Dossier thématique - L`ADEME en Bourgogne

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Dossier thématique - L`ADEME en Bourgogne
ADAPTATION AU CHANGEMENT
CLIMATIQUE EN BOURGOGNE
& BIODIVERSITÉ
Dossier thématique – Septembre 2012
Crédit photo : Alterre Bourgogne
Table des matières
Avant - propos............................................................................................................................. 3
I. La biodiversité en Bourgogne ................................................................................................ 4
1.
Les paysages de Bourgogne ........................................................................................... 4
2.
La protection du patrimoine naturel bourguignon ............................................................ 5
3.
L’observation du patrimoine naturel bourguignon ........................................................... 5
II. Les impacts observés et pressentis ..................................................................................... 7
1.
Modifications physiologiques et comportementales : les espèces s’adaptent sur place. 8
2.
Glissements d’aires géographiques : les espèces changent de lieu............................. 10
3.
Conséquences sur les interactions entre espèces ........................................................ 13
4.
Conséquences sur la biodiversité.................................................................................. 14
III. Pistes d’adaptation.............................................................................................................. 18
1.
La prise en compte du changement climatique aujourd’hui dans les politiques de
gestion............................................................................................................................ 18
2.
Peut-on aller à l’encontre du changement climatique ? Le faut-il ?............................... 18
3.
Quelle pertinence des politiques d’aujourd’hui pour la biodiversité de demain ?.......... 18
Liste des Experts ...................................................................................................................... 20
Bibliographie ............................................................................................................................. 21
AdCC & Biodiversité – Dossier thématique
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Avant-propos
Cette synthèse, réalisée à partir d’enquêtes auprès d’experts régionaux (passages en italique)
et de données bibliographiques (passages en caractères normaux), est par essence non
exhaustive. Elle a pour but d’esquisser les principaux impacts du changement climatique sur la
biodiversité bourguignonne et des pistes d’adaptation à travers divers exemples parfois
régionaux, parfois nationaux, voire internationaux.
Pour cela, elle est structurée en trois grandes parties, traitant respectivement :
- des caractéristiques de la biodiversité en Bourgogne ;
- des impacts observés et pressentis du changement climatique sur la biodiversité
bourguignonne 1 ,
- des pistes d’adaptation des modes de gestion de la biodiversité aux impacts présentés.
Pour des informations complémentaires, vous pouvez consulter les ouvrages recensés dans la
bibliographie (cf. page 21), contacter Alterre Bourgogne (www.alterre-bourgogne.fr) ou des
experts régionaux (cf. page 20).
Vous pouvez également télécharger les fiches et dossiers sur les thématiques suivantes : la
biodiversité, la forêt, la vigne, l’élevage, la santé, les risques naturels, l’urbanisme et
l’aménagement sur www.bourgogne.ademe.fr et www.alterre-bourgogne.org.
Dossier rédigé dans le cadre du Projet régional 2010–1012, copiloté par l’ADEME et Alterre,
intitulé « Adaptation au changement climatique en Bourgogne : contribution à l’élaboration des
stratégies régionales et territoriales » et financé par le Programme Énergie Climat Bourgogne.
Les impacts sur des milieux qui ne sont pas présents dans la région ne seront donc pas étudiés (milieux marin,
montagnard…)
1
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I. La biodiversité en Bourgogne
1. Les paysages de Bourgogne
2
La Bourgogne est traversée par 12 000 km de cours d'eau inégalement répartis sur le territoire :
nombreux chevelus traversant les substrats géologiques peu perméables de l'Auxois ou du
Morvan, peu de cours d'eau sur les substrats calcaires perméables des grands plateaux ou sur
la côte calcaire... En tête de trois grands bassins versants (Loire-Bretagne, Seine-Normandie et
Rhône-Méditerranée-Corse), la Bourgogne est caractérisée par cinq grandes vallées alluviales
(Loire, Allier, Saône, Doubs, Yonne) qui accueillent une mosaïque de milieux humides à
l'origine d'une richesse faune/flore spécifique dont des tourbières (Morvan). Leur état de
conservation est variable et nécessite une attention particulière.
Figure 1 :
Les paysages de Bourgogne
(DIREN Bourgogne, 2011)
On constate sur la Figure 1 que
les paysages agricoles couvrent
la majorité de la superficie
régionale
avec
une
prédominance
du
bocage,
principalement
autour
du
Morvan et au sud de la Saôneet-Loire
où
l'élevage bovin
allaitant domine. Aujourd'hui
certaines zones bocagères se
transforment rapidement : les
linéaires arborés et les prairies
disparaissent
au
profit
d'étendues cultivées.
Les paysages de culture (blé,
orge, colza, maïs et tournesol)
occupent ainsi une place de
plus en plus importante. Ils se
situent dans les zones où les
sols sont les plus riches. Le
vignoble occupe une surface
beaucoup plus limitée, mais
contribue fortement à l'identité
paysagère de la région.
La Bourgogne est aussi une région forestière importante avec un taux de boisement s'élevant à
plus de 30 %, principalement en feuillus. Globalement, la forêt bourguignonne est en bon état :
elle se maintient en termes de surface et présente des habitats très diversifiés.
Enfin, on observe sur la Figure 1 la présence de nombreux « paysages mixtes » notamment
dans le nord et l’est de la région : ce sont des zones où coexistent plusieurs de ces paysages.
Ces territoires de transition mettent en évidence des mutations profondes qui touchent
l'occupation des sols : abandon de l'élevage au profit des cultures, fermetures des milieux…
2
Cf. DIREN Bourgogne, 2011
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2. La protection du patrimoine naturel bourguignon
3
Du fait de la richesse de ces paysages, de la triple influence des climats atlantique, méridional
et semi-montagnard, ainsi qu’à sa géomorphologie (massifs montagneux du Morvan, vastes
plateaux du Nivernais, de l’Auxerrois ou du Châtillonnais, falaises calcaires…), la Bourgogne
accueille une faune et une flore diversifiée avec plus de 2 700 espèces végétales, 170 à 180
espèces d’oiseaux nicheurs et 270 migratrices, ainsi que 50 espèces de mammifères. On
dénombre plus de 170 espèces d’intérêt européen et 180 protégées au niveau national.
Cependant, on constate que cette biodiversité régresse, plus ou moins fortement selon les
territoires. Parmi les écosystèmes les plus menacés figurent les vallées alluviales et les zones
humides. Ainsi, plus du tiers des prairies inondables de Saône-et-Loire et de Côte-d’Or ont
disparu au cours des 40 dernières années. Dans les espaces agricoles où les haies ont été
réduites de près de moitié en 50 ans, la biodiversité s’est fortement appauvrie. En forêt, la
situation est différente, hormis quelques exceptions, la biodiversité y est globalement en bon
état de conservation.
