de la filière cinématographique et audiovisuelle emploie environ 3 000 salariés. Si l’on se réfère au fichier des demandeurs d’emploi de l’ANPE Spectacle, on recensait en 2003 environ 6 400 demandeurs dans les métiers du spectacle. Sur ce total, environ un millier relevait des métiers de l’audiovisuel. Au 31 décembre 2002, l’ASSEDIC Aquitaine recensait 355 intermittents du spectacle relevant de l’annexe VIII (ouvriers et techniciens de la production cinématographique et audiovisuelle) sur un total de 2 574 allocataires indemnisés au titre des annexes VIII et X couvrant les métiers du spectacle au niveau régional. Le tissu des entreprises de production cinématographique et audiovisuelle en Aquitaine est essentiellement composé de TPE. L’association « Produire en Aquitaine » regroupe 26 de ces entreprises de production régionales, essentiellement positionnées sur le documentaire et dont seulement 7 à 8 dotées de structures indépendantes de production avec prise de vue et montage, une demi-douzaine d’entre elles ayant bénéficié du soutien du Compte de Soutien aux Industries de Programmes (COSIP) en 2003. Très peu d’entreprises de production régionales interviennent dans la production d’œuvres de long métrage (cinéma et fictions), mais il serait erroné de dire qu’il n’en existe aucune (exemples : Atlan Films, Jack Fébus …). Une enquête menée en 2001 auprès des adhérents8 de « Produire en Aquitaine » a révélé que le chiffre d’affaires généré avait atteint près de 3 millions ¤ en 2000 pour une masse salariale de 525 000 ¤. Ces entreprises employaient une dizaine de salariés permanents mais leur activité a concerné une centaine de personnes. Cela témoigne de l’importance du recours aux salariés intermittents pour ces sociétés. A titre également indicatif, le volume de programmes audiovisuels produit en région et aidé par le COSIP a atteint 867 heures en 2003, dont seulement 24 heures pour les œuvres produites par des sociétés aquitaines. Ces derniers éléments seront analysés plus en détail dans la partie « évaluation » de l’étude. 8 Données établies sur une quinzaine d’entreprises ayant répondu à l’enquête CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL D’AQUITAINE Page 58 EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL 2.2.2 Consommations et pratiques culturelles en matière d’audiovisuel et de cinéma Ces éléments de référence peuvent paraître relativement secondaires par rapport à l’objet central de cette étude. Néanmoins, il est apparu utile de prendre en compte la diffusion parmi les critères d’évaluation de la politique régionale de soutien à la production cinématographique et audiovisuelle, sauf à considérer a priori que la Région finance la production d’œuvres destinées à ne pas être vues ou diffusées. Le parti pris retenu ici est volontairement à l’opposé. En 2003, l’ensemble des ménages français a dépensé 7,6 milliards ¤ en programmes audiovisuels. Cela recouvre : Le paiement de la redevance audiovisuelle (1,6 milliard ¤, soit 21%), Les abonnements (canal Plus, câble et satellite) pour 2,8 milliards ¤ (soit 37%), Les achats et locations de vidéogrammes (2,2 milliards ¤, soit 29%), Les entrées au cinéma (1 milliard ¤, soit 13%). Fréquentation des salles de cinéma et profils des spectateurs En 2002, les quelque 5 280 salles de cinéma actives réparties sur le territoire français ont enregistré 184,5 millions d’entrées, lesquelles ont généré plus d’un milliard ¤ de recettes guichets. Les 317 salles proposées sur le territoire aquitain ont quant à elles totalisé 9 millions d’entrées, pour un volume de recettes guichets de 44,3 millions ¤. L’Aquitaine se situe au 5ème rang des régions françaises en termes d’entrées dans les salles. Chaque aquitain a fréquenté au moins 3,1 fois une salle de cinéma dans l’année. Cet indice de fréquentation est relativement élevé et place la région au 4ème rang des régions françaises. Le public des cinémas aquitains présentent quelques caractéristiques : Une plus forte proportion de cinéphiles ou « d’assidus » (5,3% contre 3,8% au plan national), Un public plus masculin (59% d’hommes contre 50% de femmes) et âgé (les plus de 50 ans représentent ici 33% du public contre seulement 24% au plan national), mais aussi une surreprésentation des 20-35 ans (33% contre 25%), CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL D’AQUITAINE Page 59 EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL Davantage d’actifs et de cadres, bien qu’étudiants et ouvriers restent les deux principales clientèles des cinémas en Aquitaine, Une forte proportion de spectateurs vivant en zones rurales (30% contre 20%). En termes de pratiques (programmation et résultats de films), le public cinématographique du grand Sud-Ouest ne présente pas de particularité majeure par rapport à l’ensemble du public français. A savoir, les films américains ont réalisé en 2002 près de la moitié des entrées (48,5%), les films français un peu plus du tiers (37%), 8% pour les films européens et 7% pour les autres films. Ces scores témoignent, pour l’année considérée, d’une appréciation légèrement plus favorable des films français et des « autres films » offerts à la curiosité des publics de la zone Sud-Ouest. La fréquentation des cinémas est plutôt hivernale : plus de la moitié des entrées (55%) sont enregistrées entre les mois de décembre et février. Le cinéma est également un loisir de fin de semaine (42% des entrées le weekend). A titre indicatif, plus de 513 films ont été distribués en 2003 en première exclusivité (nouveaux films) au public français, dont 43% de films français, 31% de films américains, 14% de films européens et 12%de films venant d’ailleurs. Les téléspectateurs En 2003, chaque français a passé en moyenne 3H22 chaque jour devant son téléviseur. Ce sont les adultes actifs (35-59 ans) qui ont passé le plus de temps en moyenne (3H27), contre 2H37 pour les jeunes adultes (15-34 ans) et 2H23 pour les adolescents (11-14 ans). Plus précisément, chaque téléspectateur a regardé en moyenne 1041 H de programmes sur les chaînes hertziennes en clair (TF1, France 2, France 3, M6, Arte, France 5), dont 66H pour les films de cinéma (6,3%) et 242H pour les fictions télé (23,2%). TF1 arrive nettement en tête des taux d’audience avec une part de 31,5% auprès des individus de 4 ans et plus, suivie de France 2 (20,6%) et de France 3 (16,1%). Les chaînes thématiques captent près de 11% de l’audience de l’ensemble des foyers équipés de téléviseurs en 2003. Près de 14 millions d’individus reçoivent actuellement les chaînes thématiques (24% de la population totale) et 4,3 millions de foyers sont abonnés au satellite (CanalSatellite, TPS). CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL D’AQUITAINE Page 60 EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL Parallèlement, 8,8 millions de foyers sont raccordés au câble, dont 3,5 millions abonnés à un service de télévision. La part d’audience des chaînes hertziennes nationales sur le câble et le satellite représente les deux tiers, le tiers restant bénéficiant aux chaînes thématiques (RTL9 en tête devant Eurosport et Canal J). Les jeunes constituent un public privilégié des chaînes thématiques. Environ le tiers de l’offre télévisuelle des chaînes hertziennes est composé de magazines et documentaires, lesquels représentent en moyenne 20% de l’audience. Les fictions TV occupent près de 18% de la programmation mais réalisent près du quart de l’audience. Les œuvres cinématographiques ne représentent que 5% de la programmation et un peu plus de 6% de l’audience de ces chaînes. L’essor de la vidéo Au plan national, on estime que le taux d’équipement en lecteurs DVD (toutes technologies confondues) a atteint près de 42% des foyers en 2003, ce qui place la France au 3ème rang des pays européens. Selon les informations publiées par le Syndicat des Editeurs Vidéo, le parc des appareils VHS atteignait 19 millions d’unités et celui des lecteurs DVD 10,5 millions d’unités. L’essor de l’équipement des ménages est lié à la baisse du prix des équipements et des supports (DVD, cassette vidéo). En 2003, plus de 90 millions de supports VHS (23 millions) et DVD (68 millions) ont été vendus en France, générant un chiffre d’affaires pour les éditeurs vidéo de près de 1,6 milliard ¤. Les français possesseurs d’un magnétoscope sont relativement plus âgés, moins équipés que l’ensemble de la population en biens multimédia et fréquentent peu le cinéma. Ceux qui possèdent à la fois un magnétoscope et un lecteur DVD sont relativement plus jeunes, vivent plutôt dans des foyers de 3 personnes et plus et sont multi-équipés en biens audiovisuels, informatiques ou en termes d’accès à Internet à domicile. Ils fréquentent davantage le cinéma que la moyenne. Les possesseurs exclusifs d’un lecteur vidéo (5% de la population) sont plutôt jeunes (18-34 ans) et vivent dans des foyers de 3 ou 4 personnes. Ces jeunes foyers sont dans la moyenne d’équipement en biens audiovisuels et informatiques et sont également dans la moyenne de fréquentation du cinéma. Près de la moitié des foyers vidéo ne fréquente pas le cinéma. 35% sont des occasionnels et 16% des habitués (au moins une fois par mois). CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL D’AQUITAINE Page 61 EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL Les motivations des consommateurs de supports vidéo sont diverses. Collectionner 40% Achat 41% Un film de répertoire ou ancien Location 43% 52% Revoir un film déjà vu 65% 91% Jamais vu 72% Une nouveauté (< 1 an) Un film assez récent (< 10 ans) 0% 90% 75% 80% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% Source : GfK France/ISL/CNC Elles différent également selon les habitudes de fréquentation des salles du cinéma. Motivations d’achat (en %) Voir un film jamais vu Revoir un film Collectionner Parce que nouveauté Parce qu’assez récent Parce que répertoire Habitués Occasionnels 61 75 40 75 76 50 71 68 42 71 83 42 Non spectateurs 80 58 38 78 79 41 Les possesseurs d’un lecteur DVD sont pour un tiers des acheteurs réguliers de supports (au moins une fois par mois) et un tiers sont des acheteurs occasionnels (un achat par trimestre ou par an). Les trois quarts achètent des DVD à l’unité, notamment dans les hypermarchés et supermarchés ou bien en grandes surfaces spécialisées. CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL D’AQUITAINE Page 62 90% 92% 100% EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL Environ 12% des possesseurs de DVD (22% pour les possesseurs exclusifs de DVD) sont des loueurs assidus de DVD (au moins une fois par semaine). Un tiers d’entre eux louent plus d’un DVD à la fois et 40% des DVD loués le sont via un distributeur automatique. L’impact du DVD sur la fréquentation cinématographique n’est pas négligeable puisque plus d’un quart des possesseurs d’un lecteur DVD déclare moins fréquenter les salles de cinéma depuis l’acquisition de leur matériel. Il est plus limité sur la TV payante (de l’ordre de 7%). IMPACT DU DVD SUR LA FREQUENTATION DU CINEMA 8% 100% 80% 3% 6% 13% 15% 28% 27% 32% 60% 75% 40% 62% 65% 55% 20% 0% 2% Possesseurs de DVD 7% "Habitués" cinéma 1% Occasionnels cinéma Non spectateurs Plus souvent qu’avant Autant qu’avant Moins qu’avant Le foyer vient juste de s’équiper CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL D’AQUITAINE Page 63 EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL 2.3 Impacts et perceptions de la politique régionale de soutien en faveur du cinéma et de l’audiovisuel Les éléments présentés dans ce chapitre constituent une synthèse des informations quantitatives et qualitatives issues de l’enquête confiée aux consultants (AVEC / Movida Conseil) d’une part et d’autre part recueillies soit par la Commission lors de ses auditions soit lors d’entretiens complémentaires auprès de sociétés de production et prestataires domiciliés ou non en Aquitaine. Ils portent exclusivement sur la mobilisation du fonds régional de soutien au cinéma et à l’audiovisuel (913 000 ¤ base Budget Primitif 2004, porté à plus de 1 million ¤ avec le Budget supplémentaire 2004). Conformément au cahier des charges de l’étude, il convient de distinguer à ce niveau les œuvres aidées produites par des sociétés de production extrarégionales (longs métrages de cinéma, fictions et séries TV) du soutien apporté à des œuvres produites par des sociétés (ou associations) régionales (documentaires et courts métrages notamment). Pour chaque grande catégorie d’œuvre, les indications relatives aux retombées des aides (selon disponibilité des informations recueillies), à leur perception et à leur mise en œuvre ont été prises en compte (cf. également plus haut chapitre 1 « Interprétation de la commande et méthode de traitement de l’évaluation »). 2.3.1 – Longs métrages cinéma, fictions et séries TV L’intégration de ces différents genres en une seule catégorie d’analyse se justifie du fait de l’intégration accrue des opérateurs et de la perméabilité croissante des acteurs et réalisateurs entre ces diverses productions. Dans ce domaine, l’aide actuelle du fonds régional de soutien à la création et à la production audiovisuelle intervient à plusieurs niveaux : Aide à l’écriture, d’un montant plafonné à 7 622 ¤ pour le long métrage, sous réserve que le projet soit majoritairement tourné en Aquitaine ou qu’il permette de mettre la région particulièrement en valeur. Le projet d’écriture doit être porté par une société et/ou un auteur domicilié ou non en Aquitaine. Aide au développement (préparation, repérages, casting, essais techniques …), sur les mêmes bases que l’aide à l’écriture. Aide au pilote, d’un montant plafonné au tiers du budget et dans la limite de 15 245 ¤, produit par une société domiciliée en Aquitaine (de fait, cette aide ne peut s’appliquer a priori à un long métrage cinéma, fiction ou série TV, en l’absence de producteurs régionaux positionnés sur ces segments CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL D’AQUITAINE Page 64 EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL de production, exception faite de « filiales » en région de sociétés de production nationales travaillant avec des chaînes TV). Aide au premier ou deuxième long métrage, d’un montant plafonné à 45 735 ¤ (jusqu’en 2004), accessible en priorité à des auteurs ou réalisateurs aquitains. Le projet doit être porté par une société de production domiciliée ou non en Aquitaine (titulaire d’une autorisation du CNC). En contrepartie, les bénéficiaires (producteurs, auteurs) sont notamment tenus de mentionner le soutien de la Région Aquitaine dans le générique des œuvres et sur tous les supports promotionnels ou d’information, à céder les droits non exclusifs d’utilisation non commerciale des œuvres, à transmettre tous les justificatifs administratifs et financiers attestant de la bonne fin du projet et du respect des critères d’intervention (copie vidéo, bilan financier, copie de la bible de tournage …) et d’organiser en accord avec le Conseil Régional et l’AIC une diffusion publique en région des œuvres aidées. a) Approche longs métrages cinéma La production annuelle moyenne française d’œuvres de long métrage cinéma oscille entre 180 et 200 pour un chiffre d’affaires de 900 millions à 1 milliard ¤. Cela représente un millier de semaines de tournages sur le territoire national (dont 900 en tournages extérieurs et 100 en studios) et 300 à 400 semaines de tournage à l’étranger. Sur cette catégorie d’œuvres, l’AIC a enregistré 60 jours de tournage en 2003 (165 en 2002, 110 en 2001 et 72 en 2000). Ces chiffres ne concernent que les productions ayant fait appel à une assistance de l’association AIC et, éventuellement, d’une aide du fonds régional de soutien. Sur la période comprise entre 2000 et 2004 (situation arrêtée à mai 2004), les interventions du Conseil Régional d’Aquitaine ont mobilisé 505 000 ¤ en faveur de la production d’une quinzaine d’œuvres de long métrage cinéma (cf. liste dans tableau ci-après). A ceci, s’ajoutent les aides destinées à l’écriture et au développement. Sur la même période, la Région a apporté 145 000 ¤ d’aides à des auteurs ou des producteurs pour l’écriture et le développement de longs métrages de cinéma. Ce soutien a bénéficié entre 2000 et 2004 à plus d’une vingtaine d’auteurs et producteurs aquitains et extérieurs (cf. tableau ci-après). CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL D’AQUITAINE Page 65 EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL L’intervention de la Région Aquitaine en faveur de la production de longs métrages de cinéma n’est pas nouvelle mais s’est accentuée depuis 1999, notamment à partir de 2002 (relèvement du seuil et accroissement des aides à l’écriture de scénarios). AIDES A LA PRODUCTION CINEMATOGRAPHIQUE Année Titre de l’oeuvre 2004 Un ogre à ma table Un an Le monde vivant Le cou de la girafe Lascaux 17 000 ans après Nelly / A ce soir La Fleur du Mal Pas de repos pour les braves (Rabalaïre) A la folie pas du tout Les derniers Néanderthals Carnages Lokarri Negro Capitaine Fracasse 2003 2002 2001 2000 Bénéficiaire Sté IDE PROD Sté Noodles Prod. MACT Prod. TELEMA Trans Europe Films Marie Amélie Prod. MK2 Productions Paulo Films Montant de l’aide (en ¤) 45 000 ¤ 45 000 ¤ 45 000 ¤ 20 000 ¤ 45 000 ¤ 45 700 ¤ 45 700 ¤ 30 500 ¤ TELEMA ZNORT 30 500 ¤ 30 500 ¤ Sté Balthazar Prod. Atlan Films Océan Films Lobster Films 30 500 ¤ 30 500 ¤ 30 500 ¤ 30 500 ¤ Source : délibérations du Conseil Régional d’Aquitaine AIDES A L’ECRITURE ET AU DEVELOPPEMENT Année 2004 2003 Titre de l’oeuvre Samuel Son a disparu Les amitiés maléfiques Je sais tout (*) Rue de la paix Chasse gardée Les ourlets de Janine Les irréductibles La nasse Quel cirque Mon trésor CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL D’AQUITAINE Bénéficiaire Association CCC Sté 4 A 4 Prod. Amour Fou Prod. Alore Prod. M. Loubeyre M. Chignac Magnificat Films Mme Puga M. Montagnac Paulo films M. Braun Montant de l’aide (en ¤) 5 000 ¤ 7 600 ¤ 5 000 ¤ 5 000 ¤ 5 000 ¤ 7 620 ¤ 7 620 ¤ 7 620 ¤ 7 620 ¤ 5 000 ¤ Page 66 EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL 2002 2001 2000 La maison qui ne voulait pas mourir Le canal de Garonne Hôtel particulier Hautefaye, le crime des braves gens La mort aura tes yeux Des crocos, des hyènes et un chardonneret Enlisés J’ai les attaches fines (Minima Moralia) Sagrada Familia L’homme papillon Dix petits blêmes Je t’aimerai jusqu’à la haine La manne La nina Le captif de la route M. Darrigol 7 600 ¤ Sté Clairsud Sté Cine Nomine Les Films du Rêve 5 000 ¤ 7 600 ¤ 7 600 ¤ Sté Sésame films M. Blancan 7 620 ¤ 7 620 ¤ M. Le Nouvel M. Tachou 4 000 ¤ 7 620 ¤ Macadam Films M. Gay GTV M. Pasquet 4 573 ¤ 4 573 ¤ 4 573 ¤ 4 573 ¤ M. L’Homond Mme Auché M. Dabitch 3 811 ¤ 4 573 ¤ 1 524 ¤ (*) Nouveau titre « Merci maman, merci papa » ou « L’île aux enfants qui tuent » A cela, il faudrait également ajouter le crédits destinés au prix Synopsis d’adaptation d’un roman à l’écran attribué depuis 2001, soit 110 300 ¤ correspondant à une subvention à la revue Synopsis (87 600 ¤9) pour l’organisation du prix aquitain et 22 700 ¤ destinés aux auteurs lauréats et à l’adaptation à l’écran. Par ailleurs, depuis 1999, un partenariat associe la Région à l’association Equinoxe pour l’organisation d’ateliers d’écriture de scénarios (deux fois par an au château Beychevelle). Cette association œuvre au plan international et bénéficie du soutien d’entreprises (Sony Pictures Entertainment), de fondations, du plan Media de l’Union Européenne et d’autres partenaires (CNC, Procirep…). Entre 1999 et 2003, la Région a budgété 150 000 ¤ pour cette opération (la subvention 2003 de 35,8 k¤ a été annulée, faute d’organisation d’ateliers dans la région). Au total, l’aide du Conseil Régional d’Aquitaine en faveur du cinéma a donc mobilisé, en termes consolidés, près de 900 000 ¤ entre 2000 et 2004, dont 56% d’aides directes à la production. 