forum news - Forum Européen des Femmes
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FORUM NEWS n.° 6 – avril-juin 2007 a.s.b.l. OBSERVATOIRE EUROPÉEN SUR LA FEMME, LA FAMILLE ET LE TRAVAIL DANS LA SOCIETÉ ACTUELLE http://www.webspawner.com/users/forumfef/index.html Av. de Broqueville, 272, 1200 Bruxelles mail: [email protected] Editorial Chères amies du Forum Européen des Femmes, Le quadrimestre écoulé a vu se célébrer le 50ème anniversaire du Traité de Rome. Et ce 8 mars dernier, la Journée Internationale de la Femme a été l’occasion d’une célébration jubilaire au Parlement Européen, présidée par Anna Záborská, présidente de la Commission des droits de la femme et de l'égalité des genres. Plusieurs d’entre nous assistaient à cette manifestation dont le but était de faire le point sur les progrès accomplis et les défis futurs en ce qui concerne la situation de la femme. Epinglons ici un rapport sur la situation démographique de l’Europe, marquée à la fois par le vieillissement de sa population et la baisse de la natalité. de famille et/ou comme professionnelle engagée dans la vie économique de son pays. Anna Záborská (à droite), Membre du Parlement Européen, Présidente de la Commission des droits de la femme Il apparaît dès lors essentiel pour l’Europe de promouvoir une stratégie de renouvellement démographique. Ce thème est également traité dans l’article récent du Corriere della Sera recueilli dans ce numéro du Forum News. Notre association aimerait approfondir la réflexion sur ce thème, car la femme y occupe une position centrale vus ses rôles dans le développement socio-économique de l’Europe, qu’elle y soit acteur comme mère N’hésitez pas à nous communiquer vos points de vue sur ce sujet, car ne l’oublions pas : nous sommes un Forum ! Que le temps des vacances, tout proche, soit pour chacune de vous l’occasion de changer momentanément d’activité, d’y trouver repos et disponibilité pour vos proches. Danièle Godelaine 1 ACTIVITÉS DU FORUM – débat du 12 mars 2007 Femme, mère et médecin : quelle gestion au quotidien ? extraordinaires qui m’ont apporté des leçons de vie, de courage, des gens avec qui j’avais envie de faire équipe, pour suivre l’enfant jusqu’à ce qu’il devienne adulte. » Le 12 mars 2007, un débat intitulé « Femme, mère et médecin : quelle gestion au quotidien ? » donnait au Dr Sophie Ghariani, neuropédiatre et Directeur Médical du Centre Neurologique William Lennox à Ottignies, l’occasion de témoigner du délicat équilibre à trouver et à maintenir entre vie professionnelle et vie familiale. Colette Barbier, journaliste, assistait à ce débat. Avec son autorisation, nous reproduisons ici de larges extraits de l’article publié dans le Journal du Médecin (numéro 1835 du 8 mai 2007) sous le titre : « Le choix de Sophie ». Il y a dix ans, la neuropédiatre rencontrait celui qui allait devenir son mari, un ingénieur industriel. « Dès notre rencontre, mon mari m’a permis de vivre ma passion et ma vocation, en me donnant l’amour dont j’avais besoin quand je perdais mes forces ou quand le courage venait à me manquer. » En 1999, la première fille du couple naissait. Sophie Ghariani a du passer une année en Suisse, afin d’y suivre une formation en épilepsie pédiatrique, alors que son mari et sa fille restaient en Belgique. « Je rentrais tous les week-ends pour être parmi les miens. Ca n’a pas été facile. Sur le plan pratique, nous avons mis des choses en place pour profiter au maximum des deux jours que nous passions tous ensemble. Nous avons fait appel à une aide extérieure pour la tenue du ménage. Quand je rentrais, je prenais en charge les lessives et les courses, afin que, durant la semaine, mon mari puisse se consacrer à notre fille et aux tâches quotidiennes. » Le Dr Ghariani entrevit sa vocation médicale très jeune. Vers l’âge de 6 ans, elle eut à subir une opération bénigne. Alors qu’elle avait très mal, une petite fille, qui était une patiente hospitalisée et souffrant d’un problème de santé très grave, l’a réconfortée. Elle a alors pensé qu’à son tour elle pourrait réconforter des enfants et devenir pédiatre. A 18 ans, elle s’est découvert un intérêt pour la neurologie. Entamant des études de médecine, elle découvrit la neuropédiatrie. A partir de ce moment, Sophie Ghariani va donner énormément d’elle-même pour devenir neuropédiatre… A son retour en Belgique, la neuropédiatre fut engagée au Centre Neurologique William Lennox, un centre de réadaptation pour adultes et enfants présentant des pathologies neurologiques. En octobre 2004, alors qu’il arrivait à l’âge de la retraite, le directeur médical du Centre a proposé au