Pour protéger ce patrimoine, la Bourgogne compte plusieurs zones de protection : des sites
classés, des sites inscrits, des sites Natura 2000 couvrant 12 % du territoire, des Réserves
biologiques domaniales et forestières, des Réserves naturelles nationales (4), un Parc naturel
régional (Morvan)… De plus, un parc national forestier de plaine est actuellement en projet à la
frontière entre la Côte-d’Or et la Haute-Marne.
Enfin, la Bourgogne s’est dotée d’un plan régional en faveur de la biodiversité en 2006 visant à
améliorer la connaissance du patrimoine naturel régional, préserver la biodiversité, développer
le tourisme de nature et favoriser les activités agricoles et forestières respectueuses de
l'environnement. Enfin, une étude d'identification, de préservation et de restauration de la trame
écologique bourguignonne a été lancée en 2009 et une stratégie régionale de la biodiversité
sera prochainement élaborée.
3. L’observation du patrimoine naturel bourguignon
Pour lister les impacts du changement climatique, il faut avoir une série suffisamment longue
d’observations comparables entre elles. En Bourgogne, le suivi des espèces a récemment été
mis en place, c’est pourquoi les impacts ne sont pas toujours faciles à quantifier que ce soit :
 Pour la flore :
Si un état des lieux a été réalisé de 2001 à 2006 dans toutes les communes de la région, sur
tout type d’habitat, urbains, forestiers, agricoles, etc., il n’a pas été possible de comparer
quantitativement ces résultats avec des observations précédentes du fait des divergences
méthodologiques. Depuis 2009, le Conservatoire botanique national du bassin parisien
(CBNBP) a créé un « observatoire de la flore de Bourgogne » avec un protocole d’observation
standardisé de 8 points dans 170 carrés répartis dans la région (y compris dans des habitats
dits « communs »). Chaque point est mesuré tous les 5 ans, permettant ainsi de faires des
analyses qualitatives et quantitatives à la fois sur la fréquence des espèces (suivi temporel) et
sur leur répartition (suivi géographique). Les premiers résultats seront donc disponibles en
2014-2015 (CBNBP).
3
Cf. « La biodiversité : un capital pour nos territoires » Repères n°49- Décembre 2008, Alterre Bourgogne
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 Pour la faune :
Un Observatoire de la faune patrimoniale de Bourgogne (OFAPB), animé par la Société
d’histoire naturelle et des amis du muséum d’Autun (SHNA) a été créé en 2001. Depuis, on est
toujours en phase d’inventaire, et les données historiques sont très rares : le recul n’est pas
suffisant pour identifier clairement des impacts. Le suivi devrait être mis en place dans les cinq
prochaines années, sur la base d’un protocole précis qui s’apparente à celui du CBNBP. Alors
seulement nous pourrons établir des suspicions quant au rôle du changement climatique sur
l’évolution de la biodiversité (SHNA).
 Ou pour l’avifaune :
Le programme national « vigie-nature » a permis d’instaurer un Suivi Temporel des Oiseaux
Communs (STOC) avec une méthode standardisée : deux écoutes de 5 min au printemps sur
10 points d’écoute dans un carré de 2 km de côté. Depuis 2002 en Bourgogne, ces suivis sont
effectués par des bénévoles des associations ornithologiques sur une quarantaine de carrés. A
partir de 2008, ces carrés ont été complétés par des observations des salariés et l’ensemble de
l’étude est désormais coordonnée régionalement par la fédération des associations
ornithologiques bourguignonnes, Etude et protection des oiseaux en Bourgogne (EPOB).
L’objectif était d’arriver à une centaine de carrés, avec au moins un carré par carte IGN au
25/1 000e pour obtenir des indicateurs régionaux. Les résultats, trop récents, sont pour le
moment difficilement exploitables (EPOB).
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II. Les impacts observés et pressentis
On analyse généralement la biodiversité à trois échelles :
- génétique : variabilité des gènes au sein d’une même espèce
- spécifique : diversité d’espèces
- éco-systémique : diversité des assemblages d’espèces.
Cependant, peu de données existent concernant ces trois niveaux (cf. II.4). C’est pourquoi, ici,
nous nous attacherons principalement aux impacts du changement climatique sur les espèces.
Schématiquement, face au changement climatique, les espèces peuvent s’adapter de deux
manières non exclusives : soit par des modifications physiologiques et comportementales (cf.
II.1) ; soit en changeant leur aire de répartition (cf. II.2). Ces adaptations du vivant au
changement climatique peuvent être des impacts directs comme indirects (cf Figure 2). En effet,
l’adaptation des espèces prédatrices, ou servant de proie à une espèce λ, ne sera pas sans
impact sur cette dernière et vice-versa (cf. II.3).
Figure 2 :
Schéma des impacts du
changement climatique sur les
espèces et les habitats
Figure 3 :
Effets relatifs des principaux
facteurs ayant un impact négatif
sur la biodiversité à l'horizon 2100
(Thuiller, 2007)
Nous avons souligné dans la partie précédente que peu de données quantitatives sont
disponibles en Bourgogne pour analyser de manière fine les impacts du changement
climatique. Pour celles qui sont déjà disponibles comme celles de demain, notons qu’il est
souvent délicat d’attribuer l’évolution des habitats et des espèces à un facteur précis comme le
changement climatique. Il s’agit souvent de phénomènes
multifactoriels où le changement climatique peut avoir un rôle plus
ou moins déterminant (EPOB). Il ne faut pas oublier les autres
facteurs anthropiques comme les changements d’utilisation des
sols ou de pratiques, les pollutions...
Cependant, si la perturbation écologique provoquée par le
changement climatique est généralement plus lente que celle
causée par d'autres facteurs, à long terme, les effets de climat vont
probablement devenir de plus en plus prédominants comme
l’illustre la figure 3 (Thuiller, 2007).
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1. Modifications physiologiques et comportementales :
les espèces s’adaptent sur place
Une première adaptation des espèces face au
changement climatique résulte de leur
plasticité phénotypique : leurs physiologies
et leurs rythmes saisonniers peuvent, dans
une
certaine
mesure,
être
modifiés,
notamment en fonction de la température.
VULNÉRABILITÉS
On peut prévoir des difficultés d’adaptation
génétique chez les espèces menacées car
celles-ci étant à faible effectif, elles sont
généralement caractérisées par une faible
variabilité génétique. C’est le cas du pic à
face
blanche,
espèce
mondialement
menacée.
Les
femelles
les
plus
consanguines ne parviennent pas à ajuster
leur date de ponte aux variations de
température, leur fécondité s’en trouve alors
affectée.
