« LE MULTILINGUISME DANS LES ORGANISATIONS
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« LE MULTILINGUISME DANS LES ORGANISATIONS
Vérifier à l’audition « LE MULTILINGUISME DANS LES ORGANISATIONS INTERNATIONALES : LES DEFIS DE LA DIVERSITE » Intervention de M. Ibrahim Salama à la table ronde organisée par l’OIF et l’Office des Nations Unies à Genève à l’occasion de la journée internationale de la Francophonie Genève, le 24 mars 2010 Excellences, Distingués Délégués, Chers Collègues, Mesdames et Messieurs, Madame Navi Pillay, Haut-Commissaire aux droits de l’homme, m’a confié la tâche de la représenter à cette table ronde qu’elle considère comme une importante initiative et m’a prié de vous transmettre ses meilleurs messages. Je souhaiterais tout d’abord remercier l’OIF d’avoir organisé cet événement à l’occasion de la journée internationale de la Francophonie. Permettez-moi de saisir cette occasion pour féliciter l’OIF pour le travail et l’œuvre exemplaires que cette organisation, dont on vient juste de fêter les 40 ans, a accomplis et lui souhaiter encore de belles et heureuses années. Le Haut-Commissariat aux droits de l’homme ne pouvait pas ne pas participer à cette table ronde et ce pour les raisons suivantes : Premièrement car nous considérons que la thématique d’aujourd’hui s’inscrit pleinement dans le cadre de l’Accord cadre signé entre le Haut Commissariat et l’OIF qui a été renouvelé le 7 octobre dernier à Paris et qui inclut la diversité culturelle, en particulier linguistique, parmi les domaines de cette coopération active et multiforme qui existe entre nos deux organisations depuis 2007. Deuxièmement, étant donné que la promotion et la protection des droits de l’homme ne pourraient être pleinement mises en œuvre que si, et seulement si, le plus nombre d’hommes de femmes et d’enfants, à travers le monde, peuvent être pleinement informés de leur teneur afin de pouvoir en bénéficier. Comme vous le savez certainement, l’Afrique du sud, pays d’origine du Haut-Commissaire, est un excellent exemple s’il en est, de l’importance du multilinguisme comme fondement d’une société démocratique, respectueuse de tous ses citoyens et résolument tournée vers le futur, un futur qui ne pourrait être consolidé sans la participation de toutes et de tous. Excellences, Avant de décrire certaines des actions que le Haut-Commissariat entreprend en vue de relever les défis de la diversité, je souhaiterais rappeler que le multilinguisme se doit d’être exploré et compris dans le cadre du droit internationale des droits de l’homme. A cet égard, il convient également de rappeler que la Déclaration de Vienne de 1993 stipule que « les personnes appartenant à des minorités ont le droit de jouir de leur propre culture, de professer et de pratiquer leur propre religion et d’utiliser leur propre langue, en privé et en public, librement et sans immixtion ni aucune discrimination que ce soit » (paragraphe 16, dernier alinéa). Les 1 et 2 février derniers s’est tenu, dans ce même Palais, un séminaire organisé par le Haut-Commissariat, en partenariat avec l’OIF et l’UNESCO, en collaboration avec l’Observatoire de la diversité et des droits culturels de Fribourg. Au cours des discussions riches et fructueuses, la question des droits linguistiques a été débattue en présence d’experts du Comité des droits économiques, sociaux et culturels et de l’experte indépendante nouvellement nommée par le Conseil des droits de l’homme, Madame Farida Shaheed. L’une des conclusions de ce séminaire, qui constitue un exemple concret de notre coopération avec l’OIF, fut la nécessité de continuer à dialoguer afin de déterminer comment, tous ensemble, Etats membres, départements, agences et programmes des Nations Unies, instituts universitaires et de recherche, société civile, pouvons relever les défis de la mise en œuvre des droits culturels dont le multilinguisme constitue un élément central. Mesdames, Messieurs, Les droits de l’homme sont universels, ils sont l’affaire de tous. Sans multilinguisme, ce message n’atteindrait pas une grande partie des détenteurs de droits dans le monde et minimiserait considérablement l’approche participative du débat sur les droits de l’homme. Chaque personne devrait pouvoir s’approprier les droits de l’homme, quelle que soit son identité ou sa localisation géographique, sa langue ou sa culture. Cet enjeu de la diversité a bien été compris par le Haut-Commissariat qui, au cours de la Décennie des Nations Unies pour l’éducation dans le domaine des droits de l’homme (19952004) et à l’occasion du 50e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, a participé au projet de traduction de la Déclaration dans autant de langues et de dialectes que possible. A ce jour, la Déclaration universelle a été traduite en 375 langues et dialectes, « de l’Abkhaz au Zulu » et est aujourd’hui le document le plus traduit au monde. Le Haut-Commissariat aux droits de l’homme est le garant de cette collection et s’évertue à la rendre la plus accessible possible au plus grand nombre, notamment à travers son site web. Ce projet de traduction a pu être possible grâce à notre partenariat avec diverses organisations gouvernementales, universitaires, internationales régionales et communautaires de la société civile, ainsi que l’appui du Département de l’information des Nations Unies, l’Union internationale des télécommunications, le Programme des Nations Unies pour le développement, l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture. Aujourd’hui, il serait souhaitable que d’autres instruments majeurs de l’arsenal international relatif aux droits de l’homme bénéficient de la même collaboration pour offrit à tous une meilleure notion de leurs droits, mais également leur permettre de les promouvoir, de les défendre et à les appliquer dans la vie de tous les jours. Chers collègues, Malgré ses ressources humaines et financières limitées, le Haut-Commissariat aux droits de l’homme prend en compte le multilinguisme dans sa stratégie de communication et des efforts concrets ont été entrepris dans ce sens. Les derniers exemples en date sont la Journée des droits de l’homme, célébrée chaque année partout dans le monde, ainsi que la Conférence d’examen de Durban d’avril 2009 où tous les documents d’information publique liés à ces événements avaient été produits dans plusieurs langues. Plus récemment, la Section des communications du Haut-Commissariat a présenté un projet de réactualisation complète de notre site web, outil incontournable pour transmettre des informations rapidement au plus grand nombre, qui inclut une recommandation sur la parité des six versions linguistiques du site. La création par le Conseil des droits de l’homme du nouveau mandat d’experte indépendante dans le domaine des droits culturels recouvre des droits aussi divers que le droit de prendre part à la vie culturelle, le droit de participer aux progrès scientifiques et aux bienfaits qui en résultent, mais aussi les droits linguistiques. Espérons que ce nouveau mandat saura guider la communauté internationale, y compris le système des Nations Unies, vers un respect plus grand de diversité culturelle et la mise en application effective du multilinguisme dans les organisations internationales. Je vous remercie.