Dr Ghariani de postuler pour prendre la relève. «J’ai accepté après y avoir réfléchi avec mon mari. La décision de postuler pour ce poste n’a pas été aisée à prendre, car le management humain n’est pas toujours facile. Le directeur à qui j’ai succédé était persuadé qu’il fallait maintenir certaines valeurs au sein du Centre et il avait l’impression que je pouvais contribuer à la continuité de ces valeurs. C’est pourquoi j’ai accepté de postuler. » Depuis lors, en plus de son activité de neuropédiatre, le Dr Ghariani gère le fonctionnement de la Alors qu’elle était âgée de 30 ans, un poste de neuropédiatre s’est libéré à l’UCL. « Là, j’ai découvert un monde magnifique, différent de celui des adultes. Les enfants ne peuvent pas toujours dire ce qu’ils ressentent, il faut donc être attentif au moindre signe. Il est également essentiel d’être à l’écoute des parents inquiets, et de les accompagner. J’ai découvert des gens 2 clinique, l’engagement et le travail des médecins, les évolutions médicales, etc. « Il s’agit d’un travail administratif auquel je n’ai pas été préparée durant mes études et qui demande un investissement en apprentissage et en temps. Auparavant, je devais faire face à l’inconfort d’être une maman qui n’est pas beaucoup à la maison et à celui de médecin qui n’est pas toujours disponible parce que je suis aussi une mère. Maintenant, quand je travaille sur le plan administratif, je dois faire face à un inconfort supplémentaire, qui est celui de me partager entre ces trois missions… Il y a donc, non seulement, un éternel équilibre à trouver entre les différentes tâches qui jalonnent ma journée professionnelle, mais aussi un équilibre à maintenir pour vivre une conciliation harmonieuse entre ma vie professionnelle et ma vie familiale. Si j’ai pu trouver un équilibre, c’est grâce au soutien de mon mari. Dans la vie, on trouve toujours le moyen de faire face aux tâches matérielles. Mais c’est au niveau affectif que réside la difficulté principale. Par rapport à ma famille, le plus difficile est de ne pas être présente tous les jours. Si je vivais seule, toute une série de contingences me seraient évitées, mais je ne connaîtrais pas la douceur et la tendresse partagées en famille. » Si pour la neuropédiatre, sa famille détient la première place dans sa vie, elle ne peut que constater à quel point il est difficile de lui donner la priorité. « Même à 19 heures, si des parents m’appellent parce que leur enfant ne va pas bien ou parce 0que, eux-mêmes, ne vont pas bien, ou encore lorsque je dois terminer mon travail administratif, je me dois de rester au travail. Mais, à 19 heures, ma petite fille va dormir : je ne la mettrai donc pas au lit, je ne lui raconterai pas d’histoire, ni ne lui ferai de câlins. » Cependant, malgré ce difficile équilibre, et ces contradictions, le Dr Ghariani se dit épanouie dans sa vie de femme, de mère, de neuropédiatre et de directeur médical. aussi qu’il est impossible d’échapper totalement à la souffrance – morale ou physique – surtout quand on souffre d’une maladie neurologique chronique ou quand on est le parent d’un enfant présentant ce type de pathologie. Sophie Ghariani A mon avis, le rôle du neuropédiatre est alors indispensable pour aider l’enfant, ses parents et sa famille à tolérer la maladie et à l’intégrer le mieux possible dans leur vie. La télévision, les journaux nous montrent un monde parfait où tout le monde est en bonne santé, possède de l’argent, la beauté, le bonheur… au point de nous faire oublier que l’effort, la souffrance, la joie, le bonheur, sont des sentiments contradictoires que nous rencontrons quotidiennement. Accepter d’être différent ou d’avoir un enfant différent est encore plus difficile dans ce contexte. » Réponse qui a suscité des commentaires et témoignages sur la « richesse » que peut apporter à une famille l’accueil d’un enfant handicapé. D’autres questions ont ensuite fusé. Comment une famille évolue-t-elle quand elle est centrée sur le travail professionnel de la maman ? Quelle fut la motivation pour accepter le poste de direction médicale et ainsi relever « le plafond de verre » qui limite tant de femmes dans leur activité professionnelle? Des questions auxquelles le Dr Ghariani a répondu avec honnêteté et simplicité. Voici donc quel fut le témoignage d’une femme médecin., après celui d’une femme journaliste en la personne de Margarida Martins en novembre 2006. Une série de témoignages que le Forum Européen des Femmes aimerait poursuivre… Ce témoignage émouvant fut suivi d’un débat très intéressant. A la question de savoir comment elle, qui était mère et médecin, voyait