Ces
difficultés
d’adaptation
pourraient se traduire par des extinctions et
une réorganisation du fonctionnement des
communautés (Couvet et al., 2006).
VULNÉRABILITÉS
Malgré cette plasticité, des changements
brusques de température ou une
fréquence
accrue
d’évènements
caniculaires et secs pourraient affaiblir la
physiologie des espèces et induire une
mortalité plus précoce (EPOB).
On peut aussi imaginer qu’à plus long terme
une sélection génétique s’opérera sur les
individus les plus adaptés aux nouvelles
conditions climatiques et aux modifications
qu’elles engendrent. En effet, il ne faut pas
sous-estimer la variabilité génétique des
espèces, même si celle-ci est assez mal
connue. La sélection génétique des individus
les mieux adaptés peut se faire assez
rapidement. Peter Berthold a ainsi montré
que cinq générations suffisaient aux
fauvettes à tête noire pour modifier leur
capacité à migrer (CSRPN).
Il est généralement très difficile de distinguer
ces deux niveaux d’adaptation à travers de
« simples » observations : cela nécessiterait
des études plus poussées qui aujourd’hui
sont très rares.
a. Modifications physiologiques et morphologiques
Assez peu étudiées pour le moment, des modifications physiologiques et morphologiques des
espèces pourraient être directement induites par le changement climatique.
Figure 4 :
Augmentation de la taille des
femelles adultes depuis 20
ans (Massot et Clobert, 2006)
Les amphibiens et les reptiles seraient
particulièrement
réactifs
au
réchauffement
climatique car se sont des ectothermes (ils ne
peuvent pas réguler leur température interne).
Dans le cas des reptiles, la détermination sexuelle
peut être dépendante de la température. Chez des
tortues peintes (Chrysemys picta), la proportion de
chaque sexe dans la progéniture est fortement
corrélée avec la température moyenne du mois de
juillet : la production de mâles serait
potentiellement compromise par l’augmentation
des températures (Walther et al., 2002).
En France, une étude (Massot et Clobert, 2006) a suivi des populations de lézards
vivipares sur vingt-trois années dans le Parc national des Cévennes : l’augmentation
locale des températures a induit un accroissement de 28 % de la taille des jeunes et de
12 % de celle des femelles adultes (cf. Figure 4), ainsi qu’une augmentation de 25 % de la
taille des portées.
Concernant la flore, des études ont constaté différentes réactions morphologiques des
espèces soumises à un rayonnement renforcé (Usher, 2005) : épaississement des feuilles dans
le cas de l’airelle rouge), ou au contraire, amincissements, pour le myrtillier et l’airelle des
marais, augmentation de la croissance (Hylocommium splendens) ou baisse de mousses
(Sphagnum fuscum)... Il semble donc difficile de généraliser ou de prédire l’impact du
changement climatique sur la morphologie des espèces.
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b. Décalages des rythmes phénologiques et des comportements
saisonniers
L’impact direct du changement climatique le plus souvent constaté en Europe concerne les
activités saisonnières des espèces. Depuis les années 1960, on constate un avancement
général du fait de l’augmentation des températures et un arrêt parfois plus tardif qui, lui, est
moins net et plus hétérogène. On peut notamment citer quelques exemples de dates plus
précoces (Barbault et Foulcault, 2010) :
- les premiers chants et la nidification des oiseaux ;
- l’arrivée des oiseaux migrateurs, comme les hirondelles de fenêtre, observées de plus
en plus tôt en Bourgogne (EPOB) : parfois jusqu’à quatre jours par décennie ;
- les émergences des papillons : environ trois jours par décennie chez 18 espèces en
Grande-Bretagne ;
- la reproduction chez les amphibiens et les reptiles, comme on l’a observé pour
certaines espèces en Bourgogne en 2011 (SHNA) ;
- les feuillaisons et floraisons chez de nombreuses plantes : un à trois jours par
décennie…
En Bourgogne, ces décalages sont surtout observés pour la vigne : si le débourrement fait
figure d’exception, la floraison, la véraison et la fermeture de la grappe sont généralement plus
précoces sur l’ensemble des cépages décalant ainsi la date des vendanges. La variabilité
interannuelle est forte.
En ce qui concerne l’avifaune, on pourrait avancer l’hypothèse que les oiseaux forestiers
sédentarisés ont une reproduction avancée car les écoutes, effectuées à des dates fixes,
semblent indiquer une diminution des chants. C’est pourquoi il a été demandé, au niveau
national, de réaliser une écoute supplémentaire plus précoce (EPOB). Le dispositif
d’observation doit donc s’ajuster. Un autre indice intéressant serait la date de ponte des œufs
car celle-ci est liée à la température. En effet, le cycle de reproduction des oiseaux est
conditionné par la durée du jour. Un ajustement se fait selon la somme de températures depuis
l’hiver. Cela peut aller jusqu’à 15 jours (CSRPN). Cependant, il n’existe pas pour le moment de
synthèse régionale d’observations sur les dates de nidification ou sur d’autres phénomènes
saisonniers. Une base de données régionale est en construction (EPOB).
Les décalages saisonniers de certaines espèces sont aussi des impacts indirects au
changement climatique : le décalage de l’apparition d’une ressource alimentaire peut induire un
décalage pour les espèces prédatrices qui se resynchronisent avec la fourniture alimentaire (cf.
II.3).
Ces phénomènes sont donc complexes : il existe des
différences géographiques et toutes les espèces ne
réagissent pas de la même façon. Les sensibilités sont
plus ou moins fortes. C’est le cas pour les plantes en C4
qui sont plus sensibles que celle en C3. Des espèces
peuvent même réagir de manière opposée à la tendance
générale (Barbault et Foulcault, 2010). Ces décalages sont
donc différents selon les espèces et plus généralement
selon les groupes d’espèces comme l’illustre la Figure 5.
Figure 5 :
Avancées de la phénologie chez
différents groupes d'espèces
(Couvet et al., 2006)
Il est difficile de connaître la dynamique de ces décalages.
Des travaux expérimentaux (Chuine et al., s.d.) montrent que le degré de précocité de la
feuillaison ou de la floraison ne devrait pas augmenter linéairement avec le réchauffement, et
qu’à partir d’un certain degré de réchauffement, cette tendance à la précocité devrait se ralentir.
Ceci s’expliquerait notamment par le fait qu’à partir d’un certain niveau de réchauffement, la
levée de dormance des organes à la sortie de l’hiver ne soit plus optimale et retarde le
développement.
