LA VERITE SUR LA PULSION DE MENSONGE CHEZ L`ENFANT

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LA VERITE SUR LA PULSION DE MENSONGE CHEZ L`ENFANT
LA VERITE SUR LA PULSION DE MENSONGE CHEZ
L'ENFANT
Par le Docteur Timothy Quek
Les enfants mentent. C'est un fait que la plupart des parents reconnaîtront. Ils ne semblent pas
avoir besoin d'apprendre à mentir, ils n'ont pas besoin d'encouragement. Ils le font sans
difficultés. Les enfants exagèrent, déforment la vérité, cachent les faits, inventent des histoires
et dénient ce qui est évident.
Mentir devrait nous concerner tous. Mais ce qui nous concerne le plus c'est quand un enfant
ment de façon compulsive. Par là nous voulons dire que l'enfant ment fréquemment sans raison
apparente. Les parents dont l'enfant ment compulsivement deviennent soupçonneux et ne font
plus confiance en leur enfant, et les enfants réciproquement deviennent plus désobéissants et
plus malhonnêtes. Une fois que le cycle du mensonge et de la méfiance est bien installé, il est
difficile de trouver un seul moyen de le stopper. C'est le but premier de cet article de mettre en
route un processus de réflexion sur les raisons pour lesquelles un enfant ment et ensuite de
trouver l'aide nécessaire pour stopper ce comportement.
Le mensonge comme signe
Avant d'envisager pourquoi les enfants mentent, il est essentiel de reconnaître que le mensonge
peut être un signe précoce de problèmes plus graves. Le mensonge compulsif est souvent
retrouvé dans les premières étapes chez les enfants qui souffrent de troubles comportementaux
sociaux, surtout dans les troubles déficitaires de l'attention et dans les troubles des conduites.
Cet article ne permet pas une discussion détaillée de ces troubles. Il suffit de dire que dans de
tels cas, le mensonge compulsif accompagne habituellement d'autres problèmes de
comportement tels que le vol, la tricherie, les agressions, les crises de rage violentes, une
déscolarisation, la perte fréquente de ses affaires, et des comportements inadaptés en groupe,
dans les réunions ou avec l'autorité. Des problèmes tels que l'impulsivité ou l'incapacité
apparente de lier les conséquences avec les comportements, l'inattention et le mal-être dans les
situations sociales peuvent être au cœur du mensonge.
Dans de tels cas, l'intervention immédiate d'un conseiller qualifié qui est capable de travailler
avec les enfants est nécessaire. Un tel conseiller serait capable de fournir aux parents des
conseils sur la façon de se comporter et une compréhension plus profonde du problème auquel
ils sont confrontés. De plus l'enfant devrait recevoir une psychothérapie adaptée à son âge, et
être envoyé à des médecins spécialistes.
Pourquoi mens-tu?
Reconnaître qu'il y a des problèmes particuliers ne permet rien d'autre que de chercher plus
d'aide. Il y a encore quelques raisons fondamentales pour lesquelles des enfants mentent
compulsivement.
1. La peur. La peur est une raison fréquente de mentir. Envisagez l'enfant qui ment parce
qu'il craint que sa mère ne se fâche sur lui ou que papa lui retire des privilèges ou que le
professeur ne l'envoie (ou n'envoie son copain) chez le directeur. Une telle peur peut
être rationnelle ou irrationnelle, mais l'effet sur le mensonge est le même – c'est un abri
temporaire de la punition.
Que faire devant des mensonges motivés par la peur? Considérons deux implications
importantes. Premièrement, les enfants qui mentent par peur savent habituellement
qu'ils ont fait quelque chose de mal. Ceci fournit un indice important pour les parents
qui font face à un enfant qui ment. Considérez que le problème de l'enfant n'est pas de
savoir ce qui est mal, mais de résister à la tentation. Dire "je te l'ai dit des centaines de
fois …" n'aide pas l'enfant à faire face avec la raison profonde de son erreur ou de sa
désobéissance. Cela l'aliène plutôt. Les parents doivent aller plus loin que le mensonge
et s'adresser au comportement qui a "nécessité" le mensonge au départ.
Deuxièmement, les parents doivent accepter que leurs enfants mentent parce qu'ils
ont peur des réactions de leurs parents. Ce n'est pas surprenant que les parents qui
sont constamment en colère, en train de crier, rigides ou interdisant de nombreuses
choses aient des enfants qui mentent de façon compulsive. Donner la place à la
négociation, au compromis, écouter avant d'accuser, et ne pas crier aident souvent à
faire le lit d'une communication plus honnête.