son rôle auprès de ses jeunes patients et de leurs parents, eux aussi en souffrance, elle répondit : « Je suis persuadée qu’un de mes rôles de médecin est d’aider chaque personne que je rencontre à développer le plus d’autonomie possible, en ayant une qualité de vie qui soit la meilleure possible. Mais je pense Danièle Godelaine, d'après un article de Colette Barbier paru dans le Journal du Médecin, numéro 1835 du 8 mai 2007 3 ACTUALITÉ OCCIDENT: POUR SURVIVRE, LA FAMILLE! Devant la perspective de croissance zéro dans les pays riches, et d'explosion démographique dans les pays en voie de développement grande partie de l'ex-Union soviétique - devrait baisser d'ici à 2050. En compensation la population de l'Afghanistan, du Burundi, de la République Démocratique du Congo, de la Guinée-Bissau, du Libéria, du Niger, du Timor oriental et de l'Ouganda triplera pendant les quatre décennies à venir. Le rapport montre aussi que l'Inde, le Nigeria, le Pakistan, la République Démocratique du Congo, l'Éthiopie, les Etats-Unis, le Bangladesh et la Chine contribueront pour moitié à la croissance. NEW YORK - La Terre en 2050 : une planète de vieux, où la croissance zéro des pays riches contrastera avec le boom démographique des nations en développement. C’est le tableau qui émerge du rapport World Population Prospects, rédigé par le Département de l'économie et des affaires sociales des Nations Unies: en 2050 nous serons beaucoup plus, mais aussi beaucoup plus vieux. Dans 43 ans la population mondiale atteindra 9,2 milliards d'individus : une augmentation de 2,5 milliards (la population totale de la Terre en 1950) par rapport aux 6,7 milliards actuels, et un accroissement plus accentué dans les pays en développement et chez les personnes âgées, qui formeront les couches sociales montantes. Le nombre des plus de 60 ans pourrait presque tripler d'ici à 2050 et atteindre les deux milliards : presque le quart de la population mondiale. Une seule solution : des lois en faveur de la famille Selon Thoraya Ahmed Obaid, directeur exécutif du Fond des Nations Unies pour la Population, les pays riches n'ont qu'une issue pour infléchir cette tendance. Un monde à deux vitesses "L'augmentation de la population de plus de 60 ans est due à la conjonction de deux facteurs explique le rapport : l'allongement de la durée de vie et la baisse de la natalité". La plupart des naissances se concentrera dans les nations les plus pauvres, où on prévoit une croissance des 5,4 milliards actuels à 7,9 milliards en 2050. Par contre dans les pays développés le nombre des naissances restera insuffisant pour rattraper celui des décès. Dans ces régions la population demeurera stable entre 2007 et 2050, c'est-à-dire environ 1,2 milliard. Et encore, avertit le rapport, elle pourrait même s'infléchir, "sans les flux migratoires internationaux des pays les plus pauvres vers les nations riches, estimés à près de 2,3 millions de personnes par an". Thoraya Ahmed Obaid "Les nations développées qui veulent inverser la tendance démographique vers la "croissance zéro" peuvent imiter ceux de leurs voisins qui ont introduit des lois en faveur de la famille et de l'enfance - explique Obaid. Les politiciens doivent lancer des mesures pour rendre la maternité et la paternité plus compatibles avec la carrière, en créant une société qui permette aux mères et aux pères potentiels de combiner leur famille avec leur travail. Parce que personne ne devrait plus être contraint à choisir entre les deux". L’Occident sauvé par l’immigration Ces flux migratoires devraient permettre de faire front à la pénurie de main d’œuvre dans le monde développé. Et pourtant la population de 46 pays - parmi lesquels l'Allemagne, l'Italie, le Japon, la Corée du Sud, la plus Sandra Aquilanti, d'après un article d'Alessandra Farkas paru dans le Corriere della Sera du 15 mars 2007. 4 DROITS ET RESPONSABILITES DE LA FAMILLE XVIIème Congrès international de la Famille International Federation for Family Development (IFFD), Rome, 23-25 mars 2007 Assurer le bonheur au sein du foyer, garantir la paix et la cohésion sociale, le développement éducatif et le bien-être général, la croissance économique et l’intégration sociale 650 personnes de 44 pays ont participé au XVIIème Congrès international sur les “Droits et responsabilités de la famille”, organisé à Rome par la International Federation for Family Development (IFFD). A l’issue du congrès, 100 organisations non gouvernementales ont signé une « Déclaration de Rome pour les droits et les responsabilités de la famille ». Cette Déclaration, basée sur des données recueillies à niveau