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Lorsque que ces avancées sont combinées à un retard automnal, la durée de végétation
augmente. Cela semble être le cas par exemple pour les espèces ligneuses où elle
augmenterait de 5 à 11 jours par degré de réchauffement. A l’inverse, pour certaines plantes
annuelles, il semble qu’elle diminue avec la température (de 2 à 3 jours par degré de
réchauffement) du fait d’une avancée des phénomènes automnaux. Enfin la durée de la période
de reproduction végétale diminuerait de manière générale (Chuine et al., s.d.).
De même, il est difficile de prédire comment évoluera la durée d’hivernage ou de présence
estivale des oiseaux migrateurs en France du fait des impacts simultanés du changement
climatique dans les deux zones de migratoires. Si, dans le cas des hirondelles de fenêtre, elle
ne semble pas changer (Barbraud, 2006), il semble très risqué de généraliser ce résultat.
2. Glissements d’aires géographiques :
les espèces changent de lieu
a. Une remontée générale des aires de répartition des espèces
Il semble admis que chaque accroissement de la température de 1 °C décale les enveloppes
géographiques des espèces d’environ 160 km vers le nord ou de 160 m en altitude (ONERC,
2010).
On a observé une remontée générale des aires de répartition des espèces d’environ 6,1 km en
moyenne par décennie en latitude et de 6,1 m par décennie en altitude (Parmesan et Yohe,
2003) pour (Barbault et Foulcault, 2010) :
- certaines plantes alpines : elles ont déjà remonté de 1 à 4 m en altitude par décennie ;
- une quarantaine de papillons : jusqu’à 200 km en 27 ans en Europe et Amérique du
Nord ;
- les passereaux en Grande-Bretagne et en France : près de 20 km en 20 ans.
Alors que les espèces progressent vers le nord,
leur limite méridionale évolue également. Ce
phénomène est toutefois assez peu documenté.
De même, la remontée en altitude peut se
traduire par une contraction en aval. Cela a été
montré par une étude (Wilson et al., 2005) sur
certains papillons en Espagne centrale :
l’altitude à partir de laquelle on peut trouver les
16 espèces étudiées a progressé en moyenne
de 212 m sur 30 ans. Ces changements
d'altitude ont engendré une réduction de leur
habitat d’environ un tiers. Ce phénomène devrait
s’aggraver au cours du siècle.
VULNÉRABILITÉS
Certaines espèces peuvent avoir du mal à
étendre leur aire de répartition si (Usher,
2005) :
‐ Celle-ci est délimitée par des
obstacles naturels ou anthropiques ;
‐ Leurs possibilités de dispersion sont
insuffisantes pour atteindre le plus
proche endroit où le climat pourrait
leur convenir dans le futur ;
‐ Elles ont une sensibilité particulière
aux températures extrêmes (hautes
ou basses), à la sècheresse, etc.;
‐ Elles se caractérisent par une
spécialisation par rapport à un habitat,
une niche, ou une relation étroite avec
une autre espèce.
Ainsi, les extensions d’aires géographiques
dépendront de l’équilibre entre les différentes
vitesses de migration d’une espèce : la vitesse
pour que sa zone traditionnelle d’occupation
disparaisse de son aire de distribution, et celle à laquelle cette espèce pourra coloniser de
nouvelles zones. En Bourgogne, certaines espèces pourront se développer ailleurs par
extension géographique. Mais d’autres ne le pourront pas et risquent de disparaître à cause
d’autres critères, type de sol, exposition, etc. ou parce que certaines espèces n’en sont pas
capables (cf. encadré sur les vulnérabilités). Par exemple, certaines espèces présentes dans
les combes ne pourraient sans doute pas « migrer » (CBNBP).
b. Exemples observés de progressions et de régressions d’espèces en
France et en Europe
C’est parmi les invertébrés que cet impact du changement climatique est le plus perceptible :
papillons (lépidoptères), libellules et demoiselles (odonates), cicadelles (hémiptères) et
scarabées (coléoptères)... Ces espèces apportent de plus en plus de preuves que le
déplacement vers le nord se généralise (Usher, 2005 ; SHNA). Par exemple, à l’échelle
européenne, depuis une trentaine d’années, plusieurs libellules afro-tropicales sont remontées
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dans la péninsule ibérique parfois même jusqu’au sud de la France, et des espèces
méridionales ont migré jusqu’en Belgique et au Royaume-Uni. A l’inverse, une raréfaction
significative d’espèces euro-sibériennes est en cours (Grand, 2009). La relative mobilité des
invertébrés ainsi que leur cycle de reproduction annuel en sont sans doute les principales
raisons (Usher, 2005 ; CBNBP).
A l’inverse, les plantes ont des moyens de diffusion plutôt lents : soit par le vent (très aléatoire),
soit par des moyens limitant la distance géographique potentielle. Il faut donc beaucoup plus de
recul pour identifier des évolutions (CBNBP).
Figure 6 :
Augmentation du nombre d'oies
cendrées hivernant en France
(ONERC, 2010)
En ce qui concerne les oiseaux
migrateurs,
de
nombreux
constats
font
état
de
la
modification de leurs conditions
d’hivernage
sous
l’effet
du
changement climatique : jusqu’au
début des années 1980, les
oiseaux
hivernaient
majoritairement en Europe du Sud,
mais ils peuvent à présent le faire
en Europe tempérée notamment
en France (ONERC, 2010). L’oie
cendrée, par exemple, hiverne en
nombre croissant en France comme on peut l’observer sur la Figure 6. Du fait des trajets
migratoires plus réduits, la dépense énergétique pendant la migration se réduit elle aussi. Les
oiseaux ont une meilleure condition physiologique en période prénuptiale (Bougrain Dubourg,
2010). De même, la cigogne blanche s’installe à présent régulièrement en France pour l’hiver et
sa population nicheuse croît de façon exponentielle. Entre 1999 et 2006, la population
hivernante est passée de 130 à 600.
A l’inverse la Macreuse noire hiverne désormais plus au nord tout comme quatre espèces de
canards qui se regroupent autour de la mer du Nord et de la mer Baltique (Bougrain Dubourg,
2010).
Ces glissements d’aire de répartition des espèces devraient se poursuivre et toucher de plus en
plus d’espèces. Par exemple, la répartition des poissons d’eau chaude et d’eau froide devrait
aussi évoluer en France. En utilisant un modèle statistique avec le scénario A1F1 du GIEC
(augmentation de 4,1 °C en 2080) sur 35 espèces, il semblerait qu’en 2080 on aurait (Barbault
et Foulcault, 2010) :
- une diminution des espèces d’eau froide comme la truite, le chabot et la lamproie de
Planer dans 75 % des sites étudiés ;
- une augmentation de sept espèces (comme le barbeau) qui ont une large gamme de
tolérance aux températures, voire préfèrent les eaux chaudes. La probabilité de
présence augmenterait de 25 % en moyenne sur l’ensemble des sites ;
- des réponses intermédiaires d’autres espèces comme pour le brochet.