9 En attente de décision : 22 800 ¤ pour l’année 2004 CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL D’AQUITAINE Page 67 EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL L’analyse des impacts du soutien de la Région à la production cinématographique amène à distinguer les impacts internes, c’est-à-dire les impacts directs et indirects sur la filière d’une part, des impacts externes ou effets induits d’autre part. D’un point de vue strictement financier, les aides régionales n’ont joué qu’un rôle modeste dans la localisation des tournages. Autrement dit, l’impact du soutien régional dans le budget des œuvres soutenues est faible. Année Titre de l’oeuvre 2004 Un ogre à ma table Un an Le monde vivant Le cou de la girafe Lascaux 17 000 ans après Nelly / A ce soir La Fleur du Mal Pas de repos pour les braves (Rabalaïre) A la folie pas du tout Les derniers Néanderthals Carnages Lokarri Negro Capitaine Fracasse 2003 2002 2001 2000 Bénéficiaire Sté IDE PROD Sté Noodles Prod. MACT Prod. TELEMA Trans Europe Films Marie Amélie Prod. MK2 Productions Paulo Films TELEMA ZNORT Sté Balthazar Prod. Atlan Films Océan Films Lobster Films Montant de Budget global % de l’aide // l’aide (en ¤) budget global 45 000 ¤ 600 000 7,5 % 45 145 ¤ 1 189 829 3,8% 45 000 ¤ 401 335 11,2% 20 000 ¤ 5 238 000 0,4% 45 000 ¤ 794 600 5,7% 45 700 ¤ 3 045 493 1,5% 45 700 ¤ 6 845 151 0,7% 30 500 ¤ 2 739 547 1,1% 30 500 ¤ 30 500 ¤ 30 500 ¤ 30 500 ¤ 30 500 ¤ 30 500 ¤ 5 993 791 1 132 385 3 163 110 566 264 1 143 436 142 600 Source : délibérations du Conseil Régional d’Aquitaine Sur un budget prévisionnel global de 33 millions ¤ des productions de long métrage cinéma aidées entre 2000 et 2004, le Conseil Régional a mobilisé 505 000 ¤ soit une contribution moyenne de 1,5% (388 ¤ / mn produite). A quelques rares exceptions, le soutien financier ponctuel accordé aux productions cinématographiques est donc peu significatif, même si certains budgets sont réajustés à la baisse entre le prévisionnel fourni à la Région au stade de la demande et les comptes définitifs de certaines productions10. Les exceptions concernent d’une part l’aide accordée à la société Lobster films en 2000, mais il s’agissait ici de la restauration d’un film muet de 1929 avec création d’une bande son mobilisant notamment des artistes régionaux, d’autre part l’aide à MACT productions pour la réalisation du film « Le monde vivant » classé plutôt moyen métrage. 10 Ainsi, le coût définitif du film « La fleur du mal » a été de 5,295 millions ¤ au lieu de 6,845 millions ¤. CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL D’AQUITAINE Page 68 0,5% 2,7% 1% 5,4% 2,7% 21,4% EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL Un effet d’aubaine plus qu’un effet de levier La mesure de l’effet de levier de l’aide régionale (1 ¤ région ayant généré 65 ¤ d’investissement) doit donc être interprétée avec beaucoup de réserves. Plus que d’un effet de levier, les experts tendent plutôt à considérer qu’il s’agit ici d’un « effet d’aubaine » : aubaine pour le producteur qui prend l’aide puisqu’elle existe, aubaine pour le territoire ou la région qui, par un effort somme toute limité, peut s’associer à un projet. Entre 2000 et 2003, le budget moyen des œuvres aidées a eu tendance à s’accroître. Malgré l’augmentation de + 50% en 2002 du plafond de l’aide régionale, celle-ci est restée très modeste dans le financement des films soutenus. Du point de vue des bénéficiaires, et du point de vue du financement, les principales remarques formulées à ce niveau concernent la faiblesse de l’aide régionale par rapport à d’autres régions11. Ainsi l’aide actuelle est plafonnée à 45 000 ¤, alors que d’autres régions comparables (c’est-à-dire hormis Rhône Alpes et Ile-de-France) affichent des seuils d’intervention deux à trois fois plus élevés : 150 000 ¤ pour les régions Centre et PoitouCharentes, 76 000 ¤ en Pays de la Loire par exemple. En outre, il s’avère que certains financements régionaux soient combinés à une mise de fonds d’autres collectivités. C’est le cas en Alsace (avec la communauté urbaine de Strasbourg) ou en Poitou-Charentes (avec les conseils généraux). Une autre critique formulée par quelques producteurs aidés porte sur la modulation de du versement du solde de l’aide régionale, déjà faible, en fonction de la dépense réelle. Dans la mesure où celle–ci est inférieure au prévisionnel, l’aide régionale est réduite d’autant. Cette pratique nuit à la nécessaire prévisibilité et lisibilité de l’intervention régionale du point de vue des producteurs. De l’aveu même de ces derniers, l’attractivité de l’Aquitaine est moins liée à l’aide apportée par le Conseil Régional qu’à la qualité de ses décors naturels : grande diversité de paysages, caractère urbain et architectural de Bordeaux. Un autre facteur tient aux liens historiques ou affectifs qui lient cette région à certains producteurs. 11 Plus d’une vingtaine de collectivités territoriales interviennent dans le financement des longs métrages en France (Source : Commission Nationale du Film France / CNC) CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL D’AQUITAINE Page 69 EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL Ainsi, peut-on considérer que la plupart des films de long métrage cinéma qui se sont tournés en Aquitaine l’auraient été avec ou sans l’appui financier du Conseil Régional, celui-ci étant d’un niveau trop symbolique pour prétendre orienter, d’une façon ou d’une autre, le choix du lieu de tournage par les producteurs. En témoigne, l’activité d’accueil de tournages de l’association Aquitaine Image Cinéma, via la commission régionale du film Aquitaine Tournages, en réponse aux demandes d’information et de facilitation formulées par les sociétés productrices. Année 2003 2002 2001 Longs métrages cinéma ayant bénéficié d’un accueil de tournage de l’AIC (hors films soutenus en production par le Conseil Régional) « Qui perd gagne » de Laurent Benegui (budget de 5,3 millions ¤) Tournage à Biarritz « Tout le monde » de Lionel Escama « Bon voyage » de Jean-Paul Rappeneau (budget de 27,3 millions ¤) Tournage à Bordeaux, Le Pyla, Rions, forêt des Landes « Fanfan la Tulipe » de Gérard Krawczyk (budget de 21,7 millions ¤) Tournage en Dordogne (dont Monpazier) « Jeunes et beaux mais détraqués » d’Igor Sekulic (budget de 5,3 millions ¤) Tournage à Bordeaux et en Dordogne (Rouffignac, Nantheuil) « Un homme, un vrai » d’Arnaud et Jean-Marie Larrieu (budget de 3,1 millions ¤) Tournage à Pau « Dix petits blêmes » de Sarah Levy « Un moment de bonheur » d’Antoine Santana Tournage à Arcachon « Ma femme s’appelle Maurice » de Jean-Parie Poiré (budget : 15,7 millions ¤) Tournage à Bordeaux (cascades) « Love baba » de Macha Méril Tournage à Saint Jean de Luz « Le Boulet » d’A. Berberian et de F. Forestier (budget : 24,15 millions ¤) Tournage à Bordeaux « Quelqu’un de bien » (budget de 9,9 millions ¤) Tournage à Biarritz « Femme fatale » de Brian de Palma « Time Line » de la Warner Bros « Samouraïs » de Giordano Gederlini (budget : 7,6 millions ¤) « La demoiselle d’honneur » de Claude Chabrol « Catch me if you can » de Steven Spielberg « Le marquis noir » d’André Bonzel « Fuis Bambi, fuis » de Gilles Marchand CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL D’AQUITAINE Page 70 EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL 2000 « Le chocolat » de Lasse Haelstrom Tournage en Dordogne « Moi, c’est la mémoire » de Jean-Pierre Grasset Tournage au Pays Basque « Mischka » de Jean-François Stévenin Tournage en Gironde « En route pour la révolution en 2 CV » de Maurizio Sciarra Tournage à Bordeaux et environs, Pays Basque « Sous le sable » de Jean-François Ozon Tournage dans les Landes « Vidocq » de Pitof (budget de 23,2 millions ¤ Tournage à Bordeaux Source : AIC, bilans d’activité 2000 à 2003 Par conséquent, l’activité d’accueil des tournages constitue un segment essentiel de la politique développée par la Région et par son outil technique l’AIC. Il semble que le service fourni dans ce domaine par cette association soit comparable à celui dispensé dans d’autres régions, d’après les éléments issus de l’enquête. Toutefois, certaines informations recueillies dans le cadre de cette étude auprès de sociétés prestataires et de producteurs extérieurs témoignent de quelques faiblesses, au moins ponctuelles : fiabilité des fichiers de techniciens, qualité du contact… Il semble que celui-ci pêche parfois, même si les témoignages de certains producteurs (notamment des sociétés de production audiovisuelles conventionnées) tendent à nuancer cette perception. Enfin, il apparaît que la Région (via l’AIC), contrairement à d’autres régions, développe une démarche insuffisamment pro-active de contact systématique en amont de projet (c’est-à-dire qui précède la demande des producteurs). Les retombées des tournages réalisés en Aquitaine sont encore plus difficiles à saisir. Selon une étude commandée par la Commission Nationale du Film France en 199812 portant sur les retombées économiques des tournages de longs métrages en région, un film tourné en province génère entre un quart et un tiers des dépenses régionales. Le niveau de ces dépenses localisées dépend de plusieurs facteurs : budget du film, durée du tournage, type de film (d’époque ou contemporain), concentration du tournage en un même lieu et, in fine, implication des collectivités et la qualité de la relation établie entre celles-ci et les producteurs. 12 Cette étude est en cours de réactualisation. Elle devrait également intégrer un nombre plus conséquent de longs métrages cinéma, des téléfilms et prendre en compte les effets induits externes à la filière (livraison attendue en septembre 2004). CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL D’AQUITAINE Page 71 EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL Sur la base de ces éléments, on peut estimer les retombées financières des films soutenus par le Conseil Régional entre 2000 et 2004 entre 8 millions ¤ et 11 millions ¤. C’est sur cette base que l’on pourrait à la rigueur déduire l’effet de levier de l’aide (coefficient démultiplicateur compris entre 16 et 22 – c’est-à-dire qu’1 ¤ investi par le Conseil Régional génèrerait entre 16 ¤ et 22 ¤ de dépenses en région). Pour vérifier au cas par cas la pertinence de cette évaluation, il aurait fallu pouvoir accéder à la comptabilité précise de chacune des œuvres soutenues, ce qui n’a pas été possible. Tout au plus, dispose-ton d’informations transmises par les sociétés bénéficiaires, ce qui n’est que partiellement le cas malgré les conditions d’attribution définies par la collectivité. A ce sujet, il faut remarquer que ce travail de vérification ou de contrôle ne rentre pas dans la mission déléguée à l’AIC et, pour des raisons d’insuffisances des moyens mobilisables (moyens humains notamment), reste très difficile à mettre en œuvre au sein du service chargé de la gestion des aides à la production. Néanmoins, et à partir des éléments disponibles, les films soutenus par le Conseil Régional entre 2000 et 2003 auraient généré 3,5 millions ¤ de retombées, soit environ 12% des dépenses totales. Ce taux est par conséquent très en deçà du ratio moyen calculé par la Commission Nationale du Film. En ce cas, l’effet de levier de l’aide régionale est réduit au moins de moitié (coefficient démultiplicateur de 7). Au total, les productions cinématographiques aidées ont totalisé 270 jours de tournage (360 en intégrant les tournages réalisés en Aquitaine et ayant donné lieu à un accompagnement de l’AIC). La dépense générée équivaut donc à 12 500 ¤ par jour. Il convient à ce stade de noter que le montant de l’aide régionale n’est manifestement connecté ni au budget des œuvres ni à la durée du tournage en région. Dans la mesure où l’un des objectifs spécifiques de la politique régionale en matière d’accueil de tournages vise à consolider la filière, la pertinence de ce dernier critère mériterait d’être mieux considérée. Au-delà de cette analyse générale, un autre aspect concerne les impacts indirects en matière d’emploi et d’activité pour des entreprises régionales. Selon l’étude conduite à l’initiative de la Commission Nationale du Film, les dépenses de personnel représenteraient le tiers des dépenses réalisées en région. Appliqué aux 3,5 millions ¤ de dépenses générées en Aquitaine par les tournages ayant bénéficié d’un financement du Conseil Régional, la part des dépenses liées au recrutement de personnel régional (interprètes et techniciens) aurait atteint près de 1,2 million ¤ sur la période 2000-2003. Faute d’avoir pu exploiter l’intégralité des bibles de tournages, l’évaluation du nombre de techniciens et d’interprètes mobilisés sur les productions cinématographiques aidées n’est que partielle. CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL D’AQUITAINE Page 72 EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL Ainsi, pour une dizaine de productions aidées entre 2000 et 2004 (sur 14), un peu plus d’une centaine de techniciens régionaux ont été mobilisés et une soixantaine d’interprètes (hors figurants). Il est utile de préciser qu’il s’agit d’un chiffre consolidé ou d’un cumul, certains techniciens et comédiens ayant pu être recrutés sur plusieurs des productions concernées. Pour mémoire, le fichier de l’ANPE spectacle pour les métiers de l’audiovisuel répertorie un millier de professionnels, dont un tiers enregistrés au titre de l’annexe VIII du régime des intermittents du spectacle. Pour cette catégorie de productions ayant bénéficié du soutien de la Région, on peut noter qu’il n’existe aucun lien entre le recours aux techniciens ou aux comédiens locaux et le budget de la production. Autrement dit, ce n’est pas forcément les plus grosses productions aidées qui ont mobilisé des compétences régionales. Pour partie, cela s’explique par le caractère déconnecté de l’aide régionale, plafonnée actuellement à 45 000 ¤, vis-à-vis du budget des œuvres soutenues. Si l’on convertit le montant de l’aide régionale en coût par emploi (techniciens uniquement), celui-ci varie de 1300 ¤ à 15000 ¤ (moy. 4 470 ¤/ emploi). Pour 1000 ¤ versés par la Région, cela couvre le financement de 0,2 technicien local, et ce quel que soit le budget du film ou le nombre de jours de tournage. La prise en compte de cette donnée dans cette analyse apporte un éclairage beaucoup plus évident sur l’intérêt d’un tel critère comme facteur de pondération de l’intensité du soutien de la collectivité. Films Budget (en k¤) Subv. Région (en k¤) Un an 1 190 45,145 Le cou de la girafe 5 238 20,000 Nelly / A ce soir 3 045 45,700 La fleur du mal 6 845 (réel : 5 300) 45,700 Dépenses en région (en k¤ et % total) + lieux ND Bordeaux, côte landaise 152 (3%) Biarritz, Hendaye 553 (18%) Uzeste et environs 600 (9%/ 11%) Bordeaux, Cambes, Le Pyla CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL D’AQUITAINE Nbre emplois région (techn.) Subv. par emploi (en ¤) Nbre de jours de tournage en région Subv. / emploi / jour (en ¤) 17 2 655 27 98 15 1 330 11 121 12 3 800 20 190 7 6 500 42 155 Page 73 EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL Pas de repos … 2 740 30,500 A la folie pas du tout 5 994 30,500 Carnages 3 163 30,500 Lokarri 566 30,500 Negro 1 143 30,500 405 (15%) Cap Ferret, Biscarross e 700 (12%) Bordeaux et agglo. ? Landes 307 (54%) Pays basque 698 (61%) Bordeaux et agglo. 