1. L'habitude. Mentir peut aussi être une habitude formée par une pratique constante. Il est
possible qu'un enfant mente "par réflexe" et quand on le lui fait remarquer, il insiste
pour dire que c'est la vérité. Le mensonge habituel est souvent renforcé par une
confrontation hostile. Une des façons les plus efficaces de gérer le mensonge habituel
est de donner à l'enfant la possibilité de se rétracter sans craindre de conséquence.
2. L'imitation. Mentir est un comportement fréquent et les enfants sont soumis à des
mensonges tout le temps. Le problème est que les enfants apprennent à mentir en
voyant les autres mentir. Le dilemme est qu'il est impossible de tenir les enfants à l'abri
des mensonges. Un parent qui limite les amis de son enfant à ceux qui ne mentent pas
réduit le nombre des compagnons approuvés à un seul, et cela sous supervision étroite!
Une source puissante d'imitation est à la maison. Il y a un proverbe qui dit "Quand les
parents le font avec modération, les enfants le font avec excès." Le mensonge "modéré"
est considéré par beaucoup de parents comme sans danger (comme un mensonge blanc
ou une excuse sans danger) ou comme une erreur (comme une promesse non tenue) ou
comme une distorsion calculée et voulue de la vérité ("j'ai dû mentir parce que …").
Mais les enfants ne voient pas les nuances du mensonge. Comme il est difficile pour les
parents de contrôler les mensonges que les enfants rencontrent en dehors de la maison,
il est plus utile de commencer par éliminer le mensonge à l'intérieur de la maison. Faites
en sorte que dire la vérité soit une priorité à la fois par les commentaires et par
l'exemple.
1. La prévisibilité. Les enfants mentent aussi parce qu'ils prévoient une réaction. Un enfant
dit "Je sais que maman va dire non aussi je mens." En réalité maman aurait seulement
posé plus de questions et puis donné la permission! Une des façons les plus efficaces
de faire face à ce type de mensonge est de donner des limites claires à l'enfant et de faire
comprendre en même temps que ces limites sont négociables. Faire les règles au fur et à
mesure et trop d'interdictions font le lit de ce type de mensonge.
Dois-je punir le mensonge?
Quand nous arrivons au fond du sujet, beaucoup de parents veulent savoir s'ils doivent punir
un enfant qui ment, et si oui, comment. Rappelez-vous qu'une des grandes motivations du
mensonge est la peur. De nombreux enfants choisissent de mentir parce que cela leur semble un
moindre mal et ils imaginent qu'ils s'en tireront ainsi. Dans un sens, mentir est un
comportement d'évitement de la punition. Le dilemme de la punition d'un mensonge est que le
parent risque de renforcer la peur et d'augmenter ainsi la possibilité de mensonges dans le
futur, plutôt que de la diminuer!
De plus il y a un risque de confondre le message et la punition. Quand le parent dit "Je te
punis parce que tu as menti" l'enfant peut penser "tu me punis parce que tu as trouvé la
vérité". Pour l'enfant la punition n'est pas associée au mensonge mais au fait d'avoir été
découvert. La prochaine fois, l'enfant trouvera de nouveaux moyens de détourner la vérité et le
parent restera dans une situation embarrassante de suspicion et de méfiance.
Considérez quelques problèmes importants concernant la punition et le mensonge:
1. La punition est plus efficace pour limiter le mensonge habituel (voir plus haut) parce que la
punition est pour but de réduire un comportement appris. Le problème est que la
punition n'est pas prévue pour apprendre et renforcer un comportement alternatif. La
punition sans amour et instruction attentive est un outil inutile et qui conduit souvent à
des excès et à des abus.
2. Punir un mensonge quand il est motivé par la peur, l'imitation ou la prévisibilité a tendance
à être inefficace au long cours. Cherchez la motivation profonde du mensonge et
travaillez l'origine plutôt que le symptôme.
3. Utilisez la punition comme le dernier choix, et pas comme première réaction. Les parents
sont souvent surpris de voir comme des messages doux ont souvent plus d'impact que
des messages forts. Par exemple "tu blesses vraiment maman et papa quand tu mens"
est souvent plus efficace que "Je vais te faire vraiment mal parce que tu as menti".
Par dessus tout, reconnaissez que le but et le désir de tout parent est d'encourager l'honnêteté.
C'est une caractéristique, pas seulement un comportement. Quand tout est dit et fait, nous
voulons que nos enfants aiment la vérité, ne la craignent pas, et détestent le mensonge pas
seulement à cause de la punition qu'il entraîne.