Cette dynamique est déjà ressentie en Bourgogne. Il semble qu’il y ait une progression des
poissons d’eau chaude et une régression des truites et des poissons d’eau froide. Il est
toutefois difficile de déterminer la part de chaque facteur explicatif. La pollution des eaux, la
baisse de débit et l’arrivée des cormorans jouent sans doute aussi un rôle dans cette évolution
(CSRPN).
a. Exemples observés de progressions et de régressions d’espèces en
Bourgogne
Comme nous l’avons déjà souligné, l’absence de longues séries d’observations ne permet pas
de déterminer l’évolution des populations en Bourgogne. Cependant, en ce qui concerne
l’avifaune, quelques exemples avérés et supposés méritent d’être cités.
Les principales évolutions récentes de l’avifaune bourguignonne semblent liées à
l’augmentation du nombre de points d’eau et à l’uniformisation du paysage agricole (CSRPN).
Quelques espèces sont en progression du fait du changement climatique en Bourgogne
(EPOB) :
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-
le guêpier d’Europe : apparu lors de la canicule de 1976, il s’est fortement développé
dans les années 2000. Notons qu’il a également profité de l’abaissement des lits de
certains cours d’eau du fait des gravières.
-
la fauvette mélanocéphale : considérée comme l’espèce la plus strictement
méditerranéenne de l’avifaune française (Mezani, 2005), elle est apparue en 2001,
suite à un hiver très doux, en Saône-et-Loire, ce qui représente maintenant sa limite
septentrionale mondiale. Elle n’a été observée que jusqu’en 2005 faute de moyens.
Cependant, des preuves de sa présence sont régulièrement retrouvées sur deux sites.
Figure 7 :
Evolution du nombre minimal de
Hérons garde-bœufs et de leur
durée maximale de séjour en Saôneet-Loire (Gaudin, 2007)
-
garde-bœufs :
le
héron
d’origine indo-africaine, il est
progressivement remonté en
Espagne et dans le sud de la
France. Il est arrivé en Saône-etLoire en 1994, année très
chaude, pour ne plus en
disparaître. Bien que cet oiseau
ne réussisse pas à y passer les
hivers, il est observé tous les
ans en Saône-et-Loire (cf.
Figure 7). C’est aujourd’hui sa
limite nord en France.
Ces observations semblent indiquer que lors d’évènements extrêmement chauds, certaines
espèces font un « bond » vers le nord mais ensuite ne régressent pas : elles s’y installent. Deux
contre-exemples à cette thèse ont été observés en Bourgogne : la bouscarle de Cetti et le
cisticole des joncs étaient remontées en Saône-et-Loire dans les années 1970, mais ont
disparu au milieu des années 1980 (EPOB).
Enfin d’autres espèces progressent mais le changement climatique n’est peut-être pas le
facteur prépondérant. Dans l’exemple de la cigogne blanche, évoquée plus tôt, on l’observe
effectivement de plus en plus en Bourgogne, un ou deux couples y hiverneraient même. Mais
on peut penser également que son installation résulte du programme de protection mis en
place…
La même question se pose pour les espèces protégées comme le vautour, ou encore le
Martinet alpin. Cette espèce rupestre niche sur les falaises et s’est adaptée aux bâtiments. Elle
est présente à Mâcon et Chalon-sur-Saône depuis 2009. La Côte-d’Or est sa limite nord en
France (EPOB).
Concernant la flore, on suspecte un lien
entre le changement climatique et la
progression de quelques rares espèces.
C’est le cas de l’ambroisie qui est apparue le
long de la Loire. On constate un gradient de
densité du sud vers le nord de la Bourgogne
(cf. Figure 8). Il y a plusieurs années de cela,
des pics d’allergie concomitants à des
épisodes venteux provenant du sud, où
l’ambroisie existait déjà, avaient été mis en
avant. Aujourd’hui, ce lien n’existe plus car
l’ambroisie est présente sur notre territoire.
Outre l’action du changement climatique,
l’implantation de l’ambroisie est aussi
favorisée par les milieux perturbés (CBNBP).
Figure 8 :
Répartition des relevés
d'Ambroisie à feuilles d'Armoise
(Source : site du CBNBP) AdCC & Biodiversité – Dossier thématique
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Parallèlement à ces progressions, certaines espèces, communes aujourd’hui, pourraient
régresser. En Bourgogne, il semble effectivement que certaines espèces communes
septentrionales soient moins présentes au profit d’espèces voisines mais plus méridionales. Par
exemple, le bruant jaune est de plus en plus concurrencé par le bruant zizi qui caractérise des
milieux plus chauds et secs. Toutefois cela n’est pas encore très net, notamment ces deux
dernières années. L’université de Bourgogne (M. Faivre) a suivi deux espèces qui se
concurrencaient : l’hypolaïs polyglotte a remplacé petit à petit l’hypolaïs ictérine qui ne niche
plus désormais en Bourgogne. Il semble que la zone où ces deux espèces cohabitent remonte.
Le changement climatique pourrait être un des facteurs explicatifs (EPOB).
Enfin, ces différents glissements d’aire sont souvent irréguliers et ont parfois des reculs en
arrière. Il semble aussi que certaines espèces septentrionales progressent étonnamment vers
le sud. C’est le cas du pic noir. Cette espèce boréale et montagnarde est arrivée dans les
années 1970-1980 en Bourgogne. Elle est d’abord apparue dans les hêtraies puis dans la
plupart des forêts. C’est également le cas de la rousserolle verderolle qui a fait son apparition
dans l’Yonne (EPOB).
Pour ceux qui suivent la tendance prévue, il est important de bien prendre en compte les
interactions biotiques pour comprendre leur dynamique. Par exemple, de nombreux oiseaux
migrateurs sont « en retard » de 180 km par rapport à leurs enveloppes climatiques. C’est ce
que montre une étude basée sur des données françaises (Devictor et al., 2008) : les
communautés d'oiseaux se déplacent d’environ 90 km vers le nord, alors que l'augmentation de
température sur la même période correspond à des déplacements théoriques de 270 km.
3. Conséquences sur les interactions entre espèces
Les modifications phénologiques et physiologiques et les glissements des aires géographiques
d’une espèce auront des conséquences sur d’autres espèces, du fait des diverses interactions
et des effets en cascade. Il peut y avoir altération voire rupture de synchronisations entre
niveaux trophiques, espèces compétitives ou ayant des stratégies de coopération. Ces
changements de synchronisme représentent des risques d’extinction mais aussi d’invasions.