5 6 100 10 610 15 2 030 55 37 2 15 000 14 1 070 30 1 016 20 51 10 3 050 40 76 Source : AIC, bibles de tournages Un autre déterminant du taux de recours aux compétences régionales est l’importance du vivier de professionnels locaux, en particulier si le tournage est concentré sur une localité ou une zone géographique limitée. Les compétences mobilisées en région sur les longs métrages cinéma concernent surtout les métiers liés à la régie, à la décoration (décoration, construction, menuiserie, peinture, accessoires, costume et habillement, maquillage et coiffure), dans une moindre mesure ceux liés à la réalisation, à la prise de vue ou à la prise de son, à l’administration de production ou au casting. C’est essentiellement dans la première catégorie de métiers que sont recrutés des chefs de poste ou des premiers assistants. Les rôles proposés sont surtout des rôles d’appoint ou, exceptionnellement, des seconds rôles. Les sociétés prestataires de services techniques directement en lien avec la production cinématographique ont été, en Aquitaine, très peu associées aux tournages financés avec l’aide régionale à quelques rares exceptions (Papaye). Pour l’essentiel, les producteurs concernés viennent tourner en région avec des moyens techniques propres. CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL D’AQUITAINE Page 74 EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL Une part importante des dépenses réalisées en région intéresse des prestataires de services exerçant hors du secteur audiovisuel. Cela concerne notamment des établissements d’hôtellerie restauration (hébergement des acteurs et des équipes techniques), des sociétés de location de voiture, de gardiennage, la location de lieux ou d’entrepôts installés dans les zones de tournage (ou à proximité). La qualité des décors naturels est l’un des principaux facteurs d’attractivité de l’Aquitaine pour les producteurs. Qu’il s’agisse des films soutenus par la Région ou des autres, la ville de Bordeaux (et son agglomération), du fait de la richesse de son patrimoine et des facilités offertes, est l’un des sites privilégiés de tournage pour les films d’époque (cf . La Révolution Française, La Reine Margot , Vidocq …) et pour les films contemporains, même si l’activité de tournage a du être réduite ces dernières années du fait du chantier du tramway. Les autres sites les plus prisés sont le bassin d’Arcachon et la côte Atlantique, dont le Pays Basque, les sites, villages et châteaux du Périgord13, mais aussi la forêt landaise, Pau et sa région ou encore quelques sites de la vallée de la Garonne et de l’estuaire de la Gironde. Les sites mentionnés dans le tableau précédent relatif aux dépenses des films soutenus en région est de ce point de vue assez évocatrice. Seul le Lot-et-Garonne est à l’écart de l’accueil de tournages en Aquitaine. Ce délaissement est probablement dû à de la méconnaissance et à l’absence de vivier de techniciens ou d’auteurs. L’implantation récente de certains prestataires bien positionnés et identifiés dans cette activité (Papaye) pourrait faire évoluer cette situation particulière. A la lecture de cette liste, on pourrait penser que l’activité de tournage cinématographique est assez bien répartie sur l’espace régional. Force est néanmoins de constater que les espaces les plus prisés sont assez concentrés sur quelques zones remarquables du patrimoine naturel et/ou culturel régional – ici définis en tant que décors naturels – mais recoupant assez nettement les principales destinations touristiques de la région. La qualité des décors naturels, combinée à certaines facilités telles que la présence ou la proximité de compétences mobilisables, les capacités d’hébergement et un minimum de services, paraissent constituer des facteurs non négligeables dans le choix des lieux de tournage. 13 La Dordogne s’affiche-t-elle pas comme la quatrième région de tournages au plan national ? CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL D’AQUITAINE Page 75 EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL Globalement, les producteurs extérieurs interrogés soulignent favorablement les conditions économiques de tournage en Aquitaine, notamment par rapport à la région parisienne et à Provence-Alpes-Côte d’Azur, cela à plusieurs niveaux : hébergement et restauration, services annexes, location de lieux de tournages, salaires moindres des professionnels régionaux. Certaines collectivités les plus directement concernées ou intéressées par cette activité de tournage en Aquitaine ont mis en place des services d’accueil spécialisés. Le département des Pyrénées-Atlantiques dispose d’une commission du film, affiliée comme Aquitaine Tournages (AIC) à la Commission Nationale du Film France, et qui dispose de bureaux à Pau et Biarritz. Assez paradoxalement, la ville de Bordeaux qui constitue l’un des sites les plus prisés de tournage en Aquitaine (plus d’une vingtaine tous genres confondus en 2003), ne dispose pas d’une telle structure. La Mairie a cependant créé un poste de chargé de mission au cinéma et à l’image. D’autres collectivités organisées en matière de diffusion cinématographique et d’éducation au cinéma envisagent d’étendre la gamme de leurs services par le mise en place de régies de tournages, à l’image de l’association Ciné Passion en Périgord et du Conseil Général de la Dordogne, autre site fortement sollicité par les producteurs. D’autres Conseils Généraux semblent également intéressés. Dans la plupart des cas, ces collectivités apportent des réponses ponctuelles et au coup par coup. Les plus intéressées souhaiteraient mieux structurer et améliorer la qualité du service d’accueil de tournages, notamment en s’appuyant sur une bonne coordination avec l’AIC (Aquitaine Tournages). Des projets de conventionnement entre le Conseil Régional d’Aquitaine et certains Conseils Généraux (Dordogne, Gironde, Landes) pourraient intégrer cette fonction particulière. Cet élargissement du service d’accueil de tournages à l’échelle régionale, dans le cadre d’un partenariat entre collectivités, appelle probablement une adaptation de l’organisation et des moyens de la Commission régionale du Film Aquitaine Tournages, animée par l’AIC, qui bénéficie d’une dotation régionale de 110 000 ¤ par an. Comme on le verra plus loin, cela suppose aussi une amélioration des bases d’information, notamment celles relatives aux compétences mobilisables en région. Enfin, la mise en place d’un tel partenariat pourrait intégrer une part de cofinancement des collectivités intéressées en faveur des productions (œuvres cinématographiques et fictions) soutenues par le Conseil Régional, comme cela se pratique dans certaines régions (exemples en Alsace et PoitouCharentes), permettant d’abonder le fonds régional de soutien. CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL D’AQUITAINE Page 76 EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL Enfin, un dernier thème d’impact du soutien apporté par le Conseil Régional d’Aquitaine aux productions cinématographiques recouvre un objectif moins clairement affiché, mais sur lequel on a déjà insisté, à savoir la promotion et l’image régionale. A ce propos, l’un des principaux indicateurs disponibles s’agissant d’œuvres cinématographiques est la fréquentation générée dans les salles. Plus le film est vu, plus on peut supposer que l’impact promotionnel est fort, pour peu que le scénario mette en évidence la région ou qu’une partie substantielle du tournage ait été réalisée en région. Le meilleur exemple parmi les films aidés entre 2000 et 2004 est « La fleur du mal » de Claude Chabrol (scénario basé sur une réalité régionale, 42 jours de tournage en Gironde), lequel a enregistré plus d’un million d’entrées. Le film de Laetitia Colombani « A la folie pas du tout » a également réalisé un score de fréquentation remarquable (575 000 entrées). Les autres films soutenus par la Région et pour lesquels le CNC dispose d’éléments (soit 4 d’entre eux) réalisent des scores beaucoup plus modestes (moins de 20 000 entrées en salles). Enfin, cinq œuvres ne sont pas enregistrées par le CNC soit parce qu’elles ne disposent pas encore de visa d’exploitation, soit parce qu’ils ne sont pas encore sortis (cas de « A ce soir » ex « Nelly ».), sortie prévue début 2005) Si l’on considère l’ensemble des critères, le film de Laetitia Colombani produit par Telema présente le profil-type ou une synthèse remarquable de la production cinématographique à soutenir par la collectivité, notamment au vu du « retour sur investissement » (aide : 30500 ¤ sur un budget de près de 6 millions ¤) : Qualité culturelle : scénario primé en 2001 au Festival de Paris (prix junior du meilleur scénario), premier long métrage, Trophée de la première œuvre décerné par le Film français. Impacts filière : un nombre significatif de techniciens (16) et de comédiens (18) pour une durée de tournage en région de 55 jours. Effets induits : un volume de dépenses locales relativement important (notamment du fait de la durée du tournage). Impact d’audience (575 000 entrées) et diffusion à l’étranger (Amérique du nord, Pologne, Autriche, Grèce, Brésil). Malgré la difficulté de séduire un public, certaines œuvres ont reçu plusieurs récompenses, cela témoignant de la reconnaissance et d’un succès d’estime professionnels. C’est le cas de « Carnage » de Delphine Gleize produit par Balthazar Production : Prix de la Jeunesse dans la sélection « Un certain Regard » au Festival de Cannes, Prix du Jury Jeunes CinéCinémas au Festival de Sarlat, récompense pour le scénario au Festival du Film d’Avignon, Prix du scénario au Festival de Stockholm, Sutherland Trophy CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL D’AQUITAINE Page 77 EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL décerné par le British Film Institute (46e Regus London Film Festival) … « Pas de repos pour les braves », produit par Paulo Films , et « Le monde vivant » par Mact Production, ont été sélectionnés lors du Festival de Cannes 2003 dans la « Quinzaine des réalisateurs ». Ce critère de fréquentation est donc loin d’être négligeable. Son seul inconvénient est qu’il est très difficile sinon impossible à anticiper. Une grande partie du succès de « La fleur du mal », sélectionné au Festival du cinéma de Berlin, s’explique par la notoriété de son réalisateur et de ses interprètes. Cela est beaucoup moins évident dans le cas d’un premier film. Il y avait de fait une plus forte probabilité de rencontrer un public en misant sur un film de Chabrol que sur celui d’une quasi-inconnue, même si ce film a pu tirer partie d’une distribution de qualité (Audrey Tautou, Samuel Le Bihan, Isabelle Carré, Sophie Guillemin …). Il y a néanmoins à ce niveau un aspect sur lequel les producteurs interrogés ont pointé une faiblesse du dispositif régional : c’est l’insuffisance de l’accompagnement des œuvres en aval, autrement dit au stade de la diffusion et de la promotion des oeuvres. A ce sujet, ils expriment le sentiment que la Région, une fois l’œuvre produite, ne s’intéresse plus du tout au destin de celle-ci. Selon les experts, « cette non-valorisation des œuvres pour le territoire est sûrement, au final, le maillon le plus faible de l’organisation actuelle de l’Aquitaine, surtout vis-à-vis de personnes qui sont extrêmement sensibles à la reconnaissance et à l’intérêt qu’on leur porte. » Cette carence dans la continuité du dispositif de gestion et de suivi de l’intervention régionale apparaît également en amont dans le domaine de l’aide à l’écriture et au développement. En effet, sur une vingtaine d’auteurs ou de producteurs soutenus entre 2000 et 2004, très peu de projets se sont concrétisés à ce jour et encore moins par un tournage en région. Seul le film « Dix petits blêmes » produit par la société GTV avait fait l’objet d’un soutien à l’écriture de la Région en 2001, alors que la principale condition d’octroi de l’aide régionale est que le tournage de l’œuvre soit en totalité ou majoritairement effectué en Aquitaine. Manifestement, la question du développement et de la mise en production des projets ayant donné lieu à une aide à l’écriture constitue un point faible du dispositif régional. A ce niveau, la mise en relation entre auteurs et sociétés de distribution ou diffuseurs, voire l’implication de ces derniers, devrait être plus systématiquement recherchée dans l’organisation du dispositif d’accompagnement. CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL D’AQUITAINE Page 78 EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL Le Prix Synopsis d’adaptation d’une œuvre littéraire à l’écran souffre visiblement du même constat, même si le lien entre adaptation de l’œuvre et tournage en région, bien qu’envisagé, est ici moins clairement évident. Entre 2001 et 2003, quatre auteurs ont été récompensés : Lauréat 2001 : Thierry Serfati, pour « Le sang des sirènes », dont les droits ont été achetés par une société de production (Initiative Films), Lauréate 2002 : Jacqueline Remy pour « La Loire n’oublie jamais » (et mention spéciale à Michel Cyprien pour « Le chocolat d’Apolline »), Lauréat 2003 : Jacques Vettier pour « Toutes les nuits sont bleues ». Les principaux éléments de ce chapitre relatif aux impacts du soutien de la Région aux productions cinématographiques font donc ressortir : une aide régionale financièrement peu déterminante sur le choix de localisation des tournages et trop déconnectée à la fois du budget des œuvres financées et de la durée des tournages en région, un taux de dépenses en région assez limité, concentrées surtout sur la rémunération de personnels locaux et sur des prestations de services externes à la filière, un recours aux professionnels régionaux essentiellement aux techniciens (régie, décoration, réalisation) et sur des postes secondaires, un très faible recours aux prestataires techniques régionaux de la filière, en amont, un dispositif d’aide à l’écriture qui pêche en termes de développement et de mise en production et une démarche pas assez pro-active envers les sociétés de production, un dispositif d’accueil de tournage assez satisfaisant mais certainement perfectible (fiabilité des fichiers, qualité du contact), qui pourrait être restructuré et renforcé à la faveur de partenariats avec certaines collectivités locales, en aval, une trop faible implication dans l’accompagnement en ou hors région des productions soutenues (animation et promotion régionale) . CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL D’AQUITAINE Page 79 EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL L’affirmation de l’intervention régionale en matière cinématographique supposerait une amélioration de la réponse apportée à chacun de ces aspects. Elle passe aussi par une clarification préalable des objectifs et des avantages attendus pour l’Aquitaine. A ce propos, la Commission préconise une approche combinant un triple objectif : la prévalence d’une règle de conditionnalité de portée culturelle à l’implication régionale, privilégiant le soutien à des œuvres écrites par des auteurs régionaux, ou/et aux premiers ou seconds longs métrages de réalisateurs et permettant de valoriser le patrimoine régional (potentiel créatif, décors), la recherche d’une optimisation des retombées économiques internes à la filière, en conditionnant l’octroi de l’aide à une durée minimale de tournage en région et à un recours aux compétences régionales, la recherche d’une optimisation des effets d’image, en associant à l’aide à la production un soutien à la promotion du film et à l’animation (durant le tournage et après celui-ci). L’évolution des termes du partenariat proposée par le CNC aux régions, sur une base de 1 ¤ du CNC (aide plafonnée à 1 million ¤ par région au lieu de 76 000 ¤ jusqu’alors) pour 2 ¤ des régions, ouvre de nouvelles perspectives d’intervention. Dès 2004 (plus certainement 2005 du fait des délais d’adoption d’un nouveau règlement d’intervention), le Conseil Régional d’Aquitaine prévoit d’accroître son fonds de soutien et de consacrer 400 000 ¤ à la production cinématographique, ce qui permettrait de mobiliser à plein au total 600 000 ¤ sur ce genre de production. CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL D’AQUITAINE Page 80 EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL b) Approche fictions (dont téléfilms et séries TV) Cette catégorie d’œuvres, outre qu’elle repose sur une relation de donneurs d’ordre (les chaînes de télévision) à sous-traitant (les sociétés de production), recouvre plusieurs genres correspondant à des coûts et à des positionnements différents sur les grilles de programme. Genre Coûts horaire moyen Heures produites Leader 1 002 000 ¤ 153 France 3 France 2 1 217 000 ¤ 159 TF1 France 2 M6 Exemples LES 90 MINUTES Unitaires Séries à récurrents héros Navarro Maigret (France 2) Les Monos (M6) Collections 725 000 ¤ 9 Vertiges Thriller Mini séries 1 440 000 ¤ 59 LES 52 MINUTES (norme internationale) 750 000 ¤ 155 France 2 TF1 LES 26 MINUTES 308 000 ¤ 67 France 2 Canal Plus PJ, La Crim Avocats et Associés Vice-versa H LES FORMATS COURTS ET RECURRENTS 353 000 ¤ 56 M6 France 2 Domisiladoré Caméra Café Jean Moulin Les Thibauds Source : CNC, 2004 Le chiffre d’affaires de la fiction française atteint 600 à 650 millions ¤ en moyenne annuelle (stable pour une durée cumulée de 667 heures). Le marché de tournage de la fiction française représente 1 500 semaines (dont 1 100 pour les 90 minutes). Sur cet ensemble, 300 semaines sont délocalisées (essentiellement les 90 minutes pour France 2), ce qui réduit d’autant le marché national. En nombre d’heures produites, la fiction française est passée du 3ème au 5ème rang européen entre 1998 et 2003, devancée par des pays tels que la Grande-Bretagne et l’Espagne. En 2003, le Compte de Soutien aux Industries de Programmes du CNC est intervenu à hauteur de 68 millions ¤ pour aider au financement d’œuvres de fiction (sur 597,4 M¤), à quoi s’ajoutent 2,4 millions ¤ d’aides à la préparation et au développement. CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL D’AQUITAINE Page 81 EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL Un rapport commandité par le Ministère de la Culture à Mr. Antoine Schwartz préconise un accroissement de l’apport des chaînes françaises dans le financement (double coupure, extension de l’assiette de la taxe des diffuseurs …), actuellement de 375,5 millions ¤ (soit 63%). Une quinzaine de régions interviennent en faveur de la production télévisuelle. L’Aquitaine a innové il y a presque une dizaine d’années en contractualisant avec plusieurs sociétés de production parmi les plus importantes au niveau national : Télécip (représentée en Aquitaine par la société Boxeur de Lune Production), GéTéVé (ex Gaumont Télévision), GMT Productions. Dans ce cadre, l’objectif recherché par le Conseil Régional vise à « dynamiser l’activité économique locale dans le domaine de l’image et de favoriser l’emploi, tout en améliorant les qualifications des professionnels régionaux ». Les termes de ces conventions sont sensiblement identiques d’une société à l’autre, à quelques nuances près. En 2002, sur 146 producteurs actifs aidés par le CNC, les sociétés GMT, Telfrance (dont Télécip) et GéTéVé figuraient parmi les dix premières sociétés productrices de fictions au plan national14. Une douzaine d’entreprises ont réalisé plus de la moitié du volume d’heures produites. Chaînes hertziennes TF1 France 2 France 3 Arte M6 TOTAL Volume d’heures produites par les sociétés de production pour les chaînes hertziennes en 2003 GMT Telfrance GéTéVé (+ Telecip) 11 (4) -) 25 (1) 8 (9) 6 (5) 8 + 6 (3 et 4) 2 (9) 18 (1) 19 39 26 (entre parenthèse, le classement des sociétés parmi les 10 premiers producteurs par chaîne) Source : CNC Au titre des accords de partenariat établis entre les années 2001 et 2003, la Région s’est engagée à soutenir la production d’un certain nombre d’œuvres : GMT (mai 2000 à décembre 2002) : intervention sur la moitié des œuvres faisant l’objet de la convention (minimum de 8 films de télévision, unitaires ou épisodes de série). 