mondial, sera présentée à l’ONU afin de demander une plus grande protection et assistance pour les familles et tous ceux qui, dans leur rôle de mère ou de père, font face à des formes de discrimination. Les ONG qui la souscrivent demandent à tous les gouvernements d’élaborer des politiques familiales responsables qui garantissent la stabilité de la famille. Une table ronde sur “Famille et medias” avait comme modérateur Norberto Gaitano, Professeur titulaire de la chaire d'Opinion Publique à la Faculté de Communication de l'Université Pontificale de la Sainte Croix à Rome. Norberto Gaitano Le congrès s’est clôturé par une Conférence sur “Famille et économie”, prononcée par Harold James, Professeur titulaire d'Histoire et Economie européenne à l'Université de Princeton, président du comité éditorial de la revue World Politics. Janne Haaland Matlary La conférence inaugurale, qui avait comme thème “Politiques de famille: pourquoi si difficile?”, était à charge de Janne Haaland Matlary, Professeur titulaire du Département des Sciences Politiques de l'Université d'Oslo, ex-Secrétaire d'Etat au Ministère des Affaires Etrangères de Norvège. Harold James Les nombreux ateliers ont étudié des questions comme "La responsabilité sociale de la famille: Humaniser la société au départ du foyer", "Comment concilier famille et travail", "Lancement et promotion des activités de formation", "Les étapes de la formation des animateurs", "Famille et liberté d'éducation", "La famille dans les instances internationales", "Réussites et écueils de la formation familiale dans un pays", "Les cours et leur déroulement: une formation continue pour les parents". Conseillers familiaux, scientifiques ou chercheurs, les experts de l’IFFD considèrent qu’il est d’une importance capitale que les gouvernements, les institutions et les entreprises adoptent des mesures de conciliation entre le travail et la famille. Il s’agit de protéger le droit des parents à consacrer du temps à leurs enfants, facteur de stabilité et de cohésion familiale, d’équilibre social et d’un sain développement économique. Maria Ana Marques 5 NOUS AVONS LU et entraîne le superficiel : émissions de télévision, voyages, appartements luxueux, belles robes… Ils et elles ne sont plus nombreux qui se laissent guider par la seule idée de servir le pays, et les scandales se multiplient... Cette maman était aussi une virtuose du piano et son fils regrette de ne pas avoir mieux appris à jouer du piano à ses côtés. Tout comme il regrette aussi de ne pas avoir suffisamment pris le temps de longs moments de conversation avec cette femme si entière. Et si on parlait d‘elle ? par Bernard Debré (paru chez Rocher 2007) Bernard Debré est le fils de Michel Debré qui fut premier ministre sous le général de Gaulle, et le petit-fils de Robert Debré, médecin et auteur d’un très bel ouvrage : « L’honneur de vivre » paru en 1974. Bernard, lui aussi médecin, chef du service d’urologie de l’hôpital Cochin où il a opéré deux fois François Mitterrand, est aujourd’hui député et candidat à la mairie de Paris. Quand on lui reconnaissait être le « digne fils de son père », il le ressentait souvent comme une offense faite à sa mère. C’est pour réparer cette offense qu’il vient d’écrire « Et si on parlait d’elle ? », un petit ouvrage (132 pp) qui témoigne d’une mère attentive à ses quatre fils, mais aussi d‘une femme entière et attachée à la vie. Aux côtés de son mari ministre, elle ne tenait pas à être dans la lumière. Mais elle donnait à son mari le goût de la vraie vie. Elle était gaie, mettait les gens à l’aise, recevait des personnalités du monde entier avec plaisir…En aucun cas, elle ne voulait que les deniers publics n’interviennent dans les dépenses privées. Et ce avec une rigueur qui paraissait exagérée à ses enfants. On est loin du compte à l’heure actuelle où l’ambition personnelle supplante les valeurs L’auteur évoque enfin la dignité de sa maman devant la mort. C’est aussi l’occasion pour lui de livrer son point de vue de médecin sur la fin de vie. Il pense que tout acharnement thérapeutique est une injure à la vie. Injecter un médicament qui, pour soulager des souffrances, peut abréger la vie, ne lui paraît pas de l’euthanasie car il n’y a pas intention de tuer. Mais il croit à la nécessité des unités de fin de vie, même si celles-ci coûtent cher, et est convaincu qu’il ne faut pas de loi dépénalisant l’euthanasie : les médecins ne sont pas là pour faire des suicides assistés. Un petit livre attachant, qui révèle une fois de plus combien la personnalité d’une maman est déterminante dans le devenir de ses enfants… Danièle Godelaine 6