Une analyse de la littérature scientifique a mis en évidence différentes tendances (Tylianakiset
al., 2008) :
- une modification des interactions compétitives à la fois chez les plantes et les animaux ;
- une modification des réseaux trophiques, notamment de décomposition ;
- une augmentation des infections par des pathogènes ;
- un affaiblissement de certains mutualismes (plantes).
Les exemples les plus documentés concernent les oiseaux migrateurs. Le changement
climatique a un impact à la fois sur les zones d’hivernage et sur celles de reproduction : il n’est
pas toujours évident que les conditions climatiques sur la zone d’hivernage et sur celle de
reproduction évoluent dans le même sens et/ou à la même vitesse. Des décalages peuvent
alors apparaître entre les dates de départ des zones d’hiver et les conditions d’accueil sur les
zones de reproduction. Les conséquences seraient une diminution de la reproduction et une
augmentation de la mortalité des jeunes. La survie de certaines populations pourrait être en jeu.
On illustrera ici trois cas de figure : une désynchronisation entre la disponibilité de la ressource
alimentaire et les besoins des oiseaux ; un décalage migratoire en réaction à un décalage de la
ressource alimentaire ; un décalage synchrone « opportun » des conditions dans les deux
zones migratoires.
a. Exemple de désynchronisation
Une étude sur neuf populations hollandaises de gobemouche noir a montré que le pic
d’apparition des chenilles, la nourriture des oisillons, avait avancé de 16 jours en 20 ans. La
date de ponte des oiseaux a aussi été avancée, mais que d’environ 10 jours. Cela n’a pas suffit
et la population de gobemouches a alors baissé d’environ 90 % depuis 1985, date à laquelle la
disponibilité de la nourriture était la meilleure (Both et al., 2006).
AdCC & Biodiversité – Dossier thématique
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b. Exemple de décalage migratoire en réaction à un décalage de la
ressource alimentaire
Une étude du CNRS, en 2008, a utilisé des relevés sur 47 années, de 1961 à 2007. Durant
cette période, les mésanges charbonnières près de la ville d’Oxford avaient avancé leur date de
ponte en moyenne de 14 jours, ce qui correspond à l’avancement de la présence des chenilles
dans les bois. Les chercheurs ont pu mettre en évidence que cette adaptation est le fait
d’ajustements individuels et non pas d’une microévolution. Cette adaptation fine du
comportement a permis à la population de mésanges de Wytham de conserver une très bonne
croissance, les effectifs de mésanges ayant d’ailleurs doublé dans l’intervalle de cette étude.
c. Exemple de décalage synchrone « opportun » des conditions dans les
deux zones migratoires
Figure 9 :
Variation de la date d'arrivée
des hirondelles à Oxfordshire
(Barbraud, 2006)
Il semblerait que le réchauffement en Afrique
provoque le déclenchement plus précoce de
la migration des hirondelles de printemps
vers l’Europe d’en moyenne vingt jours plus
tôt qu’en 1970 (cf. Figure 9). En parallèle, le
réchauffement en Europe permettrait aux
hirondelles d’y trouver de la nourriture suite à
l’émergence plus précoce de leurs proies
(Barbraud, 2006).
Le changement climatique impactera sans doute également les plantes et leurs pollinisateurs
ainsi que leur synchronisation. Une étude met en évidence ce phénomène (Hegland et al.,
2009). Mais elle avance aussi l’hypothèse que les systèmes, dans leur globalité, seraient
suffisamment résilients pour pallier certaines désynchronisations.
De manière générale, ce type de déstabilisation des relations trophiques pourrait expliquer une
augmentation des espèces généralistes, aux dépens des espèces spécialistes, comme cela est
observé chez les oiseaux en France ou chez les papillons au Royaume-Uni. La plus grande
flexibilité des espèces généralistes permettrait à celles-ci de se reporter plus facilement vers
d’autres proies en phase avec leur nouvelle phénologie (Couvet et al., 2006).
4. Conséquences sur la biodiversité
a. La diversité génétique
Très peu d’études traitent de l’évolution de la diversité génétique induite par le changement
climatique. Elle semble cependant très liée aux impacts cités précédemment. Cette diversité
génétique détermine les capacités des espèces à s’adapter au changement climatique, la
sélection génétique, et elle sera à son tour déterminée par l’évolution des populations.
b. La diversité spécifique
L’évolution de la diversité spécifique est un peu mieux renseignée car elle est la conséquence
directe de l’évolution de la répartition des différentes espèces.
D’après l’étude citée précédemment sur la répartition des poissons d’eau chaude et d’eau froide
(Barbault et Foulcault, 2010), on s’attend à une amélioration de la richesse spécifique des
poissons des cours d’eau français. Elle estime que le nombre d’espèces passerait en moyenne
de 10 à presque 20 en 2080. Cela serait en accord avec la tendance déjà observée depuis
25 ans. Toutefois les résultats sont hétérogènes selon les zones géographiques : diminutions
localisées principalement en Bretagne (jusqu’à trois espèces en moins), augmentations fortes
en Alsace et en zones montagneuses (jusqu’à 27 espèces supplémentaires) par exemple. La
Bourgogne se trouverait, elle, dans une situation plutôt intermédiaire. Cependant, si la diversité
spécifique des poissons augmente dans nos rivières, celle-ci deviendrait par contre plus
homogène entre les différentes zones géographiques : la diversité spatiale des espèces
diminuerait.
AdCC & Biodiversité – Dossier thématique
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Un autre exemple d’augmentation de richesse spécifique a déjà été mis en évidence pour les
pucerons en Angleterre et en France, illustré sur la Figure 10, alors que le nombre total de
pucerons capturés n’a pas augmenté (Hullé et al., 2006).
Figure 10 :
Corrélation entre le nombre
d'espèces de pucerons capturés et
la température (Hullé et al., 2006)
A partir de scénarios de réchauffement moyen en 2050 (1,8 à 2 °C), des projections mondiales
ont été réalisées pour connaître la distribution de 1 130 espèces de plantes et d’animaux. Ces
simulations ont été faites sur des régions-types représentant environ 20 % de la surface
terrestre (Thomas et al., 2004) : les résultats prévoient un taux d’extinction de 20 à 35 % des
espèces étudiées. Ce taux varierait selon la capacité des espèces à coloniser de nouveaux
milieux. Les écarts se creuseraient encore plus à l’horizon 2100.