14 Les autres sociétés étant : Marathon, JLA Productions, DEMD Productions, Le Sabre (Expand), Dune, Son et Lumière, Fit Productions CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL D’AQUITAINE Page 82 EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL Télécip (2002-2003) : intervention en faveur de 3 œuvres (sur un total de 5 œuvres au minimum) et aide à l’organisation de la seconde édition du concours de scénarios « Scénaristes en Aquitaine »). GéTéVé (2000-2002) : intervention en faveur de 3 oeuvres sur un total de 6. En contrepartie, les sociétés bénéficiaires s’engagent essentiellement sur 5 points : la sensibilisation (accueil de scolaires sur les lieux de tournage, dans la limite des contraintes imposées par les productions), la formation de stagiaires, le Conseil Régional d’Aquitaine étant appelé à participer au choix des stagiaires, les prestations, notamment par le recours à des sociétés de production exécutive (cas de GMT) ou bien à des sociétés prestataires de services régionales, cette dernière condition pouvant être assortie d’un critère limitatif en fonction du caractère plus ou moins compétitif de l’offre régionale par rapport aux prestataires extérieurs (cf. dernière convention avec GTV), l’emploi de comédiens (seconds rôles, doublures), figurants et techniciens locaux ; dans ce dernier cas, la fourchette d’emplois locaux mentionnée oscille entre 40% et 50% selon les cas, le versement de la taxe d’apprentissage à un ou plusieurs organismes de formation aquitains, calculée sur la masse salariale des productions concernées par la convention, avec accessoirement un taux plancher (équivalent à 50% de la subvention allouée pour chaque œuvre dans le cas de Télécip). AIDES A LA PRODUCTION DE FICTIONS Année Titre de l’oeuvre 2004 Les monos Série 6x52’ Les vagues Téléfilm Les enquêtes involontaires de Sébastien Lechat (aide écrit.) La visite Téléfilm Rédemption 2x90’ 2003 CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL D’AQUITAINE Bénéficiaire GéTéVé Cauri Films Sté Skara Films (+ Télécip) TELECIP GéTéVé Montant de l’aide (en ¤) (240 000 ¤) en attente décision (65 000 ¤) en attente décision 5 000 ¤ 76 000 ¤ 90 000 ¤ Page 83 EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL 2002 2001 2000 Filmer pour la jeunesse Série 5x26’ Les beaux jours Téléfilm Le bleu de l’océan Série 5x90’ Chère fantôme Série (pilote) Mathieu Corot Série (épisodes 3-4) On ne choisit pa s sa famille Téléfilm Les semailles et les moissons Téléfilm 2x90’ Les Monos Série Tania Boréalis Téléfilm Les Redoutables Série 13x5’ Mathieu Corot Série (pilote) Elzévir Films 15 000 ¤ TELECIP (et France 3) GMT 76 000 ¤ 110 000 ¤ Nelka Films 45 735 ¤ GMT 76 200 ¤ GéTéVé (et France 3) TELECIP 45 700 ¤ GéTéVé 76 225 ¤ TELECIP Aquitaine GéTéVé 45 700 ¤ GMT 45 700 ¤ 76 225 ¤ 76 200 ¤ Source : délibérations du Conseil Régional d’Aquitaine Entre 2000 et 2003, le Conseil Régional d’Aquitaine a mobilisé 860 000 ¤ en faveur de la production de fictions (téléfilms et séries TV). Si l’on inclut l’année 2004, les nouvelles décisions de la Région, encore en instance au moment de la rédaction de cette étude, porteraient l’intervention de la collectivité à plus d’un million ¤ sur la période. Toutefois, on constate une tendance à la réduction de l’intervention régionale, alors que le budget global des œuvres a quant à lui progressé. A ceci, il convient par ailleurs d’ajouter la contribution du Conseil régional à l’organisation du concours « Scénaristes en Aquitaine », initié par la société TELECIP en partenariat avec France Télévision et la Fondation Beaumarchais. La première édition de ce concours organisé en 1998 avait récompensé 3 lauréats et permis la sélection du projet de Nathalie Lapeyronnie « Tania Boréalis ou l’Etoile d’un été ». Ce projet a débouché en 2000 sur la production d’un téléfilm. Le Conseil Régional avait apporté alors 15 245 ¤ pour la convention d’écriture et la cession des droits puis 45 735 ¤ pour la production du téléfilm (cf. tableau ci-dessus). Une seconde édition de ce concours a été organisée en 2002/2003, dotée de 35 000 ¤ d’aide régionale (lauréats : Joël Cote pour « La voie » et Laurent Pascaud pour « Une autre femme » - en cours de développement). CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL D’AQUITAINE Page 84 EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL Les termes de l’analyse des impacts du soutien régional aux œuvres de fiction recoupent très largement ceux établis en matière de soutien aux œuvres cinématographiques, à quelques nuances près, liées notamment au système de conventionnement mis en place avec les sociétés de production mentionnées ci-dessus. Année Titre de l’oeuvre 2004 Les monos Série 6x52’ Les vagues Téléfilm La visite Téléfilm Rédemption 2x90’ Filmer pour la jeunesse Série 5x26’ Les beaux jours Téléfilm Le bleu de l’océan Série 5x90’ Chère fantôme Série (pilote) Mathieu Corot Série (épisodes 3-4) On ne choisit pas sa famille Téléfilm Les semailles et les moissons Téléfilm 2x90’ Les Monos (Jamais prêts) Série Tania Boréalis Téléfilm Les Redoutables Série 13x5’ Mathieu Corot Série (pilote) 2003 2002 2001 2000 Bénéficiaire GéTéVé Montant de l’aide (en ¤) Budget global (en ¤) % de l’aide // budget global 4 750 000 5% TELECIP. (240 000 ¤) en attente décision (65 000 ¤) en attente décision 76 000 ¤ GéTéVé 90 000 ¤ 3 835 826 2,3% Elzévir Films 15 000 ¤ 1 101 376 1,4% TELECIP (et France 3). GMT 76 000 ¤ 1 380 707 5,5% 110 000 ¤ 9 150 000 1,2% Nelka Films 45 735 ¤ 1 668 556 2,7% GMT 76 200 ¤ 3 323 389 2,3% GéTéVé (et France 3) 45 700 ¤ 1 448 444 3,2% TELECIP 76 225 ¤ 3 493 919 2,1% GéTéVé 76 225 ¤ 1 617 907 4,7% TELECIP Aquitaine GéTéVé 45 700 ¤ 1 365 085 3,3% 76 200 ¤ 1 510 874 5% GMT 45 700 ¤ 1 711 890 2,7% Cauri Films. 1 205 095 5,4% 2 107 110 3,6% Source : délibérations du Conseil Régional d’Aquitaine CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL D’AQUITAINE Page 85 EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL Sur un budget total de 33,715 millions ¤ (hors année 2004 en instance de décision : + 5,95 millions ¤ de budget global cumulé) de l’ensemble des productions de fictions soutenues par la Région entre 2000 et 2003, la contribution régionale moyenne au financement de ces oeuvres a atteint 2,5% pour un montant d’aide cumulé de 855 k¤ (2,9% en intégrant l’année 2004 en cours mais sous réserve). C’est mieux que dans le cas du financement des oeuvres de longs métrages cinématographiques, mais cela reste modeste. Cela dit, l’absence de soutien local peut compromettre la décision d’un tournage en région. L’intérêt essentiel de l’intervention régionale dans ce domaine, au regard de l’impact généré sur l’économie de la filière, repose sur le mode de conventionnement qui place l’intervention dans le cadre d’un partenariat inscrit sur la durée, intégrant des critères plus sélectifs et des engagements réciproques (cf. plus haut). Outre ces productions ayant bénéficié d’un appui financier de la Région, les conventions prévoient le tournage en Aquitaine d’un quota d’œuvres supplémentaires15. Ainsi, plusieurs œuvres ont ainsi été réalisées dans la région, soit par les sociétés conventionnées soit par d’autres producteurs. Année 2003 2002 Fictions accompagnées ou repérées par l’AIC et/ou réalisées en Aquitaine sans le soutien financier du Conseil Régional « SOS 18 » pour JLA Productions et France 3 (série) Tournage à Bordeaux, Mérignac, Camblanes et Meynac « Fabien Cosma » pour Drama et France 3 (téléfilm) Tournage en Gironde « Famille d’accueil » pour GMT et France 3 (4x90’) « Vu à la télé » pour Murmures Productions et France 3 (téléfilm) Tournage à Bordeaux « Mythes urbains » pour GéTéVé (budget : 2,68 millions ¤ et environ 700 k¤ de dépenses locale – 26 techn. Régionaux, autant de comédiens et silhouettes) – 13x6’ Tournage Cenon et Bordeaux (40j) « Clara, cet été là » pour GéTéVé, Télé Images Création et M6 (téléfilm de la série « Carnets d’ados ») (emploi de 7 techniciens et 2 comédiens) Tournage sur le littoral médocain (15j) « Julia Férenzi, une amie en or» pour Nelka Films (téléfilm) Tournage à Bordeaux et Le Bouscat « L’homme de mon choix » pour Alizés et France 3 Production Sud Ouest (téléfilm) Tournage à Bordeaux et environs 15 Rappel : de façon générale, la Région n’intervient financièrement que sur la moitié des œuvres produites en Aquitaine par les sociétés partenaires CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL D’AQUITAINE Page 86 EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL 2001 2000 « SOS 18» pour Hamster et France 3 (2 épisodes de la série) Port d’Arcachon, Landes girondines, Mérignac « Un petit parisien » pour Cinétévé (téléfilm) tournage à Bordeaux, Rions « Murder Mystery » pour Rocket Science Labs « Retour aux sources» pour Alya productions « Rosalie » de Dominique Baron Tournage à Bordeaux « Love in a cold climate » de Tom Hopper pour la BBC Tournage à Bordeaux, Saint Emilion, Périgueux « Le regard de l’autre » de Dominique Tabuteau Tournage sur la Bassin d’Arcachon « La collimance » de Jérôme Foulon Tournage à Saint Jean de Luz et Ciboure Source : AIC Ce dispositif a permis à l’Aquitaine de se positionner de façon originale et d’être associée à des productions qui ont rencontré un grand succès auprès des téléspectateurs (exemples de « La rivière espérance », « Le bleu de l’océan », « La bicyclette bleue » …). Cette politique a également contribué au renforcement des compétences en région, par l’activité de tournages ainsi générée. Il faut souligner que, comparativement aux longs métrages cinéma, les productions de fictions se caractérisent par l’importance relative des retombées au sein de la filière régionale par rapport aux impacts hors filière. Toutefois, et selon les témoignages recueillis auprès des sociétés de production partenaires, le système aquitain de contractualisation accuse un certain essoufflement (arrêt du contrat avec GMT, interrogations avec GTV, levées en 2004). Cet essoufflement serait dû tout d’abord à des causes spécifiques ou propres au dispositif régional : gestion du fonds marquée par la lenteur de la décision, engagement « révisable » de la Région en cas de modification du devis final qui nuit à la prévisibilité de l’aide accordée, manque de transparence invoqué, faiblesse de l’aide …. A ceci, s’ajoutent parfois des problèmes liés aux partenariats établis entre ces sociétés et des sociétés de production exécutive au niveau local (exemple entre GMT et la société And Co sur la production de « Mathieu Corot »). Toutefois, d’autres partenariats de ce type ne semblent pas avoir posé de problème particulier (exemple entre GéTéVé et Jack Fébus sur la production de « L e s redoutables »). CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL D’AQUITAINE Page 87 EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL D’autres raisons externes et plus générales expliquent les hésitations des différents partenaires à renouveler dans les mêmes termes la contractualisation avec l’Aquitaine. Le coût des charges salariales qui, visiblement et du point de vue des producteurs, ne favorise pas les tournages en région (contrairement aux opinions exprimées par certains producteurs de films cinéma). Il faut savoir d’une part que les charges de personnels représentent 35% à 40% des dépenses de fictions (hors interprétation : 15%) et que se développe d’autre part, comme en matière cinématographique, une tendance à la délocalisation des tournages (vers les pays de l’Est, le Portugal, notamment les unitaires de 90’), tendance à laquelle contribuent au premier rang les grandes chaînes publiques hertziennes (France 2 en particulier). Au cours des dix dernières années, le coût horaire moyen de production des fictions a été multiplié par 1,5. Depuis 1999, l’augmentation a été de + 18%. Parmi les autres raisons externes, la concurrence accrue entre régions françaises en matière d’aide à la production de fictions a été mentionnée (exemple cité de la région Poitou-Charentes). La réforme engagée par le Centre National de la Cinématographie de son Compte de Soutien aux Industries de Programmes (COSIP), calquée sur celle du soutien aux fonds régionaux dans le domaine cinématographique, pourrait accroître cette mise en concurrence entre les systèmes d’intervention régionaux et définitivement ôter à l’Aquitaine sa position de « précurseur » dans l’aide apportée aux producteurs de fictions. Une autre contrainte rencontrée par ces derniers tient à la faiblesse relative du vivier régional de techniciens. Durant certaines périodes de l’année, il est difficile de trouver des personnels disponibles, s’agissant tout particulièrement de professionnels compétents et qualifiés (assistant caméraman, premiers assistant, chef décorateur …). En moyenne, la réalisation d’un téléfilm mobilise 30 à 40 salariés. Cette difficulté est de nature à limiter la part des techniciens recrutés localement16, non par manque de volonté (même si l’on ne peut écarter systématiquement certains comportements jugés trop « parisianistes »), mais par défaut de disponibilité des personnels. Or, le souci de constitution d’équipes techniques en région semble être, pour certains producteurs concernés ici, une véritable préoccupation. Une des sociétés concernées (Télécip) a ainsi reversé près de 70 000 ¤ de taxe d’apprentissage à un établissement de formation spécialisé implanté en Aquitaine. 16 Rappel : les conventions prévoient un taux de recours aux professionnels locaux de 40% à 50% . CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL D’AQUITAINE Page 88 EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL Depuis 2002, Telfrance, le groupe auquel appartient Télécip, a en effet décidé de reverser l’équivalent de 50% de l’aide reçue de la collectivité partenaire sous la forme d’une contribution à la taxe d’apprentissage. Ces considérations font dire que la mise en place de partenariats tels que ceux établis par la Région Aquitaine exige « beaucoup d’énergie, de volonté et un minimum de confiance et de fidélité » (Mme Lissa Pillu, TELECIP). En dépit des quelques réserves exprimées, l’intérêt des différents partenaires à l’égard de cette formule n’est pas fondamentalement remis en question. Elles appellent néanmoins quelques adaptations, voisines de celles précédemment évoquées concernant les productions cinématographiques. L’intérêt de ces partenariats trouve d’autres arguments dans l’analyse des impacts des œuvres soutenues. Oeuvres Budget (en k¤) Subv. Région (en k¤) Les monos 4 750 (240) Les vagues 1 205 (65) La visite 2 107 76 Rédemption 3 836 90 Filmer la jeunesse 1 101 15 Les beaux jours 1 381 76 Le bleu de l’océan 9 150 110 Dépenses en région (en k¤ et % total) + lieux 1 800 (38%) Bordeaux, bassin d’Arcachon 454,5 (38%) littoral landais 869 (41%) Bordeaux, Verdelais 2 354 (61%) Bordeaux ND Bordeaux et environs Nbre emplois région techn. (+ com) 21 (+10) 800 (58%) Le Pyla, Cabanac … 1 500 (16%) Pays Basque CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL D’AQUITAINE Subv. par emploi (en ¤) Nbre de jours de tournage en région Subv. / emploi / jour (en ¤) 7 742 60 129 ND ND 25 ND 21 (+ 2) 3304 22 150 21 (+13) 2 647 44 60 ND ND 25 ND 13 (+2) 5 067 23 220 38 (+25) 1 746 77 23 Page 89 EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL Chère fantôme 1 669 46 Mathieu Corot 3 323 76 On ne choisit pas sa famille 1 448 46 Les semailles et les moissons 3 494 76 Les Monos 1 618 76 Tania Boréalis 1 365 46 1 511 (budget final : 2 004) 1 712 76 Les redoutables Mathieu Corot 46 194 (12%) Bordeaux 770 (23%) Bordeaux et agglo. 874 (60%) Bordeaux et agglo. 1 185 (34%) Bordeaux Verdelais St Macaire Podensac Pyrénées 627 (39%) Laruns 744 (55%) Bordeaux Bassin d’Arcachon 962 (48% à 63%) Bassin d’Arcachon 250 (15%) Bordeaux Bassin d’Arcachon 11 (+ 15) 1 759 23 76 33 (+22) 1 382 63 22 9 T (hors France 3) (+8) 2 688 21 128 33 (+12) 1 694 44 38 11 (+6) 4 484 25 179 30 (+12) 1 088 23 47 19 (+11) 2 540 30 85 15 (+5) 2 285 ND ND Source : AIC, bibles de tournages D’après les informations recueillies, le volume de retombées financières généré par la production de fictions aidées en Aquitaine entre 2000 et 2003 est compris entre 13 et 13,5 millions ¤, équivalant à 40% du budget total consolidé des productions concernées. Sur cette base, on peut estimer l’effet de levier de l’aide régionale, avec un coefficient multiplicateur de près de 16, deux fois plus important que celui estimé pour le soutien à la production cinématographique. Cela s’explique en partie par la durée de tournage cumulée sur la période 2000-2003. CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL D’AQUITAINE Page 90 EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL Pour un nombre d’œuvres comparable, ces fictions ont généré 450 jours de tournage cumulés, soit 1,7 fois plus que les longs métrages cinéma. Les charges de personnel recrutés en région représentent environ 40% des dépenses locales, ce qui permet d’estimer la masse salariale consolidée pour la période à 5,5 millions ¤. Plus de 350 emplois de techniciens (70%) et comédiens ont été recrutés dans le cadre des tournages aidés17. En règle générale, et d’après l’analyse de plusieurs bibles de tournage, les techniciens régionaux occupent le tiers des emplois techniques (30% à 50% de façon exceptionnelle). Ce taux est plus faible en ce qui concerne les comédiens (hors figurants). Cela amène à penser que le critère affiché par la Région relatif au taux de recours à des professionnels régionaux (40% à 50% en règle générale) est assez rarement atteint ou respecté. L’insuffisance perçue du vivier aquitain et la difficulté de mobilisation de personnels qualifiés ou compétents en sont-elles les seules vraies raisons ? Les habitudes ou comportements dominants, l’importance des réseaux relationnels et modes de recrutement informels qui caractérisent ce secteur sont probablement des facteurs tout aussi déterminants qui expliquent cette réalité. A ce niveau, le développement d’une activité de tournage en région, susceptible de stabiliser un noyau de compétences et d’attirer d’autres professionnels, compte tout autant que la fixation de modes de relation contractuelle avec des sociétés de production. Sur un plan qualitatif, on retrouve le même profil d’emploi des postes recrutés en région qu’en production cinématographique (surtout régie, décoration, réalisation). La juxtaposition de l’aide régionale et du nombre d’emplois générés fait apparaître un coût moyen subventionné par emploi de 3 300 ¤ (techniciens uniquement) inférieur d’un quart à celui mobilisé pour les productions cinématographiques. Cet indicateur signifie simplement que l’investissement placé par la Région dans la production de fictions est socialement plus efficace que celui placé dans la production cinématographique, en dépit de certaines réserves : 1 000 ¤ de la Région génèrent ainsi 0,3 emploi de techniciens et 0,1 emploi de comédiens. Dans ce dernier cas, et depuis une dizaine d’années, les sociétés de productions ont fait appel à l’Association Aquitaine Acteurs afin de compléter les castings, mais trop souvent sur des rôles d’appoint selon les représentants de cette association. 17 Attention : il s’agit d’un cumul, certains professionnels, techniciens notamment, ayant pu être mobilisés sur plusieurs fictions durant la période de référence. CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL D’AQUITAINE Page 91 EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL Le recours à des sociétés prestataires de services techniques est loin d’être systématique, même de la part des sociétés subventionnées. Néanmoins, il semble plus régulier que dans le cas des productions cinématographiques. Certaines entreprises locales (Limelight, Papaye, plus exceptionnellement L2V, la SMAC) apparaissent parmi les fournisseurs ou prestataires mobilisés. Pour autant, l’activité générée par les sociétés de production conventionnées vis-à-vis des prestataires aquitains est encore très (trop) mesurée du point de vue de ces derniers. Question de compétence, d’expérience et de fidélité (voire d’exclusivité) à certains réseaux. Là encore, il est difficile de bousculer les habitudes, d’échapper à l’opacité du système même pour ceux qui exercent en son sein, quand il ne s’agit pas de se plier occasionnellement à certaines pratiques cavalières pour soutirer de l’argent public via des sociétés écrans ou prête-nom. Producteurs et prestataires ont souvent des accords tacites, difficiles à remettre en cause. En outre, les pratiques des principaux prestataires nationaux (TSF, Transpalux) tendent à décourager la concurrence, en offrant par exemple un apport en industrie (mise à disposition gratuite de matériel). Les quelques tentatives de coopération entre ces sociétés et des prestataires régionaux (Papaye, Limelight) n’ont pas fait long feu. Certains prestataires locaux prônent un recours plus systématique aux services qu’ils proposent et ont pris des initiatives de façon à faire évoluer les pratiques des producteurs. C’est par exemple le cas de la société Papaye, implantée à Puymirol en Lot-et-Garonne18, qui loue du matériel technique (éclairage, véhicules techniques, machinerie, de montage et rush, de régie …). Elle développe un projet de plate-forme de cinéma sur leur site du château de Tayrac, qui concentrerait des ateliers audiovisuels (zones de stockage, bureaux pour prestation et production, salle de projection, ateliers de montage) et intégrant des lieux de vie et d’hébergement. Il est également prévu que cette structure accueille des formations spécialisées sur les métiers techniques. Il faut aussi tenir compte du fait que certaines co-productions avec France 3 se traduisent par la mobilisation des moyens techniques de la station régionale (France 3 Productions Sud Ouest). Cette Unité Interrégionale de Production, qui regroupe 70 salariés dont une trentaine sur Bordeaux et une quarantaine sur Toulouse, participe à la co-production de 8 fictions chaque année, en relation avec d’autres sociétés de production (dont GMT et Télécip). 18 Mais également à Angoulême, Saint Denis de la Réunion CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL D’AQUITAINE Page 92 EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL Selon le témoignage apporté par son représentant en Aquitaine19, l’activité de France 3 Productions Sud Ouest génère 2 000 journées de travail pour les intermittents (année 2002). Autant que possible, cette structure fait appel à des prestataires et techniciens locaux (intermittents notamment), même s’il arrive que cette volonté affichée se heurte à quelques résistances internes. Toutefois, les décisions et la coordination entre les différentes unités de production interrégionales et régionales concernant ces tournages dépendent de la direction parisienne. Il importe de mentionner à ce niveau la convention de partenariat établie entre le Conseil Régional d’Aquitaine et France 3 en juin 2002. Cette convention comporte un article consacré à la production (n°1.4.3), lequel affirme la volonté de France 3 « de renforcer l’unité interrégionale de production « Grand Sud-Ouest » et de contribuer au développement du secteur indépendant de la production. » (Cf. également chapitre 2.3.3). La mise en œuvre de cet article nécessitait un avenant spécifique associant l’AIC. Au moment de la réalisation de cette étude, cet avenant n’a pas encore été formalisé. Comme dans le cas des productions cinématographiques, les autres services bénéficiaires des retombées des tournages de fictions touchent des activités externes à la filière : hôtellerie et restauration (dont gîtes ruraux et appart’hôtels), location de véhicules, services de gardiennage … La plupart de ces services sont le plus souvent situés sur les lieux de tournage ou à proximité immédiate. On retrouve à peu de choses près le même type de localisation des tournages : Bordeaux et ses environs, le bassin d’Arcachon, le littoral girondin, le Périgord, les coteaux de la Garonne, les Pyrénées. Là encore, on peut noter l’absence d’activité sur le seul département du Lot-etGaronne. En termes d’audience, il semble que les fictions offrent un avantage complémentaire par rapport au cinéma : en règle générale, les productions télévisuelles sont assurées d’être diffusées puisque les principaux commanditaires en sont les chaînes de télévision20. En outre, le public touché est beaucoup plus large. On considère qu’un film qui rencontre un succès en salles réalise au moins 1 million d’entrées. Dans le même temps, l’audience minimale d’un téléfilm sera 3 à 4 fois plus importante. Dans le lot des fictions ayant bénéficié d’un soutien régional depuis 1995, parmi les meilleures parts d’audience21 , on peut citer : 19 A l’époque M. Denis Vivaldini Celles-ci peuvent néanmoins décider à tout moment l’arrêt d’un tournage ou la non diffusion d’une œuvre. 21 Une part d’audience équivaut actuellement à 530 000 téléspectateurs de plus de 4 ans. 20 CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL D’AQUITAINE Page 93 EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL « La rivière Espérance » (GéTéVé, 1995) : 27,7% France 2 « Les filles du maître de chai » (Télécip, 1996) : 13,2% TF1 Un Sept d’Or en 1998 et Prix du Sénat « Highlander »(GéTéVé, 1996) : 9,5% à 11,7 % M6 « L’enfant des terres blondes » (GéTéVé, 1997) : 26% France 2 / France 3 - Prix Nymphe d’or du Festival de Monte Carlo « Les Jours Heureux » (GéTéVé, 1998) : 14,9% France 3 « Les monos : jeu de loi » (GéTéVé, 1999) : non aidé 23,9% France 2 « La bicyclette Bleue » (GéTéVé, 1999) : 42,6 % (1er ep.), 38,8% (2nd ep.) et 41,2% (3ème ep.) France 2 Lauriers de la radio et de la télévision en catégorie « séries » en 2001 Sept d’Or en catégorie « série et feuilleton » - Vendue dans plus de 30 pays et édité en vidéo par Warner « Tania Boréalis » (Télécip, 2000) : 13,1% France 2 Prix du public au festival de Luchon 2001 « On ne choisit pas sa famille » (GéTéVé, 2001) : 20% France 3 « Les semailles et les moissons » (Télécip, 2001) : 12,8% « Mathieu Corot » (GMT, 2001) : 13,6% TF1 « Famille d’accueil » (GMT, 2002) non aidé : 11,3% France 3 « Les Monos : jamais prêts » (GéTéVé, 2001) : 21,7% France 2 « Les beaux jours » (Télécip, 2002) : 8,3 % France 3 Prix de la meilleure réalisation au Festival de fiction télévisée de St-Tropez « Le bleu de l’océan » (GMT, 2002) : 15% TF1 Le plus petit score réalisé par «Les beaux jours » représente 4,4 millions de téléspectateurs et le plus important, réalisé par le premier épisode de « La bicyclette bleue » correspond à … 22,5 millions de téléspectateurs. Les principales chaînes de diffusion de fictions sont France 2 (216 heures), TF1 (178 heures) et France 3 (107 heures). Il est d’usage de considérer qu’une part d’audience de 15% (environ 8 millions de téléspectateurs) permet de se placer dans le « top 100 » des audiences de l’année. L’exportation des fictions françaises représente 21,5% des ventes de programmes audiovisuels à l’étranger, soit 22,9 millions ¤. Elle est encore faible et la France accuse un certain retard par rapport à ses principaux concurrents européens sur un marché pourtant très dynamique. Cette exportation se heurte d’abord au format majoritairement produit en France (séries à héros récurrents de 90’) par rapport au standard international (le 52’), puis au problème du sous-titrage. En outre, ce n’est pas l’objectif premier des diffuseurs. Il existe cependant des exceptions (« Sous le soleil », « La PJ », « Napoléon » …). CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL D’AQUITAINE Page 94 EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL Le travail d’accompagnement en aval des productions aidées constitue là encore un « maillon faible » du soutien régional, selon certains producteurs interrogés. Le défaut de valorisation du partenariat, notamment lorsque certaines œuvres ont été récompensées, fait partie des regrets exprimés par ces derniers, d’où le sentiment d’une sous-utilisation des partenariats une fois l’œuvre achevée. Cela passe aussi par l’établissement d’une relation de confiance qui paraît encore fragile. En conclusion, les retombées du soutien apporté par le Conseil Régional d’Aquitaine à la production de fictions font ressortir plusieurs enseignements : la faiblesse relative du financement régional, compensée par un dispositif de conventionnement inscrivant un engagement dans la durée assorti de contreparties, une formule intéressante à pérenniser, mais dont les termes doivent être revus en raison notamment de la difficulté des parties à garantir et/ou respecter leurs engagements réciproques (prévisibilité de l’aide, recours aux ressources régionales…), des retombées plus significatives que celles des productions cinématographiques sur le tissu local des professionnels et des prestataires, mais encore trop peu structurantes, l’intérêt d’un accompagnement en amont en matière d’écriture de scénario (concours « Scénaristes en Aquitaine »), une sous-valorisation des productions aidées en aval (promotion régionale et animation autour d’œuvres primées). Malgré les réserves ou limites identifiées, l’intervention du Conseil Régional d’Aquitaine en faveur des fictions mérite attention, dès lors que l’on privilégie une démarche à caractère industriel et de renforcement des compétences ou ressources régionales. Il serait en effet dommage que la Région ne capitalise pas sur les résultats d’une expérience originale menée depuis une dizaine d’années, en tirant les enseignements de ce bilan. Somme toute, les retombées sur la filière régionale ne sont pas négligeables, même s’il est légitime d’en attendre des effets plus structurants. L’une des limites essentielles de l’aide régionale dans cette catégorie de production porte fondamentalement sur la valeur artistique d’œuvres qui sont en règle générale conçues par et pour un système fortement standardisé et pré-formaté. Cela réduit fortement la capacité d’influence de la Région en termes de diversité de l’offre culturelle. Il faut être clair : sauf exception (toujours possible), une intervention régionale en faveur de la production de fictions répond d’abord à un objectif de dimension économique, avant tout objectif culturel. CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL D’AQUITAINE Page 95 EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL A ce niveau, il reste à la collectivité le choix de soutenir ou non une œuvre selon la perception qu’elle donne de la réalité ou de l’image de l’Aquitaine. C’est dans cette perspective que l’on peut préconiser un maintien du système d’accord de partenariat entre le Conseil Régional et des sociétés de production, moyennant une adaptation des règles ou critères d’intervention. 2.3.2 – Documentaires, courts métrages, animation et captation de spectacles vivants Cet ensemble regroupe plusieurs genres de productions audiovisuelles. Leur point commun est qu’ils mobilisent essentiellement des producteurs régionaux. Toutefois, il paraît difficile de les traiter dans une seule et même approche tant ils recouvrent une très large variété de situations et de problématiques. De façon un peu schématique, il faut distinguer d’un côté, les productions réalisées par des sociétés développant une activité significative sinon importante, notamment celles sous contrat avec des chaînes de télévision. Cela touche en particulier quelques producteurs régionaux fortement positionnés sur la production de films documentaires. A l’autre extrémité, on trouve de multiples associations ou petites structures qui ont un très faible volume d’activité, et plutôt axées sur la création de courts métrages. Entre les deux, quelques sociétés positionnées sur des créneaux de production spécifiques (documentaires sur la mémoire régionale, animation). Le dispositif mis en place par le Conseil Régional d’Aquitaine est structuré de la même façon que pour les longs métrages cinématographiques, mais avec des seuils de subvention et des critères légèrement adaptés. Une aide à l’écriture d’un montant plafonné à 4 573 ¤ pour un documentaire de création porté soit par une société ou une association domiciliée en Aquitaine, soit par un auteur aquitain. Une aide au développement, d’un montant équivalent, porté par une société ou une association régionale. Une aide à la réalisation d’un pilote, d’un montant correspondant au tiers du budget et plafonné à 15 245 ¤, au bénéfice d’une structure domiciliée en Aquitaine. CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL D’AQUITAINE Page 96 EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL Une aide à la production, calculée sur les mêmes bases que pour l’aide au pilote, au bénéfice de structures régionales ou non, dans ce dernier cas à la condition que les projets impliquent des coproducteurs régionaux (participation minimale du tiers du budget global). Le nombre de projets bénéficiant de cette aide régionale est plafonné à 3 par producteur. En contrepartie, les bénéficiaires sont tenus de répondre aux même exigences que celles déjà mentionnées pour les productions cinématographiques et fictions. a) Approche de la production de documentaires La production de films documentaires aidée dans le cadre du Compte de Soutien aux Industries de Programmes (COSIP) du CNC a représenté 2 466 heures en 2003, (soit 61% des aides accordées dans le cadre du COSIP), pour un investissement total de 333,6 millions ¤22. Bien que l’année 2003 marque un recul, il faut insister sur le fait que ce genre de production a considérablement augmenté au cours des dernières années. Entre 1999 et 2004, ce volume d’heures a progressé de plus de 30%. Evolution du volume d’heures de documentaires produites 3 000 2748 2001 2002 2466 2262 2 500 1880 2 000 1 500 2639 1464 1 153 1 000 500 0 1997 1998 1999 2000 2003 Source : CNC, 2004 Plus de 40% du financement des documentaires est apporté par les diffuseurs, à savoir les chaînes de télévision. 