Une autre étude, basée sur une augmentation moyenne de 2,8 °C d’ici à 2100, estime que 400
à 550 espèces d’oiseaux disparaîtraient et 2 150 espèces seraient menacées d’extinction
(Sekercioglu et al., 2008). Seulement 21 % des espèces qui s’éteindraient sont actuellement
considérées comme menacées. Si ces études restent des modélisations, elles permettent
d’esquisser une tendance à la diminution du nombre d’espèces à l’échelle du globe.
A l’échelle européenne, le Laboratoire d’écologie alpine (LECA) a modélisé les répercussions
des changements climatiques sur la biodiversité végétale selon les différents scénarios du
GIEC (cf. Figure 11). Selon le scénario retenu, les modèles montrent que 42 % à 62 % de la
flore européenne serait modifiée. D’anciennes espèces disparaîtraient, de nouvelles espèces
s’installeraient. Si l’on suit le scénario A1, 60 à 70 % des espèces végétales disparaîtraient de
la Bourgogne !
Figure 11 :
Modélisation du pourcentage de
pertes d'espèces végétales en
Europe en fonction des différents
scénarios de changements
climatiques considérés pour 2050
(à partir de Quétier et al., n.d.)
AdCC & Biodiversité – Dossier thématique
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c. La diversité éco-systémique
Le changement climatique aura des impacts sans doute très variables sur les communautés, de
par les différences de capacité à se déplacer ou de l’ampleur de leur déplacement. Ce dernier
est beaucoup plus difficile à repérer pour une communauté que pour une espèce. Il existe trois
principales raisons à cela (Usher, 2005) :
- Les limites entre communautés sont généralement mal définies : ce sont des
continuums.
- L’observation du déplacement d’une communauté se fait à une échelle encore plus
longue que celle d’une espèce.
- La fragmentation d’une grande partie de l’environnement, soit par des causes naturelles
(chaînes de montagne, masses d’eau…), soit du fait d’utilisation anthropique
(occupation des terres, routes, barrages…), limite les possibilités de déplacement.
En théorie, les réactions au changement climatique, propres à chaque espèce, pourraient
donner naissance à de communautés nouvelles (Usher, 2005).
Par ailleurs, la diversité écosystémique est très liée à l’évolution des habitats. En Bourgogne,
pour le moment, on ne peut que spéculer sur l’évolution des habitats. Rien n’a été clairement
observé et identifié comme résultant de l’impact du changement climatique. Cela est
notamment dû aux raisons détaillées précédemment. De manière générale, les milieux sont
encore assez riches et peu perturbés. Ils sont capables d’une certaine résilience, notamment
face aux évènements ponctuels comme les canicules. Certaines évolutions « naturelles »
pourraient être freinées par l’action de l’Homme. Par exemple, on pourrait imaginer que les
prairies sèches seraient favorisées par le changement climatique, mais du fait des
changements de pratiques agricoles, il est plus probable que les surfaces de ces prairies
continuent à s’amenuiser (CBNBP).
Néanmoins, certains milieux pourraient se raréfier du fait du réchauffement et nécessitent une
surveillance. C’est le cas par exemple des habitats semi-montagnards du Haut Morvan, dont
l’altitude est supérieure à 700 m (CBNBP). Les habitats aquatiques risquent aussi d’être
perturbés (SHNA). De manière générale, le fonctionnement des écosystèmes dans les plans et
cours d’eau risque d’être modifié du fait de l’augmentation des températures, avec de probables
développements d’algues. Avec le risque d’augmentation des sècheresses printanières et
estivales, certains habitats poseraient problème, notamment ceux des sources en tête de
bassin et des ruisselets. Cela peut être le cas pour les cours d’eau accueillant certains
amphibiens : les sècheresses plus précoces ou plus fréquentes lors de leur stade larvaire (de
mars à août selon les espèces) entraîneraient la mort de larves ou l’échec de la métamorphose.
Ce risque sera d’autant plus élevé pour les espèces dont le stade larvaire s’étend sur plusieurs
mois. Ces cours d’eau deviennent alors impropres à la reproduction des amphibiens. En 2003,
une forte mortalité des écrevisses a été observée au niveau des ruisseaux asséchés : si ces
conditions climatiques devaient se répéter, les écrevisses disparaîtront de ces ruisseaux
(SHNA). Dans le Morvan, il existe deux tourbières qui fonctionnent uniquement avec l’eau de
pluie : ces milieux deviendront particulièrement sensibles si les précipitations deviennent
erratiques. On peut aussi penser aux habitats des bords de cours d’eau : si la nappe de Saône
baisse, il y aura un décalage des types de prairies bordant ce fleuve (CBNBP).
AdCC & Biodiversité – Dossier thématique
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CONCLUSION
Ainsi, le changement climatique induit directement :
- des modifications physiologiques et morphologiques encore peu observées
aujourd’hui ;
- des décalages sur les rythmes phénologiques des plantes et sur les comportements
saisonniers de la faune, souvent dans un sens de précocité ;
- des décalages géographiques pour les aires de répartition des espèces, notamment
des insectes et des oiseaux.
Ces impacts ont des conséquences sur les interactions entre espèces, notamment sur leur
relation trophique dans la chaîne alimentaire. Cela pourrait induire des modifications
écologiques importantes. Du fait de ces impacts multiples sur les espèces, les habitats s’en
trouveront indirectement modifiés. Inversement, le changement climatique pourrait avoir des
impacts directs sur les habitats (assèchement de cours d’eau, disparition d’habitats
montagnards…) et donc sur la présence des espèces actuelles. Mais pour le moment, cela
n’est pas observé en Bourgogne.
Par ailleurs, l’adaptation d’autres secteurs au changement climatique pourrait impacter la
biodiversité. On peut au moins citer trois exemples concernant l’avifaune (EPOB) :
- Les changements des pratiques sylvicoles et le choix de nouvelles essences
impacteraient les oiseaux forestiers. Une sylviculture plus dynamique, par exemple,
pourrait nuire à certains rapaces qui ont besoin de calme.
- L’avancée des dates de fauches provoque des problèmes de reproduction chez
certains oiseaux comme le râle des genêts.
- L’avancée des vendanges pourrait impacter les oiseaux qui nichent dans les vignes…
Toutes ces évolutions seront fortement conditionnées par la capacité des espèces à :
- Suivre leurs enveloppes climatiques ;
- Modifier leur physiologie et leur comportement saisonnier ;
- Présenter des profils génétiques adaptés aux nouvelles conditions climatiques.
Enfin, cela pose la question de l’adaptation des modes de gestion de la biodiversité…
AdCC & Biodiversité – Dossier thématique
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III. Pistes d’adaptation
Nous ne traiterons ici que de l’adaptation par la gestion de la biodiversité, l’adaptation du vivant
lui-même ayant déjà été traité en tant qu’impact du changement climatique. Etant donné le peu
d’éléments, il s’agit surtout de faire un état des lieux de la prise en compte du changement
climatique dans les stratégies de gestion de la biodiversité et d’esquisser les interrogations que
cela pose.