22 Soit un coût horaire de 135,2 k¤ CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL D’AQUITAINE Page 97 EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL Dans cette catégorie, les chaînes hertziennes23 représentent les trois quarts de l’investissement des diffuseurs (par ordre d’importance : France 3, France 5, Arte, TF1, France 2, M6 et Canal Plus). Sur cette part, Les chaînes thématiques et locales apportent le quart restant (notamment les chaînes Voyages, Escales, Mezzo, Ciné Cinéma, Paris Première, Equidia-France Courses, Match TV, Animaux, TV Breizh, Histoire …). Les producteurs interviennent pour près de 20% dans le financement des documentaires et le COSIP, en grande partie alimenté par les chaînes de TV (hormis les chaînes thématiques et locales), pour une part équivalente. Près de 9% proviennent de financements internationaux (co-productions, préventes). Enfin, les autres financements, dont ceux des régions, contribuent pour une part équivalente (9%). Dans le cas de l’Aquitaine, ses interventions en faveur de la production de documentaires n’a cessé de croître au cours de ces dernières années. Année 2000 Titre des œuvres (durée) « Un voyage dans le siècle » (52’) « Louttre » (26’) « Sans haine et sans crainte » (55’) « La bataille de Bordeaux » (*) (90’) « Nomades en chantier » (26’) « Le tour du monde dans une cage d’escalier » (2x26’ et 52’) « Le musée Bonnat de Bayonne » (15’) « Le peuple de la forêt » (52’) « La conscience universelle » (52’) 23 Producteurs Sté Zangra Productions (+ TV10 Angers) Ass. Créateurs en série Diff. Aqui TV Ass. Film d’Aquitaine / MWP Productions (+ TV10 Angers) Diff. Histoire Sté Zangra Productions (+ Ecran Sud) Diff. Ciné et TV (Arte, France 3) Sté A3 Productions Diff. France 3 Ass. Atelier audiovisuel du pays + Aqui TV Sté On Line Production (+ Arte) Ass. Latitude 16/35 Diff. RFO, RTG1 Ass. MMM (+ Aqui TV) Budget (en ¤) 78 022,4 Aide Région (en ¤) 15 245,0 15 245,0 4 573,0 30% 76 178,2 12 195,1 16% 273 270,0 30 487,8 11,2% 47 556,4 12 195,1 25,6% 73 383,7 15 245,0 20,8% 27 439,0 1 524,4 5,6% 131 360,4 15 245,0 11,6% 69 963,1 15 245,0 21,8% TF1, France 2, France 3, France 5, Arte, M6, Canal Plus CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL D’AQUITAINE Page 98 % 19,5% EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL 2001 “Une pirogue sur la Garonne” Ass. Théatre Ombre et (2x26’) Lumières « Les inventeurs de la Sté Aqui Prod Préhistoire » (4x26’) (Aqui TV) « La cuvée Madeleine » (26’) Ass. ATIS Diff. Aqui TV « Le captif de la route » M. Dabitch (aide à l’écriture) “Histoire de céramique” (52’) ADDC Dordogne (+ France 3 Aquitaine) « La fleur et le fusil » (52’) Sté Zangra Productions Diff. Arte « Le complexe de la Bécasse » Sté Siouxs Production (52’) (+ Seasons) « La part des gens » Sté Caro Production (90’ + 5x26’) (+ Dune) Diff. France2,Arte, RTBF « Histoires et coutumes » (3x52’) Atelier audiovisuel du Pays (+ Trilogie, Aqui Prod) Diff. Aqui TV « L’occidentale de fanfare” (52’) SMAC Diff. Aqui TV, France 3 « Le chuchoteur d e s Sté Quatre Vents Prod. montagnes » (26’) Diff. Equidia « Le manuscrit trouvé à Saint Ass. ISL Sernin » (52’) Diff. France 3 et TLT « Yves Parlier, seul au monde » Sté Antipode (52’) Diff. La Cinquième « Aquitaine, A qui t’aime » Sté Goupil Productions (3x52’) (+ Jack Fébus) Diff. Seasons « Le CAPC, musée d’art Sté On Line Production contemporain de BX » (15’) « C’est complet » (26’) Sté Centaure Production « La fabuleuse histoire du Sté Caro Productions béret » (52’) (Dune.) « Sanguinet, villages engloutis, ADDC Dordogne l’âge du fer » (52’) « Langon-Doha, notes sur un Ass. Nuits Atypiques de traité international » (60’) Langon (+ Lardux Films, Filmo) Diff. Citizen TV et salles locales CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL D’AQUITAINE 62 140,0 15 245,0 24,5% NR 2 286,6 ND 36 178,8 6 097,6 16,9% 4 725,6 1 524,4 32,2% 133 291,3 15 245,0 11,4% 181 402,1 15 245,0 8,4% 67 564,0 12 195,1 18% 602 300,9 15 245,0 2,5% 196 949,7 15 245,0 7,7% 67 088,4 15 245,0 22,7% 68 764,2 12 195,1 17,7% 89 463,9 12 195,1 13,6% 117 230,7 12 195,1 10,4% 240 113,1 15 245,0 6,5% 26 676,8 1 524,4 5,7% 62 502,1 154 684,0 7 622,0 12,2% 15 245,0 9,9% 160 855,0 15 245,0 9,5% 89 919,3 15 245,0 17% Page 99 EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL « Lou Pip de Peyre » « L’ébénisterie bascobéarnaise » « Entre Bordeaux et noir » (52’) « Le peuple du soleil » (52’) 2002 « Chroniques de Gironde » (10x13’) “La Côte Médoquine” (4x26’) « Cesare Battisti, exil » (52’) « Portalet, la sentinelle assoupie » (52’) « Tenue(s) de Bains » (52’) « L’indien du marais » (52’) « Zaldia, le cheval basque » (52’) « A livre ouvert … la fabuleuse histoire de l’homme » (52’) « L’île aux oiseaux » (26’) Ass. TANOC Prod. (accord - cadre de partenariat) Uwaga Productions Aide à l’écriture M. Cheyssial Aide à l’écriture Sté And Co Productions Diff. TV7 Sté Zangra Productions (+ France 3) Sté ICA Diff. Planète Sté ZNORT Productions Diff. France 3 Sté Jack Fébus Diff. Cinquième, Aqui TV, Odyssée … Sté Siouxs Productions Ass. Quatre Vents Prod. Diff. Equidia Ass. Film d’Aquitaine (+ Sté Sens caché Prod.) Sté Zangra Productions Diff. France 3 Ass. Calliope Production « Les femmes de l’Espourgillat » (26’) « L’infini sous la peau » (26’) Sté Eurofilm Diff. Fest. International du Film d’Histoire (Accord cadre triennal Produire en Aquitaine) « Jeunes basques en Iparralde » Sté Kultulan (52’) (+ Regard Nomade) « Hollywood sur Gironde ou la Sté Grand Angle Prod. fabuleuse histoire d’Emile (+ Jack Fébus) Couzinet » (52’) “Les petits bals à Macias” (26’) Sté Zangra Productions « Chouquette » (26’) Sté La Belle Equipe (+ SMAC) Diff. Ciné Le Vigo et TV7 « Héros urbains » (5x26’) Sté And Co Production (+ Grand Angle) Diff. TV7 CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL D’AQUITAINE 100 000,0 (**) 14 420,7 30 490,0 30,5% (?) 4 573,2 31,7% NR 3 048,8 ND 108 635,2 15 240,0 14% 53 973,6 7 620,0 14,1% 143 911,9 10 000,0 6,9% 50 220,0 15 000,0 29,9% 203 044,5 15 245,0 7,5% 69 696,5 109 107,0 13 000,0 15 245,0 18,7% 14% 41 164,0 66 915,1 16 660,0 6 098,0 14,8% 15 245,0 22,8% 5 590,0 33,6% 70 210,6 15 245,0 21,7% 89 790,0 10 000,0 11,1% 77 000,0 15 245,0 19,8% 56 263,0 34 356,0 15 245,0 10 670,0 27,1% 31,1% 178 005,0 15 245,0 8,6% Page 100 EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL “L’homme à la jument” (52’) Documentaire-fiction « Voix de l’exil tchétchène, stigmates d’une guerre à huis clos » (52’) « Ariadone » (26’ et 52’) 2003 Sté Goupil Productions (+ Jack Fébus) Ass. Philéas Productions Distr. Flach Film, Little Bear Ass. La Belle Ouvrage (accord cadre triennal Produire en Aquitaine) « Fébus, touches-y si tu l’oses » Les films Figures Libres (26’) « Les gens de Bacotte » (80’) Ass. Tanoc Productions « La course landaise » (80’) « De la barrera au calleron » M. Beïs Aide à l’écriture « Les discriminations » (10x6’) Périphéries Productions Aide au développement « Les enfants de Quân-Am » M. Samel (52’) Aide à l’écriture « Strandings, les échouages en Sté Eveil Production question » (52’) « Sous l’étreinte du fleuve, l’île SMAC verte » (52’) « L’atrium de Dax » (10x26’) SMAC Pilote d’une série « Pierre et les serpents » (52’) Sté Goupil Productions (+ Sté Editel) « En courant pour l’Euskara » Ass. Aldudarrak Bideo (52’) « Harley, un mythe à plusieurs Sté Grand Angle visages » (52’) Diff. Astra « Loin de Bejaia, près de Sté Zangra Productions Bejaia » « Les balades de Julie » (6x26’) Sté La Belle Equipe (+France 3 Aquitaine) « Exploration musicale » (52’) Sté Films Jack Fébus (captation) Diff. France 3, Mezzo « Christian Vieussens, Cie Sté ZNORT Productions Vieussens » (52’) - (captation) (+ Différences) « Les supporters de l’arène : les Sté Grand Angle Ultramarines » (26’) (accord cadre triennal Produire en Aquitaine) « La Résistance en Aquitaine » SMAC (52’) (appel à projet CRA) CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL D’AQUITAINE 78 848,0 15 245,0 19,3% 16 186,0 4 049,0 25% 90 402,0 15 245,0 16,9% 140 620,0 10 700,0 7,6% 106 707,3 30 490,0 28,6% 4 568,0 2 500,0 54,7% 6 277,9 4 573,0 72,8% 5 750,0 4 573,0 79,5% 118 345,0 15 245,0 12,9% 67 389,0 15 245,0 22,6% 55 642,0 15 245,0 27,4% 131 385,0 15 245,0 11,6% 31 969,0 15 000,0 46,9% 68 838,0 15 245,0 22,1% 147 274,0 15 245,0 10,3% 198 878,0 15 245,0 7,7% 96 150,0 15 245,0 15,9% 78 276,0 15 245,0 19,5% 53 896,0 15 245,0 28,3% 71 313,0 15 245,0 21,4% Page 101 EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL « Les combats de la rédemption » (52’) « Cheval nature … cheval d’usine » (52’) « Mon père était berger » (2x52’) « Machinayres » « Sainte Livrade, le camp des oubliés » (52’) “Octobre bleu” (52’) “Apprentis directeurs de prison » (52’) « Robert et les ombres » (52’) 26 105,0 7 800,0 29,9% 109 282,0 15 245,0 14% 100 000,0 (?) 30 000,0 ND 115 038,0 15 245,0 13,3% Sté Grand Angle Prod. Sté Zangra Productions (+France 5, France 3 Aq) Sté Siouxs Productions Diff. France 3 sud Sté Films Jack Fébus 62 869,0 157 943,0 15 245,0 15 245,0 24,2% 9,7% 102 634,0 15 000,0 14,6% 138 913,0 15 245,0 11% Mme Bidegain (+ SMAC) Aide écriture « La guérisseuse de la forêt » M. Cheyssial (52’) Aide écriture « Calle Cortes » (52’) Sté Zangra Productions Sélection programme européen Eurodoc (+ SAN Sénart) Dii. Arte, France 5, TV3 “Un festival d’ado” (35’ et 52’) SMAC Diff. Festival des lycéens « Impossible innocence » (26’) Sté Films Jack Fébus « Mano, la découverte de Parentis » (26’) « Les acteurs du grand chemin » Sté Pyren Films (52’) « In democracy we trust » (26’) SMAC “Entre ciel et terre” (26’) Sté Grand Angle Diff. KTO « Marins milliardaires » (52’) Sté Grand Angle “Des ombres dans la nuit, Sté Films Jack Fébus opération Frankton” (52’) « Dépaysement » (52’) M. Sady - Aide écriture « A la recherche des Sté TSVP Nabatéens » (26’) Diff. France 3 « Le garage moderne » (52’) Ass. Léon Prod. (+ K. Productions et France 3 Aquitaine) Tournage : Bordeaux NR 4 000,0 ND « Musicalarue en fanfare » (52’) « Cap contrebasse » (52’) (captation) « Secretos de Lucha » (52’) 2004 Ass. Périphéries Productions Ass. Quatre Vents Prod. Ass. Tanoc productions (accord cadre triennal) Sté Grand Angle Prod. CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL D’AQUITAINE 6 777,0 4 570,0 67,4% 72 204,0 15 245,0 21,1% 46 653,0 15 000,0 32,2% 104 587,0 15 245,0 14,6% 52 253,0 10 000,0 19,1% 61 545,0 42 388,2 15 245,0 10 000,0 24,8% 23,6% 61 866,2 77 333,0 15 245,0 15 245,0 24,6% 19,7% NR 62 689,0 2 000,O 15 000,0 ND 23,9% 78 184,0 15 000,0 19,2% Page 102 EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL « Devoirs de Mer » (52’) « De l’ombre à la lumière » (52’) « Rary, entre deux scènes, entre deux mondes » (52’) « Chapeau de cuir et sabots noirs » (26’) « J’aime la vie, je fais du vélo et je vais au cinéma » (90’) (*) (documentaire long métrage) « Hors saison : l’île sauvage » (52’) Sté And Co Prod. (+ Jack Fébus + TV7) Ass. Marassa Tournage : Bordeaux, Madagascar Sté Centaure Prod. Tournage : Béarn Sté Ecransud Distrib. Diff. : Utopia + TV (RTBF) Sté Films Jack Fébus Diff. France 3 Aquitaine, Seasons Sté Siouxs Prod. « Choses non dites, le complexe de la bécasse suite » (52’) « Michel Slitinsky ou le combat Sté Les productions de d’une vie » (52’) la Lanterne (+ France 3 Aquitaine) 75 785,0 76 338,0 51 755,0 15 000,0 9,9% 10 000,0 19,3% 58 305,0 14 000,0 24% 202 046,0 30 000,0 14,8% 72 905,0 15 000,0 20,6% 60 226,0 13 000,0 21,6% 183 776,0 21 000,0 11,4% Source : délibérations Conseil Régional d’Aquitaine (*) « La Bataille de Bordeaux » n’a finalement pas été produit par Zangra mais repris en 2004 par la société toulousaine Ecransud sous le titre « J’aime la vie, je fais du vélo et je vais au cinéma » (**) Budget non précisé – Non inclus dans la subvention 15 245 ¤ d’aide à l’équipement (et 2002 : 8 359,7 ¤) Entre 2000 et 2003, le nombre des documentaires soutenus par la Région a doublé, alors que les financements mobilisés et le volume horaire correspondant ont triplé. Ainsi, sur la période concernée, le Conseil Régional a accompagné 76 productions, représentant un budget global de 6,7 millions ¤, dont 0,95 million ¤ de financement régional (budget moyen des œuvres aidées : 89 000 ¤). Années 2000 2001 2002 2003 TOTAL 2004 (Prov.) Nbre de Volume productions horaire aidées* cumulé 12 18 24 22 76 20 512 1101 1222 1300 4135 922 Montant global (en k¤) 622,2 2 373,2 1 818,3 1 938,9 6 752,6 1 440,8 Coût Aide % de Coût horaire régionale l’aide horaire moyen cumulée régionale aidé (en ¤) (en k¤) (en ¤) 1215,2 116,6 18,7% 227,7 2155,5 233,25 9,8% 211,9 1488 287,3 15,8% 235,1 1491,5 320,3 16,5% 246,4 1633 957,45 14,2% 231,5 1562,7 261,2 18,1% 283,3 Source : délibérations Conseil Régional d’Aquitaine • dont aides à l’écriture et/ou au développement : 2000 : 1 ; 2001 : 2 ; 2002 : 3 ; 2003 : 2 CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL D’AQUITAINE Page 103 EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL Dans la mesure où l’on peut considérer que la quasi totalité de ces aides se sont adressées à des producteurs régionaux et qu’une part très largement majoritaire des œuvres a été tournée en région, on peut admettre que l’effet de levier de l’aide régionale a joué dans un rapport de 1 à 7 (1¤ d’aide ayant généré 7 ¤ d’investissement). De plus, le taux moyen de contribution du Conseil Régional d’Aquitaine au financement des projets est beaucoup plus significatif (14,1% - dans une fourchette assez large de 5% à 25%, exceptionnellement au-delà du seuil prévu par le règlement d’intervention). Sur cette base, on peut estimer qu’une part non négligeable des documentaires concernés n’auraient pu être produite sans l’appui de la Région. La comparaison du taux moyen à celui évalué pour les œuvres cinématographiques et les fictions aidées appelle attention, dans la mesure où, ici, la quasi-totalité de l’investissement réalisé est porté sur la filière audiovisuelle en région, autrement dit bénéficie directement et essentiellement à ses opérateurs régionaux et non à des structures extérieures à la région (sauf exception) ou à la filière. Sur la période, une quarantaine de producteurs ont reçu un soutien de la Région en faveur de leurs projets de production. Parmi ceux-ci, une quinzaine ont été aidés au moins à deux reprises, notamment Zangra Productions, la SMAC, Grand Angle, les Films Jack Fébus, Siouxs Productions, Quatre Vents Productions, And Co Productions et Tanoc.24 Par rapport aux autres genres examinés, il faut insister sur le double impact du soutien régional à la production régionale de documentaires : Un impact économique, à la fois par l’aide directe apportée au financement des projets et, indirectement, par le maintien d’un volume d’activités minimum des entreprises de cette filière. Cela concerne plus particulièrement les structures bénéficiant d’un soutien récurrent ou particulier. A cet égard, la Région a établi des accords de partenariat triennaux avec certaines structures : en juillet 2002 d’une part, avec l’association Produire en Aquitaine, qui regroupe plus d’une vingtaine de producteurs régionaux (cf. chap. 2.2.1 p.24), afin de 24 Il faut signaler par ailleurs que l’intervention du Conseil Régional d’Aquitaine en faveur du documentaire peut passer accessoirement par d’autres canaux d’intervention que celui de la Culture. Ainsi par exemple la société AIMV a reçu en 2001 une subvention de 64 000 ¤ (sur un budget global de 374 200 ¤) pour la réalisation de 6 documentaires sur les espèces migratrices, financée sur le budget régional de l’environnement. CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL D’AQUITAINE Page 104 EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL mettre en place un appel à projet annuel et de mettre en production des documentaires liés au programme de festivals de cinéma et à la captation de spectacles vivants organisés en Aquitaine, en mai 2001 d’autre part avec l’association Tanoc Productions, spécialisée dans la production de documentaires sur le patrimoine culturel régional, comportant la productions d’une demi-douzaine d’œuvres aidées et un soutien à l’équipement (chaîne numérique, prise de son, vidéomobile). Un impact culturel, par le soutien à la création d’œuvres originales, mettant tout particulièrement en évidence les patrimoines naturels, culturels et historiques de l’Aquitaine et participant à la diversité de l’offre culturelle. La Région a par ailleurs ponctuellement procédé à des appels à projets (exemple : pour la production d’un documentaire sur la Résistance en Aquitaine, attribuée à la SMAC). Il importe d’insister sur cette dimension et sur l’enjeu que représente, entre autres via les médias audiovisuels, le soutien à l’expression du potentiel créatif en région. Il est en outre intéressant de noter que la plupart des sociétés aidées sont implantées dans l’agglomération bordelaise ou dans le sud de la région (Landes et Pyrénées Atlantiques). On assiste par ailleurs à des alliances ou coopérations sur des projets entre certaines sociétés parmi les plus actives (Zangra et SMAC, Films Jack Fébus et Grand Angle, Films Jack Fébus et Goupil Productions), initiatives en dehors desquelles le tissu des producteurs régionaux reste très éclaté. En ce sens, la création de l’association « Produire en Aquitaine » en 1999 est une initiative bienvenue. Elle appartient au réseau des associations régionales de producteurs (REZO) et regroupe 26 sociétés en Aquitaine (2003). Elle joue un rôle de représentation de la filière auprès des instances régionales (Conseil Régional, AIC). La recherche de partenariats européens est un autre thème de mobilisation des producteurs régionaux. A ce propos, le projet de création d’un Media-desk (antenne du programme européen Media Plus) porté par l’AIC depuis 2001 n’a pu encore aboutir. La perception de l’intervention régionale par les producteurs de documentaires régionaux est assez mitigée. Ces derniers considèrent en effet que les aides apportées par la Région ne reflètent pas la réalité du marché et sont donc trop déconnectées des besoins. Compte tenu du double plafonnement (nombre d’œuvres et montant de l’aide), le soutien régional est souvent perçu comme indispensable mais trop partiel par les bénéficiaires, notamment par les sociétés les plus actives du secteur. CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL D’AQUITAINE Page 105 EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL Cette réserve est aujourd’hui d’autant plus prégnante que le CNC a modifié en 2004 ses règles d’intervention au titre du Compte de Soutien aux Industries de Programmes (COSIP), désormais plus sélectives et particulièrement sur la catégorie du documentaire. Les attentes par rapport à la Région sont multiples et portent à la fois sur un accompagnement à la mise en place ou au renforcement de partenariats (y compris à l’international, notamment à l’échelle européenne), qu’en matière de formation par exemple (cf. chapitre 2.4). Toujours s’agissant de l’appui financier de la collectivité, la démarche de développement qui anime certaines entreprises plaiderait pour un système de financement distinct ou parallèle à l’aide aux projets, afin d’intervenir sur des besoins plus structurels de ces entreprises (études ou conseils stratégiques, investissement matériel, encadrement, action commerciale, gestion des ressources humaines, organisation …). Par ailleurs, l’inadéquation des calendriers de paiement des différents financeurs par rapport au rythme de réalisation et de diffusion des œuvres génère des problèmes de trésorerie et un manque de fonds de roulement préjudiciable au développement des sociétés concernées. D’après les analyses effectuées par certains producteurs, la production d’un documentaire de 52’ nécessite 18 mois entre la phase de développement jusqu’au Prêt-A-Diffuser ou PAD (3 mois pour un 26’). Tout d’abord, si un retard de financement intervient entre la naissance du projet et son écriture, le développement est de fait à la charge du producteur. Par la suite, entre les premières semaines de montage et la remise des PAD ou des comptes, on constate une période de faible trésorerie, non prise en compte par les partenaires dans leurs échéanciers de paiement. Ce constat supposerait une adaptation du système d’intervention, intégrant l’aide au développement et la libération d’une partie de l’aide au début du montage de l’œuvre. Une réserve importante porte également sur la qualité des productions soutenues par la Région. D’aucuns considèrent en effet que la qualité parfois très moyenne de certaines productions s’explique souvent par le manque de professionnalisme des producteurs. L’un des critères d’appréciation peut en être fourni en considérant la liste des producteurs bénéficiant d’un soutien sélectif ou automatique du COSIP. Seulement une demi-douzaine de producteurs de documentaires entrent dans cette catégorie. Une autre façon d’aborder cette question consiste à prendre en considération l’existence puis la nature des diffuseurs. Une dernière approche, a posteriori, consiste à vérifier les productions ayant éventuellement été récompensées à l’occasion de manifestations ou festivals. CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL D’AQUITAINE Page 106 EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL Parmi les principales réserves exprimées par les producteurs mais aussi d’autres acteurs régionaux au regard du dispositif de soutien régional, la principale touche à l’échec de la relation, qui devrait être partenariale, avec l’outil technique du Conseil Régional, l’AIC. La difficulté est telle que la relation est devenue quasi conflictuelle et que l’on a récemment atteint un véritable point de blocage. Cela tient visiblement à plusieurs facteurs. Tout d’abord, le sentiment des producteurs aquitains que l’AIC privilégie ses relations avec les producteurs parisiens plutôt que la qualité de son partenariat avec les acteurs régionaux. Cela est d’autant plus mal ressenti que la convention d’origine liant le Conseil Régional à l’AIC insistait sur son rôle en matière de concertation entre acteurs publics et professionnels régionaux. Associé au comportement jugé parfois « néo-colonialiste » de sociétés de production parisiennes, qui ne font quasiment jamais appel aux producteurs régionaux à l’occasion des tournages soutenus par la Région, ce manque de concertation ou d’écoute est particulièrement mal perçu. En outre, les producteurs locaux estiment que l’outil régional est également victime de sa faiblesse comparé à d’autres structures régionales. Du point de vue des moyens et des compétences mobilisables, la plus-value de l’AIC est jugée limitée quant aux résultats obtenus. Parmi les griefs avancés : manque de réalisme dans l’expertise financière des projets, manque de transparence dans leur sélection, connaissance insuffisante des réalités professionnelles … Ainsi, la mise en place d’un comité de lecture unique chargé d’examiner les projets de production quel que soit leur genre (longs métrages cinéma, fictions, documentaires, courts métrages …) est manifestement inapproprié. D’autres estiment par ailleurs que des producteurs régionaux auraient la capacité de produire des longs métrages cinéma, à condition que la Région et l’AIC acceptent de favoriser l’émergence de cette production en région. Enfin, ils regrettent que l’AIC ne valorise pas davantage les productions régionales auprès des diffuseurs, même si quelques uns d’entre eux, et non des moindres, reconnaissent parallèlement la nécessité de relever le niveau qualitatif de la production régionale (cf. supra). CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL D’AQUITAINE Page 107 EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL Pour le moins, peut-on souligner la « distance » qui sépare actuellement la politique de soutien régionale des acteurs en région. Cet écart n’est pas tant mesurable en termes de financement (même si l’on peut toujours faire « plus ») que de carence de l’écoute et du dialogue entre supposés partenaires, que ce soit sur le suivi de la politique régionale, sur les adaptations de la réponse publique aux besoins, sur la réflexion relative aux enjeux du secteur25. L’approche des effets du soutien régional à la production de documentaires sur l’emploi dans la filière audiovisuelle aquitaine est plus difficile à mesurer. Au delà des informations transmises par l’association Produire en Aquitaine (cf. chap. 2.2.1 p. 22 à 24), on sait qu’environ 3400 salariés exercent dans les métiers de l’audiovisuel en Aquitaine, qu’un millier d’entre eux sont répertoriés dans les fichiers de l’ANPE Spectacle, dont environ 350 relevant du régime des intermittents. Les producteurs régionaux n’échappent pas à la règle de mobilisation de ce régime comme outil de gestion de leur activité, tant du point du vue de la gestion des ressources humaines que du point de vue de la gestion économique de leur entreprise, quel que soit son statut. Ainsi, l’association Produire en Aquitaine mentionne que sur une quinzaine d’adhérents ayant répondu à une enquête interne, on comptait une dizaine de salariés pour une centaine d’emplois générés. Dans le cas d’entreprises qui sont pour la plupart assez fragiles, le régime de l’intermittence constitue une sorte de ballon d’oxygène ou outil d’ajustement sans lequel leur pérennité serait certainement remise en question. Cela peut sembler anormal, mais cela correspond aussi à une réalité forte du système. Comment faire autrement, lorsque que les donneurs d’ordre, en l’occurrence les chaînes de télévision, n’avancent que 30% (voire moins) du coût de production d’une œuvre ? Ou que les financeurs ne tiennent pas forcément compte des contraintes de trésorerie des sociétés de production en région ? Tout au plus, il faut admettre que le maintien d’un volume satisfaisant d’activité des producteurs régionaux contribue au maintien d’un volume d’emplois, intermittents pour une très large part, des professionnels concernés en région. 25 Au demeurant, la saisine du CESR d’Aquitaine est l’une des conséquences de ce déficit de dialogue. CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL D’AQUITAINE Page 108 EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL Par ailleurs, les producteurs aquitains reconnaissent aussi tirer partie de l’activité générée par d’autres sortes de productions en région (cinématographiques et production de fictions), dans la mesure où celles-ci contribuent à l’amélioration des savoir-faire et de la qualification des professionnels régionaux, quand elles ne génèrent pas la fixation de certains professionnels extérieurs en région. Dans le même registre, le rôle déjà effectif de France 3 (UIP Sud Ouest) est également souligné par les producteurs régionaux. Les producteurs aquitains utilisent majoritairement leurs propres moyens techniques ou font appel à des prestataires locaux pour l’essentiel. Outre ceux déjà mentionnés qui ont été amenés à intervenir sur des productions « lourdes » de cinéma et de fictions (Papaye, Limelight), on peut citer notamment Atlantel Images Maximum Vidéo (AIMV, qui produit aussi des documentaires et des films de commande), ASV, CIP Audio … Parmi les autres sociétés concernées, il faut également évoquer celles spécialisées dans la fabrication d’imagerie numérique 3D (par exemple Axyz). La question de la diffusion des œuvres documentaires est très étroitement liée à la nature des diffuseurs concernés, chaînes hertziennes, thématiques ou locales. Il faut souligner dans ce domaine l’importance du rôle joué dans certaines régions par des diffuseurs locaux. Ainsi, les régions qui développent les volumes de production de documentaires les plus importants sont aussi celles qui disposent d’un réseau dynamique de chaîne locales. Sur le réseau hertzien, la production audiovisuelle aidée de documentaires a totalisé 1 206 heures en 2003 pour un devis global de 227,2 millions ¤ dont 103,7 millions ¤ d’investissement des chaînes. Dans cet ensemble, les stations régionales de France 3 ont généré 204 heures de documentaires pour un investissement de 11,6 millions ¤. Dans ce domaine, avec seulement 8,3 heures produites, France 3 Aquitaine se classe loin dans le palmarès des stations régionales (10ème sur 13). Cette relative faiblesse de la part du diffuseur régional de France 3 n’est en outre pas compensée par la présence d’autres diffuseurs locaux. La chaîne locale Aqui TV implantée en Dordogne et la chaîne Demain! ont disparu du paysage audiovisuel régional et la création de TV7 n’a pas encore permis d’accroître significativement le volume de production de documentaires en région. Ce faible dynamisme des diffuseurs locaux n’est pas très stimulant pour les producteurs aquitains. Au plan national, il existe 36 télévisions locales qui participent au financement d’œuvres aidées par le COSIP (448 heures de documentaires pour 11,2 millions ¤ d’apports des diffuseurs en 2003). CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL D’AQUITAINE Page 109 EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL S’agissant de France 3 Aquitaine, la politique de la station devrait évoluer plus favorablement dans les années à venir. En 2001, cette station a produit ou co-produit 34 documentaires dont 14 en production interne, 12 en co-production et 8 en co-production interrégionale. Avant 2001, cette production était moitié moindre (une quinzaine). Pour les années 2002-2003, le volume est passé à 56 productions documentaires (dont 7 de 52’), une douzaine étant produites en interne, 16 en co-production et 17 en coproduction interrégionale. La volonté affichée par les responsables locaux de la station est de développer la production d’œuvres documentaires, qui peuvent bénéficier de plusieurs diffusions soit sur le réseau France 3 soit sur d’autres réseaux. La valorisation du secteur économique audiovisuel en région fait partie du cahier des charges que s’est fixé France 3, le souci étant de créer des passerelles avec le tissu des entreprises régionales de production audiovisuelle. Beaucoup de chemin reste encore à parcourir par rapport à d’autres régions, sachant que cette politique se heurte aussi à des résistances internes. France 3 est appelée à intervenir dans le financement d’œuvres hors commande interne, sur proposition de sociétés de production en région. France 3 sélectionne les œuvres et apporte 25% du coût du projet (plafond fixé à 3 000 ¤ pour un film de 26’ et 6 000 ¤ pour un 52’), à quoi s’ajoute un apport en industrie (tournage, montage) et un droit à une part d’antenne (2 diffusions régionales étalées dans le temps, une diffusion interrégionale, voire nationale). Plusieurs sociétés ont ainsi été amenées à travailler en relation avec le station régionale (Films Jack Fébus, SMAC, Grand Angle, Tanoc Productions …). A horizon 2008, la direction de France 3 a prévu de doubler le temps d’antenne régional. Cette politique pourrait bénéficier à terme du développement de la Télévision Numérique Régionale, mais aussi du développement des synergies avec d’autres stations régionales (MidiPyrénées, Limousin), afin de faciliter la circulation des productions et d’accroître l’activité des producteurs régionaux. D’autres projets de télévision locale sont envisagés en Aquitaine (Pays basque, Landes), mais n’ont pas encore vu le jour. Certains représentants des producteurs locaux considèrent que la priorité en matière de diffusion reste encore actuellement le réseau des chaînes hertziennes par rapport à celui des chaînes thématiques. Cette position se justifie du fait que les diffuseurs du réseau hertzien participent davantage à la production des œuvres et rémunèrent mieux les producteurs. CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL D’AQUITAINE Page 110 EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL Ils soulignent par ailleurs l’intérêt d’une diversification de la diffusion des documentaires en région, en s’appuyant par exemple sur le réseau des cinémas de proximité. Plusieurs œuvres documentaires ont donné lieu à des opérations particulières de promotion ou de présentation en relation avec l’AIC. En résumé, l’analyse des retombées du soutien de la Région Aquitaine en faveur de la production de documentaires amène aux conclusions suivantes : Un soutien nécessaire au maintien et au renforcement des producteurs en région, qui doit conjuguer un double objectif en termes de création culturelle ou de diversité de l’offre culturelle d’une part, d’accompagnement économique d’un tissu d’entreprises d’autre part. L’intérêt de distinguer l’aide au projet d’un soutien à la filière, en mettant en place un dispositif d’intervention régional plus diversifié (culture – aide aux entreprises – formation). En matière d’aide au projet, une adaptation du dispositif, assoupli mais aussi plus sélectif, intégrant une modification de la clé de financement, permettant de prendre en compte les contraintes de gestion spécifiques, et la création d’un comité de lecture ou de sélection spécifique auprès de l’outil régional (AIC). Le développement d’une commande publique sur la base d’un appel à projets, portant sur un thème prédéfini concernant les patrimoines régionaux (dont spectacles vivants) ou l’histoire régionale et variable d’une année sur l’autre, ouvert à tout producteur, aquitain ou non. En matière d’aide aux entreprises (producteurs et prestataires techniques), mise en place d’un appui à une démarche collective de développement du secteur (type « contrat de progrès » et/ou « contrat d’objectif »). Le développement d’une fonction d’animation du secteur professionnel, en s’appuyant sur les organisations existantes (« produire en Aquitaine », ATIS, Aquitaine Acteurs), en associant les autres acteurs institutionnels ou opérateurs compétents (tels que AFDAS, ANPE Spectacle, France 3) et en favorisant les espaces de dialogue et de réflexion concernant les enjeux du secteur (marchés, compétences, technologies …). CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL D’AQUITAINE Page 111 EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL Le développement d’un soutien à la diffusion, notamment en dynamisant le partenariat avec la station régionale France 3 et la promotion des œuvres aquitaines sur les festivals les plus significatifs (Sunny Side of the docs de Marseille notamment). La recherche et la mise en place d’échanges et de partenariats avec des producteurs et diffuseurs d’autres régions françaises et européennes. b) Approche de la production de courts métrages Cette catégorie d’œuvres se distingue par la nature du format et non par le genre de productions qu’elle recouvre, relativement diversifié (fictions, documentaires, films d’animation …). La production nationale de courts métrages en 2003, selon une enquête conduite par le CNC, oscille entre 400 et 450 par an pour un investissement global de 22 à 25 millions ¤. Cela représente environ 600 semaines de tournages (environ 3 000 jours). En 2003, 425 courts métrages ont obtenu un visa d’exploitation du CNC. Les deux tiers de cette production avaient une durée de moins de 20 minutes (durée moyenne : 16 mn) et près de la moitié a été tourné en région Ile-deFrance. Les collectivités territoriales ont apporté 3 millions ¤ de financement. L’exploitation en salles a généré une recette de 0,38 million ¤ selon l’Agence du Court Métrage. D’après cette même enquête du CNC, l’Aquitaine aurait enregistré 36 journées de tournages en 2003, exclusivement des œuvres de fiction, sur les 1905 journées totales pour cette catégorie d’œuvre (soit moins de 2% du total). Le régime d’intervention du Conseil Régional d’Aquitaine en faveur des œuvres de court métrage est le même que celui décrit pour les documentaires. Entre 2000 et 2004 (incluse), le Conseil Régional d’Aquitaine a mobilisé plus de 675 000 ¤ sur une cinquantaine de productions de courts métrages, pour un devis global supérieur à 3,7 millions ¤ (soit un taux moyen de financement de 18%). CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL D’AQUITAINE Page 112 EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL Année 2000 2001 Titre des œuvres (durée) Producteurs « En chemin » (15’) Sté 3A Productions (+ Baïacedez Films) Diff. Arte « Vernissage » (18’) Ass. Tête à Clap Tournage : Bordeaux « Antonn le vieux berger » (15’) Ass. Garazikus (+ Les films de la Chouette) Tournage : Pays basque « People » (30’) Ass. CCC Torunage : Bordeaux et New York “Ne pas ouvrir” (35’) Sté Océan Films (+ Odessa Films) Tournage : Pau (12j) « Etat de guerre » (50’) Paulo Films moyen métrage Tournage : Bordeaux et Arcachon « Nuit d’argent » (30’) Ass. Extérieur Jour Tournage : Bordeaux Diff. TPS « Œil pour œil » (30’) Ass. Foyer rural de Monein (+ Films du Poisson) « Sur la grande route de Ass. ICA l’amour » (26’) Tournage : Bordeaux et Entre-Deux-Mers « Pas d’ombre blanche » (13’) Sté Uwaga (pilote) Tournage : Bordeaux « Le grand frère » (20’) M. Rovère Tournage : Andernos « La baigneuse » (11’) Ass. Filcom (+ Sté Bizibi) Tournage : Cap Ferret “Le sommeil d’Anna Caire” (15’) Ass. Tête à Clap Tournage : Landes, Pessac, Toulouse « Comédie » (6’) Sté Fiction et Cie (+ NW prod.) Diff. Ciné Eustache « La vie en l’air » (26’) 16 Arts Productions (+Aqui TV) CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL D’AQUITAINE Budget (en ¤) 64 436,9 Aide Région (en ¤) 15 243,9 23,7% 43 737,2 12 195,1 27,9% 53 967,0 15 243,9 28,2% 51 067,1 15 243,9 29,8% 158 768,9 15 243,9 9,6% 106 931,4 15 243,9 14,3% 58 353,7 15 243,9 26,1% 126 734,0 15 243,9 12% 52 019,8 15 243,9 29,3% 52 470,3 15 243,9 29% 2 764,9 % 914,6 33,1% 70 352,0 12 195,1 17,3% NR 12 195,1 ? 