1. La prise en compte du changement climatique aujourd’hui
dans les politiques de gestion
L’adaptation au changement climatique n’est actuellement pas prise en compte dans les
politiques de gestion et de conservation de la biodiversité : on ne rend pas une espèce
prioritaire où au contraire délaissée parce qu’elle souffrira du changement climatique. Les
décisions sont prises par rapport à la rareté de l’espèce ou à son évolution, mais pas la cause
de cette évolution. Cependant, pour les espèces invasives émergentes, la composante
climatique influe sur le risque de propagation et donc sur la hiérarchisation du problème à
traiter. C’est l’exemple de l’indigotier qui remonte la vallée du Rhône et devient envahissant en
Franche-Comté. Sa gestion est prioritaire car il est favorisé par l’évolution du climat. En
Bourgogne, il en va de même pour le raisin d’Amérique qui commence à coloniser les bois
(CBNBP).
2. Peut-on aller à l’encontre du changement climatique ?
Le faut-il ?
Si des espèces sont menacées par le changement climatique, des actions pourraient être
menées pour conserver leur patrimoine génétique. Mais il serait impensable et impossible
d’aller contre l’évolution du climat (CBNBP). Enfin, si le climat continue à changer, les habitats
changeront et, par conséquent, les espèces aussi. Il n’y a pas lieu de protéger des espèces qui
ne sont plus adaptées au climat (CSRPN).
Cependant, il importe d’être particulièrement vigilant vis-à-vis des espèces ayant une faible
variabilité génétique ou faisant partie des catégories vulnérables. Parmi les espèces
nécessitant une surveillance, on peut citer celles qui, au sommet des chaînes trophiques, ont
un rôle écologique clé. Leurs effectifs sont réduits et ont généralement une faible variabilité
génétique. Cela laisse donc supposer peu de possibilités adaptatives (Couvet et al., 2006).
3. Quelle pertinence des politiques d’aujourd’hui pour la
biodiversité de demain ?
Par la gestion des milieux naturels, on peut faciliter l’adaptation des espèces. La logique de
corridors biologiques facilitera le changement de milieu pour les espèces. En parallèle, une
politique sur les espaces protégés doit être menée pour augmenter leur nombre et réduire les
processus qui conduisent à la fragmentation de l’habitat. Cette démarche favorisera
l’adéquation entre les espèces et les habitats (Usher, 2005).
Cependant, on peut s’interroger sur la pertinence de certains emplacements : les zones visant
aujourd’hui à protéger la biodiversité seront-elles encore judicieuses demain, dans un futur
marqué par le changement climatique ?
Un exemple est donné avec la préservation du râle des genêts. Cette espèce patrimoniale
emblématique est actuellement en train de disparaître de la Bourgogne. On dénombrait moins
de cinq individus en 2011 contre une trentaine en 2003. Des contrats Natura 2000 sont passés
avec les agriculteurs pour qu’ils réalisent des fauches tardives. L’espèce peut ainsi se
reproduire dans les prairies. Cependant, avec l’évolution du climat, les fauches sont de plus en
plus précoces. Les agriculteurs seront de plus en plus réticents pour s’engager dans ce type de
contrat sauf peut-être à augmenter les montants d’indemnisation. En 2011, du fait de la
sècheresse, les agriculteurs ayant un contrat de fauche tardive ont quand même pu faire une
fauche précoce… La question se pose globalement des moyens financiers disponibles, de la
AdCC & Biodiversité – Dossier thématique
Page 18
pertinence des espèces protégées, de leur hiérarchisation et des zones de conservation
(EPOB).
Alors, que peut-on faire pour que le réseau des zones protégées soit plus adapté au climat futur
? La désignation « zone protégée » devrait peut-être se fonder non seulement sur la valeur
actuelle en diversité biologique mais aussi sur la valeur future escomptée (Usher, 2005). Peutêtre vaudrait-il mieux privilégier les espèces les moins vulnérables au climat (EPOB) ? On peut
imaginer des limites fluctuantes pour ces zones protégées. Les limites seraient modifiables en
fonction de l’évolution de la distribution de la flore ou de la faune protégée. Pour progresser sur
cette question, il faudrait peut-être assouplir les systèmes de désignation, pouvoir ajouter des
zones qui sont ou deviendront importantes, ou retrancher celles qui ne présentent ou ne
présenteront plus d’intérêt. Il semble que de tels systèmes de désignation avec des « limites
fluctuantes » n’aient jamais été mis en place dans le monde (Usher, 2005). La notion de
stratégie adaptative repose donc autant sur la recherche de solutions que sur le processus
humain d’auto-formation (Etienne, 2006). Dans tous les cas, une approche locale avec les
acteurs de terrain sera nécessaire pour être efficace (EPOB).
AdCC & Biodiversité – Dossier thématique
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Liste des Experts
Enquêtés :
 Le 01/06/2011 : Olivier BARDET, Responsable Bourgogne du Conservatoire Botanique
National du Bassin Parisien (CBNBP)
 Le 24/05/2011 : Bernard FROCHOT, Président du Conseil scientifique régional du
patrimoine naturel de Bourgogne (CSRPN)
 Le 21/06/2011 : Anne-Laure BROCHET, Coordinatrice scientifique, et Samy MEZANI,
Chargé d’études naturalistes, Etude et protection des oiseaux en Bourgogne (EPOB)
 Le 07/07/2011 (entretien téléphonique) : Nicolas VARANGUIN, Chargé de mission faune
sauvage, Société d’histoire naturelle et des amis du muséum d’Autun (SHNA)
Autres experts conseillés (n’ayant pas pu être enquêtés) :
 Julien BOUCHARD, spécialiste des milieux aquatiques, Délégation interrégionale
Bourgogne/Franche-Comté de l’Office national de l’eau et des milieux aquatiques (ONEMA)
 Frank CEZILLY, Directeur de l’Institut Buffon
 Roland ESSAYAN, Naturaliste spécialiste des papillons, membre du Conseil scientifique
régional du patrimoine naturel (CSRPN)
 Bruno FAIVRE et Stéphane GARNIER, Laboratoire Biogéosciences, Université de
Bourgogne
 Patrice NOTTEGHEM, Communauté Urbaine du Creusot Montceau
 Philippe PAGNIEZ, Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du
logement de Bourgogne (DREAL)
 Monique PROST, Entomologiste au Muséum d'histoire naturelle de Dijon
AdCC & Biodiversité – Dossier thématique
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