55 945,1 15 243,9 27,2% 88 571,0 15 243,9 17,2% Page 113 EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL « La nuit obscure » (50’) Moyen métrage 2002 2003 Paulo Films Tournage : Landes, Pyrénées Atl. Normandie Distr. Epicentre Films « Le passage » (10’) Ass. A Contis « L’heure du déjeuner » (15’) Films du Mahana Tournage : Landes Diff. TPS cinéma, télé Gironde, salles « Chair éternelle » (15’) GTV Sud Ouest Diff. Universal, 13è Rue « Transport amoureux » (7’) Sté Grand Angle (+ Poisson Rouge Pictures Fr.) - Diff. TPS ciné, + salles - Distr. BritShorts et Talantis Films « Au baissant de l’eau » (8’) SMAC « Connaissance du Monde » Kare Atlantique « Mimosa » (8’) Sté Contis Plage Prod. « Victor » (15’) Ass. Tête à Clap (+ Victoria) - Diff. Vigo « La mirador » (45’) Ass. Fiction et Cie Distr. System TV Tournage : Saint Jean de Luz, Saint Pée / Nivelle « Jour blanc » (22’) GTV Sud Ouest (+ Matador Films) Diff. Films du Cygne Tournage : v. d’Ossau « La civilisation du petit pois » Atlan Films (17’) Tournage : Côte basque, Bordeaux, Corse « Lépokoa » (18’) Ass. Garazikus Tournage : Hendaye « Volatil » (15’) Sté La Belle Equipe « Une histoire peut être vraie » Sté BPMobile Films (50’) Tournage : Landes « Sortie des artistes » (15’) Sté Zuma Productions (co-prod. Hopewell Prod) Tournage : Bordeaux “Une aube incertaine” (12’) Sté Contis Plage Prod. Tournage : Bx, Landes CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL D’AQUITAINE 92 393,3 15 243,9 16,5% 77 096,2 52 929,2 6 097,6 12 195,1 7,9% 23% 83 847,0 13 720,0 16,4% 75 300,0 15 245,00 20,2% 45 000,0 38 112,2 84 144,0 83 340,0 12 000,0 12 700,0 10 000,0 15 000,0 26,7% 33,3% 11,9% 18% 158 775,0 15 245,0 9,6% 138 520,0 15 245,0 11% 74 596,0 10 000,0 13,4% 62 000,0 15 245,0 24,6% 79 228,0 63 224,0 15 245,0 15 245,0 19,2% 24,1% 47 008,0 15 245,0 32,4% 70 568,0 15 245,0 21,6% Page 114 EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL « Les deux frères et le contrat » (10’) « Les problèmes de hanches » (18’) « Un homme » (13’) « Frontière bleue » (12’) « Le serment » (7’) 2004 Sté Contis Plage Prod. Tournage : Landes Les Films Jack Fébus Ass. FLIM Sté Contis Plage Prod. Sté Atlan Films (+ You and I Prod.) “Vibrations” Ass. CCC (+ Gap Uneta) “Noli me tengere” (40’) Papaye Productions (+ Sésame Films) Diff. Ciné 32 / Atalante « Le cri de la feuille » (12’) Château Rouge Prod. Concours « Aquitaine tout Tournage : Aquitaine (7j) court » (CRA/France3 Aquitaine) « French Kiss » (7’) Ass. Scenari Films (+BPMobil Films) Tournage : Bordeaux “Cassandra” (15’) GTV Sud Ouest (+Novociné) « Amaiur » (10’) Ass. Jack Fébus Avan ! Tournage : Socoa “Chris” (10’) Cripcea, Plume d’Ange « Majorité » (20’) GTV Sud Ouest 2D/3D Tournage : Bordeaux « Sale boulot » (12’) Ass. Collectif Combo Tournage : M. de Marsan « No ou la rencontre éperdue » Sté No Film (15’) Tournage : Bordeaux « Garde Robe » (15’) Sté Vachette Prod. (+ ass. Studio 33) Tournage : Bordeaux et Biscarrosse « La vache qui pleure » (20’) Ass. Jack Fébus Avan ! « Jacques qui a faim » (15’) Sté Papaye (+ Magnificat Films) Tournage : Bergerac 70 568,0 49 599,0 43 200,0 72 377,0 69 000,0 21,6% 9 500,0 19,1% 11 000,0 15 245,0 15 245,0 25,5% 21,1% 22,1% 22 500,0 158 590,0 3 000,0 13,3% 15 245,0 9,6% 249 998,0 15 245,0 6,1% 60 700,0 15 200,0 25% 95 170,0 15 000,0 15,8% 36 856,0 12 250,0 33,2% 47 416,0 134 537,0 15 000,0 15 245,0 31,6% 11,3% 35 876,0 12 000,0 33,4% 52 858,0 12 000,0 22,7% 79 725,0 15 000,0 19,1% 82 053,0 70 156,0 15 000,0 15 000,0 18,3% 21,7% Source : délibérations Conseil Régional d’Aquitaine Il importe de souligner ici une double caractéristique de l’intervention régionale en faveur de la production de courts métrages : CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL D’AQUITAINE 15 245,0 Page 115 EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL elle recouvre en fait plusieurs sortes de productions : œuvres de fiction (courts et moyens métrages), documentaires de courte durée (inférieure à 20 mn), elle a bénéficié essentiellement à des auteurs et producteurs aquitains, mais pas de façon exclusive (derniers exemples : Société No Film, du fait du lien du projet avec un artiste de la collection du FRAC Aquitaine ; et Château Rouge Productions lauréat du concours co-organisé avec France 3 Aquitaine « L’Aquitaine Tout Court »). En outre, mais ceci n’est pas spécifique à la production régionale de courts métrages, le montant du devis global est très probablement sous évalué et l’économie du court métrage est, de fait, difficile à cerner. En effet, il est de notoriété publique qu’une bonne part de ces œuvres sont produites grâce à des apports en nature de comédiens et de techniciens non rémunérés. La structure des coûts de production s’en trouve ainsi souvent faussée. Il est intéressant de noter à cet égard que plusieurs auteurs ou réalisateurs de courts métrages exercent par ailleurs d’autres métiers dans la filière audiovisuelle (dont métiers techniques). Le nombre de dossiers aidés par année semble assez stable (une dizaine), bien qu’il ait enregistré une poussée en 2003. Si l’aide du Conseil Régional en faveur du documentaire semble essentiellement guidée par un souci de développement d’une filière audiovisuelle en région, autant celle mobilisée en direction du court métrage répond beaucoup plus à un objectif d’appui à la création et à l’expression culturelles. Pour autant, l’impact économique de l’aide régionale pour cette catégorie de production est déterminant, dans la mesure où la plupart de ces œuvres auraient difficilement vu le jour sans l’appui de la collectivité. Beaucoup d’auteurs aquitains de courts métrages trouvent dans ce dispositif un moyen d’éprouver ou de conforter leurs savoir-faire et si possible de rencontrer un public. Il semble cependant très exceptionnel que des auteurs ou réalisateurs de films de courts métrages aidés par le Conseil Régional soient passés à la production de films de long métrage (c’est par exemple le cas de Laetitia Colombani). A ces réserves près, les remarques formulées sur la perception de l’aide régionale en faveur du court métrage rejoignent celles déjà exprimées relatives à la production de documentaires, notamment celles relatives à la qualité des œuvres produites ou aidées. Néanmoins, il convient de relativiser cette analyse pour deux raisons essentielles : CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL D’AQUITAINE Page 116 EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL on évolue malgré tout dans une activité (sinon une « industrie ») de prototypes où la part de risque est relativement importante ; ensuite, plusieurs œuvres de courts métrages financées par la Région ont été récompensées à l’occasion de certains festivals. Ainsi, Safy Nebbou, auteur de « Antonn le vieux berger » et de « Lepokoa », œuvres produites par l’association Garazikus, a collectionné les récompenses : « Antonn le vieux berger » : Prix de la mise en scène et prix du public au Festival International de la Bidassoa, Prix du meilleur scénariste au Festival du Film de Bilbao, Prix de la Jeunesse au Festival Européen de Vendôme, Prix de la qualité du CNC. « Lepokoa » : Prix qualité du CNC, Grand prix du Festival International de Bilbao, Prix du meilleur film au Festival de Sagunto, Premier prix du Festival de Lorca, Mention spéciale du jury au Festival de l’Encre de Tours, Prix spécial du jury au Festival de Contis, Mention spéciale du jury au Festival de Lama, Fougère de bronze au Festival International de la Bidassoa, Meilleure photographie et meilleure musique au Festival de Soria. Safy Nebbou est également l’auteur d’un scénario de long métrage qui a reçu le trophée du premier scénario du CNC et a été sélectionné par Equinoxe. « L’heure du déjeuner » de Laurent Pedebernard a été sélectionné aux festivals de Sarlat, Trouville et a remporté le prix du public au Festival Cinéma d’Ici et d’Ailleurs de Sainte Livrade. Ce court métrage a également été sélectionné au festival de cinéma régional de Toulon (avec « Sur la grande route de l’amour » de Pascal Renaud). « Vibration(s) » de Christian Monnier (par ailleurs photographe de plateau) a reçu le prix spécial du jury et le prix de la jeune création cinématographique Aquitaine – Journal Sud-Ouest au Festival Gap Uneta d’Arcachon. Plusieurs courts métrages ont bénéficié d’opérations de présentation et de diffusion dans certaines salles cinéma de la région. C’est par exemple le cas de « Transport amoureux » de Renaud Alcade, produit par la société Grand Angle, qui a passé un accord de distribution avec Gaumont et a été diffusé en 2003 en première partie d’un long métrage (« Lovely Rita »). Cependant, en dehors de quelques exception notables, la production régionale de courts métrages peut apparaître assez modeste et de qualité moyenne. Comment expliquer par exemple le fait que la première œuvre sélectionnée dans le cadre du Concours « L’Aquitaine tout court » par ses promoteurs (Conseil Régional et France 3 Aquitaine) soit une œuvre produite par une société et des auteures parisiennes (Château Rouge Productions, scénario écrit par Marinca Villanova et Frédérique Caillon) ? CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL D’AQUITAINE Page 117 EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL Cela étant, le principe d’ouverture de ce type de concours à l’extérieur peut avoir un effet d’émulation bénéfique sur les auteurs et producteurs aquitains de courts métrages. De même, aucun court métrage produit en Aquitaine ne semble avoir été distingué au Festival de Clermont Ferrand, qui constitue la référence nationale dans ce domaine. La question de la diffusion des œuvres et la nécessité d’un travail vers l’aval est encore plus déterminante pour les courts métrages que pour les œuvres documentaires. Dans ce dernier cas, la diffusion est assurée pour l’essentiel par les chaînes de télévision. Il en va autrement dans le cas des courts métrages, dont la diffusion est plus confidentielle. A cet égard, l’organisation de l’opération « Au coin des courts » initiée en 2001, fruit d’un partenariat entre l’AIC, l’Office Artistique de la Région Aquitaine (OARA) et le réseau aquitain des cinémas de proximité, n’a pas obtenu de réel succès tant du point de vue du public que des exploitants. Ces derniers ont rencontré des difficultés à la fois de nature logistique (indisponibilité de certains films au moment des séances) qu’artistique (qualité des œuvres présentées). Le travail de sélection en amont et l’accompagnement vers les diffuseurs, (réseaux de salles, festivals, présentation dans le making off d’un film long métrage aidé par la Région ?) d’autre part constituent deux aspects indispensables à la politique de soutien de la région en faveur de ce type d’œuvre. Plusieurs cinémas aquitains (14) participent à ce propos au Réseau Alternatif de Diffusion des courts métrages créé par l’Agence du Court Métrage. c) Approche de la production de films d’animation La production annuelle de films d’animation aidés par le CNC oscille entre 200 et 300 heures. Il est en baisse assez constante depuis 1998. En 2003, le volume d’heures de production de films d’animation a atteint 208 heures pour un devis global de 128,6 millions ¤ (618,4 k¤ en coût horaire). Un peu plus du quart du financement est apporté par les diffuseurs, 14% par le COSIP et presque autant par les producteurs. La part des coproductions étrangères est importante, puisqu’elle atteint 28,5% (Canada et Etats-Unis notamment), à quoi s’ajoutent les préventes à l’étranger qui représentent près de 15% du financement total. Les principaux diffuseurs concernés sont France 3, TF1, M6, France 5 pour les chaînes hertziennes, Canal J, Teletoon, Disney Channel ou Fox Kids pour les chaînes thématiques. CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL D’AQUITAINE Page 118 EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL L’essentiel des œuvres d’animation produites sont des séries. Près de la moitié des dépenses générées par les films d’animation produits ou coproduits par la France est réalisée à l’étranger. L’Aquitaine n’est pas une région fortement positionnée sur ce type d’œuvres, contrairement à d’autres régions telles que PACA ou PoitouCharentes par exemple. Néanmoins, certaines sociétés implantées en Aquitaine développent une activité notable dans ce genre de production, sachant en outre que certains auteurs connus de bandes dessinées sont par ailleurs installés dans la région. Entre 2000 et 2003, la Région a consacré 160 000 ¤ à la production d’une dizaine d’œuvres d’animation, pour un budget global de 2,1 millions ¤ (soit un taux moyen de subvention de 7,6%). La moitié de ces projets étaient des pilotes et certains ont été développés avec des technologies numériques en 3 dimensions (Inex Vivo). Année 2000 2001 2002 2003 2004 Titre des œuvres (durée) « Soupe Opéra » (13x2’) « « Le lait de lolo » (pilote) « Les Globulys » (13’) (pilote) Producteurs Marlou Films (+ France 3 Limousin et Poitou-Charentes) TV Pays Bas et Canada Marlou Films Sté Inex Vivo (numérique 3D) Diff. France 3, Arte Ass. Flip Book Sté Inex Vivo « La mémoire du fer » (3’) “Max et Maya” (série 26x3’) (pilote numérique 3D) « Souriceau » (pilote) Marlou Films « Wazoo ! What a zoo ! » Upside Television (40x2,45’) (+Okidoki) Pré-achat Disney TV “Aldo” (série 26x26’) Tribal Touch (pilote) (+ E-Motions) « Pamela, un cas à part » (série Tribal Touch 104x7’)) (pilote de 3’) « Poubelles 3 » (26x1’) Marlou Films Prod. « Le constructeur de la grande Sté Marlou Films pyramide » (13’) (+ Dibulitoon Studio) (pilote série 26x13’) Budget (en ¤) 164 072,4 Aide Région (en ¤) 15 243,9 9,3% 78 265,4 15 243,9 19,5% 60 975,6 15 243,9 25% 44 334,5 715 300,0 (série) 63 000,0 631 930,0 12 195,1 11 400,0 27,5% NS 15 245,0 15 245,0 24,2% 2,4% 53 155,0 15 000,0 28,2% 53 155,0 15 000,0 28,2% 165 497,0 76 000,0 15 245,0 15 000,0 9,2% 19,7% Source : délibérations Conseil Régional d’Aquitaine CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL D’AQUITAINE Page 119 % EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL On dispose de peu d’éléments de retour pour cette catégorie de production. On peut simplement noter que la part de financement du Conseil Régional sur les pilotes des séries est plus significative que celle consacrée au financement des séries elles mêmes (on passe d’un ratio de 1 à 10, exception faite de «Max et Maya » - la subvention concerne le pilote mais le ratio est calculé sur le prévisionnel de la série). Par conséquent, si le dispositif appliqué, calqué sur celui du soutien aux œuvres documentaires et courts métrages, semble adapté pour le financement des pilotes d’animations, il est beaucoup plus limité en ce qui concerne le financement de l’œuvre elle même. Sans remettre en question le principe d’une intervention dans ce domaine, il paraîtrait utile de réfléchir à un ajustement dudit dispositif en direction des producteurs concernés : en relevant le niveau d’intervention de la Région sur les pilotes, c’est-à-dire en amont de la production des séries, en sur-investissant ainsi au niveau du prototype commercial (40% plafonné à 30 000 ¤) en prévoyant un taux préférentiel pour les projets faisant intervenir des technologies numériques et images de synthèse en 3D (50% plafonné à 35 000 ¤) en favorisant les échanges entre les sociétés de production et les diffuseurs ou en aidant ces sociétés à structurer leurs démarches commerciales (cf. documentaires). d) Approche de la captation de spectacle vivant Ce genre de production est en progression constante depuis plusieurs années. En 2003, le volume des productions aidées par le COSIP a atteint 439 heures pour un devis global de 65 millions ¤. Les diffuseurs participent à hauteur de 29% au financement de ces œuvres et le COSIP pour un peu moins du quart de l’investissement total. Les premiers financeurs sont les producteurs (près du tiers). Parmi les diffuseurs, les principaux intervenants sont France 3, Arte, les chaînes thématiques (Mezzo, TV Breizh) et les chaînes locales ((Télé Lyon Métropole, Cités Télévision, TV 10 Angers ..). L’importance de ce type de production est étroitement lié au volume de production de spectacles culturels en région. Un autre facteur à prendre en considération est qu’il s’agit d’un métier spécifique, nécessitant un savoir-faire distinct de celui mobilisé pour d’autres productions audiovisuelles. CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL D’AQUITAINE Page 120 EVALUATION DE LA POLITIQUE REGIONALE DE SOUTIEN AU CINEMA ET A L’AUDIOVISUEL L’autre facteur limitant au développement de ce type de production en région est l’insuffisance de producteurs et réalisateurs qualifiés. Or, aucune formation adéquate n’est actuellement proposée sur ce thème en Aquitaine. L’Aquitaine s’est pour l’instant peu mobilisée dans ce genre de productions. Il faut attendre une période très récente pour voir apparaître de façon particulière le soutien du Conseil Régional en faveur de la production d’oeuvres de captation de spectacle vivant, notamment à travers l’accordcadre établi avec l’association Produire en Aquitaine. Plusieurs sociétés de production ont été concernées (Ass. La Belle Ouvrage, Films Jack Fébus, ZNORT Productions), mais la qualité des oeuvres produites est jugée inégale. Les particularités et les exigences de ce type de production expliquent pour partie ce résultat mitigé. Si le principe de développement d’une commande publique paraît intéressant dans ce domaine, notamment pour des événements culturels soutenus par la Région, il convient de veiller tant à la qualité des spectacles retenus qu’au professionnalisme des bénéficiaires+ subventionnés à cet effet. Le développement de la production d’œuvres de captation de spectacle vivant offre potentiellement à la Région une opportunité de diversification de l’offre tant vis-à-vis des publics que des producteurs aquitains, sous réserve de veiller à la qualité des prestations réalisées (spectacles et captations). En cela, c’est aussi une invitation au décloisonnement des disciplines culturelles, largement entretenu par les dispositifs d’intervention. Etant donné l’importante contribution du Conseil Régional à la production du spectacle vivant, il serait judicieux d’affirmer son rôle en matière de commande publique d’œuvres audiovisuelles de captation de spectacles, créés et produits en Aquitaine, susceptibles d’intéresser des diffuseurs (chaînes TV, distributeurs de produits culturels) ou d’alimenter une offre spécifique en direction des publics aquitains CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL D’AQUITAINE Page 121